Kazunaga s'arrêta au moment où il posa le pied dans le dojo se trouvant au sein de la Onzième Division. Et sur le coup, nombreux souvenirs refaisaient surface. Il était un membre de Gotei 13, était leader d'une milice privée ; il est et sera toujours un guerrier. Mais il ne fallait pas oublier qu'il était l'héritier d'une ancienne école de sabre et avait transmis son art. Il ne pouvait donc s'empêcher d'observer lorsque d'autres enseignaient à leur tour, ou même quand des élèves faisaient des exercices de leur côté, afin de vérifier s'ils le faisaient correctement.
Ainsi, ce qu'il avait devant les yeux était source d''observation. Cette Division était axée sur le combat sous sa forme la plus pure. La mêlée était leur style, du moins c'était ce que tous s'accordaient à penser d'elle. Il était donc logique qu'il s'attende à voir du niveau, du Zanjutsu dans sa forme la plus splendide.

Et pourtant, il fallait bien dire qu'il était grandement déçu. Partout où son regard s'attardait, il voyait des erreurs. Mauvaise prise, mauvais positionnement. Même une mauvaise inspiration empêchant d'utiliser son arme à son plein potentiel. Ces hommes étaient donc rien d'autre que des brutes sans éducation pour lui. C'était d'ailleurs le risque avec certains qualifiés d'excellents combattants. Trop reposer sur ses acquis et ne pas chercher à s'améliorer, tout faire selon son instinct persuadé que cela ne pouvait que marcher.
Il avança de quelques pas, s'approcher d'un duo de Shinigami en plein milieu d'un entraînement lui rappelant véritablement son passé. Le but était de faire face à une attaque adverse, la bloquer pour ensuite prendre l'avantage. Et ce n'était vraiment pas une grande réussite. Ce n'était pas tant dans les capacités de l'élève que dans son superviseur lui demandait de faire. Plein de failles, sans grande efficacité. Et là, c'en était trop.

>> Sérieusement ? Pourquoi lui demander de faire un contre aussi inutile ? T'y connais tu vraiment dans l'art du sabre ?
Attendez, je vais vous montrer.

Il vint alors se placer face au « maître », sortant Hiteiken. L'avantage de son sabre était que c'était lui qui décidait de le rendre tranchant au non, ce qui lui permettait donc de l'utiliser aussi bien en entraînement qu'en vrai combat. Sur le coup, son vis à vis ne réagissait pas, si bien qu Kazunaga lui fit signe d'y aller. Il fallut malgré tout quelques instants pour qu'il se décide à faire le mouvement.
Au lieu de vraiment bloquer, le Shinigami de la Troisième frappa l'arme adverse avec la sienne, la repoussant afin d'éloigner la menace. Puis il lui suffit de déplier pour passer à l'offensive, sa lame venant se placer contre le cou adverse.

>> Et là, tu n'as plus de tête. Voilà ce que j'appelle un contre réussi. Cependant, c'était peut être trop vous demander de penser à quelque chose comme ça. Peut être un peu trop évolué par rapport à votre style primaire.

Sur le coup, il en oubliait où il était, il en oubliait la raison première de sa venue. Pour lui, seul l'art du sabre avait de l'importance en cet instant précis.

- Style primaire hein ?

La voix puissante du colosse s'était élevée, amenant immédiatement le silence le plus complet au sein du Dojo. On ne pouvait espérer mettre les pieds dans cet endroit et insulter ainsi le style de la Onzième division sans en payer les conséquences. Le Kenpachi s'avançait vers le nouvel arrivant, dominant tout le monde se sa stature impressionnante. Dans son dos trônait Kaimetsu, gigantesque lame du Taishô qui avait tendance à faire passer les autres Zanpakutô pour de vulgaires cure-dents. Il s'arrêta enfin près de cet homme, le détaillant avec plus d'attention. Les autres Shinigamis ne disaient désormais plus un seul mot. Lorsque le Capitaine était dans cet état-là, on préférait s'éloigner. Trop dangereux. Mais ça, l'inconnu l'ignorait encore.

