Tant de chose c’était passé depuis ce jour noir. Tant de chose en si peut de temps. Cela faisait maintenant cinq jours, cinq jours durant lesquels j’étais passé par tous les états imaginable, pour finalement me dresser là, devant l’entrée principal de cette division. La 10ème...


J’avais été ramené avec les blessés jusqu’ici, à travers le Dangaï. Un portail que je n’avais plus traversé depuis plus de 200 ans. Pour me réveiller dans ces bâtiments blancs que je ne connaissais que trop bien. Pourtant je ne pouvais pas m’y faire, c’était tout simplement impossible. J’avais été soigné, durant plusieurs jours, j’avais pu reprendre des forces, cette blessure que je m’étais auto-infligé contre ma propre volonté était bien plus profonde qu’elle n’y paressait, et les soins n’avaient pas été simple. Mais l’on m’avait tout de même amené jusqu’à lui avec Kamui. Le nouveau Shotaishô. Je le connaissais, de vue, pourtant jamais je n’aurais imaginé le revoir un jour. Nous les déserteurs. Nous qui étions partis et qui ne méritions selon les lois d’ici que la peine de mort.
Et alors que tout espoir m’avaient abandonnée, que le seul but de mon existence et tous mes camarades s’étaient envolés, et que je n’avais plus rien à faire de ce qui pouvait m’arriver. Il nous fit une proposition. Une proposition à laquelle je fus tout simplement incapable de répondre. Incapable de lui décocher plus que quelques mots je fus ramener à ma chambre, d’où je ne sortis plus pendant deux jours, avec cette proposition en tête et le devoir de prendre une décision.

Le choc que j’avais contenu lors de la bataille s’échappait enfin de mon corps. Je n’arrivais pas à y croire. L’enchainement des choses étaient tout simplement improbable. De la destruction du Kanshu, à ma ré-affection au sein du Gotei 13 comme si tout cela était normal, en passant pas la mort de tant d’innocent. Les larmes coulèrent, en pensée à tous ces hommes qui avait fièrement servi sous mes ordres alors qu’ils n’étaient que de simple humain à qui la vie avait offert un pouvoir un peu spécial, ou des shinigamis en doutes qui avaient quitté la Soul Society, tout comme moi. Ce fut ensuite la colère. Une colère noire, dirigé envers les personnes responsable de ce massacre évidemment. Mais aussi contre moi-même, moi l’homme censé protéger tous ces hommes, et qui avait été incapable de le faire, incapable de faire quoi que se soit.

Pourtant, il restait dans ce champs de ruines des lumières. Faibles, mais qui comptaient aussi à mes yeux. Imari évidemment, qui bien que non présente ce jour là, devait se trouver quelque part sur terre, et j’étais persuadé qu’un jour je la retrouverais, que je serais capable d’un jour la revoir. Il y avait aussi Kamui, lui avait été aussi amené ici, tout comme moi. Je ne pouvais tout simplement pas disparaître ainsi, cet endroit été après tout le même qu’il y a deux cents ans, ma maison. Peut être que si je n’avais jamais réussis à réellement trouver ma place sur terre c’était pour cette même raison, celle que ma place avait été et resterait toujours celle-ci !


Devant la porte de cette division j’eus un léger haut le coeur. Mon ancienne division, ma maison, l’endroit où j’avais passé le plus clair de mon temps au sein du Seireitei. Une pensée évidente pour mon Capitaine, lui qui m’avait formé, qui m’avait tout appris, et qui était mort...

A mes côtés se trouvait néanmoins un homme. Un homme aux cheveux argenté qui avait été choisi par le Shôtaishô pour m’officialiser dans cette division qui fut la mienne il y a longtemps de ça. Il avait été probablement choisi car étant l’homme le plus puissant du Seireitei il serait capable de m’empêcher de faire une bêtise s’il devait m’en prendre l’envie. Car après tout j’avais déserté une fois, je n’étais pas complètement digne de confiance. Pourtant malgré tout, sur mes épaules était posé un Haori blanc, avec l’inscription de la dixième division dans le dos, un Haori dont on m’avait jugé digne d’être le possesseur. Oui, définitivement.

C’est un homme blessé qui avait reçu ordre d’intégrer un nouveau Capitaine au cœur de sa division. Un homme qui se remettait douloureusement de ses blessures et de sa débauche d’énergie lors des combats houleux qui s’étaient déroulés au Hueco Mundo et sur terre. L’impression de nager dans le brouillard, voilà la seule chose qui hantait Shinjirô. Un brouillard qui ne s’était alors dissipé que lorsque le Mahô Tsukai avait disparu. Il avait joué au maître marionnettiste et s’en était sorti avec brio. Enfoiré de merde. Il était parvenu à manipuler tout le monde, sans exception. Humains, Shinigamis, Arrancars. Personne n’avait été suffisamment puissant pour se soustraire de cette emprise. Plus que la douleur, c’était cette sensation qui perturbait le colosse. De l’impuissance… Un sentiment qui lui était d’ordinaire inconnu.

Au final, il s’en était tout de même bien tiré, se couvrant d’honneur. Et ce simple constat suffisait à le faire tenir debout là où d’autres peinaient à se rétablir. Bien sûr, sous son Haori et ses vêtements, son corps était couvert de bandages et les experts de la Quatrième division avaient même été obligés de recoudre certaines plaies. Les médecins avaient été clairs : pas de mouvements brusques sous peine de faire péter les sutures. Il faut dire qu’il n’avait pas eu un tirage évident : d’abord le Primera Espada, qu’il avait vaincu, ensuite la Tercera Espada qu’il avait également battu mais en usant de toute sa puissance, annihilant alors tout espoir de poursuivre ce combat qui s’était déroulé dans la plus grande confusion. Mais le résultat des autres combats avait une fois encore soulevé de l’inquiétude : beaucoup de Capitaines s’étaient montrés incapables de faire face à leurs ennemis, sombrant avant même que le Mahô Tsukai ne débarque à Karakura.

La Dixième division était la plus concernée par les pertes. Toshirô et Matsumoto étaient tombés au combat face à plus puissant qu’eux : Grimmjow, le Roi du Hueco Mundo. Et pour combler ces pertes, Shunsui avait pris la décision de mettre quelqu’un à la tête de cette division au plus tôt. Le choix s’était arrêté sur Igarashi Shu, anciennement Vice-Capitaine de la Dixième, poste qu’il avait occupé quelques siècles auparavant. Si le nom, lorsqu’il avait été prononcé, lui avait paru vaguement familier, le colosse n’eut plus aucun doute lorsqu’il le vit. Il avait déjà rencontré le lascar alors qu’à l’époque, lui-même n’était que simple siège de la Onzième. Une rencontre qui avait été tendue, l’un comme l’autre campant sur leurs positions, Shinjirô étant plus fermé que jamais à ce moment là. N’étant pas friand des détails, il n’avait eu qu’une seule information : cet homme s’était retrouvé pris dans les combats de Karakura, s’en sortant passablement bien, et avait été découvert lorsque les renforts de la Soul Society avaient ramenés les blessés au bercail. Selon ce qu’il avait entendu, Shu avait été considéré comme mort. Non comme déserteur. Ce qui en faisait une sorte de revenant. Une habitude depuis quelques années parmi l’élite du Gotei. Lui-même ne faisait pas exception bien sûr.

