La Société des âmes se mourrait dans la fièvre d’un printemps aride. Le ciel s’abandonnait à la complaisance d’un azur immaculé sans une ombre de nuage, en véritable dôme bleu infiniment désertique de toute fraicheur. Au milieu de l’étendue flottait en souverain un soleil si intense qu’il aveuglait durablement la vue de quiconque le regardait trop longtemps et qui, plutôt que de dispenser une paisible chaleur au monde, le noyait sous des vagues et des vagues de fournaises incessantes. L’air fondait sur lui-même, brouillant les sens ; le sol ardent brûlait la moindre parcelle de chair trop inconsciente pour l’effleurer ; on suffoquait dans ses vêtements, on transpirait dans sa moiteur, et on croyait que l’enfer venait de prendre place ici-bas, que jamais plus on ne sentirait le vent ou la pluie, tous deux choses destinées à l’oubli, remplacées par un zénith éternel.

Pourtant, malgré la canicule, l’atmosphère étouffante, la Quatrième Division rappelait en tout aspect un tombeau. La lumière du jour ni son feu ne semblaient avoir une emprise sur le lieu ; une évanescence glacée hantait les couloirs, les salles, et on se surprenait parfois à frissonner, mais moins de ces spasmes dus au froid qu’au malaise inconscient qui glissait le long de l'échine. Les médecins et les aides-soignants parlaient entre eux à mi-mots, s’échangeaient à peine quelques regards, et l’activité de l’hôpital se résumait à un curieux ballet fantôme.
Le cœur de la division se trouvait au plus loin ; une aile rajoutée suite à d’importants travaux, tenant office de siège du commandement depuis quelques mois à présent. Le berceau du pouvoir, à l’image du reste des bâtiments, s’était tourné en un espace étrange sous l’injonction de sa maîtresse.

Une longue pièce, presqu’une nef, où le sentiment de bizarrerie atteignait son apogée. Le sol se recouvrait d’un parquet en bois sombre dont les motifs et les ciselures paraissaient se congestionner au coin de l’œil, comme vivants. Des colonnades de marbre blanc s’hissaient symétriquement jusqu’au plafond haut ; de ce dernier pendaient de lourdes draperies rouges se chevauchant les unes et les autres, une mer de tissu carmin à l’onde agitée alors que, précisément, aucun souffle d’air ne venait les gonfler. Le plus impressionnant demeurait pourtant le mur du fond ajouré d’une rosace de plusieurs mètres de diamètre, seule ouverture de la pièce à laisser filtrer de la lumière. Le verre légèrement teinté rayonnait d’une lueur rougeoyante tamisée, marquant tout ce qui se présentait à son éclat du manteau de l’irréalité. Ainsi se formait le seuil d’un monde autre, aussi paisible qu’écrasant.

La Reine de cet ailleurs se tenait assise, jambes croisées, dos à la rosace pourpre. Son visage s’auréolait de sa cascade de cheveux fuligineux, son regard rubescent s’oubliait derrière le volet clos de ses paupières, et un demi-sourire éclairait parfois ses traits pales. L’Haori d'autorité s’avachissait sur ses épaules, et lui aussi parfois se secouait de frémissements invisibles.
Asuna ne leva pas la tête lorsque se firent entendre les premiers pas. Elle se tint là, immobile, son sourire étranger ondulant sur ses lèvres de sang.

Sotaishô.

Des changements. De gros changements pointaient à l'horizon. Quoi qu'ils faisaient plus que pointer ... Puisque lesdits changements avaient déjà eu lieu. Une ère nouvelle. Difficile de dire si cette nouvelle ère serait des plus plaisantes. Ou si, au contraire, ça serait ... le foutoir. On dit souvent que, lorsqu'il y a des changements, il vaut mieux les regrouper tous ensemble. Histoire de faire front et de s'adapter un peu plus facilement. Yoshiko partageait cet avis. Mieux valait-il regrouper tous les changements quand il devait y en avoir. Tout le monde était chamboulé en même temps. Et tout le monde devait s'adapter. En gros, survis aux changements, ou crève, si on peut dire ça comme ça.

Ce qu'elle craignait ? Dans cette nouvelle organisation ? Et bien, ce n'était pas le fait de voir de nouvelles têtes en tant que Capitaine. Bien au contraire. Elle trouvait que c'était nécessaire. Que le Gotei 13 devait se renforcer. Et bizarrement, au fil du temps, elle avait l'impression que les troupes s'amenuisaient. La mort de Tojo. La disparition de l'ami de Shu, Kamui, qui lui aussi avait trouvé le repos éternel. Ce pauvre Heiji qui avait totalement disparu de la surface de la Terre. Façon de parler mais elle ne savait pas du tout où il était. Etait-il encore en vie ? Avait-il été destitué de son poste ? Etait-il toujours là, quelque part ? Promo à un nouveau poste ? Dégradé ? Ou bien avait-il péri dans des circonstances plus qu'étranges ? Une éternelle question. Des disparitions. Des questions. Pas de réponse. Elle ne savait pas où il était. Lui avait été d'un réconfort après la mort de Tojo. Bon, nul doute que celui sur qui elle avait pu le plus compter, c'était Shu. Parce qu'il la divertissait lors d'entraînements. Pas tous les jours. Pas toutes les semaines. Mais des entraînements réguliers. Qui lui faisait du bien. Qui leur faisait du bien. Grâce à son entraînement avec Shu, il avait fini par briser la malédiction. Superstition. Il n'y avait aucune malédiction réelle. Mais Yoshiko pensait que c'était le cas. Il connaissait son Bankaï à présent. Il était pas mort. Et tant mieux ! Parce qu'elle s'était vraiment crue maudite à un moment. Mais bon.

