Une nouvelle balade à travers Las Noches, une nouvelle aventure en elle même. Une nouvelle escapade, repousser ses limites. Toujours plus loin. Toujours plus proche de la mort, de l'extinction d'elle même. Elle était fraccion d'une puissante Espada, les envieux étaient nombreux tout comme les adversaires également. Pourtant il fallait se forger des alliés dans cette cour qu'était Las Noches. Il fallait servir des intérêts pour survivre, pour demander un service en retour. Pour le moment le dragon cherchait des alliés puissants, elle s'offrirait, elle servirait un maitre de plus tout en restant fidèle à sa maitresse. Des allégeances il fallait qu'elle en jure beaucoup pour progresser. Il fallait évoluer, sans cesse, plus d'évolution physique. Une évolution de sa force, de ses capacités. Indéniablement cela passait par un courbage d'échine à tous ceux qui sauraient rendre plus puissante le dragon.

Freya ne faisait aucune faute pour l'instant, discrète et inexistante sur le plan politique ou même social. Personne ne savait qui était la fraccion. Personne ne savait d'ailleurs que la Septima avait une fraccion, l'arrancar avançait pas à pas dans ce nouveau monde. Elle avançait en prenant soin de préparer ses approches. Elle devait apprendre à reconnaitre les maitres qui dirigeaient ce monde. El Rey en était un, inapprochable. Il restait un guerrier, une bête, une machine de guerre. Il ne saurait s'enquiquiner d'une faible. Il avait tolérer sa présence et elle ne saurait demander d'autre choses à son Roi. Non il lui fallait quelqu'un d'autre, une personne qui serait apte à l'aider bien sur rien ne serait gratuite, mais pas une personne qui était juste fort. Une brute épaisse ne lui serait d'aucune aide.

Le dragon cherchait tout en marchant, en baissant une nouvelle fois la tête, elle esquivait toujours les couloirs sombres et se faufilait furtivement comme une ombre parmi les dédales du palais. Il y avait aussi des sobriquets qui circulaient, un Empereur à Las Noches. Il n'y avait pas qu'un Roi donc? Un Empereur, un titre bien plus honorifique qu'un Roi. Un Empereur invisible donc, il devait pratiquement aussi fort que le Roi pour avoir le droit d'avoir ce surnom. Fort et intelligent car si il y avait une chose qu'avait vite apprit le dragon c'est bien que les abrutis ne font pas long feu à Las Noches. La cour se débarrasse d'eux comme ils sont venus, poussière ils deviennent. Poussière, un frisson parcours l'arrancar. Elle n'est pas seule, elle est suivie? Par qui et pourquoi. Inquiétante présence. Elle court désormais, sans se retourner. Et puis au détour d'un couloir elle le rencontre. Immédiatement elle met genoux à terre. Ne sachant pas à qui elle s'adresse, si jamais elle devait lui parler. Il est dans tous les cas bien au dessus d'elle. Elle ne le regarde pas dans les yeux. Elle attend simplement qu'on lui parle. Ne jamais parler pour rien, des paroles inutiles et c'est la mort. Dans le pire des cas il la tuerait, dans le meilleur elle ne voit encore de meilleur solution. Elle ne voit que son stress et cet individu qu'elle n'ose regarder.

Sans le savoir elle vient de rencontrer celui qu'elle cherchait, Borick El Emperator. Sans le savoir cette rencontre la changera à jamais.

Le timing était parfait. Et c'est avec un intérêt tout particulier qu'il observait l'Arrancar poser genou à terre face à lui. Un instant il en fut presque surpris, sachant comme il était courant ces derniers temps de tomber sur des êtres trop aveuglés par leur propre puissance pour se rendre compte de la supériorité de ceux qui se dressaient face à eux. Ils l'avaient tous regrettés : Borick n'était pas homme à laisser faire lorsqu'on lui manquait ouvertement de respect. Mais force est de constatée qu'aujourd'hui, il ne ferait pas face à un idiot. Ou une idiote, dans le cas présent.

