Un nouveau jour se levait dans le Gotei fantasmé par l'esprit de Teippei. Les voix criaient plus fort que d'habitude, ne lui laissant qu'un sourire amusé sur les lèvres. L'homme se sentait bien, heureux même. Depuis plusieurs semaines maintenant, il retrouvait ses facultés mentales et surtout une vrai maîtrise de lui-même. Sa maladie, transmise par son zanpakuto était toujours là, vicieuse, caché. Tel un chat se cachant dans l'ombre, ce qu'il était, Megasamete Kyoumu le suivaient d'un regard envieux. Le shinigami était un volatile des plus intéressants. Juteux, plumeux et plein d'autres adjectifs lui donnant envie de le dévorer.

Le Midorima ressentait les envies de son allié le plus proche avec plus d'intensité. Le fruit des nombreuses heures passé avec les capitaines Yakushiji et Kuragari. Couplé à quelques kilos de petites pilules rouges, au début surtout, le dieu de la mort avait lentement mais sûrement reprit connaissance avec son trancheur d'âme. Plongé dans sa folie suite à l'attaque des Quincy, il était devenu le jouet de son arme. Oubliant jusqu'à son passé, vivant au jour le jour. Après de longs mois passés en hospice à la quatrième division, on avait finit par l’intégrer à ce corps d'armée défaillant. Une sorte de test. Un test qui n'était pas si réussit que ça.

Certes, Teippei avait retrouvé une mémoire et logique plus fonctionnelles mais cela restait circonspect. Un peu de secrétariat, nettoyage de chambre et autre arrosage de plante. Il restait trop facilement assujetti à ses sauts d'humeur et son attention était proche de zéro passé dix minutes. Jusqu'à la découverte de sa supérieure. Peu avant que le troisième siège occis leur capitaine d'ailleurs. Possédant un zanpakuto quelque peu similaire, qui avait tendance à corrompre son manieur, elle avait su orienter les prescriptions vers une approche différente que surcharger le jeune homme de médicament.

Son état mental s’améliorant, on avait finit par lui confier quelques tâches et lui enseigner les premières manipulations de reiatsu ayant fait l'honneur de la Yonbantai. Il était maintenant plus un apprenti médecin qu'un simple éboueur militaire. N'en restait pas moins que quelqu'un devait faire le sale boulot et que souvent, on le lui confiait. Les « privilèges » de ne pas avoir de grades. Aussi, le schizophrène se retrouvait avec une urne rempli de cendres dans les bras, montant le petit chemin menant au Sokyoku. Le petit papier qu'on lui avait fourni, lui expliquant sa tâche et faisant office de laissez-passer, n'indiquait d'ailleurs pas à qui elles apprenaient. Un des petits plaisirs d'Asuna. Probablement une volonté de torturer les survivants ou quelque chose d'équivalent. Cela faisait en tout cas bien rire les voix dans la tête du sans grade.

Heureusement qu'un membre de la division des berserks lui avait indiqué où trouver son capitaine sinon le Midorima tournerait encore pendant des heures à la Juichibantai. Nez levé, il observait l'ensemble, un sifflement admiratif s’échappant de ses lèvres. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait poser les yeux sur le Senzaikyū d'aussi près. De quoi donner quelques frissons. Le capitaine de la onzième division fut facilement reconnaissable. Il y avait peu de colosses comme lui au Gotei 13, n'importe qui posant son regard sur ses cheveux argentés, sa taille ou sa fameuse épée en devinerait son identité.

Un air narquois vint se figer sur le visage de Teippei. Il avait souvent eu affaire aux subalternes du capitaine Kiryu depuis son réveil du coma. Notamment son vice-capitaine au nom de légume. Ce dernier ne devait-il d'ailleurs pas lui refaire le portrait? Le médecin l'attendait toujours.

-Bonjour !

Le membre de la yonbantai se présenta alors qu'il était encore à quelques mètres d'écart. Visiblement le colosse tentait de méditer. Ou peut-être dormait-il? Dur de comprendre le fonctionnement des « macaques », terme souvent utilisé lors de son temps à la Kyuubantai par ses camarades pour désigner la division honnit. Dans tous les cas, valait mieux éviter de le déranger et prendre une mandale par réflexe. Le médecin se souvenait encore de l'histoire ayant entraîné la démission du capitaine Hitsugaya. Shinjiro avait-il vraiment balancé un mur à mains nues? Nan. Ce n'était pas possible. Probablement un simple rocher décoratif, voilà tout. Les voix étaient profondément d'accord avec cette dernière hypothèse. Décision saupoudrée de peur. Quel genre d'ogre était le Juichibantai Taisho s'il pouvait faire ça?

-Le capitaine Kuragari m’envoie vous apporter des cendres de, je suppose, l'un de vos gars. Ce serait pas Karot? Voilà longtemps que je ne l'ai plus vu. Je gagne le pari de votre division par forfait non?

Le shinigami avait entendu des rumeurs par un siège de la onzième division: Kitakaze Daya comme quoi le lieutenant de Shinjiro avait lancé un pari sur la tête du schizophrène. Tout ça parce que le membre de la Yonbantai avait évoqué les pulsions sexuelles du sieur de la carotte pour sa génitrice...
Peu importait réellement même s'il se demandait souvent ce qu'était devenu le vice-capitaine. Non pas qu’il le craigne lui ou son pari. La « samourai » lui paraissait n'être qu'une tête brûlée sans aucune réflexion. Comme beaucoup à la 11 certes mais lui plus que les autres et avec encore moins de talents pour jeter des bouts de mur.

Discourant, Teippei avait affiché un air joyeux pas trop de rigueur quand on s'adressait à un capitaine. Les formules de politesse étaient elles aussi parties à la poubelle mais après tout, cela n'aurait été que du gâchis d'en montrer avec un gueux du Rukongai. Il avait un rang à tenir dorénavant, espérant juste que le géant ne se décide pas à lui apprendre les bonnes manières avec ses deux poings. Poing qui était aussi gros que le biceps du Midorima remarqua ce dernier au passage.

Il leva les yeux alors que le Shinigami s'adressait à lui, rompant ainsi sa concentration mentale. Il avait beau essayer, il n'arrivait jamais à maintenir sa transe lorsqu'il y avait des gens qui trainaient dans les parages. Ce lieu n'avait pas été choisi au hasard. Ici, il parvenait à mieux se centrer sur la communication entre Kaimetsu et lui. Même si la plupart du temps, elle était à l'initiative. Mais désormais, il était inutile de se replonger dans sa méditation. En un sens, il remerciait intérieurement ce mec de lui permettre cette pause. Kaimetsu ne le lui aurait jamais permis et elle était têtue la bougresse.

