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 Kuragari Asuna [Terminé]

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Kuragari Asuna
Kuragari Asuna [Terminé] Shi-shi
Kuragari Asuna
Rang : Capitaine-Commandant

Messages : 677
MessageSujet: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeJeu 7 Mar - 21:57

Nom du personnage

Âge : Une cinquantaine d'années en réalité, environ vingt cinq ans physiquement.
Race : Shinigami.
Siège demandé : Pour le rang militaire, le plus bas. Concernant le niveau de puissance, celui que vous jugez approprié pour la qualité de ma fiche.

Description de votre personnage :

La première chose qui se distingue chez Asuna n’est pas un trait physique, ni une couleur d’yeux particulière ou encore une teinte capillaire détonante. Ce qu’on note en la voyant, seul jugement sur lequel la plupart des gens s’arrêtent, c’est cette attitude de fadeur extrême. Asuna n’a pas la charismatique attitude de nonchalance feinte que beaucoup aiment à posséder. Non, la jeune femme est plate, sans relief, d’une langueur molle déprimante. Quand elle daigne enfin agir, elle déploie une mauvaise volonté palpable, presque traîne-t-elle les pieds en maugréant. La tête souvent ployée vers l’avant, le regard perdu dans le vide, la jeune femme est facilement mise de coté par le total désintérêt qu’elle fait naître chez les gens.

En soi, Asuna n’est pas laide. Ses cheveux d’un joli blond s’entremêlent en cascades dorées jusqu’à ses épaules ; son visage ovoïdale à la mâchoire bien marquée pourrait être pour le moins agréable s’il s’animait de temps à autre d’une expression humaine. Ses yeux de couleur vert tirant sur le cyan détoneraient au milieu du tableau, hélas leur regard est aussi expressif que celui de billes de verre et ne traduit rien si ce n’est un vague ennui.

Pas bien grande non plus, Asuna s’étire difficilement vers les cents soixante huit centimètres. De stature fluette, elle se déplace pourtant avec lourdeur et maladresse ce qui la rend d’autant moins attrayante.

Bref, Asuna est une femme qu’on voit à peine en la croisant et qu’on oublie aussitôt après l’avoir dépassée.

Description de votre Shikai (et bankai le cas échéant):

À l’état scellé, le Zanpakutô est aussi neutre que l’est sa propriétaire. Katana doté d’un simple manche grisâtre, il ne possède pas le moindre tsuba, ainsi la lame est-elle le prolongement directe de la garde, sans la moindre délimitation évidente entre les deux. Le fourreau est à l’image du reste, d’un gris sombre également, il n’est décoré d’aucun ornement ou de fioriture décorative.

« Dépèce, Taigun no Sobame » (Dame des nuées)

Rarissimes sont les fois où Asuna daigne prononcer ces mots. À ce jour, seuls quelques hollows mineurs ont eu l’occasion d’assister au déferlement de démence de la Dame des nuées. Pour la Soul Society, la jeune femme ne possède même pas le niveau requis pour maîtriser le Shikaï.

Dès l’instant où le Zanpakutô s’éveille, un filet de sang se matérialise depuis la garde et coule jusqu’à l’extrémité de la lame en défiant toute gravité s’il le faut. De la pointe naît une peau liquide de carmin qui recouvre alors la katana dans son entier. Des tumeurs purulentes croissent ci et là sur le Zanpakutô ; d’entre les doigts d’Asura ruissellent les débordements sanguinolents de cette horreur faite lame.

Ce sang produit par l’arme est la source de son pouvoir. Il s’épanche en continu dans un torrent carmin et crée des flaques sombres ou des projections au fil des déplacements d’Asuna. De ces dernières émergent des bras blafards aux ongles abimés qui fouettent l’air à la recherche de proies à broyer. Un bras isolé n’est pas un danger, bien qu’il soit capable d’une forte poigne, mais que dire de plusieurs dizaines de bras qui pétrissent la chair aussi sûrement que de la glaise ? Le nombre est leur force, et il va sans cesse croissant au fur et à mesure que se prolonge le combat.

« Incurve, Akai sekai no zentei » (Vestibule du Monde Rouge)

Le monde d’Asuna est un enfer de distorsions, d’air empoisonné, de cris flasques et de choses cachées. C’est un lieu où se tapissent les peurs dans les coins sombres, où les grattements crissent sur le bois et où au loin, on perçoit les glapissements humides de l’entité qui l’habite.
Le Bankaï d’Asuna est terrifiant puisqu’il permet à cette dimension démentielle de faire une incursion dans la réalité. Sur une zone parfaitement circulaire d’une cinquantaine de mètres, le sol et les murs se recouvrent de rouille et de sang coagulé tandis que la lumière décline dans un grondement jusqu’à ce que le ciel ne soit plus que nuit. S’il est possible de continuer de voir distinctement autour de soi, la vision s’arrête à cinq mètres comme si les ombres la rendaient brutalement aveugle une fois cette distance franchie. Des bruits métalliques et sourds au loin parachèvent ce tableau né du fondement de l’horreur.

Le pouvoir du Bankaï se base à l’instar du Shikaï sur le sang, duquel naissent les bras blafards. Etant donné que celui-ci recouvre à présent toute la zone, les bras peuvent se matérialiser de n’importe quelle surface, de dessous les pieds de l’adversaire ou depuis les ombres, portant leurs assauts pour se rétracter immédiatement ensuite. S’ils forment l’aspect offensif du Bankaï, il faut également prendre en compte la peur primaire qu’inspire la mise en scène du Monde Rouge.


Histoire :

La fin

À l’aboutissement de toute chose, il y a l’Ombre. Un puits noir et vorace dont les profondeurs sont engorgées d’existences parvenues à leur terme. Parmi les ombres mouvantes qui composent ce trou sans fond, il y a Rose. Elle tombe dans le manteau de nuit et ne peut rien faire pour freiner sa chute. Ses cheveux blonds ondulent sur son visage pâle, animés par le vent glacial qui siffle à ses oreilles, qui paraissent prendre vie comme pour l’étrangler. Rose ignore comment elle s’est retrouvée dans ce lieu à la limite de la conscience humaine. Elle s’est égarée dans cet empire nocturne trop vaste, trop immense pour qu’elle puisse en mesurer toute l’infinité. Aucune lumière ne l’accompagne dans ce dédale, et c’est sans force qu’elle est attirée vers l’abime. Elle est vulnérable face à cette démence qui l’engloutit, elle se sait étrangère à cet univers, et à l’autre aussi, là d’où elle vient. Ce rappel de ses origines la tire brutalement de sa torpeur. Cet ailleurs qui n’est pas fait que d’obscurité, cet ailleurs est encore à portée, il lui suffirait juste de tendre la main pour l’effleurer. Le gouffre ténébreux tremble sur ses fondements, frissonnant à l’idée de laisser s’échapper cette nouvelle occupante. Mais Rose n’a que faire des angoisses de la gueule d’ombre et c’est avec un cri triomphant qu’elle lève les bras vers un ciel invisible. Une palpitation soudaine la traverse, premier élan d’une vie renaissante allant en s’intensifiant. Rose hurle dans le silence terrifiant qui l’accompagne et le son de sa voix résonne comme les premiers braillements d’un nouveau né. Elle se met à rire ; dans le même instant une douce lueur l’enveloppe et la nimbe d’un voile nacré. Elle sourit, forte de cette toute nouvelle vigueur, et prend une profonde inspiration. Une vitalité tremblante s’infiltre dans ses muscles, sa chair et toute son âme. Rose ouvre les yeux.