Le géant mastiquait un petit morceau de bois tout en restant fixé sur la gaufrette. Que le style de combats des guerriers de la Onzième soit considéré comme primaire lui posait problème. Surtout qu'il n'existait pas meilleurs combattants à ses yeux. Lorsque ça chauffait quelque part, c'était son équipe qu'on envoyait. Ainsi, les remarques de ce genre n'avaient aucunement leur place ici. Et il comptait bien le lui faire comprendre. Au vue de sa précédente démonstration et de ses propos, on comprenait aisément que l'inconnu était sans doute un expert au sabre. Mais pour le colosse, cela n'excusait rien.

- Qui t'es et d'où tu viens, j'm'en balance. Mais si t'insultes une fois encore mes gars ou ma division devant moi, j'te broie. Elle a tout compris la brindille ou elle a encore besoin que je lui explique d'une autre manière ?

Il ne connaissait pas sa tronche et se moquait de sa division. Ici, seule la loi la plus élémentaire de la Onzième primait. Et celle-ci se résumait en une seule phrase : quand Shinjirô parle, tu fermes ta gueule. Que ses gars apprennent à varier leur style, c'était une chose. Et le colosse était un expert dans l'art du combat, ainsi il ne refusait généralement pas les conseils ou l'aide extérieure pour améliorer la technique de ses Shinigamis. Mais il n'accepterait jamais d'entendre un étranger à sa division réagir comme ce mec l'avait fait.

- Chacun se bat avec sa technique, c'est la règle d'or du Zanjutsu. Ouvre un peu les yeux ma grande et regarde-moi. J'ai la gueule d'un mec qui fait des p'tits pas de danse pour éviter une attaque ? Pour moi, contrer un coup, c'est être faible. Ta petite passe d'armes là, c'est bien face à des débutants. Mais j'pense que face à moi, ça sert à rien. Tu veux m'faire plaisir ? Fais-moi une p'tite démonstration de ton talent, voir si t'as pas qu'une grande gueule. Et j'en profiterais pour te montrer ce qu'est un vrai sabreur.

Crachant le cure-dent aux pieds du Shinigami, Shinjirô fit basculer Kaimetsu face à lui, attrapant la poignée centrale et déposant ainsi la lame tout contre son épaule, comme si le Zanpakutô n'avait été qu'un simple bâton. Les hommes autour du colosse se reculèrent précipitamment. L'autre ne pourrait refuser de faire montre de sa science. Sans quoi, il passerait pour une grosse merde arrogante.

Lorsqu'une voix s'éleva, clairement en réponse à la réponse à la remarque de Kazunaga, ce dernier tourna la tête en sa direction. L'origine se révéla être un colosse dont l'identité ne faisait pas de toute vu sa tenue. Il venait de voir pour la première fois le Kenpachi de cette génération, qui était également la raison première de sa visite en un tel lieu. L'une des premières choses venant à l'esprit du Vice-Capitaine était qu'il avait entièrement la tronche de l'emploi. Une brute sans finesse. Pour ce dernier point, il suffisait de voir son arme, dont la nature était indescriptible et qui était l'un des instruments les plus barbares qu'il ait vu.
La suite de ses paroles confirma cette pensée. Des menaces principalement, un style des plus simple. Il n'était certainement pas le genre à avoir inventé l'eau chaud. Par contre, un bon combattant.. Sur ce point il fallait en attendre quelque chose. Et c'était justement ce qui l'intéressait.

>> Evidemment, il y a plusieurs styles, c'est ce qui fait la beauté de cet art. Mais l'objectif de l'exercice que faisaient vos hommes était justement ce que j'ai montré. Juste qu'ils le faisaient mal.
Mais tout ça ne reste qu'un exercice. Rarement utilisable dans un vrai combat, dans tous les cas nécessitant une adaptation. Le tout est de comprendre le principe.

Une telle réponse face à quelqu'un parlant de la sorte pouvait être considérée comme suicidaire, mais il y avait bien une chose dont Kôgami était sûr. Qu'il était certainement plus capable que le Kenpachi lorsqu'il s'agissait d'enseigner l'art du sabre, même si son style n'était pas du goût de tous. Mais le colosse se contentait de mal le prendre, jusqu'à remettre en doute ses compétences de sabreur. Chose qu'il n'appréciait guère, mais sur le coup il se dit que ça tombait bien.
La raison de sa venue était de se faire une idée de la force du Gotei 13 en combattant celui sensé être le plus puissant des Shinigami. Sur le coup, il avait une excuse pour initier un petit duel.