Devant la porte de la Dixième, Shu parut un instant déconcerté. Shinjirô comprenait en partie ce trouble, même si jamais il n’avait été habité par ce dernier. Son propre retour s’était fait dans le sang, le colosse se taillant son propre chemin grâce à la force de Kaimetsu. Posant son regard sur lui – il le dépassait sans aucune difficulté, comme d’habitude en somme – il prit la parole :

- Tu vas pas flancher maintenant mon gars. Maintenant que tu portes ce Haori, t’as plus le droit à l’erreur. Tu vas devoir te faire une place ici… Ca va pas être facile mais t’es un ancien de la maison. Généralement, ça aide.

Sa mission était de l’intégrer de manière officielle. Mais s’il avait été choisi, ce n’était évidemment pas pour ses talents de diplomates. Aucun ne lui arrivait à la cheville en combat, en dehors de ce vieux fou de Tenzen évidemment, et cela permettait de faire taire toutes rumeurs sur Shu. Peut-être avait-il été un traître. Mais aujourd’hui, en portant ce manteau, les autres devaient oublier le passé. Le colosse poussa les portes, laissant libre accès aux quartiers de la Dixième. Son regard chercha par réflexe le mur d’un des bâtiments. Il trouva rapidement ce qu’il cherchait : un morceau de mur avait été arraché à l’époque de sa petite affaire entre lui et le Capitaine de la Neuvième. Il avait été rafistolé depuis mais il se souvenait encore de la tronche des mecs d’ici en voyant le bâtiment amputé de son mur. Un large sourire s’étalait déjà sur son visage, désignant le coin du menton.

- La dernière fois que j’suis venu ici, ça remonte à quelques mois. Et j’y ai laissé ma marque. Tu vois ça, là-bas ? C’est d’moi !

Etait-ce de la fierté qui perçait dans sa voix ? Peut-être bien, oui. Depuis cette époque, la guerre entre la Neuvième et la Onzième avait pris de l’ampleur. Et malheureusement pour Shu, il était pile entre les deux divisions. Signe du destin ou pas, ça puait sévère pour lui.

Plus le droit à l’erreur, oui c’était bien ça. Je ne l’avais plus. Car si le Kanshu était une organisation moins intransigeante sur le code, je savais pertinemment qu’ici je n’aurais pas le droit à l’erreur. Et que j’avais beau avoir disparu pendant deux cents ans, rien n’avait changé de ce côté là. Le Gotei 13 était et resterait une institution intransigeante et en en devant l’un des treize représentant je ne pouvais me permettre de flancher.

Je devais néanmoins noter que cet homme que j’avais à côté de moi avait lui aussi bien évolué. Il était passé d’un fauteur de trouble de la Onzième à son Capitaine et par la même occasion était devenu l’homme le plus puissant du Seireitei. Dire que j’avais eu à faire à lui il y a de nombreuse année en arrière m’aurait presque fait sourire. Il fallait bien l’avouer. Mais ce n’était pas le moment. Je notais néanmoins qu’il n’avait pas perdu ces bonne vieilles habitudes et que le respect des grades n’étaient pas le moins du mondes quelques chose qu’il intégrait. Mais je n’étais pas là non plus pour lui rappeler ce genre de détail, et encore moins pour me le mettre à dos. Je laissais donc couler me contentant simplement de lui répondre avec les marques que je jugeais pourtant obligatoire.

Ne vous inquiétez pas, je ne flancherais pas ! Néanmoins merci du conseil.

J’écoutais ce qu’il disait ensuite, ne comprenant d’abord pas ce qu’il pouvait bien vouloir me dire par là. Déplaçant ensuite mon regard j’y vis un mur qui avait été rafistolé, mais surtout complètement détruit il y a peu. Un instant un regard incrédule traversa mon visage, ne comprenant pas vraiment comment cela avait-il bien pu se passer. Comment un capitaine avait-il pu en arriver à casser un mur dans une division qui n’était pas la sienne ?! Je pouvais comprendre que la limite entre nos deux Divisions était mince, mais tout de même. J’en étais presque amusé à vrai dire. Cela n’annonçait selon moi rien de bon, mais je n’étais plus ce Vice-Capitaine qui se laissait facilement marcher sur les pieds, et même si je n’étais pas encore complètement rétablis je ne me laisserais pas marcher sur les pieds. En parlant de marche, nous nous mirent enfin en route, continuant notre conversation en direction de l’endroit où mes hommes m’attendaient...

Oui je vois, très bien même ! Comment cela a-t-il donc bien pu arriver ?! Un différent entre nos deux division dont je ne serais pas au courant ?!

Lui dis-je d’une voix qui se voulait neutre, essayant de ne pas penser à ce qu’impliquerait un différent ultérieur à mon arrivée. Je savais déjà que j’aurais assez à faire avec ce qui venait d’arriver ces derniers jours pour ne pas avoir à m’occuper de tels problèmes...

Ca, pour ne pas être au courant, il ne l’était vraiment pas. Faut dire que son retour était récent et qu’il n’avait pas encore pris officiellement la tête de sa division. Il aurait alors le loisir de lire les différents rapports concernant cet événement, qui avait à l’époque conduit Toshirô à se retirer du poste de Capitaine temporairement. A bien y repenser, sans doute aurait-il été préférable qu’il reste dans sa retraite. Il ne serait pas mort aujourd’hui. Shinjirô regrettait la perte d’un autre Capitaine, bien qu’il n’ait pas franchement apprécié le comportement glacial du nabot. Au moins avait-il le mérite de se faire respecter par ses gars, ce qui n’était déjà pas acquis à tous, il le savait.

De fait, pourquoi ne pas lui faire gagner du temps et lui expliquer en quelques mots ce qui était arrivé à ce mur et pourquoi. En y repensant, le colosse ne pouvait s’empêcher de sourire. Jamais plus les relations entre la Justice et le Combat n’avaient été les mêmes après cela. Les mauvaises langues aimaient dire que la glace avait été brisée ce jour là. Un joli jeu de mot que même le Kenpachi avait compris. Hitsugaya ne leur avait jamais pardonné. Et Shunsui leur avait passé un savon.

