▬ Tokishi-kun ! Viens nous aider à planter le riz !

▬ J'arrive !

▬ Sada ! Aide-nous à déplacer ces rochers pour agrandir le champ !

▬ J'arrive !

▬ Shinigami-san ! Jouez avec nous !

▬ J'arrive ! ...

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Quelle longue et mouvementée matinée, je n'avais pas couru autant depuis que j'avais rejoint l'Académie des Shinigamis en quittant ma vie au Rukongai. Bien qu'en réalité, même si je me suis installé au Seireitei et que j'ai droit à une journée libre, je n'hésitais jamais à venir rendre visite au village qui s'est si bien occupé de moi lorsque je suis arrivé les mains vides dans cette dimension. Ressortant à peine de ma mort, trahis par celui en qui j'avais confiance, je ressemblais à un petit garçon tremblotant qu'on pourrait coucher au sol rien qu'avec un souffle. Heureusement pour moi, une gentille et agréable famille m'a adopté comme leur fils, là où tous auraient pu me laisser à l'abandon. J'étais un grand habitué du travail dans les champs, que ce soit planter des plantes de riz dans les rizières ou découper le blé à la faucille, transporter trois sacs de récolte sur le dos pour les transporter au village pour enfin finir par jouer avec les enfants du village. Etant à présent un Shinigami, ils me tournent tous autour pour que je simule un combat à l'épée avec des bouts de bois, mon sens de la comédie me forçant à faire exprès de perdre tout en restant crédible à leurs yeux ! Même si au final je sais très bien que je ne finirais jamais un combat avec eux car, à peine la deuxième minute entamée ils finissent tous par me bondir dessus à quatre, me plaquant au sol dans un fou rire.

Je parais peut-être trop enthousiaste dans cet univers vu comme si pauvre, mais je n'y pouvais rien, j'adorais ce village. C'est celui qui m'a appris à ne pas lâcher le goût de la vie après la mort, c'est ici que j'ai pris des décisions et est devenu un dieu de la mort... A ce propos, je pense que ma famille a réussi à se remettre de la mort du plus jeune, un enfant de dix ans qui n'avait rien demandé, dévoré par un Hollow... Mais ils ne baissent pas les bras, ils continuent à travailler dur car ils sont ainsi, et c'est ce qui me donne envie de travailler en leur compagnie. Un Shinigami qui se salit dans la boue des champs ? Je n'ai jamais associé ce travail à un rang social ou autre, je faisais ce qui me plaisait après tout. Même si j'avoue qu'après cette dure matinée, je n'étais pas contre pour manger un délicieux repas préparé par ma mère adoptive. Boulettes de riz accompagnées d'une soupe et d'autres éléments, que je mangeais en compagnie de ma famille.

▬ C'est délicieux, Mère.

▬ Sada, n'as-tu jamais eu envie de retrouver tes vrais parents ici ?

Mes baguettes se figeaient tandis que j'apercevais Kurai Kyozō couché sur le côté, toujours sous sa forme de chat noir, à me dévisager de ses yeux rubis comme pour trouver les failles dans mon comportement. Je baissais un instant les yeux en repensant à ce qu'il me dit, mes parents... Ils furent tués lors d'un cambriolage ayant mal tourné, chez eux. C'était d'ailleurs ça qui m'a aiguillé pour que je devienne un policier pour devenir par la suite enquêteur. Bien sûr que j'ai pensé à les retrouver, mais le plus souvent les âmes arrivant au Rukongai perdaient leurs souvenirs de leur vie passée, redevenant des enfants perdus. Je ne sais pas pourquoi je me souvenais toujours de ma vie en tant qu'être humain, peut-être parce que pendant des années je me suis noyé sous le ressentiment, baignant dans la trahison la plus complète. En tout cas, même si je me souvenais du nom de mes parents, ainsi que de leur visage, il était pratiquement impossible de retrouver une personne de notre ancienne vie en la cherchant, pas dans les 80 districts du Rukongai et dans le Seireitei, sans parler du fait que tous les nouveaux venus de la Soul Society se voient renommés... Moi, c'est ma nouvelle famille qui m'a laissé le choix de mon nom, peu importe si je n'avais pas le même nom de famille qu'eux, alors j'ai simplement dit mon nom : Tokishi Sada.

