La poussière et la pierre [pv Fou-Lu]

Spoiler:

-Fuan ?

Le dos sur une armoire de deux mètres de haut, sa tête ainsi que son bras gauche demeurent en suspension dans le vide. La gueule grande ouverte à laisser s’écouler de gras filets de bave, le dormeur insouciant manifeste de petits spasmes agrémentés de faibles gémissements. Un rêve qui tourne mal ?

-FUAN !

Un sursaut ? Non, un bond de son postérieur ! Propulsé par son séant, il tombe par devant, comme un piquet, le haut du crâne claquant contre le carrelage. Deux minutes à presser sa boîte crânienne meurtrie, les larmes inondent sa figure grimaçante. En arrière-plan, l’auteur de cette farce s’esclaffe.

-Genkakuuuu…

Petite boule dorée qui tourne, tourne par terre, tourne sur les murs, le plafond, le vide. Sphère organique surexcitée qui rit de plus belle tandis que Fuan exprime, comme il fait le mieux, sa mine résignée, pathétique. Devant ce spectacle, la victime fait la moue à sa manière : tourner le dos pour aussitôt se rendormir. Quand les premiers ronflements surgissent, son ami imaginaire change d’attitude, se place devant la bouille du candide pour bien exprimer son désaccord.

-Alors là, non ! Non ! Nonononononon NON ! Il faut qu’j’te parle ! C’est important.
-Humpf.
-Saperlipopette ! T’vas te réveiller ! Bouge-toi sac à puces ! Ragh qu’il m’énerve ! Ragh qu’il m’énerve ! Raaaaa…

Le volatile ferme sa mâchoire sur le nez du paresseux, celui-ci hurle comme il n’est pas permis de le faire. Hurlement qui fait lâcher prise à Genkaku, se roulant de nouveau au sol.

-Tu m’casses les oreilles… Les oreilles ! Les oreilles !
-Tu m’veux quoiiiiii ?
-Ah ba j’t’ai enfin ! Faut qu’j’te parle ! C’est important ! IMPORTANT !
-Tu l’as déjà dit…
-Parce que tu m’avais entendu ? P’tite…

L’air menaçant de Genkaku fait se recroqueviller sur lui-même Fuan, craintif d’une nouvelle morsure. Une position vaguement défensive qui dissuade le drôle d’oiseau de corriger le petit gugusse plus longtemps.

-Faut qu’t’ailles au parc ! C’est urgent ! Un camion vient de s’y écraser ! Renversant tout son stock !
-Et alors ?
-Et alors, ça fait… qu’il y a… PLEIN D’BONBONS PARTOUT DANS LE PARC !
-Des…

À peine son visage change-t-il d’expression que l’arrancar froussard saute par la fenêtre, freine sa chute avec son reiatsu pour mieux sprinter, les étoiles plein les mirettes, en direction du graal. Arrivé à destination, un dérapage rotatif pour que son champ de vision puisse donner à sa cervelle la matière d’enregistrement du paysage environnant. Toutefois, instant d'incompréhension, il n’y a…

-RIEN !

Un sursaut de plus du candide. Genkaku ne cache pas sa satisfaction d’avoir berné le malheureux.

-Mais… Pourquoi ?

Pris de désespoir au-devant d’une transition brutale entre le trop plein de friandises dans son imagination et le rien réel se profilant devant lui, il finit sur les genoux, tout désappointé.

-Fallait bien que j’trouve une carotte qui puisse te faire sortir de ta cachette !
-Pourquoi ?
-Faut qu’tu t’entraines !
-Hein ?

Sa voix faiblarde et aigu regagne en consistance en un instant. Une surprise, vraisemblablement loin d’être décidée sur son évolution, s’affiche sur sa trombine.