Elle ne reconnaît pas la chambre dans laquelle elle se trouve. Elle est d’ailleurs allongée à même le sol de celle-ci et ne se souvient pas non plus de comment elle a pu finir dans une telle position. Elle regarde autour d’elle, un éclat d’incompréhension dans le regard. Les murs couleur crème et dépossédés de toute décoration lui font un effet désagréable. Quant au plafond il est blanc et de celui-ci pend une ampoule mise à nue dont la lumière vacille, sur le point de s’éteindre. Un nœud d’angoisse commence à se former au creux de son ventre, une appréhension sourde et diffuse, le sentiment d’être sur le point de découvrir un horrible spectacle commence tout juste à naître. Elle tente de se relever mais son corps ne lui obéit pas. Ses membres sont raides, sa tête est lourde et une migraine douloureuse lui malaxe le cerveau. Elle a mal, elle se sent dans un état lamentable et elle ignore pourquoi. Ne pas savoir ce qui lui arrive l’effraie bien plus que tout le reste. Elle tente une nouvelle fois de bouger mais en vain et face au piètre résultat de ses efforts, sa peur grandit encore. Ses yeux s’agitent en tout sens et cherchent dans la pièce quelque chose pouvant mettre fin à son cauchemar. Ils s’attardent sur les parois, le plafond, glissent sans la voir sur une fenêtre d’où filtre un mince rai de lumière, puis soudain son errance visuelle prend fin. À sa droite se trouve un lit, elle voit les pieds du meuble ainsi que les draps qui pendent misérablement dans le vide. Ces derniers sont sales, la crasse semble s’être incrustée dans le tissu. Et au dessus du lit, à la limite de son champ de vision, la jeune fille perçoit des choses qui s’agitent. Elles sont petites et volent en tout sens, comparables à de petites tâches d’obscurité animées. Elles ne font aucun bruit et cette absence de bourdonnement les rend d’autant plus inquiétantes. L’une d’entre elles quitte alors la nuée et vient se poser près de la femme alanguie au sol. Celle-ci la suit des yeux, inquiète de voir cette horreur minuscule s’approcher d’elle. Mais un éclat d’acier détourne son attention, son regard se dirige vers l’un des pieds de lit et à travers l’obscurité, elle voit la gueule béante d’un revolver pointé sur elle. Le canon du pistolet est encore fumant et une odeur de poudre s’en dégage. La respiration de la jeune femme, au lieu de s’accélérer à la vue d’un tel objet, se calme comme si Rose venait de trouver du réconfort dans cette découverte. C’est le cas car la mémoire lui revient ; en y réfléchissant bien, il n’y a de quoi s’inquiéter.
Elle se nomme Rose et sait que tout ira bien désormais. La chambre ne lui parait plus du tout inquiétante, les mouches qui volettent autour du cadavre dans le lit ne l’effraient plus et mieux encore, la douleur dans son crâne s’efface au fil des secondes. Sa respiration se fait plus légère, à la limite de l’imperceptible, tellement silencieuse qu’on la croit morte pendant quelques instants. Seuls ses yeux témoignent du fait qu’elle est encore en vie. C’est alors qu’une tâche pourpre se forme sous sa tête, salissant à la fois la moquette et ses cheveux. La flaque devient rapidement lac, puis mer et enfin océan. Le sol de la chambre en est entièrement recouvert en quelques secondes et Rose donne l’impression de flotter au milieu de vagues rougeoyantes. De l’embrun sanguinolent vient se déposer sur son visage, rehaussant la pâleur de sa peau, mais indifférente, Rose ne l’essuie pas. Son regard est rivé vers le plafond et il n’en bouge pas. Ses yeux ont cessé tout mouvement et ses prunelles ne brillent plus d’aucun éclat.

Un filet de sang apparaît à la commissure de ses lèvres et coule délicatement le long de sa joue. La mince ligne vermeille croît et se transforme en torrent qui vient s’abattre sur la moquette dans une immense cataracte. Rose expire son dernier souffle en même temps que le sang afflue dans sa bouche. Elle se noie de l’intérieur, sa gorge remplie du liquide carmin, elle se noie et pourtant n’a pas peur. Elle se sait mourir et ne craint pas ce qui l’attend ensuite, que ce soit le vide ou autre chose. Après quelques derniers spasmes, son corps s’immobilise et il presque sûr alors qu’elle est bel et bien morte, entre ces quatre murs nus, à coté du cadavre de sa pauvre mère. Pourtant son esprit flotte encore, brouillard invisible à l’œil nu, et traverse le reste de l’appartement. Il ne s’attarde que peu parmi les couloirs et les pièces désolées, ne cherchant qu’à fuir les ruines de sa vie passée. Mais au moment de franchir l’entrée principale et donc de quitter cet enfer poussiéreux, quelque chose retient l’âme. Un poids qui se pose sur ses épaules et qui ne veut plus la quitter, lui ôtant par la même tout espoir de fuite. Ce sont ses souvenirs qui la lient à la terre et ne lui permettent pas de trouver la paix. L’esprit de Rose se détourne de la porte d’entrée et fait volte face, devant elle s’étend le hall vide. Son corps fantomatique lévite sans un bruit et menace de disparaître à tout instant sous l’effet de quelque courant d’air. Pourtant il ne perd pas sa cohésion à un seul instant et ressemble davantage à une photographie ancienne de la jeune femme qu’à un être d’outre tombe. Mais sa nature de spectre ne fait aucun doute et son regard apathique souligne cette absence d’énergie vitale. Soudain Rose avise un portrait accroché à l’un des murs impersonnels du couloir, elle se voit bien plus jeune qu’aujourd’hui, souriante aux cotés de sa mère qui la serre tendrement dans ses bras. Elles donnent l’impression d’être heureuses toutes les deux, mais seule l’une d’entre elles ressent pleinement le bonheur éprouvé, l’autre ne fait que semblant et parodie une humanité qu’elle n’a jamais eu. Un délicat sourire se forme sur le visage éthéré de Rose, comme si au final sa condition d’esprit ne l’effrayait plus vraiment. La vue du portrait n’a pour elle pas plus de portée qu’une bonne plaisanterie et c’est seulement maintenant qu’elle se rend compte de toute l’ironie qu’il s’en dégage. Elle se souvient de ce jour là, où l’ombre rodait déjà.

7 Avril 1990

Rose sourit aux cotés de sa mère tandis que le photographe peaufina les derniers réglages de son appareil. Rose sourit, non pas parce qu’elle en eut la moindre envie ni même pour faire plaisir à la femme à ses cotés, mais parce que la situation l’exigeait. Elle devait donner aux gens l’image d’une fille gentille, candide et un peu bêtasse, ce pourquoi elle plaquait quotidiennement sur son visage un sourire enjoué simulant ainsi une innocence qu’elle n’avait définitivement pas. Autant qu’elle s’en souvenait, cette comédie durait depuis sa plus tendre enfance et jamais personne ne l’avait soupçonnée, à aucun moment, d’être une étrangère au milieu des êtres humains. Elle pouvait rire, chanter, simuler un quelconque attachement à ceux qui l’entouraient, mais à chaque fois elle jouait son rôle. Les gens n’aimaient pas l’incompréhensible, tout ce qu’ils ne comprenaient pas les effrayait, or qu’était donc Rose si ce n’est une sorte d’inconnu terrifiant pour tout être civilisé qui faisait passer l’émotion avant la raison ? Elle était un intellect pur, capable de conceptualiser les sentiments d’un humain de base et de les reproduire mais jamais de les comprendre et de les ressentir. Et sa survie dépendait principalement de son talent à contrefaire ces affects sensibles, la mettant ainsi hors de portée de tout soupçon. Aussi lorsque sa mère s’arrêta devant la boutique d’un photographe, trépignant sur place en proposant à sa fille de réaliser un portrait d’elles, Rose avait sourit et mimait l’engouement de passer un moment si fort aux cotés de sa génitrice. Tandis que sa mère quitta la voiture, Rose leva les yeux au ciel, priant pour que quelqu’un lui épargne une telle corvée. On ne l’entendit pas.
Le déclic de l’appareil retentit et marqua ainsi la fin du supplice de Rose. Son sourire s’effaça et Rose reprit l’air de neutralité sereine qu’on lui connaissait. Sa mère, Sarah Sullivan, une belle femme malgré ses cinquante trois ans, se rua sur le photographe, déterminée à voir la première ce portrait qui décorerait son appartement deux années durant. Rose fit semblant de partager sa joie et remercia chaleureusement l’homme qui avait immortalisé l’amour réciproque d’une mère et de sa fille. Rose ne crut pas un mot de ce qu’elle disait.

