-Ouuuuuui ?

Teippei fit un grand sourire à l'inconnu qui venait d'arriver. Une journée banale à la Yonbantai. Peu de malades, une douce chaleur dans les locaux de l'hôpital. On aurait presque pu entendre une mouche voler si la capitaine Kotetsu n'était pas si maniaque de la propreté. On pouvait la comprendre, elle qui gérait la division médicale du Gotei 13. Ici, toute saleté pouvait vite poser une question de vie ou de mot. Heureusement pour le jeune shinigami au bureau d’accueil, cela ne le concernait pas. Il n'était pas encore admis dans l’hôpital lui-même. Tout au plus les quelques salles de triage pour soigner des soldats un peu trop énergiques à l’entraînement. Il était encore en formation, tout simplement.

Du coup, l’ennui s'était vite emparé du soldat qui s'était mis à somnoler. Un supérieur l’avait rabroué à mi-chemin d'un rêve où un professeur de chimie victimisé par ses élèves devenait un baron de la drogue. Un rêve sympa. Ne restait qu'une solution pour se tenir éveillé. Du café !

-Vous en voulez un peu ?

Le Midorima montra l'objet qu'il avait en main comme si c'était tout à fait naturel de vouloir faire profiter de sa recette perso à n'importe qui. Quelqu'un de sympa ce Teippei. Parfois, comme ça, de vieilles habitudes et politesse de sa vie en tant que futur noble venait toquer à sa porte. En l'occurrence, de partager le pain. Même si le pain se retrouvait être du café dégoulinant d'une chaussette.

-Il se trouve que le café ici, on appelle ça le jus de chaussette. Alors moi, j'me suis dit qu'il fallait que j'essaye le véritable jus de chaussette m 'voyez. ET IL SE TROUVE QUE C'EST VACHEMENT BON !

Tout en parlant, le shinigami agita sa chaussette noire de café juste devant le nez de son homologue, l’éclaboussant légèrement lui comme le sol. Telle une preuve de bon goût de son produit bio. Parce qu'ils sont comme ça à la quatrième, ils aiment le bio. C'est plus zen et écolo. À part les pilules. Elles viennent de la douzième division. Créé par un robot à ce qu'il paraissait.

-UN ROBOT J'TE DIS !

Teippei ne put s’empêcher de crier l'information à son acolyte tandis qu'il essorait son filtre pour en dégager le « bon » kawa. Le fait que le borgne en face de lui n'ait pas accès à la conversation intérieure du médecin en semblait pas déranger ce dernier. Après tout, ce n'était pas de sa faute si cinquante voix continuait de parler dans son esprit même quand lui se taisait...

-Et sinon, vous êtes venu pour quoi ?

Un ordre de mission était venu perturber la tranquillité de l'après midi. Il était posé là, nonchalamment dans ce qui lui servait de boite à lettres. Qui est-ce que cela allait être cette fois-ci ? Peut être un haut fonctionnaire qui avait détourné trop d'argent, ou bien encore un petit commerçant qui s'était acoquiné avec de mauvaises fréquentations ? Ce n'était pas qu'il se souciait vraiment de ce genre de détails, mais Serpiente aimait toutefois avoir les données complètes, afin de pouvoir contempler le problème dans son ensemble et en trouver une solution plus ... plus totale. Sans le vouloir, il avait soupesé la lettre et s'était rendu compte que quelque chose clochait. Normalement il y aurait du y avoir plus d'informations dans le pli. Il manquait quelque chose.

On lui demandait de se présenter au siège de la quatrième division, dans le cadre du programme d'échanges entre les deux branches. Pas plus de données que ces quelques mots. Il allait évidemment s'y plier, n'ayant de toutes façons pas franchement mieux à faire. Il avait prévu de s'entraîner et cela ne l'enchantait pas plus que ça. Ses progrès en maîtrise du reiatsu semblaient stagner, et s'il avait réussi à activer son Bankai, celui là n'était pas encore parfait. Il se demandait cependant ce qui allait l'attendre parmi les hommes de la quatrième. Il n'avait que peu eu affaire aux Shinigamis spécialisés en soins dans le cadre de son activité professionnelle, et comme de toutes façons, il n'avait que peu de contacts tout court une fois celle-ci terminée ...

D'un pas léger, il s'était donc approché de l'antre de la quatrième. L'ambiance hospitalière n'était pas de celles vraiment appréciées par Serpiente, depuis que petit, il s'était cassé la main en tombant au beau milieu de la nuit. A partir d'une certaine heure, il y rodait comme une odeur de mort. Apparemment ce n'était pas le cas ici. Les malades ne semblaient pas déborder des chambres et l'odeur rance de l'urine ne flottait pas dans l'air.

"Etonnant."

Mais ce n'était rien comparé à ce qui allait l'attendre. Un homme, d'apparence plutôt jeune, avec ce qui semblait être une chaussette à la main, parlait seul. Non. Il lui parlait, et pas que. Teippei – car il s'agissait bien de lui, vous vous en doutez, et si ce n'est pas le cas, cessez immédiatement la drogue, sérieusement, c'est mal m'voyez – lui agitait une chaussette pleine de café à quelques centimètres de la figure, avant de lui demander ce qu'il désirait, comme si rien ne s'était déroulé devant les yeux.

