Un stylo dans la bouche, Teipei lisait un rapport d'admission comme il l'avait déjà fait des centaines d'heures auparavant. Celui-ci pourtant, le laissait perplexe. Le soldat était venu à l’hôpital du Gotei 13 car il avait des démangeaisons sur tout le corps mais surtout sur des parties très intimes. Un sourire narquois naquit sur les lèvres du membre de la quatrième division. Son regard vint se vriller sur son interlocuteur qui ne savait plus où se mettre, rouge comme une tomate.

-On a fait quelques expériences dans la nature ? À « l'Académie » peut-être ?

L'Académie. Ce lieu où tant de shinigami venait se faire éduquer sur les choses importantes de la vie. Un lieu où plusieurs soldats expérimentés venaient apprendre aux autres pleines de petites choses intéressantes... sauf que l'académie dont parlait le blondinet était surtout un bordel dans le rukongai. Un bordel où tout était possible nouveau fantasme à part quelques trucs trop tordus et encore, des rumeurs tournaient sur certains capitaines...

Ce n'était pas la première fois qu'un shinigami chopait une mst, les armées ont rarement été connu pour être très propre et les soldats assez intelligents pour penser à se protéger. C'était pourtant le premier cas de Teippei depuis sa sortie de l'asile et il trouvait ça particulièrement jouissif. Un petit rire s'échappa de ses lèvres alors que le jeu de mots traversait son esprit. Il estimait à cinq bonnes minutes où il pourrait torturer l'individu en face de lui avant qu'un supérieur ne vienne surveiller ce qu'il faisait. Encore un rabat-joie dont le job consistait à regarder par-dessus son épaule alors qu'il ne faisait rien d'autre que s'amuser un peu.

Sauf que contre toute attente, les quelques soldats en attente de traitement se poussèrent tous créant une mini-rue au milieu de la salle d'attente, faisant lever un sourcil au Midorima de surprise.

-Hum ?

Même monsieur Je-vais-aux-prostitués-en-douce-et-je-reviens-avec-la-honte-de-ma-vie jeta un coup d’œil inquiet derrière lui avant de détaler sans demander son reste. Il se gratterait encore quelques jours avant d'oser revenir pour sûrs. Un grand homme au port altier et à la chevelure argentée vint se positionner devant le bureau des admissions. L’homme expirait la force, même son reiatsu bien que gardé sous clé était dérangeant. Le genre à vous mettre à genoux s'il se lâchait. Une grimace passa furtivement sur le visage de Teippei à cette idée. Il reprit un masque de fausse politesse, parfaitement identifiable par n'importe qui avant de reprendre la parole.

-Tu t'es fait mal quelque part mon coco ?Tombé d'une branche peut-être ?

Il ne savait pas d'où lui était venu cette idée mais il voyait bien l'inconnu faire partie d'une bande de singes géants. Une réminiscence de sa vie antérieure, dans le flou de sa schizophrénie alors que la plupart des gens de sa division estimaient que la onzième était une bande de singes sans cervelle, tout bon à brandir un sabre et à grogner. Un sourire de faux-cul qui ne trompait personne vint se poser sur les lèvres du médecin juste après ses paroles, attendant que l'homme qu'il supposait blessé dévoile l'objet de sa venue.

Petite visite quotidienne à la Quatrième, pour poursuivre les bons soins prodigués par la Vice Capitaine Fumiko. Il en venait à apprécier ces rendez-vous, même si chaque séance était empreinte d'une espèce de tension bizarre à couper au couteau. Le genre de tension qui filait des montées de chaleur et autre. Bref, un moment sympa que ne négligeait pas le Capitaine. Après tout, c'était curatif.

Il s'était donc rendu dans les quartiers de la Division médicale, avisant le hall qui abritait le comptoir des admissions. Comme de bien entendu, celui-ci était bondé, aussi choisit-il d'attendre patiemment dehors, laissant l'air frais emplir ses poumons et lui donner un second souffle. Il n'était pas particulièrement connu pour sa patience, mais l'atmosphère paisible des journées du Seireitei aidait beaucoup à profiter de petits moments de contemplation comme celui-là. Les répits étaient rares, surtout depuis qu'on avait eu affaire à une attaque depuis l'intérieur, forçant la Seconde à ruer dans les brancards.

