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 Tibors Tiesce [Terminée]

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Vilmar
Tibors Tiesce [Terminée] Arr-ind
Vilmar
Rang : Roi Poussière

Messages : 361
MessageSujet: Tibors Tiesce [Terminée]   Tibors Tiesce [Terminée] Icon_minitimeDim 14 Avr - 18:45

Tibors Tiesce

    Âge : Un millénaire et quelques siècles épars.
    Race : Arrancar issu de Vasto Lorde.
    Rang demandé : Cuarta Espada - Incarne la Cupidité en tant qu'aspect de la mort.

    Description de votre personnage :

    Diable, quelle verve il faudrait avoir, et la patience surtout, pour dresser la liste exhaustive des qualités d’un tel individu. Qu’en dire, si ce n’est beaucoup ?
    Il se distingue grandement d’une bonne partie de ses compères qui passent au mieux pour de bons bouseux des campagnes, dans le pire des cas pour de francs arriérés. Il est plus que charismatique, et Son apparence de bellâtre ferait se pâmer n’importe quelle femelle humaine s’Il avait encore la chance d’être vu. Arborant un costume de riche facture, Il préfère laisser les pyjamas blancs à la plèbe et se garnir d’une garde robe qui ferait pâlir un milliardaire. Ses poses respirent l’élégance, le maintien droit des hommes du monde, et Son visage se départit rarement d’un flegme paisible et rassurant. Il adopte par ailleurs les attitudes d’un marchand expérimenté et sait se montrer sympathique, délicat, séducteur, raffiné, subtil et amusant lorsque les circonstances l’exigent.

    Quelques détails viennent toutefois souligner Sa non-appartenance au genre mortel, détails qui amènent à le reconsidérer pour ce qu’Il est réellement, soit une âme supérieure qui n’a plus de commun avec la fange humaine. Première chose qui pourrait, à l’extrême rigueur, passer pour une simple excentricité, le chiffre quatre tatoué sur l’intégralité de Son dos. Comme Il aime à le dire avec humour, tant qu’à faire les choses, autant qu’elles soient accomplies avec démesure. Quant au trou béant dans Sa poitrine, il ne laisse plus substituer aucun doute sur ce qu’Il est. Le plus perturbant reste Sa dentition, qu’Il tient davantage du carnivore, derniers vestiges du masque lui ayant tenu lieu de visage pendant des siècles.

    En conclusion, Il est d’une compagnie plus que plaisante dont il serait criminel de se priver.

    Description de votre pouvoir :

    Bien qu’ayant vu défiler une bonne partie du Moyen-Âge, Il considère les sabres et autres lames pour ce qu’elles sont en vérité, des objets d’un archaïsme inégalé. Il aime à suivre les changements de la modernité, et trouve navrant que les morts s’affrontent encore avec les armes d’il y a cinq siècles.
    Par moquerie face au phénomène, Il a scellé Ses pouvoirs sous la forme d’un stylo plume, qu’Il conserve dans la poche intérieure de Sa veste.


    Tibors Tiesce [Terminée] Mini_8742534432

    «Mords, Gusano »

    Lorsqu’Il déclenche Sa resurrección, Sa peau se nimbe d’une noirceur vaporeuse, cachant à la vue Ses traits et Ses expressions. Sous cette forme, Il devient capable de manipuler la douleur de Son corps et celle des autres par simple contact.

    Histoire :

    Comme dans un de ces vieux films, la scène se passait à une heure matinale, sur un embarcadère quelconque d’une quelconque ville. Il s’y amassait nombre de rafiots de luxe qui, dans un élan de générosité, criaient au visage des passants anonymes la richesse indécente de leurs propriétaires. Un port fait par des richards, pour des richards, qui se foutaient bien allègrement des miséreux qui pouvaient contempler depuis leurs ponts et leurs cartons ce très fameux Eldorado, preuve effective que certains s’en mettaient plein les fouilles quand d’autres se sacrifiaient à la faim.
    En somme, un monde de justice et d’équité tout ce qu’il y avait de plus commun ici bas.

