Une balade matinale, sous les rayons tièdes de notre chère étoile. Dans ma tête, j’imaginais des photons avec des visages, tout chauds, du moins pas trop, en lançant des « Ouaaais ! » à l’idée de venir sur terre. En même temps, ça se comprend. Après des millions d’années de voyage du saint soleil jusqu’à la sainte planète, voir qu’on arrive à destination est une chose merveilleuse.

La température ambiante avait vite gagné quelques degrés, le soleil s’étant excité tout d’un coup. Ca commençait à bien se faire sentir. Tout le monde sait ce qui vient après une augmentation de la température comme ça : la déshydratation. Je commençais à avoir soif, et au fur et à mesure que la grande aiguille des horloges avançait avec le même « tic tac » répétitif, je me desséchais davantage. Prochaine étape : achat d’une bouteille d’eau.

Je suis ensuite rentrée à la onzième. Des bruits familiers à proximité m’ont suggéré l’idée d’aller jeter un coup d’œil. C’était le Vice-Capitaine Karlson qui supervisait un entrainement avec d’autres Shinigamis d’ici. Bruits familiers ? Les lames qui s’entrechoquent, les bruits de plaintes, les corps qui se frottent au sol, vous savez… la routine.

« Pardon… »

Je me faufilais entre la masse de gens qui circulait dans le couloir afin d’atteindre la porte qui menait au caprice de ma curiosité. J’ai donc poussé la porte qui donnait vue sur le spectacle.

« Oui, bonjour. Bonjour. Bonne journée à toi aussi. Et toi aussi. A vous. Oui merci. »

C’est bien, je commençais à me faire connaitre et respecter dans cette division. C’est violent au début, faut avoir un mental d’acier pour rester dans cette division sans péter un câble ! Alala… Bon, où en étais-je ? Ah. Et puis je suis allée m’assoir en regardant. J’en profitais pour analyser les mouvements de chacun, histoire d’apprendre, d’un œil extérieur, quelques petites techniques de combats utiles, des mouvements pratiques, etc. Ca ne sera jamais mieux que si j’étais en plein dans le combat, mais on fait avec, et ça reste cool d’y prêter un peu attention.

C’était carrément mignon de voir des gens, la peau sur les os, confrontés à ce gros tas de muscles qu’était Krow. Ca me faisait particulièrement rire, mais j’étais quand même mal placée pour parler. Un entrainement avec lui paraitrait ridicule vu la différence de taille. Une quasi-naine insignifiante physiquement contre un mastodonte imposant. Peut-être qu’en s’entrainant ensemble, il aurait cette image. Heureusement que ma grosse épée compense ma petite taille.

Le temps défilait. En fait, je ne suis pas du tout le genre de fille à rester concentrée sur quelque chose dans laquelle je n’agis pas. Ce type de situation ne m’arrangeait pas au final. Je me pensais capable de regarder un entrainement jusqu’à la fin, mais je me suis trompée. L’erreur est humaine, mais elle est aussi Shinigami parfois.

Somnolence. Ca devait être marrant à regarder : moi, assise en tailleur dans un coin, la tête qui se balance en avant.

Et si je vous faisais part de mes rêves colorés ? On pourrait parfois se demander si je ne consomme pas des substances légèrement psychotropes sur les bords. En fait, là, sur le coup, l’ambiance n’avait pas de couleur unique, c’était toutes les couleurs à la fois, un spectre d’absorption carrément, sans les petites bandelettes noires des radiations absorbées. Petite minute scientifique. Bref, fallait que j’atteigne le chaudron magique, qui n’était pas au bout d’un arc-en-ciel mais au bout d’une route interminable de fleurs roses, de poussins jaunes, de terre verte, d’eau bleue, de ciel orange et que sais-je encore, je ne m’en rappelle pas aussi bien que quand je rêvais, mais le principal est là.

A un moment, j’étais arrivée à une sorte de zone qu’il fallait absolument que je traverse, qui était découpée en petits carrés de différentes couleurs, et chaque couleur avait un effet random sur toi. Le bleu te faisait faire un bond haut comme la Tour Eiffel, le vert c’était l’inverse, il te faisait descendre, le violet ne faisait rien, le jaune te faisait reculer, le rouge avancer et orange c’était l’aléa total.

« Il me faut du rouge… », avais-je dit dans mon sommeil.

Et là je me suis rendue compte dans mon rêve que je pouvais trichouiller un petit peu histoire d’y aller plus vite et éviter les carreaux pièges. Donc c’est ce que j’ai fait, mais au bout d’un moment, je suis tombée face à l’esprit du grand arbre géant de mon rêve. Il n’était pas content que je triche de cette manière. Le grand châtiment allait s’abattre sur moi. Et là en fait, je crois qu’on m’a brutalement réveillé.

Effectivement, y a eu un bruit assez significatif. Une pierre venait de loger à près de dix centimètres de mon visage et a même construit des ramifications sur le mur.