Décidant qu'il avait suffisamment patienté jusqu'à l'heure prévue de sa visite, Noboru décida donc de pénétrer dans le hall d'accueil, provoquant par son apparition un véritable mouvement au sein des hommes et des femmes présents là. Comme un renard au milieu d'un poulailler, il provoqua des déplacements en tous sens, jusqu'à ce qu'une véritable haie se forme, lui laissant l'accès au comptoir général. Gêné par tant de mise en scène, le Vizard marmonna dans sa barbe à l'encontre des shinigamis les plus proches.

- Nan mais j'ai rendez vous...c'est pas la peine de me filer des passe-droit, j'suis comme tout le monde hein...

Bref, l'ordre était ce qu'il était. Ayant accédé à une position qui le mettait sous le feu des projecteurs, il en retirait des avantages et des inconvénients. Question de point de vue. Pour l'heure, il sentait comme un malaise, mais ce n’était rien à côté de ce à quoi il allait se frotter.

- TOI!

Trop tard, il avait passé la limite de bienséance.

- Toi...oui toi, toi, toi!

Il pointait du doigt la source de sa colère, donnant des petits coups de l'index comme s'il espérait percer son interlocuteur jusqu'à le dégonfler proprement. Et s'il filait par la fenêtre à cause de tout l'air perdu, ce n'était qu'une bonne coïncidence, non?

- Ça t'as pas suffit de m'avoir fait tourner en bourrique une fois, faut que tu recommences avec tes salamalecs! Mais on était sensé te foutre derrière les barreaux, pas derrière un comptoir!

Se tournant vers l'assemblée, qui s'était pétrifiée sous l'effet des propos tenus par le réceptionniste, il ouvrit les bras, en quête d'une réponse.

- Personne s'est dit que les tarés devaient être soignés, et non s'occuper ds autres patients? Ou alors c'est un programme de réinsertion?!?

Vif comme l'éclair, il se retourna, plaçant son visage à quelques millimètre de celui de l'illustre fou qui avait ravagé à une autre époque les jardins zens de la Neuvième Division.

- Tentes encore une fois la métaphore du gorille et je vais te carrer une banane tellement profond dans ton fondement qu'on finira sûrement par y faire pousser un arbre.

-Hoho, rapide.

Teippei n'avait pas bougé d'un centimètre lors du rapprochement du capitaine à quelques centimètres de son visage. Rien de bien courageux, son corps n'avait juste pas eu le temps de réagir et dans une sorte de « trop tard » assortit d'un haussement d'épaules imaginaires avait délaissé l'idée de se reculer. Son sourire moqueur resta sur son visage même après les dernières paroles de l'officier. La menace était réelle, il le sentait, ne manquait plus qu'une veine palpitante pour compléter le cliché. Une envie furieuse d'appuyer là où ça faisait mal en plongeant son regard violet dans celui argenté de son compagnon du jour naquit. Il sentait même son cœur battre d'excitation, ses yeux pétiller de joie.

Pourtant, son esprit le reteint. Une étrange sensation, un souvenir flou où une petite voix lui susurrait que ce n'était pas bien. Une conscience peut-être. Ses yeux se plissèrent sous l’effort temporaire de savoir le pourquoi du comment d'une telle interférence dans son envie moqueuse. Tout autour d'eux et du bureau, les gens étaient muets. Nombreux ceux ayant la bouche ouverte, trop choqué pour réagir plus que ça au show se déroulant devant eux. Faut dire que rares étaient les soldats répondant à un capitaine. Encore plus rare quand un capitaine criait au scandale sur les programmes de réinsertion de la quatrième. Ha là, il n'y avait plus personne pour venir défendre un pauvre shinigami de la quatrième division !

-Vous semblez bien énervé capitaine, pourquoi ça ?

Le Midorima ne savait pas si bien dire. Faute de pouvoir se rappeler d'un jardin refait sauce paranoïaque, il était allé à la pêche aux infos, le plus naïvement du monde. L'idée qu'il était réellement responsable de la fureur du vif-argent ne lui venait pas une seconde à l'esprit. Un des nombreux désavantages de sa « maladie ». Dans une logique viciée, son cerveau se mit en marche pour trouver la petite pièce du puzzle qui semblait manquer au capitaine. Un des inconvénients de sa nouvelle profession. Les médecins détestent ne pas avoir de solution. Dans son cas ? Une simple curiosité devant l'agitation et le passe-temps bienvenu que lui procurait Noboru. Malheureusement, son esprit passa rapidement à un autre sujet, les paroles de son supérieur lui revenant en tête, cerclant sur elle-même.

