Le prédateur se tenait là, engoncé dans une roche sculptée tel un trône par les âges, se débattant tant bien que mal avec son for intérieur. Le regard impassible, dépouillé de toute vie, Caeli fixait la roche qui l'entourait. Jadis avide de conquêtes et de pouvoir, l'habitant du monde creux n'avait désormais que pour empire cette tanière dans laquelle il avait élu domicile au-delà de l'erg blanc.

Cette grotte froide, torturée par le sable qui creusait lentement la falaise blanche, reflétait parfaitement l'état de l'ancien membre du palais de la nuit. Dans la noirceur la plus totale, il continuait d'entretenir la honte de sa défaite, de son exil. Le chef de l'Exequias n'avait pas fait que déchirer sa sangle abdominale et broyer ses intestins ce jour-là... C'était tout son subconscient qui s'était brisé dans un hurlement de douleur, lorsqu'il fut défait. Ses ultimes ressources ne perduraient que dans le fol espoir d'un jour pouvoir prendre sa revanche.

L'Arrankar se remémorait constamment - tristement - cette fuite humiliante jusqu'aux confins du désert. Chaque foulée plus douloureuse que la précédente. Son sang s'écoulait abondamment, se mélangeant avec le sable pour former une boue carmin, tâchant le désert immaculé telle une larme sur un visage. La mort lui aurait été préférable, la récompense du guerrier vaincu.
Cependant, la roue du destin, impitoyable, avait souhaité pouvoir se délecter du spectacle de cet être se consumant peu à peu par la folie, plutôt que de lui offrir la joie du trépas. Même si ses plaies ne sont encore aujourd'hui de douloureux stigmates sur sa chaire achromique, la blessure de son esprit ne s'est elle, jamais refermée avec le temps. Telle une meurtrissure infectée, gangrenant jusqu'aux plus noirs tréfonds de son âme la moindre parcelle de fierté et d'honneur.

Les secondes se confondaient avec les minutes, puis les heures et les jours...
L'ancien Hollow n'avait plus conscience du temps, terré dans son trou tel un rongeur, il attendait. Les quelquefois où Caeli daignait lever sa carcasse abîmée, c'était pour voir cet océan de quartz impassible transpercer la silhouette du Palais. De l'endroit où il se tenait, celui-ci semblait pouvoir tomber seulement par la force de son index. « Si c'était aussi simple ... » ne put-il s'empêcher de penser d'un rictus carnassier, « mon cul serait vissé sur le trône de Las Noches depuis un âge ! » finit-il d'un ricanement qui perça le néant.

Son bras posé contre l'abdomen, ses boyaux étaient prêts à sortir à chacun de ses pas. Le moindre mouvement le tordait de douleur, « Comment pouvais-je espérer me venger ? » songeait-il, noyé dans le désespoir. Peinant à se tenir droit, sa charpente autrefois, imposante, paraissait désormais bien pitoyable. Ses jambes atrophiées se cognaient maladroitement contre les restes de ses proies, en décompositions sur le sol de son antre.
Son trauma n'avait en rien altéré son instinct de prédateur et assécher sa soif de combats en dévorant la piétaille ne lui suffisait plus. Sa patience s'était tarie et il ne souhaitait guère pousser son dernier râle ici bas.

Loin de toute civilisation. Loin de Nacimiento et encore plus de Las Noches. C'est là que s'était retiré Aguante pour pouvoir s'immerger plus encore dans sa pratique de l'art de la guerre. Il avait ressenti ce besoin de se retrouver seul pour pouvoir progresser. Il devenait devenir plus fort, si fort que plus personne n'oserait le dédaigner. Le refus de la Primera lui était resté en travers de la gorge.

Il leur montrerait, à ces deux-là, que ce n'est pas parce qu'il avait le grade d'un lambda qu'il en était un. Et ce jour-là, elles regretteraient. Il n'avait pas encore la prétention de pouvoir les battre, mais au moins pensait-il pouvoir les gêner. Les forcer à libérer leur Resurecciòn, les blesser dans leur honneur et dans leur chair. Et maintenant qu'il avait cet objectif en tête, il n'en démordrait pas. Elles comprendraient, il s'en fit le serment.