L'heure n'était pas aux souvenirs. L'heure était grave. Et ils devaient de se tourner vers le présent. Vers le futur. La dernière attaque avait fait du mal. Beaucoup de mal. Elle n'y avait pas assisté. Elle avait simplement lu les rapports. Certains diraient qu'elle était recluse de son propre chef dans sa Division. Pas la faute d'avoir demandé à s'y rendre, elle aussi. A participer aux batailles. On le lui avait refusé. Sans doute parce qu'on pensait qu'elle ferait plus de mal que de bien. Je crois qu'au niveau combat, on lui faisait pas vraiment confiance. Elle n'était pas comment certains. Elle n'était pas une grande adepte du combat. Elle prônait la diplomatie. Chose qui était parfois totalement impossible à effectuer. Peut-être la prochaine fois elle serait sur la scène. Avec les autres. Du moins, s'il y avait une prochaine fois. Si ça se trouvait, d'ici la prochaine fois, elle serait peut-être rétrogradée. Parce qu'on appréciait pas son boulot. Parce qu'on trouvait qu'elle ne faisait pas assez. Bah, de toute manière, si ça arrivait, elle s'en foutait bien. C'était pas comme si c'était elle qui avait expressément demandé à devenir Capitaine. Elle y avait été poussée. Par Tojo. Et si elle avait ce haori sur les épaules, à ce jour, c'était bien à cause de lui. Certains étaient mus par le désir de devenir Capitaine. Et ce depuis toujours. Elle, s'en foutait comme de l'an quarante. Mais elle le respectait, ce haori.

D'ailleurs, en parlant de Haori, y'avait cette réunion. Convoquée par le nouveau Commandant en Chef. Comme dit, elle n'avait rien contre Asuna. Mais elle ne l'appréciait pas tant que cela. Pas après les fausses rumeurs colportées à l'égard de Tojo. Elles n'avaient jamais eu l'occasion d'en discuter. Et Yoshiko ne le ferait pas. Pour la simple et bonne raison que Tojo était mort. Et qu'un mort ne pouvait pas se défendre. Ca n'aurait pas été bien. Du tout même. Elle allait laisser cela derrière elle. Dans la mesure du possible. Ainsi donc, elle se pointa au lieu de la réunion. Asuna déjà présente. Comme on pouvait le présager. Le Kenpachi également. Reisen aussi. Revenu d'outre tombe, ou du moins, c'était l'impression que ça donnait. Quatre ils étaient dans l'immédiat et d'autres n'allaient pas tarder à arriver. "Mes respects." avait-elle dit en s'inclinant légèrement. Les saluant tous, par la même occasion. Enfin, ceux qui étaient là.

Haiko se trouvait à l'académie, dans le bureau aménagé à son initiative, non loin de la salle d'arme où il donnait ses cours. L'heure de la réunion approchait et le capitaine terminait enfin d'examiner les résultats des derniers examens. Une grande partie des effectifs sortaient du lot et cela augurait de bonnes choses pour cette nouvelle promotion. Le Kaogake avait de quoi être heureux malgré les événements ayant secoué les mondes spirituels, ainsi que celui des hommes... C'est donc dans de bonnes dispositions qu'il décida de se rendre à la quatrième division, nouveau centre de commandement des forces du Gotei. Il aurait pu y être en un éclair s'il n'avait pas du faire face à un léger contre-temps en chemin.

A la sortie de l'académie, près d'une cour arborée, quatre silhouettes attirèrent l'attention du gradé. Deux debout. Les secondes assises, contre un arbre. Une voix portait jusqu'aux oreilles du capitaine qui s'approcha calmement pour voir ce qu'il en était. Sans surprise, il suffit d'un regard pour comprendre le malaise. Deux reapers, simples soldats, cherchaient des noises à deux étudiants de dernière année. Les deux aspirants shinigami devait apparemment « se bouger le cul au lieu de rester là à rien foutre... » - je passerais les remarques déplacés et autres noms d'oiseaux -. Ca faisait deux ans. Deux ans que ces intrus foulaient le sol de la Soul Society en prenant de haut ses résidents en les traitant d'incapable. Là, en face de lui, la situation se résumait à ça. Des reapers qui bavent et crachent leurs sermons à la tronche de shinigamis qui encaissent.

Malheureusement pour eux, l'Ardent se trouvait sur son terrain. Comme il l'avait spécifié à l'ensemble des étudiants et du corps enseignant, aucun coup de sang et aucune provocation ne serraient tolérés à leur encontre. En revanche, l'inverse était tout aussi valable. Alors, le petit shinigami, paré de son manteau blanc, se posta entre ses deux cousins avant des les interpeller, glacial.