    Ce qui agitait l’attention en cette matinée pluvieuse était l’amas fourmillant d’uniformes autour d’un yacht particulièrement énorme en comparaison à celui de ses voisins. Quelques uns des policiers avaient eu en arrivant le bon goût de plaisanter sur la taille du phallus de son propriétaire. Les blagues s’étaient tues une fois la découverte faite du dit-propriétaire.
    Le « pauvre » homme avait été retrouvé dans sa cabine dans un état assez déplorable. Autour de ce qu’il restait de lui, six ou sept policiers. L’un d’eux, le plus remarquable, prénommé Sakakibane Ikemoto, était le plus jeune et probablement le plus compétent de cette belle bande de couillons. Fraichement promu, brillant selon son dossier, cette affaire allait lui permettre de tester son sang froid et ses jeunes talents d’enquêteur. Il avait été prévenu, le spectacle ne serait pas bien beau à voir. On avait eu raison, de toute sa carrière, il n’avait jamais vu chose aussi peu ragoutante.
    Certains vieux cons de son service lui auraient répondu que c’était bien normal avec ses quelques ridicules années de service.
    La médiocrité se complait souvent dans le dédain, ainsi va le monde.

    Ce cher inspecteur Sakakibane se pencha sur le cadavre et le jaugea d’un air sévère, une vive intelligence flamboyant dans ses yeux sombres. Le corps du bougre n’avait que peu à avoir avec ce qu’il avait été autrefois. Allongé en position fœtale au milieu d’un cercle tracé à la craie, sa silhouette se déformait sous la morsure d’une chaine l’ayant ligoté toute entière. Des plaies d’où se joignaient chair et métal avait coulé une substance laiteuse, hésitante entre cire et os. Pour parachever la mise en scène, une dague avait été plantée dans la poitrine du type, au niveau de son cœur.
    Sakakibane se renfrogna, vaguement perplexe quant à la sophistication de la mise à mort. Un vieux monsieur vint le rejoindre muni d’une valise et d’une large palette d’outils incompréhensibles ; le vicelard décrépi entreprit de tripoter le cadavre en marmonnant son diagnostique auquel Sakakibane prêta l’oreille avec attention.
    Mort remontant à au moins une semaine, putréfaction avancée, si un incendie ne s’était pas déclaré sur le moteur du bateau, le corps aurait pu être découvert des mois après le meurtre, comme pour la première victime de l’affaire. Le propos du vieil homme ne sembla pas plaire au fringant inspecteur qui quitta la cabine, dépité par l’aptitude de sa nouvelle équipe à arriver toujours en retard sur les scènes de crime. De la poche de son manteau il sortit un portable et appela sa supérieure. La commissaire était connue pour être aussi hargneuse qu’elle était frigide, et ne manquait aucune occasion pour rabaisser ses subordonnés si ceux-ci n’atteignaient pas ses attentes. Sakakibane avait été jusque là l’un des seuls à ne pas la décevoir, ce qui le confortait dans la qualité de sa personne, et le motivait à prouver à tous qu’il incarnait le renouveau de la justice. Selon lui, sa promotion avait été la meilleure décision du département depuis des années.
    La voix sèche du commissaire Maeda retentit au bout du fil, et son ton agressif mit en lumière l’inquiétude qui s’y cachait derrière. Sakakibane sourit et se chargea de la tâche ingrate d’expliquer la situation à cette coincée psychopathe. La scène était identique au meurtre précédent, le mode opératoire avait été le même ; la lame, les chaines, le cercle et cette substance blanche, tout y était, ce qui avérait la présence d’un tueur en série en ville. Maeda grogna au bout du fil et assomma d’instructions le jeune homme de sa voix revêche. Après ses sempiternelles menaces voilées sur les conséquences d’un échec, Maeda raccrocha.
    L’appel terminé, Sakakibane s’empressa de porter à ses lèvres une cigarette, sentant la tension dans son corps allait croissante au fur et à mesure que le manque de tabac se fit sentir. Il tira un coup, de la fumée ressortit par ses naseaux et jura.
    Pour lui, les emmerdes allaient pouvoir jouer les prolongations.

