« Du lieu aux chaînes »

→ Combien de fois Naezka c’était elle dit « Ah ! Ca me plairait bien de faire partie de l’Espada quand même. » ? Une bonne cinquantaine peut être, voir même bien plus au cour de ses trois dernières années. Et pourtant, elle n’avait bel et bien ressenti aucune joie en apprenant la nouvelle. Serait ce parce que gagner une place est synonyme d’en perdre une autre ?

Au mauvais endroit au mauvais moment : c’était exactement là que Naezka se trouvait lorsque tout se déclenchait à Las Noches. Si elle avait été avertie de la réunion des Espadas, elle aurait bien évidement voulu la surveiller au moins du coin de l’œil. Mais le cour des évènements en avait voulu autrement, et la demoiselle se trouvait loin dans le vide sableux du Hueco Mundo lorsque Juggernaut était apparu aux Espadas, mettant à terre d’une seule frappe le Rey. Elle ressentit néanmoins la décharge d’Énergie qui ébranla les dunes désertes, et s’interrompit aussitôt pour en rejoindre la source. Il en découla que la forteresse blanche se trouvait sur son chemin…
A son retour, l’agitation était générale et les nouvelles fusaient : à l’ivresse que pouvait ressentir Naezka en apprenant que la « Tercera » n’était plus qu’une tête mise à prix s’opposait l’inquiétude certaine que provoquait celle de l’intervention d’un Maho Tsukai au sein même du palais, qui plus est qui couplée du « kidnapping » du Primera et de son frère de visage.


Naezka était déjà en train de quitter Las Noches lorsqu’une voix dans son dos l’interpella. Elle ne s’interrompit pas, poussant les lourds battants de la porte. Au loin, elle pouvait encore sentir des traces du Reiatsu puissant qui avait ébranlé le Hueco Mundo… Si Dark n’était pas encore revenu, elle devait le rejoindre.

→ Mademoiselle Coalt !! |
Elle s’interrompit, jettant un regard noir en arrière. → Quoi ?! |

N’avoir pas été là quand il fallait la courrouçait déjà. Être retenue alors qu’elle n’avait pas de temps à perdre ne le faisait que d’avantage… L’Adjuchas massif à la tête plate et aux dents proéminentes ne scilla pas. La serpente identifia sa silhouette comme lui étant familière : c’était l’une de ces créatures massives et brutes qui faisaient partie des forces protection du roi. Juste assez bête pour lui obéir au doigt et à l’œil… Bien sur, les Arrancars puissants que formaient l’Espada étaient de bien meilleurs protecteurs, mais ceux-ci avaient le mérite de ne jamais conspirer contre l’autorité.

→ Vous êtes priée de vous rendre immédiatement auprès de sa Majesté. |
→ J’ai autre chose à faire. |
→ C’est un ordre. |

… Elle jaugea un instant le regard vide au fond de l’une des quatre prunelles blanches de l’animal. Un ordre du Rey, hein… La Fraccion n’ignorait pas ses colères, ni à quoi elle s’exposait si elle refusait d’obéir. Elle n’aimait pas obéir à d’autres ordres que ceux du Primera –surtout quand ceux-ci allaient à l’encontre de sa volonté- mais elle n’avait pas le choix. Elle relâcha lentement les lourds battants, et fit volte face.
Pourquoi diable elle … ? Le roi ne s’était jamais personnellement intéressé aux Fraccions au par avant. Avait il reconnu sa valeur ? « Pas trop tot », en un sens, mais en l’état elle n’était pas d’humeur à s’en préoccuper, encore moins à s’en réjouir. Il se passait trop de choses et elle avait sans cesse l’impression de perdre son temps en passant à coté des choses importantes. Évidemment, elle ne se doutait pas de ce qui allait lui tomber dessus… L'heureuse nouvelle.