- Le problème de ta division, c’est qu’elle se trouve entre la mienne et celle de ce vieux grincheux de Tenzen. Ce jour là, on s’est un peu prit le bec. Résultat, j’ai arraché ce morceau de mur pour lui foutre dans la tronche pendant que lui, futé comme il est, me balançait un putain de Cero vers moi. J’peux te dire que ça a déménagé ici… On a été obligé de rembourser les dégâts. Shunsui était un peu énervé, fallait le voir. Perso, j'regrette rien. J'me suis bien marré même si Toshirô a tiré la tronche longtemps.

Mais l’animosité entre les deux Capitaines les plus puissants du Seireitei était trop grande pour être ignorée. Et Shinjirô ne cherchait généralement pas à calmer les choses. Depuis, de nombreuses confrontations avaient eu lieu. Mais plus jamais au Seireitei où les curieux étaient trop nombreux. Être dans le collimateur du Commandant, c’était pas toujours de tout repos.

- Tiens, j’vois que tes gars commencent à débouler. Les nouvelles vont vite ici. De toi à moi, tu l’sens comment ton retour au bercail ? T’es resté un bail sur terre mon gars. C’pas la même façon de gérer hein ?

Il faisait allusion au Kanshu, qui avait disparu. Le colosse n’avait pas vraiment cru qu’une puissance terrienne puisse tenir le choc, même avec Kisuke aux commandes. Il était du genre sceptique sur ce groupe et les faits lui avaient donnés raisons.

Ah oui, quand même...

Aïe... Je ne m’étais vraiment pas attendu à ça, comment aurais-je de toute façon pu ? Déjà à mon arrivé avoir appris que je me trouvais entre la division de l’homme le plus puissant du Seireitei, et surtout à côté de celle du Capitaine qui devait m’aimer le moins à travers toute l’histoire de la Soul Society, à savoir Tenzen avait été un choc en soit. Mais de savoir qu’en plus de ça, les deux en question ne pouvait pas se voir et risquait à tout moment de raser ma Division juste parce qu’il leur faudrait un terrain de jeu, là c’était autrement plus compliqué... Et puis cet air lorsqu’il me racontait tout ça... Comme si c’était tout à fait normal, qu’il n’y avait pas le moindre problème dans ce qu’il disait. Il n’avait après tout utilisé qu’un bout de mur pour le lancer sur l’autre... C’est vrai que je devrais presque m'estimé heureux qu’il n’est pas pris tout le mur, voir même qu’il n’est pas détruit un bâtiment en entier... Sérieusement quoi ! Et puis voilà, le Capitaine de la Neuvième était lui aussi un Vizard, rien que ça. Le mentor et l’élève qui était les deux passé par le même état je trouvais ça plutôt drôle, mais passons...

Par contre l’argenté revint rapidement au sérieux de la conversation. Ce qui me permit de faire s’éloigner ce frisson qui m’avait parcouru à l’idée de voir ma Division transformé en terrain de jeu taille nature pour ces deux monstres... Je dus malgré tout avouer que malgré son manque cruelle de respect des grades dans ses paroles cet homme qui se trouvait en face de moi n’avait plus grand chose à voir avec celui que j’avais rencontré il y a bien longtemps de ça ici même. Il était toujours aussi franc, mais il avait un quelque chose en plus, je n‘aurais vraiment sut dire, mais j’appréciais bien.

Je vous avouerais sans mal que je suis un brin stressé, mais malgré tout très heureux d’être de retour ici surtout dans cet habit. Je n’avais à vrai dire jamais imaginé revenir un jour, pensant que l’on me considérerait comme mort et que je resterais à Karakura pour l’éternité si je puis dire. Malgré tout bien que je ne suis plus revenu ici depuis plus de 200 ans je suis toujours resté un peu nostalgique de cet endroit qui n’a d’ailleurs pas changé d’un pouce, si l’on oublie le mur.

Un léger rire s’échappa de ma bouche, impossible de dire si c’était un vrai rire où simplement un rire nerveux qui sortait, j’étais bien trop perturbé de retourner dans cette division. Je laissais en suspens sa question sur la façon de gérer le temps de poser les choses pour ne pas dire de choses qui risquerait de ne pas avoir le sens que je désirais leur donner. Je ne voulais pas dénigrer l’image du Kanshu car bien même qu’il n’existait plus j’avais chéri cette institution aussi longtemps que j’en ai fait parti !

La façon de gérer et clairement différente, même si dans certains domaine l’on peut dire qu’il y ait des points commun entre le Gotei 13 et le Kanshu. Je sais bien que beaucoup de gens étaient sceptique face à ce que nous essayions d’entreprendre et qu’il est vrai que le Kanshu ne fut pas autant stricte que ce que l’on trouve au Seireitei et que c’est probablement ce manque de cohésion qui est pour beaucoup dans les événements qui viennent de survenir, néanmoins je pense que nous n’avons pas été pour autant complètement inutile dans cette ville.

Je terminais ma phrase la mine légèrement baissé, triste de ce que je disais. Je le savais et l’avais toujours su, tout ce que nos détracteurs s’acharnaient à penser de nous. A la seule différence qu’au contraire de beaucoup d’autre qui n’avait eu de cesse que de dénigrer ce que nous faisions nous avions essayer de faire quelque chose. Car bien que nous ayons été complètement exterminé. Les Shinigamis n’ont jamais rien fait pour protéger cette ville, hormis lors des problèmes avec Aizen. Les Mahô Tsukai aurait réduit la ville à néant si nous n’avions pas été là, et bien que nous n’ayons pas réussis à sauver tout le monde je reste persuadé que notre travaille n’a pas servit à rien. Je ne peux tout simplement pas y croire ! Pas pour eux, pour tous ces personnes que je considérais comme mes frères d’armes qui étaient morts sous mes ordres lors de cette guerre ! Pour eux je garderais la flamme et je la ferais grandir, encore et encore !

L’on y était enfin prêt de la cour où une bonne partie de ma Divsion m’attendait. Désireuse de connaître l’homme qui allait remplacer leur ancien Capitaine bien aimé. Je pouvais le voir dans leur visage, les larmes n’étaient même pas encore sèches sur leurs joues. Ils étaient toujours en deuil, et pourtant ils se dressaient fièrement là devant moi. Essayant de me prouver que malgré leur chagrin il ferait de leur mieux pour me suivre, tant que je me monterais digne d’être leur Capitaine. Je me tenais légèrement en retrait par rapport au Kenpachi, il était de son devoir de dire un petit quelque chose avant que je puisse prendre la parole fasse à ma Division et enfin en prendre les reines.