>> Je ne peux certes nier votre talent pour le combat, ou alors il y a un problème avec votre titre, mais j'ai du mal à croire que vous puissiez être qualifié de sabreur. Certes arme n'a rien d'un sabre. Une lame barbare, certainement non dénuée d'efficacité, mais cela s'arrête là.
Cependant, elle éveille mon intérêt. Je veux bien voir en quoi vous êtes un sabreur. Et au passage vous montrez qu'il n'y a aucun doute sur le fait que j'en sois un, et que mon style marche même face aux plus forts.

Zanpakutô posé sur l'épaule, il fixait son interlocuteur en souriant. Beaucoup penseraient certainement qu'il fallait être idiot pour relever un tel défi, qu'il n'avait aucune chance de s'en sortir indemne. Dans un sens, il l'espérait. Un coma aussi long l'avait affaibli donc il serait honteux que le Capitaine de la Onzième ne puisse prendre l'ascendant sur lui. Mais il était maintenant trop tard pour reculer.
Il se mit alors en position de garde, persuadé que le défi serait relevé.

>> Rien d'autre que nos armes. Ni les poings, ni même l'effet de Zanpakutô. Un pur duel de « sabreurs » en somme. Ça vous va ?

Comprendre le principe hein… Au moins l’homme qui se tenait face à lui osait confirmer les propos qu’il avait tenus précédemment, ce qui en soit était une preuve de force aux yeux du géant. Que l’on puisse accepter un défi de sa part était bien trop rare pour être boudé et Kiryû sentait déjà qu’il allait s’amuser. Ne restait plus qu’à espérer que le Shinigami saurait faire la part des choses entre un véritable engagement et de simples paroles en l’air. De toute évidence, il doutait de ses talents de sabreurs. Ce qui n’étonnait pas vraiment le Kenpachi pour dire vrai. Il avait en quelque sorte l’habitude que l’on dénigre certaines de ses aptitudes sous prétexte qu’il était l’expert en Hakuda du Seireitei. On avait alors tôt fait d’assimiler son sabre à une simple arme de destruction, sans même considérer un instant qu’en réalité, Shinjirô était un véritable maître en Zanjutsu. Et si son style s’apparentait en effet à de la force brute, il connaissait deux ou trois tours qui risquaient de surprendre ce petit prétentieux.

D’ailleurs, ne venait-il pas d’entendre que Kaimetsu n’était pas un véritable sabre ? Un petit grondement sortit de la gorge du colosse alors qu’il tentait de museler le pouvoir de Kaimetsu. Son vis-à-vis souhaitait un pur défi au sabre et il était tout disposé à lui donner une leçon. Mais Kaimetsu étant en permanence sous sa forme Shikai, il avait parfois du mal à contenir les effets passifs de son pouvoir. Ici, il n’aurait d’autre choix que de respecter la consigne d’avant match. Pour une fois, la force du colosse ne serait pas projetée dans sa lame mais belle et bien contenue. Et cela avait pour effet d’accentuer l’excitation du géant.

- Ca m’va. J’vais te montrer pourquoi je suis devenu le Treizième Kenpachi du Seireitei. Et j’vais te prouver que Kaimetsu mérite l’appellation « sabre ».

Lié comme ils l’étaient, Shinjirô avait perçu la colère de Kaimetsu. Et même s’il ne parvenait pas toujours à se l’expliquer, il savait la lame capable de ressentir les choses au même titre que lui. Puisque le Shinigami s’était mis en garde, il allait faire de même. Déjà les visages se tournaient vers eux. Au sein de la Onzième division, on aimait les défis. Et même si les paroles de l’homme face à Kiryû paraissaient présomptueuses et insultantes, tous ici admiraient son courage. Au moins, ils auraient quelque chose à dire lorsque leur Capitaine briserait cet homme. Car à leurs yeux, il ne pouvait en être autrement. Shinjirô était l’incarnation du combat. Un véritable dieu dans son domaine. Et cela, cet insolent allait le découvrir immédiatement.

