L'air pur de ce jardin me remplissait les poumons tout en m'apaisant également. Le soleil ne berçait pas encore de ses rayons timides les fleurs et les arbres qui étaient plantés dans ce petit paradis floral puisque la lune était encore maître de la nuit. Assise en ayant les jambes croisées, j'attendais justement que l'astre lumineux vienne prendre sa place dans les cieux. Voir cette boule de feu apparaître m'émerveillait à chaque fois qu'il mettait donner la possibilité d'assister à ce spectacle simple, mais féérique.

En raison de l'horaire des plus matinales, j'étais toujours seule. Néanmoins, le fait de n'avoir aucune compagnie à mes côtés ne me posait aucun problème, puisque je n'avais pas vraiment le droit d'être ici. Après tout, ce jardin était réservé aux Nobles Familles et n'appartenant pas à ces dernières, ma présence pouvait être qualifiée d'illégal. Mais, jamais je ne fus attrapée ou bien dérangée, il n'y avait donc aucune raison qu'en ce jour cela change. Je fermais les paupières pour m'imprégner de cette atmosphère nocturne qui allait bientôt disparaître pour laisser sa place au manteau de la lumière. Je ne rouvrirais mes yeux qu'une fois que je sentirais sur mon visage la douce sensation de la chaleur des rayons du soleil, pas avant.

Je joignais mes mains entre-elles afin de pouvoir jouer avec mes deux pouces en attendant que la boule de feu daigne se montrer à moi, mais également au reste du monde. Le silence qui m'entourait me fit replonger des années auparavant.
Je me voyais plus jeune - une centaine d'années en moins - mon arme dégainée, en train de m'entraîner. J'étais seule. Il n'y avait pas d'adversaire en face de moi, seulement un mannequin de bois. Cet « entraînement » n'en était pas un véritablement puisqu'il n'y avait aucun échange, ce qui me découragea en m'obligeant à mettre un terme à cette séance. Je m'asseyais dans la même position dans laquelle je me retrouvais aujourd'hui, mes yeux étaient également clos et lorsque je les ouvrais, il y avait une femme à mes côtés.

Mes paupières se levèrent et la nuit était toujours en face de moi. Pourquoi m'étais-je souvenue de ce fragment de mon passé ? Quelle était sa signification ? Et surtout, comment se faisait-il que ce dernier m'obligea à rouvrir mes yeux qui étaient pourtant fermés alors que j'avais dit que je les laisserai clos tant que le soleil n'aurait pas bercé d'un halo lumineux le jardin ? Ceci était étrange. Ne trouvant plus aucune utilité de refermer les paupières, je les laissais ouvertes et j'attendrais que le globe de feu montre ses premières couleurs. Néanmoins, je continuais toujours de jouer avec mes pouces.

Les minutes s'écoulèrent et les premières lueurs du jour apparurent. Mes doigts cessèrent de se mouvoir. L'impatience devait se lire sur mon visage. Mes prunelles noisettes étaient grandes ouvertes pour ne rien manquer de ce fabuleux spectacle. Enfant et même si j'étais une délinquante du Rukongai, j'aimais voir le jour se lever, preuve que même si les siècles s'étaient écoulés depuis, je n'avais rien perdu de cette admiration. Je sentais Ame no Nuhoko frémir lui aussi, mon Zanpakutoh appréciait lui aussi quand l'astre de feu reprenait ses droits de maître du ciel.

La nuit commençait à disparaître. Il arrive. Mais un événement non-attendu se produisit à ce moment-là, faisant détourner mon regard.

Bientôt une semaine que j’avais été promu capitaine. Bientôt une semaine que ma promotion était au centre des racontars et commérages des habitants du Seireitei. Heureux, je l’étais. Honoré également. Tant et si bien que dormir paisiblement n’était pas une mince affaire pour moi, entre le bonheur que j’éprouvais et les entrainements que planifiais pour être digne de ce rôle. Bien évidemment, mon manque de sommeil ne me gênait pas tellement, puisque je savais que l’euphorie allait vite passer et que j’allais retrouver mon train-train quotidien avec un peu plus de responsabilités que d’habitude. Responsabilités dont j’étais habitué depuis ma tendre enfance, d’ailleurs. Manière de dire en somme que tout allait bien de mon côté.