Sexta Espada, ça n’était pas mal. Passer de « simple » Fraccion à Espada, cela avait été déjà du mérite, mais qui plus es en sautant des places… Naezka n’avait pas à s’en plaindre. Pourtant, elle avait toujours dit qu’elle n’accepterait pas une place qui fut en dessous de Cuarta, et n’avait jamais douté de sa puissance ou de son mérite. « Elle savait bien », qu’elle avait le potentiel lui permettant d’être parmi les meilleurs. Mais en tant que Fraccion du Primera, elle s’était naturellement considéré comme une sorte d’extension de celui-ci ; c’était bien sur une vision très personnelle de la situation, que le Primera lui-même n’aurait certainement pas approuvé s’il l’avait connu. Une fadaise en somme, et pourtant, elle avait l’impression d’avoir perdu au change. Elle n’arrivait pas à se défaire de cet arrière gout amer qu’avait eu la nouvelle, et avait beau essayer de s’en réjouir, n’y parvenait pas. Ce ressentiment était d’autant plus fort à mesure qu’elle contemplait le chiffre tatoué sur sa poitrine, les doigts crispés sur le tissu de son col ouvert.
L’odieux chiffre… On avait marqué sa peau, appliqué de force sur celle-ci la trace de son appartenance à Las Noches. Elle ne pouvait s’en défaire ni l’effacer, et avec lui, elle se voyait imposé une place qui n’était pas celle qu’elle avait choisit de son plein gré. Naezka avait l’impression d’être un chien sauvage que l’on avait capturé pour lui mettre un collier au cou. Elle aurait beau le mordre de toutes ses forces, elle savait qu’elle n’était pas prête de s’en défaire, ou seulement au péril de sa vie. Et bien qu’elle fût capable de survivre à bien plus que d’autre, elle ne tenait pas à voir sa tête mise à prix à son tour… Ce six était aux yeux de la serpente comme la marque le fermier appose sur son bétail : sale et douloureuse. Elle avait toujours choisit elle-même sa place, et n’était à Las Noches que parce qu’elle avait choisit elle-même d’être Fraccion. Pour la première fois de sa vie –du moins d’après ses souvenirs-, elle n’avait pas eu le choix. Et elle avait horreur de ca.


Elle lâcha hargneusement l’étoffe pour abattre son poing sur le mur du couloir, laissant son col ouvert se replacer mollement. Un sifflement au creux de son oreille attira alors son attention. Naer s’agitait, tandis que la tête de Natrix pointait le couloir derrière elle. Naezka ramena son bras vers elle –non sans laisser quelques fissures sur le mur dans son sillage- et relevant lentement la tête.

Dark se tenait là, à l’angle du long couloir qui menait à la salle du trône. Et elle ne l’avait pas sentit arriver. Était elle donc si prise par ses pensées ? Il fallait croire que oui. Toujours est-il que l’Arrancar se ressaisit prestement, se redressant quelque peu. Elle ne savait pas si elle devait sourire, et ne sourit pas. Devait-elle lui dire ? Un regard lui avait suffit pour voir que Dark n’était pas blessé, pour être soulagée. L’inquiétude –inavouée- qu’elle avait ressentie au par avant fut chassée et oubliée à nouveau, et elle se contentât de le regarder, immobile. Le silence demeura un instant, avant qu’elle ne demande.

→ Vous avez découvert quelque chose ? |

Il était évident que lui et Borick avaient vaincus. Peut être pas de manière totale, et le Maho Tsukai n’était pas forcément mort, mais elle ne doutait pas un instant de la réussite du Primera, et préférait se concentrer sur ce qui, à l’avenir, pouvait avoir bien plus d’influence.
Le moment était mal choisit, évidemment. Il était rare que Naezka souhaitât éviter Dark, mais si elle avait pu payer pour ne pas le voir ce jour la, elle l’aurait fait. Malheureusement, la situation ne s’y prêtait pas et la poussait, d’une manière ou d’une autre, a détourner son attention de ce qu’il venait de surprendre.

« Du lien aux chaînes »

→ Si les Maho Tsukais et les évènements récents intéressaient réellement la jeune femme, sa question avait du sonner très faux pour que Dark n’y prête même pas attention ne serait ce qu’une seule seconde. Elle eut un mouvement de recul évident lorsqu’il se précipita sur elle, mais ne parvint pas à l’empêcher de s’emparer de son col pour en écarter le tissu. Naezka détourna immédiatement la tête, ne souhaitant ni être confrontée à son regard, ni à la vision de la marque qu’on lui avait apposée. Elle était là, innocente, et trônait fièrement sur son sein gauche, se dévoilant sans la moindre pudeur aux yeux du primera. La Fraccion ne put empêcher sa mâchoire de se crisper.

→ J’ai été convoquée tout à l’heure... |

Ex Fraccion. « On ne m’a pas laissé le choix » : elle le pensait, mais ne le dirais pas. Non seulement parce que ca serait humiliant pour elle, mais aussi parce qu’elle ne savait que trop bien que pour Dark, cela ne ferait aucune différence. La finalité était la même. Qui plus est, on avait toujours le choix… Elle aurait pu partir dans le Yermo à sa recherche. Elle aurait pu refuser de suivre l’Adjuchas chartreuse pour se barrer sans autre forme de procès. Elle aurait, même, pu péter son câble et profiter de la faiblesse relative de Grimmjow pour s’en prendre à lui quitte à mourir derrière, mais elle ne l’avait pas fait. En permettant l’application de cette marque, elle avait fait preuve de soumission.

