Otsu se dirigeait d'un pas décidé vers le lieu qu'elle avait elle même fixé. C'était un endroit isolé pour éviter tout dégât matériel. Elle était partie de bonne heure et n'avait rien dit à personne, même pas à sa vice-capitaine: cet entrainement entre Capitaines allait se dérouler dans le plus grand secret, du moins pour ce qui était de son coté. Elle arriva enfin à l'endroit: un terrain dégagé avec juste quelques arbres, un peu à l'écart d'un des quartiers pauvres du Rukongai. Elle s'assit sur le sol, en tailleur , son sabre contre elle. La jeune femme attendait maintenant son adversaire du jour qu'elle avait prévenu il y a maintenant deux jours de cela. Cet entrainement lui fera le plus grand bien!

Elle était allée voir en personne le Capitaine de la 9 ème pour lui demander. Pourquoi lui? Et bien de son avis c'était certainement le plus puissant et elle aimait le défi qu'il représentait. Elle n'avait pas voulu affronter le Kenpachi, qui aurait été pourtant mieux prédisposé pour cet affrontement, car elle était vraiment pitoyable au corps-à-corps, domaine de prédilection du colosse. Il avait bien 40 ou 50 cm de plus qu'elle et pour tout dire, elle en avait peur. Non pas qu'elle n'avait pas peur de Tenzen, bien au contraire, mais on va dire qui la respecterait plus que le barbare de la onzième. Elle se demandait bien qui entre les deux pouvaient être le plus fort et en déduisit qu'ils avaient chacun leur style de combat, ce qui n'était au final que peu comparable.

Elle soupira, se releva et s'étira, tandis que les questions se bousculaient dans sa tête. Allait-elle utiliser son Bankaï? Allait-il utiliser le sien? Serait-elle vraiment à la hauteur? En tous les cas, elle avait décidé de donner le meilleur de soi-même. Après tout, elle était la plus jeune Capitaine et lui le plus ancien, leur affrontement tenait plus du choc des générations que du véritable entrainement, c'était l'impatience de la jeunesse contre l'expérience de la vieillesse. Elle rigola à cette idée et s'assit de nouveau. Tenzen était loin d'être un vieux croûton, ça c'était sur.

Elle commençait à s'impatienter et se demandait s'il n'avait pas oublié leur rendez-vous. Elle décida de retourner au Seretei histoire de s'en assurer, mais également pour titiller un peu son adversaire. D'un Shunpo elle quitta l'endroit qu'elle retrouverait bien assez tôt et se dirigea vers le centre de la Soul Society.

Elle arriva dans les quartiers de la 9 ème division, sur son passage on la saluait poliment et elle répondait de même. Elle se souvenait d'une visite à la 11 ème justement, quand elle n'était pas encore Capitaine, où elle accompagnait l'actuelle Vice-Capitaine de la 1 ère division. Personne n'avait pensé à les saluer et elle s'en était indignée : personne ne respectait l'étiquette dans ce monde de violence. Ici c'était radicalement différent mais c'était peut-être du à son Haori. Elle devrait l'enlever un jour pour faire le test. Elle pénétra dans le bâtiment qui abritait le bureau de Tenzen où elle espérait bien le trouver. Elle frappa à sa porte et rentra sans autorisation d'une manière volontairement insolente.

- Alors Papi on a oublié de prendre ses cachets pour la mémoire?

Houla, elle y était peut-être allée un peu fort, ça ne lui ressemblait pas. Quoi que... il fallait bien s'amuser dans le monde de la paperasse qui entourait généralement les chefs de divisions. Et puis, elle avait dit ça sur le ton de la rigolade, sérieusement elle n'aurait jamais osé traiter n'importe qui de la sorte, surtout pas Tenzen dont elle n'ignorait pas la puissance.

« Dis-lui de r'tourner à sa vaisselle c'te goumiche ! Et qu'elle me prépare un sandwich au passage, au moins elle servira à queq'chose ! » voilà les paroles d'Ikarib en son esprit et que seul Tenzen pouvait entendre. Le Shirohasu laisse couler quelques secondes le temps d'enfouir les pensées de son Hollow, ce dernier prenant tout de même plaisir à lancer une dernière saillie : « En plus la greluche s'amuse à frapper à une porte ouverte, nan mais j'te jure, t'as d'ces fréquentations toi... ». Bon, sur ce point en effet, il n'avait pas tout à fait tort. Ce que Tenzen considère comme son bureau est ce simple petit bâtiment ne comportant qu'une seule pièce. Celle-ci est dépourvue de toute décoration et d'ameublement. Il ne s'encombre de rien ici, juste l'absence de tout, si ce n'est ce cadre paisible. Devant ce bureau en effet se trouve un véritable jardin zen dans toute sa splendeur, expliquant pourquoi la porte coulissante se trouvait être toujours ouverte en toutes circonstances dès lors qu'il s'y trouvait. Besoin de rien d'autre que cette vue pour cet endroit qui lui servait autant à méditer, pratiquer son guqin ou simplement à parcourir ses dossiers. C'est d'ailleurs à cette dernière activité qu'il s'adonne présentement. Le Gotei 13 est secoué de multiples disparitions ce qui ne l'aide pas à se rebâtir comme il le faudrait. Et en tant que responsable de l'application de la Justice, c'est donc à lui que reviennent autant les enquêtes que les sanctions – même si ponctuellement d'autres Divisions peuvent œuvrer dans le même sens.

