Quelle journée longue et mouvementée… Le jeune humain était tout juste revenu de ces vacances au Hueco Mundo dans la matinée. Il lui fallut régler tout un tas de soucis relatif à sa longue absence, à commencer par rendre visite à sa mère. Mine de rien, elle lui avait terriblement manqué … Lorsque Kazuki franchit le pas de sa maison, il tomba dans les bras de sa pauvre maman. Cette dernière étonnée de revoir son fils ne semblait pourtant pas s’en soucier. Il était parti pendant plus d’un an, mais cela n’avait point chagriné sa génitrice. Que c’était-il bien passé ? Pensif, il repartit dans un état mélancolique et la tête remplit de questions. Son hypothèse était qu’il était la propre cause de ce comportement insensible : à paraitre volontairement insignifiant à ses yeux pendant toutes ces années, le serait-il vraiment devenu ? Dans tous les cas il aurait du pain sur la planche pour remédier à tout ça. La longue route des problèmes à résoudre continua et passa par l’université, les boutiques, le restaurant et finalement un domicile provisoire. Le ventre rassasié et des vêtements tous neufs ; le Fullbringer choisit le foyer de personnes âgés pour y passer la nuit. Ces vieilles personnes ne se douteraient pas une seule seconde qu’un étranger pourrait dormir dans la chambre d’ami à l’étage, quand bien même qu’ils puissent encore grimper cet escalier poussiéreux. Cette pièce était agréable, le lit fort confortable et la fenêtre donnait sur un parc à proximité. L’opportuniste s’y plaisait et pourrait bien rester dans cette baraque plusieurs nuits. Pour l’heure, il avait besoin de prendre l’air. Alors que le soleil s’était couché depuis déjà une bonne heure, il entreprit une virée nocturne dans le grand jardin d’à côté. Peut-être aurait-il l’occasion de faire une farce à un humain ? Cela lui manquait, d’autant qu’il avait bien besoin de rire un peu.

Après avoir vérifié tous ces accessoires, le jeune homme s’élança par la fenêtre pour rejoindre l’étendue verdoyante sous l’éclairage nocturne. Quelques pas sur l’âme de cette chère terre lui suffirent pour passer au-delà des grillages et atterrir au milieu de l’herbe. Il n’y avait personnes aux alentours, le parc semblait désert. Quel dommage pour notre petit farceur, aucuns individus ne pouvaient être tourmentés ici. Il haussa les épaules et commença une marche lente en attente de trouver une meilleure occupation. En rejoignant la fontaine au centre de cet espace vert, il espérait au moins tomber sur un couple en train de se bécoter sauvagement sur un banc. Non, il n’y avait pas âmes qui vivent encore une fois. La situation devint déprimante. Ce misérable au milieu de rien songeait alors à changer d’endroit. Quand soudain, une légère brise amena un papier journal à ses pieds. « Massacre dans un parc à Karakura ». C’était la une de ce jour et elle concernait le parc ici même. Intrigué, il ramassa la feuille pour lire les détails du gros titre : un chien littéralement bouffé fût retrouvé en ces lieux la veille. Ceci expliquait le pourquoi du comment… Le fait eut au moins le mérite d’arracher un léger sourire à notre vagabond ; les humains sont vraiment des poules mouillées méprisables.

Une envie inimaginable bouillonna à l’intérieur de Kanshin. Il voulait à tout prix en apprendre plus, savoir qui était l’auteur de cette boucherie. Un hollow, une bestiole se cachant derrière un arbre ou pire encore ? En tout cas, son instinct lui disait que ce serait un être intéressant. Notre curieux était excité comme une puce, prêt à tout pour attirer l’attention de la chose. Reviendrait-elle au moins sur son précédent terrain de chasse ? Hésitant, le jeune homme finit par trancher. De toute manière, il commençait à s’embêter à mourir dans cet environnement dépourvu de sens ! Choppant son masque à gaz pour l’enfiler, le Fullbringer actionna son pouvoir sans lésiner sur les moyens. Il n’avait pas besoin de porter cette beauté pour user de ses capacités, néanmoins notre farceur avait affreusement envie de jouer ce soir. Des auréoles violettes d’énergies spirituelles commencèrent à s’échapper au niveau de ses pieds. Longeant le sol, ces particules concentrées disséminèrent jusqu'à plusieurs centaines de mètres à la ronde un intérêt puissant pour cet idiot masqué. Joyeusement, il entreprit de courir autour de la fontaine en batifolant et chantant un air douteux : une chansonnette pittoresque qu’il tenait de son voyage au-delà du Yermo.