« Messieurs, vous savez où vous vous trouvez n'est-ce pas ? » - L'air faussement avenant, sourire aux lèvres, il poursuivit sans leur laisser le temps de répondre. « Ou alors cherchez-vous la sortie ? Si ce n'est pas le cas, je ne saurais que trop vous suggérer de la trouver, et vite... » - Ses pommettes s'abaissèrent en même temps que son sourire - « Auquel cas je me sentirai obligé de vous « escorter » moi-même vers l'extérieur. »

Résignés, mais sans aucun remord, les deux hommes s'en allèrent sans montrer la moindre once de respect aux trois shinigami. Lançant un soupir blasé à ses deux étudiants, le petit shinigami s'éclipsa sans demander son reste. Cette ingérence commençait doucement à l'énerver et il le laissait clairement savoir. S'il concédait la plupart des accusations proférées à l'encontre du Seireitei, il tolérait difficilement la présence forcée de ces « cousins ». Pour le capitaine, ces types ne valaient pas mieux que le Roi des âmes et toute sa clique de planqués. Tout retombait toujours sur le coin de la gueule des dieux de la mort nippons. S'ils s'étaient bougés les fesses plus tôt, que ce soit l'une ou l'autre des deux dream-team, ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Bref, il était plutôt question d'une entente cordiale que d'une véritable coopération. Enfin, c'est ce à quoi l'Ardent tentait de s'en tenir.

Quelques instants plus tard, le capitaine réapparut devant les quartiers de la quatrième et s'y engouffra sans autre forme de procès. Après tout, c'était pas comme si il ne connaissait pas l'endroit. Par contre, ce ne fut pas la même musique lorsqu'il passa la porte de la salle de réunion. Aménagé aux couleurs de la reine de glace déjà assise au fond de la pièce, l'endroit n'avait rien à voir avec la sobriété du bâtiment de la première division. Et puis à vrai dire, l'Ardent ne s'arrêta pas un instant sur la déco' et se contenta de saluer ses comparse d'un hochement de tête suivit d'un sobre...

« Capitaines. »

...tout en allant se mettre à sa place, entre Yoshiko et Noboru, pile en face de Taka. Il se savait en retard en n'en rajouta donc pas outre mesure. Au cours de cette réunion, ils en auraient assez des choses à se dire. Il salua tout de même Asuna en l'honorant d'un « Commandant. » respectueux. Là, il laissa ses bras balant, masqués par les longues manches de son haori. Détendu au possible, le jeune homme s'attarda quelque secondes sur les visages de ses collègues. Oui, cette réunion n'allait pas être de tout repos...

Un lent soupir poussa la porte des lèvres closes de la Mère. Un souffle imperceptible, ou à peine, dont on ne savait trop s’il tirait son origine d’un soulagement profond ou d’un plaisir certain. Toujours était-il qu’elle murmura à elle-même sans chercher à voiler le son de ses mots :

« Tous ici, enfin… »

Asuna se leva, ou plutôt, se déploya-t-elle à la façon d’une fleur aux allures mortelles. Son habit flottait en corolles autour de son corps menu, sans pour autant le faire passer pour frêle, alors que le Zanpakutô à l’aura sinistre pendant à son flanc lui octroyait une tranquillité carnassière. Elle s’avança au milieu de l’allée formée par ses capitaines, leur accordant à chacun un long regard pensif et indéchiffrable. À l’inverse, chaque fois qu’elle se confrontait à un vide, là où aurait dû se trouver un haut-gradé, la mine de la jeune femme se faisait plus sombre, voire peinée.

« Pourtant nous sommes si peu, dit-elle en s’arrêtant aux derniers emplacements inoccupés, plus loin que celui du Kenpachi. »

Elle se tint devant ce désert des autorités sans plus ajouter mot, les yeux perdus dans la vague, ses lèvres froissées en une moue chagrine. Son index caressa le pommeau de sa lame à la façon d’une consolation.

« Trop de divisions décapitées. Chacun ici doit surveiller les hommes et les femmes qui le servent à la recherche du talent rare. Je récompense la compétence par la confiance, en effet. »

Elle se tourna lentement vers l’assemblée ; les iris pourpres de la Mère l’englobèrent d’un air paisible, serein.

« Ce n’est pas le plus important. Deux sujets sur lesquels nous devons nous attarder essentiellement. Il y a ces Dieux d’Occident. Il y a l’équilibre des mondes. »

La Commandante laissa quelques instants aux gradés pour réfléchir, le temps pour elle de rejoindre la place due à son rang. Toutefois, elle dédaigna la position assise pour se maintenir debout, droite et royale encerclée par la lumière de la rosace de sang.

« Les Reapers sont une présence avec laquelle le Gotei doit composer depuis un certain temps. Difficilement. Je veux savoir ce qu’il en est réellement. Parlez sans crainte. Dites-moi vos sentiments. »

Une douceur inattendue marqua son masque de nacre mais l’éclat carmin de ses prunelles ne s’atténua aucunement. Elle sourit, ingénue :

« Je vous écoute. »

- Il était temps !