Oui. J'oublie. Je vais d'ailleurs dès à présent oublier même jusqu'à votre simple existence.

Comme toujours, il n'y avait eu aucune intonation dans ses paroles pouvant participer à comprendre les sentiments qui se trouvaient derrière cela. Autant ses mots que les traits de son visage sont perpétuellement camouflés derrière ce masque de neutralité ne permettant jamais de savoir ce qu'il pense réellement, ni de pouvoir interpréter ses émotions. Après ces quelques mots d'ailleurs, il se contente de faire comme il vient de le lui dire : nier son existence. Il replonge le nez dans ses dossiers, sans lui accorder la moindre attention. Son ton badin n'excusait en effet pas son irruption dans son bureau – la moindre des choses est tout de même de se faire annoncer – ni même son manque de respect flagrant camouflé derrière ce qui pourrait passer pour une plaisanterie. Si personne ne remettait en doute sa puissance, il n'en allait pas de même pour son esprit. Le Yakushiji estime pourtant avoir la psyché la plus aiguisée de tout le Gotei, ce que les boutades sur son âge ne prennent réellement pas en compte. La provocation sur ce point n'est donc juste que facilité dont beaucoup usent sans qu'il n'y ait réellement de fond.
Et finalement, sans prendre la peine de détourner le regard de ses notes, il lève la main gauche et dans un mouvement de va-et-vient lui fait signe de dégager le plancher, ni plus ni moins. Tant pis pour cet entraînement qu'elle avait elle même réclamé, certains ici ont du travail...

Les joues d'Otsu se teintèrent de rouge à cette simple phrase. Elle sentit la colère monter en elle d'un seul coup devant l'affront qu'il lui faisait. Elle resta planté la dans le bureau de Tenzen sans prendre en compte sa remarque. Elle allait le secoué celui-la. Malgré le fait qu'elle respectait énormément le Capitaine de la justice, elle détestait le fait qu'il soit aussi sérieux en toutes circonstances. Oubliant son calme elle s'approcha de son interlocuteur.

- Je me demande ce qui a bien pu arriver dans votre vie pour que vous vous cantonnez derrière votre masque de sérieux, Yakushiji-Taisho. Vous ne vous laissez donc pas une once de fantaisie? Où alors peut-être vous jugez vous indigne de vous adresser à un être aussi inférieur que moi?

Elle inspira un bon coup, reprenant peu à peu son calme. Après tout elle ne voulait pas se fâcher avec les autres Capitaines. Elle s'assit donc en tailleurs et attendit. Otsu pouvait se montrer très têtue et elle ne doutait pas que le Capitaine de la division de la Justice l'était au moins autant qu'elle.

- Vous savez, je suis sure que cela vous ferez du bien de vous défouler contre la petite peste que je suis. Mais si vous voulez vraiment que je m'en aille il va falloir le faire de force.

De la provocation pure, elle avait détesté le fait de sentir dans les mots de son interlocuteur un mépris apparent. Comme si elle, pauvre créature, n'était pas aussi intelligente que lui, Yakushiji Tenzen. Certes c'était certainement le cas mais elle n'était pas aussi stupide qu'elle le pensait. Elle reprit le contrôle total de ses nerfs, embrassant du regard cet espace qui semblait être un vrai havre de paix. Elle avait honte d'avoir apporté le conflit ici et s'inclina à genoux devant le maître des lieux. Une once de maturité, certainement.

- Je m'excuse d'avoir fait irruption ici sans recevoir d'autorisation, ni m'être faite annoncer. Je vous prit de pardonner mon insolence.

Elle se releva, les yeux rougis de larmes de honte. Elle était sincère, depuis quelques temps elle avait des sautes d'humeur certainement dues à cause de la mission qu'elle avait effectué et qui pour elle était un échec cuisant. Elle avait de la fierté, c'est ce qui lui faisait défaut. A vrai dire, tous les traits de caractère liés à son esprit jeune lui faisaient défaut. Elle venait d'en faire amèrement les frais.