« Dance sur le sable blanc,
Chante sous le soleil éclatant,
Et… mange ton prochain ! ♫»

Evidemment, les Hollows étaient de piètres compositeurs et les paroles totalement inappropriées au contexte. Mais cela ne gênait nullement notre jeune étudiant virevoltant dans la pénombre.

Chair. Écorche, arrache et mâche. Squelette. Croque, incruste et accapare. Rituel mille fois répété. Rituel intériorisé. Rituel qu'elle aurait cru immuable. Et pourtant, une silhouette non loin de sa pitance, stoïque à la vue de pareil spectacle. Silhouette familière. Différente des parasites qui l'ont jusque là épiée. Un temps figée, son expression crispée à identifier cet individu se dilate ; d'abord de surprise, puis d'allégresse. Sans l'ombre d'une hésitation, la prédatrice abandonne la carcasse sanguinolente d'un sans-abri malchanceux pour fondre dans les bras de son père. Du moins, telle est son intention. Néanmoins, l'arrête net la réaction profondément désapprobatrice de ce dernier.

-NE ME TOUCHE PAS !

La trombine choquée. Choquée d'être ainsi accueillie par une personne ayant obsédée ses pensées, et ce, depuis son évasion de cette structure qui l'avait cueilli à l'issue d'une longue période de faiblesse. L'obsession de le retrouver après l'avoir perdu de vue. La joie irrépressible d'enfin sortir de plusieurs années d'errance solitaire. Une joie réprimée de force par l'unique lien la gardant de la folie la plus pure.

-Bon dieu... Muda... Qu'as tu fait ? Est-ce seulement réel ? Une blague... J'aimerais que c'en soit une... Mais c'est vrai... N'est-ce pas ? ... QU'EST CE QUI T'AS PRIS ? … Réalises tu ? LE RÉALISES TU ? TU N'ES...Tu n'es qu'un...

Tétanisée... Tétanisée tandis que son père l'accable d'un mal qu'elle ne parvient à cerner, rajoutant à sa détresse muette. Une claque, qui chatouille à peine sa joue, mais blesse puissamment son esprit. Qu'as t-elle fait ? Que doit-elle faire ? La manière dont tournent ces brimades... Pour lui aussi... Un monstre ? L'appréhension a tout juste le temps de germer que ce qui la repoussait jusque là la prend subitement dans les bras.

-Tu ne peux pas... Tu ne peux sciemment pas commettre des atrocités pareilles... Muda, s'il te plaît, ne recommence plus... Plus jamais...

*

Non retournés dans cette prison, à la place, un appartement. Grand et luxueux appartement, que Yoichi présenta comme leur nouvelle maison, faute de mieux dans l'immédiat. Ces nuits passées à s'introduire furtivement dans la chambre de son père assoupi, des heures à l'observer, ne se convainquant que difficilement de la réalité de cette situation aux allures oniriques. D'être servie, au lieu de se servir directement dans une masse bouillante de vitalité, brusque ses habitudes, autant que sa perception du monde environnant. Alors comme ça... Elle aussi ? Elle peut se nourrir comme le font ses proies ? Elle aussi ? Elle peut subsister dans ce monde sans recourir à la chasse ? Elle aussi ? Elle peut vivre dans l'insouciance de sa survie ?

