La mission n’était pas évidente, pour une fois, et cela n’enchantait pas le tueur de l’ombre, étonnamment. Lui qui, en général, aimait se frotter à quelque subtilité dans son approche de ses cibles n’était jamais contre une petite difficulté sur sa route. Il partait du principe que poser à plat son plan, réfléchir à toutes les possibilités, choisir un chemin, s’y atteler et en sortir victorieux, étaient les étapes nécessaires et appréciées d’un meurtre. Sauf que dans ce cas présent, il ne s’agissait pas d’une difficulté provenant de la cible, ni du lieu, oh non. C’eut été trop facile. Non, il devait embarquer avec lui un néophyte, à sa façon. On lui avait tout simplement demandé de faire équipe avec un membre d’une autre division pour mener à bien sa mission. C’était … inattendu. Il imaginait le dialogue qu’il aurait pu avoir avec son supérieur qui lui avait confié une telle tâche, et ne voyait de toutes façons pas comment il aurait pu éviter une telle entreprise.

« J’espère qu’il a deux doigts de jugeotte, l’autre connard. » grogna-t-il en poussant la porte du bar où il avait été convenu que les deux compères se croiseraient. Le lieu de perdition était bondé, et c’était plutôt mauvais signe. Déjà parce que, si dans une ruelle il était difficile de discerner une paire d’oreilles curieuses et inopinées, cela devenait carrément impossible dans ce genre d’établissements ! Serpiente serra les dents et avança toutefois vers le bar. On lui avait fourni une photographie de son contact, et il n’était de toutes façons pas difficile à reconnaître. C’était le grand gaillard assis au bar, qui engloutissait les verres comme des petits pains.

« C’toi Krow, j’présume. »

Les présentations n’étaient pas de rigueur, ils savaient tous deux à qui ils avaient affaire, de toutes manières. Ils ne pouvaient cependant pas discuter de ce genre de lieux. D’un geste de la tête, Serpiente demanda à son interlocuteur de quitter le lieu. Pour être honnête, leur cible était plutôt aisée à trouver. C’était même carrément enfantin. Il était dans ce même bar, d’où le rendez-vous en ces lieux. Par contre, ça risquait d’être un poil plus compliqué de le faire taire définitivement : il était probablement accompagné. Ai-je mentionné que c’était une sorte de montagne de muscles ? Non ? Bon, ben voilà, c’est fait.
S’ils devaient le faire disparaître, par contre, c’était pour deux raisons. Déjà, il en savait beaucoup trop sur un cas qui incriminait la deuxième division dans un incident de … "disparition", on va dire. Il racontait à qui voulait l’écouter que son cousin, agitateur reconnu par les services de police, avait été muselé par les chiens à la solde du patriarcat, grosso modo, par des shinigamis. Que ce soit vrai ou non, ce n’était pas le soucis du tueur à gages. Il avait un contrat, et il serait honoré. Le deuxième point était que cet homme avait des comptes à régler, apparemment, avec un membre haut placé de la onzième. S’il pouvait s’informer sur les données concernant la seconde division, tout ce qui concernait la onzième lui avait été occulté, pour des raisons claires de sécurité. De plus, la personne qui avait donné l’ordre voulait que ce soit absolument un membre de la onzième qui emporte la cible dans la tombe.

Voyant que son coéquipier de fortune le suivait dehors, l’ancien bidasse eut une idée de comment pouvait se dérouler la mission. C’était complètement con mais …« Bon, là on peut discuter. Dis-moi… à quel point ... t’es balaise avec tes poings ? » lança-t-il d’une voix angoissante, non sans avoir avant regardé autour d’eux s’ils n’étaient pas suivis.