→ Mais ca ne fait aucune différence pour moi. |

Elle avait relevé la tête. Naezka ne perdait jamais pied très longtemps, et surtout face à Dark elle avait toujours tôt fait de retrouver de sa prestance, une fois de plus. Ses prunelles dorées eurent tôt fait de venir affronter celles glaciales de son « maitre » qui, officiellement, ne l’était plus. Officieusement elle ne l’avait sans doute jamais tout à fait considéré comme tel : elle obéissait à ses ordres, le mettait peut être même au dessus d’elle dans une certaine mesure, mais n’était jamais totalement soumise. Il y brillait toujours la même lueur que lorsqu’elle avait pour la première fois passé le seuil de Las Noches pour l’y rejoindre.
Cela faisait trois ans qu’elle était sa Fraccion. Trois ans qu’elle économisait, en somme… Malgré ceux-ci, leur relation était toujours tumultueuse, aléatoire et changeante, vacillant entre la violence et le jeu. Depuis qu’il était Primera, ils s’étaient même rapprochés, elle obtenant entre autre la permission de vivre directement dans ses appartements, et non dans ceux d’en face. Mais si leur jouxtes avaient été ponctuées de souvenirs agréables et leurs aléas de moments de complicité certaine, elle n’était pas dupe pour autant. La confiance de l’Espada valait toujours son pesant d’or.

→ J'suis jamais venue ici pour servir Las Noches. |

Ni même pour TE servir. Mais seulement pour être à ses cotés, obéissant à son instinct. En devenant sa Fraccion, elle avait cessé de chercher, elle avait eu l’impression d’être enfin satisfaite. Qu’en serait-il désormais ? C’était à son tour, d’avoir légèrement mal au crâne. Plus elle y pensait, plus la situation la mettait sur les nerfs…
Lui-même était capable de s’en rendre compte. Ce n’était pas en tant que fugitive, prisonnière ou pire cadavre qu’elle lui serait le plus utile. Tout comme prêter son corps à d’autres personnes que lui ne changeait rien à son allégeance, avoir ce chiffre tatoué sur la poitrine ne lui lavait pas le cerveau. Naezka n’en avait que faire de Grimmjow, et il devait le savoir. Elle n’avait jamais respecté qu’une personne, et c’était celle qui se tenait en face d’elle. S’il avait besoin de la découper en morceaux pour retrouver son sang froid et s’en rendre compte, hein…

Elle soutenait toujours son regard, lui tenant tête comme elle avait l’habitude de le faire sans se soustraire à son emprise pour autant. Après tout il était bien le seul mec à pouvoir poser les mains sur elle, hein.

« Du lien aux chaînes »

→ Elle ne fit qu’un faible mouvement de tête, sachant déjà que même motivé par la fureur ce coup là ne l’atteindrait pas. Natrix et Naer étaient déjà partis se cacher dans son cou, ayant apprit depuis longtemps qu’il leur était interdit de pester contre Dark même lorsqu’il malmenait leur maitresse. Quelques débris ricochèrent sur sa nuque et ses épaules, créant des blessures superficielles réduites à l’état de souvenir en l’espace de quelques secondes par ses capacités naturelles.

De la colère, toujours de la colère. Ne savait-il donc pas réagir autrement ? Était ce difficile de faire preuve d’un peu d’esprit lorsque les choses ne lui souriaient pas ? Sa rage était comme un virus contagieux qui à chaque une de ses paroles prenait le pas sur le calme de la serpente. Frappée par cette peste, la jeune femme la sentait grandir au creux de son estomac et la prendre a la gorge, crispant ses mâchoires et envahissant ses prunelles. Que croyait-il ? Qu’elle était satisfaite et n’avait attendu que ca ? Que désormais qu’elle était Espada comme lui, elle allait saisir la première occasion qui se présenterait à elle pour le poignarder dans le dos ? Était il donc si con ? Se retenant de peu de répliquer ou de faire comme quelque chose comme lui cracher au visage, Naezka se contentât de garder son regard perçant sur lui, désormais vibrant d’une colère partagée. N’était-il pas même capable de continuer à la regarder en face ?