Son Exequias, qui suivait la femme depuis quelques temps, se dissipa au moment précis où leur maître fit son apparition. Il ne tolérait aucune ingérence dans ses affaires, pas même venant de sa propre unité. Pas étonnant alors à ce qu'il se retrouve seul face à elle. Il ne la connaissait pas vraiment. Mais ce qu'il savait d'elle lui suffisait à faire son entrée en scène. Que l'on appartienne à l'Espada d'une manière ou d'une autre n'était en rien une protection face à cet homme. Et s'il connaissait le grade de cet Arrancar, l'information n'avait pas été facile à récolter. Mais rien de ce qui se passait au sein de Las Noches n'échappait à l'Empereur. Du moins aimait-il s'en convaincre. Le nom de la créature lui échappait, néanmoins. Mais il ne tenait qu'à lui d'y remédier.

Alors qu'il se rapprochait d'elle, il fit un geste pour essayer de capter son attention. Mais sans doute que le trouble qui habitait cet être était trop grand, ce qui expliquait qu'elle fuit ainsi son regard. Ne restait plus qu'à prendre la parole. Il était de toute façon là pour ça.

- Relève-toi donc... Il ne sera pas facile pour nous de discuter si tu restes dans cette position, aussi flatteur que cela puisse être pour moi.

Dans son ton, on pouvait aisément déceler de l'amusement. Il ne se moquait pas, loin de là. Seulement il était agréable de débuter une discussion sans devoir se montrer moralisateur. Pour l'Ange blond, c'était une bénédiction. D'un simple geste, il remit en place les mèches qui tombaient devant son visage, prenant un soin tout particulier à garder cacher cette portion de masque qui se trouvait derrière cette chevelure opulente.

- Mais je manque à mes devoirs et je te prie de m'en excuser. Je suis Borick "El Emperador", Seigneur et Maître de l'Exequias. Je ne souhaitais pas t'effrayer. Mais vois-tu, de par les fonctions qui sont miennes, je me dois de contrôler les allers et venues des Arrancars qui traversent Las Noches. Et mon unité m'a rapporté ta présence. Discrète, certes, mais rien ne m'échappe sur ce territoire.

Il lui souriait avec tendresse. Et bienveillance. Qui pouvait croire, en le regardant ainsi, qu'il était en réalité l'Arrancar le plus puissant et le plus terrible qui se trouvait dans cette Citadelle ? En dehors de la Panthère, évidemment.

- Tu aurais bien quelques instants à me consacrer, n'est-ce pas ?

Il ne s'agissait en rien d'une requête. Et l'Arrancar face à lui l'avait sans doute déjà déduit. Mais il était toujours plus agréable de se voir poser la question plutôt que d'imposer. Le sentiment d'avoir le choix, d'avoir son propre libre-arbitre, permettait souvent de dénouer les pires situations. Même si en ce monde, ce n'était qu'une chimère.

Impressionnant, impressionnante cette rencontre dans ce palais. Alors que la borgne regardait toujours le sol pour ne pas croiser le regard de cet individu dont la pression spirituel devait exterminer la sienne. La présence qui la suivait avait subitement disparue. A ne rien y comprendre, calmement l'arrancar analysa les données qu'elle comprenait. Peu de choses à vrai dire mais si sa propre force n'avait rien à envier avec les brutes qu'étaient la plupart de ses pairs, elle avait autre chose. Un cerveau, des plans et une envie de pas mourir en combattant pour une cause encore trop floue à ses yeux. Aussi lorsque l'autre présence parla elle l'écouta comme un croyant devant son messie.

Il ne la tuait donc pas, au contraire il lui parlait. Il lui demandait de surcroit de se relever. Le dragon peina à bien réaliser cette information. Elle calma ses émotions encore trop contraires, elle se ressaisit et obéit en docile soldat. Vive elle fut sur ses deux pieds et osa lever le regard pour observer son interlocuteur. Un jeune homme dont le physique n'avait rien à envier aux pouilleux hollows. Un Roi parmi la plèbe, un Roi? Un de plus? Du moins c'est ce que pensais l'arrancar en voyant en face d'elle cet arrancar dont la prestance et le charisme lui laissait croire à une vraie rencontre sincère sans arrière pensées. Bien sur qu'elle se leurrait car en face d'elle, en face du dragon se trouvait un Empereur.