« Je savais pas, Grand Arbre ! Je savais pas ! »

Puis j’ai regardé en face de moi et en fait, il n’y avait pas de grand arbre. Il n’y avait que Krow, mon Vice-Capitaine que j’étais venue voir à la base avant que Morphée ne fasse une crise de jalousie. Après j’ai regardé autour de nous deux, et les autres Shinigamis se foutaient de ma gueule. En même temps, gueuler ce que j’avais gueulé, y avait de quoi se moquer.

« J’ai rien dit. »

J’me suis faite toute petite pour la honte que je venais de me taper en attendant toutefois ce pourquoi le Lieutenant Karlson m’avait sortie de mon rêve si… coloré. Ca a pas tardé à arriver.

« Troisième siège, j'me trompe ? Moi c'est Krow, le vice cap. Si tu veux te joindre à nous, hésite pas. On y va assez fort, mais en tant que troisième siège, tu dois pouvoir suivre le rythme, j'me trompe ? »

Ca ne m’apprenait pas grand-chose en fait. Il était normal pour moi de connaitre mes supérieurs.

« Bien évidemment. J’en ai pas l’air mais j’ai de la force, du skill et tout ! dis-je en montrant mes petits muscles. Par contre, je préfèrerai me joindre à vous une autre fois, me demandez pas pourquoi, c’est juste parfois t’as envie parfois t’as pas envie. »

J’étais beaucoup trop naturelle, comment est-ce que je faisais ? C’est mon supérieur, je devrais lui parler de manière un peu plus diplomate que ça, mais non moi je lui montre mes muscles. Boah, tant pis, il s’y fera. Une troisième siège, ça a des caprices aussi, faut pas croire.

« Ca vous tenterais pas plutôt d’aller discuter autour d’un verre, il me semble que je n’ai pas eu l’occasion de parler au Vice-Capitaine. Allez, pleurez pas, vous reviendrez les torturer demain, ou tout à l’heure, ou peut-être même que c’est moi la prochaine que vous torturerez ! Petit détail important, je peux vous tutoyer ? Parce que c’est insupportable de dire « vous » à chaque fois. »

Wouaaah, j’allais rentrer dans le bureau du Lieutenant. Trop cool. Ca faisait formel et tout. Ca me faisait tout aussi bizarre d’obéir à quelqu’un, mais là c’était un supérieur, pas le choix, mais ça me dérangeait pas, il avait l’air de valoir le coup qu’on lui obéisse. C’est ça, les types qui ont la gueule représentative de leur symbole, en l’occurrence ici la onzième. Si lui était comme ça, je me demandais comment était le Capitaine en vrai. Je n’avais jamais eu l’occasion de bien le visualiser, celui-là.

L’état de son bureau faisait tout pour ne pas me dépayser. Il me semble tout de même que ma demeure à moi slash bureau slash tout ce qui va avec soit tout de même moins désastreuse que ce qui s’offrait à mes yeux en ce moment. C’est bien, de trouver un certain confort dans ce genre de chaos. Ca montre bien qu’on peut être à l’aise partout, et surtout dans les extrêmes.

Le verre de Saké en main, je le dégustais lentement histoire d’y prendre plaisir pendant que Krow me faisait son speech présentatif de la division, chose qui me faisait bien rire, la manière dont il explique les choses est plutôt sympa. Par contre, il y avait bien un truc qu’il avait dit qui m’a valu de me retenir de briser son verre par terre. Pour qui il me prenait ? Venir le voir si j’ai des ennuis ? Non mais puis quoi encore ? J’avais l’air si ridicule que ça ? Il faut dire que oui, mais voilà quoi. Et puis, justement, avec une silhouette et une taille pareilles, j’étais tout de même parvenue à me hisser au rang de troisième siège de la onzième division, si ça ne voulait pas dire quelque chose ? Je pouvais tous leur faire manger le manche de mon Zanpakuto.

Heureusement qu’il s’était rattrapé, quand même. Je ne suis pas une fillette. Enfin si, mais non, je n’en suis pas une. Il verra bien que je suis plus qu’à la hauteur quand on se battra.

« En fait, je ne sais pas trop. C’était histoire d’avoir une conversation formelle, avec un type plus haut gradé, c’est un peu comme ça que ça se passe partout, des discussions entre supérieur et larbin au début histoire d’annoncer la couleur, ou alors je suis juste mal renseignée. »

C’est peut-être juste moi qui me suis imaginée des choses et qu’en fait, c’était juste une personne comme les autres, avec un peu plus de fibres musculaires plus développées les unes les autres avec quoi il se sert pour retourner la population.

« Sinon, j’ai changé d’avis. Eh ouais, ça arrive, comme je t’ai dit tout à l’heure, soit t’as envie, soit t’as pas envie, bah là soit tu changes d’avis soit tu changes pas. Donc si tu permets, on peut aller durcir la face de fils à papa de ces mauviettes à peine arrivées à la onzième. Ils seront obligés à un moment ou à un autre de constater par leurs propres yeux, et par leurs propres muscles, le changement radical entre académie et onzième. »

J'espérais tout de même ne pas passer pour la peste de service. Super, l'image que je donnais pour une première impression. Mais ils ont tous intérêt à supporter mon caractère de merde, parce que ça va tout le temps être comme ça. La dernière gorgée du verre qu’il m’avait servi quelques minutes plus tôt atteignant enfin mon estomac, je me levai, motivée à cogner. C’est limite si je ne courrais pas dans le couloir pour arriver à la salle d’entrainement. En tout cas, je marchais plutôt vite, sans me soucier si Krow me suivait ou pas. Boah, après tout, c’était une offre plutôt alléchante que je venais de lui faire : continuer l’entrainement que je lui avais fait arrêter. Je sortis donc mon Zanpakuto.

