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| La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] | |
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| Sujet: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Mer 7 Jan - 19:05 | |
| La Purge est terminée. Enfin.
Cela fait deux fois que j’y assiste et jamais je ne serais habituée. Quelque part, j’espère ne jamais l’être car sinon, ce que tu redoutais serait en moi : moi, une Shinigami formatée. Plusieurs fois, je me demandais si cela me ferait du bien de voir la vie en noir et blanc, me contenter d’ordres, de missions et heureusement, ce médecin m’a rappelée qu’il était utile de voir le monde telle qu’est la lumière, faite de multiples nuances quand on la décompose.
J’ai encore beaucoup de choses à faire. Ma mission n’en est plus une. Elle est un objectif personnel.
La Purge n’est qu’une cicatrice pour en couvrir une autre plus grave.
Comme notre famille quittant son nid dans l’urgence.
C’était la seule chose à faire. La seule option. Un chemin acceptable à arpenter.
Je reviendrai ici car il est stupide d’oublier d’où l’on vient.
Sinon, je deviendrai une ombre de plus.****** Rien n’avait changé depuis leur départ, ici, au bord d’un ruisseau où l’herbe folle avait le droit de pousser à Isuzuri vivait une famille d’intouchables qui vivait heureuse avec son voisinage. Une famille qui avait décidé d’être son propre fer de lance pour se défendre des cartels à peine organisés des bas-fonds du Rukongai, qui toucherait à la famille d’une Shinigami de la Division 2 ? « Il parait qu’elle frappe la nuit et que tu disparais même de la mémoire des gens comme si tu n’avais jamais existé. ». Sornette. Ses combats pour défendre son toit se faisaient toujours de face. Après tout, ce n’était que des voyous et non des Hollows. Il n’y avait jamais lieu d’être sérieuse. Sauf au début, elle venait à peine de venir mais son corps n’avait pas oublié les exigences de la guerre humaine ce qui lui avait permis de riposter et profiter d’une accalmie pour se préparer à une revanche. Puis Qismat, ce Shinigami de la Division 3, celui qui avait amené son âme ici s’était présenté à elle. Il savait qu’elle avait le potentiel d’utiliser le reiatsu, d’apprendre vite, de devenir une arme plus perfectionnée et d’avoir un avantage notable : celui de ne pas voir les choses de la même manière que lui. Un bon chasseur avait besoin d’un rabatteur qui utilisait ses sens autrement. Qismat ne savait pas à quel point son arme allait changer sa vie, lui donner un toit, une famille, des sentiments qu’il croyait perdus. Jusqu’à ce qu’il se sacrifie lors de l’attaque des Quincys. Il n’y avait pas à être triste, pour une fois qu’il s’était battu avec honneur pour protéger quelqu’un, il avait dû mourir le sourire aux lèvres. Pourquoi alors s’accrocher à ces souvenirs ? Tout comme trois millions d’âmes sacrifiées qui ne devaient pas être oubliée, résultat d’une faiblesse de la part du Gotei 13, Idjouher Tamanart ne voulait pas oublier les précieuses leçons qu’un maître, aussi égoïste était-il, avait réussi à prodiguer consciencieusement ou pas. Arrivée à la cour arrière de son ancienne demeure, la Kabyle quitta ses tabis inconfortables près du récolteur d’eau de pluie et s’enfonça dans les hautes herbes humidifiées par le brouillard des premières lueurs du soleil, laissant la petite maison de bois crisser comme elle avait envie. Enfin, ses pieds nus rencontrèrent un sable plus fin, puis des galets et enfin l’eau fraîche. En quelques gestes, Idjouher se débarrassa de son Shihakusho, vérifia l’état des bandages qui serrait sa poitrine quasi-inexistante et garda son Hakama ainsi que son zanpakûto. Après tout, les survivants devaient avoir une dent contre l’uniforme noir, autant rester prudente. Murmurant des prières en arabe, Idjouher commença ses ablutions en laissant la lettre sur une pierre, bientôt emportée par une brise matinale. Qu’elle s’envole. Où qu’elle aille, qu’elle emporte ses mots loin d’ici. |
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Jeu 8 Jan - 14:44 | |
| Taka n'était pas venu ici depuis longtemps, et il n'avait donc aucun point de comparaison pour ancrer sa réaction dans le contexte. Et pourtant, il savait bien que les choses ne seraient jamais plus comme avant. La Purge l'avait changé plus qu'il n'aurait pu le concevoir : il y avait laissé sa mère. Elle était arrivée, un matin, morte. Simplement. Elle avait l'air apaisé, même si ses traits étaient toujours aussi émaciés qu'au moment où Taka l'avait quittée pour rejoindre la famille de Dame Farune, et la sienne, in fine. La voir lui avait fait un choc, même si au fond de lui, il se doutait que cette éventualité se présenterait. Et s'il s'était efforcé de ne rien montrer jusqu'à la fin de cette opération de grande ampleur, achevée tout récemment sans grands heurts, heureusement, un véritable chaos régnait dans son esprit.
Il avait ressenti ce besoin impérieux de revenir à Inuzuri, d'arpenter les pavés où il avait si souvent gît, autrefois, couvert de sang ou de crasse, les yeux gonflés et le corps plein d'hématomes, tout ça pour acquérir une maigre pitance et survivre. Même pas vivre ; survivre. Son destin ressemblait un peu à un conte, vu de l'extérieur : de misérable, il était devenu "prince" puis Capitaine au sein du prestigieux Gotei 13. Oui, une belle histoire, mais la vivre, c'était autre chose. Jamais il n'oublierait les brimades subies, jamais il n'oublierait tout ce à quoi il avait du s'abaisser, tous les sacrifices qu'il avait dû faire pour continuer d'exister.
Et pourtant, bien qu'il soit sur les terres de son enfance, il ne parvenait toujours pas à mettre de nom sur son sentiment. Ce n'était pas de la tristesse, parce qu'il avait beau essayer de pleurer, les larmes ne sortaient pas. Et puis, ça aurait été hypocrite : avant qu'elle ne se rappelle à lui, il avait oublié son existence, totalement. Peut-être espérait-il que les choses aient été différentes. Peut-être aurait-il voulu l'approbation de sa mère sur sa "carrière". Elle qui voulait tant le voir devenir un Prince, elle aurait été servie. Il tourna le regard vers deux gamins sur le bord de la route, qui l'observaient avec un air de petit chien craintif. Des orphelins comme il l'avait été. Alors qu'il s'approcha d'eux et leur tendit la main, ils prirent la fuite, disparaissant dans une ruelle.