La première salve fut aussi simple que rapide. Attrapant Kaimetsu par la poignée la plus à droite, Shinjirô abattit sa lame comme s’il ne s’agissait que d’un simple marteau. Attaque barbare qui confirmerait sans doute l’avis de cet homme mais pour l’instant, cela n’avait pas d’importance. Mais alors que le coup atteignait son objectif, Shinjirô pivota sur lui-même tout en attrapant de sa seconde main la poignée centrale et il donna un second coup presque immédiatement après. Le sabre se laissant emporter par la force de rotation posséderait une force d’impact relativement importante, sans compter que le fouettement couvrait une large surface. Une première attaque à la verticale tandis que le second coup, porté horizontalement, avait pour but de cingler l’adversaire et de le porter au loin. Et si les coups étaient encore anodins, Shinjirô possédait une force suffisante pour briser un homme qui mésestimerait ses attaques. Et l’avantage qu’il possédait paraissait ici évident : son allonge proprement spectaculaire. Il ne cherchait ici qu’une chose : faire en sorte que l’autre brise cette distance en se croyant à l’abri de Kaimetsu. Et alors il comprendrait en quoi sa lame était un véritable Zanpakuto.

Malgré la situation, visiblement pas à son avantage, Kazunaga souriait. Les choses se déroulaient à peu près comme il l'espérait. La seule chose imprévue étant l'origine du duel qu'il souhaitait. Mais le résultat serait le même, il constaterait la puissance du Treizième Kenpachi. Saurait-il tenir la comparaison avec le premier ? Le membre de la Troisième espérait réellement que lui, car le contraire voudrait dire qu'en mille ans la Soul Society n'aurait pas évoluée. Si personne n'était capable de dépasser la force de Yachiru, l'organisation créée par Genryûsai était un échec. Telle était la pensée de l'épéiste. Après tout, il la mettait en comparaison avec une école de sabre. Ces dernières se renforçaient avec le temps. Et tout corps combattant devrait faire de même.
L'instant de vérité arrivait.

Le Capitaine fut le premier à porter un coup. Un simple, puisant tout dans la force brute. L'oeil expert de Kôgami la vit, mais il n'eut aucune réaction. Il encaissa, sans chercher à parer, reculant simplement d'un pas pour éviter d'être proprement tranché en deux. Ce qui lui valut une vilaine entaille sur le torse, blessure malgré tout gérable. Et cela lui donnait un premier exemple des capacités de son opposant. Certes, il se doutait qu'il était capable de mieux, ce qui voulait dire une chose. A partir de maintenant, il lui serait certainement nécessaire de ne pas laisser passer le moindre coup.
Le suivant par exemple se devait à tout prix d'être bloqué. Il était évident que sa force était plus importante que le premier. Plaçant son épée de façon verticale, il la plaça sur le chemin de l'arme adverse. Le choc fut violent. Plus encore que ce qu'il avait espérer, le sentant dans ses bras. Sa parade n'avait pas été parfaite. L'explication en était simple. Il n'utilisait pas les capacités de son Zanpakutô. Grâce à celle-ci, il était capable de rendre nulle n'importe quelle menace. Sans elle... Et bien il devait subir le fait d'avoir une moins grande force physique que le colosse.

Ce qu'il espérait avoir, par contre, était une plus grande analyse du combat. La première chose à voir était de comparer les armes et le style des participants. De part ce qu'il appelait être un sabre et son gabarit, Shinjirô avait une portée supérieure à une épée normale, ainsi qu'une plus grande amplitude de frappe. Ce qui voulait donc dire, par logique, qu'il était forcément moins à l'aise pour l'utiliser lorsqu'on réduisait les distances. Il avait certes la possibilité d'utiliser ses poings, mais il n'en était pas question alors que les règles du duel était d'utiliser ses purs talents de sabreur.
Ainsi, sur cette simple analyse, le maître de l'Hitei-Dantei-Ryû se décida à passer sous « Kaimetsu » suite au dernier coup, réduisant l'écart entre eux. L'attaque qu'il se décida à faire était en apparence simple, mais à l'efficacité claire. Ramenant légèrement son bras droit en arrière, il le fixa ainsi un instant, concentrant ses forces dedans pour porter un rapide coup d'estoc. Sasutetsuken. Le but ? Transpercer sa cible. La force offensive de cette technique était amoindrie par la forme même de son arme, mais il ne doutait pas pour autant de son efficacité.