Bon, il s'agissait très clairement d'un patient qui s'était échappé du service de psychiatrie, Serpiente choisit donc de ne pas lui éclater la tronche sur le carrelage. Ca aurait fait un peu tache de s'attaquer à un pauvre hère qui n'avait rien demandé à personne.

" Faut pas rester là mon gars. Faut retourner dans ta chambre. " lui grommela-t-il en le dépassant allègrement. A quelques mètres de là se trouvait un bureau d'accueil. C'était le bon endroit pour se renseigner et faire appeler la personne avec qui il devait passer les prochaines deux ou trois heures. Il s'adressa poliment à la jeune femme qui tenait le bureau, et elle devint blême en entendant le patronyme de son contact, levant le bras en pointant derrière Serpiente.

"Oh non... ne me dites pas que ..."

Et si.

C'était lui.

-Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii ?

Teippei fit un grand sourire à son nouveau copain. Il avait suivi des yeux, son petit manège et la façon dont il l'avait rejeté. Même s'il ne l'avait pas vraiment compris. Par contre, voir sa collègue le pointer du doigt avait poussé une de ses voix à lui signaler qu'il devait être le centre de la conversation. Aussi revint-il auprès du borgne, sa chaussette souillé toujours en main. L'objet, balancé d'avant en arrière durant les quelques pas qui séparait le fou du quatrième siège, laissa son contenu se répandre en gouttelette. Arrivé à destination, il en joua même, la faisant tourner dans ses doigts que pour la voir repartir dans l'autre sens.

-Vous cherchez ma chambre c'est ça?  Pas de soucis, le guide Teippei est là. Tiens Daphné, garde mon café un moment, merci.

Sans attendre de réponse, le jeune homme candit son doudou caféiné à sa camarade, visiblement enchanté de cette perspective. Elle ne fit pas un geste, obligeant le Midorima à poser le tas mouillé sur une pile de dossiers. « La prochaine fois, elle saura réagir » déclara la voix se prenant pour un cheval. Teippei n'avait aucune idée du pourquoi du comment. Toujours était-il qu'il avait suivi le conseil du canasson, tachant nombre de bulletins de santé. Le médecin se retourna par la suite vers le nouveau venu.

-Hey, t'a un trou sous ton œillet là ? C'est parce que t'es un hollow ? Genre c'est ton masque et tout . Ou peut-être t'es un vizard, c'est pour ça que ton truc est noir ?

C'est que la Soul Society accueillait un beau cirque depuis quelque temps. Le venue d'un robot n'était que la dernière incongruité d'une organisation militaire comprenant des singes avec des épées magnétiques, des traîtres, des capitaines incendiaires ou encore donc... des fou à lier.

-Il se trouve que je connais beaucoup de vizard hoho... Tu connais le capitaine Akihiko ? C'est un de mes meilleurs ami tu sais et donc, lui aussi, il entend des voix, et c'est un vizard. Un vizard !

À grand renfort de geste, Teippei tenta de décrire son ami ou le fait qu'il entendant des voix. Qu'une voix précisément mais ce genre de détail n’embarrassait pas l'esprit du malade. Tentative vaine apparemment ce qui mena le Midorima à se calmer petit à petit.

-Bon. Parlons sérieusement. Tu m'voulais quelque chose ? Ma recette secrète pour du café ? L’élément magique, c'est qu'il faut utiliser des chaussettes propres. Ça rajoute un goût de lessive.

Que son camarade de la Nibantai souhaite connaître l’ingrédient mystère, ou non, n'entrait pas en ligne de compte ici. Le jeune homme se rapprocha d'ailleurs du quatrième siège pour l'examiner d'un peu plus près, fermant même un œil dans le but d’améliorer sa vision. Idée aussi logique que faire un breuvage à partir d'un vêtement.

-Par contre je rigolais hein. Je te montrerais pas ma chambre, c'est perso. Est-ce que je te demande ce que t'as eu pour dîner moi ?

Bah oui quoi. Les barrières sociales ça existe. Décidément, aucune politesse au fbi de la seconde division....

Le Serpent se passa la main sur le figure, comme pour réfléchir quelques secondes, mais en avait-il seulement le temps ? Pas réellement. Son contact, Midorima Teippei, était en face de lui, et il n'avait vraiment pas envie de palabrer, du moins pas avec sa sous-ordonnée. Il lui servit un café façon soquette, et se retourna vers le membre de la seconde division, qui n'en croyait pas ses yeux, pardon, son œil. Où était-il tombé ? La réceptionniste le regarda avec un air de dépit et de peine, il allait passer une looooongue après midi, et ce n'était pas pour déplaire à la jeune femme ... qui se libérait du joug du cinglé du service.

" Ça doit être une blague. ".

C'en était forcément une. Un bizutage pour son nouveau poste, savamment orchestré par sa division pour ... non. Ça n'avait aucun sens. Son capitaine n'était pas réputé pour ce genre de basses manœuvres, et il ne connaissait personne d'autre en personne, dans cette division. Oh, il y avait bien quelques camarades de mission, mais ce n'était pas son genre de mélanger vie personnelle avec vie personnelle, comme il aimait le souligner. Il aurait peut-être du. S'il avait été occupé, peut-être que cette tâche serait tombé sur quelqu'un d'autre.

