Il avait trouvé l'endroit parfait pour commencer à construire leur base d'opération et il en était soulagé. Plus vite les choses bougeraient, plus vite il pourrait agir. Il avait donné ses ordres et s'était retiré afin de réfléchir. Et de calmer ses nerfs également. Une coutume qu'il s'était imposé depuis sa prise de fonction parmi les Fullbringers afin d'éviter de se laisser aller à ses pulsions. Un massacre parmi leur rang serait aussitôt vengé. Et mettrait surtout à mal son seul véritable objectif : briser le Conseil de l'intérieur. L'amputer de ses leaders. Or il était difficile d'avoir les trois Fondateurs réunis. Mais pas impossible. Pas dans les circonstances actuelles.

La nuit était tombée depuis quelques heures maintenant. Alors qu'il traversait les rues de la ville sans trop réfléchir, il observait d'un œil distrait les hommes et les femmes qui se trouvaient ici. Ils poursuivaient leur petite vie sans se rendre compte qu'une guerre millénaire se déroulait tout autour d'eux. Parfois, quelques humains aux capacités plus développés que les autres l'apercevaient mais l'appréhension les obligeait à détourner le regard. Tokyo. Il connaissait cette ville mais devait admettre que les choses avaient changés depuis l'époque où il s'y était rendu. Il s'en souvenait encore clairement : il était difficile d'oublier les sentiments ressentis lors d'une de ses premières missions de Shinigami. Surtout lorsqu'elle se passait mal.

Ses sens toujours en éveil l'alertèrent de la présence d'une aura plus développée que les autres alentours. Rien d'étonnant car les Hollows étaient comme les bêtes : ils aimaient sortir la nuit. Son attention désormais captée, il se figea sur place et sonda les environs. Localiser précisément la source ne fut pas difficile : traquer était sa spécialité mais surtout, la personne en question ne cherchait pas à se cacher plus que ça. Sa future base n'étant pas loin d'ici, il lui appartenait de s'assurer qu'il ne s'agirait pas d'une menace future. Il déciderait alors quoi faire. Un simple Shunpo le fit arriver à proximité de la personne en question. Un rapide état des lieux lui permit de repérer la personne. "Les", pour être plus précis. Quincy ou Fullbringer. Rien d'autre. S'il s'agissait de la première option, la discussion pouvait devenir intéressante. Il s'approcha doucement. Il était sûr désormais d'avoir attiré son attention. Malgré son apparence très humaine - simple jean et chemise blanche décontractée - il apparaissait clairement comme ne faisant pas partie de ce monde. Un œil entraîné le remarquerait d'emblée. Pour autant, il avait la couverture parfaite : son statut de membre du Conseil des Fullbringers. Si cette femme en était une, alors peut-être qu'elle avait déjà entendu parler d'eux.

- Une jeune femme avec autant de pouvoir ne devrait pas traîner sans protection aucune dans le coin. Si je peux me permettre, vous devriez au moins penser à canaliser votre énergie. Un tel appât ne restera pas longtemps sans attirer l'attention des Hollows.

Il étudiait les traits des deux personnes. S'il s'était adressé à la femme, il n'en oubliait pas la seconde personne à ses côtés. Il hocha alors la tête, se présentant enfin.

- Je suis Akito. Permettez-moi au moins de vous escorter tous les deux jusqu'à l'endroit où vous vous rendez. Si ma présence ne vous dérange pas, bien sûr. Cela me rassurerait.

Liz avait ressenti le besoin soudain de prendre l'air, de marcher. Elle serait bien sortie seule, mais Thomas bien sûr ne l'avait pas entendu de cette oreille. Son rôle, son but était de devenir l'ombre protectrice de l'héritière Neville. Aussi serait-il prêt à aller jusqu'à mettre sa vie dans la balance pour veiller sur celle qui était également sa plus chère et plus proche amie. Pourtant, depuis qu'ils étaient au Japon, ils parlaient peu. C'était bien entendu toujours un peu difficile pour le Spencer qui ne parlait pas la langue et bien que disposant d'une oreillette lui permettant de comprendre, ne pouvait jamais participer aux conversations menées par Liz lorsqu'elle était de sortie. Les êtres spirituels rencontrés n'avaient pour la plupart même pas pu entendre la voix du jeune homme. Mais outre cela, même quand ils étaient seuls, il se faisait à peine entendre, prenant sa mission trop en sérieux au goût de la petite aristocrate.

Il fallait dire aussi qu'ils avaient rapidement eu un petit accrochage, Thomas ayant rapidement rapporté au père d'Elizabeth ses quelques péripéties tokyoïtes. Elle s'en était pris une bonne engueulade et n'avait donc pas cherché elle-même à lancer des conversations avec son chaperon… même si ça la démangeait. Il demeurait très important pour elle, et savait qu'il n'avait agit que pour son bien à elle. Cela passerait donc sans doute quand elle ne supporterait plus ce silence et qu'elle ravalerait un peu de son orgueil, sans doute.

Quoi qu'il en soit, ce n'était pas à cela qu'elle pensait en cet instant. La fermeture éclair de sa veste était remontée jusqu'au dessus de son menton, et ses mains étaient profondément plongées dans ses poches, luttant ainsi contre la fraîcheur nocturne. Heureusement qu'elle avait eu la bonne idée de mettre un pantalon de tailleur aujourd'hui, la jupe n'aurait certainement pas été un choix éclairé. Et marchant ainsi en silence, elle cogitait. Elle pensait à Klaus, à Melody, et à ce qu'elle avait appris de ces rencontres. Et elle estimait avoir plus ou moins pris sa décision : son aide ne serait pas superflue ici. Cela remettrait pas mal de choses en question cependant. Comme l'accord de son père à la laisser rester ici une année durant. Simple break dans ses études afin de parfaire sa pratique du japonais, voilà qu'elle voulait se lancer dans une quête contre les menaces du monde spirituel dans un pays qui n'était pas le sien.

