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|  Sujet: Lukas Handler  Dim 20 Jan - 14:58 | |
| Modèle indépendants Lukas Handler Âge : 63 ans
Race : Quincy
Votre précédent rôle : Vendeur d'armes international
Description de votre personnage :
A le voir comme ça, Lukas n'est pas bien différent de ceux de son âge : cheveux grisonnants, bouc de la même couleur, de petites lunettes pour corriger un défaut de vue causé par son âge quelque peu avancé, rien ne pourrait le distinguer des autres. Pas même cette cicatrice au niveau de son œil droit qui le défigure, ultime marque d'un événement ayant mal tourné par le passé. Et pourtant, ce serait lourdement se tromper que de le comparer à un simple mortel. Humain, il l'est sans le moindre doute, bien sûr. Mais à l'instar de ceux de sa race, il est un Quincy, un Moine protecteur de ce monde. Espiègle, il aime se jouer des autres et du monde en général, préférant se créer ses propres règles plutôt que de suivre l'ordre établi. Attitude souvent marquée par ce sourire de diablotin. Une politique qui l'a d'ailleurs conduit tout droit sur le chemin du grand banditisme, en tant que fournisseur d'armes.
Et que dire de ce regard plein de folie... L'est-il réellement ou est-ce seulement la lubie d'un vieil homme ? Pour être franc, il est complétement fêlé ! A un degré que peu peuvent réellement comprendre. Si pour la plupart, être en contact avec le monde spirituel et posséder de grands dons n'influent en rien sur le caractère, ces éléments ont toutefois complétement déstabilisés Lukas, lui apportant une vision de la vie toute singulière. Et ce regard si particulier en est la preuve ultime. Il est dans son monde, un monde particulier qui ne laisse la place à personne ou presque. Un monde qu'il s'est bâti à force de médicaments et de prise de drogues diverses. Plus acteur que spectateur... Il n'intervient que s'il le désire. Ou s'il n'a pas d'autres choix. Ainsi, il ne sera pas rare de le voir ignorer purement et simplement une âme humaine qui se ferait dévorer par un Hollow, sauf s'il peut obtenir un bénéfice dans l'aide qu'il procure. La vie et la mort ne sont à ses yeux que deux composantes du monde. Il faut donc faire avec. D'où son statut de marchand. Il se considère lui-même comme un vagabond.
Bien conservé pour un homme de son âge, il n'a rien à envier à la jeune génération. Toujours aussi affuté, il a gardé ses réflexes de jeune homme. Ses réflexes de Quincy. Alors qu'au premier abord, il ressemble plus à un S.D.F qu'à autre chose. Il faut dire qu'avec ses cheveux tombant négligemment sur ses épaules, son vieux manteau gris pâle et sa chemise à moitié sortie du froc, il ne peut pas vraiment passer pour un homme respectable. Mais que voulez-vous, les habitudes ont la vie dure et cette image a au moins le mérite de le soustraire aux suspicions de la police. Qui irait croire que le grand Lukas Handler, ancien marchand d'armes international, est en réalité un vieil homme très étrange ?
Mentalement instable, il est très difficile de cerner cet homme. Pouvant passer d'une discussion sérieuse avec un homme à un simple monologue avec son reflet la minute d'après, Lukas peut devenir rapidement dangereux. Pour lui comme pour les autres. En effet, complétement paranoïaque - sans doute un effet de son métier et des médicaments qu'il prend - il a l'impression que son jumeau maléfique, son reflet en réalité - le suit partout pour lui prendre sa place. Les Autres ne sont alors que ses complices. Quoi qu'il arrive, tout le monde est d'accord sur un point le concernant : dès qu'il part dans une de ses lubies, il vaut mieux s'écarter de son chemin. Ou commencer à creuser sa propre tombe.
Description de votre pouvoir :
Lukas ne possède aucun pouvoir particulier lié à son statut de Quincy. Déjà enfant, il ne possédait aucune disposition de ce genre, se concentrant essentiellement sur les arts "basiques" de ceux de sa race. Quant à ses armes Quincy, elles seront détaillées dans sa fiche technique. Arme principale : Gatling.