    *

    Certains parmi les hommes avaient de curieuses habitudes lorsqu’ils se pensaient seuls. Se promener en caleçon dans leur appartement, comme pour défiler en jouant des muscles devant un public invisible, était l’une de ces manies bizarres. Sakakibane Ikemoto se plaisait à être un des plus fervents adeptes. Chez lui, assis derrière son bureau, il consultait son ordinateur et ses dossiers alors même que l’horloge au mur affichait trois heures du matin. Ses yeux luisaient de fatigue, mais la fièvre de ses gestes laissait deviner toute l’ardeur qu’il déployait pour son travail. Il avait trouvé quelque chose, la frénésie de la découverte l’animait plus certainement que n’importe quelle drogue l’aurait fait. Malgré l’heure tardive, Sakakibane se serait trouvé incapable de dormir, même en le voulant, hanté par son engouement.
    Le Tueur aux cercles, comme il l’avait nommé fièrement, avait déjà agi dans d’autres villes. En rentrant du travail, Sakakibane avait immédiatement appelé certaines de ses connaissances pour leur demander s’ils avaient déjà été confrontés à un tel cas. Aucun n’avait eu cette chance, mais quelques uns avaient trouvé parmi les vieux dossiers de leur service une affaire qui n’était pas sans rappeler la sienne. Hystérique, il leur avait demandé des copies ; celles-ci reçues en fin d’après midi, il s’était empressé de s’atteler à la tâche, qu’il n’avait plus quitté depuis.
    Le dossier le plus ancien remontait à environ quinze ans, et le meurtrier avait eu le loisir depuis d’hanter de nombreuses villes du pays, sans jamais être appréhendé. Rien n’avait été trouvé sur lui, simplement des corps ayant subi le même rituel, parfois découverts des années après.
    Il ne serait guère méprisable d’ajouter que les polices d’ici-bas se basaient sur une incompétence essentielle à leur bon fonctionnement.

    L’ambitieux garçon, lui aussi soumis à cette nullité générale, se voyait déjà héros de la nation. Il avait tout à fait conscience que cette enquête pourrait aussi bien lancer sa carrière, que la couler jusqu’aux tréfonds. Il n’était pas qu’excellent, il était le meilleur, mais il savait n’avoir aucun allié parmi ses collègues qui seraient que trop contents de noyer son génie, par souci de ne pas se regarder eux-mes dans un miroir et accepter leur bêtise crasse.
    Sakakibane se pencha sur l’un des documents et relut l’unique témoignage d’un potentiel suspect. Un homme entraperçut une nuit, sortant de chez l’une des victimes, habillé d’une combinaison intégrale de motard, casque compris. N’importe quel clampin pouvait se cacher là-dessous, et le jeune chiot le savait. Il craignit d’assister à un prochain déferlement de morts sur la ville. Pire, de laisser le coupable impuni pour ses crimes.

    Il partit finalement se coucher, espérant que ses quelques heures restantes de sommeil lui porteraient conseil. Il n’en fut rien. Au réveil, il n’eut que pour seule révélation les gémissements épanouis de sa voisine de quatre vingt cinq ans et de son jeune amant.

    *

    Jamais deux sans trois, ainsi l’énonçait la sagesse populaire du petit peuple. Une règle pour le moins absurde, caractéristique de l’idiote mortalité. Une troisième victime venait de rejoindre les deux précédentes, et rien de tangible n’avait encore été fait pour arrêter le coupable.
    Cette fois-ci, la scène de crime se situa au premier étage d’un immeuble particulièrement sordide, ayant déjà connu son lot de faits divers macabres. Il y a treize ans, une jeune femme avait assassiné sa mère paralysée, avant de se donner la mort ; quelques mois plus tard, le concierge avait été arrêté pour harcèlement sexuel sur vieilles dames, enfin, un homme avait défénestré sa femme du dernier étage en soutenant que si elle avait battu des bras plus vite, elle aurait pu s’envoler. Et maintenant, s’ajoutait le meurtre d’une jeune veuve chez elle. Certains lieux s’abreuvaient des drames ; ils évoluaient alors, et affamés, ils causaient d’autres souffrances pour s’en repaître.