Évidemment. On ne masque pas la mort de trois millions d'âmes en claquant des doigts. Les habitants du Rukongaï continueraient sans doute à les craindre pendant les années à venir... Racheter leur confiance serait difficile. Tourmenté par un maelström de pensées, Taka commença à déambuler sans but, pendant un temps indéterminé, jusqu'à ce qu'un léger clapotis n'attire son attention. Curieux, il tendit l'oreille et se dirigea vers la source du bruit, passant des clôtures sans trop y faire attention. Le bruit s'accentua alors qu'il traversait un tapis d'herbes hautes, et il tomba enfin sur le résultat : une jeune femme au teint mat, occupée à se laver dans un ruisseau bordé par une charmante plage. Taka resta silencieux, rougit, puis fit demi-tour et envisagea de s'éloigner avant qu'elle ne s'aperçoive de sa présence.
Mais, tels le souvenir de sa mère, ses vieux démons revinrent le hanter, et il trébucha, s'étalant maladroitement dans l'herbe avec un bruit de succion provoqué par la terre humide. La discrétion, c'était raté. |
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Ven 9 Jan - 3:43 | |
| Et ainsi débuta sa conversation avec un être inexistant mais palpable, dans un lointain souvenir imprimé sur son âme et ceci en passant l’eau dans ses mains en frottant ses poignets. Trois fois. Doucement, elle porta l’eau dans sa bouche pour la laver. Trois fois. Rapidement, elle aspira l’eau par le nez pour la rejeter toujours avec sa main droite. Trois fois. Les mains de nouveau saines, Idjouher prit l’eau entre ses mains et la répandit sur son visage. Trois fois. La main droite à laver jusqu’au coude. Trois fois. Puis l’autre. Trois fois. Les mains toujours humides, elle les passa sur ses cheveux jusqu’à la nuque d’avant en arrière. Au tour des oreilles à l’aide du pouce et l’index, de l’intérieur vers l’extérieur. Enfin ses pieds en commençant par le droit. Trois fois. Enfin le gauche. Trois fois.
Ce qu’elle adorait cette régularité, l’eau qui ruisselait sur elle, purifiante, vivifiante, nécessaire pour cultiver le calme dont elle avait besoin pour faire son devoir, rassembler ses pensées pour mieux agir plus tard. Un instant sublimé. Seule.
Ce n’était plus le cas. Rien qu’à sentir ce reiatsu, c’était quelqu’un de conséquent ce qui lui rappela sa rencontre avec l’ancien Capitaine Kyriuu bien que la source qui se rapprochait n’avait pas encore le gabarit de l’ancien Kenpachi. Après tout, elle était de la Division 7 à ce moment-là, sa présence était justifiée en cette fin de Purge. A la fameuse question « qu’est-ce que vous faites par ici ? », sa réponse était toute trouvée. Finalement, la personne cherchait à rester discrète. Soit, elle allait jouer le jeu. Il était parfois nécessaire de ne pas dévoiler ses atouts pour une éventuelle partie prochaine. Cependant, ce reiatsu lui rappelait quelqu’un… Elle en croisait tant dans une journée mais celle-ci…
Malheureusement, elle n’eut pas le temps de réfléchir outre mesure, sa tête se retirant de la contemplation du cours d’eau pour se reporter vers le bruit de chute. Non… Une puissance dépassant la sienne faire preuve de maladresse ? On avait besoin de tout pour faire un monde aussi carré que le leur mais tout de même.
Au pas de course, Idjouher rejoignit l’origine du bruit, alertée par la couleur inhabituelle des cheveux, elle essaya de rapidement fouiller dans sa mémoire tout en posant un genou près du Shinigami.
- Capitaine Kazegai ? Rien de cassé ? Je suis désolée, j’aurais dû vous sentir arriver pour me présenter à vous. Vous ne seriez pas couvert de boue, tenta-t-elle de tempérer calmement.
Par quoi avait-il été alerté ? Elle n’était pas dangereuse, pas de piège, pas d’autres personnes, elle avait fait comme si elle ne l’avait pas vu… Le Capitaine Serpiente ne lui avait rien dit sur un quelconque point sensible et de toutes façons, elle n’avait pas pipé mot. Quelle situation rêvée pour être confronté à cet homme. Elle arrivait déjà à un mur de questions tout comme au contact de Shin. Ca ne pouvait venir que d’elle, les coïncidences n’existaient pas. Finalement, la Kabyle était sans doute la maladresse par excellence sans le savoir.
- Allons au bord de la rivière pour enlever le plus de salissures possibles, je vous prie. Je vais vous aider, c’est la moindre des choses.
Elle n’allait certainement pas laisser un Capitaine regagner le Seireitei dans cet état, tout le monde était encore nerveux, un terreau parfait pour tirer des conclusions hâtives. Humblement, Idjouher proposa sa main pour l’aider à se relever, l’y incitant en douceur de son sourire tranquille, aussi tranquille que le vent dansant à travers les feuilles des arbres au-dessus d’eux.
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Ven 9 Jan - 9:31 | |
| Taka commença à se relever tant bien que mal, crachant la boue et les brins d'herbe qu'il avait avalés lors de son contact un peu trop familier avec ses terres natales. Enfin, il n'avait jamais soupçonné l'existence d'un endroit aussi joli dans le dépotoir qu'était Inuzuri. La jeune femme qu'il avait vue dans la rivière s'était approchée et le connaissait, apparemment. Logique, puisqu'il était Capitaine. En revanche, la réciproque n'était pas vraie. Toutefois, ça n'était pas une raison suffisante pour refuser son aide, et le Kazegai saisit la main que la demoiselle lui tendit. Il se redressa, et l'observa un peu plus en détail, se confirmant intérieurement qu'il ne la connaissait pas. Son hakama, son sabre et son respect des convenances indiquaient toutefois qu'il s'agissait d'une Shinigami.
Un Capitaine qui se ridiculise devant un soldat, c'était du propre. Taka pensait être libéré de ce genre de maladresses. Visiblement, le décès de sa mère avait dû l'affecter plus que ça. Sans dire un mot, il marcha jusqu'à la rivière, faisant attention où il mettait les pieds pour éviter de réitérer son "exploit", et il quitta son haori. Si la boue avait épargné la noirceur de son uniforme de Shinigami, en revanche l'emblème des Capitaines n'avait pas fière allure. Les désavantages du blanc. S'agenouillant auprès de la rivière, il y laissa tremper son blanc manteau.
De par sa nature de servant, il avait été formé à à peu près toutes les tâches du quotidien, et laver des vêtements en faisait partie. Il savait cuisiner, également, faire le ménage, et il avait choisi de commander la Cinquième Division parce qu'il appréciait les papiers, au contraire de beaucoup de Shinigami. Tandis qu'il était recroquevillé vers la rivière, tenant toujours son haori par le col, il leva la tête vers la mystérieuse déesse de la mort. Il n'avait jamais vraiment rencontré de femmes Shinigami, exceptée Eirin, la Capitaine de la Treizième, et quelques autres qui ne l'avaient pas marqué outre mesure. Évidemment, Asuna était une femme Shinigami de renom, mais Taka ne pouvait pas prétendre la connaître.