Quelques instants plus tard, les deux femmes sortirent de la boutique et rejoignirent leur véhicule. Le coffre de la voiture était chargé de provisions et il était désormais temps pour elles de rentrer. Le moteur vrombit et le tacot se mit en route. Rose posa son front contre la vitre, comme elle avait pour habitude de faire, et regarda le paysage défiler. Comme à chaque fois, elle s’interrogea sur la raison de son existence et sur son inaptitude à ressentir des émotions. Oh, elle ne se lamentait pas sur son sort, au contraire, elle l’analysait comme un problème de mathématiques, cherchant la réponse logique à ses interrogations. Elle les analysait sous tous les angles méthodiquement, opérant ainsi une sorte de dissection intellectuelle. Et comme à chaque fois, Rose ne trouva aucun aboutissement à ses réflexions. Elle se détourna de la fenêtre et dévisagea sa mère qui conduisait. Celle-ci dû sentir son regard car elle quitta la route des yeux quelques instants et lui sourit. Rose lui rendit son sourire. Elle ne comprenait pas cette femme. Elle ne comprenait pas le lien qui les unissait en dehors du fait qu’elle lui avait donné la vie. Pourquoi cette femme lui montrait un tel attachement ? Pourquoi s’occupait-elle de Rose sans rien attendre en retour ? Cette relation n’avait aucun sens pour la jeune fille. Qu’avaient-elles de commun au fond ? Cette chevelure blonde et ces yeux verts ? N’était-ce pas risible de partager ces uniques traits physiques avec sa propre mère ? La vérité était qu’elles ne se ressemblaient pas et ne se ressembleraient jamais.
Le bruit des pneus freinant sur le bitume coupa court au fil de ses pensées.
Elles étaient chez elles. Par « chez elles », il fallait entendre un petit appartement minable niché au cœur d’un immeuble décrépi. Le bâtiment avait subi son lot de vandalismes et sa splendeur d’autrefois n’était plus. Ses murs tagués ne permettaient pas de deviner leur couleur d’origine, l’état lamentable des canalisations donnaient lieu à de nombreuses inondations, quant à l’électricité, elle était régulièrement coupée. Et de surcroît, l’ascenseur était en panne depuis trois ans déjà. Autant dire que le confort était des plus médiocres pour les locataires de l’immeuble. Rose descendit du véhicule et en fit le tour pour aider sa mère à décharger les provisions. Elle attrapa plusieurs sacs, tous remplis à ras bord de boites de conserves achetées à bas prix, puis se mit en route vers le hall de l’immeuble, laissant derrière elle sa mère se charger à son tour. Lorsque Rose parvint à l’entrée du bâtiment, tout aussi minable que le reste, elle ne fut que peu surprise de constater la présence d’Emile Buggler, le concierge de l’immeuble. Buggler était un homme de quarante cinq ans et qui ressemblait davantage à un vieil épouvantail qu’à un être humain. Fait qui aurait dérangé de nombreuses femmes, Buggler épiait tous les allées et venues de Rose ; chaque fois qu’elle sortait ou entrait, il se postait à la porte pour la regarder passer. L’intérêt qu’il manifestait pour elle était d’autant plus visible de par la bosse qui se formait entre ses cuisses quand il la voyait. Rose savait quelles étaient les attentes de Buggler, et l’idée d’y accéder ne la rechignait pas outre mesure si cela pouvait lui apporter. Mais Buggler n’était pas utile, il n’était ni riche, ni beau et devait être également un piètre amant. Bien sûr, la satisfaction qu’elle pourrait ressentir à le manipuler, à briser ses espérances unes à unes ou dans le culte charnel qu’il lui vouerait, cette satisfaction serait bien réelle mais elle s’en lasserait rapidement, et il n’y avait rien de plus difficile que de se débarrasser d’un parasite dont on ne voulait plus. Elle passa à coté de lui sans même le regarder, sentant peser sur ses épaules son regard lubrique et vicieux. Rose était indifférente mais pas idiote. Elle se doutait qu’un jour les pulsions de Buggler prendraient le pas sur la raison, et qu’il passerait à l’acte. Mais tant qu’il se contentait de baver sur elle, l’esprit bouillonnant de fantasmes inavouables, il ne représentait pas un danger, à peine une distraction. Rose quitta le hall et commença à gravir les marches. L’appartement était au dernier étage et se trainer jusqu’à là haut était toujours exténuant, surtout lorsque l’on avait les bras chargés de courses. Rose peina tout au long de son ascension, et les pauses qu’elle prit à chaque pallier gravit ne l’empêchèrent pas d’être considérablement essoufflée une fois arrivée. Elle posa les sacs à ses pieds et déverrouilla la porte de l’appartement à l’aide des clés qu’elle avait sorti au préalable d’une de ses poches.
Puis il y eut un cri à l’étage du dessous suivit d’un bruit sourd et de tintements métalliques. Rose s’interrompit dans son geste et baissa les yeux vers le sol, comme cherchant à transpercer du regard le parquet pour voir la source du fracas. Il ne se passa plus rien pendant quelques secondes, le temps donnant l’impression de s’être figé, puis le silence se brisa lorsque des gémissements s’élevèrent. Rose écarquilla les yeux lorsqu’elle reconnut la voix de sa mère. Qu’avait-elle donc fait pour en être réduit à pousser ces couinements d’animal blessé ? Rose ramassa les sacs et les entreposa dans l’entrée de l’appartement avant de ressortir. De nouveau sur le pallier elle verrouilla la porte, sans donner l’impression de se presser, tandis que sa mère gémissait en contre bas. Enfin la jeune femme se décida à descendre, davantage motivée par la curiosité que par une réelle nécessité. Mais Rose n’avait pas pris pleinement conscience de la gravité de la situation. Et lorsqu’elle vit le corps brisé de sa mère sur les marches, son cou formant un angle bizarre, Rose trembla. Pas par tristesse, mais par crainte, sa mère faisait partie de son univers, elle en était le pilier ; sans elle, son monde s’effondrait. Rose s’agenouilla à ses cotés et la regarda, les tripes nouées par l’angoisse. Malgré la douleur, Sarah Sullivan restait belle. Elle la contempla ainsi, abandonnée sur cet escalier à la manière d’une poupée disloquée. Rose ne dit mot, pas même pour la rassurer. Parler n’aurait servi à rien dans un tel moment si ce n’est masquer la souffrance. Alors plutôt que parler, Rose hurla comme jamais elle n’avait hurlé de sa vie, les murs vibrèrent et le bâtiment tout entier résonna de son affliction.