    Ota Mihiko, avait été retrouvée par son fils à sa rentrée des cours. Le gamin affolé avait immédiatement appelé la police avant d’être pris en charge. La victime était décrite comme discrète et triste par ses voisins, une femme isolée avec son enfant dont le père était décédé quelques mois plus tôt dans un accident d’auto-tamponneuses. Une mort ridicule dont on ne savait s’il fallait en rire ou pleurer.
    Sakakibane se tenait au milieu du salon, aux cotés de ses collègues. Il se massa la tempe, affligé de n’avoir pu empêcher cette nouvelle victime, et angoissé de sentir sa carrière lui filer entre les doigts à mesure que les corps s’entassaient. Irrité, il se détourna du cadavre et s’approcha d’un technicien affairé à examiner un ordinateur portable jeté au sol. Le garçon l’apostropha sèchement, lui demandant ce qu’il avait trouvé. L’homme désigna l’engin, et une lumière naquit dans l’esprit de Sakakibane. L’ordinateur n’avait pas été simplement envoyé par terre, comme cela aurait pu arriver si la victime s’était débattue avec son agresseur. Il avait subi une destruction systématique et acharnée ; nombre de touches avaient sauté et l’écran fendu en deux aurait fait peine à voir à tout informaticien, sans compter la grosse empreinte terreuse de semelle sur ce dernier. Une telle violence faite à l’objet démontrait d’une réelle nécessité de le voir disparaître, ou plutôt son contenu.
    De ce raisonnement, Sakakibane déduisit que l’ordinateur était l’un des éléments les plus importants de la pièce. Immédiatement, ses instructions furent données et l’attention générale se tourna vers la machine en miettes.

    On se saisit précautionneusement de l’objet et on l’expédia immédiatement au service informatique du commissariat, tout en prélevant les échantillons de terre, au cas-où. Sakakibane s’assura en personne de la livraison du précieux appareil. Du reste, il passa l’après midi à tourner en rond comme un idiot, dans l’attente de résultats qui prirent plaisir à tarder.
    Fort heureusement pour l’enquête et les fesses du jeune lieutenant, l’ordinateur livra ses secrets. Rien de bien passionnant dans les différents fichiers du système, mais Sakakibane fut pris d’une inspiration soudaine et demanda à ce qu’on vérifia l’historique. Entre quelques sites sans intérêt, les ingénieurs trouvèrent un forum probablement plus bizarre que la normale, car ils en alertèrent aussitôt le lieutenant. Ce dernier se pencha sur le sujet, et ce qu’il y découvrit lui plut grandement. Sous ses yeux défilèrent les messages d’individus désespérés qui s’échangeaient leurs malheurs et se soutenaient mutuellement. En quelques clics, ils parvinrent à retrouver ceux laissés par Ota Mihiko. D’essence identique aux autres, la jeune femme avait narré sa lente descente en enfer suite à la disparition de son époux, et ses difficultés de plus en plus grandes à maintenir la tête hors de l’eau. Un peu plus tard, ils trouvèrent d’autres messages correspondant à l’historique des deux premières victimes, qui avaient été identifiées depuis. Sakakibane trouva dans leurs malheurs une lueur d’espoir.
    Ils avaient une piste.

    *

    Il était pire qu’un chien qui avait flairé un os. Le soir-même, il s’était crée un compte sur le forum afin de s’immerger complètement dans sa traque, en amont du travail de ses collègues. Se la jouer solo n’avait rien de professionnel, mais l’affaire l’obsédait et il voulait être le seul à en récolter les lauriers. L’égoïsme était la marque des plus grands, incontestablement, mais quand le trône se hissait au dessus du commun, la chute en devenait plus douloureuse, si ce n’est mortelle. Ce garçon ambitieux ne tarderait pas à l’apprendre.
    Pour l’heure, il s’épanouissait à se créer un rôle sur cet obscur site où se réunissaient tous les drames humains qu’il était possible de concevoir. Sakakibane devint un jeune homme des plus quelconques, récemment largué par sa copine, et qui ne trouvait de réconfort que dans de rares mais éphémères étreintes avec des filles de passage. Sa situation lui faisait pleinement prendre conscience de son désespoir, et il envisageait d’en finir. Rapidement, les réponses fusèrent ; les internautes touchés par sa souffrance l’empressèrent de ne rien faire de définitif, le supplièrent même. Derrière leur compassion, Sakakibane eut le sentiment qu’il n’y avait rien. Beaucoup, si ce n’est la totalité, s’accrochaient à la douleur des autres pour ne pas songer à la leur. Le désespoir qui se nourrissait du désespoir, ou la misère humaine dans toute sa splendeur.