" Non dugl..., mon gars. C'est pas un trou d'hollow, et j'suis pas un vizard. J'ai perdu un œil pendant ma vie terrestre et ça s'est répercuté ici, c'est tout. " répondit-il à la première question posée par son ... nouvel ami. Il ne pouvait pas réellement en dire plus car lui même n'était pas capable d'expliquer pourquoi il était apparu de la sorte une fois transformé en âme. Encore un mystère qu'il ne pourrait probablement jamais éclaircir.

Serpiente haussa les épaules lorsque Teippei cita des personnes de son cercle d'amis. Que ce soit vrai ou non – un capitaine pote avec ce taré était probablement imaginaire, produit de son subconscient de toutes façons – ce n'était pas ses oignons, et d'autant moins important qu'il n'en avait vraiment pas grand chose à carrer. Réellement. La vie personnelle des gens, c'était peut-être le thème le plus inapproprié pour l'ancien tueur à gages.

" Nan mon gars, je veux rien de particulier. On m'a demandé de venir içi, dans le cadre d'un échange entre nos deux divisions. Qu'apparemment vous pourriez nous renseigner, en nous montrant deux ou trois kidos de soins, ou en nous montrant vos méthodes de guérison. Après je pensais que vous étiez au moins un peu plus briefé que moi, car perso, j'ai pas tout suivi, je fais que remplacer un Shinigami souffrant."

Souffrant mon cul ouais. Il avait été envoyé dans un putain de piège, et il trouverait la personne qu'il remplaçait. Et il lui collerait deux baffes, ou quelque chose dans le genre en tout cas.

" T'as un truc dans le genre à me montrer ?"

Il était à peu près sur qu'il regretterait ces paroles assez vite.

-Ha...ho...oui, bien sûrs.

Teippei agita vivement la tête pour montrer qu'il avait compris. En effet, une parcelle de son esprit lui chuchota que sa division et celle de la Nibatai avait conclu une sorte de pacte secret. Il se rappelait des visages inconnus et quelques bribes de conversations. Le Midorima n'y avait pas porté plus d'attention que ça d'où les souvenirs parcellaires.

-Tu viens donc de la deuxième division. C'est marrant, tu ressembles pas aux gars habituels. Ils sont plus du genre à aller grimper sur les toits et porter des collants sur la tête. Probablement un trip de super-héros.

Le médecin avait prononcé ces dernières paroles dans un murmure, parlant au creux de sa main comme détenteur d'un grand secret. Ce faisant, la ménagerie dans son esprit se mit à éclater de rire, teintant l'attitude du blondinet.

-Hi!Hi !

Son rire si décelable, si étrange sonna de nouveau dans le grand hall de la Yonbantai. Son regard s'éleva pour tenter de capter celui de son acolyte et évaluer son empathie quant aux traits d'humour du docteur. Entreprise difficile quand ce dernier n'a qu'un œil. C'est comme tenter de lire un livre avec la moitié de la page déchirée.

-Je connais quelques trucs ouuuuuuuuuuuui. Mais je ne les partage pas avec n'importe qui. Tu sais je connais très bien ton capitaine. Lui et moi on s'aime beaucoup. Il est la raison de mon transfert à la quatrième division. Il voulait que je sois son homme de confiance dans cette mission d'échange. Oui ! Oui !

Certes, il connaissait Noboru. Le vif-argent était l'une des principaux éléments de son transfert à la quatrième division. Il aurait préféré l’exécuter ou au moins l'envoyer en prison mais ce n'était que détails. Détails que Teippei ne s'embarrassait pas de comprendre ou retenir, réécrivant l'histoire selon son imagination.

-Homme de confiance. Je suis un homme de confiance. Mais je ne fais pas confiance aux gens qui ne se présentent pas.

La tête du Midorima retomba de quelques centimètres sur sa droite, son oreille touchant presque son épaule. Son sourire affichait un air joueur, moqueur même, rendu encore plus étrange par le positionnement de son visage.

-Si ça se trouve, t'es un imposteur. C'est peut-être même pour ça que tu n'as pas d'histoire convaincante pour ton œil. Hi ! Hi ! C'est peut-être aussi pour ça qu'on t'as envoyé à moi. On saurait que je te démasquerais hé hé. Allez. Dis-moi le code et je te montrerais nos techniques.

Le fait qu'il n'y ait pas de code ne semblait pas déranger le jeune homme, totalement persuadé du raisonnement de sa tâche. Sa paranoïa latente remontant doucement mais sûrement jusqu'à son esprit, lui chuchotant des mots doux à l'oreille.

On le comparait à un ninja, encore. Comme d'habitude. Les gens – et même ceux qui n'étaient pas ouvertement fous – s'attendaient à ce qu'un membre de la deuxième porte une cagoule, des shurikens dans les poches, voir même un bandeau sur le front. Mais ce n'était pas le cas. Bon d'accord, ils n'étaient pas vraiment conventionnels dans leurs méthodes, mais leur but étant, en général, de se meler à la foule, ce n'était pas en s'habillant comme des clowns qu'ils allaient y arriver.