Protéger les humains était certes une des raisons d'être des Quincys, mais la maison Neville était rattaché à la couronne d'Angleterre. Son père tolérerait-il tout cela ? Non seulement qu'elle se mette en danger, mais qu'elle le fasse ici ? Cela risquait d'être un argument supplémentaire, elle le savait. Et l'anglaise devait peser tous ces éléments avant de prendre la décision d'en parler à son paternel. Sans cela, il repousserait toutes ses protestations trop aisément, la renvoyant à un statut de petite fille capricieuse et emportée… ce qu'elle était encore un peu, sans doute… C'est alors qu'une intervention la tira de ses pensées, plutôt surprenante. Shinigami. C'était étouffé, mais suffisant pour qu'elle s'en rende compte avec ses capacités.

- Sans protection ? Et lui alors ?

Rétorqua-t-elle de sa voix douce en pointant Thomas du pouce, avec sa franche sympathie habituelle. Peu importait sa race, elle ne rejetait personne d'un simple regard et aimait à faire la connaissance d'une gamme très étendue de personnalités.

- Je m'appelle Liz, et mon ami s'appelle Thomas. Ne lui en voulez pas s'il ne se présente pas lui-même, mais il est muet vous comprenez...

Celui-ci grogna presque avant de lui répondre en anglais qu'il préférait qu'elle ne s'amuse pas à dire ce genre de chose.

- Oh, tu as retrouvé ta langue ? Mais c'est un miracle, Dieu existe !

Elle gloussa brièvement d'un rire mélodieux tandis que son garde-du-corps détourna la tête, ne goûtant pas cet humour de toute évidence. Ce ne serait pas encore maintenant qu'ils briseraient la glace… Elle en revint alors au Shinigami d'un ton amical.

- C'est très aimable de votre part, mais nous sommes capables de nous défendre, ne vous inquiétez pas. Nous sommes deux, alors que vous êtes seul, c'est peut-être vous qui êtes en danger et qu'il faudrait que nous raccompagnions ? *Elle rit brièvement avant de succomber à sa curiosité habituelle.* Que faites-vous ici, Akito-san ? C'est vous qui êtes désigné à la protection de Tokyo ? Il peut toujours être intéressant de connaître le Dieu de la Mort en charge de la ville où l'on réside...

La petite anglaise en termina ainsi sur un sourire, attendant la réponse de son interlocuteur.

Son regard se posa sur l'homme derrière elle, lui adressant un petit sourire gêné. Il n'avait pas souhaité paraître impoli mais même sans sonder plus que cela l'aura des deux jeunes gens, il lui apparaissait comme évident que l'homme possédait une force moindre. Ou avec de formidables capacités de camouflage. A moins qu'il ne soit là que pour lui assurer une protection physique à l'encontre des humains ? Alors qu'il s'adressait à elle, Akito reconnut la langue employée. De l'anglais. Il ne lui était pas difficile de comprendre puisqu'il était posté en Europe depuis plusieurs décennies. Il n'était donc pas muet mais simplement discret. Il se permit alors de lui répondre à son tour dans la langue de Shakespeare. Lui indiquant qu'il s'excusait de ne pas l'avoir prit en considération lorsqu'il avait évalué les forces en présence.

Maintenant que ce point était réglé, il pouvait porter son attention pleine et entière vers celle du groupe qui semblait décider. Il se permit un sourire alors qu'elle soulignait que des trois, c'était sans doute lui qui avait besoin d'une escorte. A la réflexion, elle n'avait peut-être pas tort. Et il ne chercherait pas à la contredire. Ce qu'il relevait néanmoins, c'était que la jeune femme semblait s'y connaître vis à vis de l'organisation de la Soul Society. Bien sûr, certaines informations étaient de notoriété publique pour qui possédait des pouvoirs spirituels développés. Il n'empêche que ça en disait long sur son instruction.

Quant au Shinigami réellement en charge de la protection de cette ville, il avait déjà fait en sorte que ce dernier serve de messager à l'encontre des instances dirigeantes de la Soul Society. D'autres le remplaceraient, comme il était coutume. Mais un seul homme n'était pas suffisant pour couvrir une telle étendue. Surtout depuis la destruction de Karakura. Il doutait que le Gotei prenne cela à la légère. Mais encore une fois, il ne possédait plus de contact régulier avec eux depuis longtemps, les informations transmises ne s'effectuant que de son côté. Comme il en avait convenu à l'époque.

- La protection de Tokyo ? Oui et non. Je n'appartiens plus à l'armée du Gotei, voyez-vous. Je n'ai donc aucun rôle officiel vis à vis d'eux. Néanmoins, j'appartiens effectivement à un groupe qui se veut être les défenseurs du genre humain.

Il s'agissait là d'un discours qu'il avait répété maintes et maintes fois. Le Conseil se voulait le porte-parole des Hommes et constituait donc une armée de Fullbringers et de Quincy - lorsque ceux-ci se ralliaient à leur cause - afin de protéger les âmes humaines. Leur groupuscule avait pris de l'ampleur les années passants. Et les recrutements ne cessaient donc jamais.

- Le Conseil des Fullbringers. Cela vous parle t'il ? J'en suis l'un des Conseillers permanents.

Et afin de s'assurer que l'autre comprendrait - sait-on jamais - il répéta ces dernières paroles en anglais. Outre le fait que le garde du corps comprenne, il souhaitait aussi voir si le nom de ce conseil générerait une quelconque réaction d'une part comme de l'autre. Ce n'était pas nécessairement évident puisque nombre d'indépendants - c'est ainsi que nommait les individus à pouvoir qui n'appartenait pas au groupe officiellement - n'avaient jamais entendus parler de cette organisation.