Borick ce fut le nom qu'il daigna lui donner, en bon seigneur il donna aussi ses fonctions au sein de cette forteresse. Chef de l'exequias, l'unité spéciale qui travaillait dans l'ombre. Au contraire lui venait se montrer en plein jour, il était visiblement l'opposé de ce qu'était censé être son unité. La panique monta rapidement en Freya, elle recula d'un pas. Devant un tel sourire que faire? Obéir et répondre juste étaient les seuls options envisageables. Elle obéirait, elle n'avait rien à se reprocher mais les éxécutions sommaires ne manquaient pas. Suffisait que Borick soit en mauvais terme avec Lies et c'était finit d'elle.

Elle déglutit, avec peine et angoisse, passant une main instinctivement dans sa chevelure. Elle ne sentait pas bien le dénouement de cette rencontre. Elle resta calme, du moins en apparence, tentant vainement de calculer ses chances pour que Borick la laisse en vie. Avec une certaine appréhension elle réussit à ouvrir la bouche et à bégayer la phrase voulue par l'Empereur.

-Bien sur, Empereur pour vous je pourrais consacrer plus que de simples paroles.

La phrase de trop, mais cela permettrait au dragon de rebondir.

- Je ne demande pas tant.

La réponse de l'Arrancar n'avait pas tardé alors que la belle se relevait, lui faisant face. Au moins cette discussion prenait une tournure plaisante, ce qui était une excellente nouvelle. Pour autant, bien que la prudence soit de mise et qu'il puisse le concevoir, il percevait de la crainte derrière ce visage. Il est vrai que pour l'heure, elle n'avait rien à se reprocher. Et même son élite n'avait rien rapporté la concernant. Alors pourquoi cette peur ? N'était-ce que l'instinct de conservation ? Si oui, alors elle devenait plus intéressante qu'il ne l'avait espéré. Car qui disait instinct, disait aussi flair pour d'autres choses. Voilà qui était porteur d'espoir.

Quoi qu'il en soit, il n'avait rien à craindre d'elle. Beaucoup d'Arrancars, notamment les nouveaux arrivants à Las Noches, réagissant à la surprise par la violence. Ce qui les conduisait malheureusement à la mort. La Septima avait visiblement trouvé une perle comme Fraccion. Et oui... Bien que la nouvelle ne soit pas encore répandue, El Emperador connaissait ce petit secret. Son sourire ne quittait plus son visage. Il allait pouvoir en apprendre un peu plus directement à la source. Ce qui évitait les pertes d'informations lorsqu'il y avait un intermédiaire.

- Tu es Fraccion d'Espada, n'est-ce pas ma très chère Freya ? De fait, ton allégeance va à la Septima et à personne d'autre si mes sources sont bonnes. Très bien, tu as donc trouvé un bon maître.

Il ne connaissait pas personnellement l'Espada concernée mais comme il l'avait dit précédemment, rien ne lui échappait. Et de ce qu'il savait, il n'avait rien à dire quant aux agissements de Lies. Sauf si bien sûr elle agissait dans l'ombre. Mais pour l'heure, elle restait en dehors de sa surveillance.

- Alors, que penses-tu de notre Citadelle ? Notre Roi est certes un peu colérique mais il tient particulièrement à cet endroit. Le dernier bastion séparant les animaux des hommes selon moi. Bien que je sois un des seuls à partager cette opinion. Au moins ici n'es-tu pas obligé de constamment te battre pour survivre. Une paix toute relative mais qui mérite d'être préservée...

Ce pourquoi il avait accepté ce rôle si particulier de maître de l'Exequias. Dark avait d'abord été surpris de le voir prendre ce poste mais lui plus que les autres avait deviné la nature véritable de Borick. Un homme de lumière et d'ombre. Qui était une figure incontournable de Las Noches mais également son ombre la plus menaçante.

- Depuis combien de temps es-tu au service de ta maîtresse, dis-moi ?

Il s'agissait d'une curiosité toute relative. Mais l'Empereur était un homme insatiable lorsqu'il s'agissait d'obtenir des informations. Curieux de tout, peut-être trop même, il aspirait à découvrir les craintes, les faiblesses et les forces de ceux qu'il côtoyait. Une aptitude qui faisait de lui un homme manipulateur au possible. Et d'une méfiance maladive. Mais c'est grâce à cela qu'il avait survécu si longtemps au milieu des requins. Ce monde n'était pas tendre avec les faibles. Et l'ange préférait utiliser son cerveau et son charisme plutôt que la simple force. Un jour, cela lui coûterait sans doute cher. Mais pour l'heure, cela fonctionnait à merveilles.