- Je comprendrais que vous ne vouliez plus m'accorder cet entrainement après cet affront que je vous ai fait. Mais s'il vous plait j'en ai vraiment besoin. Je veux apprendre à devenir une vraie Capitaine.

Elle n'espérait pas de compassion de la part de Tenzen. Tout ce qu'elle disait n'était que pure vérité. Elle ne se sentait pas du même niveau que les autres, l'actuel Capitaine Commandant l'avait catapulté à ce siège. Elle ne s'en montrait que peu digne pour l'instant. Au début elle était excitée, puis au vu des autres divisions, elle c'était vite sentie isolée, trop jeune, trop impatiente, et des fois elle se disait trop faible.

Elle se ré inclina devant son vis-à-vis, essuyant les derniers sanglots. Pour la première fois de sa vie, Otsu découvrait la honte dans son état le plus brut. Par deux fois en moins de 5 minutes ses nerfs avaient lâchés.

Dans un premier temps Tenzen resta plongé dans ses dossiers. Le petit coup de colère d'Otsu ne provoqua aucune réaction chez lui, qui se contentait de faire comme il l'avait dit. Ce qu'il s'était passé dans sa vie ? Une longue existence l'informant bien assez sur les dures réalités de ce monde, voilà sans doute ce qu'il répondrait s'il s'en donnait la peine. Ce qui pour le coup n'était pas le cas... Vint ensuite la repentance de la jeune femme qui semblait tout à fait sincère. À moins qu'elle ne sache parfaitement mimer les pleurs, ce qui ne paraissait réellement pas être le cas. Pourtant, toujours pas de réaction du Shirohasu qui préférait visiblement terminer ce sur quoi il travaillait. Il laissa donc flotter le silence un instant, sans dire le moindre mot ni même relever les yeux vers elle.
Puis lentement, il referma son dossier, redressa la tête et la fixa de son regard toujours sévère, derrière ces paupières mi-closes. Et puis, finalement...

Suivez-moi... Nous allons avoir une « petite discussion ».

Il s'est levé et ses pas lui font quitter son bureau, ses quartiers, puis même l'enceinte du Seireitei. Ensuite, toujours aussi silencieux, il gagne en vitesse pour atteindre au plus vite les limites extérieures du Rukongaï. S'éloigner du moindre bâtiment et de toute âme errante. Par deux fois déjà, le Kenpachi et lui avaient procédé ainsi. En se plaçant aussi loin, ils ne se rendaient coupables d'aucun dommage de quelque sorte tant qu'ils s'arrangeaient pour toujours être en état de faire face à une menace en cas de besoin. Il n'est pas question de s'amocher au point de perdre du temps en soins et alitement, même s'ils ne se retenaient pas vraiment pour autant. Mais du moins ils n'y allaient pas totalement à fond non plus, le but n'est pas de mettre un terme à une vie comme ce pourrait être le cas lors d'un véritable affrontement. Voilà donc pourquoi il aimait à appeler ce genre de combat « une discussion ». En essence les deux peuvent être rapprochés. Il ne s'agit au final que d'un échange amical. La grande différence est que les coups se substituent aux mots... Une fois arrivé à un endroit assez dégagé et suffisamment éloigné de tout, il s'arrêta, attendant qu'elle se place face à lui. Et là, il entamerait cette fameuse « petite discussion » sans attendre. En effet, sa main droite se pointe vers elle, l'index et le majeur tendus.

Sōren Sōkatsui !

Le soixante-treizième Hadô. De quoi commencer très fort... Un déluge de flammes bleutées partit alors vers la Capitaine de la Huitième Division, sans que l'incantation ait besoin d'être énoncée. C'est en effet en partie dans ses compétences en nécromancie que Tenzen devait sa puissance indiscutable. Si Otsu portait un Haori, elle devrait cependant être de taille pour contrer cette première attaque frontale, et ce même s'il n'y avait pas de tour d'échauffement...

Otsu étouffa ses derniers sanglots. Elle c'était sentie misérable pendant un instant mais reprenait peu à peu le contrôle d'elle même.Dans un premier temps, le silence de Tenzen fut pesant. Il l'ignorait vraiment et cela, elle pouvait le comprendre. Lorsqu'il l'invita à le suivre, elle eut comme un sentiment de soulagement, comme si il l'avait libéré de ses pêchés. Elle c'était confiée à lui dans la plus grande sincérité. Elle avait été parfaitement honnête dans ses sentiments, à quoi cela servait de mentir ou de simuler devant quelqu'un de l'intelligence et de la puissance de son interlocuteur.