    Le jeune homme avait farfouillé dans les différentes sections du forum à la recherche de liens unissant les différentes victimes qui toutes, s’étaient connectés au moins une fois sur le site. Sakakibane ne croyait pas en la coïncidence, il était bien sur le terrain de chasse de son tueur, et comptait attirer son attention. Le forum possédait son lot d’habitués ; Sakakibane fit connaissance des grandes pontes de l’endroit, et se familiarisa avec une bonne partie des réguliers. Pourtant, son attention se porta à l’exclusivité sur un membre d’apparence plutôt anodine car n’ayant que trois réponses à son actif. Trois réponses dans chacun des sujets liés aux victimes. Ravi, l’insouciant policier entra en contact avec son suspect numéro un.
    La conversation s’engagea sur les notes d’une méfiance palpable, les heures passantes permirent d’alléger la suspicion de son interlocuteur jusqu’à la faire disparaître complètement. À la fin de la nuit, Sakakibane avait arraché à l’internaute une promesse pour une rencontre dans un parc, le jour suivant. Le lieutenant espérait ainsi pouvoir interpeller le tueur, s’il s’avérait être l’internaute en question, et résoudre ainsi l’enquête de par son audacieuse (mais naïve) action. La folie berçait parfois de candides illusions ; à la lumière naissante de l’aube, l’insouciant partit s’endormir, la tête pleine de rêves d’enfant.

    Sakakibane ignorait le délai habituel lorsque deux internautes acceptaient de se rencontrer. Mais même pour lui, il paraissait étrange qu’une seule nuit d’échanges ait suffi à obtenir ce rendez-vous. Il était trop fier pour ne pas y aller, et trop arriviste pour en parler à ses collègues, pour autant, il ne fit pas l’erreur de s’y rendre sans la moindre précaution. Passant au commissariat, il laissa sur son bureau une lettre en expliquant tout ce qu’il avait entreprit la veille. Si tout se passait bien, il n’aurait qu’à récupérer la lettre en revenant. À dix huit heures il se rendit sur le lieu du rendez-vous, comme prévu avec son nouvel ami. Il se posta sur un banc, observa les environs, et attendit.
    Les minutes s’égrenèrent, puis les heures et aucune trace du mystérieux internaute. L’impatience de Sakakibane enfla, et au bout de deux heures d’attente inutile, il quitta le parc avec l’amère sensation de s’être fait avoir. Il repassa au commissariat pour récupérer sa lettre et rentra chez lui, passablement énervé, comme un enfant n’ayant pas reçu son cadeau. Sa colère l’absorba si bien qu’il écarta de son esprit le sentiment d’être épié.
    Lorsqu’il se connecta sur le site, il ne vit nulle trace de l’internaute, qui n’avait pas même daigné lui laisser un message d’excuses. Ecœuré, enragé, le gosse piqua sa crise, seul devant son ordinateur, insultant de divers noms fleuris l’impolitesse crasse de certains ; une fois lassé de son petit jeu, il partit se coucher en espérant obtenir une explication dès le lendemain.
    L’univers étant magnanime, il n’eut qu’à attendre quelques heures pour recevoir une réponse à ses obsédantes interrogations. Au cœur de la nuit, alors qu’il somnolait sur son lit, Sakakibane fut tiré de sa torpeur par un souffle froid, venu de quelque part d’entre les mondes. Il ouvrit les yeux et vit face à lui une silhouette de grande taille, un homme dans une combinaison intégrale de motard, un casque vissé sur la tête. Il n’eut le temps de réagir qu’un poing s’abattit sur sa figure, l’envoyant embrasser le firmament de son inconscient.

    *

    Ici, c’est là que commence l’histoire. La vraie, celle qui met en scène un protagoniste des plus incroyables, dont le nom s’accompagne d’un nombre invraisemblable de superlatifs. On oublie les cachotteries et les anecdotes ineptes sur les insectes humains.
    À présent, nous parlerons de moi, et c’est un sujet qui vaut bien son pesant d’or.
    Le garçon avait fait preuve d’un acharnement appréciable pour débusquer son mystérieux tueur, hélas pour lui, il se trouva embarqué dans une situation qui dépassait de loin ses perceptions de simple mortel. À vrai dire, ce soir-là, ce fut avec un dieu qu’il conversa. La petite chose qu’il était n’y survit bien évidemment pas.

    Oh, il faut absolument que je parle de Bob avant de continuer. Bob était l’un de mes fidèles associés, aux qualités nombreuses ; intelligent, fort de sa personne, il ferait un parfait Hollow une fois séparé de sa pitoyable enveloppe mortelle, j’en étais convaincu. Mais son utilité se révélait principalement dans sa condition d’humain, justement.
    Bob était un de mes meilleurs traqueurs. J’avais établi nombre d’associations un peu partout dans le monde, mais celle avec Bob s’était rapidement révélée l’une des plus productives. Dommage qu’il ait fait preuve ces derniers temps d’une maladresse confondante, ayant permis à un jeune freluquet de remonter jusqu’à lui.
    Mais je lui pardonnai volontiers car en définitif, rien de préjudiciable n’avait été porté à l’encontre de mon petit commerce. Bob ne paierait pas sa faute, et ma promesse de protection resterait intacte.