" Non, je ne porte pas de collants, et je ne saute pas de toit en toit comme un ..." avait-il commencé à lui dire avant de se faire interrompre. Ce n'était pas très urbain, mais pouvait-on en attendre autrement de la part du guérisseur.

S'il avait des information ou des techniques à partager ce n'était très clairement pas avec Serpiente qu'il allait le faire. Pourquoi ? Comment le savoir. D'ailleurs il sentait que sa place n'était pas ici. Le temps d'un instant, il soupesa la possibilité de faire simplement demi-tour et de quitter l'endroit. Après tout, il n'était pas doté d'une patiente hors normes... Mais l'ancien tueur à gages voulait essayer quelque chose avant. Pourquoi ne pas rentrer dans le jeu de son interlocuteur ? Ou du moins essayer, il n'était pas sur d'être au niveau pour tenir une conversation avec ce jeune homme...

" Tu veux que je me présente ? Pas de problème, mais t'avais pas demandé, mon gars. J'suis Serpiente. Et mon oeil, je te l'ai déjà dit, c'est pas" Mais ce n'était très clairement pas suffisant pour gagner la confiance du taré de service. Il n'allait de toutes manières pas en rester là. S'il ne voulait pas lui filer un coup de main, et bien il le prendrait de lui même, en se faisant de Teippei une sorte de ... complice.

"Et le mot de passe, moi je le connais. Par contre je pense que toi non, sinon tu m'aurais filé l'avant-mot-de-passe, et c'est carrément pas le cas. J'pense que t'es pas Teippei Bidule là. Tu dois être un espion." Mais dans quoi il se lançait encore, le bon Snake dans cette histoire ? Ca ne marcherait jamais ! Enfin d'un autre côté il n'avait rien à perdre, de toutes manières et ce n'était pas en traitant de manière totalement normale quelqu'un qui ne l'était pas qu'elle le deviendrait.

" Si t'es un espion d'ailleurs, t'en es un plutôt mauvais faut dire ce qui est. Franchement tu n'as pas de pardessus, et tu n'as même pas de fausse carte de crédit." Ajouta-t-il en secouant la tête de gauche à droite. Bon, autant rester dans les clichés jusqu'au bout. D'ailleurs, il était plutôt bon dans son rôle d'agent secret à moitié fada. S'il n'avait pas été un assassin de sang froid, peut-être qu'il aurait pu avoir un futur dans cette voie là ?

Mais oui ! Oui ! Tout s'expliquait. Teippei se prit le menton dans le creux de la main, hochant lentement la tête aux propos du membre de la nib antai. Bien vite, il se décida à sortir un carnet de l'un de ses poches et armé d'un crayon se mit à noter les conseils de l'espion. Il était vrai qu'il avait de grosses lacunes. C'était évident. D'une importance capitale, il fallait donc qu'il s’entraîne à l'avenir.

-T'es vachement sympa l'hollow. À quoi j'peux prétendre si j'ai même pas de manteau ? C'est vrai quoi ! Stupide Teippei ! Stupide !

Le shinigami se mit à se taper le front de la main tenant le crayon, se punissant de son manque d'application. Le fait qu'il n'était pas réellement un espion ou qu'il n'ait pas voulu se faire passer pour tel ne semblait pas rentrer en ligne de compte. Dans son esprit, les voix lui hurlaient dessus, le conspuaient d'être si mauvais. C'est pourtant avec un grand sourire qu'il reporta son attention sur le borgne devant lui.

-Merci beaucoup ! La prochaine fois je ferais beaucoup mieux ! Bon par contre, je ne connais pas Teippei Bidule. C'est qui ? C'est un peu marrant parce que moi c'est Midorima Teippei !
Le jeune homme se mit à éclater d'un grand rire comme pour prouver que la situation était comique. Éclat inopportun pour la plupart des personnes autour de lui mais cela aussi, lui importait peu. N'ayant pas compris que monsieur bidule était simplement son patronyme que le membre de la seconde division n'avait pas prononcé en entier, le schizophrène était persuadé qu'il s'agissait là de quelqu'un d'autres. Probablement le fameux « contact » que l'hollow-ninja-espion devait rencontrer.

-Tu te rends compte . Le gars il a mon prénom EN TANT QUE NOM ! QUE NOM ! C'est comme s'il s'appelait Monsieur Geor...attends...

Le shinigami aux mèches dorées s’arrêta dans sa phrase. Chose assez rare et à souligner. Perturbé, il resta la bouche ouverte alors que sa mémoire lui refilait quelques morceaux des paroles prononcées par son collègue au cache-oeil. Il se mit à plisser des yeux, de nouveau suspicieux.

-Tu t'appelles serpent . Comme...comme un serpent ? Ils t'aimaient pas tes parents . Hi ! Hi !

Malheureusement, malgré toutes les découvertes, leçon et autre étrangeté de la vie que Teippei venait de comprendre. Il ne connaissait toujours pas l'avant mot passe. Une sécurité de premier ordre mis en place par le vif-argent, le schizophrène n'avait aucun doute là-dessus. Ce dernier se gratta négligemment la tempe tandis que les cinquante voix occupant son esprit proposaient diverses solutions. Finalement, une réponse obtint le plus de voix lors du décompte final. C'est avec une voix mal assurée, que le blondinet reprit la parole.

