L'Académie Shinō... si l'on exclu les fois ou le Kireru avait du tirer son Capitaine hors de ses "cours" d'art et autres fantaisies, il n'y était pas revenu depuis plus de deux cents ans. D'habitude il courait, cherchant le Shiba comme un chien de chasse sans prendre le temps d'admirer l'architecture comme à l'époque de sa désastreuse formation, mais aujourd'hui c'était différent. Il avait entendu qu'un autre des Treize Capitaines donnait des cours ici même, et pas n'importe lesquels puisqu'il enseignait le Jinzen. Malheureusement pour le jeune Vice-Capitaine, il ignorait purement et simplement qui pouvait bien dispenser ce genre de pratique au sein de la capitainerie. Peut être celui de la cinquième, Kawakami-Taishô, semblait être le plus apte à donner des cours... Mais il ne le connaissait que trop peu pour pouvoir être sur.

Il vagabondait, cherchant tranquillement sa destination tout en regardant d'un air amusé les futurs Shinigami discutant ça et là. L'académie n'était plus la même, suite à la destruction du Seireitei cette dernière n'était qu'un tas de roche spirituelle et de bois, anéantissant une institution vieille de deux mille ans. Le nouveau Sotaishō s'était efforcer de garder l'esprit de son prédécesseur en rebâtissant le lieu, mais au final l'architecture interne avait été modifiée. Tout ça pour dire qu'au final, Reisen ne retrouvait plus ce qu'il cherchait, alors il marchait tranquillement. S'il était un tant soit peu doué dans la perception du Reiatsu il aurait pu rechercher le plus dense présent dans le lieu, mais évidement cela n'aurait fait que rendre les choses plus facile et pourquoi faire simple hein ? Alors, plutôt que de s'énerver il profitait, marchant tranquillement la main sur la garde de Kaabukasen et regardant aux alentours ce qui se tramait. Rien de bien passionnant en soit, une fois que l'on était sorti du système tout paraissait terriblement ennuyeux...

C'est en déambulant au hasard qu'il croisa une porte sur laquelle était inscrit le mot "JINZEN", avec à côté de cette dernière un petit panneau horaire. Le prochain cours était dans une demi-heure. Parfait. Il pénétra alors dans la salle et fut littéralement choqué par ce qui s'offrait à lui. Cette salle n'en était pas une, mais un accès sur l'extérieur : une magnifique cascade dans le fond, un petit étant qui se mouvait au rythme des remous. Quelques petits rochers venaient border l'eau, accompagnés d'un magnifique tapis de verdure ; un lieu tranquille et paradisiaque. Reisen détacha son Zanpakutō, quitta sa veste du Rukongai et se posa contre une des pierre. Durant l'attente de son "professeur, il s'amusa à plier son habit avant de le poser à sur une des roche, puis rajouta son katana sorti de son fourreau, positionnant les deux de manière parallèle.

Ponctuel. Une demi-heure plus tard, le Capitaine était là et si la porte n'avait pas été ouverte il ne l'aurait même pas remarqué. Et c'est avec une petite expression surprise qu'il découvrit l'enseignant...

- Eh bien, il semblerait que serais votre seul élève aujourd'hui, Yakushiji-Taishô.

Voilà que se présentait à lui le seul Capitaine qu'il n'aurait jamais pensé voir dans cette institution... Le redouté Yakushiji Tenzen.
La suite promettait d'être intéressante...

Comme à son habitude, Tenzen partait en avance pour son cours. Il aimait à prendre le temps de se poser calmement, de profiter du silence et de l'endroit. Surtout depuis la reconstruction... Avant qu'il ne déserte, ce n'était qu'une petite cour toute simple et sans prétention. Mais cela, c'était il y a un quart de millénaire... Il ignorait si l'endroit avait changé entre temps, mais depuis que l'Académie avait été rebâtie, c'était devenu un coin particulièrement plaisant. Alors, autant en profiter n'est-il pas ? Là, ses subordonnés ne venaient pas le déranger. Là, il n'entendait pas le choc des lames des lames à l'entraînement. Il n'avait réellement qu'à s'installer, méditer ou jouer du qin, en attendant que les premiers élèves ne viennent le troubler.