    Le brave Bob venait donc d’assommer d’un coup prompt le gamin et commença immédiatement les préparatifs. Pour ma part, je m’installai sur une simple chaise – trône qui était loin d’être à ma mesure – mais pris malgré tout mes aises, enfin soulagé de pouvoir poser mon séant. Le corps du gosse fut trainé au centre de la pièce par mon subordonné qui entreprit ensuite de tracer un cercle à la craie autour. J’avais maintes fois assisté à ce rituel mais je le trouvais toujours passionnant. Certes, le mysticisme outrancier de la chose me déplaisait : d’un premier degré navrant, sans raffinement ; la dague, les chaines, la chitine d’âme, cela m’évoquait que par trop d’aspects les cérémonies d’antan, faites à mon nom. J’aurais préféré un poil plus de modernité là-dedans, mais cela influerait sur la fiabilité du processus. Chose inacceptable, j’étais soucieux de la qualité de mes produits, commerçant avant d’être esthète.
    Bob maîtrisait le rituel sur le bout des doigts. Ses gestes étaient fluides, méthodiques, et d’une précision chirurgicale. Il ligota le gamin de chaines épaisses si fortement que j’entendis quelques os craquer sous la pression du métal. Il sortit de sa veste une fiole transparente contenant un épais liquide blanchâtre, qu’il appliqua sur la poitrine du plus si fringant lieutenant. Enfin, sans hésitation, il planta la lame dans le cœur du garçon ; celui-ci eut un dernier soubresaut avant d’expirer son dernier souffle. Simple, concis, efficace, Bob avait encore brillé pour ses compétences, ce soir.

    « Bien, merci très cher ami. Je pense que vous pouvez nous laisser, à présent, lui lançais-je, ravi de son efficacité. Je vous recommande de revoir légèrement vos méthodes de chasse, mais ce sera tout. Je vous souhaite la bonne soirée, mon brave. »

    D’un geste de la main, je l’invitai à passer par la fenêtre pour sa sortie. Il s’inclina sans mot dire, et s’exécuta. Je vis sa silhouette s’éloigner en marchant dans les airs avant de disparaître derrière un toit d’un bond vif.
    Je croisai les jambes, et regardai paisiblement le corps à mes pieds, dans l’attente d’un nouvel interlocuteur qui enfin, pourrait me voir et converser avec moi. Du cadavre émergea un bouillonnement d’énergie blanchâtre. Il s’en extirpa l’âme du jeune type, et ô combien ses traits furent marqués d’une angoisse en cet instant ! Je ne pus apprécier plus longtemps le spectacle que son visage se recouvrait d’un masque inhumain tandis qu’un trou béant apparaissait dans sa poitrine, à l’endroit exact où la dague l’avait frappé.
    Face à moi se tint non plus un frêle garçon mais une fière créature, hurlante et affamée.

    « Le blanc vous va à ravir, je dois dire. Il rehausse votre teint, c’est plus qu’appréciable. »

    Je ne cillai pas lorsque l’animal se pencha vers moi, et que sa gueule béante fut à quelques centimètres de mon nez. Néanmoins, j’estimais qu’il y avait une distance minimum à respecter au cours d’une conversation, aussi lui frappai-je le museau d’un coup sec pour le faire reculer.

    « Assis, nous devons parler. »

    La bête gronda en signe de refus, une claque plus forte que la précédente brisa en elle toute résistance. Elle s’assit, décontenancée et craintive, fauve à présent dressé, disposé à parler.

    « Bien, avant tout, j’aimerais revenir sur ce qui a mené à notre rencontre, vous l’avez probablement oublié, mais j’aime à m’écouter parler, voyez-vous ? Premièrement, je tiens à préciser une chose : s’il n’y avait eu votre ingérence dans mes affaires, vous ne seriez pas ce que vous êtes présentement. Certes, c’est une évolution respectable, mais non voulue, soyons clairs. Habituellement, je privilégie les humains désespérés car il offre une plus grande pugnacité pour les batailles à mener par la suite. J’y vois une forme poétique de revanche dans la mort sur leur vie humaine qui fut franchement merdique, avouons-le. Pour ainsi dire, je les libère et je les oblige à se hisser vers le sommet.
    J’ignore si cela marchera pour vous. J’entends par là que votre mise à mort n’a été motivée que par la nécessité d’interrompre vos investigations. Vous étiez un peu trop malin, il fallait que cela cesse. Vous comprenez ?
    »

    Le Hollow pencha la tête de coté, et cligna des yeux bêtement. Visiblement, non, il n’avait rien compris.

