« Six pieds sous Terre »

→ L’une des premières choses que fit Naezka en tant que nouvelle Sexta Espada fut de s’empêcher à tout prix de passer en Resureccion. Ses nerfs étaient à vifs, et tous ses muscles bandés : elle savait que si elle craquait maintenant, Implosion ne se laisserait certainement pas désirer avant d’entrer en combustion. Or, les Espadas n’étaient pas autorisées à laisser éclater leur pouvoir au sein même de la forteresse… C’était donc d’un pas précipité qu’elle avançait dans le couloir immaculé, contrainte de faire un détour après avoir rebroussé le pas face à Dark. Sur le coup elle n’y avait absolument pas pensé, et faisant volte face pour se détourner de lui elle se retrouvait désormais dans l’incapacité de gagner la sortie par le chemin le plus direct, au risque de recroiser le Primera. Et ca n’était vraiment, mais vraiment pas du tout le moment. Ni de croiser qui que ce soit d’ailleurs !
Aah, que n’aurait elle pas donné pourtant pour abandonner immédiatement cette forme ingrate qu’il lui avait fait endosser pour retrouver au moins une partie de sa forme serpente. Malheureusement, l’odieuse marque ne disparaitrai pas avec sa Resureccion comme le faisait le trou qu’était censé avoir laissé la perte de son cœur, non ! Elle serait toujours là, plus fière encore une fois la peau de la jeune femme dénudée… Elle rabattit avec plus de hargne encore que la fois précédente le pan de son col que le Primera avait manqué de lui arracher de force, incapable cependant de le refermer totalement. Le bouton contrairement au tissu, avait cédé sous le choc. Afin d’apaiser un tant soit peu leur maitresse, les deux serpents à son cou vinrent ensemble se placer par-dessus le tatouage, sachant cependant pertinemment que c’était peine perdue. Naezka ne retrouverait certainement pas son calme avant de s’être passé les nerfs sur quelque chose, ou quelqu’un. C’était un miracle qu’elle parvienne encore à son contenir, et son sang froid ne tenant qu’à un fil, il suffirait…

D’un Arrancar passant l’angle du couloir ?

Naezka était emplie d’une rage telle qu’elle n’avait sentit que très tardivement –cette fois ci encore- la présence du Hollow, et que son poing avait fusé à l’instant même ou l’être entrait dans son angle de perception. Elle ne perdit le contrôle de son esprit qu’une fraction de secondes cependant, et interrompit net son geste.

Bien que fulgurante, la frappe n’en était qu’à son entame et quel que fut sa cible, elle serait grâce à son regain de sang froid hors d’État de nuire. A plus forte raison lorsqu’il s’agissait du chef de l’Exequias. Naezka demeura un instant figée, les pupilles dilatées et les yeux rougis. A bien y réfléchir, en cet instant, était ce mieux ou pire de tomber sur Borick plutôt que Dark … ? Il était juste assez différent de ce dernier pour qu’elle ne l’ai pas confondu sur le coup –elle n’aurait peut être pas suspendu son geste si ca avait été le cas- mais bien trop similaire pour que la simple vue de son visage ne mette encore plus à mal qu’ils ne l’étaient déjà. A son cou, Natrix et Naer avaient ouverts leur gueule et se tendaient vers l’Archange, feulant de concert tout en révélant, l’espace d’une seconde au moins, le tatouage sur la poitrine de la jeune femme. Elle expira longuement, et se rappela elle-même à l’ordre alors qu’elle sommait sèchement et à vois basses à ses étranges familiers de se taire. Les deux adorables têtes rétractèrent immédiatement leurs crochets et refermèrent leur large mâchoire pour se replier dans son cou.

→ Je te prie de m’excuser, Borick. |

Les excuses qu’elle lui présentait n’avaient rien d’exceptionnel ou de sentimental. Elles n’avaient rien à voir avec des excuses sincères qu’elle aurait prononcé en admettant une faute, ou quoi que ce soit de la sorte. Elles n’étaient qu’une expression de politesse, un passage obligatoire. Elle savait simplement se tenir, elle. La jeune femme avait redressé la tête et endossé tant bien que mal son masque de neutralité, regardant l’Arrancar en face malgré son visage. Un spasme avait parcouru son corps tout a l’heure alors que son regard s’était posé sur le sien… Elle faisait mine désormais d’ignorer la cause de son tressaut, mais n’en demeurait pas moins éternellement troublée.

