Commandant... Vraiment ? [Asuna/Shinjirô]

La réunion s'était achevée et le colosse en gardait un souvenir désagréable. Les ordres étaient donnés et il devait les suivre. Mais il avait aussi profité de cette réunion pour exposer clairement ses intentions : il était d'ailleurs préférable pour Asuna qu'elle en tienne compte si elle souhaitait préserver cette paix relative. Un Reaper qui oserait s'en prendre à un de ses gars ou à lui verrait son existence raccourcie. Question de principe. Mais plus que tout, c'était sa frustration qu'il devait évacuer. Tenzen n'étant pas là, il ne pouvait se laisser pleinement aller dans un combat. Tuer un partenaire n'était pas dans ses objectifs, après tout. C'est là que l'idée lui vint. Et à ses yeux, elle était brillante. Faut dire qu'il n'était pas très regardant à ce niveau. Quitte à combattre, quitte à évacuer sa colère en cognant, pourquoi ne pas en profiter pour régler une question qui lui taraudait l'esprit depuis un moment ?

C'est ainsi qu'il reprit la direction de la Quatrième division. Sur son visage, cet air caractéristique qui signifiait qu'une chose : mieux valait se pousser de sa route. Ce que les Shinigamis, habitués à côtoyer cet homme, savait percevoir rien qu'à son approche. Aucun ne l'interpella. Aucun n'osa même lui adresser la parole. Heureusement pour lui, il n'aurait pas à traverser tout le secteur : elle était là, à l'entrée. Qu'elle l'ait sentie arriver ou qu'elle se soit trouvée là par un heureux hasard, il s'en moquait. Le principale, c'est qu'il allait pouvoir formuler sa demande. A sa manière, il s'entend.

- Hey, Asuna ! Tu vas bouger tes miches et me suivre. On va faire un p'tit tour, histoire de régler un truc. Tu m'dois bien ça !

Il n'avait pas besoin d'en dire plus, il était évident que son "truc" était de se foutre sur la tronche. Shinjirô n'était pas difficile à lire lorsqu'il était dans cet état et il était facile de deviner son projet. Il ne s'en cachait pas, d'ailleurs. Il prit la direction des districts sans même un regard en arrière. De toute évidence, si elle ne se déplaçait pas, il ferait demi-tour et irait la chercher par la peau du cul. Quitte à détruire la Quatrième division pierre par pierre pour la trouver. Il n'était pas un fan absolu de l'emploie du Shunpo mais pour l'occasion, il se laissa aller. C'est ainsi qu'ils passèrent près de l'ancienne demeure de celle qui avait élevé Shinjirô par le passé. De l'ancien territoire d'Asuna, l'endroit même qu'elle lui avait demandé de détruire pour quelques obscures raisons. Pour finalement se trouver un peu plus loin, mais guère plus. Cette zone était proche du Rukongai mais sortait tout de même du périmètre placé sous la surveillance du Seireitei. Ici, comme il en avait toujours eu l'habitude, il allait laisser sa puissance parler. Pas de casse autre que la terre. Pas de morts autre que son adversaire. Mais face à lui se dressait le Sotaishô. Il savait qu'elle ne mourrait pas même s'il l'a bousculait un peu.

Il prit le temps de se tourner vers elle, dégrafant les sangles qui retenaient Kaimetsu attachée à son dos. Alors qu'il faisait basculer sa lame devant lui, attrapant la poigne centrale, il sentit les vibrations de son arme lui parcourir le corps. Comme lui, son âme sœur n'attendait qu'une chose : voir de quel bois était constitué cette femme. Elle avait désormais la lourde responsabilité de conduire à la guerre des hommes et des femmes aux pouvoirs impressionnants. Et pour mériter un tel acte de confiance, elle devait se montrer à la hauteur. Les attentes des uns et des autres étaient nombreux. Plus encore pour Shinjirô.

- J'vais pas y aller par quatre chemins. Maintenant que t'es Commandant, t'as un rang à tenir auprès de nous. Tu dois t'imposer. Tu dois faire tes preuves. Au moins à moi. L'avis des autres, j'm'en tamponne. Et perso, j'm'en branle de savoir que tu te crois au-dessus de ça. J'vais être clair : t'as pas le choix. Tu le sais : je ne suis qu'une arme. On me demande pas de réfléchir, j'laisse ça aux autres. Je suis conditionné à cogner plus fort que les autres pour que le Gotei puisse survivre. Mais je ne me laisserais pas utiliser par un faible. J'te demande de me prouver que tu sauras utiliser cette force que je mets à ton service. Et chez nous, à la Onzième, y'a qu'un moyen de faire ses preuves.