Otsu suivit sans un mot les pas de son professeur du jour, respectant le silence qu'il imposait. Ils quittèrent le bureau jusqu'aux limites du Rukongai. La jeune Capitaine n'eut aucun mal à suivre son vis-à-vis, pourtant considéré comme l'un des Shinigamis le plus rapide de tout le Gotei 13. Elle en tirait une certaine fierté. Sa vitesse était largement supérieure à la normale et elle en avait fait sa spécialité et un atout redoutable au combat.

Tenzen s'immobilisa et Otsu se plaça en face de lui. La "discussion" allait enfin commencé et elle se prépara mentalement à réagir aux moindres mouvements de son adversaire. Elle voulait proposer un combat de qualité à celui-ci. Il affrontait régulièrement le Kenpachi et était un habitué du combat. La jeune femme, elle n'avait pas eu le temps d'affronter grand monde depuis qu'elle occupait son poste et on ne pouvait pas dire qu'elle avait réellement combattu lors de la mission, la garce du sang s'étant contenté de rester immobile et de bloquer négligemment les attaques.

Le doigt de Tenzen se tendit d'un coup vers elle, des flammes bleues se projetèrent à grande vitesse vers Otsu. D'un mouvement, elle évita le Kido, la spécialité de son opposant,sortit son Zanpakuto et passa en Shikai. Elle s'immobilisa.

- Merci, je pense qu'il n'est pas nécessaire de vous dire d'y allez à fond avec moi.

D'un Shunpo, elle passa derrière lui, se baissa et leva son sabre en direction du bas ventre du Capitainte de la justice. Une pluie d'éclat de jade s'abattit dans cette direction, se dispersa, et retomba sur l'homme. Elle doutait que Tenzen fut homme à se laisser prendre à une attaque aussi grossière, mais elle voulait au moins tester ses capacités. Elle décida d'enchainer directement et fonça à grande vitesse vers le lieux de sa précédente attaque.

Spoiler:

Cette petite est rapide, il ne peut plus y avoir aucun doute là dessus. Le Kido dont il venait d'user avait l'avantage de frapper sur une large zone, et pourtant elle était parvenue à l'éviter sans le moindre dommage. Elle ne perdit non plus pas de temps pour libérer son Shikaï avant de passer à la contre-attaque. Mais tout d'abord, un message à son attention. Et qui n'était pas tombé dans l'OREILLE d'un sourd...
Une nouvelle fois, son Shunpô faisait preuve d'une grande vélocité, presque surprenante. Elle devait être aussi rapide que lui-même, ce qui était déjà une chose rare. Sinon plus ? Une possibilité qu'il ne pouvait pas exclure pour l'instant, n'en ayant pas encore vu assez que pour pouvoir en être certain. Quoi qu'il en soit mieux vaudrait se méfier... Par réflexe, il lance un sort sans même se retourner vers elle. « Tozanshō ». Une barrière de protection se dresse autour de lui, sous la forme d'une pyramide inversée. C'est une défense de haut-niveau qui ne craint pas les attaques de Shikaï. De quoi donc se permettre de préparer son prochain coup l'esprit léger. Ses doigts s'activent discrètement alors que les éclats de jade se fracassent contre son Bakudo, mettant en place un Kekkai d'invisibilité sur la lame de son Zanpakutô qu'il sort alors au clair. Ainsi, il est armé sans que cela ne puisse se voir... Si cette manipulation n'a pas encore d'utilité dans l'immédiat, cela en aura bien rapidement !

Mais en attendant, Otsu charge pour venir au corps-à-corps, et frappe sa barrière qui éclate alors, son pouvoir défensif ayant déjà été bien usé par l'attaque précédente. D'un Shunpô il s'écarte, et comme elle le lui a demandé, il n'allait certainement pas l'épargner. « Kurohitsugi ». Un sort d'un aussi haut niveau, et sans la moindre incantation. Voilà bien là une des grandes forces du Yakushiji. Avec lui, ça ne prévenait pas. Il ne laissait pas le loisir à son adversaire de se préparer. Il ne lui laissait pas le temps de prévoir ce qui allait lui tomber dessus. Et en l'occurrence, ce serait cette cage noire se dressant autour de sa cible pour l'emprisonner, immédiatement suivie de ces lames d'énergie qui la transpercent. Il y va fort, très fort, certes. Sans doute en une réaction d'orgueil face à la facilité déconcertante avec laquelle elle avait esquivé son Sôren Sôkatsui. Et le pire, c'est sans doute qu'il est capable encore d'élever le niveau sans avoir besoin de la puissance de son Zanpakutô dont il n'avait pas encore usé...