Le diagnostic tomba quelques jours plus tard. Sarah ne pourrait plus jamais marcher ni même faire quoi que ce soit par elle-même. Elle resterait dans cet état catatonique jusqu’à la fin de ses jours, comparable à une marionnette dont on aurait coupé les fils. Les yeux de Rose étaient secs d’avoir trop pleuré. La jeune femme avait fondu en larmes auprès des urgentistes, ceux qui les avaient découvertes sa mère et elle dans l’escalier. Elle avait sangloté auprès des médecins, avant et après qu’on lui ait annoncé la nouvelle, et dans le hall agité de l’hôpital, elle continuait de pleurer. Une infirmière lui apporta un verre d’eau et murmura des paroles réconfortantes. Mais elle ne put rester, appelée par la charge de travail qui était la sienne, et elle laissa Rose seule, reniflante. Cette dernière se moucha et prit une inspiration difficile. Tout au long de ses derniers jours, ses nerfs avaient été éprouvés, non pas par le sort de sa mère mais par le fait qu’il s’agissait du rôle de sa vie. Son talent de comédienne avait été mis à contribution à son plein potentiel. Elle avait dû imiter la fille bouleversée durant de nombreuses heures et la fatigue devenait palpable. Comme avant une représentation, lorsque l’on tenait le premier rôle et que l’attente du public reposait sur nos seules épaules, Rose avait ressenti une boule d’angoisse dans ses entrailles qui ne l’avait toujours pas quittée. La crainte de faillir au milieu de la scène, oublier son texte, perdre le naturel de ses gestes et de son jeu, cette terreur sourde l’obnubilait chaque nuit. La jeune femme devait faire un choix. Soit elle laissait sa mère ici, et donc devait se plier au rôle qui lui incombait à chacune de ses visites à l’hôpital. Soit elle se sacrifiait pour sa mère et la ramenait chez elles, en mettant de coté ses études pour se consacrer entièrement à Sarah. Les deux solutions lui déplaisaient fortement.
La jeune femme baissa la tête, contemplant ses pieds. Les gens allaient et venaient autour d’elle, sans lui prêter la moindre attention. Elle réfléchissait. Que devait-elle faire ? Qu’est-ce qui serait le plus viable pour elle ? Venir chaque jour se lamenter au chevet de sa mère jusqu’à ce que celle-ci meure, ou s’en occuper à l’appartement où elle pourrait être enfin elle-même, loin du regard de tous. Rose fronça les sourcils. Pourquoi donc cette idiote était-elle tombée dans ce foutu escalier ? Pourquoi s’était elle brisée la colonne vertébrale ? Pourquoi ne pourrait-elle plus jamais remarcher ?
Pourquoi le seul rempart entre Rose et le monde extérieur s’était-il écroulé ?
Pourquoi sa mère avait failli ?
La jeune femme n’avait pas fait preuve d’assez d’amour ? Ou bien quelqu’un la punissait pour ce qu’elle était réellement, un monstre insensible qui ne se souciait de rien ?
Rose se remit à sangloter, seule sur son banc au milieu du hall. Ses pleurs d’abord étouffés devinrent de plus en plus audibles et quelques personnes se tournèrent vers elle. Elle les haïssait, tous. Ils avaient pitié d’elle et cela lui était insupportable. Rose serra les poings puis se tut.

*

Il lui fallut bien se décider. Choisir ce que serait son quotidien, son futur et sa vie toute entière. Elle le fit de mauvaise grâce mais la nécessité l’exigeait. Elle n’abandonnerait pas sa mère. Elle ne la laisserait pas seule, ici sur ce lit blanc, désossée et sans vie, sans personne à qui parler. Elle avait fait son choix. Elle ignorait si ce dernier serait le meilleur à court ou long terme. Ce que Rose savait en revanche, c’est que de toutes les décisions qu’elle avait eu à prendre au court de sa vie, celle-ci était sans doute l’une des plus importantes.
Il ne s’agissait pas seulement de son existence.
Mais aussi de celle de sa mère.
Son amour.
Son bien-être.
Sa survie.
Rose n’avait pas besoin que sa mère puisse lui parler ou l’entendre. Rose n’avait pas la nécessité d’avoir à ses cotés un autre être pensant.
Rose avait en revanche besoin du concept de la maternité. Il lui fallait un support, un pilier indestructible, un cocon d’affection qui lui permettrait de continuer à faire semblant. Que sa mère ne fût plus qu’un corps amorphe, cela importait peu à Rose.

La jeune femme se sentait bien mieux à présent.

Intermède

Un mois s’était écoulé. Un mois de ce qui pour Rose s’apparentait le plus à l’idée du bonheur. Les jours se suivaient et se ressemblaient, et pourtant, Rose était heureuse. Sarah était rentrée chez elle, et désormais, sa fille s’occupait d’elle plus qu’elle ne l’avait vraiment fait de son vivant. Elle l’habillait, la lavait, la nourrissait et lui lisait à haute voix des contes le soir venu, pour l’aider un peu à alléger son chagrin de ne plus pouvoir bouger.
Sarah ne doutait pas de l’amour de sa fille. Mais la folie l’emporterait peut-être bientôt sur son affection, et dans sa lucidité démente, alors verrait-elle sans doute le vrai visage de son enfant.
Se rendrait-elle alors compte que, tandis qu’elle gisait sur un lit, sa fille à coté, exultait de joie ?
Les Sullivan vivaient désormais sur la pension d’invalidité de Sarah. D’une certaine façon, leurs finances n’avaient jamais été si bonnes, et Rose en était la principale favorisée. Car Sarah n’avait plus l’usage de l’argent. Elle ne l’aurait plus jamais.
Pourtant Rose n’était pas ce genre de femmes à se satisfaire de ce qu’elle avait sans rien donner en retour. Se consacrer à sa mère signifiait se donner entièrement. De fait, elle avait abandonné ses études (qui de toute manière ne l’avaient jamais intéressée, comme bien d’autres choses). Elle ne sortait plus et avait coupé les liens fictifs qu’elle entretenait avec ses « amis ». Mais sa solitude ne lui pesait pas. Le silence qui planait dans les pièces vides, parfois ponctué par sa propre respiration ou celle, plus difficile, de sa mère ; tout ceci lui apportait une telle intensité émotionnelle que Rose ne savait trop comment gérer cette joie nouvellement acquise.
Son esprit, par quelque mécanisme trouble, avait pourtant trouvé le moyen de canaliser cette forme de félicité.