▬ Si, mais je suis sûr que où ils se trouvent, ils vivent heureux, et ensemble j'espère.

Je fus victime des regards surpris de ma famille, qui pouvait bien se demander à qui je pouvais bien parler. Mais à travers toutes leurs questions, je pouvais apercevoir le regard satisfait du félin ténébreux. Je réussis à me libérer des blagues incessantes et ennuyantes de mon paternel pour fuir discrètement dans un coin plus tranquille du district, sur une plaine aux herbes fines dont le seul vent suffisait à les faire bouger, me donnant l'impression d'assister à une vague en suivant le mouvement de ces herbes. Je m'installais sur un rocher, observant la nature, d'un air serein... C'était ça aussi, ce que j'appréciais le plus : le calme, l'observation pure et simple, la méditation... Mais une ombre se dégageait à l'horizon, une ombre à la forme humaine. Qui pouvait bien approcher ?

Refermant les yeux, je repensais à cette douce et délicate prairie, paisible plaine aux herbes aussi fines que fraîches et agréables au toucher. Le soleil désormais haut dans le ciel donnait un ton chaleureux à cette peinture, tandis que moi installé sur le rocher donnait de l'humanité au tout. J'adorais de temps en temps comparer certains décors à une peinture, essayant de visualiser dans mon esprit ce que cela pourrait donner, les couleurs, le nombre de pinceaux approximatifs, le temps qu'on pourrait passer à faire cela... Je n'ai jamais moi-même été un tel artiste par le passé, n'ayant pas fait les études adéquates quand il le fallait, j'étais doué pour dessiner des petits sigles sur papier avec un crayon, mais rien de plus. C'est dans ce genre de réflexion qu'on se pose souvent la question - quand on était encore un être humain - qu'est-ce qu'aurait pu donner la vie si on avait fait un autre chemin ? Après tout, c'est bien mon travail d'enquêteur qui fit ma perte au bout de quelques années. Peut-être qui si j'avais pris un autre métier, comme par exemple étudiant en peinture, j'aurais pu vivre plus longtemps... Ou pas, rien ne pouvait exclure les risques d'un accident, pouvant survenir n'importe quand, comme un sanglant fauchage fait par une voiture, alors qu'on traverse la rue... Je pourrais aller plus loin dans ce genre d'histoire, car si cela se trouve si j'étais mort ainsi je me serais beaucoup baladé en temps que fantôme jusqu'à laisser mon trou dans la poitrine se former et finir par me transformer en Hollow. J'aurais dévoré des âmes spirituelles pour étancher ma soif de pouvoir, jusqu'à me former avec d'autres Hollows pour devenir un Gilian etc...

Tout était possible, sauf que dans mon cas, ma vie venait déjà d'être tracée, je ne pouvais plus parler du passé en avançant la théorie du « et si ». Je devais me réjouir de mon parcours, à vivre déjà plus de deux siècles en tout, en comptant ma vie d'humain. Je parais bien jeune pour ceux qui ont déjà un demi-millénaire à leurs comptes, mais je ne faisais pas trop attention. J'étais moi, et cela me suffisait amplement... Et bien, à peine je fermais les yeux dans un lieu de méditation que je me mettais déjà à réfléchir beaucoup sur tout ça, impressionnant non ? Moi, j'aimais bien. Se remettre en question, deviner le pourquoi du comment, pour finir par sourire en trouvant, qu'en faite, notre situation actuelle était pas plus mal... Bon, il y avait toujours les risques de la guerre contre d'autres factions, comme avec Aizen ou encore les Quincys, ou même contre les petits groupes qui formaient une rébellion comme les Fullbringers, mais au-delà de tout ça, même si on peut nous accuser d'être « figés » nous Shinigamis, nous savons juste apprécier cette vie qui nous a été accordée par nos prédécesseurs, rien de plus... Enfin, c'est ainsi que je le vois...

▬ C'est bien beau de réfléchir à tout cela... Mais tu n'oublierais pas le monsieur qui arrive ?