La réponse ne se fit pas attendre, l'Empereur jouait avec elle. Le puissant avec le faible, le chat avec la souris. Elle ne savait que trop bien qu'elle ne pouvait pas imaginer rivaliser avec son interlocuteur. Néanmoins elle reprenait au fur et à mesure des paroles échangés un début de liens se tissés avec le chef des ombres. Des liens encore trop frêles pour pouvoir dire quoi que ce soit à leurs propos.

Néanmoins la conversation avançait, doucement mais surement, Borick avait de la prestance et maintenant qu'elle le regardait, qu'elle l'observait elle décelait des détails. Borick souriait, de nouveau comme si tout ceci l'amusait. Comme si Freya n'était que son jouet qu'il pouvait jeter à tout instant. Elle avait ce sentiment, ce sentiment d'être uniquement là pour l'amuser. Si tel était le cas alors se donnerait du mieux qu'elle pouvait.

Elle ne serait pas son bouffon, pas plus qu'elle ne serait son animal de compagnie, elle répondrait avec toutes les formules et courtoisies que sa faiblesse lui obligeait à faire. Si elle avait été plus forte elle aurait pu réclamer et poser des questions. Elle aurait pu s'imposer, ou du moins clamer son rang.

Mais ce n'était pas le cas, elle n'était qu'une fraccion. Son rang lui rappelait ses allégeances, et le devoir que cela imposait. Elle tourna le dos à Borick non par insolence mais par besoin. Elle regardait à travers les fenêtres le Yermo. Le désert, la poussière et le sable. Elle venait de là bas, elle n'oubliait pas. Elle ne devait jamais oublier qu'un jour elle avait été une bête uniquement devenue une arrachée grâce à l'intervention miraculeuse de sa maitresse. La Septima Espada, d'ailleurs Borick lui demandait des informations à ce sujet. Elle allait répondre, le dragon s'accroupit sur le rebord de la fenêtre en retournant son visage vers l'Emperor.

-Je suis au service de la Septima Espada depuis qu'elle m'a sauvée. Depuis qu'elle m'a permit de survivre et devenir ce que je suis aujourd'hui. Sa fidèle servante, je lui dois la vie et je m'acquitterais de cette dette. J'estime que l'honneur et le respect l'emportent sur les instincts violents et carnassiers de notre espèce. Loin dehors ou même proche ils rodent, les animaux rodent seuls ou en meute. Beaucoup se gorgent du sang de leurs pairs, beaucoup à une puissance qu'ils n'auront jamais. Il faut savoir s'arrêter au moment opportun. Je n'aurais jamais pu devenir ce que je souhaitais en restant Adjuchas. En étant arrancar j'ai évitée ma regression. Je suis devenue quelque chose que craignent ou détestent les notres. Les arrachés comme ils nous surnomment, drôle de surnom de la part d'animaux.

Elle divaguait, elle pensait trop et par ce biais elle l'ouvrait trop. Tant pis elle ne disait rien de compromettant. Elle disait juste ses sentiments, elle la manipulatrice, l'ancienne déesse geisha réduite à quémander de l'attention. Elle devait devenir plus forte mais indéniablement cela passait par des alliances, aussi lorsque Borick lui demande son avis sur la citadelle le dragon pesa bien ses mots. Elle lui répondit en mesurant ses paroles, en laissant peser chaque mot.

-La paix n'existera jamais chez les notres, arrancars ou hollows nous sommes tous mués par le même désir de tuer, de contrôler ou d'évoluer. Notre Roi a atteint un stade qu'il n'avait pas avant qui sait ce qu'il peut bien devenir désormais. Chaque âme corrompue comme aiment à rappeler les shinigamis sont des anciens monstres ou des personnes ne voulant pas partir. Nous devenons ce que nos actes forgent, pour la majorité d'entre nous nos actes forgent des tueurs, toujours plus assoiffés de sang et dont leurs faim ne s'arrête jamais. La frontière entre arrancars et animaux est très faible. Le lien qui nous rattache à notre passé est bien présent sur nos corps et à jamais. Nos restes de masques en témoignent. Las Noches est bien évidement le dernier rempart contre eux, néanmoins combien de temps ce rempart tiendra-il? Que peut on faire face à l'instinct de masse?