Un confort dont la Muda n'aurait jamais imaginé jouir un jour. Tous ces moments passés à lui parler de leur maison qui les attendaient à Tokyo. Lui raconter sa rencontre avec sa mère. Essayer d'expliquer les choses de manière à ce qu'elle les comprenne. Chaque jour, plus de questions qui trouvent leur réponse. Du caractère inédit de simplement discuter. Les premières conversations les plus difficiles, mais malgré tout, que ce soit régulier rend plus facile l'exercice même d'échanger, au point que commencent à se formaliser des discussions plus... banales.

Régime inhabituel à en devenir nocif. Non du changement en lui même, mais de la coupure nette avec un ingrédient particulier, que commence à lui réclamer son fullbring vorace. Au point que ce dernier le déporte, de manière quasi inconsciente, jusqu'à l'extérieur. Retrouver son esprit prédateur et se ressaisir juste à temps pour un poivrot qui s'était aventuré sur son terrain de chasse. La réminiscence d'une claque... d'une réprimande... La peur de revoir cette expression sur le visage de son père l'empêche de se nourrir comme elle le voudrait. Ne pas manger d'humains... Des heures prises à tenter de lui faire comprendre ce qui faisait de cette pratique un mal. Peu convaincue, l'idée de le décevoir à nouveau suffisait toutefois à la dissuader, allant plutôt chercher son bien dans la carcasse d'un chien errant.

La nuit suivante, le besoin inintelligible de retourner là où s'était déroulé ce combat qui l'avait défaite. Les bâtiments déjà reconstruits, la chaussée refaite. Difficile, à partir de là, de bien se remémorer cette expérience douloureuse. Le visage de ses ennemis d'alors. Douleurs fantômes au niveau de sa poitrine, par où l'avait empalé le projectile de ce monstre. Force-t-elle sa mémoire que lui prend l'envie soudaine de se diriger vers l'endroit de la veille ; le parc. À cet endroit, un drôle d'énergumène, trottinant et chantonnant. Autour de lui, une espèce de vapeur étrange, que la Muda ne s'explique pas. En lui, une force. La même que Real. La même que les deux autres. Un fullbringer. Ou presque. Une impression supplémentaire, qu'elle éprouve pour la première fois. Une curiosité. Curiosité qui l'incite à sortir de sa cachette en vue de se rendre visible à son semblable. Silencieuse, la mine désappointée. Son attitude, comme si elle venait de se faire prendre de court par une initiative qui n'est pourtant que de son seul fait. Oui... Que venait-elle faire là ?

La danse du babouin se poursuivit un bon moment. Sautillant gaiement, il effectuait ses petits tours patiemment en attendant que le prédateur se montre. Ce petit jeu le divertissait beaucoup : être une proie facile s’avérant finalement être coriace. Une farce en soit, dont le jeune homme s’était amusé d’exercer au Hueco Mundo. Stupide et faible, les bébêtes masquées tombaient facilement dans la gueule du loup. C’est ainsi qu’en étant chassé, l’on devient chasseur. Mais cette fois-ci, mon petit doigt me dit qu’il en sera autrement.

Dans son attente incertaine, le bougre jubilait à l’idée d’attirer une chose extraordinaire qui occuperait sa soirée. Il s’imaginait un tas de situations improbables et délirantes, menant en bateau tout un lot de créatures et d’êtres étranges avant de trouver le moment inopportun pour leurs montrer le grand jeu. La moindre pensée de tomber sur plus fort que lui ne lui traversa même pas l’esprit. En même temps, quoi d’autre qu’un pitoyable monstre se serait attaqué à un chien ? Pas même un Hollow l’aurait fait. Là était le réel problème. Notre étudiant s’était emporté pour peu de choses, une vulgaire dépouille qui pouvait très bien être l’œuvre d’un animal quelconque. Néanmoins, il suivait tête baissé son pressentiment irréaliste, sans même concevoir avec rigueur une hypothèse crédible. Le Fullbringer ne connaissait en réalité pas grand-chose en dehors du monde désertique et de leurs habitants. Il n’avait jamais rencontré face à face autre chose que des âmes déchues. En effet, les guerriers dotés de sabre lui étaient étrangers tandis qu’il ignorait l’étendue des pouvoirs que pouvaient développer ses semblables. Agréablement surpris depuis le jour où un monolithe de cristal était apparu à Karakura, notre héros s’attendait à tout de la part d’une entité spirituelle. Son monde ne tournait plus qu’autour de ça.