-Chaussette ?

Teippei semblait boire ses paroles tel le premier ivrogne tombé sur un flacon d’eau de Cologne de mauvaise qualité. Enfin bon, j’exagère un poil, mais vous avez saisi l’idée. En entrant dans le jeu du schizophrène, il avait mis un pied dans un monde magique, où tout était possible, … à son grand damne ? Il n’avait pas la moindre idée d’où cette conversation allait les mener. Est-ce que le guérisseur allait essayer une nouvelle technique sur lui, ou pire, sur un passant ? Allait-il s’adonner à une nouvelle recette de café ? Allait-il draguer la secrétaire ? Peut-être tout ça à la fois. Ceci étant dit, Le Serpent semblait prendre goût à la situation. Teippei était très probablement taré, il n’en restait pas moins rigolo. Serpiente aurait pu avoir la malchance de tomber sur un fou dangereux, de ceux qui sortent un scalpel et qui égorgent les badauds, mais ce n’était pas le cas, et quelque part, c’était déjà pas mal.

« Je ne suis pas un Hollow, ce trou n’est pas un trou de Hollow, j’t’ai dit. » réplica-t-il du tac au tac lorsque son interlocuteur le traita de ce nom. Il fallait être clair au moins sur ce point. S’il le prenait pour un hollow il pouvait décemment penser que ça pouvait être une bonne idée de le découper en rondelles sur le champ. Et le New-yorkais ne pouvait se permettre de se faire débiter de la sorte.

…

Il avait pris le Bidule pour un vrai nom, et Serpiente ne pouvait y croire. Un éclat de rire suivi d’un arrêt sur images. Mais d’où sortait-il ? Comment pouvait-on être aussi dérangé ? Et pourquoi diables avait-il accepté de rentrer dans son jeu ? Ce n’était vraiment pas son style, et pourtant, il était là, à parloter …

« C’est vrai que je n’ai pas un nom très commode, mais d’un autre côté ce n’est pas mes parents qui me l’ont donné, non non. C’est moi qui l’ai choisi, parce que j’aime bien les serpents. Je suppose que si j’avais aimé les velux, je me serai appelé… Velux. Tu vois c’que j’veux dire, mec ? » lui lança-t-il ironique, en devinant que désormais, il serait Velux pour Teippei. Evidemment. Peut-être pouvaient-ils passer à autre chose maintenant ? Apparemment non. Le shinigami blond n’avait pas lâché l’affaire, et cherchait toujours dans son esprit un pré mot de passe, qui n’existait évidemment pas.

Trouver ce mot de passe était de l’ordre de l’impossible pour une personne normalement constituée, mais plus le temps passait, plus le shinigami de la deuxième division se rendait compte que son homologue de la quatrième n’était pas normal. Oh non. Il était aussi fou que Didi dans le Lotus bleu. Mais ce n’était rien comparé à ce qui allait se passer. Avant même qu’il ne puisse esquisser un semblant de réponse, un homme surgit dans le couloir. Il semblait pressé et, en passant, manqua de bousculer une infirmière. Son regard s’illumina en voyant le duo improbable que formaient les deux shinigamis.

Après une phrase incongrue, il disparut, non sans avoir gracieusement tendu une lettre au guérisseur. Mais que contenait cette enveloppe ? Seul (le prochain post de ) Midorima Teippei avait la réponse.

Qui ? Que ? Quoi ? Canard ? Teippei regarda l'individu pressé continué son chemin, ses voix l’assénant de questions. Le blondinet était plongé dans l'incompréhension. Clairement le bonhomme venait de la chambre des quarante six. Ou pas si clairement en fait. Le schizophrène regarda la lettre. La lettre le regarda. Ses voix regardèrent la lettre. La lettre les regarda. Puis enfin, regarda le borgne.

-Tu t'es jamais demandé d'où ils venaient ces mecs Velux?

Ces « mec » étaient des messagers, habillé d'habit blanc, il possédait un masque en bois sur le visage. D'où le lien avec la fameuse chambre qui possédait aussi des planchettes devant leurs faces pour que l'accusé ne puisse les reconnaître. Où vivaient ses messagers ? Qu'étaient vraiment leurs travails ? Là était la grande question. Le Midorima leva l'enveloppe entre ses deux mains tel un singe portant un lion dans le vide. Une voix leva la remarque qu'un singe ne pouvait lever un lion, encore moins pour le porter dans le vide mais ce genre de détail n'était pas important pour le reste de l’assemblée.

-Être ou ne pas être un Velux, telle est la question.

Le jeune homme aurait aimé parler du fait d'être un messager ou non, malheureusement, il ne connaissait pas la fonction de ses inconnus. Dire « être ou ne pas être un mec en blanc » avait tout de suite moins d'impact. Il n'en restait que ses petits moustiques des plus étranges qui couraient sur les tuiles et toit du sereitei étaient pour le moins bizarres. Visiblement, cela ne gênait personne, juste des gars, comme ça qui courait on ne savait où. ET BAH CA GENAIT TEIPPEI. Ceci dit, les poivrons le gênaient aussi.

-Sérieux quoi, choisissez au bout d'un moment, rouge ou vert . Mure ou pas ?

