Changement de scène.

L'environnement se mua soudainement et Esteban n'y fit même pas attention. Il avait déjà oublié la déculottée infligée à Akihiko et Shu. Nikosse et son arène de fou-furieux s'étaient évanouis dans les limbes. Le décor fut de nouveau posé et le Tercera en faisait déjà partie, comme s'il était là depuis des heures. Assis sur un tabouret de cuir aussi luxueux que confortable, il sirotait un brandy, fixant dans la réflexion du miroir en face de lui le visage des personnes qui l'entouraient. Nombreux. Et il était le centre de leur attention, ce qui gorgea son cœur de vanité. Des mains le frôlaient, osant à peine le toucher. Des voix s'empilaient les unes sur les autres, cherchant à se faire comprendre, à avoir droit à une réponse, à un peu d'intérêt de la part du scientifique. Le Tercera avait sur eux une influence féline, bestiale, les transformant lentement ; il était comme une lumière autour de laquelle les moustiques tournent, fascinés. Il y en avait quelques uns qui avaient des requêtes étranges - demandant une photo, un avis sur un débat épineux, en autres excentricités - mais parmi les autres, parmi la majorité, on pouvait distinguer deux groupes : les hommes demandant de la came, et les femmes demandant de l'amour.

— Seigneur Esteban !
— Sugar, tu fais quoi ce soir ?
— J'prends dix grammes et je paie cash !
— Ici, m'sieur ! Ici !
— Je suis le prince du Gabon et j'ai besoin de vos coordonnées bancaires pour-
— Yo bitch, j'ai un pote, il s'appelle M. White, il peut t'aider à cuisi-
— Vous êtes plus grand que ce que je pen-
— Esteban chéri, tu veux bien me mettre un doigt dans-
— De la beuh, mec, file-moi-en, je te file un rein ou ce que tu veux en échange !
~ Barman, votre alcool pour toutes ces personnes, en quantité, dit Esteban en couvrant leur cacophonie, avant de se tourner vers le groupe amassé autour de lui. Une étrange aura émanait de lui, hypnotique, ses yeux dorés plongeant dans les regards avides et admiratifs posés sur lui. Il était temps de donner à ce songe un revirement plus... amusant. Ce soir, je veux vous voir dans toute votre décadence. Ivres jusqu'à ce que vous pissiez de l'alcool pur. Défoncés jusqu'à ce que vous ayez oublié votre propre nom. Forniquez jusqu'à ce que vos jambes ne vous tiennent plus. Mutilez-vous, battez-vous, tombez dans les tréfonds de la décrépitude. Tombez plus bas encore que les plus vils des animaux, tombez, tombez en ruines et offrez-moi le spectacle de votre bassesse, de votre misérabilisme, que je me régale de cette infériorité qui vous caractérise tous. Faites de moi votre Dieu !

