L'air était saturé par le deuil. Il empêtre la conscience de Tokyo. Les citadins s'oublient un peu dans le travail. Les insulaires rivalisent de résilience en cas de catastrophes comme celle qui secoua le pays il y a de cela deux ans. Depuis, tout ou presque fait mine de s'en être remit. On peut colmater des manques et pqdes balafres à coup de bétons et d'années. Les résidus indélébiles attendent leurs restes. Ce sont des blessures sourdes que l'on ravive à notre insu le plus souvent. Autrement, il s'agit de nostalgie.
Ormus se sent être de ces plaies. Ses pensées s'empruntent de morosité à mesure qu'il laisse le temps défiler dans le métro. Le temps lui semble se contracter et au moins, il voyage. Se tenant en observation vis à vis du monde des vivants, il se senti prit de compassion pour le peuple nippon affairé dans son quotidien. Leur pudeur universelle qu'atteste le port des masques de toile en cas de maladie, leur salut et ses subtilités avec en arrière plan, ces publicités outrageusement colorées et mièvres. Aboutissant sur un ensemble riche et ambivalent.En attendant les ordres d'en haut, Ormus a les mains ballantes. Les secousses de la rame finirent de l'ennuyer jusqu'à ce qu'il pique du nez. Baladé jusqu'au terminus, c'est Samsara, qui le força à sortir en pressant ses défenses contre le cou du garçon. Dehors, il sentit son dos raidit, faute d'avoir dormi avec sa roue de pierre. Néanmoins, il enjamba les bornes sans plus de manière. Tout n'était pas sciemment aménagé pour rendre la vie des esprits ergonomique ici et les quelques efforts des habitants pour apaiser leur errance sur la terre étaient encore balbutiants. Voir les petits autels en bordure des routes, un peu étroits pour y faire halte. Comme si une âme pouvait si aisément se contracter en sylvain...

Bien qu'il était encore d'un bleu agressif, le ciel n'allait pas tarder à revêtir sa robe de crépuscule. Ormus se décida à suivre un groupe de lycéennes jazzant tout de go. Elles portaient leurs sacs de gym à l'épaule et des chaussettes hautes. Une fois au terrain, le tout jeune reaper les abandonna pour aller se poster à l'ombre d'un ginkgo et les regarder jouer. C'était un match de volley. Samsara démontra d'un vif intérêt pour ce sport en ronflant paisiblement au creux de l'écharpe de son humain. Le match achevé, les deux équipes se ressoudèrent et disparurent dans les vestiaires. Ormus saisit l'occasion, laissant roue et cochon contre le tronc de l'arbre, il fila s'emparer du ballon et jouer contre le mur de squash à se renvoyer la balle comme les autres lycéens l'auraient fait, comme il l'aurait fait dans une existence mortelle et il était amusé de voir combien jouer au ballon changeait radicalement de signification d'un monde à l'autre.

Un coup violent fit rebondir la balle loin derrière lui. Samsara daigna jeter un coup d'oeil à l'objet, l'air encore endormi. Devant ce peu d'enthousiasme de la part de son totem, Ormus laissa ses épaules s'affaisser dans un soupir. Il branchait son casque à son lecteur mp4, faire taire les sons présents et tout habiller de tonalités plus gaies qu'elles ne seraient jamais. Penché sur son petit appareil, il voulu ignorer son compagnon, sans porter de haine à son égard. Il s'agissait seulement de vivre la saison et nier ce qui grondait, sous jacent.