    « Breeef.
    Je vais plutôt vous parler de ce qui vous attend. Vous me semblez préoccupé uniquement par votre estomac et avez grande hâte à partir vous nourrir, je me trompe ? Je m’occupe rarement de l’initiation des nouveaux arrivants, vous êtes un privilégié, alors écoutez-moi attentivement.
    J’ai vécu longtemps, j’ai mené mon lot de batailles, j’ai vu des choses que votre jeune esprit ne saurait voir sans devenir fou, et je suis toujours en vie malgré tout. Je suis un monument, un incontournable, et il serait dommage que vous vous priviez de ma précieuse sagesse parce que vous n’êtes pas fichu de tenir dix minutes en place.
    »

    Une lueur de compréhension naquit dans les yeux vides de la bête. J’en fus satisfait. Elle ne répondit rien mais me jaugea, de bas en haut, hésitant entre le charisme fou qui se dégageait de ma personne, et la crainte que je lui inspirais.
    Je m’éclaircis la gorge, mon monologue s’annonçait des plus longs.

    *

    Nous résumer est une tâche ardue. Quelques mots ne pourraient que saborder la complexité de nos êtres, et ne pas tenir compte de la réelle profondeur de notre nature. Sache-le, garçon, des personnes te haïssent pour ce que tu es sans t’avoir jamais rencontré. À leurs yeux, nous ne sommes que la Faim.
    Je me rappelle de mes premières années où, effectivement, cette faim insatiable me tiraillait les entrailles. Pour autant, ne pouvais-je être réduit qu’à mon appétit ? Non, non, et non. Je souhaite que tu comprennes que notre individualité est ce qui nous sauve de notre sauvagerie naturelle. Oui, nous mangeons les âmes, mais nous le faisons comme n’importe quel prédateur se nourrit de sa proie. En revanche, ce qui nous distingue du rôle que nos ennemis se complaisent à nous donner, c’est que nous avons une pensée.
    Et c’est cette pensée, cette force du « je » qui m’a permis d’être ce que je suis à présent, et te permettra toi-aussi, je te le souhaite, de quitter la lie pour devenir un des rois de notre peuple.

    Cesse de gesticuler, tu auras ton lot d’âmes ce soir. Ecoute-moi d’abord. La faim va te hanter, en toutes heures de ton existence, jusqu’à ce que tu t’en libères pleinement. Pour réussir là où beaucoup échouent, il te faudra te nourrir encore et encore. D’esprits errants, ou de ces pseudo-dieux de la mort, mais surtout de tes congénères. Cela te semble horrible ? Oui, ça l’est. Mais nos histoires s’inscrivent dans le sang de nos semblables, c’est comme ça. Les plus faibles meurent pour que se hissent au dessus d’eux les plus forts.
    J’étais faible moi aussi, aussi bizarre que cela puisse paraître. Une pauvre petite chose, lâche comme tout, qui grignotait les vieux restes qu’on daignait lui laisser. Un jour, mon corps s’est uni à celui d’autres Hollows, et dans la tourmente où je crûs sentir mon esprit disparaître, j’ai su trouver les ressources nécessaires pour devenir le roi de toutes ces âmes qui composaient mon nouvel être.
    J’ai compris que ma place, je devais l’arracher des tripes de tous ceux qui s’opposaient à moi.
    Je l’ai fait par fierté. Pour me convaincre que je n’avais rien d’un déchet. Et cette fierté a été ma meilleure arme au cours de mon ascension. J’ai tiré ma puissance des cadavres de mes congénères jusqu’au jour où je n’eus plus besoin de me nourrir davantage.