Ils ne pouvaient pas le faire de manière discrète, c'était clair, tout simplement parce que ça risquerait d'attirer les soupçons, et c'était la dernière chose qui était souhaitée – dans ce cas, et dans le reste des contrats du Serpent. Lorsqu'il été entré dans le bar il avait pu analyser rapidement les effectifs adverses et les quelques problèmes qu'ils pouvaient rencontrer en ces lieux. De plus, il fallait que ce soit fait sur le moment, pas trop le temps de repousser l'échéance. Bon bon bon...

" Mec, moi, je vais rien faire du tout. Tu vas vite comprendre." répondit-il à Krow en lui montrant la porte arrière du bar. " Si tu fais diversion et que je découpe ce salopard, on va se retrouver avec une foule énervée sur le dos. Et de toutes façons, le commanditaire a été clair, ça doit être un shinigami de la onzième qui se charge de la mission. Je suis là ... je suis là parce que je suis le mieux qualifié pour te permettre de lui casser les dents, on va dire."

S'il avait surement quelques questions avant l'intervention de Serpiente, Krow devait avoir un début de réponse. Évidemment, toutes ses interrogations n'avaient pas été levées, mais les points qu'il allait aborder devraient dissiper tout doute. Le plan n'était pas parfait, mais compte tenu le laps de temps qu'il avait eu pour le préparer, il n'en avait pas de meilleur. Et de toutes façons, qui pouvait se targuer d'avoir un plan parfait dans son arsenal de petit tueur ?

"Notre cible, comme t'as du t'en douter, c'est le gros gars là dedans. Tu vois le mec le plus énervé du bar. Et bien c'est lui. Et tous les mecs autour, c'est sa sécurité."

Dit comme ça, ça commençait mal. Mais au final, Serpiente, en lisant le dossier, avait trouvé une faille, comme toujours. Il y avait toujours une faille de toutes façons, un petit pli, un petit impact qui permettait au tueur de s'infiltrer. Dans le cas présent, c'était la fierté. Ce n'était pas marqué aussi clairement dans les papiers qu'il avait lu – et qu'il avait, évidemment, fait disparaître – mais il était sur que le point faible à exploiter était celui là.

" Tu vas rentrer dans le bar, je vais te suivre quelques secondes après. On va discuter vite fait, et tu vas m'empoigner, et me balancer sur sa table. Tu vois ce que je veux dire ?"

Ce n'était que du théorie, mais en toute logique, ça devrait plutôt énerver leur cible. Et par énerver, je ne parle d'une petite colère passagère, mais plutôt d'une fureur invraisemblable. Peut-être qu'il demanderait des comptes à Serpiente, mais ce n'était pas problématique, vu que ce dernier ... accuserait Krow. Tout bonnement. Et que se passe-t-il quand un homme, qui se croit intouchable, se voit en position de force ? Il tente d'en profiter.

"Au pire tu l'insultes un peu, et il devrait se jeter sur toi. Ou un truc dans le genre. Au pire, on avisera."

La règle, à la base, c'était de toujours s'en tenir au plan. Mais les règles n'existaient-elles pas là pour être transgressées ? Et puis, de toutes façons, avec un élément perturbateur comme Krow, il était peu probable que le plan soit respecté, si ?

Eh ben, j'y aurais pas pensé à celle-là, c'est vrai que c'était pas con, valait mieux pas qu'on se fasse griller en tout cas

Ouais, ça me parait être un bon plan, j'suis ok.

Alors, la cible, c'est l'espèce de colosse-là ? Bah, j'pense que j'pourrais gérer quand même, enfin, y en a beaucoup des lourdauds comme lui, des espèces de montagne de muscle vaguement puissante au rukongai, c'lui là était entouré, mais bon, ça aussi, j'devrais pourvoir gérer, et puis si vraiment ça partait en couilles j'pense pas que Serpiente me laisserait en plan... Enfin, j'espère... J'le connaissais pas plus que ça d'un côté, si ça s'trouve c'est un gros connard qu'hésitera pas a me lâcher si les choses ne s'amorcent pas comme elles le devraient, à voir donc...