D'ailleurs, elle n'était toujours pas rentrée de sa mission sur terre. Elle s'en sortirait sans doute, elle, mais Taka s'inquiétait un peu plus pour le Goteï 13. Mais peu importait, là n'étaient pas les débats du jour. Saisissant une poignée d'herbes, il commença à frotter son haori avec les moyens du bord, tout en interrogeant la mystérieuse demoiselle, sans oublier de la remercier :
- Merci pour votre sollicitude, mais c'est de ma faute, je n'aurais pas dû réagir avec si peu de tact. Cependant, je vais devoir en manquer encore un peu : qui êtes-vous donc ? Je me doute que vous êtes une Shinigami, mais, pardonnez-moi, je n'ai pas l'honneur de vous connaître... |
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Jeu 15 Jan - 23:36 | |
| Finalement, il n’exécrait pas l’aide d’un soldat de rang inférieur au sien et tant mieux, il était plus facile de communiquer en dérogeant quelques barrières. Après tout, qui allait rapporter ce fait ? Ils étaient seuls. On aurait beaucoup jasé à voir un Capitaine devant une Shinigami si courtement vêtue mais au diable, c’était ici que son après-vie avait commencé. A jamais, elle se sentirait chez elle sur ces terres. A la lumière sur sa tenue, Idjouher se demandait si ce n’était pas cela qui l’avait troublé au point de ne pas s’annoncer. Et poli avec ça. Le Capitaine Igarashi avait dû regretter de se séparer d’un tel second, au profit de tout le Gotei mais cela restait un vide à combler.
Tranquillement, elle le laissa l’inspecter et en profita pour débarrasser les vêtements du surplus de boue avant que cela ne sèche. Espérait-il quelque chose ? Peut-être son silence sur sa maladresse… D’abord, il fallait s’occuper de son haori, elle aurait tout le temps de le rassurer plus tard. Poliment, elle prit les devants pour écarter les hautes herbes et assurer le passage du Capitaine qui prit ses aises au bord de la rivière, ne semblant aucunement gêné sur l’endroit, ni d’être particulièrement sali. Il avait donc l’habitude ? Il avait si…noble, propre sur lui. Pas que la caste d’origine était imprimée sur le front d’autrui et elle n’avait pas pris la peine de se renseigner sur Kazegai Taka. Elle avait envie de le jauger…à cru. Elle le laissa faire, apparemment, il savait quoi faire et le laissa parler.
- Si peu de tact ? Je suis celle qui est à demi-nue dans l’histoire, je ne m’attendais pas à une ronde et surtout de la part d’un Capitaine. Et je m’appelle Idjouher Tamanart. Vous pouvez m’appeler Tama, c’est plus pratique et plus japonais. Je fais partie de la Division 7, enchantée, Capitaine Kazegai, se présenta-t-elle en inclinant la tête en signe de respect.
A voir l’état du haori, il y avait des chances que la boue s’incruste dans les fibres, même l’herbe sèche n’allait pas faire de miracle. En douceur, Idjouher se mit debout, , remonta les jambes de son hakama pour sonder les pierres les plus plates et en faire une structure pour placer le linge.
- Ce serait plus efficace avec des pierres plates pour ne pas abîmer le tissu tout en frottant avec plus de force. Si vous voulez, je peux le faire, j’ai l’habitude. Je vivais ici avant la Purge avec ma famille.
A présent, c’était plus difficile, la Kabyle préférait attendre avant de revoir le voisinage et donner des nouvelles. Peut-être même organiser un transfert de deux ou trois familles ici, pour que l’endroit ne soit pas abandonné voire, pire, contrôlé par une mafia quelconque. Elle était heureuse d’être de la Division 7, ça, au moins, elle pouvait l’empêcher. Avec la loi de son côté, non juste pour la survie.
- Ça a été dur autant du côté du peuple que du côté Shinigami. Surtout pour le Capitaine Igarashi je suppose. Enfin, nous avons beaucoup à faire. Vous êtes peut-être en mission aujourd’hui ? Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à réquisitionner ma personne, Capitaine, proposa naturellement Idjouher, souriant légèrement.
Après tout, elle ne posait pas cette question par indiscrétion, plutôt pour se montrer toujours mobilisée. Surtout vis-à-vis d’une personne qui n’était pas prompte à demander de l’aide, voire à penser qu’il pouvait déranger autrui. C’était rafraîchissant de voir une telle sensibilité de la part d’un gradé.
Dernière édition par Idjouher Tamanart le Ven 16 Jan - 10:28, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Ven 16 Jan - 9:41 | |
| La jeune femme s'appelait donc Idjouher Tamanhart, dite Tama. Le nom ne sonnait effectivement pas très asiatique, et elle provenait peut-être d'une autre partie du monde. Ou ses parents, du moins. En y réfléchissant, il y avait quelques Shinigami qui n'étaient peut-être pas japonais, pour ceux qui avaient eu une vie avant la mort. Ils auraient peut-être pu devenir des Reapers... Mais là n'était pas l'inquiétude principale du Kazegaï. Le problème principal, c'était nettoyer son haori pour avoir l'air présentable. Tama s'invita dans son petit ménage et commença à proposer une solution alternative.
Qui tombait sous le sens, effectivement. Depuis qu'il n'avait pas fait la lessive, le blondinet avait dû rouiller. La jeune femme affirma également qu'elle vivait ici avant la Purge. Y était-elle née ? En tout cas, elle partageait le lieu de vie avec le Capitaine de la Cinquième Division. Même si celui-ci l'avait quitté il y a assez longtemps, adopté par la famille de son père, il était né à Inuzuri et y avait passé les premières années de sa vie. C'était sans doute cela qui l'avait poussé à y revenir, comme pour oublier que sa mère n'était plus.
Puis, avec douceur, la demoiselle proposa d'aider le Faucon, dans l'hypothèse où il soit en mission. Une brave jeune femme, effectivement. A la Septième, Taka connaissait le Capitaine, Serpiente, et Seigi Raïtoku, un Shinigami sourd qui faisait partie de ses amis. La brune contrastait affreusement avec les deux précédents, mais la différence faisait sans doute la force. Il était important d'avoir des profils différents, surtout pour une tâche comme celle de la Septième, à savoir la surveillance et la protection du Rukongaï.
Taka commença donc à disposer des galets dans le fond de la rivière pour y placer son blanc manteau, aidé par la jeune femme dans le choix des pierres. Tout en s'attelant à sa tâche, il prit la parole, lui aussi sur le ton de la conversation :
- Je vous remercie, Tama, mais je ne suis pas en mission. Je me promenais simplement, pour me changer les idées après la Purge. Je suis moi aussi originaire d'Inuzuri, voyez-vous. Après de tels actes, il est important de renouer avec ses racines... Ça aide à tenir le coup. Enfin, comme vous l'avez dit, je ne suis sans doute pas celui qui a le plus souffert !