- Mais si je puis me permettre, il serait préférable d'avancer un peu. Outre le fait de nous réchauffer, cela évitera aussi que vous passiez pour une folle à parler ainsi dans le vide.

Le petit sourire qu'il lança à l'adresse de Thomas s'annonça aux yeux d'Elizabeth comme une preuve que ce Shinigami n'avait pas mauvais fond. Sans quoi il n'en aurait tout bonnement rien eu à faire. Même ses paroles auraient pu paraître plus creuses sans ce petit geste de rien du tout, mais qui faisait toute la différence. Ainsi il s'excusa auprès du Spencer dans leur langue. Pas nécessaire puisque Thomas était doté d'une oreillette lui traduisant tout en permanence, mais le Dieu de la Mort ne pouvait le savoir. Il serait d'ailleurs malvenu de le lui faire savoir à présent alors qu'il s'était déjà fendu de cet effort. Lui apprendre à présent que cela avait été inutile ne serait pas très courtois. Thomas lui répondit tout de même d'un signe de la main et lui signala verbalement qu'il n'y avait pas d'offense. Bon, il ne semblait pas non plus d'humeur réjouissante, mais de toute évidence c'était plus envers Liz qu'il en avait. Celle-ci commenta alors, bien que restant par politesse sur l'usage du japonais.

- Oh, vous parlez notre langue ? Quelle surprise ! Par contre, je ne pense pas avoir déjà entendu parler d'un Conseil de Fullbringers. Certes, je sais que certains se rassemblent, mais il s'agit généralement plutôt de petits groupes sans grande envergure.

Comme le Shinigami l'avait demandé, ils avaient repris leur marche, bien que les Quincys n'avaient toujours pas de destination précise en tête. Et puis, il n'avait pas tort. Même à une heure aussi tardive, l'on risque toujours d'être vu dans une aussi grande cité, aussi était-il préférable de ne pas trop attirer l'attention en restant plantés au milieu de nulle part à discuter avec une forme invisible. Thomas confirma en disant que lui non plus n'avait jamais entendu parler d'un Conseil de Fullbringers. Elle se disait qu'elle pourrait sans doute en toucher deux mots à son père, qui en savait bien plus qu'elle sur le monde spirituel malgré toute la formation qu'elle avait déjà pu recevoir.

- S'agit-il d'un groupe important ? Si ce n'est trop indiscret, je vous avoue que vous avez réussi à éveiller ma curiosité… peut-être pourriez-vous m'en dire plus ?

Voilà qui était nouveau pour elle. Et tout nouvel élément ajoutait encore à son envie de se mêler de tout ce qu'il se tramait ici à Tokyo. Elle n'était ici que depuis peu, et déjà elle trouvait cette ville follement plus intéressante que les petites chasses aux Hollows mineurs auxquelles elle devait participer habituellement...

- J'ai vécu de nombreuses années en Europe. Transitant par les plus grandes capitales. Parler cette langue était indispensable. Même pour une âme comme moi.

Elle n'avait pas totalement tort : beaucoup de groupes indépendants se réunissaient afin de faire front commun. Pas toujours pour la bonne cause, évidemment. Mais les faits étaient là et cela fonctionnait. Le Conseil avait un tout autre but. Plus louable. Plus noble. Pour des humains. Pas pour lui. Il n'empêche qu'il jouait son rôle d'émissaire à la perfection et que cela fonctionnait depuis nombre d'années maintenant. Cette femme n'avait donc pas entendu parler d'eux. Il allait y remédier. Ils marchaient tranquillement, poursuivant la discussion préalablement commencée. Bien que discret, le garde du corps semblait avoir l'oeil sur tout. Et parvenait malgré tout à suivre la discussion, même s'il n'en laissait rien croire. Un petit geste par ci, une réponse hâtive par là. Mystérieux et fidèle à son poste. Voilà qui avait de quoi soulever de nouvelles interrogations. Mais Akito mit de côté ces dernières pour éclairer la jeune Liz.

- Il n'y a rien d'indiscret, jeune fille. Ce Conseil est relativement important, en effet. Pour tout dire, il gravite dans l'ombre de nombreux gouvernements et possède des membres influents presque partout. On peut donc tout à fait dire qu'il s'agit là d'un mouvement d'envergure. Seulement - vous en comprendrez aisément la raison - il est parfois nécessaire de garder profil bas lorsque cela est nécessaire.

Il jeta un oeil vers le gardien, sans prendre le temps de lui traduire les paroles. Non pas qu'il ne souhaitait pas le faire, mais il ne souhaitait surtout pas couper sa narration pour passer à l'anglais. Certes, sans doute aurait-il été plus simple de tout retranscrire dans leur langue directement. Mais à dire vrai, il n'y avait tout simplement pas pensé. Même s'il parlait et comprenait couramment, il avait pour habitude de pratiquer la langue du pays dans lequel il se trouvait. Habitude imposée par ses longues années d'entraînement. Il était conditionné pour ça. On ne reniait pas quelque chose qui était plus grand encore que le simple instinct.

- Mon travail est d'aller à la recherche de Fullbringers afin de leur proposer de rejoindre le mouvement. Ce n'est évidemment qu'une proposition et ils sont en droit de refuser. Lorsque cela arrive, je dois seulement m'assurer qu'ils ne deviendront pas des ennemis de l'humanité. Il est de coutume de dire que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Il peut arriver malheureusement que ce pouvoir tourne la tête de certaines personnes. Les humains en font toujours les frais, que ce soit volontairement ou involontairement. Le Conseil souhaite restreindre l'impact du monde spirituel sur le monde des mortels. Projet ambitieux s'il en est. Mais il me permet de voir du pays.