Rose était heureuse, car elle avait cet air là en tête.
Elle ne se souvenait pas de l’avoir entendu à la radio ou à la télé, ni même au détour de l’allée d’un supermarché. Mais il était là, dans son esprit, et résonnait à toute heure du jour et de la nuit. Bien que la jeune femme n’ait jamais eu une quelconque affinité avec la musique, elle devait bien admettre que ce morceau là lui plaisait. Il était différent de tous ceux qu’elle avait pu entendre auparavant. Il l’habitait, littéralement. Il la faisait danser, comme un cavalier le soir d’un bal de promo, avec fougue et fureur, rage contrôlée et jamais menaçante, empreinte d’une certaine douceur érotique. Chaque note la faisait vibrer, chaque accord faisait trembler son corps d’une énergie sans cesse renouvelée. Un amant n’aurait jamais su l’animer ainsi, cette poupée de porcelaine au visage de marbre.
Rose était heureuse.
Dès lors que Rose avait terminé de s’occuper de sa mère, elle fermait la porte de la chambre et s’abandonnait toute entière à la musique. Son monde s’était reconstruit depuis le retour de Sarah, il était légèrement différent de l’ancien, mais si peu au final. Ce qui l’animait surtout, au-delà du morceau, c’était de ne plus à avoir besoin de faire semblant. Personne ne pouvait la voir telle qu’elle était en vérité, même pas sa mère puisque la porte était close.
Plus jamais Rose n’aurait à faire semblant d’être heureuse.
Plus jamais elle rirait alors qu’elle n’en avait pas envie.
Elle pouvait être elle, une fleur enfin éclot après un trop long hiver, un diamant brut et brillant, sans fioriture ni ornement.
Rose dansait, ici et là, lorsque le besoin lui en prenait. Elle rythmait ses pas, elle agitait ses hanches et ballotait sa tête sur l’air spectral, marionnette démente et complètement décalée au milieu de ces pièces vides. Lorsqu’elle faisait la vaisselle, Rose ne pouvait s’empêcher de taper du pied. Dans le salon, elle tournoyait sur elle-même, en souriant, d’un sourire vrai. Et dans sa chambre, face à son miroir, elle riait. Ses yeux autrefois vides et figés sur le néant, devenaient durant ces instants, deux perles brillantes et vivaces. Son vide intérieur, elle le sentait comme chassé. Elle ne pouvait se l’expliquer, même en y réfléchissant pendant de longues heures. Mais tout ce que la jeune femme désirait finalement fut que tout cela dure le plus longtemps possible.
Elle voulait continuer de se sentir en vie, et non plus étrangère au milieu des autres. Elle désirait ardemment, être en émoi face à un chaton écrasé, devant le cercueil ouvert d’un proche ou encore, plus innocemment, pleurer devant un film romantique, comme n’importe quelle fille de son âge le ferait. Rose avait à peine vingt trois ans, et pourtant elle était bien plus vieille que la plupart des gens. Elle était lassée du monde et de tout ce que celui-ci pouvait lui offrir.
Sauf cette musique qui était comme l’écho lointain d’une humanité refoulée. Pour la première fois, elle se sentait transcendée par quelque chose, comme si du bout du doigt, elle avait touché une toute autre dimension.

*

« L’Homme sans arme se dressait face à la meute grondante de loups affamés. Tout en crocs et en griffes, la meute était venue de derrière l’horizon pour satisfaire son vorace appétit, et elle ne repartirait qu’une fois rassasiée. L’Homme était seul, face à plus de mille individus, et pourtant, il n’avait pas peur. Il était égoïste, mauvais mais surtout fier. La meute s’était aventurée sur son domaine et il ne pouvait tolérer pareille chose.
Alors il s’avança vers le troupeau monstrueux, les poings serrés, les yeux froids et féroces, et son masque de glace fit reculer instinctivement les loups. Les bêtes ne s’étaient jamais soumises, et pourtant, c’est ce qu’elles firent face à l’Homme. Elles s’écartèrent, craintives, et formèrent un cercle gémissant autour de lui. Au fond de leur cœur régnait une émotion très semblable à la terreur. Soudain de la meute surgit un loup plus gros et plus fort que tous les autres. Sa gueule pourrait sans mal happer l’Homme dans son entier, pourtant le fauve ne fit aucun mouvement hostile à l’égard de ce dernier. Le monstre huma l’air, souffla, puis redressa son museau, son regard vermeille se fichant tout droit dans celui de l’humain.

Le loup parla et tels furent ses mots :


Nous Grondants ne fléchiront pas,
Nous sommes fils du Crépuscule et il n’y a nul obstacle que nous n’avons su
Franchir.
Nous te briserons si tu ne t'écartes.


L’Homme ne répondit pas. Il se contenta de dévisager le loup, scrutant les traits hargneux de la bête, comme cherchant à déceler une faiblesse dans ses expressions de canidé. Au bout de quelques instants, il lui répondit sur un même ton, rigide et sans usage :

Loup, toi qui foule la terre, le faciès dans la poussière,
Penses-tu pouvoir seulement m’atteindre alors que tu n’es pas capable
De marcher sur tes deux pattes ?

Et l’Homme se dressa, vulnérable et pourtant puissant, fragile mais titanesque. La bête, tout comme ses congénères, ne put étouffer cette peur sourde étreignant son âme.
Son corps disparu dans les ombres et la meute toute entière s’en fut, repartant derrière l’horizon, là où le monde n’était que fosses gigantesques, brûlantes Géhennes, où s’entassaient les carcasses d’astres disparus.
»

Rose referma le livre qu’elle tenait. Assise sur un petit tabouret, tenant fermement l’ouvrage, la jeune femme contempla sa mère. Alanguie dans le lit, le visage rivé au plafond et le corps dissimulé au milieu de draps éclatants, Sarah restait belle et ce malgré la souffrance qu’il se lisait au fond des yeux. Rose n’avait pas même conscience de cette souffrance, et si elle lisait chaque soir le livre favori de sa mère, c’était plus par devoir que par réelle sentimentalisme. Sa mère autrefois, lui lisait des contes et sa voix douce berçait Rose jusqu’à ce qu’elle trouve enfin le sommeil. Petite fille, elle n’avait jamais eu à subir les affres des cauchemars effrayants et autres terreurs nocturnes. Plus jeune, elle ne craignait ni le monstre sous son lit ni la sorcière dans son placard. La peur, contrairement aux loups, n’avait jamais régné en son cœur. Peut-être était-ce cela qui la rendait si différente.
La fille se pencha sur le visage de sa mère et lui embrassa le front. Sans tendresse ni amour, et pourtant elle l’avait fait gratuitement, sans rien attendre en retour. Rien ne l’avait obligée, et pourtant elle l’avait fait, comme si autre chose que l’amour ou la tendresse l’animait. Et cette chose, qu’elle qu’en fut l’origine, lui tenait lieu d’humanité.

Des jours passèrent, ou plutôt des années, construites autour du même schéma, du même quotidien. Rose, chaque matin se levait puis préparait le déjeuner pour sa mère et elle, ensuite de quoi la jeune femme flânait dans l’appartement, appréciant le silence qui y régnait. Vers onze heures, elle sortait faire les courses et revenait généralement à treize heures. Puis de nouveau se retrouvait derrière les fourneaux et passait ensuite tout le reste de l’après midi à fixer les murs ou à lire. Ses soirées n’étaient guère plus passionnantes, et pourtant elles convenaient généralement à la jeune femme. Le lendemain, la même routine.
Elle suivit ce mode de vie durant quelques temps, celui-ci la rassurait et donnait une structure, un cheminement à son univers. Seule chose dont elle avait réellement besoin au final. Malgré l’accident de sa mère et cette déboussolante perte de repères, Rosie avait su reconstruire une certaine stabilité dans sa vie, et cela l’emplissait d’un bonheur certain. Mais ce fut sans compter l’arrivée des insectes.
Des mouches, très peu nombreuses au départ, mais dont la présence s’intensifia au fil des journées. Rose n’y prit pas garde les premiers jours, après tout il n’était pas rare qu’une ou deux mouches parviennent à s’introduire dans l’appartement. Lorsque des nuées commencèrent à se former, le problème devint bien plus urgent. Qui sait quel genre d’infections ces gros bourdons pouvaient transporter avec leurs affreuses pattes poilues ? Rose fut prompt à réagir, elle installa dans la maison plusieurs pièges, sorte de papier collant descendant du plafond dans lequel venait s’empêtrer les insectes, et partit ensuite en croisade contre la horde bourdonnante, armée de sa fidèle tapette à mouches. Mais malgré tous les efforts déployés, la nuée ne partit jamais et chaque matin, de nouvelles recrues venaient s’ajouter au groupe. Au bout d’un temps, Rose se lassa de cette guerre, et finit même par s’habituer à ce bruit incessant de la meute frémissante, et comme aux premiers jours, elle cessa d’y prêter attention. Elle croyait encore que rien ne pouvait la détourner de la route qu’elle s’était tracée. À tort.