Arf... A peine je terminais que le chat revenait à la charge, cette fois-ci posé sur ma tête, m'observant avec ses grands yeux. Oui, cette fameuse ombre qui s'approchait, traversant tranquillement cette paisible plaine sans pour autant briser le fluide mouvement des herbes, donnant une touche de mystère à la peinture jusqu'à ce que le mystère vienne à moi, nos regards se croisant alors qu'il affichait un amical sourire.

▬ Tiens un confrère shinigami. Je m'appelle Takashi Oni, vice-capitaine de la 6e division, puis-je me joindre à toi. J'ai de quoi boire

Oh, un Vice-capitaine, ici ? Cela ne semblait pas banal, est-ce qu'aujourd'hui était une journée spéciale pour qu'un camarade du même rang que moi me rejoigne ? En me proposant de l'alcool en plus. J'avais entendu parler récemment du nouveau gradé de la 6ème Division, ayant été intégré au Gotei 13 à peine l'année dernière. Je le jaugeais du regard en m'affirmant qu'il semblait fort, aussi fort qu'un Vice-capitaine, ou peut-être se rapprochait-il du Capitaine ? Je ne savais pas vraiment... Je n'ai jamais été doué pour lire le Reiatsu des personnes en face, juste le mien... Cela me donne l'impression que c'est déjà un miracle que j'arrive à contrôler le mien, suis-je doué à autre chose que de frapper mes adversaires ?... Je sais en tout cas que je n'allais pas repousser sa proposition, lui rendant un sourire aussi aimable que le sien alors que je tendais ma main sur la place située juste à côté de moi, le rocher étant bien assez grand pour accueillir deux personnes.

▬ Bien sûr, installe-toi. C'est la meilleure place pour se détendre en appréciant la beauté de la nature. Je suis Tokishi Sada, nouveau Vice-capitaine de la 7ème Division. Je suppose que toi aussi tu as pris une journée de repos hahaha.

Je pouvais bien voir qu'il avait accumulé petit à petit fatigue et tension, probablement à cause du travail. Plus la rencontre durait, et plus je semblais découvrir des points communs avec ce garçon. Je me demandais comment aller évoluer la rencontre...

Au final, le nouveau venu acceptait à son tour ma proposition, en réponse à mon accord envers la sienne. Il s'installait à mes côtés, sur ce rocher relativement gros, afin d'observer ce paysage montrant bien l'un des bons côtés du Rukongai : calme, paix... Et riz, car c'est principalement dans les champs qu'on le plante afin de le collecter. Je pense que vivre plusieurs années dans un tel environnement m'a... Apaisé, apporté la sérénité... Je ne sais pas pour les autres, mais me souvenir de ma vie d'antan, et donc de ma mort offerte par mon ex-partenaire, n'a eu pour effet qu’accroire ma haine envers l'injustice de la vie et de cette mort si farouche. Travailler la terre, faire partie d'une communauté chaleureuse et accueillante, vivre un tout nouveau mode de vie... C'était vraiment apaisant, je ne peux trouver d'autre mot pouvant convenir à la situation. Mon cœur est plus léger à présent, beaucoup plus qu'auparavant où j'errais sur Terre en tant qu'esprit, à ressasser douloureusement ces moments de tristesse, de souffrance et de colère. Et pourtant, revoir ces herbes si fines et pourtant si vertes, dansant sous mes yeux au gré du vent, tandis que j'inspirais cet air si rafraîchissant, je sens toute ma mauvaise humeur et ma rancune disparaître rapidement, très rapidement, au point où j'arrive à oublier... Mais oublier quoi ? Certainement pas mon collègue assit juste à côté de moi.