Et Taka se tut, alors que l'image de sa mère inerte lui venait en tête, puis entreprit de frotter le symbole de son poste de Capitaine avec vigueur. Il espérait ne pas faire de trous. Après tout, ça faisait bien longtemps qu'il n'avait plus fait la lessive ainsi. Mais il ne pouvait tout de même pas demander à Tama de le faire à sa place, après tout, c'était lui qui avait fait une erreur, c'était à lui de la réparer. |
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Dim 18 Jan - 23:18 | |
| Pendant qu’elle renforçait leur lavoir de fortune, Idjouher se demandait s’il restait un morceau de savon dans la maison. Après tout, ils avaient dû partir vite, laissant le superflu et ce qui pouvait être racheté une fois arrivé au premier district. Cependant, elle restait concentrée sur les dires du Capitaine Kazegai, très révélateurs d’ailleurs. La Kabyle pensait qu’elle était la seule qui faisait tout pour que son passé ne soit pas révélé, finalement, le manieur des vents savait bien garder ses secrets. Qui sait ? Il avait peut-être la même idée qu’elle : les Shinigami faisaient tout pour mettre les différences sur le devant de la scène pour mettre des bâtons dans les roues de ceux qui voulaient leur place et ironiquement, beaucoup d’entre eux venaient de districts défavorisés. Et à ses souvenirs, Kazegai Taka avait fait bonne impression ce qui lui a valu des promotions rapides. Tant mieux, ils avaient essuyé beaucoup de pertes et un grand besoin de sang frais.
Hormis ces histoires d’origines, Idjouher, arrêtée dans sa tâche pour mieux observer son supérieur indirect, se posait la question du pourquoi se demander qui a plus souffert que quiconque ? Et cela méritait des éclaircissements mais tout ce que le cœur de la Kabyle pensait était…
- C’est faux.
Cela aussi méritait des explications plus poussées. Pourtant, Idjouher prit son temps pour comprendre pourquoi elle avait dit ça. Elle qui était bien plus réfléchie d’habitude. Ce n’était guère un jour comme les autres, cela se voyait dans son visage comme celui de Taka. Les mains toujours dans l’eau, la Shinigami les contemplait, essayant d’apporter de la clarté dans ses pensées puis dans ses propos.
- Ce que je veux dire par le fait que le Capitaine Igarashi avait particulièrement souffert, ce n’est pas dans le sens quantitatif mais sur la nature de sa cicatrice. On lui a confié une mission, il l’a remplie mais même avec le sens du devoir, cela n’efface rien. Pourtant, nous sommes tous les deux ici. Pourquoi ? Pour essayer de trouver quelque chose pour nous remettre de nos blessures. Finalement, se dire qui a souffert le plus n’a pas de sens. Nous ne saurons jamais ce qui a de pire entre savoir pourquoi on doit tuer et ne pas comprendre pourquoi on doit être tué.
En écartant quelques feuilles qui dansaient sur la surface de l’eau, Idjouher revint aux yeux de Taka, toujours calme, toujours avec ce sourire léger. Ce sourire qui autant pouvait exaspérer que pardonner des erreurs inconnues pour son propriétaire.
- Vous devriez reconnaître que vous ne vous sentez pas bien si vous vous guérir un jour. Si je puis vous donner ce conseil, évidemment. Capitaine Kazegai.
Revenant sur le haori, ils avaient assez frotté le tissu, le blanc n’était pas encore au plus éclatant de ses premiers jours mais cela ne suffisait clairement pas à la Kabyle.
- Il y a sûrement du savon qui traîne quelque part dans la maison. Ça sera l’occasion de blanchir le haori uniformément. Je reviens tout de suite, Capitaine.
Prudemment, Idjouher se fraya un chemin jusqu’à la cour plus dégagée pour finalement tomber sur deux enfants qui cherchaient à prendre de l’eau dans le baril de récupération. Soudain, ils se retournèrent, l’un sourit, l’autre, plus méfiant, regardait son camarade faire pour être sûr et imita son compagnon. Par bonheur, Idjouher était connue par le voisinage. Vu les circonstances, ils l’auraient fuie comme la peste.
- Tama onee ! s’exclama presque en pleurant le premier en se réfugiant dans les plis du hakama d’Idjouher. - Hiro… Tenma… Je suis désolée… - Z’étaient partout…! On n’avait peeeeeeeeeeur…! s'étrangla Hiro.
Il n’y avait rien à faire, Hiro avait sûrement tout fait pour ne pas pleurer devant Tenma pour l’encourager et là, il ne pouvait que s’adonner à son chagrin. Lentement, Idjouher l’accompagna jusqu’au baril pour nettoyer le visage rougi par les larmes et Tenma luttait contre l’envie de pleurer, voulant prouver qu’il était un grand garçon.
- Bois doucement, Hiro. Une gorgée à la fois… Depuis quand vous n’avez pas dormi ? Ne mentez pas. - Je…depuis…en fait, on dort chacun son tour… hoqueta Tenma, péniblement. - On entre et vous allez dormir, il y a un futon qui traîne et vous allez le partager. Je serai à la rivière. Et on ne discute pas.
Donner des ordres n’était pas sa tasse de thé mais les garçons avaient besoin d’une personne forte pour leur dire quoi faire. Ils s’étaient débrouillé tous seuls, elle n’allait pas les laisser comme ça. Encore heureux, la maison n’avait pas trop pris la poussière, les planches crissaient comme d’habitude, ils avaient fait du bon travail pour la garder stable. Rapidement, Idjouher les coucha à l’étage, les garçons étaient morts de fatigue, ils n’allaient pas protester. En prévision, la Kabyle trouva une cruche en pierre cuite qu’elle remplit d’eau au cas où si la soif les réveillerait. Revenue au rez-de-chaussée, la Shinigami se mit en quête d’un morceau de savon, et retourna dans la cour arrière où sa famille avait l’habitude d’y faire la lessive. En regardant au niveau des fondations, elle trouva son bonheur et entreprit de le rincer rapidement. En priant qu’elle ne fut pas trop longue…
Dernière édition par Idjouher Tamanart le Lun 19 Jan - 10:33, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Lun 19 Jan - 9:50 | |
| La sensibilité de Tama impressionna le Kazegai. Elle avait réussi à le percer à jour, et l'espace d'un instant elle réussit à le déstabiliser. Il considéra alors l'option de raconter son histoire à la jeune femme, au moins la partie concernant sa mère, juste dans l'espoir d'être réconforté. Peut-être était-ce de ça qu'il avait besoin. Qu'on lui dise que sa mère n'avait pas souffert, qu'elle l'avait oublié, peu importe du moment qu'il pouvait ne plus culpabiliser.