Mais cette fois-ci, cela ne devait pas se dérouler comme de coutume manifestement. L'endroit n'était pas désert comme le plus souvent. Oh, parfois un élève zélé se présentait à l'avance, mais jamais d'autant de temps. Et il ne s'agissait jamais non plus d'un Shinigami porteur d'un brassard. Treizième division. Kireru Reisen. Si Tenzen connaissait Kurobara et parvenait même à ne pas trouver sa présence désagréable, il ne savait que peu de chose de son second.

Vice-Capitaine Kireru. Vous me voyez doublement étonné. Tout d'abord par votre présence, et secondement par votre ignorance des horaires. Si vous êtes le seul ici, c'est sans doute car mon cours ne commence que d'ici une bonne heure environ...

Réponse donnée sur un ton monotone dépourvu de suffisance, alors que son pas lent le menait jusqu'à l'autre bout de la cour. Là, il se mit calmement en position du tailleur, installant son instrument et son Zanpakutô à sa gauche, à portée de main.

Je reçois principalement des académiciens à mes cours, ainsi que quelques membres de divisions. Certains sièges élevés parfois même. Mais jamais de rang aussi haut que le vôtre. Du moins pas ces dernières années...

Ses yeux mi-clos plantés sur son interlocuteur, il l'invita d'un signe de la main à venir s'installer face à lui. Il aurait pu lui dire de revenir plus tard, certes. Mais il était homme à éprouver une certaine forme de curiosité. Le Yakushiji n'avait en vérité rien à perdre à lui accorder quelques minutes afin d'éclaircir les raisons de sa présence. S'il avait explicitement fait mention au fait qu'il se positionnait en élève, cela ne faisait finalement pas grand secret. Et pour quelqu'un de ce niveau... Oh, il ne pouvait pas avoir de trop multiples possibilités !

Alors ? Si vous me disiez quelles sont les raisons qui vous ont poussé à venir prendre cours en l'Académie, et plus particulièrement auprès de moi !

Et sous son apparence meurtrière se cachait bel et bien et tueur. La pique lancée n'était pas bien méchante au fond, une petite remarque de rien du tout sur un horaire... Et pourtant cela suffisait amplement au Kireru pour qu'il décolle. L'envie de sauté d'un Shunpō vers la porte pour vérifier les heures et de revenir planter la fiche au nez du Capitaine était forte, très forte même, mais il devait se contrôler. Déjà car en face de lui se trouvait un capitaine et ensuite car ce n'était pas le but de sa venue, bien au contraire puisque le principe de base était le calme pur. Il essaya de ne pas ouvrir grand ses yeux et de ne pas marquer sa bouche d'un rictus nerveux, non sans peine.

- Pour être franc je ne savais absolument pas qui siégerait à ce cours et vous voir ici me surprend un peu, vous en conviendrez...

Inspirant un grand coup il prit son Zanpukutō défouraillé en main, acceptant l'invitation du Capitaine à le rejoindre. Il se mit alors en tailleur face à lui et posa ensuite Kaabukasen sur ses genoux. A vrai dire cette position il la connaissait, Reisen appréciait le Jinzen et y trouvait même du plaisir. Pourquoi dans ce cas venir à l'académie pour un cours sur une pratique qu'il maîtrise déjà ? La raison est simple : un blocage. Durant son séjour catastrophique à l'académie il n'avait pu intégrer aucun cours de Jinzen et pour une raison simple : il ne connaissait pas Kaabukasen à l'époque. Ce n'est qu'une fois diplômé et sous les conseils de Kurobara qu'il avait pu accéder au Shikai et ce sans Jinzen. C'est suite à cela et avec l'aide de Kensei qu'il s'était adonné à cette forme de méditation... Mais aujourd'hui, ni l'un ni l'autre n'étaient en mesure de l'aider.

- Le Capitaine Kurobara m'a aidé à accéder au Bankai il y a quelques mois mais, avec toute la reconnaissance que je lui porte, ses "méthodes" pour améliorer ce dernier ne sont pas vraiment ce dont j'ai besoin...

Si il avait su captiver l'attention et donnner les bons conseil pour dompter Dotō Takitsukasenbo, le Capitaine Shiba n'était pas encore au point pour amener au perfectionnement d'un Bankai n'étant pas le sien... Du moins dans le cas de son Vice-Capiaine. Non pas que les coups de pinceaux n'étaient pas instructifs, mais Reisen sentait au fond de son âme qu'il lui fallait autre chose.

