« Impressionnant ces mages de sang hein ? »

Une voix familière à l'Ardent, celle de l'âme de son zanpakutô, Shitsuren, admirative.

« « Inquiétant » me viendrait plutôt à l'esprit... »

Ça, c'était celle d'Haiko, plus mesuré dans ses propos. Cela faisait bientôt une heure qu'il communiait avec son sabre, par terre, adossé à son lit d'hôpital. A chaque fois que l'Ardent recourait au pouvoir de son trancheur d'âme à son plein potentiel, il s'obligeait à ces introspections dans son monde intérieur. Cela constituait en quelque sorte un moyen de garder le contact avec sa moitié spirituelle et de débriefer sur un ton plus léger. Et puis, il pouvait aussi se permettre de décompresser sans que personne ne vienne le déranger. Pour cette méditation, le cadre n'aidait pas vraiment, mais avec de la concentration et un soupçon de contrôle de soi, la chose devenait possible. Pour cela, il avait dû faire principalement abstraction des bruits de couloirs et de tout les autres sons parasites, grincement de plancher, le chant des oiseaux, même le bruit du vent dans les feuillages à l’extérieure. Seule sa mesure respiratoire et la focalisation sur les battements de son cœur permettaient au shinigami d'ouvrir la porte de son monde.

En cette fin de matinée, Haiko venait de conclure sa « séance » quotidienne, écoutant les conseils et les frivolités de sa comparse spirituelle. De son propre constat, il avait eu assez de temps pour faire le tour de la question concernant sa dernière mission. Depuis son retour de Karakura, il y a de ça un moment, il n'avait pas revu les membres composant la deuxième escouade envoyée sur place. Ce qui constituait la seule zone d'ombre dans son rapport. Le bretteur espérait qu'ils aient eu plus de chance que lui. Il n'avait pas véritablement envie d'attendre la prochaine réunion de crise pour voir son ami Shu. Une rencontre informelle serait plus appréciable. Enfin bref, ceci étant, il ne parvenait pas vraiment à se souvenir depuis combien de temps il récupérait de ses blessures dans les quartiers de la quatrième. Sans avoir la possibilité de sortir, le temps pouvait paraître long. Heureusement, le jeune homme avait souvent de la compagnie. Des membres de sa division le plus souvent, pour la plupart heureux de le savoir de retour. L'Ardent apprit d'ailleurs la nomination d'un nouveau vice-capitaine. Une rencontre devrait sans doute s'officialiser d'ici peu.

Ainsi, Haiko passait ses journées dans cette petite pièce sobre et bien aérée, irradiée par les rayons du soleil bientôt au zénith. Même s'ils ne se remarquaient pas au premier coup d’œil sous son shihakuchô, deux grands bandages masquaient les plaies les plus importantes qu'il avait subi lors de l'affrontement contre les renégats. Le premier strap lui entourait le genoux gauche en remontant à sa cuisse sur trente centimètres. Le second lui cerclait le torse en diagonale depuis son épaule gauche. Il y a peu, le capitaine avait encore un peu de mal à se mouvoir, mais sa convalescence se passait bien. Ouvrant enfin les yeux, l'air calme, reposé, le bretteur leva la tête en admirant la vue de sa fenêtre grande ouverte. Un vent frais lui berçait la chevelure à ses tempes. Se relevant avec précaution, il reposa son arme contre son lit. C'est à ce moment là que son attention se porta sur la silhouette à l'entrée de sa chambre d'hôpital... Lui apportait-on déjà son repas ?