Décidément, Otsu se disait qu'elle aurait mieux fait de plus s'appliquer en cours de Kido. Elle en demanderait peut-être un à son adversaire à l'occasion. La discipline alliait défense et attaque et Tenzen utilisait savamment un mélange des deux. Il avait tout d'abord utiliser une barrière pour se protéger de la pluie d'éclat de jade. Bon ce n'était pas dramatique, la jeune femme avait utilisé cette attaque plus pour le tester que autre chose. Elle fit voler en éclat la protection avec une forte attaque frontale. Il s'écarta d'elle d'un Shunpo, re-tendit son doigt vers elle, les lignes d'une boite noire se dessinaient rapidement autours d'elle. Cette technique, Otsu la connaissait que trop bien, Kurohitsugi le Haido n°90. Elle devait intervenir avant que la boite ne se forme complètement. Cette réflexion, dans la tête de la Shinigami, parut durer une éternité. En une micro-seconde, elle concentra son Reiatsu pour effectuer un Shunpo de très haut niveau, lui permettant de s'extirper in extremis de la cage qui allait se former. Elle n'était pas la Capitaine la plus rapide pour rien, du moins, c'est ce qu'elle voulait bien penser. Sa vitesse avait atteint son paroxysme pour s'esquiver de cette attaque, si jamais Tenzen en avait une plus rapide en stock du même genre,elle allait finir en hachis. C'était ça d'avoir une carrure plutôt frêle.

Elle ne s'accorda aucune pause dans ce combat, même si au bout de deux attaques du Yakushiji, elle avait le souffle court.En même temps elle n'était pas la pour boire le thé. Très bien, elle allait sortir le grand jeu.

- Hisui Jouki kesshouka

Elle libéra ainsi son Bankai. La lame de son Zanpakuto se volatilisa, à la place une brume vert jade trônait au dessus de la Tsuba. D'un Shunpo, elle s'approcha de son adversaire. Dangereux de s'approcher si près d'un homme aussi puissant sans prendre plus de précautions. Elle dirigea sa lame vers son visage. Pas de pitié. La vapeur verte se condensa, et se propulsa. Arrivée près du visage , elle se scinda en cinq faisceaux. Un pour chaque orifice, les narines, la bouche et les oreilles.Des dégâts internes en perspective, la jeune femme ne doutait pas qu'ils ne seraient que mineurs vu la force spirituelle de Tenzen. Mais Otsu ne s'arrêta pas la, elle effectua ensuite un mouvement verticale, dispersant une grande lame de fumée le long de son adversaire. Si il rentre en contact avec celle-ci, une épaisse croûte de jade viendra recouvrir les parties touchées.

Une nouvelle fois elle évita d'un Shunpô. Et il est sûr à présent que sa vitesse est particulièrement remarquable. Tenzen qui se savait l'un des Capitaines les plus rapides venait de tomber sur quelqu'un qui le surpassait dans ce domaine. Les deux sont proches. Forcément, à un tel niveau l'écart ne saurait être pharaonique. Mais tout de même, la différence est suffisante que pour être notable. C'était tout de même la première fois qu'on lui faisait le coup, de se soustraire à un Kurohitsugi par un simple déplacement... Cependant, le Shirohasu n'ignore pas que se déplacer à une telle vitesse consomme pas mal d'énergie, tout comme n'importe quelle autre capacité de ce rang. Il a déjà son idée quant à la suite de l'affrontement, les différentes manières dont il pourra le gérer. Et pense voir parmi cet éventail de possibilité celle qui pourrait lui donner l'avantage sans qu'il ait trop à en faire.

Car, oui, Tenzen n'était pas désireux de faire usage de son Bankaï. Il préférait rester dans un statut où personne ou presque n'avait vu sa libération interdite. Il en compte trois de vivants – jusqu'à preuve du contraire – que sont le Kenpachi, son bras droit, ainsi que le Sotaishô. Le Yakushiji est un combattant assez expérimenté que pour pouvoir se permettre d'éviter d'y avoir recours trop souvent. Le gros de sa puissance offensive lui venait du Kidô, ce qui rendait possible ce relatif secret. Son adversaire par contre ne semblait pas voir la chose du même œil, faisant déjà appel à son Bankaï. Et généralement cette libération ne vient jamais juste pour faire joli, il peut d'ores et déjà s'attendre à du lourd.

Ses défenses sont prêtes, mentalement du moins. Et dès qu'elle s'approche d'un nouveau Shunpô, il opte pour la plus adéquate. Pour une attaque frontale, quoi de mieux que le « Dankū », mot qu'il lui suffit de prononcer pour faire apparaître devant lui un puissant mur d'énergie, stoppant l'attaque de la jeune femme. Ou plutôt les deux techniques en vinrent à s'annuler, le jade s'accumulant sur la protection afin de la briser, mais ne parvenant pourtant à aller plus loin. Otsu pour sa part est déjà passée à la suite. Son arme s'est abattue en provoquant une lame de fumée. Tenzen semble se faire frapper, grimaçant même sous le coup. Mais il n'est en fait plus là, tout simplement... Sa silhouette qui a encaissé l'attaque éclate en une multitude de pétales de lotus se dispersant aussi rapidement.