Alors que le coup était lancé, il tentait de réfléchir à la suite des événements. Il pouvait soit reculer, se remettre dans une position défensive, se préparant au contre. Soit rester ainsi et faire en sorte de garder une distance aussi faible que possible entre eux. Afin de continuer à exploiter ce qu'il considérait être une position de faiblesse pour le Kenpachi, il opta pour la deuxième option. Il ne restait plus qu'à voir ce que cela donnerait.

Il se démerdait plutôt pas mal, c'était le moins qu'il puisse dire. Shinjirô ne cherchait pas à dévaloriser son adversaire. Il ne mettait en doute ni ses compétences, ni sa grande habileté à manier son Zanpakutô. Le Zanjutsu prenait des formes très différentes en fonction du manieur de la lame et ici se dressaient deux hommes au style radicalement différent. Le Kôgami compensait son manque de puissance par une agilité et une vitesse remarquable, là où Shinjirô mettait en avant une force et une dextérité à toute épreuve. La parade de Kazunaga n'était pourtant pas exemptée de défaut. Mais elle restait efficace. Mais la suite... Bien trop prévisible pour un homme habitué à combattre depuis qu'il était tout gamin.

Passer sous Kaimetsu pour tenter de l'atteindre était une stratégie parfaite... Et cela aurait très certainement parfaitement fonctionné si Shinjirô n'était pas habitué à ce genre de stratégie. Mais voilà, la masse imposante de son arme poussait ses adversaires à copier les actions de Kazunaga. Et la faiblesse de l'homme, dans ce cas précis, était précisément sa trop grande maîtrise de son art au sabre. Car l'action la plus logique était aussi celle qu'attendait Shinjirô pour répliquer. Bien que porté sur la destruction, SHinjirô restait un observateur hors norme lorsqu’il affrontait un guerrier de valeur. Ce qui laissait sa prochaine technique prendre tout son sens.

Kaimetsu apparut précisément entre l'attaque et son corps. La danse mortelle du géant débutait. Le coup d'estoc fut écarté aussi facilement que s'il avait été porté par un enfant, Shinjirô mimant quasiment à la seconde prêt l'offensive ennemie. L'équilibre des forces rendait caduque l'offensive. Car son arme étant plus massif, sa défense l'emportait sans problème.

- T'es pas marrant comme gars...

Il eut tout juste le temps de lui glisser ces paroles que déjà il amorçait son mouvement. Si Awase lui permettait de se calquer sur les mouvements de son adversaire pour parer et prendre l'ascendant psychologique, elle lui permettait aussi et surtout d'enchaîner pratiquement en simultanée contre le fou qui osait le défier. Les coups de sabre se multiplièrent instantanément, cherchant à noyer le bretteur sous le nombre et sous la puissance des coups. Si Awase était d'une fluidité absolue, Sabaki était la force incarnée. La gaufrette qui lui servait de faire-valoir allait comprendre qu'il n'était pas face au premier débutant venu. Car sous ce déluge de puissance se cachait une précision absolue. Coudes, épaules, poignets... Si une de ces parties étaient sectionnées, alors l'adversaire ne saurait tenir son arme très longtemps. Se rendant alors aussi vulnérable qu'un nouveau-né.

Il avait prévu plusieurs réponses possibles de la part de son opposant. Et parmi toutes celles à laquelle il avait pensé, aucune ne permettait au colosse de se sortir facilement de l'attaque. La trop courte distance devait normalement être clairement en sa faveur. Mais le Kenpachi était taillé pour se battre. S'il pouvait encore y avoir des doutes à ce sujet, bien que cela soit difficile, ce n'était maintenant plus le cas. Sa réaction était celle de quelqu'un ayant un sens inné du combat. Il ne s'agissait même pas de l'expérience lui faisant prendre les bonnes décisions sans même y réfléchir. Il disposait simplement d'un don. Le membre de la Troisième Division avait été obligé de se hisser à un tel stade par un entraînement intensif et rigoureux. Et c'était là une grande différence entre les deux.
A partir de ce moment, une pensée s'imposa dans son esprit. Tout comme, à l'époque, il n'avait jamais pu atteindre le niveau de Yachiru, il ne pourrait jamais avoir la même aisance dans les affrontements que ce Shinjirô. De nouveau, cette fatalité le frappait et blessait le guerrier qu'il était. Mais il tiendrait en assurant son titre de maître épéiste, et en surpassant malgré tout la majorité des Shinigami. Comme il l'avait fait à l'époque.

