Un geste à pardonner&&Ce soir, Reikosu Jôan va manger.
&&C'est au dîner qu'il se fait le plus plaisir - n'oublions pas la traque à la bouffe. Il a une sorte de relation charnelle et gustative très forte avec ses repas, comme la lune peut influencer les marées sur Terre. Au cours de certaines connexions, la liaison passe à l'érotisme. L'union vénérienne est alors
... plus que glauque.&&Ce soir, il va opter pour un truc basique. Il n'est pas trop d'humeur. Il envisage des grillades ou bien des yeux à l'étouffés ou encore pourquoi pas une juteuse queue d'équidé.
&&Tant de choix, tant d'envies ! Mais que choisir ?&&Or et néanmoins, il faut se vider l'esprit et le ventre avant d'effectuer ce que l'on pourrait appeler un rite. Il a ses manies. Il lui faut d'une certaine manière devenir blanc, se purifier. Ainsi propre et chaste, il peut atteindre l'éveil gustatif qu'il désire tant. Aimer pour un Arrancar est devenu impossible dès sa transformation en Hollow - douloureuse il en est. Notre cher Joe cherche pourtant à retrouver ce sentiment chérit, cette sensation qu'il éprouve à s'éprendre ...
&&En pensant à elle.&&L'une des manières possibles et qu'il accepte - pfff le difficile - est de se rendre dans le Désert blanc. D'autres le surnomme aussi Yermo. Jôan trouve cela étrange et ne l'emploie pas. C'est du sable, à perte de vue. Il y en a partout - sous la combinaison jusqu'au-dessous -. Pas la peine d'en faire tout un fromage en le désignant.
&&Le T-Rex marche paisiblement - que tu crois. Il goûte aux particules spirituelles. Cela manque cruellement d'assaisonnement. Une petite sauce au sang d'hollow-serpent, voilà ce qui pourrait lui plaire là. Il se lèche les babines à ce qui patiente dans ses quartiers, un logement sain, qu'il a dû adapté à ses besoins, dont toutes les lampes, sauf une, ont été retirées.
&&Mais il n'est pas encore le moment - non messieurs dames - ; le Segunda Espada mange à heure fixe. S'il lui arrive de dépasser, que les aiguilles se chevauchent, jamais il ne lui viendrait à l'idée de commencer plus tôt. Par la suite, s'il déguste déraisonnablement, excessivement et/ou indésirablement tard
...&&On le perd, mais trop quoi !&&La poussière crisse sous ses pas légers. Ses foulées sont étendues et rapide. L'arrancar progresse vite. L'allure est celui de l'homme pressé. Bizarre quand on veut décompresser. Il passe une main dans ses cheveux rasés au-dessus des oreilles. En déroulant la longueur de ses cheveux - situé au-dessus et derrière, il s'imagine et calcule la dernière utilisation de son pouvoir. Plusieurs mois au moins.
&&Mais moi mangeant dans la forêt ... je n'en avais pas l'utilité.&&Il est vrai que sous cet épais volume de semoule croustillante et infini, loin de l'extrémité des arbres et arbustes secs de quartz pointant le bout de leur nez et par-delà le regard lumineux incessant et immuable du croissant lunaire existe un espace où ses actes passés résident. Le retour à la surface glaciale et l'arrivée dans le grand temple achevé marquent une brusque séparation avec l'ancien Rex. Tout a changé, rien n'est plus pareil.
&&Étrange émoi.&&Lorsque Reikosu Jôan est saisi à la gorge par une montée brusque de larmes stériles, il décide de s'arrêter. Elles n'atteignent ses glandes lacrymales en d'occasions rarissimes. L'emplacement est le bon. Avec un demi-tour - maîtrisé tel un acrobate sur le fil suspendu, il aperçoit l'immense bâtisse. Même au lointain, cela demeure titanesque. Les vaines perles salées sont évacuées par un ressaisissement mental efficace.
&&Non mais ho !&&Il trouve une dune assez haute et s'y installe à la bonne franquette : les pieds en éventails, les bras en arrière, la tête vers le ciel - avec quelques mèches sur le masque arraché. Plus tard, mais assez vite, l'être raffiné replie le tout en tailleur - on n'est loin du lotsu - et dépose ses mains sur le sable. Il n'est pas chaud. Il n'est pas froid. Juste ... sablonneux.
&&L'étendue aracanée l'assomme et l'étourdit. On peut sans mauvaise foi lui donner l'utilité de bercer les humeurs. Subséquemment, Jôan oublie - ce n'est que temporaire - l'écoulement du sablier. Avec le tourment de l'avenir loin de ses épaules lourdes et arrondies, Reikosu Jôan peut se focaliser sur la purgation. Par un respect scrupuleux de sa respiration, inspirer ce qu'il faut, le laisser s'écouler dans la gorge, lui permettre de gonfler le ventre et les poumons, expirer le mauvais gaz, libérer son corps ... le protagoniste rejoint la catharsis.
&&Le nettoyage de son âme - il en a une ? - entraîne Jôan vers la solitude. Il a grâce à l'ablution empêcher les intrusions extérieures de brouiller sa conscience. Parfaitement inébranlable.
Quoi que ... Sauf que ... Il faut bien le dire.
On n'est jamais seul dans le coin !&&–
Qui êtes-vous ? Fait-il sans crier gare, les yeux clos.