- Déjà, j'préfère prévenir : mes ordres, je les prends qu'auprès de toi, Asuna. Le premier de ces branleurs qui tentera de me dire c'que je dois faire, j'lui défonce la gueule. Autant être clair d'office : c'est pas négociable.

- Va falloir m'expliquer ce qu'ils font chez nous. Va aussi falloir me dire ce qu'on doit faire avec eux. On gère nos armées. Pourtant, j'ai quand même l'impression qu'on doit faire les canards depuis quelques temps. J'ai été gentil jusqu'à maintenant. J'ai fermé ma gueule. Mais autant mettre les points sur les "i" à défaut de les foutre sur la gueule de ces tanches : on est pas là pour se faire marcher dessus. Encore moins à la maison. J'sais pas ce qu'en pensent les Capitaines, mais mes gars et moi ne sommes pas prêts à la fermer.

Je tiens tout d’abord à m’exprimer au nom des Vizards présent au Seireitei, et je pense que Noboru pourra confirmer mes dires. Ces gars ne nous supportent tout simplement pas et cette situation est tout bonnement invivable ! Pour l’instant ils nous ignorent mais combien de temps avant qu’ils n’essayent de répliquer ici ce qu’ils ont fait chez eux, à savoir, nous éliminer ?! Vous comprendrez donc que je suis clairement de l’avis des deux autres Capitaines. J’ai pour l’instant limité mes actions et évité autant que possible les contacts avec ces Reapers mais cette situation n’est clairement plus vivable !

Un défilé de Capitaines. Ils étaient tous rentrés les uns après les autres. En silence. Car l'heure n'était pas vraiment aux réjouissances. Au contraire même. Généralement, quand un Capitaine Commandant réunissait ses troupes, c'était parce qu'il souhaitait parler de choses graves. Et là, Yoshiko se doutait qu'ils n'étaient pas là pour s'amuser. Ils étaient tous là. Et en même temps, ils étaient si peu nombreux. Asuna disait vrai. Ils étaient si peu nombreux. Sept en tout et pour tout. Qu'il était loin le temps où toutes les Divisions avaient un Capitaine à leur tête. Yoshiko avait l'impression que ça remontait à plus d'une vie ! Elle ne savait plus trop. Avant son départ, son exil sur Terre, oui, c'était le cas. Les rangs étaient serrés. Chaque Division avait un Capitaine. Et un Vice Capitaine. Et aujourd'hui ... Les Divisions étaient éparpillées. Grave, c'était vraiment grave. Que s'était-il passé ? Un relâchement des troupes ? Un ennui total ? Des batailles trop mal menées, ce qui expliquaient des pertes ? Yoshiko n'aurait su le dire. Et elle ne voulait pas savoir pourquoi le Gotei 13 semblait aller sur son déclin depuis quelques décennies maintenant. Peut-être qu'elle était revenue à la mauvaise période, tout simplement. Mais passons, puisque là n'était pas le sujet.

La réunion commençait. Et s'ils étaient là, si les sept capitaines étaient face à Asuna, c'était pour parler de deux choses. D'une menace, dans un premiers temps. Des Reapers. Ils allaient parler de ces âmes étranges. Enfin, pas si étranges que cela. Dans le sens où ils avaient les mêmes fonctions que les Shinigami. Des collecteurs d'âmes, si on pouvait dire cela ainsi. Si les Shinigami se contentaient de s'occuper des âmes du Japon, et uniquement du Japon, ce n'était pas le cas de ces Dieux de la Mort. Pas une population en particulière. Pas un pays en particulier. Mais carrément le monde. Ils auraient été bien sot de penser qu'ils étaient seuls au monde. Yoshiko était restée sur Terre durant de longues années. Elle avait été amenée à se rendre dans divers pays. Et pourtant, elle n'en avait croisé aucun. A croire qu'ils se cachaient. En même temps, c'était pas comme si Yoshiko les cherchait à cette époque là. Mais elle aurait su ... Elle aurait pu en parler lors des précédentes réunions. Elle aurait pu en parler à son retour à ses collègues. A se demander si Shu en avait entendu parler lorsqu'il était sur Terre ou bien si c'était une première pour lui également.