-J’t’explique ! Écoute bien ! Bien bien BIEN ! C’est clair qu’t’essayes d’esquiver ces pensées, mais tu te rends pas compte dans quelle galère tu t’es glissé ! Tu viens d’intégrer une organisation bonhomme ! Tu comprends comprends ? Ou pas, pas du tout?
-Euh…
-ENTRAINEMENT ! Faut qu’tu t’entraines ! T’ENTRAINER ! Être entrainé ! Sinon tu vas t’faire botter les fesses ! Ça va faire mal ! Mal ! Mal mal mal malmalmalmalamalala lalala lala LAAAAAAAAAAAAAA !

Paf ! La petite boule jaune disparait dans un petit écran de fumée sur cette note de gospel inappropriée, laissant seul son naïf conscient. S’entrainer ? S’entrainer... Mais s’entrainer comment ? Pour arriver à quel résultat ? Entrainer quoi ? Apprendre à se battre ? Non… Un cas désespéré. Peu importe les efforts, il n’arrive pas à sortir de sa tête la scène d’un kangourou, allégorie de ses ennemis à venir, frapper un punching ball, allégorie de lui-même. Courir plus vite ? Plus vite… Oui… Sa plus grande faiblesse, ce qui rend presque inutile son seul talent utile, son talent de voir, d’anticiper par une observation subtile chaque fluctuation de reiatsu à chaque mouvement de l’adversaire. Sa faiblesse de porter un corps incapable de suivre ses réflexes.

Fuan s’échauffe, trottine et fait craquer ses doigts, ses orteils, son cou… Son cou… Une douleur. Il le presse pour contenir sa souffrance. Il a bien failli se le coincer sur le coup, ce cou… Prêt. Il est prêt. Motivé, il prend la position du sprinteur avant que la course ne soit lancée. Souvenirs de fines et petites boîtes faisant tourner des images derrière une vitrine. Démarrage ! Sonido ! Dérapage de sa joue sur le gazon, un frottement qui fait gratter la pelouse et se retourner la terre. Il ne se décourage pas pour autant. Second essai. Un tronc d’arbre. Si dur… Si dur de garder l’équilibre dans de telles conditions. Technique complexe. Peut-être trop pour lui… Cependant, il lui suffit de penser à ses agresseurs à venir pour se trouver la force de recommencer, encore et encore, avec une maladresse inchangée. Le truc, il ne l’a visiblement pas capté, et est loin de le faire. Un énième essai. Cette fois, dans son chemin, une personne. Choc irréversible, à moins d’avoir en face de lui un maître. Faible probabilité. Probabilité pourtant effective. Nouvelle dégringolade sur la pelouse. Exténué, Fuan se met sur le dos, des fils de sueur parsemant sa figure, tout haletant.

Malgré son état de fantôme invisible pour les humains normaux et le fait que cette ville ne présentait proprement aucun intérêt, ou du moins très peu, il était fréquent que l'Arrancar erre dans celle-ci, sans réel but. A une époque, il le faisait dans le Hueco Mundo, la différence était malgré tout capitale. Là bas, il pouvait trouver soit des proies, soit des serviteurs. Et avec facilité. Ici, l'un comme l'autre étaient des denrées rares. Cela faisait longtemps qu'il avait arrêté de se nourrir des mortels, ceux-ci ayant tout simplement un goût infect, et les êtres ayant du potentiel étaient moins fréquents que dans le monde de son espèce.
Seul Quan, le fidèle animal de l'Empereur appréciait un minimum ces balades, pour une seule raison assez évidente. Lorsqu'il s'agissait de déchets, son maître le laisser se nourrir. Ce qui faisait donc le malheur de l'un faisait le bonheur de l'autre, en quelques sortes du moins.
Ce fut donc en devant empêcher le chien monstrueux de dévorer le moindre être passant à portée de ses crocs.

Ainsi, lorsque l'Arrancar vit quelqu'un se diriger droit sur lui à une vitesse telle qu'il ne pouvait s'agir d'un simple humain, il se décala. Il n'appréciait guère se faire bousculer ainsi. Il jeta alors un coup d'oeil sur la personne s'étant écrasée à terre, ne lui adressant qu'un regard indifférent. Il avait beau être certainement au dessus des cloportes que constituaient les humains les plus normaux, il n'éveilla pas un intérêt particulier aux yeux de l'Arrancar.
Sur le coup du moins, car il en fut autrement pour Quan. Peut être attiré par l'apparente faiblesse de l'être, il s'approcha de lui, avec la volonté des plus évidentes de faire de lui son repas du jour. Chose immédiatement interrompue par son maître.