Mais quand la jeune femme revint à des préoccupations plus légères et proposa d'aller chercher du savon, le Kazegai oublia immédiatement ses précédentes pensées : pas question d'ennuyer la jeune femme de la Septième, qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, avec ses états d'âmes. Sans doute que cela ne la dérangerait pas, mais lui n'avait pas envie d'abuser. Le problème étant de savoir à qui il pouvait en parler. Il ne voulait pas ennuyer Shu avec ça, lui qui avait déjà eu beaucoup à supporter comme l'avait dit la brune.
Raïtoku n'aurait pas été d'un grand secours dans ces circonstances, lui qui était plus dans le genre à taper sur quelque chose jusqu'à ce qu'il remette sur pieds plutôt que chercher à parler. Dans les amis moins proches, il ne voyait personne susceptible de le comprendre. Il jeta un regard à son zanpakutô, laissé sur la rive pour faire son petit ménage. Il n'y avait guère qu'à lui qu'il pourrait parler. Peut-être le faucon aurait-il de quoi rasséréner le Capitaine...
Des bruits de pleurs et de cris interrompirent le fil des pensées du blondinet : cela venait de la demeure où s'était dirigée la jeune femme. Curieux, il se redressa, non sans oublier de solidement arrimer son haori au fond de la rivière à l'aide de cailloux posés à des points stratégiques, puis il prit la direction de la maisonnette. Ne désirant pas abuser et entrer, tout juste se contenta-t-il de tendre l'oreille. Les sanglots semblaient s'être calmés.
S'approchant encore un peu, Taka discerna une troisième voix, et c'est la douce voix de Tama qui conclut la discussion. Elle allait apparemment coucher deux garçons. Ils avaient forcément dû souffrir de la Purge. Le maigre Shinigami soupira : s'il était confiant avant le processus, plus le temps passait depuis sa fin, plus il se posait des questions. Il savait qu'il n'y avait pas d'autre choix, et l'aurait refait si ça avait été à refaire, mais sa solidité était mise à rude épreuve.
Il releva la tête en voyant l'Idjouher ressortir, et commencer à fourrager puis à rincer quelque chose, sûrement du savon. D'un pas lent mais suffisamment sonore pour ne pas surprendre la jeune femme en débarquant dans son dos, il s'approcha d'elle. D'un ton doux, il la félicita, non sans s'excuser auparavant :
- Désolé pour ma curiosité, j'ai été attiré par les pleurs de ces petits. Vous avez fait du beau travail, Tama. Je comprends mieux que vous ayez choisi la Septième Division. Cette Purge n'a décidément été facile pour personne...
Las, le Capitaine de la Cinquième Division laissa s'extirper un soupir d'entre ses lèvres. Combien de temps leur faudrait-il pour regagner la confiance des habitants des districts les plus touchés ? Et si ces enfants continuaient de les haïr et transmettaient leur haine à leurs futurs descendants ? Il espérait qu'Asuna avait une solution miracle pour ça, même s'il en doutait : il avait fini par ne plus croire aux miracles, à force. |
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Lun 19 Jan - 11:48 | |
| Finalement, non, elle ne fût pas aussi longue qu’elle ne le pensait, Kazegai Taka était une personne curieuse autant qu’un enfant le serait, sans heurts, sans arrière-pensée, juste attiré par des éléments extérieurs et y répondait naturellement. Contrairement à son supérieur, Serpiente.
…
C’était là qu’elle avait vu le Capitaine Kazegai. Juste après une réunion de vice-capitaines. De loin. Et ils étaient tous deux vice-capitaines et elle troisième siège. L’écart des rangs s’était creusé mais ils s’étaient presque rentrés dedans. La douce ironie. Sans parler de l’air distant de son propre supérieur qui était venu la chercher en personne pour faire un duo des plus retentissants. Toute cette situation était aussi ronde qu’un cycle de gestation.
- Votre curiosité est innocente. J’aurais aimé voir cela plus souvent, je dois vous l’admettre.
Elle aurait voulu rire, non pour se moquer mais vraiment pour faire un minimum éclater sa joie d’une découverte rafraîchissante, cela se traduisit par des yeux rieurs et un sourire plus prononcé à demi-caché par un index sur la lèvre supérieure charnue de la Kabyle.
- Ils s’appellent Hiro et Tenma, des vagabonds, ils veulent montrer qu’ils n’ont peur de personne. Quand je vivais ici, avant même que je ne sois Shinigami, il y avait une petite mafia de quartier comme il en pullule de partout et ces deux-là étaient des voleurs à la tire à leur compte. Ils étaient forcés, évidemment.
En douceur, Idjouher se permit de s’emparer du haori qui dégoulinait d’eau, se mit sur une des marches du perron arrière, étala le haori sur elle en le calant contre son menton et commença à frotter avec le morceau de savon propre tout en continuant son récit.
- Une fois, ils voulaient dérober des affaires ici, nous étions quatre dans la maison à ce moment-là et la plus jeune de la maisonnée les a pourchassés pour les faire revenir ici, les présenter devant moi. Notre doyenne leur servit de l’eau et de la menthe qu’elle utilisait pour mieux désaltérer les convives et ne parla pas. J’étais à l’étage, je ne faisais qu’écouter. Pourtant, Lalla Zohra, la doyenne, ne posa aucune question, s’était contentée de sourire, de resservir les deux garçons quand ils avaient fini puis Tenma fut le premier à pleurer. De honte bien sûr. Il détestait sa vie fait de larcins. Suite à cela, j’attendis sur le toit avec mon arc la venue de leurs « maîtres » qui me connaissaient, ils m’avaient bien accueillie quand j’étais venue pour la première fois, à peine ma place distribuée mais je pense qu’ils se souvenaient que j’étais un bon tireur et que je n’allais pas me laisser faire une nouvelle fois.
La couche de savon s’étendait sur une des manches mais consciencieuse, Idjouher insista sur l’aisselle et l’intérieur de la manche pour recommencer sur l’autre côté. Puis, elle continua son récit.
- Hiro et Tenma avaient encore leur fierté, ils voulaient se débrouiller seuls mais de temps en temps, ils revenaient ici, puis, ils finirent par rester dans la zone. Les pauvres, ils ont sûrement cru que ma famille avait été purgée, nous avons juste déménagé. Tout ça pour vous faire comprendre que je les connais depuis longtemps, et même après avoir atteint mon rang de Shinigami…je n’avais pas le cœur à quitter cet endroit, j’y suis restée sans jamais révéler à mes collègues que non seulement je venais du Rukongai mais que j’y habitais encore, confessa Idjouher, sans perdre son sourire.