Ainsi donc Asuna envoyait un de ses gars pour rapporter des cendres ? Quelle curieuse manie que voilà. Poussant un grognement, le colosse se redressa complétement, dominant désormais de toute sa hauteur le Shinigami qui se trouvait là. Pour être tout à fait franc, il n'avait que faire des cendres d'un mort. Les hommes et les femmes qui servaient au sein de la Onzième savaient à quoi s'en tenir : s'ils mourraient, on honorait leur mémoire mais pas leur tombe. Un Shinigami n'existait que pour servir le Seireitei et en cela, ceux de la division du Combat étaient les meilleurs. Détaillant l'homme, il tendit une main pour lui demander de lui filer l'urne ou la chose qui contenait les cendres.

- On s'en branle de savoir s'il s'agit de Karot ou d'un autre. File-moi ça !

L'autre s’exécuta. Shinjirô se tournait alors pour laisser les restes s'envoler au gré du vent qui venait de se lever. Pas forcément naturel, ce dernier semblait se mélanger au Reiatsu du colosse qui l'enveloppait désormais d'un manteau blanc. Ce phénomène qui était la base même de son surnom d'Argenté. Alors que les cendres se dispersaient, Shinjirô gardait le visage fermé. Un dernier adieu à cet homme ou cette femme qui avait servi son unité. Telle était la meilleure des salutations à son sens. Bien mieux qu'une simple prière à laquelle il n'aurait de toute façon pas cru. Son office rendu, il pivota de nouveau vers le Shinigami.

- Chez nous, on ne pleure pas nos morts. On boit à leur santé.

Il avait lâché ces quelques mots comme pour justifier son geste, même s'il se moquait que l'on pense du mal de son acte. La Onzième division était une grande famille, un peu à part des autres. Et il paraissait évident qu'elle était crainte par les autres sections, même s'ils étaient montrés du doigt pour leur manque de tact. Attrapant la poigne centrale de son épée, il plaça la lame sur son épaule comme s'il ne s'agissait que d'une simple veste. Cet homme n'avait plus rien à faire ici, n'est-ce pas ? A moins que...

- C'est quoi cette histoire de pari mon gars ? Donne-moi ton nom !

L'information lâchée plus tôt n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Lorsque l'on mentionnait le mot "pari", Shinjirô s'intéressait. Lui qui dirigeait d'une main de fer les paris illégaux du Seireitei, du moins pour la plupart, n'était visiblement pas informé d'un quelconque lien avec cet homme. Se pouvait-il que Karot ait osé s'avancer au nom de la Onzième ? Si tel était le cas, il valait mieux pour lui qu'il soit effectivement mort. Sans quoi il tomberait sur le colosse...

Teippei refila l'urne au Juichibantai Taisho. Ou le colosse lui prit-il des mains ? Le schizophrène n'en était pas très sûr. Son bras avait un peu bougé tout seul. Un instant il mit ça sur le compte des voix ou tout autre manipulation de son zanpakuto. Une rapide inspection lui infirma sa théorie. N'en restait plus que le géant. La curiosité que portait le blondinet pour l'argenté grimpa en flèche. Jusqu'à maintenant, il l'avait surtout considéré comme le chef des singes, la matérialisation de ce qui ne devait pas être. Merci à la rivalité entre la onze et la neuf. Un grand sourire naquit d'ailleurs sur ses lèvres lorsque Shinjiro reprit la parole.

-C'est vachement sympa ça !

À la quatre on brûlait les morts. Après des expérimentations probablement. Le shinigami n'était pas dans le saint des saints mais il avait souvent discuté du sujet avec ses voix. C'était probablement la raison même que la Yonbantai faisait dans la crémation. Comme ça, aucune trace de ses « exploits ». Ça permettait aussi de ranger facilement tous les cadavres reçut. Faut dire qu'un humain normal prend beaucoup de place alors un colosse comme celui en face de Teippei...

Colosse qui était désormais entouré d'une étrange aura blanche. Un sourcil se leva sur le front du jeune homme tandis que les cendre se dispersaient dans le vent. Décidément le rustre était plein de surprise, brisant les barrières sociales que le Midorima avait en tête. Ce qui d'un autre côté était parfaitement naturel pour un Kempachi. Il était là pour mener l'assaut, épée à la main, bourrinant de tous les côtés, brisant tout sur son passage. Il y avait un étrange respect qui en émanait. Certes, il n'avait pas la classe naturelle de la noblesse, ni la sagesse qui émanait deTenzen mais il y avait de la beauté à voir une tornade tout ravagée sur son passage. Une tornade qui était composée de filament de camaraderie, de vérité simple et... 

La nouvelle prise de parole sortit le membre de la quatrième division de son songe. Les voix ne manquèrent pas de se moquer du noble qui se mettait à rêvasser sur le paysan du coin. Une le traita même de midinette !

-Un pari?

Pendant quelques instants, sa tête fut aussi vide que ciel au-dessus du Soryoku. Un étrange calme dont le shinigami n'avait pas l'habitude. Enfin, sa conscience remonta le fil de ses souvenirs jusqu'à ce qu'une voix lui rappel ses propres paroles.

-Ha. Oui. Ma faute. Vu que je l'ai gagné, je l'avais déjà rayé de mon esprit. Je suis Midorima Teippei, du clan du même nom. Votre ancien lieutenant a parié qu'il serait le premier à me mettre la tête au carré ou un truc comme ça. Je l'attends toujours....

Le schizophrène n'avait jamais été inquiété par les dires du seigneur de la carotte. Leur seul entretien, s'il avait fait sortir Karotde ses gonds, ou pas loin, avait affirmé ad vita qu'il n'y avait rien à craindre d'une tête brûlée pareil. Le membre de la petite noblesse estimait qu'il serait particulièrement simple de manipuler quelqu'un comme ça en combat. Plus ce dernier continuerait et plus la colère de ne pas mettre le malade en pièce créerait des failles béantes. À ce rythme, l'ancien lieutenant ne pouvait que courir vers sa propre défaite. Si encore, Teippei était sous l'emprise de son zanpakuto, cela serait un autre débat. Avec, presque, toutes ses capacités, il ne ferait que rire ouvertement à n'importe qui lui suggérant de se méfier de l'homme légume.