Les mouches étaient davantage présentes dans la chambre de sa chère mère. Et lorsque Rose lisait, sa voix s’éclipsait derrière le son sourd de cohorte d’insectes. Le chaos vrombissant ne la gênait aucunement, ni sa mère visiblement qui ne bougeait pas même lorsqu’un des diptères venait à s’introduire dans l’une de ses narines. Habituellement, Rose chassait l’insecte avant de reprendre sa lecture.

« Loup, toi qui foule la terre, le faciès dans la poussière,
Penses-tu pouvoir seulement m’atteindre alors que tu n’es pas capable
De marcher sur tes deux pattes ?
»

« Et toi Maman, quand donc seras-tu de nouveau capable de marcher sur tes deux pattes ? »

Sarah de toute sa beauté immobile ne répondit pas. Rose ne s’en formula pas, habituée au mutisme de sa mère, et acheva son rituel par un baiser sur le front de sa mère. Sous ses lèvres, la peau de Sarah avait la texture du vieux parchemin ; il s’en dégageait une froideur étrange, étrangère. La jeune femme n’en tint pas compte. Elle se redressa, chassa mollement l’une des mouches et remit le livre à sa place. Sur un dernier regard, Rose quitta la chambre.

Plus tard, il courut des rumeurs désagréables dans l’immeuble. Un fumet empoisonné se serait abattu sur l’édifice ; chaque couloir sentait le marécage, chaque mur était infecté par l’odeur ; Rose n’en crut rien. Elle ne sentait aucune odeur. Pourtant, c’est vers la jeune femme que les habitants décidèrent de se tourner. L’air nauséabond viendrait de chez elle, disait-on. Rose protesta, un peu, mais comprenant que tout ceci ne se basait que sur des on-dit, elle n’insista pas plus. Elle comprit que cette mascarade s’effondrerait elle-même, le temps venu.
L’odeur, si Rose cessa de s’en soucier, ne fut toutefois pas l’unique problème. Buggler se montra plus entreprenant que d’habitude ; pareille à un charognard guidé par les vapeurs alléchantes d’une carcasse, il tenta par plusieurs fois de l’inviter chez lui « pour lui changer les idées ». Rose l’éconduit les premières fois mais finit par céder, lasse. Elle avait eu raison. Buggler faisait un piètre amant.
Les attitudes des autres habitants de l’immeuble changèrent aussi. Autant était-elle habituée à l’étalage grossier des désirs de Buggler, autant elle n’avait jamais été confrontée à ce que lui réservaient ses voisins des étages inférieurs. Ils la fuyaient, littéralement. Rose voyait les portes claquer à son approche, certaines de ses voisines qui avaient dépassé l’âge retrouvaient soudainement une vigueur surprenante pour détaler au loin. Malgré elle, Rose devint le croque-mort de l’immeuble, celui dont les pas chassaient les vivants pour annoncer la venue des morts.
La quantité de mouches dans l’appartement avait elle aussi empirée. S’étant concentrés principalement dans la chambre de Sarah, les insectes avaient pourtant trouvé le moyen de se répandre dans les autres pièces. Dès lors, Rose dû prendre garde à ce qu’il ne resta plus aucun aliment à l’air libre sous peine de le découvrir quelques heures plus tard gonflé de la ponte grouillante des insectes. Seule la chambre de la jeune femme était épargnée. La nuit, elle entendait vrombir toutes ces ailles minuscules derrière sa porte. Autant de prières bourdonnantes pour entrer, auxquelles Rose ne répondit pas.
L’invasion grandit de jour en jour, si bien qu’aux dernières heures du crépuscule de sa première vie, Rose ne pouvait faire un pas hors de sa chambre sans se couvrir la bouche des mains, au risque de gober l’un des insectes. Evoluant dans les nuées, elle se rendit jusqu’à la chambre de Sarah. La pièce était un océan agité, pulsant aux rythmes du battement collectif de la horde volante. Rose franchit le seuil de la porte et vit sa mère sur le lit, toujours étendue, toujours immobile, indifférente au pandémonium qui s’agitait sur son corps. Sa fille l’appela, Sarah ne répondit pas, Rose appela encore, nulle réponse en retour. Le regard de la jeune femme se voilà, brutalement recouvert par un vernis de compréhension. Elle vit, sans fard, ce que son esprit lui avait caché jusque là. Sa mère recouverte par les mouches, le visage déformé par des semaines de putréfaction. Sa peau agitée, gondolée, boursouflée par endroit par la ponte. Dans ses veines grouillaient déjà des milliers d’œufs ; ses orbites n’étaient plus qu’un gouffre de vers agités par la faim ; sa bouche vomissait d’âpres fétidités, ultime baiser du tombeau. Rose resta pantoise devant le spectacle ineffable de sa mère morte, dévorée par la putréfaction et la vermine. Ses mains tremblèrent, légèrement. Elle prit conscience de ce que cela signifiait.
Qu’il ne lui restait plus rien.

Elle s’avança vers le lit, et fixa de plus près encore la sordide vérité. Rose s’assit sur le matelas, ses yeux plus brillants que d’habitude ; du bout des doigts elle effleura la main flétrie de sa mère. La jeune femme resta ainsi deux heures durant, parfaitement immobile, ne se souciant plus des mouches et du bruit. Ses pensées n’étaient que pour sa mère.
Elle se leva, finalement. Froidement, avec le pas des gens prêts à en finir, elle ouvrit un des placards à la gauche du lit et le fouilla. Son investigation achevée, elle fit volte face, tenant contre son cœur un pistolet. L’arme avait appartenu à son père, autrefois. Le dernier souvenir du parfait salopard qu’il avait été : une gueule crachant la mort aussi sûrement que lui avait craché sur l’intégrité. Peut-être que Rose tenait davantage de lui que Sarah, une question qu’elle s’était déjà posée. À présent, il était trop tard pour y répondre. Le néant écrirait la suite.
Le canon de l’arme s’écrasa sur sa tempe ; Rose tira sans la moindre hésitation.