C’est après une énième courte nuit de sommeil que je décidai encore une fois d’effectuer une promenade très matinale. Le jour ne s’était pas encore levé, vu le ciel encore sombre dehors. Il devait être un peu plus six heures du matin. Si j’enfilai un kimono différent de l’uniforme des shinigami, je revêtis tout de même mon haori blanc par-dessus pour ne pas me faire emmerder. Après tout, plusieurs personnes savaient qu’un autre génie de la trempe d’Hitsugaya avait été promu capitaine, mais beaucoup d’entre eux n’avaient pas encore vu mon visage ne serait-ce qu’une fois, ce qui pourrait très certainement les amener à m’emmerder lors de ma promenade. Il fallait avouer que depuis ces derniers temps, la sécurité était plutôt stricte ici.

Et comme je le pensais, mon intuition avait été bonne. En effet, après avoir quitté ma propre division pour m’aventurer vers les quartiers de la noblesse, j’avais été stoppé par des gardes qui, eux, avaient fini par se confondre en excuses en voyant mon haori posé sur mes frêles épaules. Après une brève explication quant à mes motivations, je leur avais faussé compagnie sans leur accorder le moindre sourire, car il n’était pas dans mes cordes de montrer mes émotions à tous bouts de champ. Véritable glaçon ? Pas vraiment, non. Juste professionnel, de mon point de vue. Point de vue malheureusement contesté par beaucoup d’autres personnes, qui me jugeaient sans me connaitre. Habitude partagée par de nombreuses personnes du Seireitei.

C’est sur cette pensée déplorable que j’arrivai dans l’un des plus beaux jardins de tout le seireitei. Un lieu où bon nombre de nobles avaient pour habitude de venir se reposer. L’endroit était effectivement propice à la méditation, puisqu’il était bien loin des casernes des différentes divisions où l’on pouvait entendre les soldats s’entrainer bruyamment. Un eldorado, donc. Mais alors que je comptais aller m’installer dans un coin pour justement méditer, je détectai sans mal la présence d’une personne. Il ne me fallut que quelques secondes pour la repérer. Et de loin, j’avais une étrange impression. Pour m’ôter tout doute de l’esprit, je n’effectuai qu’un simple shunpo. Rapide, précis. Qui me fit apparaitre soudainement à la droite de cette personne.

- Qui êtes-vous ?

Ma voix enfantine avait tout de même un timbre autoritaire. Dans mon regard, brillait une certaine lueur. Celle de la curiosité. Manque de tact ? Peut-être. Mais mon intuition m’indiquait qu’il n’était point nécessaire de tourner autour du pot ou même de faire preuve d’obséquiosité. Lorsque que je me mis à détailler la jeune femme, celle-ci ne présentait rien d’une noble. Elle dégageait une beauté évidente, mais pas raffinée pour un sou. Et puis, ses traits étaient bien trop durs. Nul doute qu’il s’agissait d’une femme qui avait roulé sa bosse dans ce monde, et donc, d’une native du Rukongai. Nous étions loin des mijaurées de la noblesse. Cependant et contre toute attente, je finis par la dépasser et par m’asseoir à l’autre extrémité du banc où elle siégeait.

- Veuillez pardonnez ma grossière interruption. Finalement, faites comme si je n’étais pas là.

Un homme venait de faire son apparition à mes côtés. En le regardant plus attentivement, ce dernier était très jeune. Le son de sa voix confirma ce que je pensais même si cette dernière montrait un brin d'autorité.

Je prenais le temps de décortiquer l'apparence de ce visiteur mystère et lorsque je pus voir sur ses épaules le traditionnel manteau blanc, appeler Haori, je compris tout de suite que j'avais affaire à un Capitaine du Gotei Treize. Conformément à mon Vœu de Silence, j'étais dans l'impossibilité de répondre à l'individu comme il me l'avait demandé. Mes mains se séparèrent pour chercher à l'intérieur de mon Kimono noir, un livre me servant justement à communiquer avec les gens ainsi qu'une plume et un flacon d'encre. Oui, il y avait tout cela dans les poches intérieures de ma tenue traditionnelle. Il me fallait bien un moyen quelconque pour pouvoir échanger avec ce genre de personnes, ils étaient mes supérieurs hiérarchiques, je leur devais obéissance.