Pour s'isoler, le Numeròs avait choisi de s'aventurer aux confins du désert, persuadé qu'on ne viendrait pas l'y déranger. Et il avait donc commencé à pratiquer, frappant le vide avec autant de fureur que s'il s'était agi d'un être qu'il détestait. Pitié ? Limite ? Ces mots étaient inconnus dans son vocabulaire. Même pour l'entraînement, il se donnait toujours à fond, surtout quand un objectif était clairement défini en lui. Et c'était présentement le cas.

Jamais il n'aurait pensé une âme assez folle pour pouvoir s'aventurer ici. Bien sûr, il y avait bien des rumeurs sur des êtres surpuissants qui rôderaient par-delà le Yermo. Mais les voir en vrai était inattendu. Hélas pour lui, il n'avait pas particulièrement développé ses pesquisas, et il ne pouvait donc pas deviner l'identité de la présence proche. Mais il y avait bien quelqu'un, il en était persuadé.

Accélérant le pas, bondissant par-delà les dunes, il guetta le blanc paysage, cherchant à y repérer toute incongruité, toute présence, de quelque nature qu'elle soit. Peut-être aurait-il droit à un combat. Ce serait l'idéal, même s'il n'en attendait pas tant. Et puis il repéra cette silhouette. Cette créature à l'air émacié. Peut-être qu'elle ne valait rien, mais le jeu en valait la chandelle. Par quelques mouvements agiles, l'Arrancar vint se placer face à l'inconnu.

Mains dans les poches, regard sévère, il l'harangua :

- Hé. Toi. Qui es-tu exactement ?

D'abord, vérifier qu'il valait le coup. Dans le cas échéant, l'affronter. Sinon, il se barrerait sans autre forme de procès. Son temps était trop précieux pour qu'il le perde avec des minables.

Cet inconnu ne plaisait pas à Aguante. Le ton qu'il adoptait était beaucoup trop hautain pour quelqu'un dans son état. A vue de nez, il aurait suffi d'une pichenette de la part du Numeròs pour que l'autre s'effondre. A moins que son discours ne cache une puissance insoupçonnée. Peut-être fallait-il vérifier de quoi il était capable. Ou au moins lui donner une leçon. Pas de raison donc d'éviter le combat. Dans le pire des cas, il châtierait simplement un Arrancar un peu trop sûr de lui.

Dans le meilleur des cas, il aurait une distraction bienvenue, en plus d'une possibilité de s'améliorer. Le jeune Numeròs fit un pas de plus, s'approchant encore un peu de l'alpha et l'oméga, comme il s'était présenté. Peut-être avait-il été un jour quelqu'un, pour parler avec autant de fantaisie. Le jeune homme s'assurerait qu'il n'en reste plus rien. Faisant craquer sa nuque, l'Arrancar à l'apparence d'adolescent lâcha sur un ton narquois :

- Je suis Aguante. Et je vais m'assurer que tu ne sortiras plus ce genre de phrases sans queue ni tête quand on te posera une question. Tu t'y crois un peu trop, pour un type de ta carrure.

Les intentions du Numeròs transparaissaient clairement dans ses propos. Aussi, il n'allait pas faire dans la dentelle et allait lancer lui-même cette bataille. Il n'allait pas libérer immédiatement sa Resurecciòn, ne souhaitant pas écourter un combat qui le serait peut-être déjà bien trop, court. Il allait commencer plus lentement que d'habitude. Tout d'abord, il libéra son reïatsu, laissant sa pression spirituelle se déchaîner autour de lui et sur son adversaire. Avec une telle aura, il apparaîtrait plus grand, plus puissant, plus féroce.