-Je veux pas être médisant mais franchement c'est le lieutenant le plus bas de gamme que j'ai connu. Et j'ai eu Mitsuko Aono comme supérieur. Celle qui a fini en statue...

S'il voulait être franc, le Midorima aurait aussi mentionné Oni. Un autre genre de tête brûlée, plus celui à se vexer pour un rien et se vêtir dans son sérieux/sa stupidité/fierté mal placée. Faites votre choix. Mais ce dernier avait eu Kuchiki Merudy comme supérieur, c'était une excuse de taille.

Tu parles d'un pari à la con. Sérieux, il valait mieux pour lui que ce soit ses cendres qu'il ait dispersé quelques instants avant sans quoi, s'il lui mettait la main dessus, il lui en ferait baver comme jamais. S'il existait des paris de ce genre, c'était toujours dans le cadre d'affrontements prévus, jamais dans le simple but de se venger ou de rabaisser le caquet d'un débile. Et dire que c'était à cause de gars comme lui que la Onzième avait si mauvaise réputation. Avoir le goût du combat ne justifiait pas tout, le colosse était le mieux placer pour le savoir. S'il existait encore, il ferait annuler ce pari stupide.

Pour le reste, la réflexion de cet homme lui arracha un sourire. Il avait connu Aono mais ce qui l'amusait le plus, c'était de savoir que cette idiote s'était tout simplement piégée elle-même avec son propre pouvoir. Fallait quand même être sacrément mauvais pour faire ça. Ne pas savoir contrôler son pouvoir, c'était quand même absurde pour un Shinigami. Mais Teippei avait raison sur un point : en comparaison de Noboru, Karot avait été en dessous de tout.

Bah... Cela justifiait la mise en place d'un nouveau gradé, ce qu'il avait fait récemment. De fait, il n'avait plus à se soucier de ce gars. Tranquillement, le colosse en profita pour remettre en place Kaimetsu à la place qui était sienne, c'est à dire accroché à des sangles dans son dos. Il pouvait paraître étrange qu'une telle arme tienne ainsi mais il ne fallait pas oublier le pouvoir du Kenpachi : le magnétisme. Ainsi, l'arme ne bougeait de cette place que s'il le décidait lui-même. Un pouvoir qu'il possédait en permanence puisque Kaimetsu gardait sa forme Shikai tout le temps.

- J'aurai pas dit le plus bas de gamme quand même. Si j'ai bonne mémoire, y'avait un sacré trou du cul à la Quatrième il y a quelques temps de cela. Faut être plus con que la moyenne pour libérer son Shikai face à un Capitaine. Me souviens plus de son nom. Tu m'diras, on a pas besoin de nommer les morts.

Il se souvenait par contre clairement l'avoir ouvert en deux. Le défier lui, c'était débile. Surtout lorsque l'on avait pas les épaules pour suivre la cadence. Il avait lui-même reçu un avertissement de la part du Commandant qui aurait sans doute préféré une arrestation en bonne et due forme pour ce genre de cas. Mais voilà, Kiryû en faisait un peu trop à sa tête en temps normal. Alors dans ce genre de situation exceptionnelle, il pouvait devenir méchant.

- Mais t'as raison, l'autre était un gland. Un gars qui n'est pas capable de tenir son sabre n'a pas sa place à la Onzième. J'l'ai pris à l'époque pour me débarrasser de la paperasse. Faut croire que c’était pas l'idée du siècle. Hey ! On peut pas toujours être un génie mon pote ! Mouhahahahaha ! Mais le nouveau tient la route.

Bien qu'anodine, cette discussion amusait le colosse. Malgré sa carrure et sa réputation, il restait un homme accessible tant que l'on ne le mettait pas en rogne. Contrairement à Tenzen qui foutait la trouille à presque tout le monde. Ce vieux con était plein de principe, faut dire. Des principes qu'il s'amusait sans doute à se foutre au cul chaque matin pour être sûr de ne jamais les oublier, ce qui - toujours selon l'avis éclairé de Shinjirô - était la raison pour laquelle Tenzen marchait si étrangement.

Putain de balai.

-En effet !

Le Midorial manqua d’éclater de rire. Quelqu'un avait sorti son shikai contre un capitaine? Dans la Soul Society? Un gradé qui plus est. C'était le pompon et en effet, il y avait plus idiot que Karot. Une des voix ne se gêna pas pour faire remarquer qu'un lieutenant devait être au courant d'un minimum de règle. Soit il fallait être particulièrement con, soit on en avait marre de vivre. C'était possible, surtout si on avait eu Asuna comme subordonné. Teippei n'avait connu sa capitaine que comme supérieur mais il l'imaginait bien donner froid dans le dos même en tant que simple secrétaire.

Même lui, en pleine crise ne l'avait pas sorti face au vif-argent. Bon, coup de chance immense, il fallait le reconnaître. Ce n'est que parce qu'il a toujours été plus doué au Kido et un peu (beaucoup) parce qu'il ne se souvenait plus du nom de son zanpakuto. Comme quoi le hasard fait bien les choses. Ce n'était pas comme si quelqu'un, une espèce de Dieu, décidé de qui ferait quoi en ce monde. Qui déciderait que le schizophrène sortait son épée contre un gradé dans les jardins de la neuvième ou non....

-Ha je connais bien le nouveau. Krow. Krokro pour les intimes. Pas sûrs qu'il aime beaucoup ça. Il vient me voir de temps en temps pour réparer les dégâts de ses « entraînements ».

Mimant les guillemets avec les mains, le blondinet espérait faire comprendre le sous-entendu au colosse. C'est que la politique du Gotei était assez stricte dans les affrontements entre ses membres. Surtout quand ils se lâchaient un peu durement. N'était-ce pas pour ça que Shinjiro et Tenzen étaient précisément allez se perdre en dehors du rukongai pour s'affronter? Peut-être, peut-être pas. Faut dire aussi que rien que leur présentation commune avait fini avec la démission d'Hitsugaya et un mur en moins. Ils étaient donc de bonne humeur, cela allait de soi.

-Du coup, oui, la différence doit être appréciable. En plus ça doit faire mieux sur les photos.