S'il aimait se battre contre des adversaires de valeurs, s'il aimait montrer ses émotions lorsqu'il était aux portes d'un affrontement terrible, il gardait son visage fermé pour l'occasion. Il détestait devoir imposer ce genre de combat. Il espérait qu'elle comprendrait. Pour elle. Car de son point de vue, il n'existait aucune autre façon rapide d'évaluer le potentiel d'un Shinigami. Elle s'était trouvée face aux Maho Tsukai et avait survécu. La belle affaire. Ce n'était en rien une preuve. Alors que face à lui, sans échappatoire, sans d'autres Shinigamis pour l'aider, que pouvait-elle montrer ? C'est ce qu'il souhaitait voir.

C'est ce qui déterminerait le chemin que lui-même emprunterait par après. Si elle se montrait à la hauteur, il la suivrait aveuglément. Si elle se montrait décevante... Il lutterait seul.

La Mère avait suivi avec une docilité attendrie le garçon furieux qui s’était présenté à nouveau sur son domaine. Elle n’avait répondu que par un sourire énigmatique, ignorant la brutalité avec laquelle il s’adressait à elle, et les pas légers de la jeune femme avaient rejoint la trace de ceux, courroucés, de cette âme pleine de furie guerrière. Ensemble ils avaient traversé le Goteï, puis le Rugonkaï sans le voir, chacun d’eux dédiés à ses pensées, de rage pour l’un, de vide pour l’autre.
À présent, tous deux se faisaient face au milieu d’une plaine herbeuse où seul le vent conférait une illusion de vie par son souffle dans les feuilles des arbres, qui bruissaient. Le regard de la Commandante néanmoins, ne portait que peu d’attention au Kenpachi, et se perdait dans le bleu infini du ciel comme pour en saisir les motifs invisibles à l’œil mortel.

« Tu as choisi ce chemin à dessein. Le rappel d’une dette. Un calcul étonnant, finit-elle par dire en désignant la direction de l’ancienne demeure engloutie par le précipice. Je n’ai pas oublié.»

Elle considéra paisiblement le colosse, et ne semblait plus effrayée par la proximité du trou qui grattait non loin sous les décombres. Sa main se posa sur la garde de son arme alors que l’homme libérait sa guillotine monstrueuse.

« N’es-tu qu’un animal qu’il faut dompter par la force ? Je n’ai pas besoin de te prouver ma légitimité, continua Asuna sans quitter son attitude évanescente. Seuls ses doigts raidis sur la poignée du sabre laissaient sous entendre une tension. Pourtant… J’en ai envie. »

Le katana chanta clair en quittant son fourreau. Le soleil brillait fort, là haut, mais aucune chaleur ne régnait sur les alentours, subitement de plus en plus pesantes. L’index de la Reine Rouge se posa à la base de la lame en un geste tendre.

« Je ne te sous-estimerai pas, Kiryû Shinjirô. »

Sa caresse remonta le long de l’acier, laissant fleurir dans son sillage une mer rouge dont la réalité liquide se déversa sur le sol. L’herbe se tourna en flétrissures sanguines, et la lumière mourut dans un soupir d'agonie tandis que les ombres s’emparaient du monde. Bientôt, il n’y eut plus ni ciel, ni soleil, mais une voûte noire et pesante d’où crevait par abcès le grondement sourd du métal contre le métal, et entre eux, la chair pliée.

« C’est cela qui vivait sous ma demeure. Le Monde Rouge qui grince, craque, rampe et courbe. Tu le vois ? »

La Mère ne quitta des yeux son Capitaine et répéta doucement : « Tu le vois ? ». Elle souffla dans sa paume tendue, et un épais nuage de noirceur dévorante fit disparaître l’homme, à sa vue et à celle de l’univers. Une main énorme creva la terre rougie pour s’élever en un long membre d’horreur, avant de s’abattre dans la brume de ténèbres avides, et broyer sous sa masse tout ce qui s’y trouvait. Asuna, silencieuse, tenait devant elle son Zanpakutôh lévitant, auquel elle donna une petite impulsion de la main ; l’arme tourna en une hélice suppurante de sang, et sa rotation de plus en plus vive donna naissance à un souffle violent, qui siffla jusqu’à se fendre à son tour dans la direction du Kenpachi. La tornade cessa, la Commandante saisit son sabre, et recula jusqu’aux frontières noires dans lesquelles elle se fondit, pour ne plus exister à son tour, jusqu'au prochain assaut.