Puis, il se déplaça vers son adversaire d'un Sonido à une vitesse modérée, toutefois suffisante pour espérer le surprendre, et il envoya un brutal coup de coude en direction du sternum de son opposant. Histoire de mettre les points sur les i. Un second Sonido l'amena dans le dos de son adversaire imbu de sa personne, et il lui plaça cette fois un coup de pied vers l'arrière des genoux, pour le déstabiliser. Qu'est-ce qu'il aurait à répondre ça, alors ?

Spoiler:

Le sable bouillait sous ses pieds, comme si le sol allait se dérober pour l'engloutir dans les profondeurs du monde creux. Les effluves qui s'échappaient de cet individu troublaient le paysage monochrome. L'atmosphère était lourde, prête à s'embraser à la moindre étincelle pour le consumer. Le Vagabond sentait ses membres se raidir sous la libération d'énergie de son belligérant. Irritable, indubitablement, son interlocuteur n'escomptait apparemment pas continuer la conversation.

L'âme exilée ne pouvait qu'assister impuissant à son châtiment pour son arrogance qui allait, à n'en pas douter, être imminent.
Il ne se passa qu'une poignée de secondes entre l'instant où Caeli l'avait perdu de vu et le moment où il s'était retrouvé à genoux. Ses côtes s'étaient écrasées contre ses poumons, coupant momentanément la respiration de l'Exilé. Une éternité. Les secondes semblaient ralentir. Le destin lui même souhaitait le voir souffrir et lui faire regretter son impertinence. Ses genoux et ses mains s'enfonçaient dans le sable, forçant pour ne pas succomber sous le poids de sa carcasse. « Voilà bien longtemps que je ne m'étais pas senti aussi vivant. » Pensait le proscrit en crachant le sang encombré dans sa bouche, aux pieds de son adversaire.
Il se releva, n'exhibant rien de sa douleur, ou tout du moins autant qu'il le put. Son rictus carnassier ne s'était pas effacé de son visage et ses yeux de fauves ne se détachaient pas de son regard. Même ses incisives imbibées de sang sublimaient son allure féroce. Nonobstant sa souffrance, le Prédateur n'était pas un homme à se laisser intimider pour si peu. Toute cette puissance qu'exhibait son locuteur ne le ferait pas reculer.
Toute son histoire s'était écrite avec le sang, de ses victimes, ou le sien, chaque jour était une rixe nouvelle dans laquelle il devait s'imposer. Survivre ou Mourir, mangé ou être mangé. Tel était le résumé de sa morne existence.

— Et c'est moi que l'on trouve susceptible. Glissa-t-il en ricanement. Tu as fini, c'est bon ? Acheva-t-il avant de fondre sur l'Arrankar. Le poing droit armé, le Vagabond fixa l'attention de sa proie sur son flanc droit, feintant de porter le coup jusqu'à l'ultime instant où le tranchant de la main opposée alla se loger dans l'abdomen. Une technique sans prétentions, efficace, prenant au dépourvu la première fois qu'elle est employée.
Œil pour œil, dent pour dent, tel était le principe de Thalos. La seule loi qui importait dans ces terre hostiles. Ne dérogeant pas à la règle, Nephilim lui adressa également un coup de genoux, tentant de lui administrer à l'endroit exact où ce dernier lui avait porté.

— Je me nomme Caeli Nephilim. Lui adressa-t-il en prolongeant le sourire opalescent de son masque. Il se courba gracieusement, la main sur la poitrine, les yeux fermés. Enchanté. Un salut qui rendit sa provocation, impériale et promettait une répartie musclée.

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Les coups d'Aguante portèrent. Il sentit la chair ployer sous ses frappes, les frissons inhérents à la bataille parcourant chaque parcelle de son être. Sous ses airs frêles, son opposant au nom inconnu dégageait pourtant quelque chose. Quelque chose qu'il n'aurait pas laissé imaginer alors qu'il se traînait péniblement dans le désert. L'Arrancar à l'aspect d'adolescent avait-il tiré un bon numéro ? La suite le lui dirait. Mais l'autre se tenait encore debout après ses frappes, visiblement prêt à en découdre sans merci.