Durant la misérable chorégraphie du personnage, une chose s’était glissée peu à peu vers lui. Une tueuse, celle qui a bouffé ce pauvre chiot ? Kanshin n’en savait rien et à vrai dire il ne l’avait pas remarquée jusqu’à ce qu’elle se montre à lui. Aussitôt, il arrêta tout : ses gestes dérisoires, son chant insupportable et l’impressionnant intérêt qu’il dégageait de par son don. L’épaisse énergie qu’il émettait s’évanouit soudainement dans l’atmosphère. A travers les verres de son masque, son regard se posa sur ce qu’il semblait être qu’une banale jeune femme. Un peu pâlotte la fille ! Mais rien qui inspirait une attention ou un danger particulier à son égard. Déçu, notre individu n’avait attiré qu’une simple humaine un peu trop curieuse et pas très fraiche. Du moins c’est ce qu’il pensait et il commença à faire son char à la lune dans une dégaine ballante :

« Pourquoi dieu m’en veut-il à ce point ? Me livrer un être aussi méprisable était la pire des choses à me faire ! »

Lentement, cet homme abattu se rapprocha de la seule personne qui à éprouvée l’espace d’un instant de l’intérêt pour lui. Ce dernier songeait finalement à l’embêter un peu, quitte à jouer ce soir, autant le faire avec cette pauvre dame. Elle s’avérait ne pas être très bavarde, quel dommage. Crierait-elle s’il tentait de l’effrayer ? Pourtant, s’il y avait bien quelqu’un de flippant ici, c’était bien cette humanoïde délavée. Ses yeux d’un éclat vif et perçant donnaient la chair de poule, sans parler de ces cheveux au noir intense contrastant admirablement bien avec sa peau. Redressant son masque à gaz pour mieux voir, le déambulant continua à la reluquer oubliant l’idée de la tourmenter. Merde alors ! De l’énergie spirituelle découlait de ce qu’il voyait à présent comme une entité à part entière. Un dieu de la mort, se demanda-t-il ? Non, elle était humaine, il n’y avait pas de doute là-dessus. Kanshin ne savait plus quoi faire, sa curiosité et naïveté le poussa seulement à se rapprocher au plus près d’elle. Plaçant son visage au niveau du sien, à quelques centimètres, il lui demanda ceci avec la plus grande courtoisie :

« Veuillez m’excuser pour ma démesure. J’ai le sentiment que nous sommes pareilles tous les deux, qui êtes-vous dont ? »

Observant par la même occasion les pupilles écarlates de cette étrange demoiselle, une mèche tombante vint perturber ce tête à tête. D’un souffle finement dosé, le jeune homme écarta ses cheveux gênant tout en soupirant à la figure de son interlocutrice. Dans un léger sursaut, il recula, embarrassé de son geste. Un sourire charmant tenta d’apaiser cette petite chatouille.

Un type curieux. De le voir se couvrir le visage avec une espèce de masque étrange... L'un de ces monstres nuisibles ? Rachitique qu'était ce drôle d'oiseau, l'évidence de sa méprise convainquait même la Muda. Pourtant, une subtilité dans ce qu'elle se représentait comme étant l'odeur de son vis-à-vis. Un semblable de Tibors ? Un arrancar ? Elle put en douter un instant ; demeure cette empreinte proche de celle de ces pseudos prédateurs. Vague similitude. Suffisante pour animer une étincelle de méfiance. Une étincelle de vigilance ô combien appropriée, au regard de la puissance que lui inspirait cet étranger. Une possibilité que son instinct se trompe. Une possibilité moindre, son instinct ne lui faisant que rarement défaut.