>> Je te conseille d'arrêter tout de suite Quan.

Malgré le ton calme, il était évident qu'il ne laissait pas le choix à son compagnon animal, le forçant à battre retraite. Et les choses auraient au final pu s'arrêter là, pourtant il décida de s'approcher de l'être à terre. Evidemment, il ne fit même pas comme s'il allait l'aider à se redresser, un être de sa stature n'étant pas genre à s'abaisser ainsi.
A la place, il l'observa de haut, au sens propre comme au figuré pour une fois, une absence totale d'expression sur son visage.

>> Tu n'as pas de chance, sans lui je t'aurai ignoré. Mais là, quitte à m'être attardé... Et bien autant voir qui a eu l'audace de vouloir me bousculer.

Il resta un instant sans dire un mot, l'observant aussi par les yeux qu'essayant de jauger sa puissance. Puis il finit par laisser un soupir s’échapper.

>> Et je constate qu'il s'agit en vérité d'un minable de plus. Je pourrai t'éliminer pour ce simple fait.
Mais je décide de te donner une chance. Car, si je me trompe pas, tu es un Arrancar n'est ce pas ?

Immobile, les paupières closes, à récupérer un tant soit peu d’énergie. Faute de n’avoir détecté à temps le danger, ce dernier s’approche de lui. Souffle chaud sur son front ruisselant de sueur. Quoi que c’est que ce bazar ? Ouvrir les yeux. Une bête, un monstre avec une gigantesque mâchoire. Sûr qu’il pourrait choper un chêne millénaire avec une gueule pareille ! Sursaut. Reculer, s’éloigner de cette chose. Epuisé, l’arrancar froussard n’est capable que de se trainer en arrière tandis que son prédateur accélère la cadence avec en tête un dessein clairement établi. Non… Il n’a pas vécu si longtemps pour finir bouffé, digéré et déposé à l’état de matière organique sur un trottoir, devant la porte d’un particulier malchanceux… C’est pourtant le scénario qui semble se profiler devant lui.

Se protéger le visage avec ses avant-bras, recroquevillé, crispé, à fuir du regard l’allégorie de son trépas. Toutefois, un miracle. Une voix divine qui arrête nette le démon affamé dans sa course. Le visage de son sauveur… Vague souvenir de lui. Une tronche perçue en une fraction de seconde, celle du type sur qui le Candide a bien failli rentrer dedans, par mégarde. Un type qui s’approche à son tour avec une expression indéchiffrable. Quoi qu’il peut bien se passer derrière cette figure atypique ? Un air si mystérieux… Possible qu’il pense à deux pingouins roses en train de se rouspéter au beau milieu du Sahara. Très plausible oui. Si terrifiant…

Petite bouille qui s’incline en l’air pour regarder dans les yeux ce bonhomme bien grand, enfin, debout surtout. Ses mots… Mince… Par hasard, lui en voudrait-il d’avoir failli le renverser ? Ces drôles de yeux qui se plantent dans les siens et semblent voir au travers de pas mal de choses. Crainte confirmée. Il lui en veut. L’éliminer… La simple évocation de cette possibilité le fait pâlir et vaciller du fait de vertiges naissants. Un dieu qui envisage de l’éliminer… Existe-t-il plus délicate situation ? Bien sa chance ça, de froisser des gaillards pareils. Il manque de peu l’évanouissement, mais se reprend au dernier moment.

Tenir bon… S’il tombe dans les vapes, les probabilités vont de bon train pour lui prédire une petite errance sur le trottoir, avant d’être ramassé avec un sachet et emmené rejoindre ses nouveaux compères en voie de putréfaction. Une unique issue pour se sauvegarder d’un tel drame, céder aux exigences de ce terrifiant monsieur. Une réponse peu assurée, les yeux rivés sur cette bête qui le lorgne dangereusement du regard.