Le premier à réagir, et sans mâcher ses mots, ce fut l'Argenté qui débuta. Des paroles dures. Mais pleines de sens. Des paroles fortes. Sans doute pour faire réagir ses frères et soeurs de rang. Oui, sans doute que ça devait être le cas. Le plus jeune des Capitaines en vint, par la suite, à exposer son opinion. Ca rejoignait plus ou moins ce que Shinjirô venait de dire. Mais c'était mis avec de la forme. C'était moins violent. Moins brute. Mais encore une fois, c'était la stricte vérité. Il émettait son opinion. Il ne les aimait pas. A dire vrai, nul doute qu'ils étaient peu nombreux à les apprécier. Yoshiko ? Elle avait également une opinion bien tranchée. Quand bien même ils avaient une organisation simple et des règles, c'était des monstres. Ils n'acceptaient pas les autres. Ils étaient vulgaires et horribles avec les Shinigami. Quant à ceux qui souhaitaient emprunter une autre voie, ils étaient éliminés sans aucune once de remords. Elle aurait été un Reapeur, elle serait morte après avoir quitté la Soul Society, il y avait de cela deux siècles. Quant aux Vizards, ceux qui décidaient de laisser libre court à leur Hollow et de tirer de la puissance de ces derniers ... eux aussi étaient éliminés. Les Shu, les Noboru ... Chez les Reapers, ça n'existait pas. Et c'était grave. Ils respectaient la vie à leur manière. Mais tout ce qui était différent, c'était out. Shu était en colère. Ca se traduisait dans sa voix. En tant qu'amie, elle ne pouvait qu'approuver ses dires. Elle devait intervenir. Elle aussi. "Beaucoup savent que je prône la diplomatie. Que je préfère les paroles qu'aux gestes. Néanmoins, avec eux, j'ai l'impression que le dialogue n'est pas possible. Et qu'on entretient des dialogues de sourds avec eux." Elle avait bien essayé d'engager la conversation avec quelques uns d'entre eux. Mais c'était pas vraiment ça à dire vrai. "Je les inviterais volontiers à rejoindre rapidement les leur. Avant que ça ne finisse par dégénérer." C'était gentiment dit. Mais elle n'en pensait pas moins. "Et si jamais ils ne veulent pas s'en aller ... peut-être nous faudra-t-il utiliser les grands moyens." Prête à botter des culs ? Si c'était pour défendre leurs valeurs, oui. Elle n'était pas une grande guerrière. Néanmoins, pour défendre ce en quoi elle croyait, elle était prête à en prendre les armes. Ca en étonnerait sans doute plus d'un. Parce qu'on la connaissait pour sa douceur légendaire et son calme. Mais qui sait ? Peut-être se cachait-il quelqu'un d'autre sous la croûte, quand on finissait par gratter un peu. Et ces mecs là ... Ouais, ils lui tapaient sur le système. Et encore, elle restait polie.

La Commandante suivit avec la plus grande attention la prise de parole des différents intervenants. Son visage restait placide, même si teinté d’un semblant d’amusement, qu'on ne retrouvait pas dans ses yeux incisifs et froids. Elle hochait vaguement la tête quand on s’excusait auprès d’elle de potentiels excès, mais elle laissa finir le plaidoyer passionné de chacun des capitaines sans le couper. Quand le dernier se tut, Asuna lança un regard aux deux restés muets, et puisque ceux-ci demeurèrent silencieux, elle parla :

« Les Reapers ne sont pas nos ennemis. »

Un propos sonnant comme un glas. Avant même qu’ait lieu la première réaction, la Mère fit un signe d’apaisement, intimant avec une légèreté impérieuse de la laisser finir.

« Leur but est le même que le nôtre. Maintenir la balance des âmes, détruire les Hollows et les purifier. Eux n’ont pas disparu avec la mort de leur Roi. Ils s’agitent sur le sable froid de leur monde mort, et convoitent de dévorer tout ce qui est. C’est un fait. Il ne peut être ignoré. Et il est celui sur lequel doit se maintenir notre attention. »

Elle déplia les doigts d’une de ses mains, en fixa la paume, et parut y lire dans les lignes une inspiration car, quand elle se redressa, toute fausse chaleur avait disparu de son masque d’albâtre.

« Nous ne sommes pas en guerre contre les Reapers. Et il dépend de chacun que cela continue. Un fragile équilibre unit notre race à la leur ; rompez-le, et le soleil se lèvera sur un océan de sang en lieu et place du Seireitei. »

Un sourire sinistre fleurit sur les lèvres pourpres de la jeune femme, et dans cette expression, on y devinait une absence de joie et de hâte.

« Ces dieux d’Occident nous prennent pour des enfants. Maladroits, imbéciles, ignares, amusés de tenir un sabre, qui vivent dans leur sanctuaire d’illusions et de fantasmes. C’est là leur vision. »

Les iris rubescents de la Mère se plantèrent tour à tour dans chaque regard présent. Ces yeux glacés, inhumains en tous aspects, s’enchâssaient dans leurs vis-à-vis pour ne les lâcher qu’après une longue et pénible fixité.

« Ont-ils raison ? Je me demande. Taper du pied sur le sol est inutile. Ils légitiment leur présence ici par notre prétendue immaturité. Devons-nous leur donner plus d’arguments ? »

La lumière de la pièce parut décliner, et les ombres derrière les piliers, danser sur elles-mêmes davantage. Un vent invisible souffla les tentures au plafond, et celles-ci claquèrent, comme des dents qui s’entrechoquaient et se brisaient.

« Je n’empêcherai aucun d’entre vous de protéger sa fierté, les prunelles de la Mère se portèrent plus longuement sur le Kenpachi, mais celui qui voudra racheter les blessures de son amour-propre le fera au dépens de tous les Shinigamis. Les Reapers n’ont pas plus d’intérêt que nous à un conflit ouvert, ce pourquoi ils ne franchiront pas certaines limites. Les Vizards n’ont pour le moment rien à craindre. Cependant, ils suivront la voie armée au moindre prétexte que nous leur donnerons. »

La noirceur se fana, les ténèbres se résorbèrent progressivement, et la lueur rouge s’effaça pour laisser place à la lumière chaleureuse du dehors.