-Il se trouve en effet que je bénéficie d'un programme de réinsertion. Comment êtes-vous au courant ? Peut-être grâce à votre armée de petits espions. C'est votre job à la deuxième non ? Enfin c'est ce que m'avait dit l'un de vos gars... un jour. « À coup de chaud je crois ».

Sans s'en rendre compte, Teippei était passé au vouvoiement. Probablement le coup de pression qui faisait son effet même si la victime ne l'aurait jamais admis. Comment il savait que l'homme en face de lui dirigeait la Nibantai ? Il n'aurait su le dire. Une réminiscence soudaine de son existence passé dans la maison du lotus. De la même façon, alors qu'il n'aurait pu mettre un visage sur le vague nom qu'il venait d’évoquer, il était quasiment sûrs que ce « gars » venait de la seconde division. Un des nombreux couloirs extérieur, un discours supérieur et...c'était à peu près tout.

-Mais pourquoi aurais-je dû allez en prison ? Vous m'avez l'air bien stressé comme capitaine. Peut-être vous souhaitez vous allonger ici quelques instants . On a plein de lit vide en ce moment. Bon après si vous vous réveillez avec un pied gauche à la place du droit et vice-versa, ce n'est pas de ma faute. Qui sait quel genre de médecin réside ici ?

L'autre en face de lui avait visiblement peine à comprendre un traitre mot de ce que le Capitaine pouvait bien lui dire. En tout cas, c'était l'impression qu'il donnait, crispé comme sur un chiotte, prêt à envoyer la sauce. Seulement, la sauce, elle était pas à son goût. Non, l'autre vivait vraiment dans une bulle. Une bulle coupée du monde, qui lui recréait une réalité que lui seul pouvait voir. Et qui l'arrangeait bien. C'était comme s'il avait perdu la mémoire.

- Moi, énervé? Non, agacé plutôt...si j'étais vraiment énervé, mon gars, ta pulpe repeindrait les murs, façon crépis. Mais dis moi, l'effronté, t'ont fait fumer quoi ici pour que tu nous la joues réceptionniste ménopausée comme ça, hein?

Là dessus, il avait pas tord. On se serait cru dans un mauvais hôpital de banlieue. Surtout maintenant que l'autre prenait un ton condescendant, comme s'il n'avait jamais été l'instigateur de cette bombe relâchée dans le hall. En tous les cas, autour, pas un ne lâchait un pet de travers. C'était même le contraire, les sphincters de l'auditoire s'étant pour ainsi dire refermés comme des coupe-churros. C'était comme si tout le monde savait qu'un rocher allait tomber sur la tête d'un bambin, mais que personne ne pouvait intervenir. Un peu comme si le petit homme était le seul à ne pas savoir qu'il avait une ceinture de dynamite attachée autour de la taille.

- J'suis pas venu ici pour faire la sieste, j'ai rendez-vous avec ta supérieure. Alors fais ton boulot avant que je termine ce qu'on avait commencé dans les jardins de la Neuvième, monsieur le distributeur de Shakka-Ho.

Il ne pouvait pas sérieusement avoir oublié ça quand même? Surtout que bon, il avait quand même parlé du programme de réinsertion. Le genre de truc qui a quand même une cause...

- Je comprends même pas pourquoi Gros-Sourcils t'as envoyé là en stage. C'est ce qui s'appelle cacher les miettes sous le tapis, bordel. Quoi? Vous regardez quoi comme ça? C'est un pest...un spest...une démonstration? Foutez moi le camp, les greluches, avant que je me charge de votre chirurgie!

C'est vrai quoi, on était pas au cirque. D'ailleurs, Urobon trouvait ça tout à son goût.

Ta ta tadadada dada tues le! Ta ta tadadada dada tues le! Tatada tues le! Tatada tues le! Tadadam tagadagadagadada fourres le!