Pas complétement inutile, certes, mais pas efficace pour autant. Shinjirô ne comptait toutefois pas rebondir une nouvelle fois dessus, préférant se concentrer sur la tâche qui était la sienne. Shu était un homme intelligent et il savait quelle était sa place pour le moment. Il avait sans doute deviné que la présence du plus puissant capitaine du Gotei à ses côtés était une sorte de garantie pour ceux de sa division. Comme un avertissement à ceux qui oseraient mettre en doute la place de l'Igarashi. Un avertissement à double sens malgré tout : car la mise en garde valait aussi pour l'ancien Général du Kanshu. En réintégrant les forces du Seireitei, il s'engageait à se donner corps et âme à la cause des Shinigamis. Et la prochaine trahison serait certainement passible d'une mise à mort immédiate.

Préférant ne pas tabler sur un avenir qui lui paraissait de toute façon incertain, Shinjirô fit un geste en direction de Shu pour l'inviter à ne pas le suivre. Il fit alors quelques pas supplémentaires, détaillant du regard ceux qui s'étaient amassés face à eux. Il n'y avait pas de mystère: ils savaient tous à quoi s'en tenir. Mais l'annonce devait être faite dans les règles. Shunsui avait été catégorique là-dessus. Sa mission étant claire, il allait donc se résoudre à suivre les directives données. La mort de Toshirô avait pour ainsi dire réduit la combativité de cette division. Le Commandant estimait donc urgent d'y remédier. Surtout avec les temps à venir...

- Shinigamis ! Vous savez tous pourquoi je me présente à vous aujourd'hui !!! Le Sotaishô vient de nommer un nouveau Capitaine à la tête de votre division. L'homme qui se dresse derrière moi est Igarashi Shu. Accueillez-le comme il se doit. Car à partir de ce jour, vous vous placez sous ses ordres.

La voix ferme de Shinjirô rassemblait les foules. Les visages détaillaient Shu. Sans doute que parmi la foule, certains avaient connus l'ancien Fukutaishô de la Dixième division, qui rentrait aujourd'hui au bercail pour prendre la place la plus importante d'un tel groupe. Que pensaient-ils ? Jugeaient-ils celui qui avait été considéré comme traître par le passé ? Ou attendaient-ils tout simplement que la relève se montre à la hauteur de leurs attentes ? En tout cas, cela ne concernait en rien Shinjirô qui venait de remplir sa part du marché. On ne pourrait rien lui reprocher. Shu était prévenu qu'au moindre écart, il trouverait sur sa route le Kenpachi. Mais il n'y avait pas de raison de s'en inquiéter : Shunsui prenait généralement de bonnes décisions. Se tournant vers lui, Shinjirô attendit qu'il arrive à sa hauteur. Il avait désormais toutes les cartes en main pour diriger la Dixième.

- Je vais te laisser gérer ta division. Si besoin, tu sais où me trouver. Tes gars sont encore sous le choc mais j'vais te laisser un p'tit conseil gratos, juste pour que tu sois bien armé : te laisse pas attendrir par les pleurs. Shunsui a du te le dire à sa manière. Moi j'vais le faire à la mienne, qui est déjà plus claire : on a besoin que ta division soit au top très vite. S'ils sont mal préparés, tu seras l'unique responsable de leur mort. Alors n’hésite pas à m'envoyer de temps en temps quelques-uns de tes gars pour qu'ils suivent une vraie formation militaire. Toshirô était trop laxiste. Et ça lui a coûté la vie.

Shinjirô n’était pas un petit génie comme l’avait été Hitsugaya. Mais il comptait davantage sur sa propre force pour savoir qu’il ne se ferait pas surprendre si facilement. En sa qualité de Kenpachi, il avait reçu ordre de reprendre la formation des unités les moins habiles. La Dixième en faisait partie et Toshirô en était l’unique responsable. Il espérait donc que Shu ne se montrerait pas aussi tendre que son prédécesseur.

Le Kenpachi avança de quelque pas. Son discours fut bref et concis mais c’était tout ce que je demandais. Je le regardais de dos, il était devenu Capitaine, et de surcroît le plus fort d’entre eux. Comme quoi tout était possible dans ce monde avec de la volonté ! J’avais encore légèrement du mal à l’imaginer autrement qu’un Capitaine avec le Caractère du cinquième siège que j’avais connu il y a plus de deux cents ans de là. Il était à l’époque malgré tout ce que l’on pouvait trouver à dire un véritable cas. Et pourtant dans la Onzième on en voit des cas... Mais ce n’était pas le sujet. Je savais bien que s’il était là ce n’était pas que pour faire un discours, sinon le Shôtaishô aurait envoyé quelqu’un d’autre à sa place. Non il était là pour marquer le coup, pour imposer autant à mes hommes qu’à moi la décision de notre Capitaine Commandeur. Je n’avais plus le droit à la moindre incartade. Si je faisais quoi que se soit de compromettant il serait là, et pas pour les bonnes raisons ! J’avais plutôt intérêt à gérer fallait bien l’avouer ! Malgré tout je n’étais pas pour autant stressé. Je ne considérais pas avoir un instant dans ma vie réellement quitter mon rôle de Shinigami et ne considérait pas réellement ma désertion pour une véritable désertion, j’avais tellement plus perdu que gagné à cause de celle-ci... Mais là n’était malheureusement pas le sujet. J’avais une entrée à faire.

Membres de la Dixième Division. Probablement certains d’entre vous me connaisse déjà, j’ai fait partie de cette division il y a de ça plus de 200 ans. J’y étais Vice-Capitaine. Je sais ce que vous devez penser. Pourquoi avoir mis à notre tête un déserteur. J’ai eu mes propres raisons en ce qui concerne cet événements et je ne suis pas là pour vous raconter ma vie. Je peux simplement vous promettre que je ferais tout mon possible pour être à la hauteur de cette Division et que je ferais redevenir celle-ci à la place qui fut autrefois la sienne ! Je compte sur vous pour m’aider dans ce long chemin vers la réussite que cela vous plaise ou non, nous allons rendre ces lettres de Noblesses à la Dixième division !

J’avais réussis à capter les foules. Une vague d’applaudissement traversa la foule qui se trouvait devant moi. Je les détaillais chacun, heureux de voir que j’avais au moins le support d’une partie d’entre eux. J’envoyais des encore sceptique et je pouvais parfaitement le comprendre, je les ferais rapidement changer d’avis, qu’il le veuille ou non, j’allais faire mon devoir et cela avec toute mon énergie ! Je me retournais pour être au même niveau que l’argenté.

Encore une fois merci du Conseil Kiryû-Taishô. Néanmoins ne croyait pas que j’ai été nommé ici par simple coup de chance. J’ai peut être quitté le Seireitei il y a deux cents ans, et le Kanshu n’avait pas la rigueur du Gotei 13, mais si je peux vous promettre une chose c’est que mes hommes seront bientôt en état de botter le cul des vôtres !