-Euuhuuumm… Oui, j’en suis un. Comme vous monsieur. Dites… Il me regarde bizarre votre animal… Il veut vraiment me manger ? Savez… On est c’qu’on mange… Et moi, j’mange plein d’chocolat. Qu’ça quasi ! J’crois qu’il faut considérer qu’j’suis un homme choco du coup, non ? Et l’choco, c’est mauvais pour les chiens… ‘fin, j’dis ça… Euh…

D’ailleurs, pourquoi lui demande-t-il ça ? Oh, est-il possible qu’il fasse parti de Las Noches… Puissant espada en vue de ramasser quelques bouts d’arrancars errants pour en faire de la chair à canon ? Se relever brusquement, le dos vouté, signature d’une créature en froid avec son estime personnelle. Ses mains fixes portées devant ses épaules, les paumes présentées à son interlocuteur.

-Heu… Z’êtes espada ? Savez… J’ferais une mauvaise recrue. Vous l’avez bien vu tout-à l’heure ! Tout juste bon à repérer des gens et à m’rendre invisible… En plus, j’ai d’mauvaises expériences avec Las N…

Ses mains qui bouchent tardivement ses lèvres. En a-t-il trop dit ?

Une seule réaction possible. Un haussement de sourcil. Il était tout simplement impossible d'en avoir une autre à l'écoute des paroles de l'Arrancar. Fou-Lu vivait depuis longtemps. Bien plus que toute créature qu'il avait pu croiser jusque là. Mais une chose était certaine. Jamais il n'avait vu quelqu'un comme l'être lui faisant face. Devant une personne comme lui, de nombreux comportements étaient possibles. L'un des plus répandus étant de vouloir contredire sa supériorité, avant de s'incliner lorsque l'inférieur se rendait compte de l'évidente supériorité du Dieu. Mais des paroles aussi naïves ? Ce n'était clairement pas ce qu'il pouvait espérer.
D'autant plus venant d'un Arrancar. Des entités censées, selon les définitions que de nombreuses personnes leur donnaient, représenter le mal. Lui-même ne voyaient pas les choses ainsi, mais restait persuadé d'une chose. Ils n'étaient pas non plus des « gentils ». Ils furent autrefois des animaux. Maintenant ils étaient bien plus, leurs capacités surpassant celles de toute autre créature. Et il en était l'exemple parfait.

Alors comment pouvait-on se retrouver fac à un représentant de cette espèce comme lui ? Sur le moment, l'Arrancar vêtu de blanc se demanda même si Quǎn ne serait pas en fait capable de le dévorer. Il semblait si... Inoffensif. C'était le mot idéal. Non pas sans intérêt, juste incapable de représenter le moindre danger. Et encore, même l'intérêt ne pouvait se déduire maintenant. Et était d'ailleurs loin d'être acquis.
Pour le moment, il avait juste réussi à faire naître une certaine curiosité. L'Empereur avait même envie de s'amuser avec le pauvre être chétif. Il semblait craindre Las Noches ? Pourquoi ne pas en profiter quelque peu ?

>> Mauvaise expérience avec Las Noches ? C'est fâcheux. Cela pourrait en effet être dangereux pour toi de croiser l'un de ses représentants.

Fou-Lu lui tourna alors le dos, comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait bien pouvoir faire par la suite. Certes, il était vraiment en pleine réflexion. En particulier sur le fait qu'il était encore en vie jusque là. Peut être ne mentait-il pas lorsqu'il disait savoir se cacher. Ça et repérer les autres ? Oui, il pouvait avoir une utilité. Et puis, quelqu'un d'aussi idiot, car il n'arrivait pas à se sortir cette ide de la tête, ne devrait pas être difficile à manipuler.
Ainsi, l'homme aux yeux d'or se retourna, faisant de nouveau face à l'inconnu. Sauf que, cette fois, il souriait.