Depuis quatre ans qu’elle était confrontée à Borick, elle avait apprit à le connaitre un peu et à s’habituer à ce qui le définissait ; mais elle avait toujours quelques difficultés qu’elle ne s’expliquait pas avec ses yeux. Quand au recours à la politesse, elle savait qu’il était primordial : Borick estimais ses choses là, et elle venait de manquer de porter la main sur lui. C’était un geste qui pouvait être lourd de conséquence qu’importe l’Espada vers lequel il était tourné, et même si celui-ci ne portait plus de chiffre et se disait pacifique, elle savait qu’il n’était pas à sous estimer. Sous ses airs d’ange bonimenteur, il avait de l’influence… Et la confiance de son "maître".
Ses prunelles jetèrent des éclairs alors que cette pensée lui traversait l’esprit. Naezka brûlait de passer son chemin, de peur de perdre son calme si elle s’attardait trop. Mais elle ne fit aucun geste en ce sens, sachant qu’avant de s’éclipser, il valait mieux qu’elle soit assurée que le blondinet acceptait ces excuses. Et puis à bien y réfléchir, elle n’avait pas envie qu’il aille crier sur les toits de Las Noches le récit de cet excès de colère. Décidément, cette journée avait tout pour plaire…

« Six pieds sous Terre »

→ Totalement incapable de sourire, Naezka faisait de son mieux pour se contenir d’exploser. Soucieuse de garder son calme et ne voulant pas éprouver ses nerfs plus qu’elle ne l’était déjà, la jeune femme détournait désormais soigneusement son regard du visage familier. Mais ca n’était pas tout à fait suffisant. Elle aurait bien du mal à être avenante en l’état, surtout avec Borick.

→ Ca ne te regarde pas. |

Froide et tranchante, la réponse avait fusé immédiatement. Une fois de plus, Naezka s’efforça de retenir son emportement, et repris contenance. Son regard était glacial, et ses muscles tendus : elle pouvait difficilement nier son manque de calme, mais n’avait aucune envie d’en parler. Après tout, cela ne regardait qu’elle. Elle savait pourtant que Borick ne pensais pas à mal, et tout au plus faisait preuve d’un peu trop de curiosité. Méritait-il tant de froideur ? Sans doute pas, mais rien ne l’obligeait à étaler ses sentiments pour autant, ca n’était pas chose commune à Las Noches. Naezka n’était d’ailleurs même pas sure qu’un Hollow fut censé en avoir… raison de plus.

Un rire jaune lui échappa lorsque soudain, elle se souvint qu’avant elle, c’était Borick lui-même qui avait tenu la place dans l’Espada qu’on venait de lui offrir. Et désormais, il était chef de l’Exequias : elle aurait encore préféré cela. Tenir l’Exequias, c’était comme avoir au creux de la paume sa propre armée. Sans doute n’était il pas bien plus libre qu’eux, si ce n’est même moins, mais la serpente lui enviait malgré tout un peu cette place si particulière. Contrairement aux Espadas, il était dans l’ombre. Certes peut être plus proche encore de Grimmjow, mais avantageusement placé dans son dos. Ses prunelles finirent par s’élever vers celles si semblables de l’Archange, après avoir brièvement effleuré le tatouage désormais visible sur sa poitrine.
Borick n’avait pas l’air surpris, et ne s’était soucié que de la source de son humeur… Du peu qu’elle connaissait de lui, elle se serait pourtant attendue à au moins une remarque de sa part, ou même à recevoir des « félicitations ». Mais a en croire son absence de réaction à ce sujet –ou ne l’avait il pas remarqué ?- il était peut être déjà au courant… Ou clairvoyant ? N’évoquant alors pas le sujet par délicatesse. Kss, c’était trop d’amabilité.

