Allez, laisse-toi faire !
Mais si y a des gens qui nous voient...
Tu t'fous d'ma gueule ? Au pire ils verront mon derche et basta. T'es invisible ma poulette, in-vi-si-ble !

Bien sûr, occupé comme Koshiro l'était avec son esclave, il ne se rendit compte de rien de ce qui s'était passé non loin. Il avait passé la soirée avec Paloma dans les environs, passant un peu de temps à s'entraîner. Si le Jimushi voulait diriger une puissante organisation, il devait lui même se tenir en forme. Profitant donc que son genou soit plus ou moins remis, il avait emmené son Arrancar dans un coin isolé où ils pourraient tous deux s'exercer. Après quoi le maître et l'esclave s'étaient juste permis de reprendre leur souffle dans les hautes herbes. L'incendiaire, au bout d'un moment, décida bien sûr de ne pas en rester là...

Mais bon... il devait vraiment avoir une mauvaise étoile à ce niveau là. La poisse intégrale quoi. Heureusement ce n'était pas à chaque fois, mais il fallait tout de même croire à force que l'on avait à goût de le déranger quand lui s'amusait à jouer à la bête à deux dos. Il n'y a pas si longtemps, c'était ce binoclard qui s'était même permis de venir sonner à sa porte, et à présent un autre parfait inconnu qui lui tombait dessus en pleine nature. C'est donc ainsi qu'en se retournant, il put remarquer qu'ils n'étaient pas seuls. Heureusement Paloma n'avait que soulevé sa jupe verte alors que Koshiro, lui, se retrouvait avec le pantalon sur les chevilles.

Non mais c'est quoi c'te ville ? Jamais moyen d'tirer son coup tranquille là ?

S'extirpant de manière à ce que l'intimité de son esclave ne puisse être dévoilée, il se rhabilla rapidement, sans aucune sorte de pudeur.

Alors c'est quoi le délire ? On est là pour se rincer l'oeil ?

Spoiler:

Devant la réaction du l'inconnu – ainsi que sa première réplique – Koshiro se tourna en direction de Paloma qui se relevait à son tour.

Qu'est-ce qu'y dit lui ? Y fait d'l'humour, c'est ça ? Tu crois qu'ça veut dire qu'il aime pas mon p'tit cul ?

Ne laissant pas répondre sa corneille, il redirigea son regard de nouveau vers cet homme qui venait de faire son apparition.

J'ai pas un beau p'tit cul, c'est ça ? Et elle, c'est ton genre? Gaffe à c'que tu dis hein !

Cette dernière phrase lâchée clairement en guise d'avertissement, alors qu'il pointait l'index dans sa direction. Un simple humain n'aurait pas su la voir... mais un simple humain n'aurait pas non plus provoqué cette sensation étrange dans l'estomac de Koshiro.

Paloma vint lui déposer sa lourde veste sur les épaules, s'attardant à faire glisser sa main sur le dos de son protecteur dans le but de l'apaiser quelque peu. Elle ne désirait pas vraiment le voir partir à nouveau dans l'une de ses colères qu'elle ne connaissait que trop bien.

Saisissant dans cette veste l'un de ses cigares spéciaux – aromatisé à la défonce, sa manière d'ingérer quelques produits particuliers facilement – il le cala entre ses dents et l'alluma en ouvrant son briquet à essence d'un aller-retour rapide du pouce, la flamme en émergeant déjà ainsi. Quelques bouffées pour s'assurer de la bonne ignition de son barreau de chaise avant de poursuivre.

Le type présentait tout de même ses excuses, et avec politesse autant que respect. Voilà qui tranchait avec sa petite tentative d'humour qui n'avait pas vraiment pris sur le Jimushi. Il venait donc d'avoir éliminé un Hollow, qui d'après lui avait été désireux de s'en prendre au couple atypique. Il s'agissait donc bel et bien d'un être à pouvoir donc. Capable d'exterminer seul un Hollow. Cela pouvait peut-être se trouver intéressant pour ses plans, aussi se calma-t-il réellement désormais, non sans avoir au préalable inspiré encore quelques grandes bouffées de fumées. Il pointa alors son torse du pouce, comme il le faisait toujours lorsqu'il se présentait.

Moi, c'est Koshiro ! Et elle, c'est Paloma. Et non, ça n'a rien d'étrange...

Puis d'ajouter plus bas :

Elle a un goût d'pêche... Héhé !