Lui dis-je avec un grand sourire parfaitement honnête, et un regard serein le fixant droit dans les yeux. Mais qui exprimait par la même occasion qu’à partir de cette instant je reprenais les reines de cette division, et que surtout, je n’étais pas Toshirô ! Malgré tout le respect que je devais à cet ancien Capitaine qui avait perdu la vie au combat je ne serais pas celui qui réitérerais ses erreurs ! Je savais parfaitement qu’il en faudrait bien plus pour impressionné un homme de sa trempe que quelques paroles, mais si je pouvais affirmer une chose c’est qu’il n’était pas du genre à mettre en doute les paroles des autres. Et même s’il feinterait, je savais que mon message était passé !

Merci de l’offre en ce qui concerne vos stage en enfer. Je ferais sûrement besoin à vos services pour les hommes que je ne peux aider moi même.

Je pensais par là, à mes hommes utilisant le Hakuda, un des rares domaines où je n’avais réellement aucune base. Une de mes plus grosses lacunes, mais pas le moins du monde un domaine où je comptais pour l’instant faire un quelconque progrès. Cet art ne me convenait pas le moins du monde autant être réaliste ! J’étais content de cette première rencontre avec cet Homme qui je l’espérais c’était passé autant bien pour lui que pour moi, car je ne comptais pas exactement m’en faire un ennemi et nos divisions étant adjacente il était primordiale que je puisse compter sur lui. Car j’aurais clairement assez à faire avec la Neuvième et son Capitaine qui me détestait tout simplement. Bien que j’avais au moins le support de son Vice-Capitaine... Et puis il y avait le différent entre les deux divisions là qui n’était pas réellement rassurant...

Je ne sais pas vraiment si c’est dans le protocole, ni même si vous avez le temps, mais si vous le désirez nous pourrions poursuivre cette conversation autour d’un verre ? J’imagine que les bars entre nos deux divisions n’ont pas changé de place en deux cents ans, non ?

Shinjirô comprenait la réticence de cet homme. Ils s’étaient connus quelques siècles auparavant, alors même que le colosse n’était qu’un simple siège de la Onzième division. Et Kiryû n’avait jamais été un homme très facile à vivre. Bagarreur, irrespectueux de la hiérarchie, il se souvenait d’avoir régulièrement envoyé chier ceux qui osaient l’ouvrir un peu trop fort devant lui. Shu l’avait en quelque sorte subie, même s’il ne s’était pas pour autant laisser démonter. Ainsi, voir que cette tête de con était devenue le Kenpachi, cela pouvait en effet déstabiliser quelque peu. Bien sûr, la simple allusion au fait que ces types de la Dixième puissent vaincre ses gars le faisait franchement sourire. Mais c’était tout à son honneur d’y croire, même s’il s’agissait là d’un objectif irréalisable à ses yeux. Ce pourquoi, non sans lui adresser un petit clin d’œil, il lui glissa simplement ces quelques mots :

- Tu peux toujours rêver mon pote. Z’ont aucune chance tes gars.

Pour sa proposition de prendre le relais lorsque la situation l’exigerait, il savait qu’il serait entendu. On ne négligeait pas l’enseignement de l’homme le plus fort du Gotei. On avait beau critiquer ouvertement le rôle de la Division du Combat, tous savaient que sans eux, il n’y aurait aucune autre division susceptible de prendre le flambeau et de charger en première ligne. La dernière grande bataille au Hueco Mundo l’avait prouvé : seuls Noboru et lui s’étaient réellement sorti victorieux de leur combat. Les autres n’avaient que pu retarder l’échéance, le temps que Sunshui ne réagisse en envoyant des renforts.

La suite lui arracha un nouveau sourire. Comme si le mot « protocole » entrait dans son vocabulaire. N’avait-il pas cerné le caractère de Kiryû, alors même qu’il devait être un des plus faciles à capter ? Ou cherchait-il seulement à se montrer poli en proposant cette offre forte intéressante ? En tout cas, il était évident qu’il comptait bien en profiter pour se faire rincer, ne serait-ce que pour la première session. Boire un verre entre camarade de l’ancienne époque n’était pas une chose qui se refusait. Autre temps, autre mœurs. Et s’il ne regrettait pas cette période, il aimait quand même se ressasser certaines petites histoires, pour le plaisir.

- Va pour un verre. Mais tu payes ta première tournée… J’te suis par contre. Perso, j’connais surtout les endroits branchés du Rukongai. Par ici, j’ai plutôt l’habitude de suivre les autres.

Oh que si ils ont une chance ! Je savais pertinemment qu’il comprenait ce que je voulais dire et que malgré ses paroles, son clin d’oeil en impliquait plus qu’il voulait bien le dire. Il y aurait du boulot, mais nous n’étions pas la division stratégique pour rien. Si eux possédait la force brute nous possédions les tactiques de guerre, et qu’il le veuille ou non, j’allais redresser cette Division qui n’aurait plus rien à envier à aucune autre, pas même à la sienne ! J’allais avoir du pain sur la planche c’était une évidence, mais dès demain je viendrais ici même, et je prendrais les choses en main. J’avais des millions de chose à faire, mais je ne pouvais malheureusement pas éviter de rencontrer la plus grande parties des gradés possible au Seireitei. Car si je réussissais à remonter ma division à la place qui devait être la sienne, je ne pourrais rien en faire sans le soutient de mes paires. Et pour se faire je devais à tout pris découvrir qui serait de mon côté, et qui ne le serait pas lorsque le besoin se ferait ressentir. Car si avoir une division en forme était excellent, ne rien pouvoir en faire étant tout simplement inutile. Je ne pourrais donc pas couper de recevoir la plus part des gradés du Gotei 13...

Oui il est clair que la première est pour moi ! Suivez moi !

Le Rukongaï ! Cela me paraissait une éternité que je n’y étais pas retourné ! C’était plutôt normal après tout, mais tout de même, j’avais l’impression que même lorsque j’étais encore ici ce n’était de loin pas l’endroit où je me rendais souvent, voire pour ainsi dire jamais ! Je n’y avais rien, et mes attaches n’étaient plus ce qu’elles étaient. J’avais découvert au Seireitei une nouvelle famille et n’avait ressenti le besoin d’y retourner souvent. Je m’étais assuré que la «famille» avec qui j’avais vécu là-bas ne manque de rien et soit dirigé dans un district plus calme, mais m’y à part ça je n’y remettais réellement pas les pieds souvent...