- Spoiler:
Histoire
1959 - Berlin Est
- Reviens Lukas. Reviens, t'as pas le droit d'aller là-bas. Papa l'a interdit. Lukas !
Ignorant son ainé, le môme continuait son escalade, prudent, arrivant enfin au seul endroit qu'il avait remarqué lui permettant de passer. Il s'engouffrait déjà dans l'ouverture qui se trouvait derrière le hangar, un trou juste assez large dans la tôle pour lui permettre d'entrer sans le blesser, même si le passage en question se trouvait à plusieurs mètres de hauteur. L'accumulation de vieilles caisses et autres matériaux de ce genre lui avaient toutefois permis d'atteindre son objectif. Au prix d'une grosse frayeur quand même. Il laissait derrière lui celui qui ne le suivrait pas, sans même lui adresser un autre regard. Il connaissait son frère par cœur, il savait que ce dernier n'oserait jamais braver l'interdiction du paternel. Un code d’honneur qu’il suivait du haut de ses dix ans. Alors que lui, le cadet, à peine sept ans, étouffait déjà dans cette famille où les règles étaient si nombreuses. Trop nombreuses. Il faut dire qu'il était un Quincy, un être doté de talents particuliers leur permettant de défendre le monde contre les démons. Du moins était-ce les propos de son père. Lukas s'en moquait royalement. S'il suivait les enseignements de ce dernier, c'était seulement parce qu'il n'avait pas le choix. Il voyait très clairement que cela ne plaisait pas à sa mère d'ailleurs. Mais en chef de famille, son père avait le mot de la fin. Et il n'était pas question d'aller contre ses ordres sous peine de recevoir une belle trempe. Les temps étaient durs à Berlin-Est. Et l'éducation suivait cette logique.
C'est pourquoi aujourd'hui, il avait simplement décidé de braver l'interdiction. Repousser ses limites pour prouver qu'il n'était pas un simple animal docile. Une erreur selon son frère. Mais Lukas n'en avait cure. Ce hangar n'était pas à n'importe qui, évidemment. Et de nombreux échanges avaient lieu par ici. Et si du haut de ses sept ans, il ne comprenait pas tout, il savait que c'était suffisamment dangereux pour foutre les frousses à son père. Ce simple fait lui suffisait. Il allait observer ce qui arrivait à l'intérieur de cette place pour ensuite se vanter auprès des autres qu'il était enfin parvenu à faire quelque chose d'exceptionnel.
Alors qu'il parvenait à l'étage supérieur du hangar, il se mit à ramper pour éviter de faire trop de bruits, cherchant à atteindre quelques grosses caisses qui se trouvaient à proximité de lui. En dessous, il y avait du monde. Son cœur s'emballait alors qu'il atteignait son perchoir, lui offrant une vue sans pareille à ce qui se déroulait en contre-bas. Il y avait quatre hommes. Les trois premiers semblaient attendre quelque chose alors que le dernier, impassible, fumait sa clope en ignorant les autres se trouvant face à lui. Bien que ne comprenant pas encore ce qui se passait, Lukas ne pouvait détacher ses yeux de l'homme à la cigarette. Tout du moins de son visage. Et pour cause, la moitié de celui-ci semblait avoir fondu, lui donnant un aspect étrange au possible. Un visage impressionnant. Un second personnage fit alors son apparition dans la salle. Portant une caisse dans les bras, il s'approcha du premier groupe et déposa la caisse près d'eux, se reculant de quelques pas et laissant alors au jeune Handler la possibilité de voir le visage de l'inconnu. Un instant, son souffle s'arrêta alors que son cœur manquait un battement. L’homme en bas, celui qui venait d'apporter la caisse étrange, était nul autre que son propre père. Le visage fermé, cette aura caractéristique. Le doute n'était pas permis. Et voir ce visage familier effraya le jeune homme au plus haut point. Tant et si bien qu'il décidait de quitter sa planque pour retourner dehors. Malheureusement les choses ne se passèrent pas aussi bien qu'il l'eut espéré.