Mais la messe basse n'allait pas durer longtemps – d'autant plus que l'Arrullar lui lançait un regard qui pourrait annoncer « ceinture » pour ce soir.

Soit. T'es qui toi ?

Chacun son tour de se présenter, après tout. Ensuite, le Jimushi réfléchirait à certaines possibilités le concernant, si cela pouvait paraître valoir le coup.

Une amie en commun ? Koshiro n'avait pas beaucoup de gens qu'il pouvait considérer comme ami. Il n'y avait guère que l'archère et son petit glaçon. Et il n'imagine pas réellement qu'Imari se plaise à parler de lui à des inconnus. Real alors ? Peut-être, oui... D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait... Ne lui avait-elle pas parlé d'un type ? Ouais, ça lui rappelait vaguement quelque chose ça. Par contre, est-ce qu'il s'appelait bien Takamura Cho ? Ça, par contre... Le Jimushi n'avait pas considéré cela comme suffisamment important pour qu'il se fende de le retenir. Boh, de toute façon, que ce soit le cas ou non, cela reviendrait au même. Tout humain pouvant s'avérer utile dans ses plans serait une recrue potentielle, il ne s'embarrassait beaucoup plus à ce niveau là. Le tout maintenant était de le tester un minimum avant de lui proposer quoi que ce soit. La mise en situation lui convenait très bien pour cela. En effet, Cho souhaitait trouver un endroit plus tranquille, où ils ne pourraient pas être facilement observables par n'importe quel passant. La solution lui venait naturellement à l'esprit. Forcément, ayant une Arrancar volante à son service...

Ouais, ouais... J'connais un endroit très tranquille, t'vas voir !

Tout en ricanant, il pointa son index vers le ciel. Se propulser vers les airs et pouvoir s'y maintenir ne devrait pas lui poser de problème s'il était suffisamment puissant. Et s'il n'y parvenait pas, alors il ne vaudrait même pas la peine d'être recruté. Après tout, Koshiro avait maîtrisé cette technique alors qu'il n'avait qu'une dizaine d'années. Le b.a-ba du métier quoi !

Allez, on se r'trouve là-haut. Tu t'pointes ?

Cette dernière question est à l'adresse de Paloma, qui bien sûr allait s'exécuter sans discuter. En deux ou trois Bringer Light, l'incendiaire s'éleva à quelques centaines de mètres du sol, où il se stationna alors au dessus du vide sans le moindre problème. Personne ne lève jamais la tête de toute manière... Qui est capable de décrire les étages supérieurs dans les rues marchandes, hein ? L'être humain finalement est bien limité dans ses perceptions. Et ce n'est pas lui, capable parmi un petit nombre, de percevoir un monde tout à fait différent qui dira le contraire.

La confirmation arriva une fois qu'il fut rejoint haut dans les airs. C'était donc bien Real l'amie en commun. Étonnant de sa part qu'elle ait parlé des Sons of Inferno tout de même, et peut-être aurait-il dû mieux l'écouter lorsqu'elle y avait fait mention. Sans doute avait-il eu plus important en tête, à moins qu'il n'était à se gratter les parties devant un mauvais film, il ne savait plus vraiment. Vint alors un long chapelet de question, faisant lever brièvement les yeux au ciel à l'incendiaire. Ce dernier d'ailleurs, soucieux d'avoir le dernier mot n'allait pas laisser la conversation se dérouler de cette manière. C'était lui qui dirigeait les opérations après tout !

Que tu t'renseignes avant d'me r'joindre ? Mais à quel moment j't'ai fait croire que j'voulais te r'cruter, hein ?

Or, dans les faits, c'était le cas. Koshiro était prêt à engager n'importe qui tant que ça servait sa cause et ses intérêts. Mais là, ce type mettait la charrue avant les bœufs. C'est lui qui recrute, pas les autres qui le rejoignent. Simple question de rhétorique, mais la nuance est importante pour le coup.

Cela dit, pour c'que ça change, j'peux toujours te rencarder. T'en entendras bien parler à un moment ou à un autre t'façon. On est les Sons of Inferno ! Ça fait biker, c'est classe, nan ? Y s'trouve que cette ville est à moi. Pas b'soin qu'y soient tous au courant, mais dans les faits c'est comme ça qu'ça s'passe. J'ai un p'tit monopole dans l'coin, alors ton pognon, j'saurais pas trop quoi en foutre, j'ai déjà largement d'quoi faire dans l'registre. Mon but ? Exploser la tronche de tous les putains d'envahisseurs qui pensent pouvoir faire c'qu'y veulent sur mon territoire, genre buter mon fond d'commerce, ce genre de conn'ries. Tu vois, cette ville, elle est à moi, et elle représente mon business. Et tous ceux qu'ont essayé d'la protéger avant ont fait que d'la merde. Il est grand temps qu'un gars qu'a vraiment des couilles s'en mêle et reprenne le flambeau. Et en terme de flambeau, tu trouv'ras jamais mieux qu'moi !