Car en plus d'être visiblement un pitoyable guerrier, Karot devait arriver au torse du Rhino, alias Krow Karlson. C'était presque dommage qu'il soit sous les ordres du Kenpachi. Il ne devait y avoir que peu de personnes capables de lui faire physiquement de l'ombre dans le Gotei 13. DU coup, cela donnait une jolie impression d'ensemble. Un peu comme des poupées russes bâtit sur le même modèle mais la taille en dessous. Faudrait juste que le lieutenant se teigne les cheveux en gris et que le capitaine se fasse des dreadlocks. Ça lui irait bien non? Des dreads jusqu'au bas du dos par exemple. Il pourrait dès lors discuter mouvement hippie et révolution du monde par l'amour. Qui pourrait refuser ça?

-Il pourrait même porter votre épée sur le dos non? C'est qu'il est costaud le Krow. Je crois qu'il a foutu des chaînes sur son arme juste pour s’entraîner à lever des trucs lourds. Encore que....

Le jeune homme se pencha légèrement, ses yeux se plissant sous la suspicion. Oui, l'épée semblait lourd. La taille était impressionnante. Le tranchant également. On pouvait presque entendre la chair de Hollow se déchirer à son passage. Mais dès lors, comment pouvait-elle être manipulé si facilement par Shinjiro? Pire que ça. Comment tenait-elle dans son dos? Sérieux, ça tenait du numéro de cirque voire de la magie. Tu vois la carte? Et bah non, elle est dans ton oreille. Dans le même genre. Mais plus, tu vois le zanpa? Bah nan, il est dans ton bide. Mais le colosse était réputé pour abhorrer la magie. Littéralement. Pas le Kido mais la magie. Tel que bakudo numéro quarante dix-huit, le lapin dans le chapeau.

-C'est quoi le truc? L'épée est creuse à l’intérieur?

Cela serait le comble. Une épée de psychopathe mais qui ait autant de poids qu'un couteau de cuisine. Peut-être que le kenpachi avait défoncé le mur de la dixième divisions à mains nues justement parce qu’il ne pouvait pas couper grand-chose avec son arme. D'ailleurs, e Midorima n'avait jamais vu le rhinocéros se servir de son sabre. Ni avoir provoqué des blessures coupantes à ses « partenaires d’entraînement ». Plus des coups contondants,provoqués lorsque deux corps rentrent en contact. Si dans les faits, Teippei n'avait rien contre le fait que des gens comme Krow se reproduisent voir se marient, il respect circonspect sur le fait que les gars de la onze... ne soient pas plus dangereux qu'une aide-cuisinière. Avec leurs sabres en tout cas. Non. Stop. L'argenté ne venait-il pas dire qu'un gars ne sachant pas manier son sabre n'avait rien à y faire?

-Attendez, c'était une métaphore pour dire qu'un soldat doit savoir se contrôler et pas dégainer à chaque fois ou vous parlez littéralement du fait de savoir manier son zanpakuto?

C'est que la Juichibantai avait été connue pour avoir abriter les plus gros Berzerk de la soul Society. Ironiquement, la quatrième aussi vu que Unohana avait été la première kenpachi. En tout cas d'après les archives. Du coup, ne pas mettre la lame au clair était parfois, faire preuve de son talent.

La discussion prenait une tournure toute particulière mais Shinjirô trouvait le lascar plaisant. Puis discuter de tout et de rien pouvait parfois être plaisant, surtout en ces temps si étranges. Savoir que Teippei connaissait Krow n'avait évidemment rien de surprenant. Il était dans l'intérêt de tous de connaître les gradés des autres divisions. Surtout si les gradés en question appartenaient à la si fameuse division du combat. Et puis il était toujours appréciable d'avoir dans ses contacts un médecin capable de donner un coup de main quand c'était nécessaire. Les guerriers le savaient et son Lieutenant n'était pas un tendre. Ainsi Shinjirô ne put que rire de l'allusion du Shinigami.

- Il est costaud, c'est clair. Mais pas sûr que Kaimetsu accepte qu'un autre que moi lui mette la main dessus. C'est qu'elle est capricieuse la p'tite.

La petite... Jamais un qualificatif n'avait été si mal choisi pour désigner son Zanpakuto. Les questions du Midorima n'était pour autant pas si stupides qu'elles pouvaient le paraître initialement. Mais il ne connaissait vraiment pas le colosse pour oser croire qu'il y avait un sens caché à sa précédente remarque. Kiryû était loin d'être un philosophe dans l'âme, sauf si l'on appelle "philosophie" l'art de foutre des pains dans la tronche. Lorsqu'il parlait de maîtrise, c'était évidemment dans l'art de manier le sabre. Et rien d'autre. Un Shinigami se devait de maîtriser cet aspect. Il ne pouvait en être autrement.

S'il voulait connaître le truc, il allait le lui expliquer. Pas comme si la nature de son pouvoir était vraiment un secret. L’inconvénient - en était-ce un ? - d'être le Kenpachi et d'être catalogué comme bagarreur de première catégorie, c'est évidemment que son pouvoir est exposé. Shinjirô fit quelques pas, plongé dans quelques réflexions personnelles. Tournant son visage vers Teippei, il attrapa un cure-dent qu'il plaça entre ses mâchoires. Un tic qui l'apaisait. Un réflexe plus qu'autre chose en réalité.

- Je maîtrise le magnétisme. D'une certaine manière. Kaimetsu étant en permanence libérée, son pouvoir est donc systématiquement actif. Tu piges mieux l'truc ?

Un magnétisme qui différait du pouvoir de Kirito par exemple. Lui, sa spécialité résidait à pouvoir modeler et perturber le magnétisme naturel, générant séisme et autres joies du même genre. La destruction personnifiée. Un don qui collait à ce qu'il était.

- Et je parle évidemment de savoir utiliser son sabre. Sérieux, c'est quand même la base hein ! La magie et toutes ces conneries, c'est de la daube. Si t'es pas capable de trancher un Hollow, t'es pas un Shinigami. Et j'en ai rien à foutre que les autres pensent le contraire. Je sais d'quoi je parle. Pour les gars de ma division, c'est un impératif de maîtriser ça. Mais j'suppose qu'à la Quatrième, on met en avant la magie hein. J'capte pas à quoi ça sert de se balader avec une arme si c'est pour la laisser dans son fourreau. J'suis prêt à parier que t'es une quiche dans c'domaine. J'me trompe ?