Le malade semblait, comme souvent, estimait que les gens autour de lui, ici, l'homme au nom de volet pouvait suivre le rythme de ses pensées, entre ses réflexions internes et ses prises de paroles à haute voix. Heureusement, son esprit revint vite à un sujet plus « adéquat ». Est-ce que son collègue allait réussir à comprendre, c'était un autre débat. Débat que les voix du blondinet estimait que oui. Un agent secret en imper et trou d'hollow se devait d'avoir une intelligence supérieure. Il l'avait encore prouvé un peu plus tôt.

-Tu penses qu'ils sont les ancêtres des papillons de l'enfer ?

Le visage du médecin s'illumina à l'instant où il, prononçait ces mots. Son esprit avait eu un flash de compréhension. D'où le visage qui s'illumine bien sûrs. La lumière ne vient pas de nulle part, il l'avait appris lors d'un cours à la quatrième division. Un truc avec des pulsions électriques dans les cerveaux, des neurones tout ça.

-Si ça se trouve, les gars, ils font des cocons et au bout d'un moment pouf ! Ça éclot en papillon !

Ce faisant, pour mieux illustrer ses propos, Teippei roula la lettre en boule sans même l'avoir lu et passa sa main au travers pour symboliser le papillon sortant de sa petite bulle protectrice.

« Je. Heu. Quoi ? »

Ca y est. Le moment tant attendu où Serpiente ne comprenait plus rien était enfin arrivé. Est-ce qu’il l’appelait Vélux, ou est-ce que les messagers, étaient Velux, ou bien peut-être le fameux mot utilisé quelques minutes auparavant par le tueur était devenu une interjection pour le fou ... Rien n’était clair dans l’esprit déjà plutôt embrumé du shinigami de la deuxième division. Mais s’il était déjà perdu lors de la première question de Teippei, la deuxième phrase l’acheva, et l’envoya dans une rivière d’incompréhension pure. S’en suivirent donc les trois mots ci-dessus, plus éructés que prononcés, par le borgne.

« Je suppose que … heu… je sais pas. »

Parlait-il encore du messager ? Probablement. Mais pourquoi devraient-ils être murs ? Les avait-il comparé à des fruits, dans son esprit malade ? L’idée même du blondinet en train de mâchouiller la main d’un de ces messagers lui traversa l’esprit. Il préférait ne pas penser à cette possibilité.

« Des ancêtres de papillons des enfers qui muteraient ?»

C’était là la théorie farfelue de son interlocuteur. C’était, d’un point de vue totalement malade, presque cohérent. Mis à part peut-être au niveau de la taille. En effet, s’ils devaient perdre quantre vingt dix-neuf pour cent de leur masse ils … Serpiente secoua sa tête. Il commençait à raisonner comme Teippei, et ce n’était pas bienvenu. Etait-il en train de devenir barjo ? Moins que le blond qui venait de littéralement faire sortir sa main de la lettre. Pas de l’enveloppe, mais de la lettre.

« Heu. Fallait p’tet la lire non ? Si ça se trouve c’est important ? Ca ressemble un peu à un puzzle maintenant, ça pourrait t’occuper des heures ! »

C’était peut-être sa porte de sortie, surtout ! Il pria mentalement pour qu’on le laisse s’en aller, mais ça n’allait pas être si facile. Plongeant son œil unique dans le regard malade du membre de la quatrième, il lui arracha la lettre – ou plutôt ce qu’il en restait – et commença à la reconstituer, façon casse-tête. Et ce petit-bout qui allait là, et celui-ci qui était un coin… C’était plus facile que prévu et bientôt elle fut absolument complète. Demandant un rouleau de ruban adhésif, il conclut son œuvre en attachant – relativement – définitivement les morceaux ensemble, puis il la tendit à Teippei.

« Tu as peut-être un ordre de mission secrète dans cette lettre. Faut que tu la lises. Moi je peux pas, j’ai pas pris mon œil bionique décodeur. » lui mentit-il. Il n’était plus à une esbroufe près.

Teippei regarda le serpent remonter la lettre déchirée. Il hésitait entre l'envie de jouer lui aussi et la déception qu'on abîme son chef-d’œuvre. Car oui, le schizophrène considérait la lettre avec son énorme trou au milieu comme un objet d'art magistral. Un moyen de communiquer sa pensée sans parole. Une métaphore subtile de l’éclosion des papillons de l'enfer. Enfin...subtile...pour lui. Vint ensuite l'incompréhension quand le borgne lui rendit le bout de papier rafistolé. Surtout avec les explications qui vinrent avec.

-un œil bionique ? Mais j'en ai non plus. J'pourrais demander à Akihiko bien sûrs mais ça va prendre du temps tout ça, tout ça.

Heureusement le jeune homme, un éclair de génie traversa son esprit. Tout du moins, un éclair de génie selon ses standards. Avec un grand sourire, il regarda la lettre prise d'une étrange couleur carmin. Dans sa tête, les voix applaudissaient initiative. Après tout, le membre de la seconde division était venu apprendre les us et coutumes de la Yonbantai non ? Autant lui montrer comment le blondinet rangeait les tonnes de paperasses qu'on lui donnait. Ou que, des fois, il trouvait aussi par hasard. La voix ayant une forme de canard, murmura la formule d'incantation du trente-et-unième sort d'hado.