Il ricana, l'allusion à son pouvoir que son interlocuteur ne pouvait pour le coup pas comprendre l'amusait assez en vérité. Quant aux informations qu'il livrait... Cela ne changeait véritablement rien pour lui. Il n'avait d'ailleurs donné aucune consigne à Real à ce propos. Après tout, il ne doutait pas de sa puissance et ne redoutait donc pas grand chose d'un humain se trimbalant avec d'aussi minimes informations. À vrai dire, il ne redoutait pas grand monde, tout court, à l'exception de ces Maho Tsukaï mais ça, c'était une toute autre histoire. Les Arrancars à la Borick, les Shinigamis à la Kamui, ils pouvaient y venir. Le Jimushi les croquerait au petit-déjeuner ! Et pour ce qui était des humains, il se voyait réellement comme le plus redoutable d'entre eux. Ses flammes n'en craignaient aucun d'eux !

C'la dit, j'trouve quand même que tu poses beaucoup trop d'questions. C'est à moi d'en poser une maintenant, et une seule. Tu veux en être ou pas ?

Oui, il venait bel et bien de lui proposer de les rejoindre, alors qu'un instant plus tôt il lui laissait entendre que ce n'était pas le cas. Tout le paradoxe de cet homme. Le mâle alpha dans toute sa splendeur.

Pourquoi il sortait un calepin là ? Genre il avait besoin de prendre des notes pour pouvoir dire si sa réponse était un oui ou un non ? Autant dire que la proposition qu'il avait à lui faire, avant même d'en avoir prononcé le moindre mot, ne le laissait pas en de bonnes dispositions. Pour lui, fallait marcher à l'instinct. Prendre ce que l'on souhaite, réagir plus que tergiverser pendant des heures. Puis lorsque finalement les premiers mots sortirent de sa bouche, il comprit. Il s'agissait d'un carnet de chèque – Koshiro n'en avait jamais utilisé, préférant tout payer en liquide – et se montrait désireux de financer ses opérations si toutefois le Jimushi cessait ses activités actuelle. Ah ben là... L'incendiaire ne put s'en empêcher, et explosa tout bonnement de rire, jusqu'à s'en claquer la cuisse de la paume.

Autant dire que tout ce que Cho pourrait dire n'avait ensuite plus la moindre importance, et que le déséquilibré notoire n'écoutait même plus. Rien que le fait qu'un parfait inconnu pense pouvoir le faire changer de voie l'amusait énormément. Koshiro n'obéissait qu'à lui-même, et ce depuis qu'il avait six ans. Il ne prenait que ses propres décisions, et si certaines choses pouvaient être négociables, son style de vie lui ne l'était pas. C'est alors que le Jimushi se retourna, tournant le dos à Cho, et commençant déjà à s'éloigner à pas lents.

Si j'étais pas certain qu'tu m'saoulerais après deux jours, j't'aurais bien engagé comme bouffon du Roi ! Ahah, qu'j'arrête les affaires, nan mais j'te jure c'qui faut pas entendre !

C'était la deuxième fois en peu de temps qu'on lui proposait de l'argent en espérant obtenir quelque chose de lui en échange. Et clairement, ce filon ne fonctionnerait pas avec Koshiro. De la thune, il en avait déjà à foison et son commerce ne faisait que s'étendre depuis des mois. Toujours en train de ricaner pendant qu'il s'éloignait avec Paloma à ses côtés, il prit tout de même la peine de s'arrêter et de se retourner un instant afin de lancer un avertissement.

Par contre... te fous pas dans mes pattes ! Cette ville est à moi. Tous ceux qui s'pointeront sur mon ch'min connaîtront l'Enfer !

Un sourire fier témoignant de sa suffisance. L'homme est sûr de lui et de sa puissance. Il n'y eut que les Maho Tsukaïs pour lui faire craindre une défaite, aussi s'estime-t-il au dessus du lot. Soit. Sur ce, il disparut d'un Bringer Light particulièrement véloce, Paloma étendant ses ailes pour le suivre selon ses propres moyens.