Il avait même la force de faire de l'ironie. Quand il se battait, le Numeròs était très peu causant - déjà qu'il ne l'était pas réellement hors des batailles - et ne parvenait pas à cerner les raisons qui poussaient nombre de ses opposants à s'exprimer. Au lieu d'agiter sa langue, lui agitait ses poings. Question de point de vue, sans doute. Mais son adversaire ne se contenterait pas de ça, et chargea à son tour. Habile, puisque sa feinte réussit à tromper le Charisma.

Le tranchant de la main de l'inconnu du désert frappa l'abdomen. Le Hierro du brun fit son office, et empêcha la blessure de saigner, mais les dommages se répercutèrent dans tout son être. Une mise en bouche on ne peut plus parfaite, qui laissait augurer un adversaire de valeur. En revanche, le coup de genou n'échappa pas à l’œil averti du combattant, qui esquiva en reculant d'un Sonido. Une fois sur ses appuis, il prit note du patronyme de son opposant : Caeli Nephilim. C'était bien plus simple comme ceci, il aurait pu le dire dès le début.

Aguante cracha sur le côté : il s'était griffé l'intérieur de la joue sous le choc de la frappe précédente, et un peu de sang macula le sable. Il fit craquer ses phalanges : l'heure était venue de passer au chose sérieuse. Tapant le sol du pied pour se propulser, le Charisma adjoignit à son mouvement un Sonido autrement plus rapide que le précédent, lui permettant d'avaler la distance qui le séparait du Nephilim en un clignement d’œil, à peine.

La frappe suivit aussitôt : un crochet du droit en direction du visage. Sans savoir si son coup avait porté ou non, Aguante enchaîna par un coup de pied en direction du flanc droit. Selon la réponse de Caeli à ces assauts, il était probable que l'Arrancar passe aux choses sérieuses et libère sa forme originelle. Pour pousser son opposant à faire de même et transformer cette simple échauffourée en véritable duel entre deux combattants du Hueco Mundo.

Spoiler:

Sa langue vint lécher le liquide écarlate qui s'écoulait le long de son visage d'albâtre.

Son sourire n'avait jamais été aussi expressif, mais ce n'était pas de la folie. Son rythme cardiaque accélérait, mais ce n'était pas de la peur. Tout son organisme était en éveil, mais ce n'était pas de la crainte. C'était l'excitation ! Le choc - du coup de poing - avait fait bien plus que de lui ouvrir l’arcade, il avait également ouvert la porte de sa cage.

Tel un lion que l'on aurait sevré avant d'entrer dans l'arène, l'Exilé savourait cette délicieuse sensation. Son énergie spirituelle elle-même exhalait sa soif de bataille. Chaque coup reçu réveillait les douleurs de ses anciennes rixes, chaque impacte lui était douloureuse, mais peu lui importait, la seule sensation d'être vivant était un frisson orgastique, une sensation jouissive. Le Prédateur savourait chaque seconde, chaque instant d'un présent plus délicieux que jamais. Il avait retrouvé ce à quoi il aspirait autrefois : dévorer les dirigeants de ce monde nocturne, pour s'ériger en haut de la chaîne alimentaire. Ces moments où il se laissait mourir dans son antre lui semblaient déjà si loin, substitués par cette éternelle assuétude à la violence.

Jusqu'à présent, le Proscrit n'avait fait qu'encaisser la rage d'Aguante. Celui-ci paraissait y prendre au moins autant de plaisir, si ce n'est plus. En avait-il conscience ? Caeli n'avait croisé que peu de ses pairs ces dernières années, mais il savait reconnaître les aficionados du combat. Son regard carmin ne se détachait pas de ses yeux. Une bataille de l'esprit qui se déroulait en parallèle de celle-ci.
Sa léthargie avait refréné ses capacités. Sa rage, sa force et sa vélocité avaient été entravé par ses tourments, mais ceux-ci se débridaient peu à peu, au fil de l'affrontement ; à son plus grand bonheur, comme le constatait sans doute son belligérant.
L'esquive de la seconde attaque portée en était la preuve. Malgré la vitesse décuplée de l'adversaire, Caeli put tout de même limiter les dégâts. Feindre un bref instant de faiblesse pour inciter l'adversaire à se précipiter dans la faille, simple, efficace, le b-a-ba. La frénésie du Carnassier avait embrasé tout son subconscient. Un rugissement vint trancher la douce mélodie des os brisés, des cris et du sang qui goutte sur le sable ivoirin. Il coupla ainsi son esquive partielle avec un coup de tête pour le faire reculer.