Esteban boucla son discours d'une grande rasade de whisky, bientôt suivi par le groupe qui se jeta sur les verres offerts par le Tercera. Ils étaient enfiévrés, comme ayant attendu toute la soirée que le scientifique leur donne l'ordre de se livrer aux actes les plus bas possible. Cris et bousculades, ils laissèrent tomber les verres pour attaquer directement les bouteilles, se gorgeant de tous les alcools à leur disposition, en renversant des quantités monstrueuses au sol ; certains tombèrent sur leurs genoux et leurs mains pour lécher directement le nectar des différents fruits à même le plancher, provoquant des chutes alors que les autres leur marchaient dessus. Chaos. Les hommes et les femmes s'embrassaient, se déshabillaient, abandonnant costumes et robes en révélant leurs chairs sans pudeur, caressant, suçant, mordant toute parcelle de peau offerte à l'avidité de l'autre. Chaos. Certains d'entre eux ramassèrent au sol les débris des verres lâchés plus tôt et enfoncèrent avec de la démence dans leurs yeux les morceaux acérés dans leur peau, traçant des routes sanguinolentes qui couraient dans leurs bras, leurs torses, leurs jambes, leurs gorges, nimbant leurs vêtements de sang, projetant de l'hémoglobine sur leurs partenaires de débauche qui goûtaient avec une gourmandise malsaine le liquide vital, jouant avec le fluide épais et chaud. Chaos.
Chaos.
Esteban repéra une femme blonde - une autre femme lui avait arraché une partie de sa robe, révélant un sein gauche blanc comme un linge - et lui arracha des mains, sans ménagement, la bouteille qu'elle tenait, sa bouche étant occupée à autre chose. Il en examina l'étiquette, y reconnu le blason de la marque de bourbon qu'il aimait le plus et s'en versa un verre, qu'il sirota en observant la scène. Les autres personnes présentes alentour reculaient, effrayées d'être contaminées par ce virus de luxure et d'abjection. Des corps dénudés, partout. Une puissante odeur, indéfinissable mais très alcoolisée, flottait dans l'air. Des cris, de douleur, de plaisir, de fureur, de désespoir et d'admiration, qui retentissaient en une mélodie aux oreilles d'Esteban, assis sur son tabouret, savourant.
Borick apparut.
Que faisait-il là ? Qu'avait-il à voir avec son rêve ? Il s'amusait bien, et voici que sa bonne conscience, matérialisée sous les traits du Chef de l'Exequias, venait y mettre son grain de sable. Oui, Esteban était un Arrancar et il ne pouvait se réjouir de voir les plus bas traits des humains, humains qu'il cherchait tant à imiter. Il devait combattre cette facette de sa propre personnalité, celle qui voulait qu'il abandonne tout ce qui faisait de lui un individu distingué. Mais ce n'était qu'un rêve. Il ne voulait pas que la bienséance vienne le gâcher.

~ Borick, enfin, tu ne reconnais pas ton vieil ami ? dit Esteban en faisant onduler l'alcool ambré dans son verre, tandis qu'un homme léchait goulument une de ses bottes. Et j'ai bien peur de trop m'amuser pour vouloir partir. Belle fête, mais je lui ai donné une orientation un peu plus... triviale.

Un gémissement d'orgasme retentit à ce moment, tandis qu'Esteban terminait son verre. Il se leva de son siège, épousseta sa tunique noire aux broderies dorées qui était restée miraculeusement immaculée et s'avança vers son ami. Au passage, il fracassa sa coupe sur le crâne d'une jeune fille, qui sombra dans l'inconscience avant d'être couverte par le corps d'un homme nu, bientôt rejoint par d'autres. Esteban chassa les débris de verre de ses doigts alors qu'il enjambait les personnes enlacées, se rapprochant de l'hôte. Mais une autre personne s'était invitée à la fête.

~ TA cérémonie devra faire avec MA présence, Borick.

Un nouvel arrivant s'était joint à la joute verbale entre les deux Arrancars. Qui était-il ? Que voulait-il ? Et qui était la godiche qui lui servait de chaperon ? Esteban n'eut pas de mal à reconnaître en elle un Hollow mais lui, il en était sûr, il devait plutôt faire partie de la caste des Humains. Humain. Humaine. Un vague souvenir. Mais la colère et l'envie de rependre plus de sang encore que celui qui constellait déjà le sol chassèrent ces mirages venus d'il ne savait où. Borick voulait chasser Esteban comme un vulgaire intrus, lui qui lui avait accordé sa confiance ; privilège parmi les privilèges ?
Esteban était déjà décidé avant même que le Chef de l'Exequias n'attaque, mais cet ultime affront le confirma dans son idée : il osait s'en prendre à lui. A envoyer ses ridicules Menos l'affronter ! La pression de l'Arrancar ébranla l'assemblée et le Tercera. Mince. A chaque fois, il regrettait de ne pas avoir de répondant à ce niveau. Les deux gardes blancs attaquèrent et Esteban réalisa trop tard que le Borick face à lui n'était pas celui qu'il connaissait réellement. Une parodie de grandiloquence, capable de s'en prendre à lui sans remords. Leur rayon fusionné enveloppèrent l'Arrancar, qui sentit la brûlure de leur assaut, tandis que son corps bandé pour résister au souffle s'écrasait sur le bar. Lorsque le Cero se volatilisa enfin, un cercle noir décorait le zinc, bordé de cadavres grillés et de flammes alimentées par l'alcool répandu, et au centre de cette scène funeste, un Tercera Espada sérieusement remonté.