→ Si t'es pas foutu de faire la part des choses, 'vais pas me faire prier. On se débrouillera très bien chacun de notre coté t'façon |

Comme si ça changeait grand-chose après tout, hein ? Dark était un solitaire et ne rentrait que peu. Il n'avait pas désiré avoir de Fraccion, il devait être ravi d'en être enfin débarrassé ! Il pourrait ainsi rester seul avec son "frère" narcissique, il n'avait besoin de rien d'autre après tout. Lorsque la Coalt s’était présentée pour la première fois sous sa forme d’Arrancar à Dark, sa célérité était alors supérieure à la sienne. Il avait pris soin de remédier à cela entre temps, mais quand il s’agissait de vitesse il arrivait encore que la Fraccion ait une infime marge d’avance. Celle-ci avait d’ailleurs souvent joué un rôle lors de leurs altercations.

Les doigts fins de la serpente s’étaient soudainement saisit du poignet du Primera pour le retenir et ses lèvres plaquées contre les siennes. Il ne fallait pas voir dans ce geste un acte de passion ni même de désespoir. L’acte était presque dénué de douceur, et avait peu de chance de finir en baiser tendre et langoureux, bien au contraire. L’Arrancar n’était pas dupe, et à l’exception de son visage, tout son corps c’était recouvert d’une couche d’écailles luisantes, manifestation apparente du durcissement de son Hierro. Faible protection sans doute, mais l’initiative était parlante. Il n’y avait aucune naïveté dans son attitude, et pas un instant elle n’avait espéré en ressortir indemne : c’était plus hautement improbable. Mais s’il ne désintégrait pas la totalité de sa tête pour ensuite s’amuser à réduire les restes de son corps en gelée informe, elle survivrait sans doute. Leur rapport n'existait que par la destruction et s'en nourrissait. Il n'y avait à priori pas de place entre eux pour des attentions ou de l'affection... Et pourtant, il y avait, peut être dans la manière dont elle maintenait son poignet, dans la caresse de sa langue ou dans ses paupières closes un arrière gout léger et discret, une nuance. Autant en profiter, car si ca n’était pas la première fois, tout portait à croire que ce serait la dernière.
Après un moment qui paru très long, ses lèvres se séparèrent des siennes. Alors, combien de bouts lui manquait-il ? ~

L’expression de colère qui imprégnait encore ses traits quelques instants au par avant avait fait place à un fin sourire, alors que son regard demeurait froid et inchangé. Ce que ses yeux auraient pu dire à son insu avait été préservé à l’abri de ses paupières. De toute façon, con comme il était, sans doute ne verrait-il dans ce geste qu’une ultime provocation, une dernière raillerie. Libre à lui, il pouvait bien croire ce qu’il voulait ! Ca n’était plus son affaire, et il aurait tord.

→ L’occasion est parfaite pour brûler enfin les draps, tu ne crois pas ? |

Il ne l’avait jamais fait. Il en avait pourtant eu l’occasion à de maintes reprises, et l’avait même parfois répété. Et pourtant ? Rien ne l’en retenait. D’autant désormais qu’elle ne serait plus là pour s’y rouler, le moment semblait tout choisit, et l’échéance n’avait que trop tardé ; il pourrait s’en donner à cœur joie. Il y avait dans la manière dont elle l’avait dit quelque chose de vicieux qui semblait ne rien signifier d’autre que « tu me feras plaisir ». Il le ferait même doublement s’il le faisait toute de suite, lui laissant ainsi l’espace nécessaire pour lui faire le plaisir de disparaitre de sa vue. Parce qu’être coincée entre lui et le mur, c’était très joli et tout, mais le temps ou elle avait su l’apprécier était désormais révolu.

« Du lien aux chaînes »

→ Evidemment, il fallait que ca soit lui le plus blessant des deux. Naezka demeura de marbre, en apparence du moins ; de toute façon le mal était fait. Il était aveuglé par la colère, comme toujours, et elle ne se faisait pas d’illusions quand à la fin de cette cécité. Il ne reviendrait sans doute ni sur ses paroles, si sur ses décisions. Il voulait être seul ? Soit, il le serait.