Pour le moment, il se contentait de parer du mieux qu'il pouvait les terribles frappes du Capitaine de la Onzième. A chaque coup, sa capacité à les contenir semblait au bord de rompre. Chaque impact continuait à se répandre. Si l'arme de l'adversaire ne le blessait pas directement, la violence était telle que son corps s'affaiblissait de plus. Il n'était plus question de bloquer pour contrer, mais simplement de réussir à tenir jusqu'à la fin de l'assaut. Et il avait presque l'impression que celle-ci n'arriverait jamais.
Pourtant, d'un seul coup, l’accalmie. Sans perdre de temps, Kazunaga recula d'un bond en arrière. Le contact n'ayant pas été profitable, il décida de remettre un peu de distance entre eux. Premièrement afin de voir son opposant venir et réagir d'une meilleure façon, mais également afin de récupérer un peu. Son souffle était court et sa garde moins assurée qu'elle ne devrait l'être. De nouveau, son corps montrait sa faiblesse. Il était évident qu'il commençait à maudire celui-ci de le limiter autant.
Pourtant, il se redressa bien vite, esquissant un sourire.

>> Marrant ? Je vois que vous êtes en effet à la hauteur de votre titre. Peut être suis-je un peu trop sérieux pour vous. Mais je vais avouer une chose. Nous devons tous deux autant apprécier les combats !

Soit sa lame n'était que l'extension de lui-même, soit il n'était que l'extension de celle-ci. Dans les deux cas, les deux éléments ne faisaient qu'un. Son état physique actuel prouvait une pensée qu'il avait toujours eu. Une lame non utilisée finissait par s'émousser. Il était né pour se battre de part sa nature de Shinigami. Il s'était entraîné pour se battre en tant qu'épéiste. Et il aimait ça. Au point qu'il était parvenu au somme de cet art.
Sa lame fut placé à la gauche de son corps. Pour être plus précis, s'il avait un fourreau, son Zanpakutô serait très exactement à l'intérieur de celui-ci. Mais simplement pour quelques instants, afin de concentrer sa frappa suivante. Frappe qui prit la forme d'un coup tout simplement parfait, l'équivalent de Sasutetsuken, sa précédente technique, mais avec le but de trancher. Et il espérait que, cette fois, le résultat serait à la hauteur.

Cette fois, ce fut au tour de Shinjirô d'être surpris. Juste après que son adversaire soit parvenu à repousser son assaut, il se mettait déjà en position pour se lancer lui aussi dans une contre-attaque. Ne comprenant pas encore ce qui allait lui arriver dessus, le colosse restait sur ses gardes. Peut-être un poil trop confiant en lui. Faut dire que si son adversaire restait un bon défenseur, il en était tout autre si on le comparait à un attaquant. Ses coups manquaient de puissance et bien que la précision soit là, elle ne suffisait pas à surclasser la technique du colosse. Une technique que l'autre jugeait trop bourrin, il le savait, mais qui jouait jusque-là son rôle à merveilles.

Lame légèrement en avant, il attendait la frappe qui ne tarderait plus. On ne se plaçait pas dans cette position sans avoir quelque chose en tête : sa lame toujours hors du fourreau, il attendait son moment. Son erreur fut de mésestimer la vitesse de frappe de Kazunaga. Il s'agissait précisément de sa plus grande faiblesse, ça avait toujours été le cas, et son adversaire du jour semblait l'avoir également compris. La frappe fut limpide, rapide et précise. Seuls les réflexes impressionnants de l'Argenté lui permirent de limiter la blessure. car se soustraire à l'assaut était quasi impossible.