Il avançait son point de vue, sans la moindre arrière-pensée. Même s'il est vrai qu'il croyait dur comme fer qu'il était stupide d'avoir un sabre sans être capable de le maîtriser. Un Shinigami, par nature, se devait de maîtriser le Zanjutsu. Le reste n'était là que pour compenser. Mais les méthodes avaient changées avec les siècles. Et maintenant, cette foutue magie avait pris trop d'importances. Et c'est cela qui expliquait la faiblesse des Anges de la Mort actuel selon lui. Un avis pas si absurde à bien y regarder.

Le colosse n'avait pas tort. Teippei était loin de maîtriser l'art du sabre. Encore moins si ce dernier était sous sa forme naturelle, en Shikai. Il avait pourtant plusieurs raisons atténuant sa faiblesse. Le fait d'avoir toujours été doué avec les Kido déjà. Pourquoi vous forcer à travailler un aspect peu reluisant quand vous pouvez jouer facilement avec la manipulation de reiatsu? 

-C'est vrai qu'on n'est pas très réputé pour l'usage de nos sabres du côté de l'hosto... faut dire qu'on nous demande souvent de rester en retrait sur le champ de bataille, ça n'encourage pas.

Tout en parlant, le Midorima posa son regard sur le sabre rangé dans son fourreau et pendant de sa ceinture. Oui, quel était l’intérêt de le porter si c'était pour ne pas l'utiliser? C'était ce qui représentait le mieux un shinigami. L'essence de sa fonction, son allié le plus précieux. Enfin, pour la plupart. Le médecin, figea son visage en un masque plus sociable alors que son esprit bataillait contre des souvenirs peu plaisants.

-Certains ont plus de difficulté à exister aux côtés de leurs zanpakutos. Le capitaine Kuragari...ou moi. Nous avons une arme qui corrompt en permanence notre âme. Ou en tout cas, c'est ma situation, je laisserais ma capitaine parlée pour elle-même. Dès lors, quand votre plus proche allié se retourne contre vous, il est difficile de lui faire totalement confiance. Vous en devenez réticent à l'utiliser au combat. Même ainsi scellé.

Le schizophrène passa un doigt sur la garde de son épée, ressentant avec plus de vivacité le reiatsu de son Megasemete Kyoumu pendant quelques instants. Si la maîtresse des nuées n'avait pas été là pour l'aider à percer le ciel malade qu'avait été son esprit si longtemps, probablement qu'il aurait fini dans l'aile psychiatrique de la quatrième division. Définitivement cette fois. On pouvait condamner ces méthodes, battre un subordonné presque à mort n'était peut-être pas la meilleure méthode, Teippei ne pouvait contester le résultat. Le jeune homme releva le nez pour regarder la montagne de muscle.

-Donc pour vous répondre, oui, je ne suis pas très doué dans le zanjutsu. Pas vraiment eut besoin non plus, les tours de passe-passe me sont bien plus innés. 

Le Midorima ne put s’empêcher d'exprimer un petit rire gêné alors que la vérité éclatait dans son esprit. Face à n'importe qui d'autre, même Krow ou Noboru, il n'aurait pas ressenti ce sentiment face à son manque de qualité dans le domaine. De fait, il se moquait assez royalement de ce que les autres pouvaient penser de lui. Une attitude obligatoire quand on était à moitié fou. Mais là... face au capitaine de la juichibantai. c'était un peu comme se présentait au siège du kiddoushu pour leur dire que le byakurai était vraiment trop compliqué. Ou comment passer pour un abruti complet. Ou un homme préhistorique. « Bonjour moi c'est Teippei et je ne sais lire ». On en était pas loin. C'était là que la différence de niveau avait provoqué le mauvais reflex.

-J'ai que les bases, désolé !

Pourquoi s'excuser? Il n'en savait rien mais il devait le faire, les voix étaient d'accord. Comme si un ordre cosmique divin obligeait les pauvres inutiles à rendre compte de leurs inutilités. Teippei eut beau se passer la main dans les cheveux dans une tentative d'avoir une contenance, il restait dans la terrible impression d'avoir été envoyé au tableau devant toute la classe sans connaître sa leçon.

-La dernière fois que je me suis entraîné, j'étais encore cinquième siège à la neuvième division.

Soit déjà une bonne dizaine d'années, quand il avait toute sa santé....

Il comprenait. Bien que cela ne lui soit jamais arrivé à proprement parler, il avait déjà observé ce phénomène. Et voir sa lame se retourner contre soi n'avait rien de bien sympathique. Un Zanpakutô, quel que soit son pouvoir, restait une arme avant toute chose, n'en déplaise aux puristes. Et on ne demandait pas à une arme de réfléchir mais de tuer. Il n'y avait aucun bénéfice à voir sa lame se tromper de cible. Un instant, ses pensées se tournèrent vers Kaimetsu : si jamais elle ne se retournait comme lui, elle gardait cette maudite habitude de le préserver contre sa volonté lors des combats. En un sens, c'était aussi une marque de désobéissance, non ? En tout cas, pour son cas personnel, ce n'était en rien de la corruption. Seulement l'envie de bien faire.

Il lui avouait ne pas être très doué en Zanjutsu. Comme il l'avait deviné, d'ailleurs. Ce qui ne représentait donc pas une surprise en soi. Bien qu'affligeant, cela devenait courant. Ce qui justement agaçait le géant. Il poussa un soupir de résignation suite aux propos de l'homme. Comment gagner une guerre si les bases n'étaient même pas présentes ? Déprimant. Mais encore une fois, il ne s'agissait là que l'interprétation d'un guerrier. Et les Nécromanciens auraient très bien pu formuler les mêmes craintes à son égard, concernant le Kidô. Une base également, selon les critères du coin.

Ainsi ne se montrait-il pas plus dur que cela suite à cet aveu. Il n'aurait certainement pas accepté de tels propos de la part d'un de ses gars mais Teippei appartenait à la branche médicale. Et était sous la responsabilité de la vieille folle. De fait, il pouvait râler mais pas lui reprocher d'être mauvais. Les Capitaines étaient censés assumer les conneries de leur gars. Si Asuna acceptait ça, c'était son problème. Mais chasser le naturel et il revient au galop. Alors qu'il avait décidé d'ignorer cet état de fait, il poussa un juron avant de reporter son attention sur le doc'. Non, il ne pouvait pas le laisser comme ça. C'était comme laisser une âme se faire dévorer par un Hollow sans réagir. C'était comme se laisser insulter par un mec sans lui coller une grosse tarte dans la gueule.