Il occultait volontairement son domaine de compétence. S'il avait réussi à s'intégrer dans le Conseil, malgré ses origines, c'est qu'il leur avait apporté de nombreuses informations vitales. Mais aussi des capacités plus que nécessaire dans ce qu'ils appelaient la "résolution des problèmes majeurs".

- Voilà ce que je peux dire sur le Conseil. Mais dites-moi... Pourquoi une si jeune femme a t'elle besoin d'un garde du corps ? Vous ne semblez pas si faible que cela, après tout.

Liz, de nature très curieuse, écouta donc très attentivement la réponse du Shinigami. Manifestement, son groupe qu'il appelait le Conseil des Fullbringers n'était pas du genre de ces petits rassemblements de quatre ou cinq êtres spirituels qui se formaient parfois. Cela paraissait même plutôt tentaculaire s'il fallait en croire ce qu'il lui en disait actuellement. Une présence et des contacts dans différents gouvernements, des voyages fréquents dans toute l'Europe,… Oui, comme il le disait, c'était apparemment un mouvement d'envergure. Son père devait alors forcément en avoir entendu parler. Elle nota mentalement de ne pas oublier de passer par là, quitte à devoir lui révéler ses ambitions actuelles qui risquaient de ne pas lui plaire.

- Oh oui, croyez-moi, je sais parfaitement ce que c'est de devoir faire profil bas.

Non seulement au niveau de la maison Neville qui avait pu survivre ces siècles durant autant par la protection de la Couronne d'Angleterre que par une discrétion rigoureuse. Protéger le peuple d'Angleterre des Hollows, ne pas chercher à en faire trop, ne pas se mêler de ce qui ne les regardait pas. Et voilà qui était tout. Mais aussi au niveau personnel, où elle avait bien du mal ces dernières semaines à ne pas se mêler de la situation tendue qui semblait avoir Tokyo pour théâtre.

Akito parla alors de son rôle personnel. Recruteur apparemment. Enfin, cela avait tout de même l'air plus compliqué que cela, la deuxième partie de son travail devant sans doute rester plus confidentiel. Elle aimait sa manière de tourner autour du pot. « S'assurer qu'ils ne deviendront pas ennemis de l'humanité ». Auquel cas finissaient-ils sans doute à leur tour à la Soul Society, repartant pour un tour dans le cycle des âmes…

Avant qu'elle ait pu poser d'autres questions, la discussion revint soudainement sur elle. Liz pesa un instant sa réponse avant de la soumettre au Dieu de la Mort.

- Disons juste que je suis fille unique, et que mon très cher père tient beaucoup à moi. C'est déjà un exploit qu'il m'ait laissée venir au Japon, et la présence de Thomas était la condition sine qua non.

Elle soupira, n'estimant pas avoir besoin de protection particulière. Bon, dans le fond, ça lui faisait aussi plaisir que son ami soit là même s'ils se faisaient un peu la tête dernièrement. Avoir une présence, quelqu'un de proche, c'est toujours important pour que notre monde ne s'en trouve pas par trop chamboulé. La petite anglaise lança un coup d’œil par dessus son épaule à son chaperon, où il pourrait peut-être y lire une petite étincelle d'envie de fin des hostilités. Mais pas de quoi s'attarder là-dessus pour le moment, après tout elle était en pleine discussion.

- Vous êtes donc en recrutement sur Tokyo alors ? J'ai moi aussi ressenti certains potentiels spirituels assez marqués ici. Je ne m'imaginais pas que ce soit possible de trouver autant d'êtres spirituels à la même localisation… Peut-être même qu'il s'agit déjà des gens de votre organisation ? Ça permettrait en partie d'expliquer une telle concentration...

D'autres questions lui venaient à l'esprit également. Sa curiosité, encore… Ces marques sur son visage, notamment. Mais elle restait malgré tout bien éduquée, et savait donc que ça ne se faisait pas de basculer dans les questions personnelles de ce type directement. Elle tâchait aussi de ne pas trop fixer ces cicatrices quand elle le regardait, mais ce n'était pas bien évident...

Elle répondit à sa question sans détour et la justification lui paraissait suffisamment crédible pour balayer les autres questions à ce sujet. Ce point était donc clos à ses yeux et il n'y avait plus de raison de s'y attarder plus que nécessaire. Au demeurant, cette femme paraissait plutôt sûre d'elle. Avoir réussi à infléchir la décision de son père - qui qu'il soit - semblait être un exploit en soi et son caractère semblait suffisamment infirmé pour se permettre de s'opposer à ses choix. Elle avait accepté la présence de ce gardien à ses côtés tout en dévoilant plus ou moins clairement qu'elle n'estimait pas cette action très utile. Akito s'amusa de la voir souffler de la sorte. Etait-ce typique des oppositions entre père et fille ?

La discussion revint finalement sur lui et son organisation. Ce qui était logique en réalité, puisqu'il était celui qui s'était présenté à elle et qu'il se devait donc d'éclaircir les zones d'ombre à son sujet. D'autant que l'organisation dont il faisait mention pourrait peut-être l'intéressée. Du moins est-ce ainsi qu'il le prit, préférant ne pas s'avancer de trop quand même. Après tout, il ne savait rien d'elle. Et s'il avait décelé du pouvoir chez elle - et elle ne le cachait pas - il ne savait pas encore sous quel forme celui-ci se manifestait. Les Fullbringers possédaient bien des talents en réalité. Et le voile sur ses origines véritables n'avait pas encore été levé.