« Essuyez leurs insultes. Elles ne sont que des mots et les mots ne traversent pas les carapaces les plus solides. Pour dire vrai… »

La Mère se tourna vers la rosace, et l’éclat solaire frappa son visage radieux.

« Leur orgueil m’amuse. Une faille si béante, une faiblesse si marquée… Ils nous sous-estiment et c’est un cadeau précieux. Exploiter l’ignorance est parfois plus redoutable que la force brute. Ne l’oubliez-pas. Le temps des Reapers se finissait déjà lorsqu'il a commencé. »

- Plutôt crever !

- Les Reapers sont nos ennemis. Et je me fous de ce que tu pourras dire pour tenter de faire passer ton message, Asuna. Ils vivent terrés comme des bêtes depuis des siècles et apparaissent pour reprendre le contrôle ? Qu'ils aillent au diable. Tu as peut-être le recul suffisant pour savoir où tu mets les pieds, Reisen. Mais moi, j'ai pas besoin de ça. Moi, j'ai Kaimetsu ! Tu me connais, mon ami... Crois-tu que je me laisserais insulter ? Crois-tu que je vais laisser mes gars se faire chier sur la tronche par ces types ? Fais ce que tu as à faire. Étudie-les ! Moi aussi je ferais ce que je sais faire le mieux ! Quant à toi, Commandant...

- Je comprends ce que tu souhaites faire. Je comprends ta démarche. Mais ne la cautionne pas. Je n'irais pas à l'encontre de tes ordres. Je ne chercherais pas la guerre. Mais je préfère te prévenir : si tu tiens à ta paix, alors fais en sorte qu'aucun de ces Reapers ne se mettent sur mon chemin. Ou je peux te jurer que les mots ne seront plus les seuls à transpercer leurs carapaces !

- Je ne ferais pas de vague. Mais je n'accepterais aucune ingérence. D'aucune sorte. Mes Frères et Soeurs, tenez-le vous pour dit : demandez mon aide et la Onzième se rangera à vos côtés. Qu'importe l'ennemi. Il est temps pour nous de nous unir.

Ils avaient tous plus ou moins exposé leur point de vue. Et ce qu'en retenait Yoshiko, c'est qu'aucun des Capitaines s'étant exprimés jusqu'à présent n'avaient réellement envie d'avoir les Reapers entre les pattes. De là à déclencher une guerre fratricide entre les deux camps ... Oui, ça pouvait arriver. Oui, pouvait y avoir une guerre. Et si c'était le cas, Yoshiko prendrait les armes avec ses frères de toujours. Certes, d'une certaine manière, les Reapers étaient également ses frères ... Plutôt des cousins lointains. Ils formaient tous une grande famille puisqu'ils faisaient tous plus ou moins le même job. Les Shinigami à une échelle plus locale, certes, mais c'était la même chose. Ils étaient tous pareils. Mais leurs idéaux ... étaient hélas bien différents. Pour preuve puisqu'ils n'acceptaient pas les Vizards en leur sein. Pourtant, ils n'étaient pas si différents des Shinigami, si ce n'était ce côté Hollow qui pouvait servir en maintes et maintes occasions.

Tous avaient fini par se taire. Et ce fut Asuna qui reprit alors la parole. Elle mettait en évidence leurs points communs. Elle tentait de leur faire comprendre qu'ils faisaient la même chose et qu'ils n'étaient pas leurs ennemis. S'ils étaient plus sages et moins belliqueux, peut-être que cela ne se passerait pas de la sorte. Peut-être que si les Reapers avaient un peu plus de respect, s'ils étaient moins pédants, sans doute que ça se passerait bien mieux. Asuna leur donnait du sens. Si les Shinigami les attaquaient, les Reapers se défendraient et prendraient les armes. Et la guerre ouverte serait déclarée. Elle ne souhaitait pas que cela arrive. Elle ne risquerait pas une guerre ouverte. Elle était pourtant déjà déclarée. Parce que les esprits étaient déjà échauffés. Les échanges entre Shinigami et Reapers étaient loin d'être toujours cordiaux. Quelque fois, ça passait. Quelque fois, ça allait. Et les autres fois ... Bah voilà quoi. Le venin était craché, de part et d'autres. En gros ... La diplomatie. Ils allaient devoir en revenir à cela. Pour Yoshiko, cela ne serait sans doute pas difficile. Dans le sens où elle prônait la diplomatie, justement, même si ce n'était pas toujours évident. A voir comment ça se passerait.