Mais au moment où je sortais ces trois objets, l'inconnu qui ne l'était pas tant que cela continua sa route et alla s'installer à l'extrémité de mon banc. Il s'adressa de nouveau à moi en me disant de faire comme s'il n'avait jamais été là tout en s'excusant de l'intrusion dont il avait fait preuve à l'instant. Mon visage ne bougea pas d'un iota puisqu'il garda la même fermeté et imperméabilité. Néanmoins, je comptais me présenter en y mettant la politesse qu'un Shinigami de mon rang aurait en croisant un Taisho. J'attrapais donc le réceptacle qui contenait l'encre sombre, enlevant le bouchon qui permettait de contenir le liquide collant et opaque. Mes doigts se munirent de la plume, le bec de cette dernière trempa dans l'encrier et dès que cette manipulation fut terminée, j'écrivais sur l'une des pages vierges de mon livre prévu à cet effet. Puis, je montrais ce qui était écrit au jeune homme.

Rosalia a écrit - Bonjour, Capitaine. Je me présente Rosalia Reed, Quatrième Siège de la Dixième Division. -

Je remettais l'ouvrage sur mes genoux quelques secondes plus tard, jugeant que le Capitaine avait eu suffisamment de temps pour lire la phrase que j'avais inscrite. Maintenant que je m'étais présentée, je retournais à ma préoccupation, admirer le soleil qui commençait à pointer le bout de son nez. Ses rayons lumineux gagnaient en puissance et le ravisant jardin que je comparais souvent à un Éden arborait son plus beau manteau. Les feuilles des arbres ainsi que les pétales des fleurs devenaient au fur et à mesure plus colorées qu'elles ne l'étaient lorsque la nuit régnait sans partage. Cette ambiance réchauffait mon cœur. Je jetais un rapide coup d’œil en biais dans la direction de mon voisin pour voir ce qu'il était en train de faire. Je me munissais une nouvelle fois de mon livre pour y écrire une nouvelle réplique.

Rosalia a écrit - C'est beau n'est-ce pas ? Vous venez souvent ici ? -

Une double interrogation que je venais d'entreprendre, alors qu'il était au sommet de notre hiérarchie. Peut-être ne devrais-je pas me comporter ainsi ? Mais la jeunesse de l'individu me faisait espérer que je pouvais me montrer un peu familière avec ce dernier. De toute façon, s'il ne lui plaisait guère que je lui pose des questions, je pouvais mettre un terme à toutes tentatives de communication.

Quel étrange personnage que voilà. Alors que j’attendais patiemment que l’aube fasse enfin son apparition, celle-ci me tendit un bouquin sans que je n’en sache la raison exacte. Suscitant alors ma curiosité, je tournai ma tête vers elle et m’attelai à lire le contenu du bouquin qu’elle me présenta. Surpris dans un premier temps par la phrase qu’elle avait écrite -Ce qui se voyait par mes pupilles dilatées-, je finis néanmoins par reprendre contenance en mémorisant les informations qu’elle m’avait donné. Muette ? Atteinte d’un mutisme sélectif ? Autant de questions qui me passèrent dans la tête avant son deuxième essai. Cependant, sa première phrase m’avait clairement confirmé mes doutes : Cette femme n’était pas une noble et son nom me le prouvait.

- Je viens quelques fois ici. Généralement un peu plus tard, quand la journée est plus avancée. Ce jour est une exception. Et vous ? Avez-vous l’habitude de fréquenter cet endroit ?

Vu ses questions, autant lui en retourner la même, ce qui était légitime de ma part. Cela me permettrait très certainement d’en savoir un peu plus sur ce mystérieux personnage qui m’intriguait énormément. Je devais avouer que cette femme me plaisait énormément. Pas physiquement, non. Je n’étais encore qu’un gosse qui ne cernait pas bien toutes ces histoires d’amour qui compliquaient bien souvent la vie des adultes. Cependant, je faisais allusion à son caractère. Celle d’une femme qui ne se laissait pas facilement impressionner -Elle n’avait point paniqué en voyant mon haori- et qui de par sa manière de communiquer, changeaient des vieilles pies ou encore des jeunes volubiles, qui parsemaient la Soul Society et qui s’avéraient être extrêmement irritantes.

- C’est effectivement beau.

Je préférai couper court sur cet instant pour me mettre à contempler le beau tableau qui se dessinait à l’horizon. Le lever de soleil était quelque chose de magique, de magnifique. Malgré ma mine imperturbable et inchangée, j’étais tout de même en admiration devant un tel phénomène de la nature. Alors que le ciel s’éclaircissait, les oiseaux, déjà, entamaient leur chant matinal. En un instant seulement, nous bénéficiâmes d’un doux bain de soleil. La fraicheur faisait doucement place à une chaleur moindre, changeante, malgré une brise toujours aussi persistante, quoique douce elle aussi. Un véritable délice. Un vrai coin de paradis. J’aurai été parfaitement comblé si j’avais une chaude tasse de thé entre mes mains, mais je n’allais pas de plaindre de l’instant présent.