- Sérieux, tu déconnes mec ! Faut remédier à ça hein. J'veux bien que tu sois médecin et tout mais merde, faut quand même pas exagérer !

On pouvait ne pas être doué dans ce domaine, il pouvait le comprendre. Mais de là à oublier l'entraînement sous prétexte qu'on était mauvais, c'était absurde. Il avait un peu de temps devant lui. Il le mettrait à profit. Pour la bonne marche du Seireitei.

- Tire ta lame du fourreau. On va faire quelques passes, voir c'que t'as dans le ventre. Si y'a vraiment rien à faire de toi, alors j'te laisserais dans ta merde. Mais j'peux pas laisser faire sans avoir constater par moi-même de quoi t'es capable. Montre-moi tes bases, mec. Si déjà tu sais tenir ton arme, on aura pas tout perdu.

Cela ne ressemblait pas à une demande. Mais plutôt à un ordre. Et généralement, on n'offensait pas le colosse. Question de survie !

- On va pimenter le jeu. Frappe-moi ! N'aie pas peur, si t'es vraiment mauvais, ta lame me blessera même pas !

Qui des deux était le plus fou, au final ?

Teippei regarda le colosse, ne sachant comment réagir. Il faut dire qu'entre les capitaines byakuya et tenzen, il n'avait jamais été éduquer à l'ide de tirer la lame contre un porteur d'haori. Ho, il caressait toujours le rêve de mettre Asuna de côté mais cela tenait plus de la revanche personnelle, du but à atteindre pour continuer à progresser, à ne rien lâcher. Une borne de passage en somme. Et encore, il voyait plus rendre la jeune femme folle grâce aux pouvoirs malveillants de son zanpakuto, des manœuvres vicieuses,sécrétés, lâches qu'un duel en bonne et due forme. Sauf que s'il attendait trop, le Kenpachi pouvait bien décider de se barrer ou pire... dégainer le premier. 

Dans les deux cas, le jeune homme le regretterait sûrement. Aussi, sa prise s'affirma sur la garde de son épée, la tirant de son fourreau dans un son cristallin. Ironiquement, il utilisait plus son shikai que son sabre scellé, malgré la corruption inhérente à Megasamete Kyoumu. Son regard resta un instant sur le reflet du paysage sur la lame. Non, définitivement, il n'y était pas habitué. On aurait pu croire qu'un noble aurait de très bonnes bases à l'épée, ne serait-ce que pour le show et en temps normal, on aurait raison.

Quand le noble a été fou la majeure partie de sa vie, tout de suite, ça complique les choses. Il n'avait jamais été attiré par l'art du zanjutsu ainsi que par les us et coutumes de la cour. Sa maladie mentale en avait été presque une bénédiction. Seule ses premières années saines dans le Gotei, quand son père avait repris son éducation en main, le médecin avait pu améliorer ses capacités guerrières. Malgré ça, il devait toujours être plus faible que le plus mauvais membre de la onzième division. Non pas qu'il y attache beaucoup d'importance réellement. Il avait toujours trouvé plus de facilité et de plaisir à manipuler les kidos. 

Le regard du jeune homme descendit de son épée vers son opposant du jour. Notamment sur son torse. Pouvait-il vraiment le frapper aussi fort que possible? L'argenté en sortirait-il vraiment indemne? Toute la raison que le Midorima pouvait rassembler lui disait le contraire. Pire ! Lui disait de ne pas le faire. C'est principalement pour ça qu'un grand sourire naquit sur les lèvres du blondinet. Même s'il avait la main sur son le reiatsu de son zanpakuto dorénavant, il gardait un large point commun avec ce dernier. L'envie de participer à l'ordre chaotique. De provoquer pertes et fracas juste parce que... c'était fun. Là, on lui proposait de briser les règle, occasion unique d'attaquer un capitaine. Yolo comme diraient certains rappeurs moisis.

-Alea jecta es.

Le sort était fait. Le shinigami leva sa lame au-dessus de sa tête pour la rabattre aussi fort que possible sur le Kenpachi. Les secondes lui parurent durer des heures. Des heures où il pensait toujours créer une large estafilade sur le corps de Shjinjiro. Personne ne peut encaisser un coup d'épée sans être blessé, si? Les questionnements du jeune homme ne firent que renforcer la force de son mouvement dans une étrange volonté de vouloir prouver ses qualités et véritablement blessé le colosse.

La première attaque, frontale, fit naître sur le visage du colosse un large sourire. Faut dire qu'il s'était évidemment attendu à un tel assaut et que Teippei comblait ses attentes en agissant ainsi. Le colosse était une machine de guerre, de fait il savait encaisser comme frapper. Et étant donné la différence évidente entre les deux hommes, il ne pouvait s'inquiéter d'un tel assaut. Ce pourquoi il ne fit que pivoter son corps pour mettre en opposition son épaule face au coup de sabre. La lame mordit sa chair avant de s'arrêter en chemin, ne parvenant pas à trancher plus en avant. L'aura du colosse venait à elle-seule de suspendre ce geste, comme s'il s'était défendu lui-même du coup. Aucune douleur, juste une petite ecchymose qui disparaitrait rapidement. Et en effet, il y avait du travail pour en faire un expert en Zanjutsu.

D'un geste du bras, il balaya la lame et se recula d'un pas. Il était difficile de lire correctement les sentiments qui apparaissaient sur le visage du colosse : était-ce de la déception, de la honte, de la satisfaction ? En réalité, il n'y avait rien de tout cela... Il avait proposé à Teippei de débuter pour évaluer son niveau mais le Shinigami de la Quatrième division n'avait en aucun cas caché son réel niveau en Zanjutsu. Et le colosse s'apercevait seulement que l'homme ne lui avait pas menti. Il poussa un simple soupir, prenant en main Kaimetsu.

- Déjà, t'as pas hésité. C'est un bon point mon gars. Car l'hésitation rend les coups moins forts. Maintenant, j'vois que tu m'as pas menti... T'es une vrai brêle avec un sabre. C'est pas seulement que tu manques de force mais surtout que tes gestes sont trop scolaires. J'ai l'impression d'être avec un gosse qui sort de l'académie. Va falloir oublier les bases de ce genre, sinon t'es effectivement mal.