Son pied ripa sur un morceau de bois qui tomba au sol, attirant l'attention de la foule. Là, tout dégénéra. Croyant à un coup fourré, les trois hommes dégainèrent leurs armes. Le premier tira dans la direction de Lukas tandis que les deux autres ouvraient le feu sur son père et son compagnon. Une des balles effleura le visage du jeune garçon qui tomba de son perchoir. Et alors que sa vue se brouillait, juste avant l'impact, il perçut des traits de lumières qui se dirigeaient vers les hommes armés. Il sombra alors dans l'inconscience.
*** Quelques heures plus tard ***
- Qu'est-ce qu'il foutait là, ton gosse ? Sérieux, il a eu de la chance de s'en sortir. N'importe quoi... Ça nous a foutu la vente en l'air mon gars. Y'avait du potentiel pour une fois. C'moi qui te le dit !
Émergeant peu à peu de son brouillard, Lukas ouvrit les yeux. Ou du moins, il essaya de le faire. Mais rapidement, il s'aperçut que seul l'un d'eux s'ouvrait. La panique prit rapidement place dans son esprit lorsqu'il sentit enfin la douleur... Une douleur si violente que cela lui paralysait les membres, manquant de nouveau de le faire sombrer dans l'inconscience. Une voix l'interpella alors, une voix familière puisqu'il s'agissait de celle de son père.
- Reste tranquille, Lukas. Tu n'as plus rien à craindre désormais. Alfried, sors d'ici. Je dois parler à mon fils. Seul à seul.
L'autre grogna mais ne discuta pas les ordres, laissant père et fils seul à seul. D'une main ferme, il fut redressé, lui permettant de se mettre assis dans le canapé sur lequel il avait été posé. La douleur était importante mais la curiosité et la peur venaient toutes deux de faire reculer le mal. Car Lukas avait peur. Peur de ce qu'il avait vu, peur aussi de la réaction de celui qui était son père. Ce dernier se tenait assis face à lui, le visage fermé. Sachant qu'il ne devait pas prendre la parole, le jeune Handler attendit.
- N'avais-je pas interdit à ton frère et toi de vous aventurer par ici ? Tu as manqué de te faire tuer, Lukas. Tout ceci pour satisfaire ta curiosité maladive. Quand apprendras-tu à obéir aux ordres ?
Des questions qui n'attendaient aucune réponse en retour, évidemment. Son père rassemblait ses idées en énonçant des vérités et espérait ainsi faire comprendre toute l'idiotie d'avoir bravé cet ordre.
- Alfried a trouvé ton frère dehors. Il l'a raccompagné chez nous. Tu as été blessé à l'oeil et tu as failli le perdre. Sans les compétences particulières de mon ami, tu aurais pu avoir de graves lésions. J'espère que tu comprends la gravité de ton acte, mon fils. Tu as vu des choses que je ne voulais pas que tu vois. Mais le mal est fait... Je te demanderai donc de ne rien dire à ton frère, ni à ta mère, Lukas. En contrepartie, si tu as des questions, j'y répondrais. Dans la mesure du possible, évidemment. Je t'écoute !
Hochant la tête, Lukas écoutait son père sans pour autant parvenir à rassembler ses pensées. Certaines choses lui échappaient. Comme le coup des compétences particulières de cet homme. Un médecin ? Quelque chose lui disait que non. Et ces lumières qu'il avait perçu, cette force inconnue qu'il avait sentis. Il ne comprenait rien. Débuta alors le jeu des questions et réponses entre père et fils. Leur petit entretien dura jusqu'au coucher du jour. Le jeune garçon comprit que son père était un marchant particulier, un marchand qui rachetait des choses pour les revendre au prix fort. Il comprit aussi que les hommes qu'il avait vu et qui lui avait tiré dessus avaient été exécutés lors de la fusillade. Bien que cela ne soit pas mentionné clairement, il comprit que les traits de lumière qu'il avait vu n'étaient autre que les attaques spirituelles de son père, qui avait alors usé de son talent Quincy pour abattre ceux qui avaient été un danger pour lui.