- C'est exactement cela. Je recrute pour l'organisation. Tout en essayant également d'en apprendre plus sur les récents événements qui ont secoués cette partie du monde. Un travail à temps plein tant il est difficile parfois de se faire entendre des hommes et des femmes possédant des dons. Certains sont clairement hostiles et n'attendent qu'une occasion pour frapper. A l'image de ces maudits Hollows.

Il ne masquait pas l'animosité qu'il portait à ces créatures du Hueco Mundo. Ni à ces Fullbringers qui se comportaient comme des bêtes. Les uns comme les autres ne méritaient aucune clémence. Mais pour l'heure, il n'avait pas encore toutes les cartes ne main pour agir. Cela ne tarderait plus, toutefois. Quant à la question du rassemblement, il pouvait lui répondre. En partie, tout du moins. Car cette femme semblait posséder de grands dons au niveau de la détection. Qui sait ce qu'elle avait réellement perçue ?

- Sans doute qu'une partie de ces forces appartient à mon contingent. Mais je crains que la grande majorité ne se soit rassemblée ici que par instinct. Initialement, c'était la ville de Karakura qui attirait les êtres comme vous. Aujourd'hui, il semble que ce soit Tokyo. C'est un mystère, en réalité, que je ne saurai expliquer réellement. En dehors de quelques suppositions que je tairais : j'évite en effet de dire n'importe quoi si je n'en suis pas convaincu moi-même.

Il s'arrêta et se tourna complétement vers les deux jeunes gens. Il avait conseillé d'avancer afin de ne pas attirer l'attention, ce qui une excellente idée. Néanmoins, peut-être que la jeune femme désirait se réchauffer. Les nuits étaient parfois fraiches et si lui-même ne ressentait plus aussi clairement le froid, il en était tout autre d'une humaine.

- Le problème de ces concentrations, c'est que ce sont de vrais appâts à Hollows. Plus les esprits forts sont centralisés à un endroit, plus il y a de risques de conflits importants. C'est ce qui a amené la destruction de Karakura, dont je vous parlais précédemment. Sinon... J'espère que vous n'avez pas trop froid ? Si vous le souhaitez, nous pouvons tout aussi bien trouver un endroit pour nous réchauffer et poursuivre cette discussion. Et pour éviter les regards inquisiteurs, je peux prendre une apparence plus "réel". Si l'on peut dire ainsi.

Il lui adressa un petit sourire. Dans sa poche se tenait un Gigai qu'il gardait pour ce genre d'occasion. Si nécessaire - et seulement si elle le souhaitait - il prendrait corps dans cette marionnette afin de ne pas attirer l'attention sur ces deux-là inutilement. Encore une fois, ce n'était qu'une proposition.

Apparemment elle n'était pas la seule à vouloir en savoir plus sur les événements récents de Tokyo. Devait-elle faire part de ce qu'elle avait appris, ou plutôt tenter de creuser afin de voir si au final Akito n'en saurait pas un petit peu plus ? Elle rangea cette question dans un coin de son esprit pour le moment, car le fil de la discussion le mènerait peut-être à se dévoiler seul sans qu'elle n'ait à demander quoi que ce soit, l'on ne sait jamais… En tout cas, il semblait porter la même haine qu'elle envers les Hollows – après tout, ils ne parvenaient pas à s'aimer entre eux, pas étonnant que le reste du monde spirituel ne cherche qu'à les anéantir.

Le Shinigami la renseigna également sur le fait que la provenance des multiples énergies spirituelles de la ville devait plus tenir au hasard qu'autre chose. Enfin, pas tout à fait, instinct et hasard n'étant pas tout à fait la même chose. Était-ce un peu comme lorsque eux, les Quincys, utilisaient des appâts à Hollows ? Comme si, au final, une concentration d'énergie tellurique appelait les êtres spirituels à se rassembler ? Elle aurait grandement aimé creuser la question avec lui, mais selon ses dires il n'en savait pas plus à ce sujet. Dommage, mais cela était une bonne chose également, car si elle ne faisait qu'accumuler les questions à poser, elle finirait sans doute par user le Dieu de la Mort jusqu'à la corde.

Cela avait l'air passionnant en tout cas, cette faculté qu'auraient les gens comme eux de ressentir intuitivement ces concentrations d'énergie pour les forcer à migrer, un peu comme des saumons quittant l'étendue d'une mer pour remonter un fleuve à contre-courant dans le seul but de se reproduire. L'instinct en effet, et non le hasard. Cela faisait du sens. Pour autant, elle ne s'estimait pas concernée. Ce serait fou que de Londres elle ait pu ressentir cette attraction. Et puis, ce serait remettre en cause l'intérêt même de ses dernières années d'étude. Elle voulait devenir interprète, et ce furent les langues asiatiques qui l'intéressèrent le plus. Le français avait été sa première « deuxième langue », mais le mandarin et le japonais avaient suivi. Elle avait alors trouvé sa langue préférée, son coup de cœur, et n'avait plus voulu que découvrir de plus près cette culture, perfectionner cette langue sur place. Non… ce serait vraiment juste dingue que ça puisse avoir un lien… non ?

Dans le courant de la discussion, ils s'étaient arrêtés, et maintenant Akito attirait son attention sur un autre point, beaucoup plus terre-à-terre.

- C'est gentil de vous en inquiéter, mais non, je n'ai pas froid.

Enfin… à bien y réfléchir, en fait si. Ce n'était pas qu'elle avait voulu mentir, mais juste que son intérêt pour la conversation lui avait permis de ne pas y penser, ne pas y prendre garde, tout simplement. Mais maintenant qu'il ramenait son attention sur ce détail… effectivement, elle avait un peu froid ! Son corps le savait déjà de toute évidence, ses bras étant collés contre son corps, ses mains enfoncées dans ses poches et son cou bien rentré dans son col.

