Quelques mois avant l'arrivée de Cajsa dans l'Espada.

Le Garganta avait recraché la jeune femme sur une plage de sable fin où elle se réceptionna discrètement pour ne pas attirer l'attention des humains en pleine farniente par une gerbe de sable inutile. Oh bien sur, il y en avait toujours un ou deux qui la regardaient d'une manière bizarre, mais le simple fait pour Cajsa de soutenir leurs regards suffisait à dissuader les importuns de se poser plus de questions et généralement, ils décampaient très vite. Ne restait plus que les autres, ceux qui n'avaient aucune capacité de la voir ou de la percevoir et elle était enfin tranquille en prenant un minimum de précautions. Elle s'assit en tailleur dans le sable et observa avec attention les femmes présentes au bord de mer. Elle inclinait la tête à intervalles réguliers, d' un air dubitatif et contempla ses propres habits. Même si elle était assez fière d'en avoir d'aussi classe, elle se doutait aux vues de celles qui l'entouraient qu'ils n'étaient pas vraiment en adéquation avec l'endroit et le temps. Elle se redressa et se dirigea donc vers une petite boutique en bordure de plage où elle trouverait certainement son bonheur. Elle opta pour un maillot de bain deux pièces au motifs floraux et s'enroula le bas du corps dans une serviette de bain rose. Son déguisement sembla la satisfaire et elle quitta le cabanon pour faire ce qu'elle était venue faire: rien.

La Chenilla avait décidé de s'offrir des vacances, rien de plus simple. Son ascension au sein de Las Noches commençait à se faire remarqué par quelques coups d'éclats et une rumeur courrait dans la citadelle du Roi qu'elle était pressentie pour devenir une des Lames. Son but étant pratiquement atteint, elle c'était donc payer le luxe de faire une pause dans son zèle. La Terre était un endroit parfait pour se reposer et manger à l’œil, en plus de présenter une variété de paysages ce qui changeait radicalement du spectacle morne du Monde Creux avec son désert de sable blanc. Beaucoup de Hollow primaires restaient sur ce terrain de chasse géant sans jamais regagner le Hueco Mundo, attirés eux, par l'abondance des proies. Cajsa, elle, n'y était pas allée très souvent depuis qu'elle avait arraché son masque. Elle avait donc profité de ces petites vacances improvisées pour rendre visite à un vieil ami...enfin ami, façon de parler.

Elle marcha le long de la plage à la recherche de la petite hutte de paille qu'un de ses semblables avait bien voulu lui indiquer - non sans la contrainte d'un Cero multicolore -. L'établissement était peu fréquenté malgré son emplacement stratégique, les badauds préférant pour l'heure barboter dans l'océan pour se rafraîchir. Mais l'Arrancar se doutait que la nature "spéciale" du propriétaire y était aussi pour quelque chose. Elle s'assit à une chaise de bar, au comptoir et attendit que l'homme qui lui tournait le dos finisse de laver ses verres à shoot.

- Qu'est ce que je vous sers?

Il ne s'était même pas retourné et continuait à essuyer méthodiquement ses verres en tournant son torchon toujours dans le même sens. Cajsa le reconnaissait bien là, incapable de détecter un reiatsu correctement, exactement comme elle. Pourtant il la connaissait bien ou alors il l'avait oublié, auquel cas, elle serait ravie de raviver les souvenirs.


L'autre tressaillit en entendant la façon caractéristique dont les mots avaient été prononcés. Un sourire apparut aux lèvres de la jeune femme. Oh que oui, il ne se souvenait que trop bien d'elle. Elle qui l'a amené à se cacher dans ce trou à rat. Elle qui l'a condamné à servir des cocktails à des clients exigeants en quête de paradis et d'exotisme pour animer leurs vacances. Il portait encore les stigmates de leur affrontement dans son esprit mais aussi dans son corps. Elle avait choisi de l'épargner, mais c'était pour mieux s'en servir, qu'il devienne un informateur et que chaque jour, il craigne qu'elle ne revienne. Et visiblement, elle était revenue plus vite que prévu. Elle alluma une cigarette et commença à en tirer des anneaux de fumée de toutes les couleurs en direction de l'homme qui avait toujours le dos tourné.

- Ça ne me dit toujours pas ce que je te sers et vas te faire foutre avec tes rimes, Cajsa, j'ai pas d'infos pour toi.

Elle sentait la colère montait en lui et sourit de plus belle.


Il sembla surprit et se retourna, dévoilant à la Chenille son œil crevé qu'il avait perdu dans leur affrontement. Sur son visage, elle pouvait lire l'incrédulité, puis le soulagement. Elle lui fit signe de se dépêcher de lui apporter sa commande et il s’exécuta. Quelques minutes plus tard, il lui apportait et retournait à ses occupations. Cajsa entreprit alors de siroter doucement la boisson dans la demi noix de coco avec une paille d'un geste nonchalant. Elle sentit alors qu'elle n'était pas seule, juste une impression dont elle fit abstraction. En revanche le vieux barman regardait un point derrière elle et désigna quelque chose du doigts.

- Et elle, c'est ta copine?