Le vrai Capitaine de la Neuvième Division par contre s'est placé derrière elle dans la manœuvre. Son arme – toujours dissimulée à la vue par le Kekkai qu'il y avait placé plus tôt – s'abat dans son dos pour un simple coup de katana. Si le coup portait, le Kekkai disparaîtrait rendant sa lame visible. Au moindre choc, l'invisibilité s'évanouissait. Mais que cela se produise ou non, il continue instantanément sur la suite. Il se projette d'un bond vers l'arrière, sa main droite venant se poser sur sa lame. « Ōkasen ». Un éclat jaunâtre y naît pour se propulser ensuite à vive allure vers sa cible en une lame d'énergie tranchante.

L'écart de niveau entre les deux Capitaines était comme Otsu le pensait: large. Les défenses de Tenzen étaient impénétrables, même pour son Bankai. La technique de cristallisation s'écrasa sur le Bakudo de celui-ci. Néanmoins, la jeune femme eut une lueur d'espoir, la fumée de sa deuxième technique réussissant à s'immiscer dans les orifices de son adversaire. Il grimaça, puis éclata en pétales de lotus d'énergie. Ce n'était certainement pas du aux effets du parasite de jade. Elle en déduit qu'il s'agissait d'un clone. Elle sentit la présence du Kyûbantai Taishô dans son dos, et dans un pur réflexe de défense, leva son sabre, dévoilant ainsi la supercherie. La lame de son opposant était cachée par un Kekkai d'invisibilité. Les deux armes rentrèrent en contact mais le choc fut tel que celle de Tenzen glissa et lui entailla le front, faisant couler ainsi le premier sang de cet affrontement.

La différence de puissance était flagrante. D'un côté Otsu qui ne dépendait que de sa vitesse pour se défendre et attaquer et de de l'autre, le Capitaine de la 9ème division disposant d'un potentiel aussi bien offensif que défensif. Et dire qu'il n'avait même pas libéré son Bankai, ni son masque d'ailleurs... Cela mit un poil en colère la jeune femme qui, pour la deuxième fois en peu de temps était mise devant son infériorité et sa faiblesse.

Elle n'eut pas le temps de pousser sa réflexion plus loin. Le vieux était déjà repassé à l'attaque, avait désengagé en se propulsant vers l'arrière et déjà une lame d'énergie se dirigeait à une vitesse fulgurante vers elle. Elle leva son Zanpakuto devant elle, faisant apparaître un bouclier de jade sur lequel se fracassa l'attaque. La protection vola en miettes mais au moins, elle avait stopper le Kido.

Otsu reprit son calme. Elle ne devait pas succomber à la colère, ses mouvements en seraient que trop désordonnés, chose qu'elle préférait éviter devant un combattant comme Tenzen. Elle préférait jouer plus prudent maintenant qu'elle connaissait mieux les compétences de son vis-à-vis. Elle souffla sur la brume de son arme, un pur effet de style, et celle-ci s'étendit en un épais brouillard. Cela devrait bloquer les sens du Lotus Blanc quelques temps, lui permettant une meilleure liberté de mouvement. Elle se déplaça derrière lui d'un Shunpo, le jade se cristallisa alors autours de Hisuizaiku pour lui faire prendre la forme d'une faux, apparence qu'elle chérissait particulièrement car disposant d'un fort potentiel de destruction. La lame s'abattit une nouvelle fois vers les jambes de son adversaire. Elle préférait l'handicaper, et puis s'il s'agissait de nouveau d'un clone, au moins, elle aurait une marge de manœuvre pour riposter.

Apparemment, elle aussi était capable de faire appel à un bouclier. Sa vitesse n'était donc finalement pas son seul atout défensif. Certes, cette protection devait être modeste en comparaison de l'arsenal du Yakushiji, mais au moins elle était parvenue à éviter de se faire aussi rapidement blesser. Oh certes, elle l'est déjà si on s'en tient à la simple définition. Mais Tenzen n'en est pas à considérer cette égratignure comme quelque chose de notable. Tout est encore à faire. Les deux attaques qu'il avait esquivé auparavant étaient de très haut niveau. Mais impossible de savoir si cela constitue le plus puissant panel de la jeune Shinigami. Si elle est capable de mieux encore, ce sera sans doute maintenant qu'elle le montrera. Ainsi, alors qu'elle souffle sur son Zanpakutô en créant petit à petit un brouillard de jade, Tenzen décide d'en appeler enfin au pouvoir de son Trancheur d'Âmes.

Kaku hanabira no sonzai o han'ei shite iru, Kagami Biraki !