    Sois arrogant, mon jeune ami. Sois égoïste et dédaigneux ! Reste prudent, mais ne te laisse pas dicter des règles autres que celles que tu t’imposes. Et l’unique règle que tu te dois d’avoir c’est celle de survivre. Tu te dois être seul au monde, cultiver ton égo, et n’avoir que pour souci ta personne. Par le passé, j’avais entretenu l’amour de moi-même en me faisait vénérer comme divinité par des peuples anciens. Je crains en revanche que cela soit plus complexe pour toi car la modernité est partout. Mais il demeure ici-bas quelques personnes prêtes à croire en ta légende. Trouve les et nourris-toi de leur ferveur.
    Tu deviendras plus fort et ta prétendue divinité ne sera justement plus une prétention, mais un fait réel. Une fois toute en haut, tu pourras saisir à pleines mains le masque de ta bestialité et l’arracher loin de ton visage. C’est douloureux, un peu effrayant, mais tellement exaltant de se débarrasser de la faim. Tu n’auras plus à craindre la morsure de tes anciens congénères, ni leurs envies de te dévorer. Un monde te séparera d’eux, comme un monde nous sépare moi et toi en ce moment-même.
    Cela te donne envie ? Oh, j’espère bien. Car c’est ce qui t’attend et tu ne pourras rien faire pour y échapper. Manger ou être mangé, tel est le crédo de notre peuple.

    *

    Je regardai la bête avec douceur. Elle avait compris cette fois-ci, j’en étais convaincu et j’espérai avoir allumé en elle un feu qui brillerait toujours.

    « Parfois, nous subissons dans notre propre univers des incursions de nos ennemis. Nous n’en avons eu une de très grande ampleur, il y a peu. Suis mon conseil si cela devait se reproduire : terre-toi dans un trou et attends que cela passe. Le Monde Creux est suffisamment vaste pour te permettre de t’y cacher. »

    L’animal grogna. Je saisis toutefois dans son grondement non pas une menace mais une sorte de complainte reconnaissante.

    « Mais je t’en prie. Quand tu auras vaincu tous tes adversaires et triomphé de toutes tes difficultés, viens me voir au Palais. Mon ticket d’entrée y est assez récent, je dois bien l’admettre, mais le Roi a de bonnes dispositions vis-à-vis de moi. Peut-être en sera-t-il de même pour toi ?
    Maintenant, va. Tu dois te nourrir pour me revenir plus fort.
    »

    L’échange se terminait, tout comme mon travail. Le jeune Hollow avait écouté patiemment la leçon, chose dont je lui étais reconnaissant, il me fallait le laisser partir pour vivre son existence de prédateur.

    « À bientôt, camarade. »

    La bête bondit par la fenêtre, et hurla ; toutes les âmes des environs en furent averties et surent que la moisson allait commencer. Je me levai du siège, le dos engourdi d’être resté assis aussi longtemps. Je lançai un regard à feu Sakakibane, et n’en éprouvai aucun remord. Ainsi fonctionnait mon monde. Manger ou être mangé.
    La réalité se déchira devant moi en un rideau de ténèbres liquides. Marchant sur le corps avec la plus complète indifférence, je m’engageai dans l’interstice d’entre les mondes. Les cris joyeux de mon nouvel ami furent la dernière chose que j’entendis de ce monde. Les affaires m’attendaient ailleurs.
    Une guerre couvait, et il y avait une armée que je devais lever pour mon Roi.



Dernière édition par Tibors Tiesce le Mar 16 Avr - 17:32, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Tibors Tiesce [Terminée]   Tibors Tiesce [Terminée] Icon_minitimeMar 16 Avr - 0:07

Fiche terminée, navré pour les quelques fautes qui ont pu m'échapper. Bonne lecture et bonne soirée.
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MessageSujet: Re: Tibors Tiesce [Terminée]   Tibors Tiesce [Terminée] Icon_minitimeMar 16 Avr - 16:05

    Histoire originale. Juste parfaite.

    Validé au niveau 4 en tant que Cuarta espada. Tu bénéficies de 25 PC pour réaliser ta fiche technique.

    Have fun !
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MessageSujet: Re: Tibors Tiesce [Terminée]   Tibors Tiesce [Terminée] Icon_minitimeMar 16 Avr - 16:07

Merci bien !

P.S : Faudra que tu m'expliques ta signature, un jour xD
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MessageSujet: Re: Tibors Tiesce [Terminée]   Tibors Tiesce [Terminée] Icon_minitimeMar 16 Avr - 16:09

Tombe à genoux sous la pluie battante, les bras tendus vers le ciel.

Noooooooooooooooooon. Pourquoiiii?
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Tibors Tiesce [Terminée]

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