On pourrait s'exclamer à l'idée qu'une voix immatérielle est une forme mais cela impliquerait qu'il y ait du sens et de la logique dans la tête du malade. Certaines voix n'étaient que des voix, certaines possédaient des formes précises, d'autres en changeaient en cours de journée et, certaines avaient même un boulot à temps complet. Venant de la paume du shinigami, une flamme rouge percuta la lettre avant de foncer vers le plafond, ne laissant que des cendres dans la main du médecin.

- C'est surs, elle va marcher beaucoup moins bien

Sans se départir de son grand sourire. Pire, il en était même fier, le Midorima laissa retomber les déchets au sol, mouvant ses doigts de manière agile pour se débarrasser de quelques cendres collante. C'est avec un client d’œil appuyé en direction du Hollow-borgne-espion-mais-pas-trop qu'il reprit la parole.

-Comme c'est dommage. Le coursier n'est jamais arrivé ici. Mais parlons plus de cet œil bionique. Ça a l'air passiooooooooooooooonant. Tu l'as eu à la douzième division ? Moi j'connais très bien le capitaine là-bas tu sais. C'est même un ami à moi. On fait du trampoline ensemble. T'en fait toi aussi ? Oui ? Nan ? Oublie ça. Tu captes des discussions top secrètes avec ton décodeur ? Tu reçois le foot aussi ?

Posant la question scintillement à défaut de manière intelligente, le malade hochait vivement la tête pour montrer qu'il « comprenait ». Après tout, ils étaient désormais dans le même club de super espion. Bien sûr, Teippei n'avait pas encore son imperméable passe-partout mais ça ne saurait tarder. Il s'empressa même de le renoter, juste au cas où, dans sa main cette fois. Il ne faudrait pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ce serait...fou.

Spoiler:

Et c’est ainsi que Serpiente assista à l’incinération de son œuvre, sans préambule, sans sommation, sans une once de regret dans le regard du soigneur. Il aurait dû se douter que ça ne pouvait être aussi simple. Après, tout, il avait passé quoi, vingt bonnes minutes à recoller les morceaux de la missive ? Qu’étaient ces vingt rotations d’aiguille d’horloge pour ce bon Teippei, en même temps ? Et s’il avait pu l’en empêcher, l’aurait-il seulement fait, de toutes manières ? Probablement pas. Il ne voulait absolument pas perturber l’équilibre mental précaire dans lequel se trouvait le Midorima. Et pour vous faire une comparaison, la situation était proche de celle d’un équilibriste, les yeux bandés, qui descendait en monocycle la pente d’un volcan en éruption. Ou quelque chose dans le genre.

Passait encore que le blondinet soulève le pli comme pour le montrer à une populace formée d’animaux imaginaires aussi compatibles que des lions, des oiseaux su paradis et des gazelles, mais la faire flamber comme une crêpe suzette, c’était un peu trop pour que le Serpent l’ignore.

« Tu viens de flinguer la lettre. On ne saura jamais ce qu’il y avait dedans. Si ça se trouve… c’était … ton bon de sortie pour "tu-sais-quoi". » lui lança-t-il en prenant un air on ne peut plus mystérieux, secouant la tête de gauche à droite gravement. « Tu es condamné… Je suis tellement désolé, Bidule. »

Puis, sans s’interrompre, il passa aux interrogations de ce brave Teippei. S’il le laissait parler, il se lancerait dans un monologue sans fin. Il ne pouvait se le permettre. Surtout qu’il risquait de se mettre à lui enseigner le sens de la vie, ou d’autres concepts qui le dépassaient.

« Je ne sors jamais sans généralement, mais on m’avait dit que tu en aurais un. Et j’suis vraiment déçu de voir que c’est pas le cas. Bon quoi qu’il en soit, tu devrais t’en faire poser un à l’arrière de la tête. Imagine la surprise des gens quand tu enlèverais ton bandeau. » ajouta-t-il donc avec une moue qui se voulait honnête, mais qui lui donnait surtout un air incroyablement bête. D’un autre côté, ne dit-on pas que les gens les plus bêtes sont les plus honnêtes ? Non ? Vous êtes surs ? Bon d’accord.

« Je n’ai jamais fait de trampoline, mais une fois j’ai sauté sur le ventre d’un hollow pendant quelques minutes. Il était vraiment très gros, il avait dû trop manger, et ne se réveillait pas. Tu vois, j’étais un peu vexé quand même, je venais pour le taillader de partout, et lui il pionçait… » continuait-il avant d’être interrompu par une musique entraînante.

Mais d’où sortaient ces gens ? Le quartier général de la quatrième division ressemblait-il indubitablement à la cour des miracles, ou est-ce que le narrateur en faisait volontairement trop ? Vous le saurez dans le prochain épisode.