Ok, j'vais m'poser à la table derrière lui. Au pire, hésite pas à me foutre une mandale s'il faut, histoire que ça paraisse plus crédible.

Ouais, si ça pouvait aider, ça me dérangeait pas de m'en prendre une, ce serait pas la première fois, et sûrement pas la dernière, j'ai l'habitude en gros.

Aller, opération BUTER LE GROS lancée !

Une fois rentré à l'intérieur - rien n'avais changé par rapport à tout à l'heure au passage - j'me suis posé comme prévu à la table quelques mètres derrière "la cible" (whaa l'agent secret), c'est vrai qu'il était bien entouré, il avait sa petite équipe l'enfoiré. Mais bon, j'avais pas spécialement envie d'en faire trop, vaux mieux que je m'occupe que d'lui, pas que j'ai peur d'eux ou que j'veux pas me battre, mais je voulais pas non plus me faire trop d'ennemis, j'passais souvent par le rukongai, et puis déclencher une bagarre général n'était p'tet pas la meilleure idée, quoique, d'un côté ça pourrait être un plan.

Bon, manquais plus que Serpiente, qu'on puisse commencer notre petite comédie. Le tout sera de paraitre crédible, j'sais pas trop si j'suis en très bon acteur. Bon, de toute façon j'pense que l'autre voudra en découdre, j'connaissais la personne de réputation, il était du genre sang chaud, ça devrait marcher si tout se passe comme prévu, avec un peu de chance, ses gars n'interviendront même pas, mais le gros point faible de ce plan, c'était justement qu'il se passe quelque chose de pas prévu - c'est un peu le point faible de n'importe quel plan non ? - en tout cas, si jamais ça devait partir en live, on ferait les choses à ma manière, ce qui, a mon grand regret, signerait certainement la destruction de l'établissement.

Le shinigami de la deuxième division laissa son coéquipier pour la nuit prendre un peu d’avance et se grilla une autre cigarette en attendant. En général, il évitait ce genre de petits plaisirs coupables avant une mission, mais, dans le cas présent, il était nécessaire de passer un minimum inaperçu, et ce n’était pas en finissant une cigarette qu’il allait attirer l’œil du badaud – surtout compte tenu du fait qu’il portait un bandeau sur l’œil. Il ne pouvait pas en rester là, il devait pousser l’assimilation à la classe d’habitants du Rukongai un peu plus loin. Pour ce faire, il empoigna un verre en plastique qui traînait sur le rebord d’une fenêtre et qui contenait ce qui semblait être un fond de whisky de mauvaise qualité. Il trempa ses doigts gantés dans le liquide et s’aspergea un peu le visage. S’il voulait passer pour un poivrot, il devait ressembler au plus à ce type de personnage, et rien de tel qu’un petit fumet de mauvais alcool pour parachever son déguisement.

Ceci étant fait, le shinigami poussa la porte du bar en chancelant. Titubant, il se dirigea directement vers la table de Krow. C’était un bon choix que de se situer dans le dos de sa cible. Toujours avoir un œil sur elle était une bonne idée, cependant le choix était peut-être un peu trop flagrant. Une ou deux tables plus loin et ça aurait été parfait. Quoi qu’il en soit, Le Serpent se félicita d’avoir un compagnon de mission qui savait réfléchir un peu. Le reste viendrait – ou pas d’ailleurs – avec le temps.

Posant une main sur la table du musculeux membre de la onzième il lui hurla dessus quelque chose qui ressemblait vaguement à « BROARBOOOAA MA FEMME SALOPAAAAAAAAAAARD », puis d’une main droite assurée, il envoyé balader le verre qui était posé sur la table de son interlocuteur. S'il devait marquer son entrée, cela n'aurait pas pu être mieux.