L'invocation longue de son Shikaï. Comme s'il préférait prendre tout son temps... Quoi qu'il en soit, son katana brilla un instant d'une lueur qui en disparaissant dévoila un bouclier-miroir d'environ quatre-vingt centimètres de diamètre. Cette arme qui avait même résisté aux assauts du Kenpachi en personne... et dont le pouvoir lui avait presque fait s'arracher les cheveux. En effet, outre une capacité défensive de très haut niveau, son pouvoir lui offrait de manipuler les reflets. Cela donnait cours notamment à cette technique passive qui avait particulièrement embêté Shinjirô tout en assurant à Tenzen de gagner un gros paquet en pariant sur la possibilité qu'il sorte de leur affrontement sans une égratignure. Dans les faits ce n'était pas le cas, mais son illusion avait permis de le faire croire... ce qui était largement suffisant !

Cette capacité aurait déjà à se rendre utile. Se retournant vivement, il opposa son bouclier à la faux d'Otsu. Mais la vitesse de la jeune femme avait permis de laisser une belle entaille dans le bas de son Haori, et il sentait la chaleur du sang sur sa cuisse. Une victoire que son adversaire ne pourrait pas savourer, ne pouvant rien en voir... Il avait bien fait de rester sur ses gardes cependant alors qu'elle usait de son camouflage. Prévoir le coup fut une bonne idée, car la puissance de cette lame aurait pu le découper en deux sans la protection que lui offrait Kagami. Sa main droite déjà se tend, et ses lèvres s'écartent pour ne laisser passer que les deux mots nécessaires à la création de son sort. « Sajō Sabaku ! » fait tomber du ciel une large corde d'énergie qui tentera de venir s'enrouler autour d'Otsu afin de diminuer grandement sa capacité de mouvement. Il pourrait enchaîner directement sur une offensive mais s'en prive, préférant placer enfin quelques mots.

Vous savez, je ne cherche pas à vous battre par tous les moyens. Je ne fais que de me maintenir à niveau, opposer ce qu'il convient pour vous neutraliser. Permettez-moi donc de vous offrir un choix. Je peux poursuivre selon ma stratégie et vous affaiblir lentement mais sûrement. Ou je peux également élever le niveau pour que l'on en finisse rapidement. À vous de trancher...

L'on pourrait certainement tirer une grande prétention de ce discours, mais Tenzen ne voyait cela que comme un franc réalisme. Tous les deux savent déjà qui est le plus puissant et qui remportera cette rencontre. En tout cas, lui estime cela comme acquis. Non pas qu'elle ne puisse absolument pas lui fournir d'inquiétude, cette vitesse qui est sienne pouvant être redoutable tout comme certaines des techniques qu'elle avait pu utiliser. Mais le Yakushiji n'en était pas à son premier affrontement de taille, loin de là. Le vieil homme sait se battre et raisonner rapidement. Enfin, cela c'était seulement si elle avait une préférence pour continuer le combat comme il se profilait actuellement. Dans le cas contraire, ce ne serait pas tant à Tenzen qu'elle aurait affaire, mais également à l'agressivité d'Ikarib... Car c'était bien de cela dont il s'agissait lorsqu'il parlait d'élever le niveau. Ni plus ni moins que faire appel à son Hollow...

Otsu ne put éviter le kido qui tomba sur elle suite à la contre offensive de Tenzen. La corde d'énergie vient s'enrouler autours d'elle, entravant ainsi ses mouvements. Le Yakushiji en profita d'ailleurs pour s'accorder un petit moment de répit en lui posant une question qui ne fit qu'énerver la jeune femme. Sa colère n'était pas dirigée contre lui, mais contre elle même... Elle se sentait faible. C'est en se tortillant pour se libérer des chaines qui la maintenaient prisonnière qu'elle lui répondit, essoufflée par le combat qu'elle livrait. L'endurance n'était pas son fort, généralement les affrontements qu'elle livrait ne durait pas aussi longtemps. Tenzen la dépassait sur bien des points. Elle rit de bon coeur: il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas autant donné de sa personne.

- Et bien Capitaine, compte tenu du fait que ne tiens pas à faire durer ce combat dans lequel je me suis déjà bien investit, et où mes chances de victoires sont visiblement minces, j'aimerais que vous arrêtiez de tourner autours du pot et élever le niveau comme vous l'avez si bien dit. Par ailleurs je vous remercie pour cet entrainement qui est fort intéressant pour moi.

Sur ces mots, elle leva son sabre à la verticale en direction des chaines qui la retenait , non sans forcer sur son poignet. De nouveau, la vapeur de lame éthérée s'éleva vers les maillons et les cristallisa. Même si elle était d'une force physique très modérée, Otsu tendit ses muscles, les entraves se brisèrent sous la pression, fortement fragilisés par la couche de jade les recouvrant.