La bouche du malade fit un grand « O ». Un « o » dépité, désolé, pleurant même. Oui, un positionnement des lèvres qui pleure, c'était tout à fait possible. Une voix argua qu'il fallait baver pour pousser le réalisme jusqu'au bout mais la plupart de ses congénères lui hurlèrent de se taire. En effet, le film qu'elle suivait entre l’espion arrancar robotisé et leurs propriétaires était bien plus passionnant qu'un mime réaliste. Le membre de la seconde division eut beau continuer à discourir, le blondinet sentait les larmes lui venir aux yeux tandis qu'il s’enfonçait dans un abîme de détresse. Et quand on fixe l’abîme de détresse c'est l’abîme de détresse qui te fixe. Ou quelque chose comme ça. Les voix n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur cette vérité commune. Teippei resta même encore un moment silencieux une fois que l'homme au cache-oeil sembla se taire. La perte du contenu de cette lettre et ses possibilités en devenaient dramatiques. Enfin il comprenait les conséquences !

-Mais... mais... je ne passe même pas par la case départ? Je n'ai pas vingt mille euros?

Le Midorima se prit la tête, ses jambes pliant sous son poids comme si un reiatsu puissant venait de faire son entrée avec la petite troupe de shinigami musicien. La fanfare du Gotei 13. un vieux projet qui datait de Takamichi Homura, Gobantai Fukutaisho. Si depuis cette division, la cinquième précisa une petite voix parlant français et japonais, avait été dévoué aux archives, cela n'avait pas toujours été le cas. Encore maintenant, elle pouvait être grandement améliorée. À quand les livres ailés qui sortaient de leurs étagères pour voler librement dans les travées? Ainsi il y aurait en plus de la récolte intellectuelle, un jeu de chasse des plus divertissants. Mieux dresser les bouquins pourrait même venir s'installer d'eux-mêmes sur les genoux des quémandeurs. Comme souvent, les super idées de Teippei avaient été rejeté.

Toujours était-il que du temps de madame Takamachi, la cinquième division avait failli prendre un angle plus... divertissant. Théâtre, sport, fête tout pour relâcher la pression d'une armée en guerre. Malheureusement, pas de bordel ou de réduction sur des prostitués. Probablement ce qui avait coûté le projet de la demoiselle. Et probablement aussi son poste de capitaine. Tout du moins c'était ce que pensaient les voix dans l'esprit de Teippei. Le truc étonnant étant que certains de ses projets, pourtant refusés avaient finit par refaire surface on ne savait comment. Et bien sûrs, pas le bordel à tarif réduit pour les hommes en uniforme.




Monde de merde. Ou Rosebud comme dirait CK.




Non pas Clark Kent, l'autre. Le shinigami effondré releva le bout de son nez vers l’espion arrancar, ses yeux brillaient de détresse. Encore un peu et il se mettrait à chialer ici et maintenant.

-Alors... je ne peux plus acheter mon troisième œil? Comment je ferais pour tricher aux cartes? Je... non... KHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !

Qui était ce khan ? Bonne question, probablement pas un humanoïde génétiquement modifié capable de piloter des vaisseaux spatiaux à lui tout seul ou défoncer toute une armée de Klingon. Peut-être l'un des gars de la fanfare. Qui sait ?

« Troisième œil hein ? » lança Serpiente, sans réellement chercher à comprendre. Déjà parce que c’était sans doute impossible, après tout, ne s’agissait-il pas d’une idée d’un fou furieux ? Mais aussi parce qu’en essayant de percer le mystère de ces termes, il risquait de se perdre dans un méandre de pensées aussi désopilantes que désordonnées. Enfin, il avait peur de ce qu’il pouvait bien trouver. Il n’était pas impossible de se retrouver dans une situation encore plus inattendue avec ce jeune homme. S’il ne parlait pas d’un troisième œil physique mais s’il s’agissait bel et bien d’une métaphore, elle pouvait être tellement tirée par les cheveux que…

« Laissons tomber, si tu veux bien. » ajouta-t-il avant de se faire de nouveau interrompre par le blondin qui n’en avait, apparemment, pas fini avec lui. Ah, misère de misère, comment s’échapper de ce piège quasi-mortel ? Et surtout, qui était ce Khan ? Il connaissait Gengis Khan, mais il avait un doute sur le fait qu’il s’agisse de l’ancien chef de guerre mongole.

« Je préfère ne pas te demander de qui il s’agit. » conclut-il en se munissant de son paquet de cigarettes. « J’espère que ça ne dérange pas si je me grille une sèche, mais là, j’en peux plus, mon grand, t’as utilisé toute ma patience. »

Et c’était presque vrai. Il avait beau se démener et rentrer dans son jeu, il risquait à tout moment de perdre pied et de ne plus rien comprendre. Et il n’aimait pas ça. S’il s’était bien amusé (ou du moins, s’il n’avait pas passé un trop mauvais moment) c’était en partie parce qu’il avait dû réinventer son personnage pour tenter de tirer quelque chose du Midorima. Mais il n’y avait pas grand-chose à récupérer, en ce moment, du malade. Il doutait même que la mission ait réellement existé. Ils allaient le payer, oh oui.

« Les salauds, ils m’ont bien eu. » dit-il, plus pour lui-même que pour son interlocuteur, qui ne donnait pas vraiment l’impression de l’écouter de toutes manières. « Bon, mon p’tit gars, c’est pas qu’trouvre le temps long, mais bon, j’ai … j’ai un compte rendu à faire pour mes chefs espions. Si t’es gentil je te filerai une bonne note pour le test que je viens de te faire passer. Tu veux avoir une bonne note non ? »

Une dernière pirouette pour la route ?