→ Mais j'aurai pu me passer de la cage dorée que t'as laissée libre. Prémédité ? |

Ironique. Avec ses petites machinations constantes, elle n’en serait même pas si étonnée. Son sourire habituel, fin et menacant avait fini par surgir en même temps que son ton railleur. S’il était bien une chose qui lui rendait Borick plus antipathique que son « frère » c’était son apparence angélique : elle empestait l’hypocrisie. Difficile de faire confiance à une enveloppe contredisant autant sa véritable nature… Mais à dire vrai, elle ne le croyait pas sérieusement responssable : Dark avait été prit aussi au dépourvu qu’elle, et « perdre un allié » ne faisait sans doute pas partie de leurs attentions, à lui et Borick. A moins qu’elle n’ai jamais été considérée comme une alliée ? Elle n’en serait même pas étonnée. Après tout, si tel avait été le cas, elle n’aurait sans doute pas été rejetée ainsi. Si le Primera n’avait pas eu l’air aussi furieux, elle aurait même pu croire qu’il était capable d’avoir précipité cette situation pour se débarrasser d’elle ! Mais il n’en était rien ; du moins l’espérait-elle secrètement.
Elle tremblait encore de rage, mais son la question qu’elle venait de soulever lui prêtait la patience nécessaire pour se tenir encore quelques instants face à Borick en guettant sa réaction, comme un animal à l’affut. Tant pour savoir si cette affaire n’était réellement que du fait de Grimmjow, que si lui, contrairement à son sombre homologue, la considérait toujours comme un pion s’élevant de leur coté de plateau.

« Six pieds sous Terre »

→ D’une, elle en avait marre de l’entendre dire qu’elle « perdait son sang froid » : une fois l’avait déjà agacé, elle aurait pu se passer de la seconde. De quoi se mêlait-il ? Elle faisait déjà son possible pour justement le maintenir, et prenait de ce fait assez mal sa remarque. De deux, l’évocation du « chagrin terrible » du blondinet ne risquait pas d’améliorer la situation. Avec son ton condescendant, pensait-il réellement arranger quoi que ce soit ? S’il pouvait en effet préférer ne pas avoir à lui tenir tête, inutile d’employer ainsi de « grands mots ». D’autant plus lorsque finalement, la manière même dont il s’exprimait laissait aisément deviner qu’il se souciait principalement de sa réputation et de son propre confort. Il était donc bien mal placé –et de trois- pour faire quelque remarque que ce soit concernant sa « langue ». Fourchue sans doute ? Un jeu de mot de plus, et presque un jeu de mot de trop. Entre ca et le sang froid, il avait l’air de s’en donner à cœur joie. Mais d’eux deux, très sincèrement, Nae ne se considérait sans doute pas comme la plus langue de vipère. Et elle n’allait certainement pas donner raison à ses propos : il avait beau laisser entendre le contraire, elle savait très bien garder ses pensées pour elle et maitriser –au moins en partie- ses humeurs. Contrairement à certains.
Il pouvait lui reprocher par contre de ne pas toujours maitriser les deux reptiles à son cou, qui s’étaient remis à feuler langues et crochets dehors à son encontre malgré les ordres de leur maitresse. Maintenant son sourire acerbe, elle s’apaisait à sa façon.

→ Ne t’en fais pas pour moi mon ange, je sssssais me tenir. |

Il était évident que Borick s’en faisait à peu près autant pour elle qu’elle « savait se tenir » à en croire son comportement quelques instants au par avant. L’ironie était volontaire, tout comme le sifflement remarquablement appuyée que produisit sa langue. Après tout, elle la maitrisait si peu… Mais ces quelques « traits d’humour » prouvaient également qu’elle reprenait le contrôle.
Nae avait toujours eut l’impression que dans l’ombre, Borick tenait d’invisibles rênes pour parvenir à ses fins. Vaguement, par le biais de Dark, elle était au courant de certaines choses dont elle ne devinait que les esquisses… Mais lui attribuait elle réellement plus de pouvoir qu’il n’en possédait réellement ? Elle demeurait sceptique, et préférait se faire sa propre idée plutôt que de se fier aux paroles de l’Exequias. Contrairement à celui qu’elle avait suivit au cours de ces deux dernières années, elle peinait à lui faire confiance. Et à en croire ses propos, elle faisait bien… Dire qu’elle avait songé jadis à lui offrir son respect. Était ce sa haine qui la rendait plus méfiante, ou cherchait il réellement à la confondre ? Elle n’était pas bête.