— Je te remercie, lui adressa-t-il accompagné de son habituel ricanement féroce. Puisses-tu y prendre autant de plaisirs que moi.

Usant de ce moment de confiance, Caeli usa d'un faible Cero. N'étant pas un aficionado de cet art, il s'en servit uniquement pour surprendre l'Arrankar. D'une agilité féline, le vagabond s’éclipsa alors furtivement dans son dos, la main armée telle une lance, pour lui sortir les entrailles du corps, d'un coup puissant.

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Ce Caeli, qui qu'il soit ou ait pu être, et d'où qu'il vienne, se défendait plutôt bien. Aguante ne le rangeait pas parmi les êtres les plus forts qu'il avait eu le plaisir de défier, mais le combat restait assez satisfaisant. L'autre tenait encore debout malgré tout ce qu'il venait d'encaisser et avait même réussi à frapper le Charisma, c'était d'ailleurs là une belle preuve de sa valeur. Peut-être que le Numeròs allait devoir utiliser des techniques plus puissantes pour triompher. Et dans le pire des cas, il lui restait toujours sa Resurecciòn...

Soudain, le Nephilim le remercia. Sans doute pour le combat. Aguante ne répondit pas, se contenant d'un sourire de prédateur, bien plus parlant que mille mots. Oui, ce défi le satisfaisait. Plus qu'il n'aurait pu initialement le penser. Mais pas le temps de trop réfléchir : déjà son adversaire repassait à l'assaut. Entamant le ballet par un Cero de faible intensité, qu'Aguante se contenta d'encaisser sans sourciller, son Hierro le protégeant de trop graves dommages. Cette économie lui laissa le champ libre pour esquiver l'assaut suivant : un simple Sonido le plaça hors de la portée de Caeli.

A son tour de contre-attaquer, désormais. Bondissant sur son adversaire, il lui asséna un coup de coude en direction du visage, et plus précisément du nez, plus dans l'objectif de l'handicaper que de le blesser véritablement. Souplement, le jeune Numeròs enchaîna par un coup de l'autre poing vers le flanc gauche. Mais ce n'était là qu'un avant-goût, et déjà il bandait les muscles pour la suite de son plan. Qu'il exécuta très rapidement.

Frappant d'abord d'un violent coup de genou vers le sternum, il plaça ensuite son autre jambe et décocha un coup de pied en plein visage de son opposant. En théorie, s'il encaissait ces coups, après ce qu'il avait déjà subi, il devrait normalement commencer à faiblir. Le contraire surprendrait Aguante, en bien. Mais il aviserait. Peut-être que Caeli avait d'ores-et-déjà trouvé une parade à ses attaques...

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Mais d'où sortait donc ce Nephilim ? Malgré tous les coups qu'Aguante distribuait, cet être blafard persistait à tenir encore debout et à contre-attaquer. Rien qui ne dérangeait le Numeròs, en soi, bien au contraire, mais il se demandait pourquoi il n'avait jamais entendu parler auparavant d'un tel être. Il devait y avoir quelque chose qui justifiait qu'il vive à l'écart. Et la curiosité commençait à poindre chez l'Arrancar à l'aspect d'adolescent, qui chercherait peut-être à en savoir plus sur son opposant à l'issue de ce duel. Issue qui serait proche, peu importe en la faveur de qui elle pencherait.