Etait-il juste de répondre à cela ? Il était déjà considéré comme un animal. Il était déjà cette bête et on le lui rappelait souvent. Oui, il devait être dompté par la force. Car seule la force l'obligerait à ployer l'échine s'il estimait ne pas participer aux projets de cette femme. Il ne lui demandait pas de le vaincre. Il lui demandait de lui prouver sa valeur. Elle l'avait déçue dans sa prise de décision et dans ses manières. Mais il n'était qu'un soldat. Déjà gamin, on lui avait rabâché qu'un soldat devait suivre. Mais on lui avait aussi dit qu'un ordre absurde ne devait jamais être exécuté.

Mais ce qui lui fit plaisir, ce qui balaya tous les doutes de son esprit, ce fut lorsqu'elle fit appel à son arcane suprême. Elle n'allait pas le sous-estimer. Et c'était plutôt dans son intérêt. Car lui, il ne retiendrait pas ses coups. Lui, il ferait le maximum pour porter atteinte à Asuna. Sotaichô ? Et alors ? Ce n'était qu'un titre, un simple rang qui ne conférait aucune puissance particulière. Finalement, elle était à cette place car personne d'autres ne pouvait y prétendre. Pour le moment...

Qu'importe l'effet "son et lumière", qu'importe ce sentiment étrange qui s'emparait de son esprit alors qu'Asuna se libérait. Il n'était désormais focalisé que sur une seule et unique chose : le combat. Lui aussi, il fit appel à son arcane suprême. Lui aussi, il libéra son pouvoir. Kaimetsu se liquéfiait complétement, ne lui laissant dans la main qu'un simple sabre constitué de son métal. Mais le reste de "sa personne" s'était déjà répandue autour du colosse, gagnant du terrain, prêt à agir au moindre ordre du géant.

Les premiers assauts ne tardaient pas. Elle ne plaisantait pas. Sa peau le brûlait alors qu'il se retrouvait enveloppé de cette brume étrange. Ne rien voir n'était pas le principal problème : la douleur était intense et ne laissait que présager le pire. Mais Kaimetsu était d'humeur taquine. Et rien n'échappait à son magnétisme naturel. Même dans le noir total. Une barrière se forma autour du colosse sans même qu'il n'y réfléchisse, absorbant la majorité de l'attaque qui suivit. Certes, une légère partie traversa la protection mais rien qui n'avait d'intérêt pour lui. Car le colosse était déjà tout entier tourné vers son offensive. A peine perçut-il le Tenran l'atteindre. Seul un sourire répondit à l'offensive. Qu'avait-il à faire alors que l'aura qui l'enveloppait le préservait. Son corps était une armure à lui seul. Certes, il accusait le coup. Certes, il était touché. Mais il en fallait plus pour renverser une montagne. Le vent ne ferait que l’effleurer.

- Alors j'vais t'enterrer comme j'l'ai fait avec ta maison, ma grande.

Levant son poing droit, il l'abattit avec une rare violence sur le sol. L'onde qui s'ensuivit balaya une partie de la brume. Puis le cataclysme arriva. La terre trembla. Et les fissures se formèrent. Avec une vitesse rare, elles s'étendirent autour du colosse afin d'ouvrir le sol, littéralement parlant. Et de happer dans ses entrailles le Sotaishô. Entre l'air et le souffle de sa technique, il n'était pas difficile de percevoir la belle. Même si ce ne fut que furtivement. Sa position clairement établie, il n'allait pas y aller de main morte. Les fissures avaient laissées sur place de nombreuses pierres. Massives, elles ne semblaient attendre que le Kenpachi. Qui ne se priva pas : il se projeta en avant vers deux d'entre elles et frappa de la jambe chacune d'elles. Sa force enveloppa en même temps les pierres, évitant qu'elles ne se brisent sous le choc. Et tandis qu'elles filaient vers leur cible, Shinjirô se remit en position.

La Montagne était prête. Et Kaimetsu gagnait du terrain autour de lui.

