- Brave bête…

J’étais en train de caresser la tête d’une créature avec amusement. Celle-ci avait l’apparence de ce que les humains appelaient « dalmatien ». Un simple hollow de base donc, et qui était à peine plus grand que moi. Je me demandai bien ce qu’il fichait ici, si près de Las Noches, alors que les adjuchas eux même redoutaient un peu les alentours du gigantesque château blanc dans lequel résidait le roi et son auguste armée. C’était vraiment à se demander s’il avait toute sa tête. Question un peu évidente quand on le voyait lécher et mordiller tranquillement les doigts de ma main gauche. Il était adorable. Un peu comme tous les hollows que je rencontrais ces derniers temps. Peut-être avais-je cultivé une aura qui en incitait plus d’un à m’approcher sans mal et sans oser le moindre geste qui pourrait très certainement leur coûter la vie. Ou peut-être qu’il n’avait plus faim, ce qui me paraissait également improbable. Je n’étais pas particulièrement sanguin, non, mais lorsque que la lassitude s’emparait de moi ou que je voulais faire trop peu d’efforts, je tuais tout bonnement mes assaillants. Je savais pertinemment que ceux que je corrigeais ne changerait pas forcement de comportements. Après tout, la violence et le cannibalisme faisaient partie de nos instincts les plus primaires et l’on pouvait difficilement raisonner un hollow qui n’avait aucune faculté de jugement.

- Allez, va plus loin. Et prends soin de toi.

Je pense bien que le dalmatien m’eut compris, car sitôt qu’il eut l’ouïe de ma phrase, qu’il se remit à courir et sautiller dans le Yermo. Une telle créature ne ferait certainement pas long feu. Ce chien était bien trop pacifique pour espérer une vie longue ici. Vie dont nous n’étions même pas assurés, nous autres arrancars. Après tout, le roi pouvait tuer n’importe lequel d’entre nous par simple envie. Une idée qui me fit frissonner, avant que je me remette à marcher tranquillement en direction du château. Pour ma part, il fallait avouer que j'étais particulièrement vulnérable. Je n’avais pas de supérieur direct et n’importe qui pouvait m’attaquer en sortant n’importe quel prétexte foireux. J’avais voulu casser ma solitude en brisant mon masque et en venant ici, mais je me retrouvais toujours dans cette même solitude. Un fait qui me pesait vraiment, au point que j’en vins à me demander si j’avais fait le bon choix d’intégrer l’armée du roi de ce monde. Ma corpulence devait desservir aussi. Qui voudrait d’une telle crevette pas plus haute que trois pommes comme membre d’une fraccion ? Bonne question que voilà. C’est vous dire aussi à quel point comment plusieurs arrancars se fourvoyaient en se basant simplement sur le physique. Ouaip. Cependant, comme le disaient les humains eux même, l’apparence est parfois trompeuse et pas qu’un peu, d’ailleurs…

C’est sur cette pensée que j’atteignis enfin Las Noches. Las de ma longue marche dans le yermo, j’avais dans l’idée d’aller prendre un repos bien mérité dans mes quartiers. Peine perdue vu qu’en traversant tranquillement les couloirs, je fus accosté par un type apparemment content d’avoir rencontré quelqu’un et sans doute intéressé par la perspective de faire causette. En premier lieu, je m’immobilisai et je soupirai lourdement, ouvertement. Il n’y avait qu’à moi que ça arrivait, ce genre de chose. En deuxième lieu, je levai mon seul œil visible –L’autre était caché par une mèche- vers l’énergumène qui m’avait interrompu, avant de l'observer lentement. Encore un qui avait dû se fourvoyer sur ma taille, vu son regard et son sourire. Oui. Il avait peut-être l’air obséquieux et avenant, mais à moi, on ne m’la faisait pas. J’étais bien trop rodé dans ce monde pour ne pas savoir au premier coup d’œil que certaines personnes étaient mauvaises. De toute façon, le mal est notre essence et personne ne pouvait dire le contraire. Pour finir, je m’inclinai poliment vers lui, avant de déclarer : « Sithu. Tel est mon nom. Et vous avez vu juste, je suis un nùmeros. » Ma phrase était formelle et mon visage parfaitement serein. Si je ne voulais pas d’embrouilles, autant ne pas miser dans l’insolence. Plus je serai poli et plat, plus vite le dénommé Shin me laisserait tranquille...

- Que me voulez-vous ?