Les bras terribles du colosse se levèrent, portant son sabre juste face à lui. Le choc lui fit trembler les membres mais sa puissance suffisait à maintenir le cap. Kaimetsu parvint à dévier légèrement la frappe qui sectionnait toutefois au passage l'un des muscles de son bras, emportant avec lui un morceau de chair. La douleur cuisante se fit ressentir instantanément mais il comptait essentiellement sur sa très grande résistance pour prendre le pas sur cette attaque. Dans le mouvement, Shinjirô fit pivoter son corps, effectuant une attaque latérale qui visait le bras armé de l'adversaire. L'attaque était lente. Et précise. Mais alors que son corps reprenait une posture plus normale et que son arme revenait vers lui, il effectua un pas en avant et propulsa Kaimetsu avec rapidité du haut vers le bas dans un enchaînement dont il avait le secret. Et si le premier coup avait pour but de lui trancher le bras, le second n'avait qu'un seul et unique but : écraser son partenaire du jour sous la puissance monstrueuse du titan. Car ce n'était pas à l'aide du tranchant de son sabre qu'il allait frapper mais bel et bien avec le plat de sa lame, comme un véritable marteau.

Avant même de constater le résultat de son assaut, il eut une grimace. L'attaque qu’il venait de porter était certes terrible, mais le bras où il lui manquait désormais un bout de chair était terriblement douloureux. Le mouvement fit gicler une gerbe de sang au sol. Désagréable sensation même s'il y était habitué. Jamais Shinjirô ne combattait sans garder des séquelles de ses combats. Il s'agissait pour lui de prouver qu'il était vivant. Et aussi pour prouver qu'il était un véritable monstre. Qui lui arrivait à la cheville ?

Cette fois, l'attaque du Vice Capitaine ne fut pas entièrement contrée. Son adversaire avait beau être de valeur, il était bien difficile pour quelqu'un comme lui de se défendre de tout danger. Kazunaga, avec l'aide de son Zanpakutô, en était capable, mais car il n'était pas un être entièrement tourné vers l'attaque comme le colosse. Aux yeux de l'expert en Sabre qu'il était, ce style de combat n'était tout simplement pas imaginable, et il serait bien incapable de le sublimer. Encore une fois, au contraire de son opposant.
Même pour se défendre, celui-ci était offensif. Si l'ancien Capitaine était adepte du fait de profiter des ouvertures crées par la défense pour placer un assaut, la procédure lui semblait bien différente sur le coup. Il avait presque l'impression que la parade n'était qu'une partie même de l'attaque qui constituait donc le véritable mouvement. Il fallut que le brun réagisse presque par instinct pour ne pas finir tranché en deux par la lame.

Les deux armes s'entrechoquèrent dans un bruit strident. S'il avait évité toute blessure, la différence de gabarit entre les deux adversaires était tellement importante qu'il fut repoussé par le choc, déséquilibré. L'attaque suivante, il la vit venir sans pouvoir esquiver de part sa position. Il tenta bien de placer son épée en opposition, mais cette fois la force allant avec le gabarit joua encore en sa défaveur.
Le poids écrasa littéralement son bras. Peut être tenter d'y résister fut un réflexe bien idiot car son épaule se déboîta sur le coup, lui arrachant une grimace. Ce qui l'empêcha de réellement bloquer l'assaut, qui le frappa avec force. Atténuée, mais force malgré tout. Nouvelle grimace tandis qu'il tombait genou à terre, le bras pendant le long de son corps.

>> Je crois que c'est la fin de ce petit exercice.

Le souffle court, Kazunaga était en effet bien incapable de continuer plus longtemps. Héritage de sa blessure passée, son corps n'était plus au même niveau qu'auparavant. Un bras en moins ne pouvant arrangeant la situation, il était préférable pour lui de reconnaître la vérité et de ne pas insister. Surtout qu'il avait pu voir ce qu'il était venu constater en premier lieu.
Se redressant difficilement, il replaça son épaule démise d'un geste avant que la blessure ne refroidisse.

>> Votre force est évidente. Pas autant que la première Kenpachi, mais évidente malgré tout. Je ne peux pourtant pas vous considérer comme un sabreur pour autant.

Léger sourire sur son visage. Il n'était pas vraiment en position de se la raconter, mais il était impossible pour lui de penser autrement. Cela pouvait être considéré comme étroit d'esprit, mais l'art du sabre représentait une part de sa vie trop importante. Et la principale caractéristique était justement d'utiliser une sabre. Aussi efficace que soit l'arme du Capitaine de la Onzième, elle ne répondait pas à de telles caractéristiques.