Si les bagarres étaient ordinaires dans ce genre d’établissement, ce n’était pas pour autant que l’assistance évitait de jeter un coup d’œil. Ce n’est pas parce qu’un fait est habituel qu’il en devient moins ensorceleur. Quelques paires d’yeux s’étaient donc tournées vers eux et c’était le moment de se donner en spectacle. Krow, comme convenu, s’était levé et avait attrapé le new-yorkais par le col. Menaçant, son regard avait tout de celui qu’il ne faut pas chercher dans un bar, mais qui tente de se contrôler… un peu. Voyant que son adversaire fictif continuait à vouloir lui chercher des noises, il le souleva sans trop de mal et l’envoya valser … sur la table de leur cible.

C’était un colosse, il fallait l’admettre. Plutôt massif de plus, et qui savait se battre. Et surtout, qu’on avait pas l’habitude d’emmerder dans ce genre de locaux. Avec sa petite équipe, il savait se faire respecter à sa façon. Voir atterrir de manière peu gracieuse un homme sur sa boisson et celle de ses potes, c’en était peut-être trop. Surement trop. L’homme s’était levé et, après regarder brièvement Serpiente, s’était retourné.

« C’EST QUOI CE BORDEL, PUTAIN ? »

Ça commençait plutôt bien.

Les choses commençaient bien. J'avais pas l'habitude de travailler de cette manière, de faire les choses comme ça, ça me plaisait bien finalement, pas le genre de choses que je ferais tous les jours non plus, mais ça reste une bonne expérience à vivre.

Serpiente était donc rentré dans le bar. Eh ben, grand numéro d'acteur, j'aurais pas été prévenue à l'avance que j'aurais pu y croire, il avait même l'odeur de pilier de bar, sûrement qu'il s'était balancé de l'alcool à la gueule ou un truc dans le genre, j'en sais trop rien mais c'était bien vu, ça ne pouvait que renforcer la crédibilité de cette petite mise en scène, assez osé au passage. Mais comme tout le monde doit s'en douter, si ça tenait qu'a moi, je ferait pas toute cette comédie pour inventer un prétexte au fait que j'allait m'occuper de l'autre, je serais rentré, je l'aurais buté, je serais parti, point. Éh, j'fait parti de la onzième ou pas ? C'est jamais agréable d'ôter la vie à un inconnue mais qu'est-ce que j'y pouvais ? Si c'était pas moi ça aurait été quelqu'un d'autre, au moins, j'vais essayer de faire les choses rapidement. Passons, revenons au jeu d'acteur de Serpiente, Il dégagea mon verre de la main, en me hurlant dessus une réplique type de poivrot. Là c'était à moi de jouer, attention : acteur studio.

Hé mais y t'arrive quoi poto là, tu cherche la merde ou quoi ?!


J'avais illustré ces doux mots en me levant brusquement et en l'empoignant par le col, j'le regardais à la "toi, tu vas te prendre des coups si tu continues", pour le moment j'estimais m'en sortir pas trop mal, j'l'espérais en tout cas. Les regards de la clientèle s'étaient directs braqué sur nous, attirées comme des mouches par l'appel du sang, par l'éventuel combat qui pouvait avoir lieu dans les secondes qui suivent.

Comme le voulait la suite du scénario, je l'ai balancé sur la table du grand gars, table qui portait alors les verres de monsieur et sa petite compagnie. Analysant brièvement la scène, la grosse brute s'était finalement tournée vers moi. Tu voulais savoir c'est quoi ce bordel hein ? Désolé, mais tu n'auras jamais la réponse à cette question, en tout cas la vraie réponse.

Quoi?! Tu me cherches toi aussi ?! Bah alors ? Il est vexé ? il est pas content qu'on lui ait fait tomber ses verres le poivrot ? eh ben vient m'voir alors ! vieille meeeeerde !!!!