Alors que le capitaine expliquait ses envies de décoration, le schizophrène leva le nez vers les murs, tentant de visualiser la nouvelle couleur. Oui, cela pourrait être sympa ; un peu différent, voir carrément glauque mais hé ! Pourquoi pas ? L'important était de ne pas trouver des visages de victimes sur les murs, le plafond et, pire que tout, le sol. Là ça dépasserait le glauque pour devenir juste dégueulasse. Un peu comme marcher dans le dangai en fait. Le malade suivit la remarque de la voix qui se prenait pour un cheval. Sérieux, personne n'avait pensé à créer un moyen de transport plus propre? Alors ok, il y avait le senkaimon avec son air nippon, c'était appréciable mais nécessitait un papillon de l'enfer. En plus d'être ouvert par un membre du kidochu. Pas pratique, pas pratique du tout !

Teippei voulut bien faire partager au nibantai taisho ses idées mais visiblement le vif-argent avait décidé de s'enflammer tout seul. À peine laissait-il le temps au malade de chercher si l'homme avait son rendez-vous noté avec la capitaine Isane. Pourtant, les derniers mots interrompirent le Midorima dans sa tâche. Comme c'était dommage, le destin probablement, un dieu des dieux de la mort qui n voulait pas que Noboru entre plus loin dans les quartiers de la Yonbantai.

-Gros sourcil?

L'image d'un gars avec deux traits noirs au-dessus des yeux, d'un sourire colgate et d'un gros pouce pointé vers le ciel émergea momentanément dans l'esprit du blondinet mais ce n'était pas possible, il devait se tromper. Trop de noms, trop de demandes, le schizophrène se sentaient débordés. Replongeant son nez dans les nombreux registres, il se mit à en feuilleter plusieurs frénétiquement dans le but de trouver les divers patronymes et rendez-vous lié à ceux-ci.

-Non attendez. Monsieur  Shakhaut? C'est un ami de monsieur Grossourcil? Et vous avez tous rendez-vous?

Mais où est Gertrude quand n'a besoin d'elle? Tout ça parce qu'elle a trouvé l'amuuuuuuuuuuuuuuuuuuur. Franchement qui a pensé que mettre le gars en réinsertion seule au bureau d'orientation était une bonne idée? Sérieusement, il ne connaissait même pas tous les bâtiments de sa nouvelle division ! À la limite de suer de grosses gouttes, le shinigami finit par se stopper, un éclair de génie traversant son esprit.

-Chirurgie? Vous êtes un ancien de la 4? Mais fallait le dire tout de suite! Bon bah suivez-moi.

Affichant désormais un grand sourire, sentant son cœur se calmer dans sa poitrine, Teippei manqua presque de tendre le bras pour serrer la main du vizard. Un ancien de la maison ! Pas besoin de rendez-vous, tarif spécial et réduc sur tous les pansements mercurochrome. Ceux des héros, pas les pourris qu'on donnait aux gosses de l'académie. Du coup, le malade sorti de son box, le fait de le laisser vide ne semblant pas l’inquiéter plus que ça. Les autres malades pourront attendre non?

De plus, même s'il ne connaissait pas chaque recoin, il était familier avec l'aide psychiatrique et les bureaux des officiers. Après tout c'était là qu'il avait fait signer tous ses papiers d'admissions. Étrangement il n'était pas passé à la compta. Peut-être que Micheline retirait les frais de son séjour directement de sa paye. Il faudrait vérifier. Avançant vers le principal couloir, le plus grand, celui avec tous les embranchements et donc, logique, ceux pour l'administration, le dieu de la mort se retourna à moitié vers le capitaine.


-Vous avez mentionné les jardins de la neuvième division. Vous y êtes aller? Il paraît qu'ils sont très beaux. J'étais un membre de la Kyuubantai moi avant oui, oui. La division de la justice mais on m'a refusé l'accès à ces petits parcs quand j'ai voulu vérifier de mes yeux la qualité de leurs arrangements. Peut-être que c'est juste pour ceux de la 9 et pas les anciens. Pas très sympa, ce n'est pas comme ici mais ça, pas besoin de vous le dire, vous ne le savez que trop bien. Et comment un chirurgien de talent finit à la deuxième division? C'est un peu le grand écart. Trop de fans? Paraît que la blouse attire beaucoup les ladies.