Il chercha Borick mais ne le vit pas. Caché. Lui qui était si fier, c'était curieux de sa part de jouer les furtifs. La foule paniquait sans pour autant fuir, aussi fascinée par le spectacle que terrorisée par le déchaînement de puissance des Menos invoqués. Une vraie comédie. Où était le blondinet à la tenue immaculée. Esteban ferma les yeux et se concentra. Outre la présence de l'homme au cigare et de sa pimbêche, Esteban comptait une aura dont il estima la position avec autant de précision qu'il le put. Un filet de sang coula de ses lèvres, tirées en un sourire.

~ Cache-toi donc, Borick ! C'est là la nature même de l'Exequias n'est-ce pas ? Se terrer et poignarder dans le dos les faibles, en espérant que le coup soit juste et que la cible ne réplique pas. Chargé de protéger le Palais ! Mais les plus grandes menaces se trouvent déjà en son sein !

De l'esbroufe, il fallait l'admettre. Esteban savait qu'il ne frapperait pas fort. Mais s'il pouvait toucher l'autoproclamé Empereur... Voilà qui diminuerait cette aura écrasante, lui offrant plus de marge de mouvement. L'humain n'était pas au cœur de son attention et l'Arrancar ignorait comment il réagirait : s'obstinerait-il à vouloir assister Borick ou le coup reçu lui ferait comprendre que le blond n'était ni son ami, ni son allié ? Tout ceci pourrait vite tourner au chacun pour soi.
Ils tombèrent. La masse des invités aux vêtements élégants et aux joues fardées s'effondrèrent presque instantanément. Certains tombèrent à genoux, fixant le sol de leurs yeux effarés, essayant de comprendre ce qui leur arrivait avant de périr, dans un râle désespéré. Ils se sentaient soudainement faibles, si faibles...
Esteban essuya le tracé rouge qui coulait du bord de sa bouche. Son sang, qui cachait les Nano-Hollows, avait été versé bien tôt. Les microscopiques créatures avaient cependant bien fait d'apparaître si tôt, permettant au Tercera d'utiliser en amont cette technique qui trouvait tout son intérêt dans le temps. Il aurait pu enchaîner, attaquer à nouveau l'Empereur, quitte à viser au jugé... au même se tourner contre l'humain, qui risquait de se montrer dangereux, dès maintenant ou même plus tard... Mais il préféra parer à l'urgence et s'assurer qu'il puisse tenir assez longtemps pour finir cet affrontement sur ses pieds plutôt que sur ses genoux. Sortant une masse blanche de sa poche, celle-ci couina de petits cris aigus : aveugles, les pattes atrophiées, le Hollow créé par le scientifique n'avait de toute façon pas vocation à vivre. Esteban le glissa dans sa bouche et croqua à pleine dent, se nourrissant de ce Reiatsu régénérateur bienvenu.
La suite du repas, s'il vous plait.

Chaos, chaos, toujours plus de chaos. L'humain avait décidé de prendre part au duel entre les deux Arrancars. Toute son attention étant concentrée sur Borick, Esteban n'avait même pas remarqué la bouteille de vodka qui flottait au dessus de lui, et qui se déversa sur lui. Inutile de dire que le cœur du Tercera s'arrêta pendant une seconde... avant de battre comme un tambour rageur, alors qu'il sentait son sang bouillir au même moment que sa chair carbonisait. Le feu l'enveloppait mais celui qui brûlait en lui était bien plus intense.
Aspergé. Incendié. Immolé.
Humilié.
Fini de rire.

YAAAAAAAAAAAARGH !!!