J'pense que ça aurait suffi à le foutre en rogne, mais dans l'doute, autant faire dans l'excès, c'est donc un ponctuant ma réplique d'un coup-de-poing sur sa table (qui, au passage, fut détruite sur le coup) que je comptait mettre le coup de grâce au semblant patience qu'il essayait de garder, avec un peu de chance, il allait craquer après ça, et s'attaquer à moi, ce sera sa dernière erreur, comme le prévoyait le plan. Toutes les conditions étaient réuni pour que la suite se passe bien, et l'autre masse me fessait pas peur, baraqué un peu plus que la moyenne, c'est la seule chose qui le fait sortir du lot pour moi, j'vais lui montrer qu'il lui faudra bien plus que des gros muscles pour se débarrasser de moi.

Le plan, pour l’instant, semblait se dérouler sans accrocs, et Serpiente aimait ça. Il adorait quand il avait pu prévoir le comportement de sa cible, lorsque aucun bâton ne venait se mettre dans les roue, lorsque les dominos tombaient les uns après les autres, dans un ordre défini et respecté. Bon, pour le coup, il avait dû effectuer un petit vol plané et s’écraser sur la table de façon peu orthodoxe. Son dos s’en souviendrait un moment probablement. Mais le résultat était l’escompté. La cible, cet énergumène de quasiment deux mètres, s’était relevée dans la seconde, et s’était tournée dans la direction de Krow.

Cédant aux provocations de son temporaire coéquipier, le colosse s’était tout simplement élancé vers lui, se munissant d’une chaise avec une attitude plutôt … belliqueuse. « Laissez-moi cet enfoiré ! » lançait-il encore à ses sbires alors qu’il avançait de façon étonnamment rapide pour quelqu’un de ce gabarit. Il lança la chaise en direction du shinigami de la onzième, qui esquiva sans trop de soucis. Le pugilat avait commencé, et il fallait avouer que de manière assez surprenante, le géant était loin d’être manchot à ce jeu-là. Les coups s’abattaient sur la garde de Krow, qui attendait sans doute le moment propice pour lancer la contre-attaque… Du moins c’est ce qu’aurait pu se dire le shinigami de la deuxième division s’il n’avait pas eu d’autres chats à fouetter.

Car, si les sbires du bodybuildeur n’avaient pas le droit de lever la main sur sa proie personnelle, ils s’étaient d’un regard accordés pour se passer les nerfs sur celui qui avait servi de projectile humain. Il était au sol, probablement éméché, et donc restait une cible facile même pour des combattants de seconde zone. Alors que le premier coup de pied allait percuter l’ancien bidasse, celui-ci effectua une petite esquive en roulant sur le côté. Cela eut pour conséquence de voir le bon vieux chassé des familles lancé par le séide … percuter l’entre-jambe de l’un de ses collèges, qui s’effondra dans un râle sourd. « Un de moins » aurait pu se dire l’américain, mais, selon ses décomptes, il en restait encore deux à devoir gérer, et le tout en étant crédible dans son rôle de pilier de bar. Après tout, il ne s’était pas envoyé de l’alcool au visage pour rien !

Prenant appui sur le pauvre malheureux qui n’aurait sans doute plus de nouvel enfant, Le Serpent se redressa de toute sa hauteur, puis, fit mine de glisser avant de se reprendre à la dernière seconde. Le regard cruel – et dénué de toute trace d’intelligence – de ses deux assaillants en disant long. Ils avaient tout gobé. Le jaune, le blanc … et la coquille. Le combat allait continuer, et le shinigami continuerait à jouer son rôle. Jusqu’au bout.

« Zérieusement… V’lez pas m’laissez tranquille ? » lança-t-il d’une voix faussement avinée, en lançant rapidement un coup d’œil de l’autre côté, histoire de voir comment s’en sortait Krow, avant de revenir assez vite sur les deux bonhommes qui ne semblaient pas du tout destinés à ne pas s’occuper de lui. « On dirait bien q’non. Z’êtes chiants les … » amorça-t-il avant d’encaisser un coup dans le dos qui l’envoya au sol en lui coupant légèrement la respiration. Ils avaient apparemment de la visite inopinée. Lançant un coup d’œil dans son dos, il remarqua deux autres … poètes.