>> Mais ne t'en fais pas, je ne suis plus de l'Espada. Et je ne suis donc pas non plus en très bon terme avec eux, tu n'as donc rien à craindre.
Je suis Fou-Lu, et lui c'est Quǎn. Il veut en effet vraiment te manger, mais du moment que je l'en empêche, tu n'as rien à craindre.

Un peu de vérité ne faisait, sur le coup, pas de mal. Que risquait-il d'un être comme lui en disant qu'il était autrefois de l'Espada ? Et, au contraire, il lui faisait bien comprendre que, sans son ordre, l'animal l'accompagnant n'hésiterait pas un instant à faire de lui son repas. Ainsi, il essayait de prendre l'ascendant sur cet être particulier. Non pas qu'il avait grand effort à faire.

>> Tu dois en effet être doué dans ton domaine pour être toujours en vie malgré des démêlés avec Las Noches. Peut être même un expert.

Zut ! Crotte de bique ! Il ne s’est pas interrompu à temps… Le voilà lancé sur le sujet. M’enfin, pourquoi qu’il parle au conditionnel ? Sous-entendu, c’en est pas un, de représentant ? Quoique, ce drôle de monsieur fait quand même remarquer que c’est regrettable que lui, petit arrancar déserteur, soit en mauvais terme avec la structure centrale de l’Hueco Mundo. Bon de se faire du mouron ? Doute infime, mais assez gros pour supporter une baisse de tension. Voilà que son interlocuteur lui tourne le dos… Pourquoi cette moue soudaine ? Un mot de travers de sa part ? Nan, l’est pas du type à bouder celui-là. Une hypothèse plus plausible. Une crotte de nez de travers à enlever ? Oui, en effet, très probable. Fuan en profite pour suivre son exemple.

Merdouille ! Il se retourne ! Vite… Enlever son doigt de son orifice nasal. S’essuyer vite fait les narines avec sa manche, ni vu, ni connu. L’écouter, l’air innocent. Ça semble plutôt bien fonctionner. Confirmation que cet arrancar ne boudait pas, il parle, et ce qui ressort de sa gorge ne manque pas de soulager le Candide. Un bonhomme qu’a plus rien à voir avec Las Noches. Un semblable déserteur ? Point commun qui les rapproche. Fou-Lu ? Un nom bizarre. Ouais, ça fait un peu fou-à-lier. Peu rassurant. Heureusement, il ne donne pas l’impression d’être un sanguin imprévisible. Une valeur vraisemblablement sûre. Canne ? Pauvre toutou, affublé d’une appellation pareille. Élan de compassion pour ce pauvre animal. Compassion vite oubliée à la confirmation de son maître que cette bestiole se délecterait bien de sa dépouille s’il n’en avait pas l’interdiction. Ce Fou-Lu, l’a aucune raison de lever l’interdiction, pas vrai ? Cumul de doutes, torture mentale décuplée.

Une seule issue, toujours la même, ne pas lui donner de raison de se débarrasser de lui. Aussi incroyable ceci puisse-t-il paraître, son interlocuteur alimente un intérêt quant à ses capacités. Une impérative. Celle de ne pas le décevoir.

-Ouais ! Pour ça… j’suis sans doute l’meilleur dans les environs. Bien sûr, j’suis un peu distrait, d’coup, j’laisse souvent des bribes de mon reiatsu effleurer, genre… ton peskis par exemple ! Mais si j’me concentre bien, ba… Invisible ! Enfin, spirituellement. Regarde !

Petit élan de concentration pour s’effacer du plateau. Rien qui ne ressort de son enveloppe charnelle. Maîtrise parfaite de son flux.

-Si tu m’vois ici, suffirait que j’sois derrière toi…

Dit-il en contournant son vis-à-vis avec deux mètres de distance de sécurité, pour se retrouver derrière lui.

