Humide. Des larmes salées qui coulent sur ses lèvres tièdes. Un froncement de sourcil, tic imperturbable, vint chiffonner son visage de marbre aux paupières closes. Un doux rayon de soleil, en ce pâle jour d'hiver, jouait dans ses cheveux noirs de corbeau, qui flottaient sur l'oreiller. Les mains jointes, on eut dit une morte si un souffle léger ne dérangeait pas encore les particules en suspension dans l'air tiède.

Autour de la belle endormie, trois personnages. L'un d'entre eux, auteur des perles salines sur la personne de sa supérieure, en retire les restes de ses joues froides, la gorge nouée. Les deux autres, à genoux l'une à côté de l'autre, veillent à la droite de la jeune femme étendue. L'une d'elles, car ce sont des femmes, bordent nerveusement la couverture blanche qui recouvre les membres froids de Fumiko Satô.
L'homme se releva.

Qu'allons-nous faire, sans elle... ? Cela fait déjà deux semaines...

La seconde femme acquiesce, toujours aussi silencieuse. Deux semaines déjà que la Lieutenante s'était endormie profondément, suite à un sort malencontreusement activé: l'affaire de la bombe au pantin avait connus des suites ce jour-là bien moins amusantes, en l'objet d'un somnifère qui avait éclaté au visage de la Lieutenante, un instant imprudente. Le piège du Capitaine Unohana, dont on n'avait pas jusqu'ici mesuré la proportion dangereuse à la facétie, avait eu pour victime un membre éminent du Gotei, dont la défection avait été remarquablement regretté lors des derniers évènements.
Aucun remède n'avait été trouvé au sommeil de la belle, et l'impasse avait été telle que l'on avait été jusqu'à dépêcher des messagers au devant de l'Ancêtre qui avait élevé la Lieutenante: la vieille bique avait répondu par un ricanement moqueur et s'en était retournée à ses choux dès que la situation lui avait été expliqué.
En désespoir de cause, l'on avait même essayé de s'adresser à la Douze: mais les nombreux sourires qui naquirent à cette proposition sur les visages des scientifiques firent aussitôt reculer les soigneurs.
Ils l'avaient alors allongée là, dans cette chambre, la meilleure du service, dans l'espoir que cela passe. L'humour d'Unohana devait avoir des limites dans le temps, tout comme ses sorts. Tout du moins on l'espérait. Malheureusement, les meilleurs espoirs de guérison de la jeune femme reposaient dans son cerveau, aux abonnés absent.
Et les deux mois de travail incessants, avant le tragique évènement, n'avait guère dû aider à la tâche.

Ryu releva les yeux, hagard de douleur. Ses larmes s'étaient remises à couler en un flot impétueux.

Et moi, que vais-je faire, sans elle... ?

Il porta la main sur son coeur et, la serrant, froissa son kimono dans sa paume dévastée.

J'ai perdu ma seule raison de vivre...

Le souffle lui manqua, et il hoqueta, comme s'étouffant sous le poids du chagrin. Par-dessus le corps inanimée de son aimée, la femme qui lui faisait face tendit la main pour saisir la sienne. Son geste se suspendit en plein vol, puis recula, hésitant. Que dire, face à un tel désastre ? Elle tourna son visage attristée vers sa voisine, et lui prit la main, la serra fort, très fort, contre son coeur. Elle aussi, elle était brisée, jusqu'à en oublier de pleurer, de respirer, de vivre. Ils restèrent ainsi quelques minutes, inanimés, ne sachant que faire pour mettre fin aux tourmentes de leur supérieure et professeur.

Alors, brusquement, sans prévenir, Ryu se pencha sur le corps de l'endormie et, crachant toujours ses larmes, effleura doucement les lèvres de Fumiko, murmurant quelques mots tendres que la délicatesse interdit de reproduire ici.

Un Kido danstaggle plus tard, il se retrouvait cul par dessus tête à l'autre bout de la pièce. Et les deux autres morues rigolaient comme des baleines.

Je peux savoir ce qu'il se passe ?

Division de kikinou.