« Allez les enfants, venez vous battre ! »

Non, il ne parlait pas sérieux tout de même ? Quelle enflure… Me passer sa putain de paperasse ? A MOI ? J’avais un grand sourire extérieurement, mais à l’intérieur, je l’avais déjà démuni de tous ses muscles à coups d’entailles à l’aide des feuilles qu’il venait de poser juste devant moi. Et puis pourquoi il fait pas faire ça à quelqu’un de plus bas dans l’échelle des classes ? Pas que je sois pour les inégalités sociales, mais moi aussi j’aime bien profiter des avantages que mon titre de troisième siège offre. Boah, tant pis, je ferais ça à mon tour aussi.

« Et si je le fais pas il se passe quoi ? Pas que j’affirme que je ne le ferais pas, mon très cher petit Lieutenant qui va calmer ses muscles tout de suite parce que j’ai pas fini ma phrase… »

Qui rêvait de se recevoir une raclée tout droit venue de chez Krow ? Les masochistes baissez les mains, vous ne comptez pas.

« … disons plutôt que je ne garantis pas du tout le fait que je le fasse en entier, en temps et en heure, comme tu dis. Pas que ça à foutre. J’accepte déjà gentiment de faire ton boulot et celui du Capitaine… pardon, de t’AIDER dans ton boulot, telle une personne formidablement géniale que je suis. »

En même temps, il me donnait le choix entre accepter et accepter. J’ai bien fait de choisir accepter du coup. Mais je ne suis pas du genre à me replier et à dire « OUI CHEF TOUT DE SUITE CHEF », ça s’appelle de la soumission, et j’étais loin d’être soumise. La fierté avant tout, suivie de l’épée puis de la bouffe et du dodo.

J’avais speedé pour arriver à la salle d’entraînement. Par contre, Krow avait trop tardé. Dix secondes que je m’impatientais. Il avait divisé les Shinigamis en deux groupes, un qui devait m’attaquer, et l’autre qui devait attaquer Krow. En fait, c’était pas le groupe qui a attaqué Krow au final, mais Krow qui a attaqué le groupe. Je me suis accroupie en le regardant les entrainer, en oubliant un peu le petit groupe qu’on m’avait assigné. De toutes les manières, ça n’avait pas duré bien longtemps pour les voir tous à terre.

Puis j’ai tourné la tête histoire de faire la même chose, et j’ai vu un mec arriver vers moi à l’improviste. Wopopo il s’est cru tout permis lui ? J’esquivai donc à la dernière minute. Les autres se sont rués vers moi aussi. Intelligent, une attaque de groupe contre une petite naine – attention pléonasme – c’est censé être efficace. Bah en fait non. Leurs attaques étaient trop prévisibles, du coup j’esquivais sans problèmes. En plus c’était facile vu ma taille, je me faufilais dès qu’il y en avait l’opportunité. Assez souvent.

Du coup ça les énervait, donc ils s’acharnaient, moi je leur filais sous la lame, et ils finissaient par se fatiguer, manquer de souffle, être plus lents qu’ils ne l’étaient déjà. Trois d’entre eux n’en pouvaient plus. Ca fait de l’effectif en moins. Et c’est là que j’ai sorti mon Zanpakuto.

« Allez, on s’active ! Vous êtes trop lents ! »

J’avais vite fait bien fait d’en mettre deux à terre rien qu’à l’aide de mon manche. Y en a deux autres qui ont voulu faire une attaque combinée. Je me suis baissée, histoire d’être encore plus minuscule que ce que j’étais et je les ai repoussés, côté non coupant de ma lame. J’me suis ensuite ruée vers un mec, il a essayé de me choper dans mon élan mais j’ai vite fait bien fait de sauter pour me retrouver sur sa tête. J’ai balancé mon fourreau sur un autre gars. Là par contre, je me suis fait avoir. Mon trône m’a prise par les pieds et m’a lancée.

« JE VOLE ! »

Il y avait un mec qui était dans ma trajectoire. Toujours avec le manche, on est rentrés en collision, et ça a amorti ma chute. Enfin, il restait celui qui était à l’origine de mon vol plané. Hop, Shunpo devant lui, le manche dans le ventre.

« Bon les gars c’était très moyen, vous êtes trop prévisibles. Soyez plus intelligent, on bourrine, okay, mais intelligemment ! Et surtout, ne jamais sous-estimer l’adversaire. »

Je suis partie récupérer mon fourreau égaré lors de mon petit lancer de fléchettes, où j’ai par la suite rangé mon Zanpakuto.