Doucement, elle glissa une partie du haori savonné sur son dos et frotta les pans avec énergie.
- Il n’est pas trop tard pour que je tente de faire confiance à certains comme il n’est pas trop tard pour renouer avec vos origines. Ni pour guérir ses blessures d’ailleurs. Si vous préférez, venir ici est comme prendre des médicaments, c’est une solution à court terme, encore faut-il savoir se ménager, se nourrir sainement, trouver une solution à long terme. Ma place de Shinigami de la Division 7 ainsi qu’essayer de faire confiance à autrui…c’est mon moyen à long terme.
Tranquillement, elle se mit debout, étendit le haori devant elle et l’étendit à l’aide de pinces restées sur le fil à étendre le linge, face au soleil, en tirant sur les plis pour atténuer le froissement à venir.
- Ne retenez pas le fait que selon vous et non selon mon point de vue, vous n’êtes pas la personne ayant le plus souffert. Juste que vous êtes affecté, autant que moi ou ces deux garçons en haut. Seule la manière de réagir nous différencie réellement.
Elle était couverte de savon, pourtant, Idjouher n’alla pas encore se rincer, elle ne se contentait que de faire face à Taka, les yeux dans les yeux, sans détournement, ni artifice. Elle n’avait besoin d’aucun outil made in Division 2 depuis le début de toutes façons.
- Vous êtes resté trop longtemps seul sans parler de vous à quiconque. J’ai fait la même erreur. Car oui, c’est définitivement une erreur. Croyez-moi.
En y repensant, Idjouher avait de la chance. Beaucoup de chance. La chance que Serpiente ait vu en elle une personne utile. La chance que Shin ne la rejette pas. La chance de tout recommencer avec sa famille loin de la violence.
La chance d’avoir un capitaine qui l’écoute car elle n’était pas la seule à avoir besoin d’une seconde chance.
D’être pardonné.
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Lun 19 Jan - 13:50 | |
| Tama commença à conter l'histoire des deux garçonnets à Taka. Une histoire banale, comme il devait en exister des dizaines dans le Rukongai : des gosses innocents, manipulés dès leur plus jeune âge pour enrichir des êtres plus âgés et mal intentionnés. Ils s'en étaient sortis grâce à la bienveillance des proches de l'Idjouher. Le Kazegai ignorait à quelle époque tout cela s'était passé, mais peut-être aurait-il pu lui aussi être recueilli par cette famille.
Quelqu'un d'autre l'avait ramassé, lui, et il s'en était tiré également. Mais avant, pas de trace d'une mafia. Lui aussi avait dû se résoudre à voler pour survivre, mais il était poussé par sa seule nécessité. Sans ça, sa mère serait sans doute morte. Il avait dû lutter, lutter, et à chaque fois qu'il prenait des coups, il se relevait, difficilement, et continuait à tituber, avançant dans une nuit perpétuelle sans aucune idée de quand il trouverait enfin de la lumière.
Et alors qu'il était déterminé à abandonner, la lumière était arrivée. Peut-être que tout comme lui, ces gosses finiraient par devenir des Shinigami et deviendraient des éléments vitaux du Seireitei. Mais avant cela, il faudrait qu'ils se remettent de leur traumatisme. Sans doute que Tamanart pourrait les aider. Peut-être même pourrait-elle aider Taka, qui sait. En effet, tout en continuant de laver le haori du Kazegai, elle parlait.
Elle mettait en parallèle son histoire et celle du Faucon. Ses mots résonnaient étrangement. Différemment de tout ce qu'il avait entendu auparavant. De sa mère, il n'avait reçu que du mépris. Des gifles données d'une main osseuse, en lui crachant à la figure qu'en tant que Petit Prince, il ne devait pas se battre avec des plébéiens pareils. Des histoires de fierté qu'il aurait dû avoir, alors qu'il menait la même vie qu'un rat, condamné à être remis plus bas que terre chaque jour.
De dame Farune, il avait longtemps été le servant. Elle exigeait de lui les prouesses les plus folles, et il se contentait d'exécuter et d'abonder en son sens, trop reconnaissant d'avoir été sauvé. Jamais il n'avait eu à prendre de décision. Sauf quand tout avait mal tourné et qu'elle s'était révélée être amoureuse de lui. Sentiments non partagés, non seulement car elle était sa demie-soeur, mais aussi parce qu'il la divinisait beaucoup trop pour cela. Elle l'avait jeté dehors, et c'est alors qu'il s'était promis de ne plus jamais chercher à s'élever et à rester dans l'ombre.
Son père ne lui avait remis qu'une lettre de recommandation pour l'Académie et de quoi être tranquille. Après, plus rien. Avant de partir, le Kazegai se souvenait lui avoir demandé de retrouver sa mère et de l'aider. Alors même qu'il s'en fichait, juste par instinct de fils, sans doute. "J'y penserais", avait répondu son géniteur. Mais lorsque le Capitaine Taka était allé les prévenir, lui et le reste de la famille, qu'il fallait qu'ils se mettent en sécurité pour la purge à venir, il n'avait même pas évoqué le sujet. Des remerciements froids, simples, pas ceux d'un père à son fils.
C'est pourquoi les mots de Tamanart résonnaient comme ceux d'une grande sœur ou, mieux encore, d'une mère. C'est sans doute ce qui poussa Taka à parler, sa voix tremblant légèrement à cause de l'émotion :
- Ma mère est morte au cours de la Purge. Je ne l'ai jamais aimée, elle était malade et hideuse. Pour moi, elle représentait la mort. Elle n'a eu de cesse de me cracher dessus alors que je me démenais pour la maintenir en vie. En vérité, je n'ai jamais repensé à elle depuis que j'ai commencé à être un Shinigami. Je pensais même qu'elle était déjà morte. Pourquoi a-t-elle survécu si longtemps, juste pour le plaisir de mourir maintenant et de revenir me tourmenter ? Pourquoi est-ce que je ressens quelque chose alors que je devrais m'en ficher ?
Il se tut, reprenant un peu de bon sens, et gêné d'avoir ennuyé Tama avec ça. De quoi avait-il l'air, désormais ? Un Capitaine qui se plaint et qui cède à ses sentiments ? Il était beau, le responsable des Archives ! Le guerrier déterminé et maître de lui-même était redevenu la larve qu'il était autrefois, le majestueux faucon avait laissé sa place à un oiseau tremblotant. Ouvrant ses mains, il les contempla. Pourquoi étaient-elles toujours si inutiles ? De rage, il frappa le mur de la maison. Mais il ne réussit qu'à se faire mal, chétif comme il était. |
| | | Rang : 10ème siège de la 7ème Division
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Mar 27 Jan - 17:38 | |
| Elle s’en souvenait. C’était le premier enterrement d’âme qu’elle pratiquait. Elle avait une promesse à tenir. Elle ne savait pas envers qui mais en ce temps-là, son mentor l’avait conduit jusqu’à lui. L’Emir mourant, endormi, la bouche ouverte, sèche, la respiration laborieuse et sifflante. Un homme qui avait fait tellement, autant la guerre qu’essayer de montrer des raisons de faire la paix. Elle se souvenait que dans son cœur, elle s’était imaginé quelqu’un de plus digne, de plus fort mais elle l’avait reconnu sans arriver à mettre un nom sur lui. Qismat lui racontait tout, une histoire folle, des batailles familières, des connexions fluides mais brumeuses s’assemblaient dans sa tête…
Au début, tout allait bien, cela sonnait comme une formalité.