-… pour ne plus exister ! Mais c’est pas ça l’mieux ! Ouais ! Suffit qu’mon reiatsu entre en contact avec quelqu’un pour incruster n’sorte d’traqueur presque impossible à enlever. Par exemple, si je l’fais à toi, j’pourrais même te retrouver en enfer ! M’enfin, j’espère pas t’y trouver un jour… L’est pas marrant cet exemple.

Trombine tristounette qui révèle tout-à-coup une étincelle de scepticisme. N’a-t-il pas tort de trop se vendre ? Qui sait, ce type serait peut-être bien capable de l’assommer pour l’embarquer dans une cage pas très confortable avec un collier qui fait boom s’il fait une action inconvenante. Couvrir ses arrières… Bonne idée.

-Par contre, j’peux seulement rendre d’services ponctuels ! Ouais, faut dire, j’travaille déjà pour quelqu’un ! D’ailleurs, c’en partie pour ça qu’j’suis toujours tout pétant de vie ! Un patron suuuuper fort avec plein d’autres gens pour m’aider en cas de pépin !

Reste à voir s’il n’en fait pas trop.

Fou-Lu était déstabilise. Tout simplement. Il était difficile de ne pas l'être face à quelqu'un comme l'Arrancar lui faisant face. Lorsqu'il pensait ne jamais avoir rencontré quelqu'un comme lui, il ne pensait pas que cela serait à ce point. Sur le moment, il se dit même qu'il n'y avait qu'une seule solution possible. Cet étrange personnage se moquait tout simplement de lui. Il en fut même persuadé pendant un instant. Celui où il fit preuve de son art.
Le chinois n'était en effet pas l'être le plus doué lorsqu'il s'agissait de repérer quelqu'un. Il avait certaine base et considérait être d'un niveau plutôt moyen. Mais jamais il n'avait été témoin d'une telle maîtrise. Lorsque le jeune homme cacha sa présence mais était toujours en vue, le dragon eut presque l'impression de fixer le vide. Nulle présence ne se dégageait de lui. Lorsqu'il passa dans son dos, il fut même persuadé d'être seul. Il fut obligé de se retourner pour être sûr qu'il n'en avait pas profiter pour partir. Tout simplement.

Ce fut d'ailleurs lorsqu'il pu de nouveau porter son regard sur lui qu'il enleva tout doute sur le sérieux de cet être. Il suffisait de le regarder après tout. Il ne pouvait qu'être aussi idiot qu'il le laissait penser. Un imbéciles aux capacités des plus intéressantes, mais un imbécile malgré tout. Sur le moment, l'Empereur se dit même une chose. Jamais il ne pourrait réussir à faire de lui l'un de ses pions. Il n'arriverait tout simplement pas à saisir suffisamment le personnage pour pouvoir jouer sur ses faiblesses, ou s'imposer.
Mais très vite il comprit que cela serait inutile. Car il était juste ingénu. Il semblait ne pas voir le mal et être prêt à rendre service à n'importe qui le lui demandant. Il se proposait de lui-même, chose rarement vu par l'être millénaire. Cela signifiait forcément que l'expert en camouflage ne se rendait pas compte de ce que pouvait demander Fou-Lu.

Certes, l'espoir fut de courte durée. Car il avoua être actuellement au service de quelqu'un. Ainsi, Fou-Lu fronça les sourcils, se remémorant une rencontre passée. Et ayant peut être une idée de la personne dont il était question, bien qu'il n'ait encore jamais eu l'occasion de lui faire face. Si son intuition était bonne, cela voudrait dire qu'il serait véritablement nécessaire qu'il se donne cette peine. Le tout était d'obtenir une réponse.

>> Tu es doué, c'est évident. Je doute même que tu aies réellement besoin d'aide pour rester en vie. A part si tu ne sais pas utiliser à profit un tel don.

Pour Fou-lu, c'était évident. Avec de telles capacités, il développerait tout un style de combat basé dessus, surgissant du néant pour fondre sur ses cibles avant de retourner dans les ombres. Sauf que son don à lui était la vitesse. Et la discrétion n'était pas son genre. Au contraire, il préférait imposer sa présence, même si dans le domaine il était conscient de pouvoir faire encore mieux.