Si Naezka était aussi furieuse, c’était bien parce qu’elle se savait prisonnière. Certes oui, elle pouvait écarter les barreaux et quitter la cage comme l’avait fait Daestra, mais à quel prix ? La nouvelle Sexta n’ignorait rien de la sentence réservé à ceux qui osaient déserter Las Noches… Et Borick non plus, il n’y avait aucun doute à avoir là-dessus.

→ Ignores-tu que je suis déjà plus proche de l’oiseau que n’importe quel autre serpent ? |

Les plumes parcourant son corps reptilien si tôt qu’elle quittait sa paire de jambe en attestait. Elle avait déjà des ailes, elle pouvait en faire usage quand bon lui semblait. Pourquoi, alors, ne le faisait elle pas ? D’un pas mesuré, elle se rapprochât de Borick qui pour une étrange raison c’était détourné d’elle. Délicatement, elle posait la main sur son épaule pour qu’il lui fasse a nouveau face. Qu’importe ses yeux ou son visage… Il n’aurait pas d’emprise sur elle.

→ J’aurai pu partir à tout moment comme j’aurai pu ne jamais venir. Je le peux toujours. Ma place n’est pas dans l’Espada, c’est vrai… Mais il me reste encore des choses à faire. |

Un mensonge ? Pas tout a fait. Pourtant elle serait bien incapable de donner une réponse claire à quiconque lui demanderait « quoi donc ? ». Elle était venue ici de son propre chef, et y avait trouvé… une certaine paix. Et pourtant, ce sentiment c’était dissipé au moment même ou on lui avait annoncé sa promotion. Que pouvait-elle encore trouver en ses lieux ? Elle n’avait plus envie d’entendre parler de Dark pour l’heure, et l’Espada comme toute cette immonde hiérarchie et son Roi pompeux lui faisaient horreur. Alors … ? Peut être n’y avait il qu’ici qu’elle pouvait encore espérer retrouver cette douce satisfaction, et la préserver. Ne serait ce que pour l’heure. Peut être avait elle le sentiment qu’elle avait encore un rôle à jouer, en ces lieux, à cette place… Même si elle maudissait le 6 sur sa poitrine. Inconsciemment, elle se rendait compte en dévisageant le chef de l’Exequias que malgré tout, sa place demeurait « ici » pour l’instant. C’était un irrépressible instinct qui le lui dictait, grondant au plus profond de son être. Un murmure venu du passé, s’élevant de son âme pour susurrer à son oreille. Son sourire s’adoucit.

→ Je pensais aller faire un tour dans le Yermo, mais on y est bien seul… Dis-moi Borick, qu’est ce que cette place avait d’inconfortable, pour toi ? |

Une invitation, ou un répulsif. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas entretenue avec l’ex Fraccion du Primera –enfin, « l’ ex-ex »- a quoi bon se tourmenter pour des affaires d’apparences ? Il était bien trop… « blanc », après tout. Et discuter un peu avec lui pourrait comporter des avantages, en plus de la distraire de son courroux et de l’amener à réfléchir autrement sa nouvelle condition. Mais s’il ne souhaitait pas partager avec elle un peu de ses secrets, il aurait tôt fait de fuir cette proposition à peine dissimulée, et elle aurait la paix qu’elle désirait sans qu’ils n’aient jamais besoin de revenir sur cette entrevue – et le fâcheux accident qui l’avait provoquée. Simple échange équivalent.
Finalement… Ils n’avaient seulement partagé la place de Sexta Espada. Il avait été Fraccion du Primera avant elle, peut être serait elle la prochaine chef de l’Exequias ? Et lui le prochain exilé, qui sait. Bien sur, cet étrange lien n’était qu’une simple coïncidence.