Pourtant, elle avait tellement pleuré, elle s’était égosillée de chagrin, lâché son zanpakûto et avait laissé Qismat la rattraper.
Ce fut la première fois qu’elle pleurait de la sorte. Comme une enfant désespérée, encore hantée par un cauchemar à peine éveillée.
C’était juste ses souvenirs qui criaient. Cet homme avait compté dans sa vie humaine hors de portée mais son âme n’était pas dupe.
Des jours après, Qismat avait posé cette question qui changea tout entre eux. Pour le meilleur et le pire.
« Quand je mourrai, est-ce que tu me pleureras avec autant de force ? »
Il y avait beaucoup de possibilités pour répondre : « ne meurs pas comme ça, ta question semblera aussi idiote que toi », un classique « Dans tes rêves ! » aurait pu fonctionner, un narquois « Quand tu m’as vue pleurer comme une gamine, étais-tu fière de moi ? » ou le frontal « Je pensais que tu te considérais comme le meilleur chasseur de la Division 3, alors c’était du vent ? Je le savais… ».
Au lieu de ça, Idjouher Tamanart avait répondu à l’affirmative comme si elle honorait une seconde promesse.
Quel idiot… En même temps, essayer de feinter le seconde degré avec une personne qui ignore son existence avait dressé un mur de réalité aussi soudain qu’impressionnant.
Pourtant, il avait accepté.
En cet instant, devant Kazegai Taka, Idjouher comprenait parfaitement le sentiment qui nouait sa tête et ses tripes avec. Pendant longtemps, elle ne voulait pas parler de son premier enterrement d’âme, celui de l’Emir. Pendant longtemps, elle avait fait de même avec Qismat. C’était juste insupportable.
Et pourtant…
- C’est votre mère. Même avec le souvenir de cette image triste qui persiste, elle sera toujours celle qui non seulement vous a mis au monde mais maintenant que vous êtes gradé, ne sentez-vous pas l’envie de revenir en arrière pour essayer d’être celui qu’elle voulait que vous le soyez pour être un homme meilleur aujourd’hui ?
C’était l’évidence même. Le capitaine semblait se demander comment être un bloc de roc sans non plus se trahir, surtout dans la situation précaire de la Soul Society, dans un moment où l’on avait besoin de lui. Ainsi tourbillonnaient l’envie d’être un capitaine exemplaire sur qui compter et par ce biais exprimer sa gratitude envers la chance que lui avait présenté le Seireitei. C’était beau mais visiblement, cela l’épuisait à vue d’œil. Il n’arrivait même plus se contenir devant le simple siège qu’elle était.
- Et vous auriez voulu avoir plus de force pour la rendre heureuse. Cependant, vous ne vous êtes jamais dit que cela ne dépendait pas que de vous ?
Sans faire de bruit, Idjouher se glissa vers le tonneau d’eau tout en attendant une réponse et entreprit de rincer une tasse de bois pour la remplir et la tendre à Taka pour qu’il puisse reprendre ses esprits.
- Dans ma famille, une chose que j’ai comprise avec elle est que le bonheur ne dépend pas d’une seule personne, c’est un travail d’équipe. On avait beau être en constant danger ici, on était une famille unie. Avec ou sans shihakusho sur moi.
Et ils avaient besoin d’une piqûre de rappel à ce moment-là.
Dernière édition par Idjouher Tamanart le Lun 16 Fév - 10:36, édité 1 fois |
| | | Rang : Capitaine-Commandant
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Mar 27 Jan - 18:14 | |
| Taka avait recouvré la majeure partie de ses esprits, même s'il restait encore un peu honteux d'avoir craqué ainsi. Il devait montrer un visage solide en cette période, surtout en tant que Capitaine. Si les instances supérieures, censées guider la Soul Society, n'étaient pas capables de se maintenir, alors les soldats cèderaient à la panique. Heureusement, sa "crise" serait sans grande conséquence : les deux garçons dormaient comme des loirs - et n'auraient de toute façon eu personne à qui le raconter - et Tama n'irait sans doute pas répéter cela à qui que ce soit. Ça n'avait pas l'air d'être son genre.
D'une main presque assurée, le Capitaine accepta la tasse d'eau que lui tendait la jeune femme au teint basané, et la remercia avec un pâle sourire. Il en prit une gorgée, qui acheva de le remettre d'aplomb. Maintenant que c'était sorti, ça ne devrait plus le tourmenter. Les paroles d'Idjouher se voulaient rassurantes, mais le responsable des Archives ne savait pas trop quoi en faire. Était-il ou non coupable de quelque chose, in fine ? Sa mère lui avait toujours assuré qu'il n'était pas de basse extraction.
Certes, son père était quelqu'un, et lui-même avait eu un destin que beaucoup envieraient, en devenant Capitaine dans le prestigieux corps d'armée du Gotei 13, mais au fond il se sentait toujours le simple Kazegai Taka, un humble Shinigami qui faisait de son mieux, et s'appliquait à vivre selon ses principes. Aurait-il dû aller voir sa mère sitôt qu'il était devenu le chef de la Cinquième Division ? Ou encore avant la Purge, au moins pour la mettre en sécurité ?
L'idée lui avait traversé l'esprit. Mais il ne l'avait pas faite, car il craignait sa réaction, mais surtout celle de sa génitrice. L'aurait-elle même reconnu ? Il était probable que sa maladie ait empiré. Quand il était le servant de Dame Farune, il y a de ça si longtemps, elle le prenait pour un véritable nobliau, l'équivalent masculin de Dame Farune. Elle pensait que Taka avait engagé son fils. Après son entrée à l'Académie, il avait coupé les ponts. Avec le temps, il s'était même dit qu'elle était morte, ce qui paraissait probable. Mais non, elle avait survécu.