>> Mais tu m'intrigues. Je me pose des questions au sujet de ce patron, et de ces alliés. Vois-tu, cela ne fait pas si longtemps que je me suis installé dans cette ville. Et je ne serai pas contre me faire quelques amis.

Un sourire des plus innocents. En apparence du moins. Dans les faits, il se moquait de se faire des amis, il préférait des serviteurs. Au pire des alliés, bien que sa définition de ce mot était peut être différente de celle que pourrait avoir son interlocuteur. Cependant, il était persuadé que c'était le genre de mots à adopter avec lui. Afin de le mettre en confiance.

Flatteur ce Fou-Lu. Enfin, flatteur modéré, car il ne manque pas de relativiser sur la supposée survie qu’il tiendrait de lui-même. Vrai que jusqu’à présent, l’a seulement compté sur ses propres ressources. Ce n’est pas voler le mérite de quelqu’un d’acquiescer à cette remarque. Quoiqu’il serait capable d’en douter, en bon superstitieux bêta. S’il est incapable d’exploiter le plein potentiel de ses capacités ? A-t-il vraiment cherché à aller au bout de son potentiel ? Vaste question. Son potentiel de cache-cache. Pas de doute là-dessus. Après… Devant accomplir de nouveaux devoirs l’exposant obligatoirement à de sérieuses menaces… C’est pas faux. Avec ces nouveaux critères, l’a encore du chemin à faire pour se dépatouiller sans problème. Dans quel sens ? Aucune idée. L’illumination viendrait bien un jour. Peut-être.

Les prunelles de Fuan s’illuminent. Alors comme ça, ce grand monsieur avec son gros toutou veulent se faire de nouveaux amis ? C’est vrai ? Vrai de vrai ? Sous-entendu… Il veut devenir son ami également ? Le bonheur ! Rien n’est plus fort que l’amitié dit-on. Enfin, l’arrancar froussard allait pouvoir vérifier cet adage. Occasion inespérée. Une seule condition apparente… parler de son boss ? Accordé !

-Haooooo… En fait, c’est pas si vieux que ça qu’j’y suis. Mon Boss, c’est un GRAND bonhomme, avec un GRAND manteau, une GRANDE cicatrice et un GROOOOS bâton dans la bouche qu’a du feu au bout !

Dit-il, faisant de grands gestes à chaque adjectif vantant le caractère imposant de son patron.

-Son nom… Il s’appelle Koshiro ! C’est l’chef d’une bande qu’s’appelle Sons of Inferno. D’ce que j’ai compris, c’est pour défendre les humains qu’il a fondé cette organisation !

Une expression faussement grave pour appuyer son explication.

-Pour les protéger des graaaaands méchants arrancaaars et shinigamiiiiis qu’viennent ici touuuut saccager !

Vision probablement très biaisée de la réalité. Moi à mon bisoun… Hum. Son patron lui donnerait sans doute une bonne baffe en l’écoutant. Quoi que dans l’essentiel, l’essence de l’organisation puisse se résumer de cette manière. L’air dubitatif, il tombait dorénavant sur une colle, les autres membres.

-Huuuuum… Dans cette bande… Heu, il a une arrancar oiseau avec lui qui la suit partout. Elle fait pas cui cui. À vrai dire, elle fait pas non plus coin coin. Juste… Voilà, ça ! Aprèèèès… Ba, ya moi. Fuan ! Le poltron d’service ! Enfin… J’essaie quand même d’servir à quelque chose… M’enfin… Bref ! J’ai pas encore rencontré mes autres collègues, j’peux pas t’en dire plus. Désolé !

Petit blanc avant qu'il ne se souvienne de la volonté première de son interlocuteur...

-Oh et oui ! Si tu veux devenir copain avec Koshiro... Heu, j'ai bien des oreillettes, là, dans mon oreille !

Quoi ? C'est évident que ça se range là ?