- Je n'ai jamais pris de cours de Jinzen, la dernière personne à me l'avoir enseigné était votre prédécesseur, Muguruma-Taishō, et c'était il y a à peu près deux cent ans... Vous devriez donc comprendre pourquoi je suis ici.

Il s'était calmé et ce sans qu'aucune de ses habituelle saute d'humeur ne se fasse remarquer. Pour le moment...

Tenzen le laissa parler et s'installer. Même s'il eut des raisons de l'interrompre, cela n'aurait pu que retarder le moment où il se livrerait sur les raisons l'amenant ici, seule chose qui l'intéressa réellement pour l'instant. La requête de Reisen était plutôt rare. En effet, l'on venait généralement le voir afin de découvrir ce Shikaï, d'approfondir ce dernier, ou bien d'aborder le Bankaï. Mais ceux qui atteignaient ce stade ne cherchaient pas généralement à quémander l'aide de quiconque. Parvenir à ce stade de puissance faisait de vous un Shinigami de haut rang, capable d'envisager le rôle de Capitaine du Gotei 13. Et là, un autre élément rentrait en ligne de compte : ceux qui parviennent à ce stade ont bien souvent trop d'honneur que pour estimer avoir encore besoin d'aide. C'était une bonne chose donc. Le Kireru n'était donc pas de ceux trop arrogant que pour reconnaître que toute aide peut être précieuse. Rien que pour cela, sa décision était déjà prise : il lui prodiguerait les conseils dont il avait besoin ! Avant cela, il aimerait mettre un ou deux choses au clair.

Avant toute chose, pourrais-je savoir ce qui provoque tant votre étonnement quant à ma fonction au sein de l'Académie ? Vous semblez nourrir un grand respect pour les deux Capitaines que vous citez. Le premier, même s'il a su gagner mon respect, n'occupe sa fonction que depuis trois années seulement. Le second a été un de mes élèves, et n'était que l'un de mes subordonnés, fut un temps. Vous le présentez comme mon prédécesseur, mais ce poste je l'ai occupé pendant quelques sept siècles... En conséquence de quoi je ne vois pas où il y a matière à être surpris.

Et avec cet air dépourvu d'émotions, l'on pourrait aisément le croire... Alors qu'il était évident que Tenzen se faisait une bonne idée de ce qui pouvait gêner dans son affectation. Il avait été un Shinigami exilé, et ce pour d'excellentes raisons. Ce n'était pas réellement un secret, même si généralement l'on évitait d'en parler, d'autant plus face à lui. Qu'on le laisse se faire instructeur compte-tenu de son passif pouvait alors étonner, effectivement, mais ses compétences restaient inchangées. Un pari risqué de la part de Shunsui, il est vrai...

Il se trouve que du haut de ma longue expérience, je reste le mieux placé pour instruire la communication entre un Shinigami et son Zanpakutô. Parlez-moi donc de votre relation avec le vôtre. Dites-moi ce que vous en pouvez, que je puisse me faire un avis complet. Ainsi, je pourrai voir ce dont vous avez le plus besoin, et tâcherai de vous guider de mon mieux...

Reisen fouillait dans les recoins de son esprit, cherchant deux cent ans plus loin pour revenir à son entrée au Gotei 13. Les mots du Capitaine au Lotus avaient éveillé en lui le doute : Si ce qu'il disait était vrai, alors il aurait du se rappeler de lui. Et c'était au final bel et bien vrai, si à son arrivée il ne se souvenait pas du noms des 13, il se rappelait d'une image de Kensei disant qu'il devait rejoindre le Capitaine Yakushiji. Ainsi, celui qui avait enseigné le Jinzen il y a fort longtemps n'était autre que l'élève d'un professeur ayant presque un millénaire au compteur. Un gage d'une inéluctable qualité.

- Effectivement je me souviens maintenant qu'à mon arrivée dans les armées de la cour vous siégiez déjà à votre poste actuel... Pardonnez moi si je vous ai offensé, je ne voulais pas dire que vous n'aviez pas l'air d'un enseignant, mais plutôt que votre apparence et votre aura ne se prêtent pas vraiment à une discipline comme le Jinzen...