Ce jour-là, père et fils se rapprochèrent comme jamais. Ce jour-là naquit dans l'esprit de Lukas l'envie d'aider son père dans son entreprise.
1974 - Premier échange
Jour de ses 22 ans. Depuis qu'il aidait son père, début lors de ce fameux jour où il avait été blessé à l'oeil, oeil qui portait depuis une blessure qui n'avait jamais guérie, il avait progressé vitesse grand V dans tous les domaines. Ayant enfin un truc qui lui plaisait. Et les entraînements dans les arts Quincy avaient été plus nombreux, plus développés aussi. Son père était un marchand de morts. Et la mort, il la dispensait à ceux qui osaient se dresser face à lui, usant alors de ses propres pouvoirs pour contrer les humains. Une loi parmi les leurs interdisait ce genre de pratique. Mais qu’importent les lois puisqu'ils les contournaient déjà. Avec le temps, sa croix Quincy avait pris forme, libérant une arme très particulière lorsqu'il l'utilisait. Une Gatling, pour être plus précis. Arme peu conventionnelle s'il en est mais qui était finalement cohérente avec celle de son propre père, lui aussi manipulant une arme à feu en guise d'arme.
Son père avait ri la première fois, sous-entendant que ce n'était pas vraiment discret. Ce à quoi Lukas avait répondu que la discrétion n'était rien tant que l'efficacité était au rendez-vous. Là se trouvait la mentalité du jeune homme. Le spectaculaire comptait beaucoup à ses yeux. Pour lui, il fallait au moins ça pour faire parler d'eux. C'est pourquoi, entre entraînements à la chasse - aux Hollows évidemment - et enseignement des arts Quincy, père et fils tentaient de trouver de plus juteux contrats. Les temps étant plus que propices pour permettre à leur affaire de prospérer et de se développer.
D'où l'importance de cette fameuse journée. La vente qui devait avoir lieu aujourd'hui, c'est lui qui l'avait organisé. Qui l'avait programmée. Et qui avait trouvé ces acheteurs. Pas n'importe qui d'ailleurs. De gros clients susceptibles d'accroitre considérablement leur chiffre d'affaires si cela se passait bien. Et pour une fois, il allait être en solo sur l'affaire, son père trouvant qu'il était toujours mieux d'assumer réellement ses choix et ses idées.
- T'es prêt gamin ? J'veux dire... Vraiment prêt ? Pas une partie de plaisir que cette négo mon gars. Ton père te fait une fleur là ! Et moi, je s'rais juste là pour contrôler, juste si y'a une merde.
Alfried était un homme bourru, toujours un peu dur dans sa manière de parler et d'expliquer les choses. Mais avec le temps, Lukas avait appris à le connaître. A l'apprécier même. Et il savait que c'était également réciproque. Un humain à pouvoir, voilà ce qu'il était. Pas un Quincy, non, mais plutôt quelqu'un capable de manipuler les âmes à sa guise. Du moins c'est ainsi qu'il se présentait lui-même. Le gorille de son père en quelque sorte, celui qui réglait les problèmes de "manière définitive".
J'attends ce jour depuis trop longtemps, Alfried. Ça ira. Tant que nous ne les dupons pas, ils joueront le jeu. Tu verras, là, on tient quelque chose de grand. T'as vu la commande ? Et ils m'ont bien dit que ce n'était qu'un début. On a pris les devants là. Faut gérer maintenant.
Là était la seule inquiétude du jeune homme : ne pas voir les commandes honorées. Lance-roquette, pistolets mitrailleurs et armes de poing. La commande du jour était l'une des plus importantes qu'ils avaient reçues. Preuve que son père lui faisait confiance puisqu'il lui laissait les rênes de l'échange. Lieu du rendez-vous ? Frontière entre l'Allemagne et la Pologne. Un ancien complexe militaire, abandonné après la grande guerre et dont la famille Handler avait pris possession pour entreposer certains de leurs "produits". La couverture officielle ? Disons que son père était considéré comme un grand architecte et qu'il avait pour mission de réhabiliter les lieux. Au moins le laissait-on tranquille !