- Je me nomme Heiji, chef de la famille Chikusa et nouveau capitaine de la septième division. Veuillez pardonner mon impolitesse. J’aurai du me présenter plus tôt.

Je me retournai alors vers ma compagne d’infortune à qui j’adressai un mince sourire. Sourire qui disparut bien vite cependant. Il n’était sans doute pas nécessaire de m’attarder à faire dans les sentiments pour qu’elle comprenne que je ne lui cherchais pas de problèmes. Je restai donc à ma place, droit comme un i, tout en me perdant dans mes pensées et la contemplation de l’aube. Maintenant que les présentations étaient faites, il allait s’en dire que j’allais enfin pouvoir lui poser une question qu’elle avait sans doute dû essuyer plusieurs fois. J’avais beau essayer de ne pas y penser, mais son mode de communication s’avérait trop curieux. C’est alors qu’une énième fois, je me tournai vers elle, non sans la même expression qu’elle arborait elle-même :

- Quelle est la raison qui vous pousse à vous exprimer ainsi, sinon ?

Le Capitaine commença par répondre à mes deux dernières interrogations, sans doute parce qu'elles étaient issues de la spontanéité du moment présent. L'homme était d'accord avec moi, lui aussi trouvait l'aube magnifique, il y venait régulièrement, mais un à intervalle plus tardif par rapport au mien, ce qui expliquait pourquoi je ne l'avais jamais croisé auparavant.

L'inconnu me retourna ma question. J'acquiesçais d'un signe de la tête bien distinct pour lui dire « oui » sans pour autant l'écrire sur mon livre. Par moment, il m'arrivait de parler avec mon corps plutôt que d'utiliser ma plume et de gaspiller du papier pour des réponses courtes qui pouvaient très bien être mimées par les membres supérieurs ou la tête. Je plongeais de nouveau mes prunelles marron vers le spectacle naturel. Le vent qui se levait était agréable, ce qui annonçait une belle journée en perspective. Tant mieux, puisque je détestais quand le ciel était sombre et nuageux, présageant de la pluie ou encore des orages. Comme une fleur, je me nourrissais de la lumière que dégageait l'astre flamboyant, d'une certaine manière il était mon carburant, celui qui me donnait toute cette énergie et la motivation qui en découlait. Le Taisho se présenta et dès qu'il prononça sa première syllabe, ma tête se tourna dans sa direction.

J'avais donc en face ou plutôt à côté de moi, le Capitaine de la Septième Division. J'aurai pu deviner sa division si j'avais montré plus de méticulosité étant donné que l'emblème des Divisions était représenté sur les Haoris des plus hauts gradés de la Soul Society. Chikusa Heiji, c'était donc lui. J'en avais entendu parlé puisqu'il avait été récemment nommé à ce très haut poste. Un bien jeune capitaine, mais cela n'avait pas une réelle importance à mes yeux puisque ma division avait elle aussi connue un pareil prodigue. Heiji, maintenant je pouvais donner un prénom à son visage, s'excusa du fait qu'il ne s'était pas présenté plus tôt à moi. Pour lui montrer que cela n'était pas très grave, je tentais de sourire, cela n'était pas évident et au final le rendu devait être plus une grimace qu'autre chose. L'importance était d'essayer après tout.

Les présentations étant faites, je m'attendais à ce que cet individu me demande la raison de mon mutisme. Jamais, dans la Soul Society on avait entendu parler d'un Shinigami muet. D'autant plus, qu'en étant muet, il y avait de grandes chances d'être sourd or ce n'était pas mon cas puisque j'entendais très bien et ça le jeune homme avait dû le comprendre.
Je ne me trompais pas sur les capacités de réflexion du Capitaine puisqu'il me posa cette question : qu'elle est la raison qui vous pousse à vous exprimer ainsi ? Je regardais de nouveau le soleil qui se levait à l'horizon pour trouver les mots les plus simples afin de mieux comprendre cet état d'esprit rare.

Après avoir laissé un lourd silence s'installer entre nous deux pendant deux, trois minutes, j'attrapais ma plume ainsi qu'une page vierge. Il me fallait un peu de place, donc une nouvelle feuille du livre s'imposait.