De la pointe de son sabre, il traça un cercle tout en se déplaçant autour de Teippei. Plutôt large, il permettait les déplacements assez facilement sans pour autant donner une liberté de mouvements totale. Une fois ce dernier parfaitement défini, il revint au centre du cercle et traça une dernière frontière au milieu, une démarcation séparant le territoire du Shinigami de la Quatrième de celui du Kenpachi. Quitte à revoir quelques bases, autant le faire en utilisant la méthode de la division du Combat. Il désignait de l'index les différentes parties, s'expliquant alors sur ce qu'il attendait de lui.

- On va faire simple : interdiction de sortir du cercle. Ton territoire, le mien. Pour te faciliter la tâche, dis-toi que je ne peux pas franchir cette frontière. Toi oui. Premier exercice : le déplacement. Trouver une faille, c'pas la chose la plus difficile à faire. Mais lorsqu'il faut se déplacer et éviter les coups en même temps, les choses se corsent. Ici, tu vas devoir simplement me toucher. N'importe où, on s'en fout. Mais pour se faire, tu vas devoir te montrer agile mon pote. Et éviter ma plus vieille amie. Pigé ?

Et comme pour lui montrer qu'il ne plaisantait pas, il fit tournoyer Kaimetsu et frappa dans la direction de Teippei. Le coup ne l'atteignit pas mais permettait déjà au Midorima de constater une chose : l'allonge de Kaimetsu était énorme et cette simple frontière ne le préserverait pas totalement. S'il se trouvait en difficulté, il allait devoir regagner "son camp". Et admettre ainsi son incapacité à atteindre le colosse. Et pour finir...

- Comme à la boxe, petit match de trois minutes. Tiens-le coup et sois vigilent. Ça va te changer des exercices de merde qu'offre l'Académie, tu vas voir.

Pour sûrs, cela changeait de l'académie. Des deux académies même, celle géré par feu Oni et celle par feu Tojo. Étrange que les deux figures tutélaires aient ainsi disparu du paysage . On racontait que l'ancien capitaine de la septième division avait pété un câble suite à l'affaire de viol sur Asuna, finissant au mieux dans le repaire des asticots. Asuna qui était aussi en cause avec la disparition d'Oni. De temps en temps, Teippei allait checker le comateux et son corps mis en morceaux, brûlé qui respirait très difficilement. Des fois, il avait même cru que l'ancien lieutenant était mort vu le peu de mouvement de sa poitrine.

Le Midorima revint à la réalité en serrant plus fortement la poignée de son sabre. Le colosse avait à peine reçu son attaque. Avait-il au moins saigné? Il n'en était même pas sûr. Son mouvement était peut-être scolaire, il n'en restait pas moins fait pour mordre profondément la chair et sa lame était tout aussi aiguisé qu'à son premier jour. Aurait-il eu un meilleur résultat sur la poitrine de l'argenté? Peut-être vu que ce dernier avait mis son épaule en opposition. Mais là aussi régnait un monde d'incertitude.

Monde qui prit des teintes effrayé quand l'arme géante du...géant passa à quelques centimètres de son corps. Et ce n'était pas une simple arme avec une plus grande portée. Non, les contours étaient fait pour déchirer la chair, en arracher des bouts sur chaque mouvement. Le shinigami sentit son cœur battre plus vite en observant Kaimachi. Clairement il ne voulait pas se faire toucher par ce machin. C'est alors que la lumière se fit dans son esprit. Le kenpachi souhaitait lui apprendre à se déplacer lors dans un duel d'épéiste mais, en quoi était-ce plus différent que tout autre combat? Si Teippei n'avait que les bases en zanjutsu, il était doué dans d'autres domaines. Mieux, il avait déjà fait des combats à morts. Il avait même finit à l'hôpital pendant deux semaines après l'échec contre les maho tsukai.

C'est avec un sourire plus confiant qu'il se mit en garde, l'épée parallèle à sa jambe droite, vers l'arrière. Un plan commençait déjà à germer dans son esprit. Le seul souci étant que pour réussir, il devrait aller à l'encontre des préceptes de Shinjiro. Le schizophrène se doutait qu'il allait recevoir nombre de critique mais il s'en voudrait de ne pas avoir tenté sa chance. Aussi s’élançât-il, aussi vite que ses jambes pouvaient le porter. Des routes s’ouvraient à lui, des choix, des plans différents. Tenter de passer sous l'épée pour avoir le flanc du capitaine ouvert? Partir de l'autre côté pour tenter de le prendre de vitesse? En quelques dixièmes de seconde, les voix dans sa tête hurlèrent toutes pour la seconde troisième option mais surtout contre la première. C'était un plan audacieux mais Ô combien dangereux. Le genre marche ou crève, ça passe ou ça casse et tout plein d'autres dictons similaires.

Alors le malade fit un petit saut sur le côté opposé à la main d'épée du Kiryu. Sa propre main dessina un arc de cercle pour venir le frapper mais pourtant, tout son esprit était concentré sur kaimachi. Alors, dès qu'il eut l'impression qu'elle se mit à bouger, réunit-il du reishi sous ses pieds et disparu d'un shunpo pour arriver dans le dos du colosse. Sa lame traça un arc de cercle net dans l'air, son manieur visant le milieu du dos de l'argenté, juste sous ses omoplates. Teippei n'attendit pas de voir le sang gicler ou de prendre un revers de couteau géant dans la tête. Un nouveau déplacement rapide l’amena cette fois au-dessus de Shinjiro. Il espérait que ce dernier se retournerait et ainsi perdrait de vu le jeune homme.

Son zanpakuto bien calé dans ses mains, armés de l'apesanteur en surplus, le schizophrène visa la clavicule gauche du capitaine. Il espérait bien l'entailler cette fois. Étrangement, alors qu'il tombait, il ne pouvait s’empêcher de penser à la réaction de l'Ichibantai Taisho. Que dirait-il de ces quelques tours de passe-passe dans un « combat d'hommes »? Et encore, le Midorima s'était retenu d'utiliser des kidos pour améliorer son attaque telle que le Tsuzuri Raiden. Il aurait sûrement dépassé les bornes à ce moment.