Partageant la même vision que moi, il semblait appréciait la vue ainsi que l'ambiance qui s'en dégageait, tout comme moi. Apparemment il arrivait à décompresser, à évacuer le stress, cela se voyait dans sa façon de se tenir, à moitié droite mais graduée tout de même. Je souriais en voyant le pouvoir qu'avait la nature sur les hommes, sur Terre on dit qu'elle peut nous tuer à tout moment, que si on ne la surveille pas elle nous dévore entièrement, tel un lion choisissant de dévorer la biche insouciante. Pourtant, ici, elle avait le don de nous rassurer, de nous calmer, de nous offrir un hameau de paix entouré de riz venant des champs. Puis il vint à démarrer une conversation, affirmant sa joie de revoir un tel tableau, avant d'en venir à moi en me demandant combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai pu porter le sombre kimono. Je réfléchissais un instant, remarquant à quel point cela faisait un moment à présent... Nombreux sont ceux pouvant se vanter d'être des shinigamis depuis un demi-siècle, d'autres arrivent bien à se vanter de l'être depuis seulement trois jours. Moi, dans tout ça, je suis plus du genre à ne pas attacher d'importance au nombre d'année, mais à celui de mes souvenirs ainsi qu'au cheminement parcouru jusqu'à aujourd'hui. Enfin, je vais me contenter de répondre à la question avec autant de précision demander, à savoir donner un nombre d'années.

▬ Hmm... Et bien pour être franc, je n'ai pas vraiment compté, mais cela doit faire plus de 160 ans, au moins.

J'accentuais mes propos d'un léger haussement des épaules, non pas pour exprimer une quelconque lassitude, mais pour montrer que j'étais vraiment dans « l'a-peu-près ». Puis, je plongeais ma main à l'intérieur des poches intérieures de mon kimono pour saisir d'un léger sachet, le posant sur mes jambes positionnées en tailleur alors que je déballais le petit en-cas composé de quelques onigiris faits maison par ma mère. Lentement j'en prenais un entre me doigts pour le mâcher en sentant le riz succomber à mes morsures pour finalement devenir une bouchée succulente. Je finissais d'en déguster un que je présentais le second au Vice-capitaine d'à côté, sourire avec grain de riz sur les lèvres.

▬ Tu en veux ? Ils sont faits maison, bien sûr je ne dirais pas non contre un verre de saké.

▬ Echange de bons procédés.

Le vice-capitaine ne mit pas longtemps avant d'étanché ma soif en me présentant sa gourde remplie de saké. Par le biais d'une gorgée je sentais ma gorge se réchauffer pour au final ne plus être assoiffée, alors que je respectais la part de mon marché en lui offrant cette boulette de riz succulente, enfin de mon point de vue. Ma réponse à sa question ne semblait pas le surprendre ou le pousser à méchamment réfléchir pour se repérer chronologiquement dans l'espace-temps. Je reprenais une bouchée d'onigiris tandis qu'il prenait à son tour la parole, m'expliquant dans les grandes lignes son parcours ainsi que son point de vue sur les tendances des mondes qui nous entoure. C'est d'un regard neutre que je le regardais parler, du coin de l’œil, tandis que mon nez pointait toujours la nature face à nous. L'observant de profil, je l'écoutais attentivement, remarquant les mots qu'il utilisait pour décrire son propre passé. Alors pour lui ses deux derniers siècles étaient un fardeau dont ses épaules supportées depuis longtemps ? J'imagine que c'est une façon de voir le cheminement de notre vie, et celle après notre mort. Ce Takashi Oni devait avoir vécu pas mal de choses tristes pour souhaiter laisser son passé derrière lui, et je peux comprendre cela. Certains font cela pour échapper à la culpabilité d'un crime qu'ils auraient commis, d'autres pour effacer le poids de la mort d'un être cher. Peu importe les raisons, beaucoup de personnes voient ces gens comme des lâches, victimes de leur propre faiblesse, incapables de supporter ce qui leur arrive. Je ne peux pas vraiment me prononcer pour ma part, après tout j'ai vécu des choses que je ne pourrais jamais oublier, des cicatrices couvrent toujours mon cœur et mon esprit, mais ça ne m'empêche pas de vivre, d'aller de l'avant.