Une question dont la borgne était sur d'obtenir une réponse auprès de L'Empereur.

Plus elle parlait, plus Borick l'écoutait avec attention. Son intérêt pour elle grandissait à mesure qu'elle se dévoilait. Il doutait même qu'il s'agisse là d'un camouflet : elle parlait avec sincérité sans même savoir que l'Empereur partageait un bon nombre de ses points de vue. Les autres n'étaient que des animaux réagissant à l'instinct. En reniant le bon sens. Et cela signifiait aussi qu'elle n'avait pas seulement évolué que physiquement en devenant une Arrancar : son mental avait pris le même chemin. La Septima avait visiblement pas mal de chance. Et elle montait dans son estime sans même le savoir.

Sa stratégie n'était d'ailleurs pas absurde et elle démontrait un semblant de logique dans les choix qu'elle avait fait. Décider de devenir une Arrachée sous prétexte qu'elle ne pourrait pas évoluer autrement, voilà quelque chose qui avait du sens. Une solution de replis en quelque sorte que l'ange pouvait comprendre. Lui avait fait ce choix car il ne supportait plus sa condition animale. Une autre façon de devenir meilleur. Même si pour lui, cela remontait à suffisamment longtemps pour qu'il en ait presque oublié sa vie antérieure. Le passé ne représentait que peu de chose pour lui, de toute façon.

Toutefois, il y avait un domaine dans lequel il ne partageait pas son opinion. Pas véritablement du moins. Bien que des Arrancars se montrent toujours aussi proches du statut qu'ils avaient en tant que Hollow, Borick croyait fermement qu'en devenant Arrancar, on devenait plus humain. Une vision que peu partageait puisque pour la plupart, ressembler à un homme était un signe de faiblesse. Mais pas pour lui. Pour lui, il s'agissait d'une force.

- Las Noches tiendra tant qu'il y aura des gens suffisamment puissants pour repousser ces bêtes. Bien sûr, on ne peut pas grand-chose contre la masse. Mais la peur est un frein naturel et ces animaux craignent nos semblables. Cette force qui peut terrasser les meilleurs d'entre eux est connue de tous. Ne rejette pas trop vite l'idée qu'il est possible de contrôler cette masse. La persuasion est une arme plus redoutable encore que la force brute. Et celle-ci prend bien des formes : la peur n'en est qu'un exemple. La manipulation de l'autre est parfois plus efficace que la simple mise à mort.

Il parlait là d'un domaine qu'il maîtrisait à la perfection. Et pour cause, il n'existait sans doute pas de personne plus manipulateur que lui dans ce monde. Et c'était un euphémisme de dire ça.

- Vois-tu les Menos Grande ? Ces créatures dont nous sommes issues pour la plupart, bien que cette idée me soit désagréable ? Ils ne sont qu'instincts, ils ne sont que des bêtes. Et pourtant, je contrôle ces créatures difficiles à dompter. Pas parce qu'ils craignent ma force. Mais parce que je suis parvenu à trouver la chose qui me permettrait d'influer sur leur comportement. Si l'on peut contrôler des Gillian, alors nul doute que l'on peut aussi contrôler une armée de Hollows. Ce rempart tiendra, Freya. Et même s'il venait à tomber, je serais là pour le reconstruire. Rien n'est éternel, dit-on. Sauf ma détermination !

Les points de vues se rapprochaient et les points communs apparaissaient. Borick avait beau être un des grands de ce monde il n'était pas dispensé de convaincre la plèbe. La plèbe c'était Freya et malgré le gouffre qui séparait les deux arrancars il semblait évident que Borick avait déjà réponses aux questions que poserait la borgne. Il exposait son point de vue avec une ferveur qui était rare en ces lieux ou la violence prime sur les paroles.