Il est vrai que son apparence froide et son aura meurtrière ne le plaçait pas dans les plus aptes à la communication... Mais son expérience semblait parler. Le Kireru ne connaissait rien de Tenzen, et visiblement son long vécu ne pouvait qu'apporter un plus au Gotei. Ainsi qu'à Reisen, évidement. Il était heureux d'en apprendre un peu plus sur lui, même si ce n'était pas le but premier. La connaissance à un côté enivrant...

- Hum... Notre relation est assez mouvementée. Kaabukasen semble être légèrement plus nerveux que moi, enfin disons qu'il se contrôle moins. Nos communications finissent souvent avec des cris et de la colère et pourtant je ressent de l’apaisement une fois sorti. C'est une chose qui me trouble légèrement quand je ressort de nos rencontres, nous nous comprenons par l'affrontement, et pas forcément physique... Mais depuis que j'ai atteint le Bankai rien n'a changé, nous n'en parlons jamais. Lorsque je m'entraine sous cette forme j'ai l'impression de ne pas avancer, comme si je nageais sur place..

Tenzen lui fit un signe de tête, les yeux clos, montrant par là qu'il acceptait les excuses et qu'il ne se sentait pas offensé. Ce qu'il rajouta le troublait cependant. Son apparence et son aura ne s'y prêtant pas. Avait-il tant changé ? Oui, il le savait. S'il avait toujours été réputé pour être quelqu'un de froid, son aura avait toujours été bienveillante auparavant. Ce qui avait totalement changé depuis qu'Ikarib était entré dans sa vie. Il se savait plus agressif, plus orgueilleux, plus méprisant qu'il ne l'avait jamais été. Des sentiments forts qui venaient polluer sa personnalité originelle. Le Yakushiji était toujours capable de garder son calme s'il le désirait réellement, mais il était sûr qu'il tolérait bien moins qu'auparavant des choses telles que l'irrespect ou l'arrogance. Il préservait également sa sagesse, lui indiquant qu'il ne pouvait pas en vouloir à Reisen pour l'impression qu'il lui faisait. Il avait raison, voilà tout... Il s'exprimait de plus avec sincérité et honnêtement, ce qu'il considérait également comme des qualités. Cette part de lui-même qu'il avait du mal à accepter mais qu'il ne pouvait pour autant pas renier, le Shirohasu devait faire avec !

Il n'était de toute façon pas le sujet principal de cette conversation, il n'y avait donc plus rien à ajouter à ce sujet. L'explication du Kireru fut plus intéressante. Alors comme ça, son Zanpakutô avait du caractère... Leur méthode de dialogue semblait être le conflit. Cela arrivait rarement, mais certaines relations fortes pouvaient avoir la dispute en souche. Il pensait connaître la bonne méthode pour ce cas...

Lorsque vous faites mention au fait que vous vous entraînez en Bankaï libéré... Je suppose que vous faites référence à sa simple utilisation dans ce monde physique, n'est-ce pas ? Votre communication avec Kaabukasen ne me semble en tout cas pas être la source du problème. À moins que vous ne l'acceptiez pas... *Court silence.* Si vous êtes parvenu jusqu'au Bankaï, c'est en tout cas que cette méthode fonctionne. C'est juste votre manière à vous deux de vous entendre. Acceptez-la jusqu'au bout ! Ne vous limitez pas aux mots lorsque vous entrez en votre monde intérieur. Utilisez le conflit en guise d'entente ! Je sais, ce concept peut paraître flou... Tâchez de prendre plaisir à le défier. Laissez le choc entre vos armes prendre la place du choc entre les mots. Cela vous aidera à progresser rapidement !
Mais surtout... Essayez d'aller à sa rencontre une fois le Bankaï libéré. Si vous ne l'avez jamais fait... Vous vous rendrez rapidement compte que cela change pas mal la donne ! Et alors... affrontez-le ! Si vous le souhaitez, nous pouvons procéder à un essai sur-le-champ. Si toutefois vous ne craignez pas de montrer cette libération devant moi... Mais en tout cas, ne vous inquiétez pas. J'ai bien conscience que le Bankaï n'est permis au Seireitei qu'en cas de guerre. Vous ne craignez rien à ce propos, je suis disposé à en prendre l'entière responsabilité !

Tout était dit... En visitant son monde intérieur une fois le Bankaï libéré, il verrait alors la véritable apparence de l'avatar de son Zanpakutô. Mais surtout, il pourrait l'affronter dans cet état, au sommet de sa puissance. Il n'y avait nulle méthode plus efficace afin de progresser... Qui de mieux que son propre Trancheur d'âme pouvait savoir la manière optimale de le manier ? Aucune autre solution ne pouvait figurer un meilleur apprentissage...

Au début, Reisen ne comprenait pas les paroles du capitaine, Bankai, monde physique... Puis progressivement tout s'éclaircissait, leurs discutions et leurs coups de gueules ne donnaient rien, de même que leurs petits combats dans le monde intérieur... Mais ce qu'il annonçait semblait révolutionnaire, et c'était une chose qui ne serait jamais venue à l'esprit du Fukutaishō : Aller dans l'inner-world en Bankai. Ses yeux étaient écarquillés, il ressentit en son son ventre une chaleur, et s'est un grand sourie qui accompagna cette sensation de joie. L'idée était fantastique. Reisen redevenait un gamin découvrant l'inconnu. L'apprentissage et le plaisir d'éclaircir les zones d'ombre, le savoir à l'état pur. Si de prime abord Tenzen ne semblait apte à cette discipline, il fallait avouer que son sens de l'analyse et sa connaissance sur les Zanpakutô était à la limite du génie. S'il ne s'attendait pas à lui dans le rôle de Sensei, il était à présent honoré de recevoir une bribe d'éducation de sa part. Il frappa son poing contre sa paume tout en sautant pour se remettre debout.

- En Bankai ! Bien sur ! C'est juste génial... Jamais je n'aurais pensé que cela changeait quoi que se soit... Et je ne le cache nullement, je ne vois aucune raison de le faire d'ailleurs. Sachez que le Sotaishō fut une des première personne à apercevoir ma libération, aussi imparfaite qu'elle fut.

Il n'insinuait pas que le Capitaine au Lotus valait moins que le Commandant Kyōraku, juste que si le chef des armées avait pu le voir, un Capitaine en avait largement le droit et même le devoir lui aussi. Il empoigna Kaabukasen avant de bondir sur l'étendue d'eau, cela serait nettement plus pratique étant donné le pouvoir que libérait le Bankai. Il tint alors le Katana face à lui droit comme un pic, et poussa son puissant Reiatsu au maximum, faiant tourner l'eau environnante autour de lui.

- BANKAI ! DOTŌ TAKITSUKASENBO !

Le Katana explosa alors en un puissant jet d'eau projeté vers les cieux. Le jet se sépara en deux, dévoilant le Naginata d'ivoire dans la main de Reisen et l'eau ainsi divisée se stabilisa en deux grandes cascades de dix mètres de haut pour trois de large. Tout l'étang était occupé et le petite cascade naturelle semblait cachée derrière les deux nouvelles. A la différence avec des autres fois, le Kireru s'efforça de garder les cascades telles quelles, évitant que le capitaine soit entouré d'une armée de lames aqueuse. Un exercice inédit qu'il réalisa sans aucun mal, il stoppa même le courant des cascades évitant ainsi un vacarme trop important. Reisen sauta alors à nouveau face à Tenzen avant de s'assoir en tailleur, posant Dotō Takitsukasenbo sur ses genoux dans la longeur.

- Je m'avoue chanceux que l'instrument de mon Bankai ne soit pas trop imposant pour le Jinzen !

Puis dans un petit rire discret il ferma les yeux, plongeant littéralement au plus profond de son âme. Tout était noir, il ne voyait rien, où était la lumière blanche qui venait éclairer l’environnement aqueux ? D'habitude marchant sous l'eau à la surface de l'air, c'était maintenant l'inverse, et dans une obscurité totale.

- Ce n'est pas trop tôt...

La voix qui avait prononcé ces mots était puissante et grave, si puissante que les oreilles de Reisen se mirent à saigner, ce qui se répercuta sur son enveloppe dans le monde physique. Un immense forme bleue d'au moins dix mètre vint éclairer le monde. Un Titan. Il ne ressemblait en rien à Kaabukasen, c'était là un monstre dépassant tout ce que le Shinigami avait pu voir dans sa vie. Seule la lueur du monstre éclairait le lieu, ce qui renforçait son aspect de dominant. Aucun doute possible.

- Depuis le temps que je t'appelle... Maintenant tout va changer, viens mon petit je vais t'apprendre comment se battent les vrais puissances de ce monde.

Cette fois il n'eut aucune douleur aux tympans, il s'y était habitué, mais c'est le poing du Zanpakutô qui vint percuter de plein fouet le Vice-Capitaine, le projetant plusieurs mètres plus loin.

Le vrai combat commençait.

Spoiler:

Manifestement Reisen n'avait crainte de faire montre de son Bankaï devant lui. D'après ce qu'il disait, il serait même prêt à le montrer devant n'importe quel Capitaine. Tenzen ne partageait pas vraiment ce genre de mentalité, mais après tout l'on ne pouvait pas lui en vouloir. Il n'y avait donc même pas à le corriger à ce propos. À lui de décider qui était en droit d'en savoir plus sur ses pouvoirs. Le Kyûbantai Taishô, en comparaison, se faisait heureux de considérer que tout être ayant pu apercevoir son Bankaï était mort à présent. Ce secret est le sien que nul autre ne partage. Il était homme à considérer que moins ses capacités seraient connues, mieux il se porterait. Penser cela s'agissant d'alliés était particulièrement paranoïaque, mais l'expérience lui avait montré que tout pouvait arriver, et que les alliés d'hier peuvent rapidement devenir les ennemis de demain.

Soit. Le Kireru, lui, parut trouver que c'était là une excellente idée, montrant même un enthousiasme que Tenzen jugea comme légèrement démesuré. Après tout, pourquoi pas ? S'il comprenait aussi rapidement à quel point cette méthode pourrait lui ouvrir de nouveaux horizons et qu'il s'y donnait à fond, cela ne serait que plus profitable pour lui. Il se rua alors vers le petit étang et procéda à la libération de son pouvoir ultime. Un Zanpakutô de type Eau, de toute évidence. Puis, sans attendre, il se plongea en méditation avant même que le Yakushiji ait pu lui rappeler que toute blessure infligée dans son monde intérieur serait répercutée sur son corps physique. Boh, il devait le savoir... Mais dans le cas particulier d'un premier affrontement face à son Bankaï, la prudence était de mise. D'ailleurs, le premier sang ne tarda pas à jaillir...

Le maître ferma alors les yeux, et se concentra pleinement sur le flux de Reiatsu du Vice-Capitaine de la Treizième Division. Il ne pourrait rien savoir de ce qui se déroulait dans son monde intérieur, mais au moins ainsi pourrait-il ressentir si la vie de son élève était mise en danger. Alors, il pourrait agir et le sortir de sa méditation à temps. En dehors de cela, il n'y avait qu'à attendre...

- Tu me connais encore mal Reisen...

Le Vice-Capitaine haletait, jamais il n'avait utilisé son Bankai aussi intensément. Il le savait, s'il se relâchait ne serait-ce qu'une seule seconde il le paierait le prix fort. Il tenait son Naginata aussi fort que possible, rendant chacun de ses mouvements toujours plus précis pour dévier chaque vague de lames envoyées pat Dotō Takitsukasenbo. L'aptitude principale de l'arme n'était pas tournée vers la défense et pour cause : les objets contondants lui passent au travers ! Et pourtant depuis le début de ce combat, Reisen n'avait pas pu attaquer une seule fois et mieux encore, il devait se défendre. L'eau du Bankai ne passait pas au travers de l'eau du Kireru. Elles s'entrechoquaient dans de magnifiques explosion aqueuse, laissant au final tomber une petite pluie sur le terrain agité par la puissance des deux combattants.

- Alors c'est ça hein ? Tu me montres que je peux me défendre avec toi Kasenbo ?

Reisen affichait un petit sourire satisfait. Yakushiji-Taishō n'avait pas menti, là ou il semblait stagner en Shikai, voilà que s'ouvrait à lui de nouveaux horizons, de nouvelles possibilités... Et la puissance que dégageait Kasenbo était largement supérieure à celle déployée par le Fukutaishō, cela laissait rêveur quant à l'avenir des capacités de combat qu'il pourrait utiliser.

- Tu veux jouer sur le non-respect ? Laisse moi te rappeler qui je suis !

Deux énormes poings constitués de milliers de lames aqueuses se formèrent à côté de Dotō Takitsukasenbo et une fois formés ces dernières se jetèrent droit vers Reisen. Il tourna rapidement le Naginata vers le haut faisant s'élever un épais mur d'eau devant, mais il se brisa sous la puissance et la vitesse des deux poings. Il se savait condamné, les deux bras étaient proches de lui et l'impact imminent. Noir.
Il étaitsortit de son inner-world ejecté par son Zanpakutō, il posa ses mains à terre le souffle court. Ses bras et son visage étaient couverts de coupures tout comme ses habits déchirés en de nombreux endroits. Le Naginata redevint un simple katana et les colonnes d'eau s'effondrèrent dans l'étang... ses sourcils se froncèrent et son regard devint alors vide.

- Je crois que... ça ne s'est pas très bien passé Capitaine Yakushiji...

Au fond de son âme il entendait un cri étouffé : "Dotō Takitsukasenbo !". Déçu de lui même...

Les yeux fermés, il suivit l'évolution du combat à sa manière. Non pas en tant que véritable spectateur, mais simplement en suivant les fluctuations de la pression spirituelle de Reisen. Tenzen pouvait ainsi se faire une idée assez précise de ce qu'il se déroulait. Non pas l'exactitude des coups échangés, mais les sentiments et l'état général du Vice-Capitaine de la Treizième Division y étaient décelable aisément. Du moins pour quelqu'un qui tout comme lui avait une grande habitude dans cet exercice, forgé par des siècles de professorat. Pour autant, avait-il réellement eu le talent d'exercer de ses talents dans le domaine en suivant le "long combat" du Kireru ? Non, pas réellement... Car de long combat, il n'y eut pas lieu. Le Reiatsu du Fukutaishô chuta soudainement, pour qu'il revienne à lui l'instant d'après. L'utilisation du Bankaï se trouva rompue, évènement assez significatif dans ce genre d'instant. Cela en plus des blessures affichées par Reisen furent autant d'indices de sa défaite expéditive. Les mots qu'il choisit à son retour s'ajoutèrent encore à ce verdict sans appel.

J'en constate aisément. Vous conviendrez que cela constitue un tout nouvel exercice n'est-ce pas ? Je pense qu'à présent il vous est clair que cette voie vous sera plus profitable que tout ce que vous avez déjà pu essayer...

Certes, il mettait une grande importance à sa propre méthode en comparaison aux autres. Mais il ne faisait aucun doute pour le Yakushiji que le Jinzen était LA clé fondamentale de l'évolution d'un Zanpakutô. Souvent mise de côté par bien des Shinigamis, cette forme de communication était pourtant le point majeur à son sens, la méthode la plus efficace. C'était comme pratiquer une nouvelle langue... Vous pourrez passer un temps considérable à apprendre en gobant un grand nombre de listes de vocabulaire, en apprenant les règles particulières du fondement de cette langue, en vous attardant sur la conjugaison et ses exceptions... Mais au final, la seule réelle bonne méthode est l'immersion ! Le reste n'est que complément, alors que la vitesse de progression est largement décuplée lorsque l'utilisation de cette dite langue se fait quotidienne et de manière naturelle ! Ce n'est donc pas sur un terrain d'entraînement mais bien dans le monde intérieur qu'il convient de pratiquer l'art du Trancheur d'âme...

Vous devriez prendre du repos à présent, Kireru-Fukutaishô. Toute tentative additionnelle ne pourrait qu'être dangereuse pour votre survie. Maintenant que vous connaissez la méthode, je ne puis que vous conseiller de pratiquer dès que vous le pouvez. En tâchant d'être plus tenace la prochaine fois !

Ce n'était pas une moquerie, nullement. Une manière de lui mettre en tête de manière détournée que la prudence serait de mise à l'avenir. Il avait vu à quel point l'avatar de son âme était puissant une fois son pouvoir totalement libéré. Le Yakushiji aurait pu lui poser des questions. En savoir plus sur la manière exacte dont cela s'était déroulé. Mais voilà qui ne le regardait en rien, des informations dont il ne pourrait rien faire. Cela appartenait à Reisen et à lui seul...