Silencieuse, statique, un tantinet hésitante ; la prédatrice trouve tout l'inverse en cet humain pour le moins... différent de ce qui lui était donné de rencontrer, d'ordinaire. Une confiance ainsi qu'une assurance sans pareille, là où, en temps normal, sa simple présence invitait, au minimum, à la grimace. Pour que s'explique cette nonchalance aveugle, ce fullbringer ne devait pas venir de cette ville... voire de ce monde. À moins d'être d'un naturel inconscient.

-Méprisable ?

Drôle de mot que celui-là. Première fois qu'il lui est donné de l'entendre. De deviner la remarque désobligeante à l'observation de son allure dédaigneuse. S'en offusquer ? Au moins se renfrogner, les sourcils froncés, l'expression fermée. Prendre la mouche ? Extravagance du personnage qui la dissuade de tout jugement trop hâtif. De le voir se rapprocher d'elle jusqu'à empiéter sur sa sphère intime. Une pudeur qu'elle n'avait pas. Et pourtant, la surprise visible sur son visage livide. Non choquée de la proximité avec ce congénère, mais plutôt que ce ne soit elle qui en ait pris l'initiative.

Des tremblements. Non d'énervement, pas plus de frayeur... d'envie. L'odeur frappante. L'ossature du chien de l'autre jour insuffisante pour contrebalancer l'appétit vorace de sa charpente. De se retenir de fondre sur le téméraire pour incruster ses crocs dans sa boîte crânienne... Sans compter ce brin d'inconnu attisant d'autant plus sa curiosité gustative... Un souffle venant caresser sa trombine... La goutte... Il recule ? Cette action n'allait certainement pas le sauver. De se déporter d'un claquement devant lui, dans l'optique de ne lui laisser aucune chance d'esquive. Saisir sa tête entre ses deux mains. La tourner légèrement pour aussitôt lécher sa joue dans sa longueur. Ses iris tremblotantes au niveau de ses paupières. De prendre le temps de savourer... de goûter... délectation.

Réminiscence d'une claque. Un spasme en résulte. Spasme la faisant relâcher l'objet de sa gourmandise. Reculer à son tour, les mains encore tournées vers sa proie, toujours hésitantes. Hésitantes d'en extirper quelques bouts de chair. En extirper dans l'unique dessein que d'aller plus loin dans la dégustation. Pour autant, se contenir... Une promesse tenue... De ne plus céder. Et elle ne céderait plus. Le regard fuyant pour ne plus se laisser tenter. Sa main pressant puissamment son bras droit.

-Pardon... Pardon monsieur... Je voulais pas...

Se rappeler de questions posées plus tôt. Un prétexte pour passer à autre chose ? Pour que s'efface de l'esprit de son interlocuteur cette facette de sa personnalité.

-Muda... Je m'appelle Muda. Fullbringer. Real m'a dit ça. On est des fullbringer... Toi... Un peu différent. Une odeur dans ton odeur... La même odeur que ces monstres. Comment ? Comme Tibors ? Non. Différent. Quoi alors ?

Ce sourire amical ne changerait rien pour l’étrange femme. Tout portait à croire qu’elle éprouvait des émotions… différentes du commun. Ses tremblements à l’instant par exemple, ils ne signifiaient pas une quelconque forme de peur, non. C’était autre chose que le jeune homme n’eut le temps de découvrir de lui-même. Il fallait qu’il dise quelque chose, un truc pour briser cette courte ambiance oppressante. Mais, dans un mouvement vif qu’il ne put suivre, l’humaine le surprit en se rapprochant à son tour de lui. Elle lui agrippa la tête sans même qu’il puisse réagir pour la faire pivoter légèrement. Alors que la victime ressentait la peur au ventre, son regard craintif fixa la prédatrice. Qu’allait-il advenir de ce chétif gamin à la merci de cette effrayante inconnue ? Impuissant, le petit Kazuki pouvait se faire crever sans le moindre effort. Mais il en fut autrement, la femme prit un plaisir malsain à léchouiller le visage de sa proie avant de la relâcher. Libre sans véritablement l’être, le Fullbringer était tétanisé devant la réaction pour le moins étrange de cette tarée. À la fois gênée et tremblotante, elle semblait se contenir pour ne pas bondir à nouveau. Quelle plaie d’avoir attiré un tel monstre ! Ce petit idiot avait cherché les emmerdes et le voilà dans une situation qu’il ne pouvait gérer.