L'Empereur découvrait bien des secrets au dragon borgne. Il en découvrait peut être trop mais il semblait partit dans un monologue qu'écoutait religieusement l'arrancar. Elle ferma son unique œil, elle écouta ce monde parler. Il ne parlait pas, il rugissait, comme un monstre. Comme eux finalement, cette citadelle, ce dernier bastion était l'avenir de leurs race. L'avenir des animaux, ils évolueraient ou mourraient en s'y opposant. Freya se retourna vivement et toujours en écoutant Borick qui finissait son discours regarda le désert. Ce monde désertique l'était surement à cause de la nature de ses habitants. Les hollows ne faisaient pas dans la dentelle et plus ils évoluaient plus la violence primait. Les combats, les luttes fratricides étaient le lot de la majorité d'entre eux.

Avoir une équipe, une harde ou simplement ce qui pourrait s'apparenter à des amis était bien rare ici. Les seuls troupes étaient celle des adjuchas. Ils traquaient ensemble jusqu'à ce que l'impatience les pousse à s'entre décimer. Jusqu'à ce que l'un d'entre eux devienne Vasto Lorde. Oui la guerre et la violence était ce qui régissait ce monde. Les hollows n'avaient d'organisation hiérarchique comme les Dieux de la mort. Non, juste du sang et des larmes. Ils n'avaient que çà à offrir de toute façon. Du sang et des larmes pour ceux qui pouvaient encore pleurer. Pour ceux qui avaient des débuts de sentiments, de compassion ou simplement de passion. La majorité n'avaient comme émotions que la haine, la colère et la vengeance. L'ancienne Espada ne représentait-t-elle pas celà? Les différentes voie de la vie, toutes celle qui menait à la mort.

Ils étaient la mort et se diviser ne servait à rien, la mort ne se divisait pas. La mort attaquait et absorbait toujours plus d'âmes. Freya avait donc un projet, un nouveau, elle réussirait à convier une de ces bêtes à devenir comme elle. Une arrachée, il était préférable de devenir une arrancar que de rester victime de ses pulsions bestiales toute sa vie. De ne rien connaitre que la faim et la solitude. Non en vérité il fallait qu'un ordre soit établit.

-Si vous pouvez contrôler les menos alors vous pouvez surement le faire avec les Adjuchas, ils ne sont plus qu'instincts mais au contraire ils ont déjà une conscience, ils parlent ou grognent mais dans la majorité des cas sont doués d'une intelligence. Ils n'aspirent qu'à évoluer pour ne pas régresser. Je ne dis pas que Las Noche doit être remplit d'arrancars mais pourquoi ne pas les contrôler afin d'établir un ordre. Nous perdons trop des nôtres dans ces guerres, je conçois à entendre et à admettre que se dire que nous avions été ces bêtes est répugnant mais ce sont nos origines, nous ne devons pas oublier d'ou nous venons. Contrôler les Vasto Lorde est impossible comme il est impossible de compter ces grains de sables qui composent notre monde. Je vous crois Empereur lorsque vous affirmez que vous serez notre rempart, une épreuve bien lourde pèse sur vous épaules mais je ne doute pas de vos compétences, bien au contraire vous m'impressionnez.

Elle flattait l'Empereur comme elle avait jadis flatter ses amants. Toujours caresser dans le sens du poil.

Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle comprenne les nombreux double sens qui se trouvaient dans ses dires, ainsi ne fut-il pas surpris de constater qu'elle n'en avait cerné qu'une infime partie. Les mots étaient les armes de prédilection de l'Empereur et il savait les utiliser de mille façons. S'il pouvait parfois paraître difficile de le suivre, il ne faisait évidemment rien pour faciliter la compréhension des autres à son sujet. Cela ne faisait pas que brouiller les pistes, cela pouvait aussi conduire ceux qui cherchaient des informations à son sujet à se méprendre complément sur son but véritable. Un adage humain disait que pour vivre heureux, il fallait vivre cacher. Ce n'était pas complétement faux, encore que Borick était convaincu que la manière la plus efficace de cacher quelque chose était précisément de la laisser à la vue de tous. Il le savait d'expérience, pour le faire au quotidien.

A l'évocation du mot "origine", il ne put réprimer une grimace. Qui en disait long sur ce qu'il pensait de ce terme. Certes, on ne pouvait réfuter ce fait. Il s'agissait de la plus stricte des vérités et l'Empereur ne le discutait pas. Mais en devenant Arrancar, il avait opéré une renaissance. Tant physique que mentale, ce qui faisait qu'il occultait complétement ce passé. Digne d'un cauchemar, ni plus ni moins. A ses yeux, il n'y avait pas de "passé de Hollow". Seulement un avenir d'Empereur. Le reste n'était que poussière au vent. Oublier d'où il venait ? Il y avait bien longtemps que c'était déjà fait. Et ces mots sonnaient creux aux oreilles du blondinet.