*

Le corps spectral de Rose se troubla sous l’afflux de souvenirs. Elle se détourna de la photographie, songeuse. Ses pensées s’interrompirent, coupées par une douleur brutale au niveau de sa poitrine ; sa chair se déforma et une plaque d’acier prolongée par une chaine en jaillit. Le fardeau qu’elle avait ressenti plus tôt venait de prendre forme sous ses yeux. La douleur passa, Rose attendit, désemparée. Elle toucha le lien de métal ; sous ses doigts, elle sentait toute la solidité du matériau ; elle tira dessus et ne s’arracha qu’une vive souffrance. Fatiguée, elle lâcha prise. Sa silhouette flotta jusqu’à sa chambre. Sur le trajet, elle n’eut plus à user de mille précautions pour éviter les mouches : celles-ci passèrent au travers de son corps comme s’il se composait de fumée. Ses yeux, lourds, se fermèrent et peu à peu, une heure à peine après sa mort, Rose plongea dans un sommeil agité, sans rapport avec celui des vivants.
Quand elle s’éveilla, des hommes et des femmes avaient investi l’appartement. Des policiers, à en juger par leur uniforme, probablement alertés par le coup de feu. Il avait semblé à Rose dormir durant des siècles, pourtant il n’avait dû se passer qu’une vingtaine de minutes, à peine. Le temps semblait se diluer dans le trépas pour perdre tout sens logique. Rose s’extirpa des restes de sa somnolence et entra dans l’un de ses rôles de prédilection : celui de spectatrice silencieuse. Le fait inédit de la situation fut que personne ne se soucia de ses déambulations. Ses mimiques, ses gestes, ne furent vues que par elle-même.
Elle observa malgré tout le lent agencement du tableau : elle se redécouvrit dans la chambre, allongée au sol, reine blanche au milieu de son auréole de sang. Des hommes penchés sur elle analysaient les différents éléments, très vite, un sac fut apporté et Rose put se voir empaquetée comme une pièce de viande, tirée hors de la chambre sur un brancard. Sa mère, ou ce qu’il en restait au milieu de cette chair tuméfiée, fut emportée elle-aussi sur un brancard identique. Sans adieu, sans mot, le spectre de Rose regarda partir les derniers restes de celle qui avait été le plus essentielle dans sa vie. Dans la mort, qui prendrait la relève ?

Les policiers s’en allèrent quelques jours plus tard. Entre temps, ils eurent à loisir l’occasion d’analyser les lieux, de violer l’espace privé de Sarah et sa fille ; ils fouillèrent leurs affaires avec la brutalité et l’empressement d’un troupeau de taureaux. Rose ne tenta pas de les en empêcher, elle les jaugea simplement, invisible. Dans leur dossier, ces gens-là l’avaient certainement désigné comme la meurtrière de sa mère ; le motif en serait la fatigue ; la fuite le suicide.
Des imbéciles trop hâtifs dans leur jugement.
Mais cela aussi n’avait pas la moindre importance. Coupée d’eux par un fossé infini, Rose n’eut que faire de leurs avis. Elle n’avait pas tué sa mère. Elle ne souvenait pas l’avoir fait.
Quand ils partirent, elle fut de nouveau laissée à sa seule compagnie. Aucune joie, aucun entrain, l’air dans sa tête avait disparu ; vide à nouveau, morte aussi, Rose enchainée à ces pièces qu’elle ne connaissait que trop bien s’abandonna à quelque chose. Elle ne sut quoi, au début. Une présence à l’intérieur d’elle, une compagnie discrète sur laquelle elle s’appuya pour écarter l’ennui. La jeune femme lui parlait et la conscience étrangère lui répondait mais dans un langage qu’elle ne comprenait pas. Plus Rose s’adonnait à ces conversations intérieures, plus le ton de la voix enflait jusqu’à devenir assourdissant. Parallèlement, Rose constata le rétrécissement de cette chaine étrange à sa poitrine, rognée par un acide invisible. Elle ne sut ce que cela signifiait, mais chaque maillon en moins avait pour conséquence le rapprochement de la présence jusqu’à la surface. Rose se sentait partir, happée à nouveau par le puits d’ombre qu’elle avait ressenti au cours de son passage. En elle grandissait une bête, et celle-ci avait faim. Rose finit par ne plus lutter pour s’abandonner toute entière à ce qu’elle pressentait comme un changement radical de sa nature. La sincérité avec laquelle elle se donna accéléra encore le processus ; parfois elle se surprenait à hurler sans raison, presque par reflexe, sans pouvoir s’en empêcher. Elle grognait tel un animal hostile alors qu’elle se savait seule avec les murs. Ses pensées devinrent plus confuses, moins humaines.
L’aboutissement fut une explosion de nuit.

Après un long tourment d’errances floues, un cri naquit dans sa gorge : son cri, devenant plus monstrueux de seconde en seconde. La douleur de la chaîne disparue dans sa poitrine s’intensifia ainsi que celle plus cuisante encore d’un magma blanchâtre qui lui grimpait sur le torse. Elle hurla jusqu’à ce que la paix d’une lame vienne la soulager. Ce qui restait de Rose gargouilla, interrompu dans sa naissance ; son corps déformé scié en deux par le tranchant d’un sabre, tenu par un homme en kimono noir. Le regard inhumain de ce que la jeune femme était devenue se perdit dans celui incisif de son agresseur. Il parla, prononça quelques mots, comme une prière.
Rose s’évapora avec pour dernière pensée sa propre indifférence.



Dernière édition par Kuragari Asuna le Jeu 21 Mar - 19:41, édité 17 fois
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeJeu 7 Mar - 22:09


Toucher le fond et refaire surface

"Celui qui veut atteindre l’aube doit passer par les chemins de la nuit."

Aucune existence n’avait de fin ? Rose s’éveilla (encore) après s’être crue mourir une deuxième fois. Elle cligna les paupières et fut ébahie de constater qu’au dessus d’elle, il y avait un ciel bleu à la place du triste plafond de son appartement. Elle se redressa et découvrit les environs. Un tout autre endroit sans lien avec celui qu’elle venait de quitter. Rose se trouvait à la bordure d’une forêt, près de ce qui ressemblait en tout point à l’un de ces villages du vieux Japon. Elle constata aussi, en plus du paysage, qu’elle était à présent vêtue d’un kimono blanc lui tombant jusqu’à mi-mollets. Pieds nus, elle sentit l’herbe verte filtrer entre ses doigts de pieds, ce qui lui procura une sensation agréable. Plus satisfaisant encore, être capable de pouvoir toucher quoi que ce soit. Elle comprit qu’elle venait de passer du statut d’âme intangible à autre chose, de non déterminé. La jeune femme se mit debout en titubant légèrement ; ses membres engourdis tremblèrent quelques instants mais purent tenir ; Rose fit quelques pas vers le village, les réflexes de marche revinrent rapidement, et elle s’engagea dans les premières rues.

Des questions, Rose en avait légion qui se bousculait dans sa tête. Aussi quand elle croisa le premier passant, elle s’avança vers lui et le noya sous le flot de ses interrogations. Ce qu’elle était, le pourquoi de cet endroit, ce qui l’avait amené jusqu’ici. Son interlocutrice, une vieille dame à l’air décrépi, répondit comme elle put. Il fut question d’âmes, de Rukongaï et de lieu détaché de la Terre, où vivaient les morts. Rose demanda simplement si cela était le Paradis. La grand-mère regarda autour d’elle, les maisons misérables, la route de poussière, et ne sut quoi répondre. Rose ne dit rien et s’éloigna.
Elle continua à interroger les gens qu’elle croisait en posant toujours les mêmes questions. Les réponses furent équivalentes à celles données par la vieille dame, y compris lorsque Rose demandait si le lieu était le Paradis. On ne lui répondait pas et le silence fut plus éloquent que n’importe quelle autre parole. Alors Rose repartait et recommençait un peu plus loin, mécaniquement, flottant entre le rêve et cette nouvelle réalité si singulière. Au fil de ses interrogatoires, il lui semblait perdre des bribes de sa personnalité. Elle admit presqu’inconsciemment que tout ce qui l’entourait était son monde, depuis toujours. Les souvenirs de sa vie d’avant se désagrégeaient à une vitesse terrifiante. Le visage de sa mère fut le dernier à partir, mais il disparut lui aussi, emporté par des vents sinistres. Arrivée au bout de la rue, la jeune femme oublia jusqu’à son propre nom.
On la vit déambuler pour disparaître un peu plus loin dans une allée sombre.