-Par contre... J'peux pas l'appeler maintenant... L'est en voyage de c'que j'ai compris. Mais j'peux lui laisser un message s'tu veux. Alors ?

Malgré ses airs pour le moins simplet, ce jeune Arrancar n'était pas avare en information. Peut être que ce qu'il disait n'était pas grand chose à ses yeux, mais pour ceux de l'Empereur il s'agissait de données intéressantes. S'il avait déjà entendu parler de Koshiro, il ignorait tout de son but. Savoir qu'il était un simple défenseur des humains se révélait pour le moins décevant. Un simple protecteur de la veuve et de l'orphelin n'était pas le plus facile à exploiter. A moins qu'il ne s'agisse que d'une façade pour réussir à récupérer un être aussi particulier que celui lui faisant face.
Et, pour en venir à là, cela voudrait forcément dire que ce mortel avait pu voir le potentiel d'une telle recrue. Potentiel certainement inconnu du principal intéressant. Ainsi, plus il en entendait parler, plus cet homme l'intéressait.

A partir de ce moment, il avait déjà décidé de le rencontrer. Il ne pouvait savoir quand ou comment, mais il viendrait au contact, tenter d'en comprendre un peu plus. Véritable sauveur ou bien cela masquait-il un but bien différent ? Être qu'il pouvait manipuler ou bien ennemi à craindre ? Tant de questions dont il serait nécessaire d'obtenir les réponses. Hélas, il était évident que Fuan ne pouvait les apporter. Ce genre d'interrogations étaient certainement bien trop profondes pour lui et il ne devait s'en être posé aucune, se contentant d'avaler tout ce qui lui avait dit.
Sur le coup, le regret de n'avoir été le premier à trouver cet ingénu s'installa, comme lors de sa rencontre avec le mortel idiot dont il avait déjà oublié le nom. Deux atouts, au style bien différent, qui lui avaient échappé. Et à cause de la même personne. D'où l'intérêt d'aller voir celle-ci d'ailleurs, seule pouvant lui permettre de tirer parti de ces deux personnes.
Pourtant, il joua plus ou moins le jeu face à son interlocuteur.

>> Il semble en effet être intéressant, et avoir un but des plus louables. Si je souhaite rester dans cette ville sans encombre, peut être serait-il prudent que je me range à ses côtés.

Là était la preuve du point où il pouvait aller pour obtenir ce qu'il souhaitait, car prononcer ces simples mots fut d'une grande difficulté pour lui. C'était si différent de ce qu'il était réellement. Pourtant, il faudrait qu'il fasse attention à ne pas aller trop loin. Après tout, il s'était présenté à l'humain sous un jour bien différent et une simple discussion entre ces deux personnes, qui semblaient ne pas se connaître pour l'heure, pourrait suffire à mettre à mal tout déguisement.
Ce pourquoi il esquissa un sourire avant de reprendre la parole.

>> Non, se ranger à ses côtés n'est pas bon. Mais former une alliance. Je pense qu'il s'agit plutôt d'une bonne idée.
Je n'ai pas réellement besoin que tu transmettes de message à cet homme, je saurai le trouver. Et je dois avouer n'avoir que peu de confiance pour les messagers, ce pourquoi je préfère m'incomber de cette tâche moi-même.
Et ainsi je vais prendre congé. En attendant de voir ce que notre prochaine rencontre pourrait donner.

Son sourire se fit plus large avant qu'il ne se retourne et se mette en chemin, Quǎn sur les talons. Cet Arrancar, malgré les apparences, était certainement l'un des plus intéressants qu'il ait rencontré jusque là et il ne doutait pas qu'il allait le surveiller si cela s'avérait possible.

Sujet: Re: La poussière et la pierre [pv Fou-Lu]

» D'une pierre deux coups [Talion]
» Vilmar, le Roi Poussière
» Vilmar, le Roi Poussière
» Le Roi Poussière derrière des barreaux de fer

La poussière et la pierre [pv Fou-Lu]

La poussière et la pierre [pv Fou-Lu]

Sujets similaires

Sujets similaires