De toute évidence, s'il trouvait un intérêt à asservir les Gillian pour en faire des pions de combats, il n'éprouvait strictement aucun intérêt à faire de même avec les rangs supérieurs. Quoi que pour les Vasto Lorde, la question se posait. D'ailleurs, il finit par sourire.

- Impossible de contrôler les Vasto Lorde, vraiment ?

Un éclat particulier brillait au fond de ses yeux. Le nom d'Alecto résonnait également dans un coin de sa tête tandis qu'il observait Freya. Il pouvait contrôler n'importe qui. Même si ce n'était pas que par la puissance. Le pouvoir des mots était terrible. Et prendre l'ascendance sur les autres était devenu tellement naturel pour lui qu'il ne s'en rendait presque plus compte. Mais ce qu'il ne pouvait dire, c'est qu'il exerçait ce contrôle sur ceux que l'on nommait "Arraché". Un travail de longue haleine mais qui portait ses fruits. Plus encore que de simplement envoyer ces rébus du monde Creux à la mort pour lui.

- Mais qu'importe ce que l'on peut faire ou pas. Je ne suis pas prêt à accueillir à bras ouvert ceux qui dénigrent l'humanité qui nous a été offerte. Même parmi ceux qui se disent frère ou sœur, il y a des restes de cette animalité écœurante. Je ne sais pas comment tu en es venu à briser ce masque et à évoluer, mais il s'agit là d'un acte qui t'a changé. Irrémédiablement. Car si la faim pousse ces bêtes à s'entretuer, qu'est-ce qui te pousse, toi, à marcher aux côtés de la Septima. Qu'est-ce qui te permet d'avancer ? Si tu as la réponse à cette question, alors cela signifie que tu meilleure que beaucoup de nos chers Espada.

Flatterie, vraiment ? Pas nécessairement. Il s'agissait là d'un fait. Nombreux étaient ceux à avancer à l'aveugle sans jamais savoir quoi faire. De simples pions tout juste bon à obéir aux ordres. Mais les Arrancars, selon Borick, devaient espérer mieux.

De toute évidence le débat devenait de plus en plus précis. Bientôt le dragon tomberait à cours de grands discours. Manier le verbe comme une arme était tout un art, art dans lequel Freya n'excellait pas. Pas encore pensait la jeune femme. Elle réussirait un jour à devenir aussi importante qu'omniprésente. Elle prendrait sa place en Las Noche. Rey ou pas, son allégeance ne se décidait pas sur un coup de tête. Elle donnerait ses armes et ses moyens à celui qu'elle déciderait être son mentor. Borick était en bonne position. Peut importe si il voulait être diriger Las Noche ou non. Il était aussi intelligent qu'effrayant. En effet il avait une réponse visiblement à tout ce qui inquiétait légèrement l'arrancar. Si il savait tout pourquoi prenait il le temps de l'écouter sur des sujets ou visiblement sa réponse surpassait largement celle de la fraccion. Aucune idée, néanmoins Freya apprenait tout en argumentant ce qui l'instruisait, elle avait ouïe dire qu'une fois une arrancar fraichement arriver avait osé tenir tête à Borick. Il avait utiliser son reiatsu pour l'étourdir. Elle ne ferait pas cette erreur.

De nouveau une question de la part de L'Empereur, décidément on ne s'arrêtait plus une fois lancé avec Borick. Mais la question était aussi importante qu'elle marquait la fin des échanges. Freya ne trouvait plus de questions pour l'instant mais gardait une proposition pour son interlocuteur. Mais revenons à nos moutons, ou dans le cas présent à nos questions, celle ci concernait une partie intime de Freya. En effet la question avait du point de vue du dragon comme objectif de la pousser à dévoiler ses motivations et ses attentes. Borick la flattait en lui disant que si elle avait réponse elle plus intelligente que les autres espadas. Dans ce cas il convenait de peser chaque mot et bien parler. Elle avait fait un sans faute pour l'instant ce n'était pas finir sur une grosse erreur. Les motivations étaient déjà présentes en Freya. Mais elle en avait plusieurs, chacune dessinait son propre chemin qui ne rejoindrait jamais celui des autres. Elle aspirait pour l'instant à survivre mais ce qui la poussait à suivre la Septima Espada était plus terre-à-terre.