Elle se perdit pendant plusieurs années. Il lui fallut se reforger une identité pour aller de l’avant, et elle le fit seule, dans l’indifférence générale. L’anciennement Rose, à présent Asuna, n’eut guère la vie facile au cours de cette période. Elle s’installa dans une vieille maison à moitié écroulée, abandonnée par ses précédents propriétaires. Bien que sordide, la demeure permettait de jouir d’un confort certes austère mais bien plus attrayant que celui offert par la rue. Asuna n’entretint aucune amitié avec quiconque. Elle vécut pour elle-même et par elle-même dans un individualisme exacerbé ; les récompenses de ces piètres vols de nourriture ne profitèrent qu’à elle. Distante, glaciale, elle préféra errer dans les ténèbres du vieux domaine que se confronter aux autres. Ses heures longues d’ennui, elle les occupa à fixer le vide dans une sorte de transe hébétée. Si ses journées furent monotones, ses nuits furent autres. Des cauchemars terribles la hantaient depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvînt. Abjectes, humides, l’unique chose qui survivait au réveil était le bruit insistant de grattements frénétiques près de son oreille. Dans sa tête plus exactement. Immergée en elle, une entité gondolait en flux et reflux, s’amusant de ses pensées avant de les transformer en horreurs grinçantes.
Asuna se crut devenir folle. Son état n’eut de cesse d’empirer ; les ultimes crises la rendirent incapable de se lever une fois la nuit finie. La jeune femme trop faible pour boire ou se nourrir vécut durant de longues heures les tourments de l’agonie. Dans les pires moments, les cauchemars perduraient même au cours du jour. Dans les coins de la pièce, Asuna croyait deviner la silhouette des choses qui rampaient dans son esprit ; à la frontière de ses perceptions, des murmures gémissaient un nom, qu’Asuna ne pouvait retenir plus de quelques secondes dans ses rares instants lucides.

La bicoque se tourna rapidement à l’image des terreurs de la jeune femme. Les planches de bois suintaient le sang tandis que le sol se recouvrit d’un champignon rougeâtre. Ce fut justement ce qui la sauva.
Un homme et deux femmes attirés par l’aura tordue de la demeure découvrirent Asuna au milieu des ruines du salon. À peine vivante, recouverte presque entièrement par la moisissure, ils l’extirpèrent de sa prison rouge et l’emportèrent loin de l’enfer fongique.

Dans la gigantesque société des âmes, eux étaient les garants de l’ordre social. Vêtus de robes noires, dotés de capacités supérieures, voire quasi divines, les Shinigamis purgèrent Asuna de son mal ; lorsqu’elle fut plus ou moins remise, ils lui proposèrent une place à l’Académie, ressentant en elle un potentiel. Elle accepta, comprenant que loin d’eux, elle se mourrait à nouveau, incapable de juguler ce qui l’habitait.
Elle apprécia rapidement l’ordre et la stabilité incarnés par le Seireitei ; vieux reflexe de son ancienne personnalité qui avait été enfoui, pas détruit. Une autre vieille névrose resurgit rapidement : Asuna se fondit littéralement dans la foule d’élèves, tâchant de se montrer ni trop bonne ni trop mauvaise dans ses évaluations. Sa volonté de se dissimuler dans la masse relevait presque de l’obsession ; elle apprit beaucoup au cours de sa formation, mais n’en montra rien, et se brida volontairement pour ne pas se mettre au centre de l’attention. C’est à peine si ses instructeurs surent qu’elle eut acquis le Shikaï quelques mois après le début des cours. Chaque instant dont elle pouvait profiter pour être seule, elle les liait d’échanges avec son arme. Asuna avait découvert en celle-ci une entité sacrée et passionnée, qui était rapidement devenue sa plus proche amie. La Dame, des années plus tôt, avait failli la tuer mais pour lui dire son nom ; la mort d’Asuna n’avait jamais été son dessein.
Quant aux amitiés, elle n’en chercha aucune. Elle répondait aimablement quand on lui parlait, souriait quand on tentait de la faire rire, mais Asuna conserva une distance entre les autres et elle, si bien que personne ne se souvint de son existence. Elle ne laissa aucun souvenir marquant auprès de quiconque, et même ceux qui l’avaient encouragée à entrer à l’Académie finirent par l’oublier, déçus de la médiocrité de ses résultats. Terne et effacée, voilà les qualificatifs qui furent retenus pour la désigner à sa sortie de l’école. Elle fut catégorisée parmi les Shinigamis de moindre envergure, les premiers à mourir sur les champs de bataille. Asuna joua son rôle à merveille. Elle survécut à toutes les situations qui se présentèrent à elle, mais toujours de justesse, à un fil de l’échec. Ridicule au combat aux yeux des potentiels spectateurs, elle ne triomphait que par pure chance et hasard.
Quand finalement la grande guerre éclata, quand les morts s’amassèrent y compris celles des plus Grands de l’organisation, quand le Seireitei fut sur le point de tomber, Asuna sous la poussière des décombres triompha à sa manière. Son corps parmi les corps battait encore de vie quand tous les autres étaient morts. Ce qui fut la plus belle de ses victoires.
Elle prit part à la reconstruction de la Soul Society au même titre que tous les autres. Elle participa à l’effort tout en imitant le traumatisme de la bataille, ce qui fut aisé. Ses confrères et consœurs trop affectés eux-mêmes par ce génocide n’eurent pas le cœur à l’approcher.

Aujourd’hui encore, Asuna continue d’évoluer à la lisière de la mémoire, menant son existence terne et sans gloire. Dans l’ombre pourtant, elle continue de grandir.



Dernière édition par Kuragari Asuna le Mer 13 Mar - 23:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 12:27

S'il reste encore quelques fautes, j'en suis profondément navré, j'ai les yeux qui piquent encore un peu.
C'est terminé, je vous souhaite une excellente lecture !
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 12:53

Bonjour et bienvenue sur BBS!
En l'état, je ne peux te valider sans savoir vers quelle division tu veux te tourner. Une fois chose faite, on passera à l'étape suivante!
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 12:55

Merci de l'accueil !
Ah, oui, très bien. Je vais partir sur la Quatrième Division, il n'y a personne là-bas, et j'adore nettoyer après les autres.
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 13:06

Très bien alors.

Je te valide donc selon ton souhait au poste de Vingtième siège de la Quatrième Division (si jamais tu le ses pas trop, n'hésite pas - pour le coup, passer inaperçue la 4e c'est le must), et ce au niveau 4, te donnant le droit à 20 points de compétence à répartir comme bon te semble dans ta fiche (là encore, libre à toi de répartir tous tes points ou d'en laisser de côté pour le moment, afin de rester à un niveau que tu juges acceptable).
Si tu as des questions, n'hésites pas à les poser au niveau du bureau du staff.
Et surtout, bon jeu!
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 13:11

Merci beaucoup !
Vingtième siège, ça paraît vraiment mauvais dit comme ça, hihi. Petite confirmation : Niveau 4, c'est bien 20 PC, non pas 25 comme il est indiqué dans l'un des sujets ? Ou bien j'ai mal lu/compris ?
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 13:40

C'est bien 25. Erreur de frappe.

Félicitation à toi en tout cas et bon rp. N'hésite pas à faire un rp avec le Kenpachi, il en a besoin O.O
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 13:50

Cela dépend, c'est pour me taper dessus ?
Mais ce sera avec plaisir !

J'ajoute sous peu la description du Bankaï.
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MessageSujet: Re: Kuragari Asuna [Terminé]   Kuragari Asuna [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Mar - 19:46

Bienvenue.
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