J’avais donc pris les devant. Je comptais l’emmener dans un des bars les plus prêt. Un bar tranquille. Je ne comptais pas me rendre tout de suite dans le bar de vieux Ayuzaki, il recevrai de ma visite plus tard, quand je serais seul. Aucune offense envers le Kenpachi, mais c’était un petit homme auquel j’avais été attaché lors de ma vie au Seireitei et je ne voulais pas lui offrir le spectacle de nos retrouvailles, qui serait je le savais déjà mouvementé ! Je préférais donc me rendre dans un petit bar qui se situait exactement entre nos deux divisions. Un bar tout ce qu’il y a de plus simple, où l’on servait un Saké malgré tout excellent et qui était très apprécié de nos deux divisions respectives. Et surtout si rien n’avait changé en deux cents ans, ce qui était selon ce qu’il m’avait dit était peu probable, le bar ne devrait donc pas contenir le moindre membre de la Neuvième. De quoi éviter toute anicroche superflue. Je poussais la porte de ce bar qui se trouvait presque caché derrière un mur, et qui de fait n’était pas visible de loin. Nous y rentrions, il était presque vide et c’était à vrai dire tant mieux. Nous y serons largement plus à l’aise pour discuter. Je choisissais une table vide qui me semblait la plus propice, et commandait par la même occasion deux Saké au serveur qui était arrivé en hâte, surtout du fait qu’il doive s’occuper de deux Capitaines...

J’imagine que le Saké vous convient, non ? Si rien n’a changé ici depuis ma dernière visite vous devriez apprécier !

Les Sakés furent servis à une vitesse folle, probablement le fait que l’on soit Capitaine ? Je n’y étais pas réellement habitué pour être honnête, mais c’était tant mieux dans tous les cas ! Je me demandais l’espace d’un instant si je n’étais pas trop polie avec cet homme ?! Je n’allais pas pour autant me mettre à le tutoyer comme ça, mais je me trouvais un brin «coincé du cul» sur ce coup là...

Vous disiez donc, des coins branchés au Rukongaï ? J’avoue être preneur si vous avez des endroits où un Capitaine peut sortir sans trop de problème !

L’établissement était presque vide, ce qui ne dérangeait pas outre mesure le géant. C’était même plutôt le contraire. Il était en quelque sorte libéré de ses obligations vis-à-vis de Shu et allait seulement prendre plaisir à boire un verre, histoire de se détendre un peu. Des occasions comme celles-ci, il n’en avait pas des masses avec l’entraînement qui reprenait de plus belle. Ainsi toute occasion était bonne à prendre. Et ne pas avoir à subir les regards interrogateurs des Shinigamis était plutôt une aubaine. Un Capitaine attirait toujours l’attention des autres, qu’il le veuille ou non. Mais lorsque ce capitaine est une véritable montagne, et qu’avec lui s’en trouve un autre auparavant déserteur, alors aucun doute à avoir : il aurait été observé en silence, faisant l’objet de toutes les discussions. Et Shinjirô détestait cela.

Ecoutant Shu, il attrapa simplement le verre et le dirigea dans la direction de son homologue, signifiant ainsi qu’il levait son verre à la situation. Pour le moment, il souhaitait seulement goûter l’alcool afin de s’assurer que le Capitaine de la Dixième division ne se trompait pas. Ne connaissant pas l’établissement, il comptait se fier aux propos de celui qui était de retour parmi eux. Il avala la liqueur d’une traite, ne prenant pas le temps de le déguster outre mesure. Le liquide lui réchauffa d’emblée la gorge. Fameux, il avait raison. D’un geste, il invitait le tenancier à en resservir un peu, lui demandant ensuite de laisser la bouteille sur la table. Question de pratique. Alors que le gérant repartait, Shinjirô reprit la parole.

- Ah pour ça, j’connais l’endroit parfait. « Aux Phalanges Brisées ». Pas très loin, faut juste traverser quelques districts mais rien de bien méchant. Un endroit parfait pour des types comme nous. Et j’peux te garantir que là-bas, t’auras aucune emmerde. Faut dire que j’connais bien le gérant… C’est moi !

Le second verre fut sifflé aussi rapidement que le premier, Shinjirô claquant la coupelle sur ce qui servait de table. D’un geste du bras, il s’essuya la bouche, reportant son attention sur Shu. Pour sûr, son établissement était véritablement l’endroit où aller lorsque l’on était Shinigami. Outre les prix réduits pour l’élite du Gotei, il y avait de quoi s’amuser. Les danseuses étaient juste magnifiques, même s’il avait déjà du calmer les envies de certaines à leur égard, l’alcool était excellent et surtout, la « seconde pièce » était véritablement parfaite. Oui, il s’agissait bien de l’endroit où se rendre si l’on voulait passer du bon temps.

- Question détente, tu trouveras pas mieux que là-bas. Et pour ceux qui aiment les défis, y’a aussi de quoi faire. Bref, j’dis pas ça parce que l’établissement est à moi, mais c’est vraiment le tip-top si t’as besoin de te changer les idées. J’t’en ressers un ?

Shu avait vidé son verre et déjà le colosse le lui remplissait. A ce rythme, la bouteille ne ferait pas long feu. Mais après tout, c’était pour ça qu’ils étaient venus ici.

- Pas dégueu c’te liqueur, t’avais raison.

Aux phalanges brisées. Voilà bien un nom qui correspond parfaitement à l’homme qui se trouve en face de moi. Je devais avouer que ça en imposait pour le genre de bar que c’était et au moins ça dissuadait quiconque de vouloir tenter quoi que se soit contre ce bar. De toute façon qui serait assez fou pour foutre le bordel dans un bar tenu par le Kenpachi lui même ?! J’avais beau l’avoir connu alors qu’il n’était que Cinquième Siège, me dire qu’il était actuellement l’homme le plus fort du Seireitei était toujours difficile à prendre en considération... Et de savoir que l’homme qui venait après lui soit l’homme qui me déteste le plus dans tous le Seireitei était encore plus dur à prendre en compte, mais ça c’était une toute autre histoire...

Oh et bien ça m’a l’air l’endroit parfait pour aller boire des verres !

Une petite pensée en me disant qu’heureusement que je n’avais pas été dans le bar d’Ayuzaki car si celui ci m’avait entendu parler de la concurrence il m’aurait probablement botté le cul. Car à n’en pas douter un tel bar risquerait de mettre sa propre affaire dans l'embarras au début en tout cas... Je l’entendais ensuite continuer sa tirade non s’en s’être avalé cul sec un verre supplémentaire de Saké. Il avait une véritable descente cet homme ! Je n’étais pas forcément à plaindre, mais j’aimais plus savourer les boissons surtout quand le Saké était aussi bon. Je bus mon verre en deux longue gorgée, légèrement plus tranquillement que le Kenpachi. Ecoutant simplement attentivement ce qu’il avait encore à dire.