Au final, ai-je réellement besoin de moi aussi me laisser tenter par un nouveau départ ? Pas vraiment, je suis sur le bon chemin je suppose. Je gardais en tête ce que disait le vice-capitaine à propos des guerres, préférant ne pas me prononcer là-dessus. Non pas que j'étais contre son point de vue ou autre, plus qu'il faudrait une journée entière pour que je puisse débattre sur un tel sujet, ce dont je n'ai malheureusement pas à cause de l'après-midi qui commençait à se pointer. Le soleil avait dépassé son zénith, bien qu'il continuait de toujours taper aussi fort sur cette paisible plaine, dont la douce brise était le coeur battant la faisant mouvoir. Je sentais ma tête chauffer à force de laisser les rayons m'illuminer les cheveux, on dit que le noir attirait le soleil, c'est on-ne-peut-plus le cas. Je balançais de droite à gauche ma tête avant de regarder de nouveau Oni, qui m'adressait un sourire en complimentant les boulettes de riz faits par ma mère. Je souriais amicalement avant de lever les yeux au ciel, mes mèches rebelles se plaçant sur mon visage, cachant sa partie supérieure.

▬ Je ne peux imaginer ce que tu as pu traverser durant ces deux derniers siècles, mais je comprends ton point de vue. Pendant des millénaires les shinigamis se sont battus contre les partisans du chaos, entre les dévoreurs d'âmes et ceux qui sont des fruits du déséquilibres...

Je prenais une légère pause en soupirant légèrement, tournant la tête vers le vice-capitaine en lui adressant un regard aussi sévère que sérieux, avec lequel j'appuyais de nouvelles paroles :

▬ Si tu veux savoir, j'ai le même objectif que le tien : me battre pour préserver cette paix, aussi éphémère puisse-t-elle être. Mais si on me le proposait, et si j'avais la force nécessaire, je me battrais pour détruire ce qui menace notre monde, définitivement...

▬ Nii-san !!! Père te cherches depuis le déjeuner !

Aïe, pas de chance pour moi, à peine je prenais un peu de repos que le monde du travail me rattrapait, et ce n'était même pas mon travail officiel. Je pouvais voir un peu plus loin ma petite soeur adoptive courir par ici, agitant le bras pour bien que je la vois. Difficile de la rater, elle est tellement mignonne quand elle est comme ça. Souriante et enjouée, toujours en activité. De ses cheveux longs châtains, ses yeux d'un cyan aussi brillant que le mien. Elle me donnait l'impression de faire face à une version jeune de Tsuki, feu ma femme. Je lui faisais signe de la main en souriant, montrant que je l'avais vu avant de me relever et de gober le dernier onigiri, sautant du rocher pour poser pieds à terre, avant de me tourner vers Takashi Oni.

▬ Bon, le travail des champs m'appelle, j'espère qu'on se reverra dans des conditions aussi bonnes. Passe une bonne journée de repos.

Je rangeais dans mon kimono le petit sachet m'ayant servi à transporter mon petit en-cas et je rejoignais ma petite soeur en tapotant sa tête, allant dans la direction inverse du rocher, où Oni se trouvait encore. Allez, c'est pas tout ça mais j'ai du travail qui m'attend.

Sommes-nous le résultat temporaire de tous nos échecs, jusqu'à ce que nous faisions une autre erreur, ou bien le reflet de nos nouvelles résolutions pour notre avenir ? Un peu des deux, je suppose. L'être humain n'est pas parfait, et nous qui sommes des shinigamis ne pouvons nous avancer à dire que nous valons mieux que les hommes. Tout ce qui est vivant possède une pensée qui le guide, qui guide son corps et dont ses sentiments font qu'il existe bel et bien. Si les êtres vivants étaient des machines, ils ne feraient aucune erreur, à moins qu'ils aient un problème dans leur conception. Cependant, les hommes n'ont pas besoin de ce genre de problème, ils sont eux-mêmes incomplets de part leurs actions, leurs motivations, les divergences qui les poussent à se battre entre eux. A cela il suffit d'ajouter la notion de race, et donc de laisser couler les préjugés... Toutes ces choses sont compliquées, longues à décrire, et à chaque fois que l'on tente d'expliquer une morale, on a l'impression d'arriver à rien, puisqu'à la minute d'après les gens en face ont beaucoup de chances de faire l'inverse de ce que l'on dit. Enfin bon, tout le monde n'est pas pareil, et je ne suis pas d'humeur à vouloir faire la morale à qui que ce soit, et surtout pas en pensant du Vice-capitaine de la 6ème Division. Puisque bon, je ne connais pas tous les détails de son histoire, et il y a des chances qu'il ait vraiment souffert dans son passé, d'où le fait que je puisse comprendre qu'il le considère comme un fardeau. On essaye tous de combler de vieilles cicatrices profondément ancrées en nous, que même la médecine ne puisse soigner, ni par l'intervention d'un psychologue se promettant de nous aider. C'est comme ça, on n'y peut rien... A force de parler, l'envie de fumer surmontait le devoir de marcher, restant un instant sur place pour saisir mon paquet et placer une cigarette entre mes lèvres.