Asuna en avait terminé. Et ce fut à ce moment précis que Reisen prit la parole, expliquant les raisons de son retour. Pourquoi il était nommé, également, à la tête de la Première Division. Parce qu'il n'était pas là depuis longtemps. Parce qu'il venait tout juste de revenir. Parce qu'il avait pu prendre du recul, par rapport aux autres. Il avait la tête sur les épaules, en quelque sorte. Et il avait la possibilité de bosser, mains dans la main, avec les Reapers. S'infiltrer chez l'ennemi ... Pour mieux les baiser par la suite ? C'était loin d'être une idée stupide. A travailler avec eux, ils en apprendraient plus. Il y en avait un, par contre, qui ne semblait pas vouloir décolérer et qui n'accueillait pas vraiment tout ce qui se disait à bras ouverts. Ca lui faisait penser aux Guerres Mondiales. Aux conseils qui s'étaient tenus à l'époque. Les coups en traître, et d'autres petites choses dans ce genre. En viendraient-ils ici ? Diviser pour mieux régner, c'était loin d'être une solution. Néanmoins ... Peut-être que c'était ce qu'ils allaient devoir faire. Ceux qui collaboreraient avec les Reapers pour en savoir plus sur eux. Et les autres qui tenteraient de trouver la solution pour renvoyer les Reapers chez eux. Et retrouver, ainsi, leur tranquillité. Mais c'était pas demain la veille que ça allait arriver.

Rester loin d'eux. Voilà ce que Yoshiko allait conseiller à ses hommes. Rester loin des Reapers. Peut-être qu'à ceux en qui elle avait entière confiance, elle leur confierait une autre tâche. Ceux qui ne risquaient pas de partir au quart de tour si jamais l'un des Reapers venait à cracher son venin au visage. Ouais. Les espionner, c'était loin d'être stupide. Encore fallait-il trouver ceux qui pourraient remplir cette tâche. Quoi qu'il en soit, par rapport à tout ce qui venait d'être dit, Yoshiko ne comptait pas vraiment mettre son grain de sel. "L'ignorance est mère de sûreté." se contenta-t-elle de dire. "Je ferais passer le message à mes hommes de ne pas répondre à leurs interventions et de les ignorer ouvertement." Plus facile à dire qu'à faire. Y'en aurait sans doute qui chercheraient à ouvrir leur gueule et à foutre le bordel. Mais en tant que Capitaine, elle se devait de faire respecter l'ordre et de maintenir la paix. Du moins dans sa propre Division. Pour les Divisions d'à côté, ce n'était pas son problème. Pour le moment néanmoins.

Toi aussi…

Oui je le ressent aussi. Du moins Heyshiro le ressent, et lui aussi est beaucoup plus à cran depuis. Nos relations ont atteint leur maximum il y a deux ans et j’aurais aimé dire que j’ai un contrôle parfait sur lui. Mais cet appel bien que tenu reste malgré tout une force constante. Je ne suis pas exactement capable de le comprendre, et il y a fort à parier que quelque chose doit être en train de se passer au Hueco Mundo. Quelqu’un de puissant qui nous appelle, du moins c’est l’impression que je ressent.

Néanmoins si une chose est plus que certaines c’est que les Reapers ne doivent jamais entendre parler de cet « appel » ou quoi que se soit. Ne leur offrons pas les arguments qu’ils attendent.

La sombre mère continuait de tourner le dos à l’assemblée, les bras croisés dans son Haori et son attention magnétisée par la rosace. Elle accueillit avec ce même calme nonchalant la brutale colère du Kenpachi, mais sa main flottant non loin de la poignée de son sabre sous-entendait sa prudence à l’égard des débordements du colosse. Celui-ci finit par se calmer, et Asuna répondit à ses propos par un hochement de tête entendu :

« La précarité de notre situation ne m’échappe pas, Shinjirô, répondit-elle tranquillement, mais si guerre il doit y avoir, elle devra avoir lieu quand nous l’aurons décidée, et pas avant. Alimente ta hargne chaque jour qui passe à leur encontre sans la manifester, et lorsque le temps viendra, l’ivresse de ta colère sera plus grande encore. »

Dans le contre-jour, elle se tourna à demi, n’offrant que son profil à voir, et un seul de ses yeux ; iris de rouge et d’ombre qui jaugea le Capitaine de la Onzième.

« Et alors, ils paieront à l’aune de leur mépris. »

L’intervention des deux Vizards fut accueillie d’une façon moins tranquille par la Commandante. Elle se détourna du colosse, fit face aux deux hybrides, se massa la tempe d’une de ses mains blanches, et se débarrassa de son sourire. Son regard se porta dans la vague tandis qu’une ligne de concentration se dessinait sur son front.

« Nous sommes aveugles sur ce qui se trame dans le Monde Creux. Les quelques renseignements que nous avons nous viennent d’Arrancars tués ci et là par les Reapers ou nos troupes. Les Hollows ont un nouveau roi, ainsi que la foi en un dieu : une nouvelle tête pour penser, une raison pour s’unir. La seule ombre sur le sable froid ? Je l’ignore. Nous allons devoir opérer quelques incursions dans leur monde pour en apprendre davantage. Le Capitaine Kyuusei se chargera de cette tâche, dit-elle avant de s'adresser directement à l'intéressé, vous devez dès maintenant organiser vos troupes et préparer des enlèvements d’Arrancars ou de Hollows que vous ramènerez ici pour interrogatoire. Plus nous en saurons, mieux ce sera. La discrétion est cependant de mise. Nous verrons plus tard s’il y a un intérêt à prévenir les Reapers. »

Le bras de la jeune femme retomba contre son flanc, comme mort, et elle se tut ; son visage, plus calme, se perdit en contemplation vers les hauteurs du plafond où les tentures claquaient de temps à autre en une mélopée discrète bien que pesante.