Rosalia a écrit - Si aujourd'hui, ma bouche est close c'est parce qu'il y a cinquante ans, j'ai décidé de faire Vœu de Silence. Cette dernière ne se rouvrira que lorsque l'on me revêtira du manteau de Capitaine de l'une des Divisions du Gotei Treize. -

Le cahier bien droit dans la direction d'Heiji, je lui laissais le temps de lire et de comprendre pourquoi je me refusais de lui parler comme une personne normale ou lambda. Tout de même, une certaine gêne se faisait ressentir, car je tremblotais un peu au niveau des mains en présentant la chose de cette façon à un Capitaine.

Blanc. Aussi idiot que cela puisse paraitre, cette femme ne me répondit pas. Curiosité mal placée de ma part ? Très certainement. Il fallait avouer que je n’y étais pas allé avec des pincettes, même si ma question n’avait pas grand-chose d’insultant non plus, qu’on se le dise. Aussi avais-je un soupir, avant de reporter mon attention vers le lever de soleil. Ce n’était pas grave si elle ne me répondait pas. Elle n’en n’avait pas l’obligation vu qu’elle n’était pas un siège au sein même de ma division. C’était donc normal. Ainsi donc, quelques minutes passèrent tranquillement tandis que je me perdais dans mes pensées et la contemplation de l’aube.

Cependant, et contre toute attente, ma compagne d’infortune me tendit encore une fois son cahier. Inutile de vous dire qu’elle captiva mon attention, comme pour ne rien changer. Vu la taille de son écriture, je n’eus d’autre choix que de réduire la distance entre nous pour pouvoir lire correctement ce qu’elle avait inscrit à l’intérieur du livre. Inscription, qui, je vous l’avoue, m’avait laissé perplexe, ce qu’elle put aisément remarquer lorsque je haussai un sourcil, dubitatif. Elle n’était donc pas muette ? Première nouvelle. La raison de son mutisme me parut à moitié louable. Qu’on veuille s’améliorer, devenir capitaine et bien servir le gotei 13 ? D’accord.


Mais au point de se priver de la parole ? Ça me paraissait un peu stupide.

Surtout dommage, aussi. Je n’étais peut-être pas un exemple de sociabilité, mais elle se privait d’un bon nombre de camarades et peut-être même de prétendants, que sais-je. Effectivement, cette femme était très belle, et ce malgré ses traits durs. J’en vins même à me demander comme elle se débrouillait lors d’un combat. Avait-elle le temps d’écrire un avertissement pour ses hommes qui seraient en danger de mort, alors qu’elle pourrait les prévenir simplement de la voix ? En voilà une bonne question parmi tant d’autres. Le mutisme pouvait se comprendre dans un sens, mais pas au point de risquer la vie de ses pairs par exemple. Clairement.

- Je suis étonné. Moi qui croyais que vous étiez malheureusement muette.

Voilà. C’était dit. Comme quoi, plusieurs personnes devaient se fourvoyer sur son compte en croyant qu’elle était simplement muette. Pleins devaient ne même daigner pas l’approcher, quand j’y pense. Le fait qu’elle soit perpétuellement imperturbable et muette devait la rendre inintéressante aux yeux de bons nombres de shinigamis. Tout le contraire pour moi puisqu’elle avait réussi à attirer ma curiosité, sans oublier que j’étais maintenant assis à quelques centimètres d’elle. Une preuve non négligeable que je l’acceptais comme elle était. Néanmoins, j’eus l’idée de lui poser la réflexion que j’avais développé il y a de cela quelques secondes seulement.

- Je ne vous jugerai pas, mais j’aimerais vous soumettre une situation et vous poser une question vis-à-vis du choix que vous avez fait. D’avance, désolé d’être aussi enquiquineur. Vous pouvez ne pas me répondre, ce n’est pas un problème. Voilà : Imaginons un instant que vous soyez en mission avec l’un de vos hommes. Alors que vous êtes déjà en difficulté contre un arrancar, un autre sort de nulle part et menace de tuer votre subordonné en l’attaquant dans le dos de manière fourbe et silencieuse. Imaginons aussi que le shinigami en question soit mauvais en détection et que vous constatez de votre côté, qu’il est clairement en danger de mort sans pouvoir rien faire pour lui porter assistance. Resterez-vous muette conformément à votre vœu de silence, ou bien lui crierez-vous d’esquiver l’attaque qui le menace ?