Un pardon difficilement acceptable se glissa aux oreilles de notre protagoniste. Comment pouvait-il ignorer ce qu’elle venait de lui faire ? Sans compter que sa rapidité était telle qu’elle pouvait réitérer l’action comme bon lui semble. Cette dame blafarde avait beau dire qu’elle ne voulait pas faire cela, Kanshin resterait à présent sur ses gardes. Elle tenta de s’échapper de la situation en répondant à la question soigneusement posé juste avant. Une considération qui rassura l’étudiant, au moins elle avait l’intention de discuter et de rendre cette rencontre amicale. Son nom était donc Muda et tous deux étaient des Fullbringers. C’était bien la première fois que notre héros entendit ce mot, jusque-là il n’avait aucune idée de qui il était. Cela ne lui apportait guère de savoir finalement. Ce qui retint davantage l’attention du blondinet fut la remarque de sa semblable. Une odeur dans son odeur… Quelle était cet amalgame bien tordu ? Dans l’ignorance, le concerné fit le pitre en sentant ses dessous de bras. Puis, il finit par comprendre l’interrogation de la jeune femme. C’était l’occasion de calmer le jeu et d’inviter cette petite à discuter paisiblement.

« Oublions cet incident et vient dont discuter de tout ceci sereinement. »

Inconscient, peut-être, il lui proposa de s’asseoir au bord de la fontaine, là où il dansait auparavant. L’endroit est convivial, idéal pour papoter sans éveiller la bête qui sommeille en elle. Kanshin prit alors place sur le marbre froid tout en souriant amicalement. Une petite tape portée à côté de lui confirmait la proposition faite à l’instant. Il se mit alors dans une position plus confortable, en tailleur, puis commença une réponse à l’interrogation.

« Cette odeur, tu veux parler de l’énergie spirituelle pas vrai ? Je ne pourrais pas vraiment te dire en quoi la mienne est si différente. J’ai passé, jusqu’à récemment, une année entière dans le monde de ces monstres. Cela explique certainement cette impression. »

Pourtant, ce qu’avait ressenti Muda était bien plus qu’une simple trace laissé par ce voyage au Hueco Mundo. L’odeur si significative provenait en réalité du masque à gaz, source du Fullbring de "l’attention". En effet, il appartenait à un Adjuchas mort à présent, et dont une partie de l’âme s’y était réfugié. Tous deux l’ignorèrent, et la discussion se poursuivit sur la dimension des êtres déchus. L’humain lui conta comment ces Hollows se bouffaient littéralement entre eux. Une histoire qui eut toute l’attention de la jeune femme. Puis, il lui expliqua qu’il n’avait pas d’autres choix que de manger à son tour ces sauvages pour survivre. La situation dérapa à ce moment-là, quand l’idée de dévorer une de ces créatures vint à l’esprit de la prédatrice. Les mêmes mimiques qu’auparavant resurgirent tandis qu’une aura meurtrière se dégageait d’elle. Cela ne présageait rien de bon pour boucle d’or. Il s’écarta vivement afin de prévenir d’un éventuel assaut. Toutefois, la chance lui sourit quand une bestiole masquée apparue non loin d’ici. Ils le ressentirent tous les deux. Dans un dernier regard porté vers son interlocutrice, Kanshin lui fit un petit signe de la tête en direction du Hollow.

« Je te laisse t’en charger, tu en meurs d’envie… On sera amené à se revoir j’imagine. À la prochaine ! »

D’un Bringer Light, l’étudiant s’échappa dans la direction opposée. Une fuite précipitée, qui se justifiait tout à fait face à un tel personnage. Néanmoins, il avait apprécié de rencontrer une de ces semblables, même si celle-ci était spéciale. Il irait à présent se reposer, la journée était longue depuis son retour.

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