Bon, plus le temps de jouer, Serpiente n’était vraiment pas doué en corps à corps, il décida donc d’utiliser ce qu’on lui avait appris à l’académie. Un petit sort de Kidô basique, sans trop de puissance, envoya une décharge de reiatsu derrière lui, surprenant sans doute les deux hommes qui venaient d’entrer en scène. Ils ne s’était probablement pas attendus à se faire griller aussi rapidement. D’un autre côté, même ivre, un shinigami restait un shinigami, après tout.

Et un shinigami, ça a tendance à pas aimer se faire cogner dessus.

La situation avait changé du tout au tout. Alors que la bande de petites frappes se pensait en situation de force lors du début de l’échauffourée, ils commençaient seulement à réaliser que peut-être ils s'étaient attaqué à plus fort qu'eux. Et pas qu'un peu plus fort non. C'était un peu si une bande de poules s'était attaqué à un loup, pensant l'emporter sans problème. Ils s'étaient laissés berner par les apparences, et ne méritaient pas d'autre sort. Le combat n'avait pas franchement duré longtemps. D'un autre côté, il s'agissait de vulgaires garde du corps face à un shinigami de la deuxième division. Ce n'était pas dans ce genre de rencontres déséquilibrées qu'il trouvait son plaisir, pour peu qu'on ne puisse parler d'un certain type de plaisir ressenti au beau milieu d'un combat.

Feintant quelques mouvements, il avait vite fait de se débarrasser des opposants superflus. Un combat un contre trois, ou quatre, était normalement au désavantage du guerrier seul. Cette loi était d'autant plus vraie lorsque plusieurs belligérants arrivaient dans le dos de l'homme isolé. Sauf que dans le cas présent, même s'il n'avait pas forcément prévu cette arrivée, il s'était rapidement rendu compte qu'il était encerclé. Dans les yeux des opposants de Serpiente, on pouvait lire une certaine confiance, que le shinigami pensait sans doute exacerbée par l'arrivée de nouveaux participants. Comme ils ne pouvaient être arrivés que par la porte d'entrée – l'arrivée par une hypothétique fenêtre était de l'ordre de l'improbable, voire, de l'impossible – il se doutait donc que un, voir deux nouveaux combattants étaient dans son dos. Pas de soucis, il comptait s'en charger avec un sort de Hado.

Sauf qu'il n'en avait pas eu l'occasion. Une sorte de projectile géant – et sans aucun doute vivant vu les cris qu'il poussait – traversa ce qui restait de la taverne pour aller s'écraser sur l'opposant dans son dos. Médusés, les yeux comme des assiettes, les deux derniers guerriers ne se firent pas prier pour déguerpir. Ils avaient de la chance, ils évitaient de la sorte une bonne correction. Toujours dans son rôle d'ivrogne – qu'il n'avait d'ailleurs pas quitté, même pendant son combat – Serpiente tomba assis au sol, alors que Krow lui posait une question qu'il fit semblant de ne pas entendre.

Ils ne pouvaient pas se permettre de se faire soupçonner de porter la main sur cet homme pour des raisons autres que celles que le "public" avait pu voir en ces lieux. La question était donc plutôt mal venue, et ce même si le bar était désormais à moitié vidé de ses habituels. Après tout, en ces lieux, les murs avaient des oreilles. Ou presque.

" Laiss'moi tranquille mec. " grommela-t-il en se relevant, non sans hocher la tête de façon peu visible. Personne n'aurait pu jurer qu'il venait d'acquiescer à la réponse, de la sorte. Prenant appui sur une chaise il se dirigea vers la porte. "Fais'que tu veux, j'm'en cogne moi !" lâcha-t-il sans se retourner.

On dirait que la mission était finie... ou presque.