Les ombres se mouvaient en une chevelure macabre, fluctuantes en longs fils troubles, et qui masquaient un visage blême, en cette heure toujours invisible. La Mère flottait à la frontière du Monde Rouge, et ses pas laissaient derrière elle les empreintes sanglantes de son passage, autant de cicatrices que la terre ne saurait guérir, ni en oublier la terreur.

« J’existe bien plus en ce lieu. »

Une parole laissée aux ténèbres qui lui répondirent en frémissements, d’anciens mots prononcés par des bouches également anciennes, aux lèvres raides et desséchées, à la langue tombée, morte, contre des dents flétries.

« Enterrée depuis si longtemps, déjà… »

Sous Asuna, le sol trembla avant d’éclater ; le corps de la jeune femme fléchit, se déforma, se liquéfia, disparut en une onde noire et visqueuse. Sa véritable silhouette se détacha de l’obscurité pourpre à quelques pas de là : elle vibrait de hargne et de colère. Un mur de bras humains se dressa entre elle et la première pierre, sitôt écrasé, et quand vint la deuxième, la paroi de membres éclata, et sa créatrice s’en alla voler plus loin dans la douleur grondante.
La Mère se redressa, son sang coulant le long de son flanc blessé. Elle ne souriait plus, ni ne grimaçait malgré la souffrance. Elle était en vie, mais cela n’était qu’un mot creux à ses oreilles.

« Pourquoi me fais-tu défaut quand j’ai le plus besoin de toi, Shinjirô ?, demanda-t-elle doucement. »

Elle tourna autour de lui tel un prédateur, se laissant happer par la nuit pour réapparaître un peu plus loin. Asuna maintenait une distance raisonnable avec le Kenpachi, et pourtant, son dos raide, ses membres tendus, ne laissaient aucun doute quant à son envie d’en découdre.

« Tu as distillé le doute dans le cœur des autres capitaines. Tu leur as laissé croire que mes intentions étaient nourries par la haine. »

La Commandante s’immobilisa pour le dévisager bien en face, et son calme se fissurait progressivement à mesure que le fiel remontait.

« J’ai réglé mes comptes avec le Rukongaï depuis bien longtemps. Bien des choses ont eu lieu depuis cette nuit d’ivresse où il t’a semblé voir une part de mon âme. Que crois-tu savoir pour me juger ? Je ne pèse rien face à la survie de plusieurs univers, ni toi, ni trois millions d’individus. Pour la survie d’un millier de tes hommes, n’en sacrifierais-tu pas cent ? Ou préférais-tu les voir tous mourir et t’accrocher à tes principes ? »

Son masque se fendit sous le coup d’une fureur tue jusqu’à cet instant. La Mère agita une main, impatiente ; huit gouffres violacés se gravèrent dans l’espace autour du Capitaine pour le tétaniser, et une seconde après leur apparition, la Shinigami se retrouvait face à son adversaire, pliée sur elle-même tandis qu'un goudron sinuait sur sa lame :

« Quand le Kenpachi a-t-il oublié ce qui fonde son devoir ?, cria-t-elle, accusatrice, alors que son bras devenait flou et tranchait l’air devant lui. »

Spoiler:

En général, le colosse ne réagissait à la provocation qu'avec de la surenchère. Et au jeu du "qui à la plus grosse", il s'en sortait allégrement. Mais alors que le combat battait son plein, la remarque du Sotaichô fit mouche. Depuis quand un soldat remettait-il en doute les ordres de son supérieur ? Depuis quand, lui le Kenpachi, se permettait-il de douter du bienfondé des consignes du haut commandement ? Cela ne lui ressemblait pas. Bien que grande gueule, il avait toujours apporté son soutien à Shunsui même lorsque ses ordres étaient limites. Cette observation lui fit perdre un court instant l'essentiel : il combattait le commandant. Et ne pouvait pas se permettre un interlude.

Fort heureusement pour lui, il ne combattait pas seul. Kaimetsu sous sa forme libérée agissait comme une entité indépendante. Une première bulle spirituelle l'enveloppait afin d'atténuer et de repousser une partie du Kido qui lui arrivait dessus. Le colosse ne put rien faire face à la rapidité d'action du Commandant mais il comprit que Kaimetsu venait de le sortir d'un mauvais pas. Tout juste prenait-il la mesure du danger que l'attaque suivante arrivait. Bien que gêné par l'immobilisation, le colosse parvint à libérer sa propre technique. En un éclair il tenta de mimer le mouvement. Trop lentement. Mais ce fut suffisant : l'épaule entaillée fut la preuve de l'impact mais au son qui venait de se produire entre sa lame et l'attaque ennemie, il comprit qu'il venait d'échapper au pire une fois encore.