Aurait-il pu la faire vivre plus longtemps ? Peut-être. Mais que valait sa vie ? Elle avait l'air plus paisible lorsqu'elle était arrivée au centre de comptage des morts. Si sa silhouette était toujours squelettique, et ses traits décharnés, en revanche une sorte de sourire déformait ses lèvres sèches, et ses yeux clos semblaient enfin apaisés, libérés du mouvement fiévreux de ses pupilles. En s'éteignant, elle était peut-être devenue l'héroïne de son rêve, un rêve où le père du Kazegai ne l'avait jamais abandonnée et où elle menait la vie de château, peut-être avec son petit "Prince".
La situation était difficile, mais elle était sans doute meilleure, pour elle comme pour Taka, qui y puiserait une nouvelle détermination et ressortirait plus fort de l'épreuve. Achevant son verre d'eau, il récupéra son haori, presque immaculé grâce aux bons soins de l'Idjouher, et commença à le faire claquer avec vigueur pour qu'il sèche, le vent d'Inuzuri gonflant le symbole du Capitanat. Tout à sa tâche, le Faucon se fendit d'une réponse à la jeune femme de la Septième Division :
- Merci pour vos paroles, Tama, et encore désolé de vous avoir ennuyé. Je vais faire mon propre cheminement, et arriver à ma propre conclusion, et j'espère parvenir à tirer quelque chose de bien de tout ça. Une lumière, si petite et vacillante soit-elle, qui éclairerait au moins un côté positif de cette Purge. Le temps est bien le seul qui puisse guérir les blessures...
Et Taka s'interrompit, levant son regard vers les cieux, et repensant à ses moments de bonheur. L'air de rien, Farune y occupait une place importante, même si elle avait été longtemps la figure de ses pires démons. Il faudrait qu'il revoie la jeune femme, histoire d'écrire la conclusion de cette histoire. |
| | | Rang : 10ème siège de la 7ème Division
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| Sujet: Re: La brise de Tarazed [ft. Kazegai Taka] Lun 16 Fév - 17:56 | |
| Respectueuse, Idjouher laissa le vent remplir le silence, un hiatus nécessaire pour que Kazegai Taka essaie de trouver ses propres perles de sagesse. Ce qu’elle avait dit était la sienne, propre à sa condition, à sa vie, son après-Purge si on pouvait dire ainsi. Son remède visant à équilibrer ses pensées et utiliser son énergie à son devoir sans se disperser. Ils étaient venus pour la même raison, ils n’allaient pas repartir avec le même rameau entre les mains. Et à dire vrai, cela lui faisait du bien de profiter de ce hiatus. Il n’était pas désagréable, au contraire mais elle avait beau chercher dans sa mémoire, la Kabyle se heurtait à un mur blanc si elle essayait de se demander quand est-ce qu’elle avait eu un moment suspendu dans le temps. Avec Serpiente, rien n’était suspendu. S’il y avait un trou dans la discussion, c’était pour le remplir avec des données nouvelles, un tirage de priorités, l’élaboration d’une liste de cibles. Chez elle, elle préférait s’occuper les mains et parler avec Lalla Zohra pour se tenir au courant de l’état des troupes. Elle n’arrêtait pas. Au final, elle avait encore certaines choses à apprendre. Elle savait qu’elle manquait encore de maturité. Résolus en même temps, Idjouher s’approcha de Taka pour se saisir de la tasse en bois qu’il allait abandonner pour reprendre son haori, blanchi, éclatant, plein d’espoir. Débarrassé de ses impuretés pour affronter les obstacles de demain. Tout comme son possesseur, apparemment. - Merci pour vos paroles, Tama, et encore désolé de vous avoir ennuyé. Je vais faire mon propre cheminement, et arriver à ma propre conclusion, et j'espère parvenir à tirer quelque chose de bien de tout ça. Une lumière, si petite et vacillante soit-elle, qui éclairerait au moins un côté positif de cette Purge. Le temps est bien le seul qui puisse guérir les blessures... - N’oubliez pas que c’est dans les ténèbres que la lumière brille le plus. Si vos tourments ont révélé ce qui se fondait dans le décor de votre esprit, c’est qu’ils étaient nécessaires. Une perle de sagesse contre des blessures. J’espère qu’elle vous sera très utile au moindre nuage lourd venu, Capitaine.Ainsi, elle le salua bien droite, montrant le respect d’un humble siège devant un Capitaine commençant une ascension difficile mais pas impossible. Elle avait foi. Il y arriverait. - Bonne chance, Capitaine Kazegai. Si besoin est, je serai toujours à votre disposition à la Division 7. Je dois quand même prendre congés, je vais faire ma ronde et rentrer. Prenez-soin de vous surtout, encouragea-t-elle avec un sourire radieux, heureuse de le voir moins misérable qu’à l’arrivée. Après l’avoir laissé partir, Idjouher alla remettre son shihakusho en place, revint vers les petits pour les faire boire et leur proposa même de faire sa ronde avec elle histoire de disposer des meilleures oreilles d’Inuzuri. Heureux de se sentir utiles, Tenma et Hiro partirent en premier rattrapés par la Kabyle. Ça se passait toujours bien les rondes dans ce quartier, apparemment, même les plus teigneux acceptaient Idjouher. En râlant au passage, bien sûr, une Purge n’allait pas la rendre plus aimable mais elle était heureuse qu’ils reconnaissent son identité : une Shinigami qui n’oubliait pas ses racines. Cependant, si elle avait eu l’ordre, l’aurait-elle fait ? Oui. Même eux le savaient, ça se voyait dans leur regard, n’oubliant pas son rang de dieu de la mort. Ça ne les empêchait pas de parler, sans doute trop contents d’avoir quelqu’un qui comprenait ce qu’il se passe et qui ne se défilait pas. Quelqu’un qui les connaissait. Quelqu’un qui ne les voyait comme du bétail à caser et à modérer. Elle repensa au haori éclatant de Kazegai Taka, un haori d’un fils d’Inuzuri pourtant. Idjouher ne pouvait qu’espérer qu’un jour un vent faste le fasse gonfler, en direction de sa terre qui avait accueilli plus de larmes et de sang que de pluies. Enfin, sa ronde était terminée, un rapport à rédiger l’attendait, rien à signaler. De quoi rassurer sans faire de vagues. Alors qu’elle allât rentrer chez elle, Abbes l’attendait sur le chemin, toujours avec sa mine grave, ses yeux clairs et son teint plus mât qu’elle. Il avait quelque chose d’important à dire. Elle s’approcha et le grand homme à tout faire de la maison lui tendit un sac rempli de nouveaux ustensiles de cuisine. Sa façon de dire qu’il était prêt à parler quand les enfants seraient couchés. - Bienvenue à la maison, murmura-t-il de sa voix grave. - Je suis effectivement rentrée, répondit la Kabyle, essayant de ne pas céder à l’émotion. Un Capitaine lui avait montré comment faire. Ça pouvait fonctionner pour elle aussi, non ? [HRP : Fin du rp pour moi, j'espère qu'on en fera d'autres si ça t'a plu ] |
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