Oh je vois que vous n’avez pas perdu vos habitudes de parieur...

Lui dis-je avec un sourire qui en disait long. Il devait se rappeler de notre dernière rencontre il y a deux cents ans. Alors qu’il avait parié sur sa victoire contre mes hommes et les avait purement et simplement écrasé ! Oui il devait s’en rappeler j’en étais sûr.

Et oui volontiers pour m’en resservir un ! Content que ça te plaise !

Lui dis-je content qu’il apprécie la boisson que je lui faisais découvrir. J’imaginais que le gérant devait être heureux d’avoir deux Capitaine ici, et peut être même que le Kenpachi reviendrait de lui-même... Ce qui dans un sens m’étonnerait étant donné qu’il avait maintenant son propre établissement, mais qui sait après tout ?! Peut être qu’un jour pour une «réunion» comme celle d’aujourd’hui viendrait-il ici plutôt que de traverser le Rukongaï, ce qui faisait malgré tout une belle différence de trajet...

Donc j’imagine que dans votre bar on trouve à peu de chose prêt tous ce qu’un homme voulant se détendre peut désirer ? Des femmes, de l’alcool, des combats, et des jeux d’argents ?

Pourquoi perdre une habitude qui lui permettait de s’en mettre plein les poches ? Les paris, c’était en quelque sorte une grosse partie de sa vie. Avant même d’être Shinigami, il en vivait, misant sur ses propres combats. Et avec Noboru, ils avaient fait de ce petit jeu une véritable religion au sein de la Onzième division. Les autres Shinigamis le savaient et ce petit marché noir était des plus lucratifs. Ainsi, aucune surprise dans le fait que son bar soit aussi concerné. Il répondit donc en souriant, adressant même un petit clin d’œil au Capitaine comme pour lui faire comprendre qu’il avait mit dans le mile.

Faut dire qu’ils avaient un petit historique à ce sujet. Les deux hommes s’étaient par le passé rencontrés pour une bagarre qui avait dégénéré, les hommes de la Dixième se refusant d’allonger l’argent qu’ils avaient joués et perdus. Le colosse avait alors prit plaisir à récupérer son oseille en usant de Diplomatie et de Persuasion. Les noms qu’il donnait parfois à ses poings. Le souvenir fut fugace mais suffisant, laissant la bonne humeur planer au dessus du crâne du géant.

- En gros, c’est ça.

Bien que pour les femmes, il ne s’agissait en réalité que de danseuses. Il n’y aurait pas de commerce autour de ces donzelles, sachant très bien ce qu’il risquait dans le cas contraire. Par ailleurs, les combats clandestins étaient encore interdits et Shinjirô savait que la discrétion devait être de mise. Quiconque ouvrirait sa gueule à tort et à travers risquerait gros. Et si les rumeurs ne pouvaient être contenues, le Kenpachi comptait sur sa réputation pour tenir éloigné les milices en charge du Rukongai. De toute façon, qui serait assez fou pour lui tenir tête ? Seul Tenzen le faisait. Les autres n’en avaient ni le courage, ni la capacité.

- Pour éviter le gros bordel, j’suis quand même obligé de garder un œil sur mon affaire. J’peux pas y être chaque soir bien sûr donc j’y ai posté des mecs à moi, des gars en qui j’ai confiance. En mon absence, les combattants sont triés sur le volet et tout le monde ne peut pas se battre. Ca me permet d’éviter le grabuge. Par contre, niveau alcool, c’est du haut niveau mon pote. On a un tord-boyaux brassé directement chez nous, à la Onzième. C’est autre chose que la pisse d’âne que vendent certaines échoppes, tu peux m’croire.

Shu semblait se détendre un peu, le tutoiement en étant la preuve. Le genre de chose que ne relevait pas le Kenpachi tant lui-même était en permanence familier. Il préférait quelqu’un de bien droit dans ses baskets, qui lui parlait normalement, plutôt que ces espèces de trous du cul qui se croyaient malins de jouer les lèches-bottes. Le respect ne passait pas nécessairement par le vouvoiement.

- J’vais pas tarder à faire une putain de fête là-bas. J’compte sur toi et tes gars pour venir profiter de la soirée. Crois-moi, ça va être quelque chose.

Je m’en rendais compte bien tard... Je venais de le tutoyer... J’eus l’air gêné un instant, enfilant mon troisième verre d’un coup pour faire passer l’instant de gêne. Je n’étais pas du genre à tutoyer n’importe qui comme ça, mais pourtant à force qu’il me tutoie je ne m’en étais même pas rendu compte tout de suite mais je l’avais aussi fait. Une seul fois, sans vraiment y penser. Mais pourtant je n’étais pas habitué à ça. Je ne tutoyais les gens que lorsqu’on me le demandait pour plus de facilité dans la relation ou lorsque la personne était vraiment quelqu’un de proche, comme Imari par exemple. Pour un autre exemple je connaissais Kamui depuis maintenant longtemps et pourtant aucun de nous deux ne tutoierais probablement jamais l’autre. Alors qu’ici cela me paraissait presque naturel. Cet homme avait beau être une brute et l’homme le plus fort du Seireitei il était d’une étonnante simplicité et parler avec lui n’était pas si compliqué que l’on pouvait se l’imaginer en le voyant, avec sa carrure de colosse ! Je décidais donc de ne plus faire de cas. Il ne l’avait semblerait-il pas mal pris et je me disais que tant qu’à faire autant continuer ainsi...

Ce qu’il me dit sur son bar était plutôt intéressant et surtout compréhensible. Il devait gérer son affaire tout en étant ici au Seireitei et ce ne devait clairement pas être simple c’était au moins une chose que je pouvais facilement imaginer. C’était un peu comme être Capitaine de Division sans être au Seireitei, en extrapolant beaucoup, car le boulot n’était évidemment pas le même. Mais dans tous les cas je ne doutais pas un instant qu’un bar gardé par la Onzième devait être plutôt très sûr. Pas trop de risque de baston, quoi qu’il en faudrait pas des comme lui... M’imaginant un instant un type comme lui parmi ses membres, un mec n’écoutant de loin pas toujours les ordres de ses supérieurs et qui n’en faisait parfois qu’à sa tête, la situation pourrait vraiment vite déraper c’est clair et net ! En ce qui concernait son Tord-boyaux comme il l’appelait je pouvais être sûr qu’au vue de ses goûts pour les bon alcools il devait être excellent !

Oh et bien j’ai vraiment hâte de goûter à cet alcool !

