Il ne pipa mot, se contentant de m’ignorer. Une sage décision, car s’il avait tenté de dire quoi que se soit je l’aurais immédiatement remis à sa place. Il avait beau être un Capitaine il n’était qu’un niveau, et je n’avais plus le moindre manque de confiance en moi qui m’aurait fait hésité. Malgré tout je retrouvais sans trop de problème mon calme. Des années de pratique à essayer de calmer mon Hollow, je n’avais donc pas de grande difficulté à passer de la colère à une attitude plus neutre.

Je n’eus rien à redire à leur petite conversation, Akihiko semblait avoir eu les mêmes observations que moi, et le fait d’avoir mis nos Masques semblait en quelque sorte l’avoir énervé plus qu’il ne l’était à ce moment là. Peut être une rancune plus ancienne que sais-je. En tout cas il évita avec attention la question de mon ami ne prenant même pas la peine d’y répondre. L’ignorant tout autant qu’il m’avait ignoré. Preuve en était qu’il devait probablement cacher une rancune quelconque à notre égard.

Je le gardais néanmoins appuyé sur mon épaule sans demander quoi que se soit d’autre en contre partie, il avait fait ses choix à lui de les assumer. Et j’étais sûr que nous aurions à nous recroiser un jour ou l’autre. Que se soit dans à la Soul Society ou lors d’un événement grave. Je m’amusais dans ma tête à néanmoins repenser à ce qu’il avait pu dire en arrivant. La cohésion des élites, après cet entrainement je trouvais amusant d’avoir entendu ce genre de parole venir de la bouche d’un homme qui venait d’essayer d’assassiner l’un des Capitaines du Gotei 13.

Je ne pouvais malheureusement toujours pas comprendre ce qui avait poussé les instances dirigeantes à poster un homme incapable de maitriser son propre Bankaï au rang de Capitaine. Il fallait forcément quelqu’un capable de le restreindre en cas de problème au dessus de sa tête si l’on voulait que sa force ne devienne pas une épée de damoclès au dessus de nos têtes. Je ne doutais pas des capacités du Shotaishô à le restreindre, malgré tout ce n’était pas comme s’il était souvent présent pour pouvoir le faire. Etait-ce alors notre rôle ? A nous ces égaux ? Quel plaie cela deviendrait-ce s’il reproduisait la même chose lors d’un état de crise... S’il avait été présent lors de l’attaque de Mayuri et qu’il s’était mis à attaquer nos hommes, d’autres Capitaines ? Il y avait ce jour là le Kenpachi, comment cela aurait pu donc bien finir ? Tant de questions qui je l’espère resteraient à jamais sans réponse.

Aki, j’pense qu’après l’avoir déposé à la quatrième je vais aller boire un verre chez Ayuzaki, tu me rejoins ?

Je ne pris pas la peine d’inviter Léon, ni même de lui parler plus que nécessaire, il n’était pas encore digne de venir partager un verre là-bas. Peut être un jour s’il s’améliorait le serait-il, mais pour l’instant je ne pouvais oublier ce qui venait de se passer. Un brin rancunier je l’étais, ça passerait rapidement et à notre prochaine rencontre il aurait déjà le droit à sa seconde chance. Si néanmoins il désirait l’être lui, rancunier, alors dans ce cas les choses s’en verront bien simplifier c’est évident. Mais pour l’instant j’allais le confier dans les mains de la quatrième qui le soignerait bien et s’occuperait de lui, je n’avais personnellement pas besoin de grand chose, un petit passage dans ma Division, mon second me donnerait les premiers soins et un verre servira de médicament.

Il nous déteste...

La voix de Heathcliff qui venait de résonner dans la tête de notre jeune héros confirmait ce qu'il venait de penser. Un mensonge. Manœuvre classique d'évitement et de fuite. Akihiko décrocha son regard de Leon car il y avait trouvé ce qu'il voulait, cet homme détestait ce que Shu et lui représentaient, ce qu'ils étaient devenus et ce fut dans son attitude bien plus que dans ces paroles que Kirito avait réussi à l’interpréter. Malgré tout, Kirito ne se départit pas de son sourire tranquille, faire illusion était dans sa seconde nature même si en l’occurrence il n'était pas non plus trop inquiet. Leon n'était pas le premier et serait encore moins le dernier à haïr les Vizards, Akihiko s'était fait à cette idée depuis bien longtemps mais répondre à cette haine par la colère ou la frustration n'engendrait que plus de problèmes encore. Le capitaine scientifique préférait laisser couler le temps et démontrer par ses actes et ses paroles que ce n'était en aucun cas un mal de posséder un démon intérieur. Ainsi, Kirito ne réagit pas à cette remarque préférant faire croire que ce mensonge lui suffisait.

Le reste du chemin fut parcouru en silence car nul doute que Shu avait également ressenti cette haine profonde qui sommeillait au fond de Leon à l'égard des hybrides. Après tout son ami aussi devait être habitué à ce traitement, même bien plus que Kirito car il était un Vizard depuis plus longtemps. Son ami lui lança alors justement une invitation pour aller ensuite au bar d'Ayuzaki, invitation qui permettrait de s'en détendre mais aussi, à n'en pas douter, de parler de ce qu'il venait de se passer concernant le capitaine de la cinquième division.

Avec plaisir, je passerais juste par ma division récupérer une tenue plus propre.

Akihiko afficha un sourire amusé à son ami indiquant d'un signe de tête son torse nu visible sous le Haori.

Les trois capitaines arrivèrent finalement au Seireitei, ils franchirent les portes et emmenèrent le capitaine Leon à la quatrième division. Là ils le laissèrent entre les mains expertes de meilleurs médecins du Gotei 13. Shu venait de filer et Kirito juste avant de faire de même se retourna vers Leon qui était soutenu par deux infirmières.

Reposez-vous bien, votre division à besoin d'un homme fort. Dés que vous avez le temps, et que vous en aurez envie surtout, venez à ma division et je me ferais un plaisir de vous accueillir.

Les yeux de Kirito se détournèrent ensuite et d'un shunpô le capitaine de la douzième division disparu. Il se rendit dans son bureau, évalua rapidement ces propres blessures qu'il traita avec l'aide d'Iruzen, son second, puis il enfila une tenue propre et marcha tranquillement en direction du bar d'Ayuzaki.

Après l'effort, le réconfort !