Le temps qui passe.

Les dégâts de son manque de nourriture sur sa peau, la surface poreuse semblant s'effriter sous les nombreux passages incessant de ses mains. Ses ongles arrachés et brisés comme son désir de prendre la vie d'innocents et d'enfants, détruire des familles ne l'avait-elle pas suffisamment fait auparavant? Combien de vies détruites et de traces de drames pour qu'elle continue à vivre? Elle d'ailleurs revenait toujours parmi ses nombreuses interrogations, sa langue siffla et attrapa à l'autre bout de la pièce une boite de conserve avant de l'expédier d'un mouvement propre et simple dans sa bouche. Le métal se brisa et se mélangea à ce qui semblait être des aliments et des féculents?

Elle porta une main à sa bouche se sentant défaillir, quelque chose était bloqué en travers de sa gorge et elle allait sans aucun doute déglutir plus ou moins proprement ou vomir son repas. Des illusions elle vivait dans son propre monde insignifiante au changement que les époques subissaient, la fillette était en dehors des changements et des passages d'une révolution à l'autre. Les nouveautés? Elle apprenait à s'en servir à chaque fois qu'elle subissait les souvenirs et la vie de l'enfant qu'elle tuait. Un supplice qu'elle ne voulait plus s'infliger, un pacte avec le diable voilà ce dont elle se souvenait.

L'immortalité valait-elle vraiment tout ce qu'endurait l'enfant? La réponse lui sautait au visage, évidente et limpide et pourtant elle se résignait et ne lançant pas de place à ses journées pour de véritables réflexions elle se contentait d'attendre la nuit pour réfléchir sans se pencher véritablement sur le problème et laissait ses tourments intérieurs prendre le contrôle sur son frêle corps dont le besoin de nutriments était désormais plus que nécessaire.

Elle sortit avec son cartable que ses doigts tenait faiblement et son ours contre elle au plus près de son cœur. En avait-elle seulement un? Elle n'entendait jamais les battements de ce dernier, son organe ne faisait apparition qu'uniquement lorsqu'elle cueillait au plus près des ses victimes leurs essences vitales. Alors oui lors de ces cas il battait comme une machine sortant de ses chaines et se brisant du girons de son maitre, il tambourinait semblant ne plus s'arrêter pour s'éclipser une fois ce moment passé.

Elle errait dans les rues comme à son habitude sans se rendre compte qu'on la suivait, une voiture dont les malfrats redoutaient le contact visuel. Des policiers, et à cette heure ci c'était la brigade nocturne et avec les derniers évènements ils n'étaient plus tendres et leurs mains faisaient des allez retours plus que rapides entre leurs pétards dans leurs étuis et leurs cigarettes sur lesquels ils tiraient comme des pompiers.

Elle n'entendit leurs appels et le son si particulier à ces voitures que trop tard, elle courut une nouvelles fois. Elle fuyait vers l'avant sans regarder derrière elle. Elle fuyait car c'était tout ce dont elle était certaines de faire sans perdre le contrôle de son corps.

Elle percuta un passant, plutôt une passante et instinctivement elle leva ses yeux vers elle, ne s'attardant que peu sur le physique et le caractère de cette inconnue. La petite fille serra la main de l'étrangère avec force laissant sa paume rencontrée la glaciale poigne de la femme.

Au loin un hurlement que les chasseurs reconnaitraient facilement et puis plus près d'eux les policiers sortant de leurs voitures pour demander des réponses à la gamine et la fantomatique figure qu'elle avait rencontrée.

Et puis toujours dans sa main disponible tandis que le cartable avait chuté à terre dès qu'elle avait heurté l'inconnue, son ours en peluche qui semblait catalyser son pouvoir. Ses boutons constituant ses yeux brillèrent faiblement.

L'apparence est parfois trompeuse? A qui le dites vous!