« La parole au carnage, à présent. Les Maho-Tsukaï ont détruit trois millions d’âmes. Définitivement perdues, elles ont laissé un trou dans le cycle de réincarnation. Notre monde est devenu trop lourd en comparaison de celui des humains. »

Elle laissa flotter quelques secondes sa déclaration, pour que l’idée se forme dans les esprits, et que l’horreur s’impose en même temps que les mots qui suivirent :

« Dès la fin de cette réunion, nous commencerons à exterminer trois millions d’âmes au Rukongaï, conclut la Mère dans un soupir de regret. »

Comment une telle décision peut-elle exister ? En agissant ainsi nous ne vaudront alors pas mieux que ces Reapers que nous haïssons tant ! N’y a-t-il pas d’autre solution pour sauvegarder la balance des mondes ? En deux ans la Douzième n’a rien pu trouver pour rectifier le tir ? Et les autres arrivistes là, ne sont-ils donc pas capable de faire quoi que se soit ? Nous…

Fermer sa gueule. C'était le message à faire passer, en quelque sorte. S'écraser devant les Reapers. Et faire en sorte qu'une guerre ne soit pas déclarée. Plus facile à dire qu'à faire. Certains avaient de forts caractères. Ils n'allaient pas tous se laisser faire. Si jamais ... Oh Yoshiko ne préférait pas trop y penser. Asuna souhaitait qu'ils ne fassent pas de vague ? Bien. Mais si y'avait un pavé qui était lancé dans la mare et que ça partait en sucette, nul doute que la brune ne resterait pas les bras croisés à ne rien faire. Elle ne laisserait pas ceux qu'elle considérait comme étant ses frères se faire rabaisser par ces crétins venus de nul part. Pour sûr.

Chose inquiétante néanmoins, c'était ce que les deux Vizards venaient de dire. Ou plutôt, Noboru avait commencé. Et Shu avait enchaîné. Comme beaucoup, elle ne comprenait pas tout ce que les deux Vizards pouvaient ressentir. Car elle n'en était pas. Sa part de Hollow n'était pas vraiment développée. Peut-être qu'un jour elle se pencherait sur le sujet. Mais elle ne voyait pas pourquoi elle ferait quelques efforts sur le sujet. Des raids auraient lieu. Et c'était le Capitaine de la Première Division qui s'en chargerait. Capturer de simples Hollows, Yoshiko doutait que ça leur apporterait les réponses qui leur manquaient. Non. Des Arrancars, par contre ... Ca serait, sans doute, bien plus intéressant. Encore fallait-il réussir à les faire parler, par la suite. Ce qui ne serait pas évident. Certains résistaient plutôt bien à la torture. D'autres finiraient par craquer, oui. C'était certain. Il y en avait toujours des plus faibles que d'autres. Des qui n'étaient pas spécialement loyaux à la cause. Tant mieux. Ca servirait leurs intérêts.

La suite fut moins drôle. Beaucoup moins. Car voilà qu'Asuna leur parlait de l'équilibre des mondres. Un équilibre plus que fragilisé à cause des Maho Tsukaï. Et voulait qu'elle leur parlait d'une élimination. Trois millions. Yoshiko aurait été en train de manger ou bien de boire un truc, nul doute qu'elle se serait étranglée. D'ailleurs, elle toussota quelque peu face à la nouvelle. Une terrible décision. Shu était hors de lui. Il semblait être contre cette ... liquidition. Un génocide. Pur et simple. Une décision si grave ... Si importante. Elle rejoignait l'avis de son compère. Il y avait forcément une autre solution. Il devait y avoir quelque chose d'autre à faire. Reisen fut l'un des premiers à réagir après le Vizard. Mais il était de l'avis de la commandante, fort malheureusement. Yoshiko porta l'une de ses mains à son front. C'était grave quand même. Très grave. "J'aurais pensé qu'en deux ans les choses auraient fini par se réguler d'elle-même." Mais force est de constater que malheureusement, ce n'était point le cas. "N'y a-t-il donc aucune autre solution que ce génocide ?" C'en était pas un vrai, puisque ça ne ciblait pas spécialement un groupe en particulier ... Enfin si, ça ciblait les plus pauvres. Ceux qu'on pouvait juger inutiles. Comme le pensait Shu, il était possible que les Reapers étaient une solution. Encore fallait-il leur demander et voir avec eux, justement, s'ils pouvaient les aider avec ce problème. Un sacré problème d'ailleurs.

Trois millions d'âmes, c'était pas rien. Elle n'aurait su dire à l'instant T combien ils étaient, actuellement, au Rukongaï. C'était peut-être une goutte d'eau dans un océan. Néanmoins, trois millions quoi ... Et dire qu'on avait jugé Tojo, y'avait de cela quelques années, parce qu'il avait exterminé quelques âmes du Rukongaï ... Une vingtaine. Et là, on parlait de trois millions ... Comme quoi, le monde partait en sucette jour après jour. Franchement, l'idée ne lui plaisait guère. Mais c'était pas comme si, au final, elle aurait le choix. Elle ne l'aurait pas. Et déserter encore une fois et s'en retourner sur Terre, nan. Elle l'avait fait une fois. Pas deux fois.