Aguante commençait à avoir dépensé beaucoup d'énergie, et Caeli, de son côté, semblait mis à mal par les frappes reçues. Le Charisma avait encore de quoi effectuer la dernière poussée qui lui permettrait de triompher, et il allait désormais s'y atteler. Bandant ses muscles, il encaissa sans broncher le coup porté par son opposant, qui s'était soustrait à la double destruction. Enfin, il grimaça tout de même légèrement sous l'impact, et sentit le sang perler, mais il tînt bon. Il n'allait pas dépenser de l'énergie inutilement.

Pour la première fois depuis l'entame du combat, il se fendit d'une réponse à son opposant, alors même que ça n'était traditionnellement pas dans ses habitudes :

- C'est vrai, c'est un beau combat. Je ne sais pas qui tu es, mais je ne t'oublierai certainement pas de si tôt.

Le jeune Arrancar sourit lui aussi d'un air carnassier, et fit craquer ses phalanges. Il allait donner tout ce qu'il avait dans ce qu'il voyait être l'ultime attaque. Enfin, si le Nephilim ne s'en protégeait pas. D'un Sonido, assez rapide pour l'avantager mais assez lent pour ne pas trop puiser dans ses réserves, le Charisma se déplaça derrière son adversaire et lui envoya un coup de semelle dans l'arrière des genoux, pour le déstabiliser. Mais ce n'était là que le prémisse de sa véritable offensive.

D'un nouveau Sonido de la même vitesse, il se replaça face à son opposant, et lui asséna trois coups de coude brutaux : l'un à l'estomac, le second au sternum, et le dernier au visage, les trois avec la même brutalité et le même impact. Si le Nephilim ne s'était pas défendu, la logique voulait qu'il tombe... Et qu'Aguante remporte la victoire. Il serait de toute façon très rapidement fixé...

Spoiler:

La fin. La rixe était à son épilogue, ses dernières phrases s'écrivaient, les deux plumes esquissaient leurs ultimes calligraphies.
Malgré cela, Caeli ne tomberait pas sous les frappes stériles, futiles de son assaillant. S'il devait courber l'échine, son belligérant ne devait s'adonner à un quelconque artifice de déstabilisation, il succomberait dans la fournaise d'une attaque digne de ce nom, ou ne succomberait pas. Son bras en opposition à son coup, futile et vain, explicita clairement ses intentions, d'ailleurs.

L'opposant s'y exécuta, aussitôt, sans sourciller.
Un choc. Un cri. Le chaos. Une chute lente et douloureuse.
Le démon souriait.

Son corps avait croulé sous les impacts de son assaillant. Le sable fin, vicieux et pervers, s'infiltrait dans ses plaies, ses râles faisaient danser la poussière de quartz. Son regard, vide se perdait dans la voûte ténébreuse, sans étoiles. Le décor monochrome se colorait de son liquide carmin, ruisselant entre les sillons des roches immaculées. Il tourna ses yeux pourpres vers sa main, nimbée de sang, comme pour lui supplier un ultime effort. La mort le tutoyait, le monde devenait flou, chaque seconde était une éternité, une étreinte torturant davantage son être brisé.
L'Exilé étouffa un ricanement, entravé par les gerbes de sang qu'il crachait. Son hémoglobine était en ébullition, tout son cortex vibrait et exhalait cette aura carnassière réfutant inconsciemment son trépas. Le déchu se releva, en titubant, ivre de souffrance, silencieux. Ses iris cramoisis, ancrés dans les siens, se plongeaient dans les tréfonds de son âme ; lui murmurant qu'il ne partirait pas en enfer seul, il l'emporterait avec lui.

Des effluves noires s'échappaient de sa main ensanglanté. Le sol tremblait, un rugissement vint embraser l'atmosphère et le prédateur fondit sur son rival. Son poing tranchait l'air et sa charge emportait le paysage avec lui. Ses pas décomposaient les pierres immaculées, dévastant le site rocheux. Il était l'ange de la désolation.
Caeli ne dénia guère se retourner pour constater l'ampleur des dégâts. Il avait délivré ses dernières forces et tomba à genoux impuissant. Les yeux rivés vers l'éther obscur, il se laissait bercer par l'appel de la fin.
Le démon souriait.

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