Je prenais une allumette pour commencer à l'allumer, la protégeant du vent pour pas qu'elle ne s'éteigne. Je penchais légèrement la tête vers le sol pour rapprocher le bout de la cigarette de la flamme, jusqu'à ce que je remarque une ombre s'épaissir de plus en plus, à grande vitesse. Une ombre comme ça, en plein milieu d'une plaine, c'était pas normal, et en écartant l'idée que cela puisse être Oni, parce que je ne vois absolument pas pourquoi cela puisse être lui, je n'hésitais pas à me retourner pour voir ce qui se profilait. Je pouvais voir avec surprise un hollow à peine plus grand que moi, bondissant dans ma direction, avec pour but de viser ma petite soeur vu son élan. Serrant fermement le poing, j'étais prêt à bondir sur sa trajectoire pour l'empêcher d'atteindre sa cible, mais j'aperçus Oni au loin le saisir grâce à un fouet composé de reiatsu, sûrement grâce à Kido. Je n'ai pas cherché à analyser le pourquoi du comment il a fait ça, dans l'immédiat je pensais uniquement à protéger ma petite soeur, et pour cela il fallait passer par l'exécution rapide et directe de cet hollow.

▬ Ferme les yeux !!

J'avais crié sur elle afin qu'elle ne puisse pas assister à cela, je ne voulais pas qu'elle fasse de cauchemar ou garde une peur au plus profond de son coeur, aujourd'hui c'était mon jour de repos, et donc l'occasion pour elle de me revoir toute une journée, jamais je ne laisserais quelque chose comme ce mauvais esprit gâcher ce moment. Une fois son hurlement de douleur passé, et ses pieds retombés au sol, je me précipitais vers lui en armant mon poing droit, le pliant de sorte à voir ma main caresser presque ma joue, puis je frappais directement dans le masque de la bête, le brisant avec ma simple force physique. Son cri d'agonie avait de quoi faire peur à plus d'un, mais pas à moi. Ce n'était pas le premier hollow qui mourrait de ma main, lorsqu'on a travaillé pendant plus d'un siècle au sein d'une Division, avec pour mission de traquer les plus dangereux, on se forge une habitude. Qu'elle soit pratique ou non. Au moins, ça ne m'a pas ralentis pour tuer l'ennemi. Je retirais ma main couverte de son sang noir, l'observant un instant avec une désagréable nostalgie, que je balayais d'un secouement de la tête. Je ramassais la cigarette tombée au milieu des herbes pour la remettre au niveau de mes lèvres. J'observais Oni qui était toujours un peu plus loin, hochant la tête.

▬ Merci Oni, si tu n'avais pas été là, cela ne se serait pas aussi bien passé. J'ai une dette envers toi.

Mon regard franc et sérieux exprimait le poids de mes mots, montrant que je ne disais pas cela à la légère. J'allumais finalement ma cigarette en lui souriant avant de me tourner vers ma petite soeur, toujours un peu effrayée par ce qu'il s'est passée, mais que je rassurais en cachant ma main couverte de sang et en lui indiquant qu'il était temps de rentrer, d'un signe de l'autre main.

▬ On se reverra, Vice-capitaine Takashi.

Je reprenais le chemin vers le village, affichant un regard plus sombre, en pensant à quel point j'ai pu être inutile. S'il n'avait pas été là, je n'aurais peut-être pas pu frapper à temps, et elle aurait peut-être été blessée, par mon incompétence... J'écrasais ma cigarette entre mes doigts, me brûlant légèrement, telle une auto-punition que je me forçais à m'infliger. Cette leçon d'insouciance, je ne l'oublierais pas...

Citation :

Désolé pour le retard de cette réponse, vraiment ^^' Mais j'ai pris plaisir à faire ce rp en ta compagnie !