Malgré la douleur qui demeurait dans sa main droite suite au brusque mouvement qu'elle avait fait pour se libérer, elle n'attendit pas pour contre-attaquer. Elle changea son Zanpakuto de main: elle était suffisamment entraîner pour bien maîtriser son arme de l'une ou de l'autre. Elle était heureuse, elle allait enfin pouvoir mettre en pratique la technique qu'elle travaillait depuis quelques temps, le paroxysme de la vitesse, une ode brutale et sanglante. En annonçant qu'il allait monter le niveau, Tenzen avait libéré la petite furie qu'était Otsu et allait être le premier à en faire les frais. Elle s'élança d'un Shunpo et vint au contact de son adversaire. Ce mouvement, presque imperceptible car atteignant des sommets de vitesse, lui permit d’enchaîner plusieurs coups de sabre sur toute la surface du corps de son opposant, presque de manière instantanée. En libérant cette technique qui était certainement sa plus puissante, elle ne réfléchissait que peu aux conséquences que cela pouvait avoir sur le Capitaine de la justice. Après tout, ce n'était pas son problème : un entrainement était un entrainement, avec son lot de blessures, la preuve en était son poignet droit, certainement cassé.

Dès que le lien commença à s'étioler avant de disparaître totalement, le Yakushiji monta la main à son visage, relâchant ainsi le pouvoir de sa « bête sombre » comme se plaisait à l'appeler Noboru. Son masque vint alors prendre place sur son visage. Des yeux grands ouverts, laissant apercevoir des prunelles fauves. Qu'un détail de la partie supérieure de son visage, inspiré des représentations bouddhiques sans toutefois adopter les grotesques proportions d'embonpoint que certains humains aimaient à y donner. Cela passe par un simulacre de chignon au sommet, ainsi que des lobes tombant jusqu'au bas des mâchoires. Ces mâchoires d'ailleurs qui viennent sévèrement trancher avec le reste de cette apparence. Deux rangées de dents affûtées comme des rasoirs, exprimant toute la cruauté dont peut être capable Ikarib. Heureusement pour Otsu, le Hollow n'est pas celui qui est au contrôle, Tenzen l'ayant suffisamment plié à sa volonté pour cela.

Par contre, il ne cherche pas à contrôler son Reiatsu, qui éclata instantanément pour en révéler toute la puissance. Un poids écrasant qui ici aurait toute son utilité, en empêchant Otsu d'être aussi rapide qu'elle l'aurait été sans cela. Il savait que c'était là son point fort, l'entraver de la sorte serait donc forcément salvateur. Le temps de lui opposer son bouclier en faisant jeu égal au niveau de la vitesse, son masque boostant lui-même déjà ses compétences. Et si quelques petits coups parvenaient tout de même à passer, et bien ce ne serait pas bien grave, que de légères blessures qui ne se verraient même pas grâce à son illusion, toujours active tant que son Zanpakutô était libéré. Le Capitaine de la Huitième Division montra cependant qu'elle fut parfaitement capable d'inquiéter de nombreux combattants. Elle n'était juste pas tombée sur celui se trouvant le plus simple à affronter et vaincre, tout simplement... En tout cas, l'instant de mettre un terme a tout cela est arrivé. Juste un bond pour se retrouver au dessus d'elle. Il tend ses deux paumes dans sa direction, et laisse alors se déchaîner la furie de son Hollow. Une pluie nourrie de Baras, qui n'étaient sans doute pas inquiétants individuellement, mais dont le nombre et la vitesse avaient ici de quoi noyer n'importe qui. L'envie de clôturer le tout par un Cero lui traverse l'esprit, mais il dut contenir cette pulsion : le but n'est pas d'attenter à sa vie, après tout.

Dans un nuage de poussière, ses pieds retrouvèrent un contact avec le sol. Il ne pouvait voir ce qu'il en était de l'état de la jeune femme, mais Tenzen ôta tout de même son masque, considérant cette petite discussion comme terminée désormais. En espérant qu'elle soit toujours apte à l'entendre, il se permit tout de même quelques derniers mots.

Vous vous êtes bien battue, et il serait idiot après ce que vous m'avez montré de continuer à considérer que vous n'êtes que faiblesse. Vous manquez encore d'expérience, c'est un fait, et cela ne peut s'acquérir que par la pratique. Multipliez les combats, observez bien vos adversaires, et apprenez. Mais ne doutez jamais de votre force, vous ne porteriez pas ce Haori si vous en étiez dénuée...

Un franc encouragement qu'il estime mérité. De nombreux Shinigamis avaient tendance à se surestimer, bien trop souvent. Et lorsqu'il rencontrait le pendant inverse, il estimait devoir au moins recadrer les choses...