- Enfin… maintenant que vous le dites… Est-ce que vous aimez le thé, Akito-san ? Il me semble me souvenir qu'il y a un salon non loin d'ici, je vous en offre un tasse volontiers !

Elle lui sourit franchement, tout pétrie de sympathie et d'altruisme qu'elle était.

- Pendant que nous marchons, si vous le voulez bien… je vous avouerais que les récents événements dont vous parlez… voilà un sujet qui m'intéresse particulièrement. J'ai ressenti des choses… un peu étranges. Une concentration d'énergie anormale. En savez-vous plus à ce sujet ?

Le thé ? Pour une anglaise, il n'y avait là rien d'anormal à faire ce genre de proposition et il se prit au jeu, acceptant volontiers la proposition. Mais peut-être qu'il serait dispensé de revêtir son gigai : un simple salon, ils pourraient très bien passer inaperçu tout en lui laissant la primeur de son apparence véritable. Il n'aimait pas ce sentiment d'impuissance qui s'emparait des Shinigamis lorsqu'ils prenaient place dans ces marionnettes. Si cette apparence lui permettait de déambuler à la vue de tous, elle restreignait aussi considérablement les facultés de détection. Parfait pour disparaitre des radars. Mais plutôt perturbant pour qui se méfiait de tout et de tous.

Pour le reste, le jeu des questions- réponses continuait tranquillement. Elle semblait s'intéresser réellement à ce qu'il racontait et il appréciait cela. Pas pour ce qu'il pouvait lui apprendre mais plutôt pour lui prouver qu'il n'avait aucun intérêt à lui cacher la moindre information. Peut-être que si la confiance s'installait, il pourrait mettre sur la table un recrutement potentiel. Quoi qu'il en soit, et même s'il y songeait, il ne pouvait en parler pour le moment. Car il lui fallait lui répondre.

Car pour la première fois depuis le début de cette conversation, il se sentait démuni. Les informations qu'il possédait quant à cet événement étaient perturbantes. Et quelques-uns de ces rapports se contredisaient. L'une des raisons de sa présence en cette ville consistait aussi à tirer le vrai du faux. Une fois encore, sa mission l'avait tenu éloigné du champ de bataille. Et des informations primordiales que l'on en retirait. Les Fullbringers possédaient un réseau d'informations plutôt vaste. Mais ils n'étaient pas reconnu pour leur fiabilité. Il poussa un soupir, mettant ses mains dans le dos. Les yeux perdus dans le vague, il ordonnait ses idées.

- Je peux en effet vous faire part de ce que je sais. Toutefois, c'est plutôt maigre. Je cherche moi-aussi les réponses qui me permettront de savoir ce qui se passe ici-bas. Mes rapports font état d'une bataille qui a eu lieu. Une bataille étrange, qui a mêlée pour la première fois le monde des mortels à celui du monde spirituel. Oh, inutile de me dire que cela s'est déjà produit.

Il lui sourit, tristement. Il est vrai que chaque bataille impliquait les deux mondes. Mais ici, on parlait de zombies. De mortels contaminés. On avait essayé d’étouffer l'affaire. Mais le problème restait : qui avait agi ainsi. Qui en avait le pouvoir. Et surtout... Pourquoi ?

- Des mortels se seraient transformés en Hollows. Jamais jusqu'alors cela ne s'était produit. Les Shinigamis les ont combattus. Les Fullbringers aussi. Ils les ont repoussés. Mais pas sans dommages. Pas sans perte. Le monde des humains commence à ouvrir les yeux sur ce genre d'événements surnaturels. Et ce n'est pas une bonne chose. Moins encore s'ils commencent à se transformer sans raison. Je suis navré, Liz. Ces informations, je ne peux les garantir. Je cherche moi-même une preuve pour confirmer mes notes et mes informateurs.

Le visage crispé, il paraissait évident qu'il n'avait pas l'habitude que des choses lui échappent. Malheureusement, ici il ne pouvait que se fier aux informations données. Mais sans preuve, comment agir ? Et comment alerter le Conseil pour débloquer des moyens ? Un instant, il se tût. Avant de lâcher, dans un souffle :

- Je n'en sais pas beaucoup plus. Mais la situation est grave.

Liz n'en apprit pas plus avec l'explication d'Akito, les informations de Klaus et de Melody – témoins directs de la scène – qu'elle avait pu récolter allant déjà plus dans les détails. Le Shinigami se montrait d'ailleurs assez intrigué sur toute cette affaire qui avait naturellement attiré l'attention de ce fameux Conseil des Fullbringers. Pendant qu'elle l'écoutait en parler, ils se dirigeaient vers le salon de thé. La petite anglaise s'étonna qu'il n'ait pas déjà cherché à entrer dans son corps artificiel – elle savait que les Shinigamis possédaient ce genre d'artifice même si elle en ignorait le nom – en se disant qu'elle n'aurait pas l'air bien maligne si elle se retrouvait à discuter avec un fantôme en public. Bon, d'accord, c'était déjà un peu ce qu'elle faisait, mais ce n'était pas non plus comme si les rares passants dans les petites rues qu'ils empruntaient pouvaient réellement avoir le temps de réaliser qu'elle ne parlait pas à ce jeune homme au cheveux blancs qui la suivait.

Pour en revenir à la discussion en cours, la Neville pouvait au moins confirmer ses informations. Enfin, elle n'en savait que ce qu'elle en avait recueilli, ce qui n'en faisait pas pour autant des informations sures. Cependant elle considérait Klaus et Melody comme des sources fiables, aussi n'hésita-t-elle pas longtemps.