Et si cela ne suffisait pas, Asuna enchaînait. Essayant ainsi d'asseoir sa suprématie sur le combat. Il y avait de l'idée mais c'était encore loin d'être suffisant. Loin même d'impressionner le maître de la Onzième. Une armure de métal le recouvrit au moment même où le dernier assaut était donné. Bien que le choc fût rude, cela n'eut strictement aucun effet sur lui. Et tandis que l'armure se liquéfiait de nouveau, Kiryû s'approcha de la Reine Rouge. Il tendit la main en direction du sol et le Bankai se brisa pour reprendre sa forme d'origine. Kaimetsu en main, il s'arrêta face à elle. Cette fois, c'était fini.

- Tu as raison. Un soldat ne devrait pas contredire les ordres. Ce combat-ci est terminé, Asuna. Pour ma part, j'ai vu ce que je voulais voir.

Et sans un mot de plus, il se détourna d'elle. A quoi bon poursuivre un combat dont l'issue lui apparaissait désormais comme évidente ? Les mots de la guerrière avaient eu raison de sa combativité, bien plus que ses pouvoirs. Lui, le Colosse Argenté, cessait un combat qui s'annonçait pourtant prometteur. Pour l'heure, il allait devoir mettre en place certaines choses avant son départ.

Car même s'il ne lui avait pas clairement exprimé, la décision était désormais entérinée. Il n'avait plus sa place dans cette organisation. Il prenait les armes contre les ennemis du Gotei. Quels qu'ils soient. Et il le faisait avec plaisir. Qu'importe le sacrifice de ses hommes tant que le résultat était celui que le Gotei souhaitait. Mais là, on lui imposait de prendre les armes contre ceux qu'il protégeait. Des hommes, des femmes et des enfants incapables de se défendre contre la supériorité du Seireitei. Et aussi cruel qu'il était face à ses adversaires, il ne pouvait renier le seul pacte qu'il avait conclu avec son passé. Préserver le Rukongai. Qu'importe si pour cela il devait tourner le dos à cette institution.

Qu'importe sa propre fin...

La lame frappa la peau d’acier derrière laquelle toute passion s’était tarie. Asuna se redressa, papillonnant des yeux, une expression à la fois surprise et consternée sur le visage, incrédulité qui se tourna en froideur lorsque le Capitaine de la Onzième annonça frontalement la fin du combat. La Commandante jaugea d’un air glacial le Kenpachi rengainant son arme, et qui se détourna d’elle, une nouvelle fois.

« Tu fuis ? Tu fuis encore ? »

Le Monde Rouge frémit, gorgé de la colère de sa Mère. Ses bras obscurs se tendirent vers le colosse, sans oser le toucher néanmoins, se contentant de vibrer comme un essaim furieux qui n’attendait qu’un ordre, un seul, pour fondre sur lui.
Des râles assourdis s’élevèrent du sol, des murmures haineux, moqueurs, au milieu desquels parfois se faisait entendre un vaste sanglot.

« Tu te prétends fort mais tu t’éloignes quand il te faut faire face à ce qui est vraiment difficile, dit-elle à la nuit alors que l’homme déjà loin ne put l’entendre. »

Un voile de douleur passa sur les traits de la Reine des Nuées. La chape obscure s’étouffa en elle-même, et le jour revint tandis que mourrait en silence l’univers du dedans. Asuna rengaina son arme, à regret. Son domaine s’éteignit en un souffle peiné, et son regard pourpre ne quitta pas le dos de Shinjirô qu’une fois qu’il ne fut qu’un point à l’horizon. La femme se mordit la lèvre jusqu’à s’en faire saigner.

« Tu n’es qu’un lâche, Kenpachi. »

Et elle resta là, seule et perdue, son dernier repère parti derrière l'horizon.

Sujet: Re: Commandant... Vraiment ? [Asuna/Shinjirô]

» Quattro: Quatre lames pour plus de confort ! [Asuna/Nobo/Shinjiro/Shogo]
» En quête de...[PV Asuna]
» Ailleurs [PV Asuna]
» Une présence [pv Asuna]
» Kuragari Asuna

Commandant... Vraiment ? [Asuna/Shinjirô]

Commandant... Vraiment ? [Asuna/Shinjirô]

Sujets similaires

Sujets similaires