Son aura n'était pas aussi impressionnante que les leurs. Elle parvenait tout juste à repousser leur pression. Il pouvait se mouvoir plus facilement. Mais la chaleur environnante de l'humain et la chape imposée par l'Arrancar demeuraient. Une gêne indéniable. Mais il ne plierait pas l'échine. Faire front. Leur expliquer, par les poings et par les mots, que sa place en Seigneur et Maître était non seulement méritée, mais naturelle. Esteban Rojas, Roi Léonin, Scientifique Manipulateur de la Chair et du Sang, ne se laisserait pas incendier impunément, ni remettre à sa place par un Arrancar aux illusions de grandeur (sic). Ce dernier avait changé de forme et se révélait comme étant une pâle copie d'un célèbre homme-chauve-souris.
Un Menos vint vers lui. Esteban avait noté le regard adressé par Borick et comprit qu'il valait mieux se méfier d'un Vasto Lorde piqué sur le vif ; il l'était lui-même. Préventivement, il activa le dispositif caché en son être, qui érigea une barrière de protection autour de sa personne. Juste à temps.
La pièce fut soufflée. Les cadavres s'envolèrent, les vivants aussi, les flammes furent partiellement soufflées et le chaos, le chaos, toujours du chaos. Des lamentations s'entendaient ci et là, certains restaient sous l'influence du Tercera et poursuivaient leur mission : s'enivrer, se mutiler, se reproduire. Les débris retombaient autour d'Esteban. Il regarda les deux autres combattants, une fureur ambrée dans ses yeux. Il dégaina à son tour son arme et les flammes y scintillèrent des reflets similaires à ceux qui brillaient dans ses orbites.

~ Ruge.

A son tour, Esteban se révéla tel qu'il était réellement. L'acier se liquéfia et couvrit l'Arrancar. La lame disparut bientôt, glissant sur la tunique noire brodée d'or et, en quelques secondes, ce fut un tout autre individu qui se présenta à eux : gagnant quelques dizaines de centimètres en taille et en tour de muscle, son corps était entièrement blanc et parsemé de quelques touffes de fourrure, sur le dos, les épaules, les coudes... Une queue terminait son dos. Son visage était cerclé d'une crinière fournie. Un reliquat de masque lui donnait des traits encore plus félins, alors que ses pupilles s'étaient fendues en deux iris flamboyants d'or.

Mais Borick n'en avait pas fini. Plein de surprises, le blondinet. Révélant un de ses pouvoirs les plus impressionnants, il fit apparaître autour de lui un nuage de sphères d'énergie. Leur nombre et leur puissance évidente ne laissait aucun doute sur leur cible : tout et tout le monde alentour. Esteban sentait que prendre cette technique de plein fouet mettrait bien vite fin à son affrontement... et hors de question de périr sous cette forme sans en avoir fait goûter les capacités au Chef de l'Exequias ! (et à l'autre, il ne fallait pas l'oublier).
Générer un nouveau champ de force lui demanderait beaucoup trop d'énergie. Il en avait déjà dépensé beaucoup. La seule solution qui lui vint fut de courir, pour éviter autant que possible les projectiles qui déjà s'abattaient sur lui. Mais cette option lui parait dans un premier temps efficace, alors que les disques s'abattaient en explosant dans son sillage, il ne s'attendit à en voir d'autres apparaître de trajectoires imprévues, comme surgissant du néant. Et lorsqu'il s'arrêta, il avait souffert plus qu'il ne l'aurait voulu de cet assaut si bien coordonné.
D'un coin sombre jaillit une musique... étrange.


Des bruits de pas. Un éclat doré. Et, surgissant de l'ombre, Doce. Vêtu d'un large manteau de fourrure d'hermine. Un énorme appareil noir sur l'épaule, qu'il portait nonchalamment et qui crachait une musique rythmée. Des chaînes en or autour du cou. Des bagues du même métal sur les doigts. Des lunettes de soleil surdimensionnées sur le nez. Et un air présomptueux sur le visage.