Il y avait une chose que Shinjirô avait l'habitude de combattre : la défiance des autres à son égard. De par sa stature et ses habitudes de combats, on avait tendance à mésestimer sa vitesse et sa capacité à se protéger. Bien sûr, il était surtout réputé pour sa force monstrueuse mais en devenant un expert en Hakuda, on devenait aussi et surtout un expert dans le positionnement défensif. Même si on ne déployait pas forcément les techniques allant avec. Teippei, au demeurant oisif, faisait preuve d'une faculté d'adaptation plutôt impressionnante au regard de son adversaire. Alors que le ballet débutait, il prit l'option de la rapidité pour tenter de passer outre la défense de Shinjirô. Malheureusement pour lui, ce qu'il ne semblait pas encore avoir compris, c'est que dans le périmètre qu'il avait tracé, Kaimetsu était la seule maîtresse des lieux.

La première manœuvre était donc obligatoirement un leurre et le colosse ne fut pas surpris de voir disparaître son élève du moment. Tout comme la destination de la première attaque n'était pas une inconnue : on appâtait pas de face pour frapper sur le côté. L'angle idéal de ce genre de déplacement, c'était évidemment de se retrouver dos à son adversaire. Et l'avantage de posséder un sabre comme Kaimetsu allait se montrer déterminant ici. D'un simple mouvement du bras, sans même avoir à se retourner, il fit glisser sa lame dans son dos comme une sorte de gigantesque bouclier. Impact il y eut et il eut un sourire : trop prévisible pour le surprendre. Sa défense venait de repousser le coup d'estoc comme s'il n'avait été la cible que d'un simple jet de pierre.

Restait désormais à contre-attaquer... Mais là encore, le don de Kaimetsu était précieux pour le colosse. Un trouble dans le champ magnétique naturel du géant se fit sentir. Une perturbation infime, légère, mais qui était déterminante pour qui employait le magnétisme comme arme au combat. Ainsi donc, il lui était facile de ressentir la provenance d'un coup lorsque son champ protecteur se troublait. Au dessus ! L'attaque éclair du Midorima n'était donc pas constituée que d'un seul déplacement mais véritablement d'un combo ? Voilà qui devenait autrement plus intéressant. Et s'il aurait pu gueuler contre la faiblesse de la première stratégie offensive, ici il ne pouvait qu'applaudir son audace. Encore que cela soit insuffisant pour l'atteindre. Les réflexes du géant prirent le dessus. Courbant immédiatement son corps, il se propulsa d'un bond en arrière tout en gardant à l'esprit le périmètre de son cercle.

Le coup de Teippei le frôla sans occasionner la moindre égratignure. Et le contre fut aussi soudain que naturel. Sa lame dessinait déjà un arc de cercle dans l'air devant lui pour tenter de faucher le Shinigami de la Quatrième en plein "vol". Ce dernier était rapide mais il allait devoir montrer autre chose pour se soustraire à une telle attaque alors qu'il se trouvait dans cette position désavantageuse. Le temps se suspendit quelques instants et Shinjirô se redressa finalement complétement, posant sa lame avec négligence sur son épaule. L'autre ne l'avait pas touché... Mais sa détermination et sa stratégie s'étaient avérées payantes mine de rien.

- Pas mal mon pote, pas mal du tout. Là au moins, t'as été assez malin pour m'effleurer. Bon, c'pas une réussite non plus mais j'dois dire qu'il y avait de l'idée. De fait, je considère ce premier exercice comme terminé. Ton plan était pas mauvais mais en m'attaquant du ciel, tu t'es mis dans une position un peu merdique. Suffit que l'autre parvienne à t'esquiver pour ensuite te briser en deux. Tu t'es trop engagé sans savoir ce que je pourrais faire. T'es doué en Kido toi hein ?

Ce n'était pas une vraie question puisqu'il connaissait déjà la réponse. Pour autant, il avait besoin de le souligner pour étayer ses propos. L'art du Zanjutsu n'était pas à prendre à la légère. La plupart du temps, les hommes comme le colosse étaient considérés comme de simples bourrins. Incapables de réfléchir au combat. Ce qui était d'une absurdité sans pareille. L'Argenté réagissait à l'instinct, certes, mais en terme de stratégie de combats, il n'avait pas son pareil.

- Bah essaye d'appliquer les mêmes préceptes. Tu vas pas frapper ton adversaire si tu sais qu'il peut repousser ton attaque facilement nan ? Tu vas tenter autre chose. Une attaque plus puissante... Contourner sa défense. Bref, t'as saisi le principe. Bah l'art du Zanjutsu, c'est exactement le même principe. Si t'as un mec capable de repousser tes attaques d'un simple mouvement, tu dois t'adapter et ensuite frapper. Le déplacement fait partie de cette stratégie offensive. Mais pas seulement. On recommence. C'est un peu comme tout : la pratique est le meilleur maître d'apprentissage. Les bleus aussi. Ah dernière chose : je te déconseille vivement de faire appel au Kidô pour cet entraînement. Hakuda, Shunpo, j'men tamponne mais surtout pas de magie. J'vais être clair d'ailleurs : un sort contre moi et j'serais obligé de te tuer.

Plaisanterie ? Pas nécessairement. Il exécrait tellement l'art de la nécromancie qu'il ne pouvait tolérer son emploi lors d'un de ses entraînements. En dehors de ça, il pouvait trouver l'art pratique en combat réel mais dans ce cas de figure. Et sans attendre, sans même expliquer ce dont il souhaitait parler en soulignant l'adaptabilité dont il fallait faire preuve au combat, il se rua en avant. Plutôt que d'opter pour une approche identique à celle de Teippei précédemment, lui prit l'option "frontale". Mais pas aussi basique que la première intervention du Midorima. Le premier coup, à l'horizontal, ne servait en réalité que de point fixe. Accaparer l'attention de l'adversaire sur son arme imposante et l'obliger à parer ou à se reculer. Le second coup, l'instinct suivant, partait si rapidement à la verticale qu'il lui permettait de désarmer son vis à vis. En effet, plutôt que de viser le corps, il visait le bras armé de son opposant. En combat réel, il aurait cherché à lui trancher le bras afin de s'assurer qu'il ne puisse plus l'utiliser mais ici, à l'entraînement, il ne cherchait qu'à frapper suffisamment fort pour déstabiliser ses appuis et le faire choir. Il retenait ses coups. Même s'il serait préférable pour l'autre d'agir rapidement.

Car le but premier de l'exercice était encore valable : il devait seulement le toucher une fois. Sans sortir du cercle.