- Ils arrivent... Prépare la marchandise et charge la dans le camion, je m'occupe de nos invités.
Trois véhicules venaient en effet d'apparaître au travers de la brume matinale. Le crissement des pneus dans la neige cessa alors que les véhicules se stoppaient à hauteur du hangar principal, laissant plusieurs hommes en arme sortir. Eux, ils jouaient clairement dans la cour des grands. Un instant, la pression lui enserrait le coeur. Avant qu'il ne la repousse au plus profond de son être pour s'avancer vers le leader, tendant une main amicale dans sa direction. L'échange fut bref. Et la rencontre fut une totale réussite.
Lukas venait avec cette vente de se découvrir un véritable don pour ce genre de métier. Son nom venait pour la première fois de supplanter celui de son père, trop frileux dans ses échanges. Le point de départ d'une carrière fulgurante !
1994 - Disparition en chaîne
42 Ans... Un bel âge en vérité. Avec le temps, Lukas Handler était devenu un nom incontournable pour ceux qui désiraient acquérir des armes de pointe ou de masse. Comptant parmi ses plus fidèles clientes des barons du crime, des chefs de pays, sa réputation était devenue telle qu'il était en permanence surveillé par les autorités de son pays et des autres nations. Bien que vivant toujours dans la ville qui l'avait vu naître, non loin de sa famille. La chute du mur de Berlin et la fin de la Guerre Froide lui fournissant toutes les marchandises dont il avait besoin, allant même jusqu'à vendre des sous-marins et des chars d'assaut, il avait développé sa réputation en seulement quelques années, devenant très certainement l'un des plus connu des marchands de mort de l'époque. Et ses activités de Quincy à côté de cela ? Et bien il s'en moquait. Royalement. Pour le plus grand malheur de son frère et de son père.
L'âge avançant, ce dernier s'était retiré des affaires de son fils. Lui qui avait lancé l'affaire était désormais heureux de voir Lukas avoir une telle ambition, une telle reconnaissance. Mais cela avait eu un prix : celui de voir son fils ne plus participer aux traques millénaires, celles qui permettaient aux Quincy de détruire les âmes maudites, les Hollows. Lukas s'était rapidement désintéressé à cette guerre, une guerre où les armes qu'il vendait n'avaient en réalité aucune prise. Les Hollows, les Shinigamis, voilà ce qu'il refusait de combattre, malgré les talents qui étaient les siens. Il les évitait autant que possible, malgré les dons qui étaient les siens. Laissant ces choses à son père et à son frère, beaucoup plus intéressés par cette vie que lui.
Durant des années, son père chercha à le faire revenir dans cette lutte. Son frère également. Sans succès. Devenant même un sujet à disputes. Pourquoi perdre de l'énergie dans un combat alors qu'il pouvait mettre cette même dépense dans ses affaires ? Non, définitivement non, ce n'était pas pour lui. D'autant que ses nouveaux "amis" n'arrangeaient rien. En devenant si important, afin de compenser la pression de son travail, il avait pris des habitudes néfastes : drogues, alcool. Changeant peu à peu sa personnalité. Plus solitaire, plus difficile à vivre. Changements perceptibles par sa famille proche, qui s'inquiétaient de voir Lukas prendre cette voie si particulière. Accentuant plus encore le fossé qui les séparait désormais. Le retour à la réalité fut dur. Et prit la forme de plusieurs disparitions tragiques pour lui.