S’il s’était souvent plu à laisser croire qu’elle n’avait fait que le harceler au cours de ces dernières années, il n’en était rien. Elle avait été là. Elle l’avait parfois rattrapé quand il n’était pas loin, ou taquiné un peu de temps à autres, ils s’étaient confrontés souvent, mais elle ne l’avait jamais poursuivi. La demoiselle s’était habitué a vivre seule dans ses appartement, à ce qu’il ne soit presque jamais là et ne partage pas grand-chose. Alors, quelle différence ? Aucune, n’essayait elle certainement de se convaincre. Aucune.
Cette pensée martelait dans son crâne alors qu’elle posait sur lui un regard muet. Une porte s’était fermée derrière ses pupilles à l’instant même ou le sourire qu’elle abordait encore avait gagné ses lèvres. Il planait, étrange et maladroit, n’exprimant rien de cohérent. Il n’était qu’un rictus, une habitude qui avait vite fait de prendre le pas sur l’expression de ses émotions pour ne laisser qu’un mur. S’il n’avait pas porté la main sur elle, ce n’était que pour en laisser la façade intacte… Finalement, tout s'évanouirait en cendre en même temps que les draps, sous le joug de la Destruction du Primera. N’était ce pas là le cours normal des choses ? Certainement que si. Il était fait pour détruire. Elle n’avait d’yeux que pour la destruction. Après s’être joué de ces destructions ils finiraient par détruire tout ce qui avait pu exister de leur rapport… Si ce n’est se détruire l’un l’autre ?

Mais même ce rictus finit par s'évanouir, tant il était absurde. Le visage de la nouvelle Sexta se teinta d'une expression qui n'avait rien a envier à celle de son homologue en terme de froideur. Son ton était presque autoritaire alors qu’elle prononçait la dernière chose qui lui restait à dire ; pour le moment du moins.

→ T’as pas intérêt à crever. |

Ou je te jure que je me débrouillerai pour venir te hanter au-delà de ta seconde mort. Enfoiré. Avant d’avoir tué Grimmjow. Avant d’avoir ouvert les yeux. Alors que je ne serais pas là pour couvrir tes arrières… Elle n’ajouta rien, craignant qu’un mot suffise à laisser libre court au flot tumultueux. La phrase qu’elle aurait prononcé était en fait « Je t’interdis de crever » si une superstition macabre ne l’avait pas contrainte à opter pour une formulation différente. Elle ne connaissait que trop bien l'esprit de contradiction remarquable du jeune homme, et redoutait sans doute inconsciemment les conséquences d'une telle tournure... Jusqu'à ce que leurs chemin se croisent à nouveau, il avait tout intérêt à apprendre a se régénérer, et à s'endurcir. Parce que s'il comptait sur le fait qu'elle meurt en premier, il risquait fort d'attendre longtemps...
Dissimulant un tressaillement de sa mâchoire, la jeune femme tournât immédiatement les talons. Elle avait dit ce qu’elle avait à dire, et ne souhaitait pas rester une seconde de plus en présence du Primera, du moins actuellement. La marque sur sa poitrine la brulait toujours, et tout cela était encore trop frais pour qu’elle n’en supporte d’avantage. S’ils restaient à face, elle finirait certainement par céder. Et un affrontement entre eux au cœur même de Las Noches, qui plus est si proche de l’endroit ou se trouvait le Rey, ne serait certainement pas sans conséquences. Ils avaient besoin de temps, et de distance. Bien sur, elle ne lui laisserait certainement pas le privilège de constater l’impact réel que la situation avait sur elle. L’air digne et la tête haute, elle eut vite fait de quitter le couloir où ils se tenaient face à face un instant encore au par avant.


Naezka ne retournerait pas dans les appartements du Primera. Ses affaires personnelles ? Elle n’en avait presque pas. Ni trésor ni biens, tout au plus quelques livres qu’elle avait trouvé et auxquels elle tenait un peu, mais elle s’arrangerait pour refaire l’acquisition sur terre. Il pouvait tout brûler avec les draps, si c’était ce qu’il souhaitait. Il ne resterait plus rien d’elle dans cette espace, si ce n’est somme toute paradoxalement tout cet espace, ou elle était demeurée et avait vécu. S’il voulait faire les choses bien, il pouvait aussi bruler le sol, les murs, le lit tout entier, le trône et le reste des quelques meubles. Quand à l’endroit ou elle resterais désormais… Il y avait toujours la chambre qui avait été la sienne du temps ou Dark était Segunda, mais elle n’avait pas envie d’y retourner pour l’instant. Sans doute lui offrirai t’on des appartements pour marque sa promotion, mais elle savait d’avance qu’ils lui feraient certainement autant horreur que son tatouage… Somme toute, il ne lui restait rien d’autre que le désert. Et c’était bien ainsi, parce que rien ne lui convenait mieux.

Dark l’en avait arraché ce jour là en brisant son masque, il était temps qu’elle y retourne… Et avec le sable, elle retrouverait ce mal qui l’avait si longtemps rongée.