- Pour être tout à fait sincère, j'en ai entendu parler moi aussi. Je… j'ai mené ma petite enquête personnelle, et j'ai réussi à recueillir deux témoignages. Ils confirment ce que vous venez de me dire, et ajoutent qu'avant d'avoir pu terrasser ces… mutants, ces derniers ont vu leurs têtes exploser. Je n'ai pas de preuve autre que ce que l'on m'en a raconté, et mes témoins visuels n'ont aucune idée de ce qui se cache derrière cet événement. Cependant j'aurais tendance à leur faire confiance assez que pour croire en cette version.
Hmm, Akito-san… Nous serons bientôt arrivés. Ne devriez-vous pas en profiter que nous parcourions encore des ruelles peu fréquentées pour… vous habiller ?

Elle ne savait pas vraiment comment il convenait de le dire, mais estimait cependant qu'il ne devrait pas y avoir de problème de compréhension pour autant, puisqu'après tout il l'avait lui-même proposé.

Elle en savait plus qu'elle ne l'avait laissé entendre et le complément d'informations éclairait certaines des zones qui étaient jusque-là restées dans l'ombre. Akito ne savait quoi penser de ces choses-là. Mais comprenait mieux pourquoi tant de ces Fullbringers étaient tombés. Sans doute que certains avaient été pris par ces explosions. Restait à comprendre ce qui avait engendré ces abominations mais il doutait de trouver une réponse satisfaisante. Il lui faudrait relayer l'info. Peut-être même que les Maîtres en sauraient plus ?

Quoi qu'il en soit, l'humaine avait raison. Ils arrivaient et s'il espérait poursuivre cette discussion, il lui faudrait lui aussi revêtir ses habits mortels. Il n'appréciait pas cela mais il s'agissait là d'une concession qu'il se devait de faire. De toute évidence, ni Liz ni son compagnon n'étaient un danger pour lui. Ainsi opinait-il du chef et entreprit-il d'agir comme il se devait de le faire. L'opération serait rapide. Et alors qu'il faisait apparaître le corps artificiel, il entreprit de se glisser dedans.

Lorsqu'il se redressa enfin, il sut qu'il était devenu visible aux yeux de n'importe quel humain. Sa perception de son environnement était clairement amoindri. Un sentiment qu'il n'appréciait que moyennement. Sous cette forme, il était clairement plus faible. Même s'il pouvait reprendre sa forme véritable rapidement. Se faire surprendre était toutefois exclu : cette femme et son allié semblaient disposer de capacités développées. Ils sentiraient n'importe qui approcher. N'importe qui d'hostile.

- Me voilà fin prêt. Je vous remercie pour ces précisions. Cela confirme ce que j'avais entendu, bien que cela ne me rassure nullement. Nous pouvons entrer là où vous désiriez nous conduire. Vous ne passerez plus pour une illuminée désormais.

Il lui sourit, lui faisant comprendre qu'il était l'heure de prendre ce fameux thé. Mais pas seulement. Il était aussi temps d'entrer dans le vif d'un autre sujet qui l'intéressait tout autant. Quitte à jouer la carte du Conseil, autant le faire jusqu'au bout. Ainsi allait-il tenter d'évaluer les chances de recrutement de cette humaine. Il ne connaissait encore rien de ses pouvoirs mais comptait en apprendre plus. Si elle se réservait le droit de lui répondre sur ce sujet, alors il trouverait une autre solution.

- Je n'ai pas pour habitude de tourner autour du pot, voyez-vous. Ainsi irais-je droit au but. Dans le cadre de ma mission, il m'est nécessaire de rallier le plus d'humains à pouvoir possible pour le Conseil. L’ingérence des Shinigamis est insupportable pour ceux qui dirigent l'organisation. Aussi difficile que ce soit pour moi de le dire, vous comprendrez pourquoi. Mais nous manquons de moyen humain. Vous semblez doué, mademoiselle. Ainsi que votre garde du corps. Je suis persuadé que vous auriez une place de choix au sein de cette armée. Je sais que chaque Fullbringer possède un don qui lui est propre. Serait-il possible de connaître le vôtre ?

Il se tût un instant.

- Si la question vous gêne, je vous prie de m'en excuser.

Il n'était en rien désolé. En rien du tout. Seulement cette anglaise semblait éduquée, de fait il fallait respecter les règles de la bienséance.

Liz se sentait déjà plus à l'aise maintenant qu'Akito avait pris la peine d'enfiler un corps physique. Elle n'avait ainsi plus à s'inquiéter d'entrer avec lui dans un salon de thé, ou même de passer par des rues un peu plus arpentées. Car après tout, il n'y avait rien de mieux pour attirer l'attention sur elle que de la voir se trimballer et parler avec quelqu'un qu'elle était la seule à pouvoir apercevoir. Aussi la voilà à présent soulagée tout de même avant de s'approcher pour de bon du salon de thé où elle désirait l'emmener.

- Merci, c'est gentil de votre part.

Cependant, le temps d'y aller, ils avaient naturellement encore le temps de discuter quelque peu. Et le sujet qu'Akito allait aborder désormais arracha un sourire à Liz qui ne quitta pas son visage durant un bon moment. Non seulement il souhaitait la recruter, mais en plus le Shinigami lui demandait quel pouvoir de Fullbringer elle pourrait bien avoir. Cela ne pouvait que l'amuser, alors qu'elle pensait que son interlocuteur avait compris qu'elle n'était pas de ce type d'humain à pouvoir. Bon, elle ne risquait pas grand-chose en éclairant sa lanterne et en lui faisant comprendre que ce n'était là pas le cas, mais avait-elle réellement envie de vendre la mèche là tout de suite ? De quoi discuteraient-ils une fois devant leur thé s'ils tiraient déjà toutes les munitions dès maintenant ? Oh, au pire ils n'étaient pas bien loin, elle pouvait bien lui apporter au moins cette précision dès à présent.