D'abord son père, le ciment de son monde. La maladie eut raison des espérances de celui qui l'avait élevé, l'emportant avant qu'il ne parvienne à exprimer ses regrets et ses derniers conseils. La perte de son père, celui qui avait toujours été un exemple à ses yeux, troubla réellement Lukas. Alors qu'il avait toujours géré ses affaires avec sérénité, avec audace, il devint réellement fou. La prise de drogues devint plus fréquente. Ses troubles s'aggravèrent, le rendant plus paranoïaque que jamais. Les repères qui avaient été les siens s'effondraient. Un à un. Puis ce fut sa mère... La voix de la raison. Emporté par le chagrin de ne plus avoir son époux à ses côtés, elle s'était simplement laissé mourir. Deux fondements qui se brisaient. Derniers liens qui le rattachaient encore à la vie réelle. Il sombra.
Se refermant sur lui, rompant le peu de communication qu'il gardait avec son frère, il quitta sa région natale pour aller s'installer au-delà de l'Europe. L'Afrique. Le continent qui finalement avait fait de lui un homme riche. Le continent qui allait accroître sa folie. Un exil plus ou moins forcé de 21 ans. Laissant son empire entre les mains de Alfried, seul homme en qui il avait désormais entière confiance, il quitta ce monde pour ne plus jamais y revenir. Du moins était-ce ses espoirs... Mais la vie peut parfois prendre de bien étranges tournures.
2015 - Retour à la réalité... Karakura
- Raison de votre séjour, Monsieur ?
- Je viens enterrer un vieil ami.
Lui répondre "qu'est-ce que ça peut te foutre" était tentant. Mais le vieil homme avait bien d'autres priorités en ce jour. Le tampon apposé sur son passeport, Lukas passa sans encombre les portiques de sécurité, récupérant derrière les barrières sa croix qu'il ne quittait jamais. Rattachant celle-ci à son poignet, unique souvenir de son père, il traversa le hall de l'aéroport pour sortir de cet endroit qu'il haïssait. Il avait perdu l'habitude de voir autant de monde et le Japon était réellement impressionnant tant il y avait du peuple. Pas de bagages, pas d’objets superflus. Vieux vêtements sur le dos, lunette négligemment posé sur son nez, regard empreint de folie, il cligna des yeux alors que le soleil l'aveuglait temporairement. Il avait encore un peu de route avant d'arriver à Karakura. Ville dans laquelle Alfried avait expiré.
Il s'agissait là d'une nouvelle qui l'avait sortie de son exil. La seule sans doute qui aurait pu être capable de cela. Les années passantes, Lukas n'avait jamais rompu le contact avec cet homme qu'il avait considéré comme un second père. Ce dernier venait de périr après avoir vécu plus d'une centaine d'années. Une longue vie qui méritait d'être salué. Alors que le taxi s'arrêtait à hauteur du cimetière, Lukas sortit et se dirigea droit vers la tombe de son ami. Celle-ci était à l'écart des autres, à proximité d'un caveau qui appartenait visiblement à la famille de ce dernier, originaire de cet endroit. Sa gorge se noua tandis qu'il s’asseyait devant la pierre.
- Désolé d'avoir mis du temps à revenir, vieux frère.
Les larmes roulèrent sur ses joues tandis qu'il sortait d'une de ses poches une vieille photo, laissant apparaître son défunt père, Alfried et lui-même alors qu'il n'avait pas 20 ans. Posant le cliché sur la pierre, il sortit de sa sacoche une bouteille et deux petits verres. Qu'il déposa devant lui et qu'il se mit à remplir consciencieusement. Alors qu'il attrapait le premier, il le leva et reprit la parole :
Il avala la liqueur d'une traite. Elle était loin la période où ils buvaient à trois, après avoir conclu toutes sortes d'accords. Avec sa mort, c'était toute une période qui s'achevait. Toute une vie qui se terminait. Et les affaires qui, malheureusement, reprenaient. Car sans Alfried, il se devait de récupérer les rênes de ses affaires qui, bien qu'en déclin, rapportaient toujours de l'argent. Karakura... Ce qu'il ne savait pas, c'était que cette ville était largement peuplée d'hommes et de femmes comme lui, éveillés spirituellement. Et il n'allait pas tardé à le découvrir.
Pour son plus grand désespoir...
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