-La survie, la survie me pousse à suivre ma maitresse. Je lui dois la vie comme je vous l'ai dit et je compte bien étancher cette dette. Pour l'instant faible comme je suis ne peut prétendre à lui apporter quoi que ce soit mais j'essaye quand même. Qui ne tente rien n'a rien n'est ce pas? Ce qui me pousse à avancer est également l'aspiration du rang. Comme chacun d'entre nous j'imagine, je ne cache pas qu'un avoir un rôle plus important flatterait bien mon égo et me donnerait une illusion de pouvoir. Mais le pouvoir confié à des imbéciles ou à des faibles est inutile. Alors j'attend, voilà ce qui me pousse à avancer, la puissance non pour la clamer sur chaque toits du palais mais plutôt pour en être fière. Oui Empereur j'aspire à être fière de moi même. Je n'ai d'autre prétention et celle ci me semble bien importante.

Et la proposition aussitôt le discours finit.

-Avez déjà voler à dos de dragon Empereur?

Pour finir en beauté

La survie était une justification suffisante pour l'Empereur, d'autant qu'il la cautionnait également. Mais il n'en faisait pas sa voie principale, bien au contraire. S'il avait évolué, c'était principalement pour ne plus être une bête. Ne plus être cette chose immonde qui vivait encore en lui. Une forme si monstrueuse, si loin de ce qu'il était réellement qu'il répugnait à y faire appel. Sauf dans les cas les plus terribles où la survie l'emportait sur le simple honneur. Il n'était pas fou au point de faire un mauvais choix. Son projet primait sur le reste, qu'importe ce qu'il devait faire pour y parvenir. C'est aussi pour cela qu'il avait besoin de pion.

En ce qui concernait cette femme, il était évidemment trop tôt pour se décider. Intelligente, elle l'était. Mais Cela ne garantissait pas une entrée directe dans ses petits projets. Enfin, la proposition arriva. Si cette dernière avait quelque chose d'étrange, il gardait pour lui son avis. Dos de dragon ? Était-ce là la forme véritable de cette créature ? Une forme animale certainement noble pour elle mais qui pour l'Ange n'était en réalité qu'une aberration. Puis quelle question... Son sourire s'effaçait de son visage tandis qu'il se rapprochait d'elle. Alors qu'il était face à face, il plongea son regard ambré dans les yeux plus sombres de Freya, comme s'il désirait éventrer les défenses de la belle. Cela ne dura qu'une poignée de secondes. Puis il dépassa la jeune femme, remettant ses mains dans les poches de sa veste.

- Je n'ai jamais eu cette opportunité, Freya. Mais je dois dire que cela ne m’intéresse pas. Je suppose que tu fais allusion à la forme véritable qui est la tienne... Contrairement à ceux qui se veulent être mes frères ou mes sœurs, j’exècre la forme véritable qui est la nôtre. La mienne comme les vôtres. Je ne prends aucun plaisir à vous voir ainsi, apparenté à de simples bêtes. Oh ! Je sais qu'il est étonnant d'entendre un Arrancar parler comme je le fais. Mais tu t'y habitueras si tu as vocation à rester à Las Noches.

Borick était parfois pointé du doigt mais son charisme naturel imposait d'emblée le respect. On pouvait dénigrer ses pensées et sa façon de juger les autres Arrancars, il n'en restait pas moins un homme qui fascinait. Que cela soit en bien ou en mal ne le concernait pas. Il fit encore quelques pas.

- D'autres affaires requièrent mon attention ailleurs, je vais donc prendre congé de toi. A très bientôt, Fraccion. Nous nous reverrons, soit en sûr.

Et en un éclair il disparut. Insaisissable, il l'était. Sans doute un peu mystérieux aussi. Mais il ne prenait de risques avec personne. Et Freya venait tout simplement d'aiguiser sa curiosité. Le temps seul dirait si c'était une bonne chose.



Fin du rp