C’était très vrai. Car si j’étais reconnu pour être un grand amateur de thé, j’appréciais malgré tout énormément un voire plusieurs verre de Saké ou d’autre alcools du même genre. Des boissons qui si bien préparé était un véritable régal ! Il était vraiment très franc dans sa manière de parler et pourtant pas un seul instant je n’avais l’impressions qu’il ne me respecte pas. Il était un genre d’homme poli tout en parlant familièrement ce qui en soit était tout simplement étrange...

Et bien tu peux d’ores et déjà compter sur moi ! Je serais là quoi qu’il arrive ! Et je ferais passer le mot dans ma division, j’imagine qu’ils feront leur possible pour venir aussi ! Après tout, un soirée organisé par le Kenpachi, se sera la soirée de l’année, voire du siècle ! Ahaha !

En même temps les soirées c’est pas comme si c’était le truc très à la mode au Seireitei. Je savais que j’étais un peu plus joyeux que d’habitude et que cela venait de l’alcool mais je n’étais pas pour autant faux dans ce que je disais, je pensais réellement que cette soirée risquée vraiment d’être très intéressante, car je ne doutais pas un instant que la plus part des gens importants du Seireitei ferait le déplacement. J’imaginais un instant le capitaine de la Neuvième dans un tel endroit avant de retirer cette sale idée de mon crâne.

- Tu l’as dit mon gars, tu l’as dit ! Alors Aux Phalanges Brisées !!

Et il avala de nouveau cul sec son verre, adressant un clin d’œil au capitaine de la Dixième division. Il était clair qu’il existait une grande différence entre cette discussion et la première que les deux hommes avaient eue quelques siècles auparavant. Plus détendue, Shinjirô avait moins d’apriori sur ce nouvel arrivant. Bien qu’on ne saurait que plus tard s’il valait le coup comme Taishô. Après tout, qui aurait misé sur le fait que le Kenpachi actuel serait un bon meneur d’hommes, respecté par sa division et ses pairs ? Sans doute personne. Et ils n’auraient pas eu tort s’ils avaient gardés à l’esprit l’image de Shinjirô plus jeune. Une vraie tête de lard.

Mais aussi plaisante que soit cette discussion, Shinjirô éprouvait désormais le besoin de se retirer. Sa mission était achevée et il avait même prit le temps de se détendre un peu. Il avait encore quelques petites choses à régler, comme de réagir à l’enquête qui venait de s’ouvrir sur la disparition d’un de ses gars. Encore une tonne de paperasse à remplir et il savait que ça ne se ferait pas tout seul. Noboru avait beau dire que ce n’était pas de sa faute si on l’avait foutu Capitaine de la Seconde division, aux yeux du colosse il restait l’unique responsable. Et de fait, il restait de corvée de rapports.

Posant le regard sur Shu, il se leva et sortit de sa poche son fameux étui à cure-dent. Une incompréhension pour beaucoup mais il s’agissait là d’un tic qu’il n’arrivait pas à supprimer. Glissant le morceau de bois entre ses mâchoires, il commença à le mastiquer, pensif. Le silence ne resta pas longtemps le maître des lieux. Car rapidement, il reprit :

- C’est pas que je m'emmerde mais j’ai deux ou trois p’tites choses à régler encore. J’te laisse prendre ta division en main et oublie pas : t’es sensé me montrer que tes gars valent le coup. Alors t’as intérêt à cravacher là-dessus, histoire d’en faire des hommes. Moi j’te laisse. Si besoin, tu sais où m’trouver.

Et c’est ainsi qu’il sortit, non sans saluer le propriétaire de l’endroit. Qui ne le reverrait sans doute jamais mais qui aurait au moins la fierté de dire qu’un jour, deux Capitaines avaient bu un verre dans son humble taverne. C’était toujours ça de prit.

Alors aux phalanges brisées !

Répondis-je en avalant mon verre cul sec. Je ne sais pas pourquoi je faisais ça mais j’avais trouvé ça parfait sur le moment. Probablement les précédents verres qui me faisait me lâcher un peu plus, du moins c’est ce que je pensais sur le moment. Cet homme avait beau être un Capitaine à la force dépensant l’imagination il restait un homme plutôt simple à cerner. Et surtout n’avait plus rien à voir avec celui que j’avais connu il y a de ça plus de 200 ans ! Je n’osais qu’à peine imaginer le bordel que représenterais cette soirée pour laquelle il m’invitait, ou plutôt cette soirée à laquelle tout le Seireitei devait d’ores et déjà être invité ! Un moment à ne définitivement pas loupé c’était clair et net ! Et j’y serais ! Si je désirais me faire une bonne place ici j’avais plutôt intérêt à gagner le respect des gens et aussi évidemment à faire qu’il m’apprécie. Sortir là-bas pouvait bien m’aider dans ce deuxième but. Du moins je pense. Si je ne finissais pas trop mal et ne risquait pas de me mettre à faire des conneries à cause de l’alcool. Après tout qui sait...

Ne t’inquiète pas je t’en enverrais sûrement un groupe très prochainement ! Et je te prouverais ensuite qu’ils valent bien le coup ! Ma Division fera définitivement parti de l’élite ! Tiens le toi pour dit !

Je ne rigolais pas un instant. L’alcool aidait probablement à me débrider et à me faire perdre mon calme habituel moi qui en règle général maitrisait parfaitement mes émotion et mon tempérament, de peur de laisser mon vieille ami sortir de l’endroit où il se trouvait. Ce qu’aucun de nous ne désirait bien évidemment ! Bien au contraire même ! Plus il resterait terré là où il était mieux ma réputation se porterait ! Que je sois un Vizard n’était vraiment pas une honte, bien au contraire. C’était un pouvoir que j’étais tout à fait d’accord de mettre au service du Seireitei, mais je n’avais pas besoin que cela ne s’ébruite pour l’instant du moins. Surtout pas qu’il donne l’impression que je ne le contrôle pas. Ce qui n’est clairement pas le cas !!

Je me rasseyais à la table. Pas encore décidé à quitter ce bar. Je désirais profiter quelques minutes de plus de l’endroit. De la tranquillité. Pouvoir me dire un instant que je n’étais pas le Capitaine de cette Dixième Division et que je n’avais pas une tonne de boulot à remplir. J’en étais heureux c’était sûr et certain, mais pourtant il fallait s’avouer que le temps où je refourgais mon boulot et où je me la coulais douce était maintenant révolu et ce pour les prochaines siècles à venir... Oui j’allais avoir du pain sur la planche pour tenir les engagements que j’avais pris aujourd’hui ! Je ne décevrais sûrement pas cet homme là et lui prouverait que j’étais digne de confiance ! Oui j’y arriverais ! Je me relevais enfin, prenant appuie sur ma chaise je partais de ce bar, fier d’être l’un des 13 Représentants du Gotei 13 !