× So I ball so hard mothafuckas wanna fine me, first niggas gotta find me
What's 50 grand to a mothafucka like me, can you please remind me

Doce déclamait les paroles avec fluidité, agitant ses mains baguées et prenant toute l'assistance de haut. Esteban se figea devant ce spectacle. Puis considéra que ce n'était pas la première excentricité de sa création. Au moins, il avait désormais un allié sur le champ de bataille. Et Esteban ne comptait pas ne faire qu'encaisser.

~ Doce !
× Ball so hard, I’m shocked too,
I’m supposed to be locked up too
~ Attaque l'Humain, je me charge de ce cher Borick...
× So ball so hard, bitch behave, just might let you meet Ye !

Ignorant son garde-du-corps qui aurait intérêt à lui obéir, Esteban se tourna vers le Chef de l'Exequias. Il fatiguait déjà... Et il avait été plus passif qu'autre chose durant l'assaut des deux adversaires. Situation délicate. Il n'eut que le temps de libérer la Meute qui, gueules d'énergie grande ouvertes surgies de nulle part, se jetèrent sur le blondinet pour le mordre jusqu'à l'os. De son côté, Doce avait posé son ghetto-blaster au sol, bougeant au rythme de la musique, en avançant vers l'Humain. D'un large geste, il projeta une série de pics de glace vers le pyromane. Cette diversion faite, il se rua vers sa cible, en ramassant une barre de métal tordue qui avait dû faire partie du comptoir autrefois, et s'apprêta à l'abattre avec force sur l'intrus de cet affrontement d'Arrancars.

× You know how many hot bitches I own?
Don’t let me get in my zone !

Doce sentit comme Esteban que l'humain s'était décidé à libérer son plein potentiel. L'Arrancar semblait condamné à rester sur la défensive. Il leva les yeux vers le ciel, observant d'un regard noir le nuage de cendres qui tournoyait au dessus de sa tête. Doce fixait lui aussi son regard blanc, fixant le cumulus sombre bouche bée. Machinalement, son index se leva pour appuyer sur le bouton "stop" du ghetto-blaster, qu'il avait ramassé en se repliant vers son Maître. Le silence revint. L'heure n'était plus aux excentricités.
Esteban venait à peine d'utiliser son Maremoto et il constata avec soulagement qu'il avait encore assez d'énergie pour le déclencher. Le champ de force repoussa en grande partie le déluge ardent qui s'abattit sur lui, mais certaines braises traversèrent la protection. Le grésillement des tisons sur sa peau fut une musique encore plus désagréable à entendre que celle de Doce. Il tenait, il tenait... Mais plus pour longtemps. Vraiment plus. Il tomba sur un genou, plus par épuisement qu'à cause des blessures reçues, sa main terminée de griffes s'enfonçant dans le sol ravagé. Il haleta, alors que la barrière disparaissait, le protégeant pour l'ultime fois. S'il voulait continuer à combattre, il lui faudrait soigner une partie de ses blessures... encore et toujours sur la défensive, en espérant que ses adversaires lui laissent un peu de répit... Mais c'était une prière sans foi.
L'Humain n'en avait pas terminé. Esteban ne le vit même pas arriver. Lorsqu'il leva la tête, le flamboyant armait son pied, pour le lui abattre en plein visage ; il lui offrait une opportunité idéale. Un cri. Un corps, tendu entre l'Arrancar et son adversaire. Et le bruit mât d'un choc violent, alors que Doce était envoyé au tapis... Esteban se tourna vers sa création, qui se recroquevilla au sol, crachant du sang, sa cage thoracique broyée par le puissant coup.

× Arrrgh... We keep spending... most our lives... living in the gangsta's paradise...