- Au risque de vous décevoir, je crains ne pas avoir de pouvoir de la sorte. En effet… vous faites erreur en nous voyant comme des Fullbringers.

Liz essayait tout de même de ne pas parler trop fort, espérant que les quelques passants qu'ils pouvaient croiser désormais ne puissent pas non plus capter trop facilement leur étrange conversation. Enfin, du moins elle le serait à toute oreille non-avertie.

- Nous sommes des Quincys.

Lâcha-t-elle finalement avec légèreté après avoir laissé filer quelques secondes supplémentaires. Même pour quelqu'un qui comme lui parcourait le monde à la recherche de candidats à son organisation, il devait être rare d'entendre pareille chose. Les Quincys étaient après tout presque éteints à l'exception de quelques clans bien cachés et de survivants occasionnels. Quoi qu'il en soit, cela aurait certainement de quoi surprendre un Shinigami, qui avaient après tout connu une de leurs plus grandes crises au cours de ces dernières années à cause du Vandenreich qui avait heureusement été anéanti.

- C'est juste là, regardez, nous sommes arrivés !

Dit-elle en pointant le salon de thé, visible à une vingtaine de mètres d'eux. De quoi placer une petite pause dans la discussion, le temps de s'y rendre et de s'installer. Commander rapidement. Se faisant aux goûts locaux, ce serait du jasmin pour Thomas et elle, Akito serait libre de prendre ce qu'il désirait. Une fois tranquilles, elle pourrait alors enfin poursuivre.

- J'espère que cela n'est pas un problème pour vous. Quant à votre organisation, je me vois contrainte de refuser poliment votre proposition. Thomas et moi préférons garder notre indépendance, vous comprendrez.

Bon, en vérité, ils faisaient déjà partie d'un clan, en effet. Mais il n'était clairement pas dans l'intérêt de Liz de déballer l'existence du clan Neville. C'était même typiquement pour cela qu'elle éviterait autant que possible de parler d'elle-même et de son passé, ou du moins de ne pas en dire la vérité. La sauvegarde du clan était une priorité.

Citation :

Si t'as besoin, j'peux éditer pour poser quelques questions sur le Conseil. Mais si tu veux on peut aussi finir. C'toi qui vois coupaing.

- Je comprends parfaitement. Être Quincy n'a jamais été un frein pour l'organisation, même si vous êtes plus rares que les Fullbringers, évidemment. Le Conseil est avant tout là pour les humains, quels qu'ils soient. Si un jour, vous changez d'avis, alors n'hésitez-pas à nous contacter.

Il lui sourit, cachant néanmoins son trouble. Si les humains lui posaient parfois problème dans leur manière d'aborder les choses, les Quincy étaient à ses yeux une engeance à détruire. Il ne les haïssait pas, bien sûr. Mais restait sur les positions qui lui avaient été enseignées à l'époque de ses classes. Ils détruisaient sans se soucier de l’équilibre des âmes. Ils étaient un danger. Moins grand que celui des Hollows, évidemment, mais danger quand même. Il en avait connu par le passé. Mais il est vrai qu'ils étaient rares et de fait, moins enclin à rejoindre le Conseil.

Après avoir commandé sa propre boisson, ils passèrent le reste de la soirée à discuter de tout et de rien. Prenant même plaisir à échanger dans la langue natale de la jeune femme. Au-delà du sang qui était le sien, Akito ne pouvait s'empêcher de trouver la jeune femme charmante. Il faut dire qu'elle possédait quelques arguments - niveau poitrine notamment - qui ne le laissaient pas indifférents, tout Shinigami qu'il soit. Sans doute son séjour sur Terre qui l'avait quelque peu changé. Mais il dut se faire une raison : elle ne serait pas à lui. Car Thomas, ayant perçu le regard inquisiteur du Tenma, lui avait fait les gros yeux. Le genre de regard qui signifiait clairement "pas touche, elle est à moi". Et bah tant pis...

Ainsi se termina la soirée. Calmement. Avant que les différents parties ne décident de se quitter. Et de se dire qu'ils se reverraient peut-être bientôt. Qui sait.

[RP terminé. Désolé pour cette conclusion minable °°]

Apparemment il était tout de même possible pour elle de faire partir de l'organisation, d'intégrer le Conseil malgré le fait qu'elle soit Quincy et non Fullbringer. Il n'en restait pas moins que ça lui faisait tout de même bizarre de considérer qu'une organisation nommée « Conseil des Fullbringers » accueille en son sein des Quincys et même dans le cas d'Akito un Shinigami. C'était même sans doute cela le plus étrange, surtout qu'il venait d'ajouter que le Conseil était là avant tout pour les humains. Enfin soit, le sujet allait ainsi se terminer puisqu'il serait compliqué d'obtenir de plus amples informations maintenant qu'elle avait fait savoir qu'elle ne comptait pas intégrer les rangs du Conseil. Liz faisait déjà partie d'un clan dont il est bien plus difficile d'entrer et de sortir. La Maison Neville était sa famille, tout simplement, dont elle était même l'héritière et ce même si son père peinait à lui faire confiance… ou tout du moins ne souhaitait pas la voir s'impliquer car cela serait synonyme de risques.

La soirée se passa ensuite calmement, la discussion dérivant sur différents sujets. Akito était de bonne compagnie, même si ce n'était pas non plus la personne toute désignée pour animer une soirée. Au moins était-il sympathique et avait la conversation aisée. Une rencontre enrichissante donc, mais qui devait bien se terminer. Ils se séparèrent après qu'Elizabeth ait payé l'addition comme elle l'avait promis – ce qui n'avait clairement rien d'un problème vu l'importance de « l'argent de poche » sur lequel elle pouvait compter. Cela aide de faire partie de la noblesse d'Angleterre l'air de rien…

Spoiler: