Sa dernière rencontre avec le Kenpachi ne s'était pas déroulée d'une manière très courtoise, l'on ne pouvait pas en douter. Depuis le retour de Tenzen à la Soul Society, ces deux hommes ne s'étaient jamais appréciés. Ils n'avaient rien en commun... Kiryû était de ceux dont le Yakushiji exécrait jusqu'à l'existence. Arrogant et incapable de respect autre que pour sa propre personne, ne voyant le combat que comme un défouloir auquel il se devait de prendre plaisir, dépourvu de la moindre once de délicatesse et de finesse d'esprit... Comment pourraient-ils s'entendre ? Mais jusqu'alors, cela n'avait jamais débouché sur la moindre rixe. Quelques mots durs parfois au cours des réunions des Taishôs. Cette fois-ci, ça avait été plus loin que prévu... Un affrontement avait amené à la démolition d'une partie des quartiers de la Dixième division. Son Capitaine avait dû intervenir et même sortir sa lame pour que finalement le combat cesse.

Une convocation avait suivi. Shunsui se devait bien de blâmer ses Capitaines pour avoir osés donner un si mauvais exemple, sans parler des travaux que cela allait entraîner. Mais... Comment le prendre au sérieux ? Tenzen l'avait connu alors qu'il était encore un gamin. Et même s'il ne donnait pas encore cours à l'Académie lorsque l'actuel Shotaishô y avait été formé, cela ne l'avait pas empêché d'être brièvement un enseignant pour lui. Brièvement... Déjà à l'époque, le Shirohasu attachait une grande importance au respect et aux esprits déterminés. Deux qualificatifs qui ne lui correspondaient pas vraiment. Pourtant, talentueux, il l'était déjà, il l'avait toujours été. Sa puissance aujourd'hui était colossale, il avait pu en prendre conscience durant la dernière guerre. Cependant... c'était toujours cette image d'enfant qui lui venait à l'esprit en voyant le Capitaine-Commandant. De plus, il savait à quel point le Gotei 13 avait besoin de chaque force utile à disposition. En conséquence, son poste ne saurait être inquiété, pas plus que celui du Kenpachi.

Autant dire que le "savon" n'en était pas vraiment un à ses yeux. Ce pourquoi il ne lui fallut pas bien longtemps avant qu'il se rende aux quartiers de la Onzième division. De nombreux regards dans sa direction... Personne ici ne semblait ignorer ce qui avait pu se dérouler. Et ils ne devaient pas apprécier que celui qui avait affronté leur Capitaine se permette de venir se présenter sur "leur territoire". Sans hésitation, il se rendit droit vers le bureau du Taishô. Il se doutait qu'il n'y serait peut-être pas, mais au moins pourrait-on lui dire où le trouver... Comme il s'y attendait, pas de trace du Kenpachi. Mais son Vice-Capitaine, lui, était présent. Dans une position plutôt détendue manifestement... L'on n'avait pas l'air de se presser à la tâche ici ! Il se dénommait Kyuusei Noboru d'après ses souvenirs. C'était mieux que rien...

Kyuusei-fukutaishô... Je pense qu'il est inutile que je me présente... Je cherche votre Capitaine. Une question de solde à épurer...

Y avait-il besoin de plus pour l'heure ?

- Et voilà, dernier rapport bouclé. Ahhh...

Refermant le porte document devant lui, Noboru s'autorisa un étirement, tendant les bars au dessus de lui pourdénouer ses épaules. Il faut dire que la position d'un scribe n'avait rien de confortable, et lui laissait de vilaines courbatures, là où des muscles dont il n'avait jamais eu connaissance s'activaient, le temps de sa rédaction. A vrai dire, savoir qu'il y avait certains muscles dans son corps qui n'avaient jamais travaillé, ça lui foutait les boules. A dire vrai, il n'était pas coutumier de la rédaction de rapport, préférant refourguer le bébé aux sièges inférieurs, sous le sceau du secret. Les gars avaient une bien meilleure prose, et surtout que ça à faire. Il s'était pas engagé à suivre le Colosse d'Argent pour finir à jouer la secrétaire. Lui laisser tout le fun? Jamais, plutôt crever!

Cependant, après l'altercation qu'il avait eu, quelques temps plus tôt, avec son Kenpachi, le Kyuusei ne se sentait pas tranquille. Cette foutue vipère était bien capable de passer au travers d'un des murs de la pièce, le doigt tendu, comme un vainqueur, à vérifier que son Lieutenant était bien à son devoir. Et le tout ponctué d'un "Ah ah!" impérial et franchement horripilant. Et ça, le Fukutaishô ne pouvait pas l'accepter. Se faire cogner, oui, mais se faire coincer, non. Il avait donc pris sur lui de souffrir un peu, et de se donner du mal à la tâche. Du vrai, mal.

C'est donc en pleine séance de délectation que les portes s'ouvrirent, laissant entrer le Capitaine de la Neuvième Division. Au temps pour lui, il venait de se faire avoir.

Et pourquoi ça n'arrive toujours qu'à moi...

- Et ben, je me dois de vous faire savoir que Shinjirô n'est pas là pour le moment. Il est sorti plus tôt, bizarrement au moment où je commençais à me mettre sur les rapports...

Le fourbe. Pour reprendre une contenance, l'officier se leva, allant même jusqu'à ouvrir une fenêtre, pour laisser passer un peu d'air. Ça sentait la matière grise, dans la pièce, et si ce qu'on racontait sur l'âge avancé du Yakushiji était vrai, ça allait pas tarder à sentir le renfermé, aussi.

- Bref, je me dois aussi de vous signaler que si vous comptez régler le "différent" qui vous oppose à l'autre brute, c'est pas dans ces quartiers que ça se passe. Je suis pas contre un échange de civilités, mais l'administration étant ce qu'elle est en ce moment, j'ai pas envie qu'on passe des mois dans des tentes. Déjà que vous m'avez énervé le nain avec vos chamailleries, si en plus on commence à la jouer "attaque de la forteresse", on a pas fini de dormir à la belle étoile.

Une belle entrée en matière. Si l'ancêtre était tel que sa réputation le laissait entendre, il devait être un tantinet tatillon sur les questions d'étiquette. Autant lui montrer d'emblée que les locaux de la Onzième, c'était pas la foire à la saucisse. Le gros Kiryû pouvait faire le singe à l'extérieur s'il le voulait, mais ici fallait que ça tourne. C'était pas avec des décombres qu'on allait pouvoir faire survivre une unité de bras cassés. D'ailleurs, si c'était le but caché de gros sourcils, il avait trouvé à qui parler.

Sans ciller, Tenzen écouta avec patience ce que le Vice-Capitaine du Kenpachi avait à lui dire. Mais de quoi se mêlait-il ? Avait-il vraiment l'impression que quelqu'un de l'expérience du Kyûbantai Taishô se devait de recevoir les conseils d'un simple coquelet ? Il fallait être d'une grande arrogance pour oser ainsi donner son avis à un supérieur qui n'en avait rien réclamé. Enfin... En considérant le comportement de Kiryû, il n'était pas étonnant que son lieutenant s'amuse à se mêler de ce qui ne le regardait pas. Au moins ne s'était-il pas montré ouvertement insultant ni cinglant, mais il pouvait y sentir qu'il n'était pas particulièrement apprécié non plus. Bien sûr, il n'en avait cure et n'allait rien faire pour changer la donne...

Vous aurais-je d'une manière ou d'une autre donné la sensation que votre avis était requis ? Je ne pense pas... Si l'on y regarde de plus près, je suis persuadé que l'on peut encore discerner les traces du lait qui vous coulait encore au menton il y a peu... Les enfants ne devraient pas chercher à se mêler des histoires des grandes personnes...

Au moins ainsi, les choses étaient claires... Une certaine agressivité dans les termes employés qui venait trancher avec son ton parfaitement calme et posé. Autrefois il n'en aurait pas été ainsi, mais depuis qu'Ikarib s'était fait cohabitant, la diplomatie ne voulait plus dire grand chose à ses yeux. Pour autant, en avait-il terminé ? Hum, non, pas vraiment...

Enfin, si cela peut vous rassurer, il n'a jamais été dans mon intention de croiser le fer dans ce trou à rats. Au contraire, je serais ravi de revoir votre Capitaine en de meilleures circonstances qu'aux abords des quartiers d'Hitsugaya-Taishô. Faites-lui donc juste savoir que je me ferais un plaisir de le rencontrer aux limites extérieures du Rukongaï-Ouest. Là où personne ne pourra intervenir dans l'une de nos... aimables discussions ! Qu'il me fasse connaître le jour de sa convenance et j'y serai sans faute... Serez-vous capable de vous en rappeler, ou dois-je en prendre note moi-même ?

Haussant légèrement l'un de ses sourcils, il n'attendait que la réponse à cette dernière question pour quitter cet endroit puant une fois pour toute...

Mais, mais, mais, mais...j'ai pas rêvé là?

A vrai dire, l'homme ne s'était pas pensé insultant. Il avait juste tenu à partir sur de bonnes bases. Le problème était qu'il parlait comme il avait toujours tenu à s'adresser aux gens, avec une certaine rudesse, qui ne s'était pas arrangée avec le temps. Alors c'est vrai, pour le simple quidam venu discutailler, ça pouvait paraitre un tantinet basique, ras des pâquerettes. Mais pour d'autres, c'était juste le symbole d'une masculinité exacerbée, un festival de la testostérone. Alors quand l'ancêtre lui balança à la figure sa relative jeunesse et son insignifiance, et bah ça lui fit tout drôle. Autant il aimait la répartie un peu potache, autant le coup du mépris, ça lui mettait les glandes. Il se sentait comme un chien à qui l'on vient de mettre une pichenette sur la truffe.

Qu'on me prenne pour un enfant, c'est une chose. Qu'on me dise que je ne sers à rien, passe encore. Mais fichtre foutre, penser que je vais oublier un simple message?!?

Au fond de lui, comme un écho, il entendit quelqu'un se marrer. Depuis sa victoire sur Uboron, outre le fait que celui-ci soit un parfait opposé tentant de saper sa volonté et le faire sombrer dans le désespoir, il s'était aperçu que l'indigent avait aussi une personnalité multiple, sorte de fou furieux hystérique qui ressurgissait à certain moment. La folie du désespoir, en somme. Et cette folie du désespoir se payait une bonne tranche de marrade.

D'ailleurs, c'est quand je l'entends se gausser que je flippe le plus.

Il était temps de faire baisser la pression.

- Je pense que je vais m'en souvenir, merci. La mémoire, c'est un truc de jeune, après tout, hein. Du reste, mon avis, faut faire avec! Le Kenpachi étant ce qu'il est, tout ce qui relève du bon fonctionnement de la Division passe par moi. Et si je me plante pas, faire sauter deux bâtiments officiel, ça ferait pas beau sur votre lettre de recommandation. A moins que la 9e cherche à palier un manque en s'évertuant à faire péter les divisions du dessus...

Si ce que Shinjirô lui avait dit était correct, le Capitaine Commandant en avait été de sa soufflante personnelle. Un point qui jouait en sa faveur.

- Même si je dois admettre que vous avez une sacrée paire de venir jeter vot'gant à sa figure, dans les quartiers de la Division. C'pas étonnant si la plupart des vieux de la vieille ont cassé leur pipe durant les dernières guerre, s'ils étaient tous aussi c...ourageux! Ou alors, c'est peut être parce que y a quelque chose d'autre qui vous pousse le bouchon au fond d'votre vénérable bide? Comme une méchante vilaine âme toute noire?

Là, c'est vrai qu'il était curieux. Et il pensait vraiment avoir fait baisser la tension, hein! Il avait même essayé de cacher ses railleries sous des compliments! L'autre ne pouvait que tomber dans la franche camaraderie! Ils parleraient de leurs hollows respectifs, en compareraient la taille, et tout le tintouin!

Quelle réaction adopter ici ? Il prit une profonde inspiration. Tenzen devait bien admettre que Noboru avait raison sur un point : oeuvrer aux côtés d'un homme comme Shinjirô ne devait pas être aisé tous les jours... Quant à sa manière de s'adresser à lui... à force de prendre des coups dans la tête l'on pouvait assurément finir par perdre quelque peu le sens de l'étiquette. Il n'avait pas eu la chance de profiter d'un mentor digne et sage. Des bagarreurs. Des animaux...
Le Shirohasu s'approcha alors calmement de la fenêtre ouverte, y prit une bouffée d'air. Et alors débuta seulement sa réponse.

Il me semble que, tout comme la mémoire, l'audition est aussi une qualité juvénile. Je pense donc pouvoir conclure que c'est votre sens de la compréhension qui peine à assimiler ce que je viens de vous dire : il n'a jamais été question de déclencher une rixe en ce bâtiment, vous vous êtes mis seul cette idée en tête. Non pas que je craigne un autre blâme, juste que je préfère disposer de l'espace du grand air afin de mener mes conversations sérieuses.
Il n'est donc pas utile de vous acharner dans vos allusions vaseuses. Je ne relèverai même pas celle faite sur ma Division qui n'a certainement rien à prouver à la vôtre.

Durant la dernière guerre, Muguruma Kensei avait été élevé en héros et promu au sein de la Division 0, tandis que Zaraki Kenpachi avait été abattu. Bien sûr, il ne servait à rien de faire reposer le lustre d'une Division sur un meneur passé. Tenzen avait été Capitaine durant presque sept siècles là où Kiryû ne l'était que depuis trois années seulement... Et que dire du fait que l'une représentait la Justice, privilège unique, alors que l'autre n'était destinée qu'au combat, ce dont n'importe quel Shinigami de n'importe quelle Division était capable... ? Non, décidément strictement rien à prouver, cela était d'une nette évidence à ses yeux.

Je vais également vous faire le cadeau d'une explication complémentaire. Les anciens qui ont péri sont morts car ils étaient faibles, et qu'ils suivaient un meneur qui l'était tout autant. Oh, je ne parle pas de ses capacités au combat. Je pense que feu-Yamamoto aurait pu affronter votre Capitaine et moi ensemble, et tout de même s'en sortir victorieux. Il affichait également un caractère fortement dominant. Sa faiblesse était sa peur qu'il camouflait derrière ses colères futiles... L'avantage va souvent à celui qui réalise la première offensive. Mais le Seireitei s'est fait envahir de bien nombreuses fois, pour une seule offensive majeure pourtant... Vous devez connaître le cas des Quincys je présume... Et encore, il a fallu bien des années pour que la décision soit prise finalement. Voyez-vous, ce n'est donc pas le courage qui est à mettre en cause, mais la détermination ! Vous vous rendrez aisément compte que je n'en manque pas...

Tenzen quitta alors enfin la fenêtre, revenant vers l'encadrure de la porte et se préparant ainsi à partir.

Je pourrais vous en parler plus longuement, si seulement j'avais plus de temps à perdre. Ma mémoire reste bonne malgré mon grand âge. Qualité utile pour raconter des histoires... encore une affaire d'ancêtre, n'est-ce pas ?
Soit ! Assurez-vous de transmettre mon message, sans quoi je pourrais être tenté de vous montrer ma "petite bête noire" d'une manière qui ne vous plairait pas !

Ouais, tentative de chaleur humaine échouée. Le Capitaine de la Neuvième n'avait aucune faille dans le bloc de glace qu'il avait érigé pour traiter avec le monde autour de lui, et tout essai visant à le mettre dans de meilleures dispositions était voué à l'échec.

Ouais en gros, ce mec est un trou de balle.

La suite de son discours fut dans la même veine que son introduction. Le Vif-Argent ne méritait pas son intérêt, et partait de toute façon perdant pour mériter son respect. Peinant à rester courtois, même affable, le Kyuusei dut dépenser des trésors de patience pour ne pas sortir de ses gonds. Tout en se promettant intérieurement de le faire payer, lui, et Shinjirô. Le premier, il trouverait bien le moyen, et le second, il en avait déjà une petit idée. De toute les manières, il avait un nombre incalculable de petits tours qui il le savait ne manqueraient pas de faire méchamment chier le colosse à l'humeur volcanique. Mais pour l'heure, une chose requérait son attention, au milieu de ce monceau d'injures.

- Certes, comme vous le dites, l'avenir appartient aux hommes à poigne, aux déterminés. Et bien, j'ose espérer qu'un jour vous constaterez que notre détermination ne pêche pas, ici à la Onzième. Et pour être honnête, la manière dont vous vous adressez à moi à tendance à me rendre encore plus pugnace...et même si, c'est évident, vous ne m'appréciez pas du tout, je pense que certaines aspiration nous rapprochent plus que vous ne voulez vous l'imaginer.

Il n'allait plus se perdre en parole futiles, à présent. Il irait chercher son respect auprès de l'ancêtre. Ou ferait tout pour lui faire perdre son petit air suffisant qui le mettait hors de lui. Ce n'était pas une envie de reconnaissance, ça non, c'était plus une aspiration profonde visant à faire tomber ses obstacles, quels qu'ils soient.

- Le message sera transmis, sans aucun doute, car je me vois mal priver Shinjirô d'une occasion de s'amuser un peu. D'après ce qu'il m'a laissé entendre, vous êtes bien la première personne qui le divertit autant depuis nos entrainements communs, bien avant notre arrivée au Seireitei. En espérant que vous allez lui donner du spectacle...même si je sais que votre "bête noire" sera un atout non négligeable, ce dont, je suis sûr, il est déjà avisé.

C'était clair: il ne laisserait pas son Capitaine dans le doute concernant l'atout intérieur du Lotus. De toute façon, l'autre était bien au fait de la situation, ayant eu plus de temps que nécessaire pour frapper du masque à tout va. Une bonne centaine d'année à le faire, ça créait quelqu'un d'expert en la matière. Et il le faisait mieux que personne.

Il n'y a personne en ce monde que je déteste, Kyûsei-Fukutaishô...

Tenzen n'ignorait pas que son caractère ainsi que sa manière de percevoir ses semblables amenaient souvent à ce genre de conclusions. Imbuvable, aigri, antipathique... Quelques qualificatifs parmi les plus polis dont on pourrait le qualifier. Son chemin personnel le menait à s'élever au dessus de la masse dans le but d'atteindre ce qu'il estimait comme son idéal. Arriver à un stade où il pourrait enfin se débarrasser des chaînes créées par les souffrances de ce monde, tout en recherchant ce qui était le plus juste pour le bien du plus grand nombre. Tâcher d'inculquer les bonnes manières à certains en faisait pour lui partie... Ce qui se soldait par tant d'échecs qu'au final, il se demandait parfois pourquoi encore persévérer dans cette voie. Mais bon, on ne se refaisait pas...

Deux êtres ne peuvent pas se trouver en position d'exacts et parfaits opposés. Tous peuvent se trouver au moins un point commun, même si pour cela il faut parfois gratter bien loin. Cela ne rend pour autant pas tous les caractères compatibles, et l'expérience m'a montré que très rares sont ceux qui peuvent s'accorder avec le mien... J'en attends sans doute trop de chacun, et finis ainsi par forcément être déçu. J'évite donc - j'espère que vous le comprendrez - de changer ma nature afin de paraître bienveillant, cela m'économise bien du temps !

En fait, il ne s'était réellement lié qu'à une seule et unique personne. Tous les autres, au bout d'un moment, finissaient inexorablement par perdre de l'intérêt à ses yeux, lui faisant préférer la solitude. Tolérer les écarts des êtres encore trop perfectibles était devenu un labeur auquel il ne souhaitait plus s'adonner. Pour autant, des sentiments tels que la colère et la haine ne faisaient pas partie de son panel d'émotions, du moins tant qu'Ikarib ne venait pas s'en mêler et l'influencer. Et puis, pouvait-on réellement dire qu'il ne portait pas quelqu'un en particulier en son coeur, alors qu'au final il savait bien que tous finiraient dans le même panier ? C'était juste que certains avaient déjà atteint un palier de désintérêt que tous finiraient par dépasser, sans la moindre exception...

Disant cela, il était resté à la porte, dos tourné au Vice-Capitaine, comme suspendu dans son mouvement. Puis finalement il reprit sa marche, ne se retournant pas lorsqu'il se fendit d'un "passez tout de même une bonne journée, Kyûsei-Fukutaishô". Il était de toute manière grand temps qu'il rentre en ses quartiers. Ainsi, Noboru considérait que ce serait un amusement pour Shinjirô. Sans doute, oui... Durant un temps du moins... Par contre, il risquait de ne pas apprécier la fin...