Puis, après cette citation sortie d'on ne savait où, il sombra dans l'inconscience. Le sacrifice de la créature permettait à son créateur de tenir encore un peu... Esteban doutait que cela repousse de beaucoup la finalité de cet affrontement. Si Borick paraissait en forme physique, il était évident que la fatigue spirituelle serait celle qui le mettrait hors course. Son aura faiblissante en était la preuve. L'autre, en revanche... Si Esteban voulait avoir la plus petite chance de vaincre, il s'en rendait désormais compte, il devait se focaliser sur lui et oublier la façon dont le maître des lieux l'avait traité.
Plongeant la main dans un Garganta, il en retira une fiole emplie d'un liquide blanc. Il en versa le contenu au sol, mais avant même qu'il puisse achever sa technique, Borick en rajoutait une couche ! Le Tercera reçut les croix d'énergie dans le dos, lacérant ses chairs, l'incendiant d'une douleur insupportable. Il cracha une gerbe de sang carmin, alors que le liquide prenait peu à peu la forme d'un homme aux traits de lion, semblable à Esteban. Lorsqu'il eut fini de modeler son sosie, l'Arrancar posa une main tremblante sur cette enveloppe vide, y transférant son âme, abandonnant derrière lui l'enveloppe vide et meurtrie qui avait été la cible des deux autres. S'il avait l'air remis à neuf, le scientifique conservait les séquelles de l'affrontement. Sa fatigue physique et spirituelle atteignait ses limites... Dernier acte.

~ C'est une plaisanterie. Tout cela n'est qu'une plaisanterie ! Borick qui se révèle être un monstre immonde et un humain vainquant deux Vasto Lorde ! Une plaisanterie ! Et je compte mourir en y riant de bon cœur !

Ouvrant sa gueule, Esteban dirigea vers l'humain son Cero favori. Accompagné d'un rugissement sourd, le rayon noir aux reflets rouges traversa la distance les séparant... et, sortant du sol, une nouvelle gueule d'énergie fit son apparition, pour happer les jambes du manipulateur du feu, afin de s'assurer qu'il n'évite pas simplement l'attaque. Ignorant même si son assaut avait trouvé la réussite qu'il espérait, il tomba à nouveau sur ses genoux. Son corps était comme neuf... mais son âme était ravagée.

L'attaque avait partiellement porté ses fruits... mais le retard pris était trop grand. L'Humain n'avait été pratiquement pas contesté de toute l'empoignade, déversant sur les deux Arrancars ses torrents de feu. Dieu de la Destruction. Ils avaient détruit l'endroit, tué tout le monde, saigné et souffert et pour quoi ?
Parce que Borick ne voulait pas partager les petits fours.
Ce dernier avait baissé les bras. Ou plutôt, il n'avait plus la force de les lever. Et Esteban... lui aussi, faiblissait. Il se battait pour garder les yeux ouverts. Son esprit, encore survolté du combat, était aux aguets, mais son corps ne suivait plus. Il vit le Cero et la volée de Balas à travers le voile de l'épuisement. Un Maremoto, pour tout repousser... Il en aurait peut-être l'énergie...
Le dispositif ne répondit pas. Ca allait faire mal.

Les explosions lui arrachèrent un bras et un pied. Un de ses yeux se creva, déversant son liquide poisseux sur la joue de l'Arrancar. Ses tympans furent soufflés et une douleur aigüe irradia son crâne. Il était trop faible pour hurler de douleur. La souffrance figea son corps. Le sang rougissait sa fourrure albâtre. La mort... A nouveau. Une délivrance ? Non, une pénitence. Comme cette vie d'Arrancar avait été, également, une pénitence.
L'Humain s'était transformé en volcan. Il volatilisa tout simplement Borick. Tout simplement. Il ne restait de lui qu'un squelette noirci. Voilà ce qu'était devenue l'élite du Rey. Un tas de cendres et un amas de chair meurtrie. Esteban eut un petit rire nerveux, rapidement étouffé par le sang qui infiltrait ses poumons. Il aurait voulu faire une dernière remarque, partir avec un peu d'éloquence, comme il avait toujours vécu.
Mais il n'en eu pas l'inspiration. Il était dégoûté de pas avoir sorti sa Rang 6.

Citation :

Je tombe avec Borick. Et ça, c'est la classe. Bravo Koshiro !