Mise à l'épreuve. (PV Asuna - Noboru)

Le new-yorkais avait joué sa carte mollement, convaincu qu’elle ne passerait pas le pli, et il avait eu raison. A force de trop tirer sur une corde, elle rompt. Les relations sociales n’avaient jamais été son fort. Traiter avec les autres personnes, c’était bien trop compliqué, d’autant plus quand on rencontrait des personnalités hautes en couleurs comme les deux capitaines. Il n’aspirait pourtant pas à grand’ chose. Qu’on le laisse tranquille ! C’était si simple sur terre, pourquoi n’était-ce pas de même en ces lieux ? Là-bas, il ne dépendait de personne. Il avait vécu selon ses propres préceptes, ses propres règles. Il en était mort, évidemment, mais ce n’était pas si grave. Après tout, il avait eu le loisir d’être entièrement libre, et cela valait toutes les morts du monde. Se plier aux règles d’un supérieur qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, il ne savait pas s’il allait en être capable très longtemps…

Il fallait dire qu’il l’avait bien cherché, d’un autre côté. Ce côté grande gueule, il allait devoir le parquer pendant un petit moment, le temps de trouver une autre porte de sortie, à la Soul Society, ou non. La loyauté ne signifiant rien pour le borgne, jeter l’éponge ne lui faisait pas plus peur que cela. Les Shinigamis avaient sans doute bien mieux à faire que le traquer, si d’aventure il devait prendre la poudre d’escampette. Se trompait-il ? Probablement un peu. Un traitre reste un traitre, et les lieux hors d’atteinte de cette armée étaient bien plus rares que ceux de l’armée américaine dans les années 50.
Serpiente chassa ces idées jusqu’à nouvel ordre. Pour trouver cette fameuse échappatoire, il allait devoir survivre à cette après-midi, et l’autre énorme brute de capitaine n’allait peut-être pas l’entendre de cette oreille-là. Le trio s’était donc déplacé pour le fameux entrainement en dehors de la ville, et, tout le long du trajet, l’ancien tueur à gages tenta de façonner un plan. Il n’aimait pas l’idée de devoir improviser totalement. Par le passé, il avait toujours eu un plan d’action, en plusieurs phases. L’organisation, au final, c’était ce qui le faisait passer de simple tueur à celui d’assassin de grand talent. Il avait quelques idées, cependant. Le lac était une source inépuisable de particules d’eau. La forêt donnait une zone où il pourrait gagner quelques secondes, si le besoin s’en faisait ressentir.

Le simple shinigami pris place à une distance de presque dix mètres de son supérieur, et dégaina. Après tout, les mots étaient superflus non ? Il n’avait pas l’habitude de sortir son sabre pour ôter la vie, et il savait qu’il devait se battre dans cette optique-là s’il voulait s’en tirer autrement que dans une boite. De cette idée naquit un début de sourire sur son visage, qu’il fit disparaître en prononçant quelques mots.

« Lève ton voile, Kasumi. »

Immédiatement la brume fit son apparition, comme à son habitude, envahissant peu à peu le paysage pourtant ensoleillé quelques secondes auparavant. De la même manière, sa lame vira au noir immédiatement. Sans attendre, le tueur de la deuxième division lança les hostilités. Dans un premier temps, il décida que s’il devait se battre avec une telle montagne, le corps à corps n’était pas réellement une bonne idée. La seule solution était donc de mettre un peu de distance entre les deux combattants, mais pas sans propulser un premier projectile de reiatsu vers son adversaire du jour. Le tentacule ne toucherait probablement pas – encore qu’il n’était pas à l’abri d’une surprise – mais s’il devait l’esquiver ce serait forcément par la droite étant donné la trajectoire du trait, ce qui laissait une possibilité de repli au Serpent par sa propre droite.

Mist Constriction

Division

S’éloignant de façon extrêmement rapide, il laissait derrière lui certains leurres, histoire de brouiller un peu les pistes. Mais ce n’était très clairement pas suffisant. Il ne pouvait tout simplement fuir. S’il devait trouver un peu de temps pour examiner les possibilités qui s’offraient à lui, il devait gagner un peu de temps.

Shades of Mist

Parfaitement immobile dans un angle mort du Capitaine Kyusei, Serpiente venait tout bonnement de disparaître du radar. A vrai dire, il attendait de voir la première réaction de son capitaine, et préparait déjà une technique de défense. Après tout, ce n’était pas parce qu’il avait subitement disparu de la zone de combat que ce dernier n’était pas capable de le retrouver.

Il avait suivi la procession, le sourire toujours aux lèvres. Finalement, la petite bonne femme avait tenu à se joindre à eux pour regarder le combat. Une bonne chose en soi, outre le fait que deux Capitaines assistant à la mise à l'épreuve d'un subordonné prenne des airs de cérémonie officielle. Non, là où le Kyuusei voyait l'avantage, c'était qu'il avait l'occasion d'apporter un peu d'eau à son moulin au niveau de ses pairs, et marquer ainsi des points dans l'éternelle lutte qui les opposaient, Shinjirô et lui, au vieux grincheux prompt à les faire passer pour des macaques...bon, dans un sens, il avait pas tout à fait tord. Mais c'était de grands, de beaux macaques! Intelligents en plus! Le genre de macaques que l'on voit dans le magicien d'Oz, avec des ailes, des petits chapeaux et des épées!

Bref, il se marrait tout seul sur cette image, tandis que le groupe quittait rapidement les coins les plus reculés du Rukongai, pour finalement s'arrêter aux abords d'une zone boisée, abritant une large clairière bordant un lac. Le Serpiente avait eu le choix du terrain, nul doute que celui-ci devait servir son affaire. Et si ce que les dossiers sur son compte disaient vrai...

- Ah ben voilà, la cavalcade commence...

En effet, le soldat était tout de suite passé en Shikai, dévoilant dans la foulée le pouvoir de son Zanpakutô. Plus de place au doute, dans ces conditions, c'était bien un pouvoir basé sur la brume, la vapeur d'eau en somme, dont il fit l'usage dans l'instant en recouvrant les alentours de sa personne d'une enveloppe nuageuse, avant de laisser filer de cet amas une tentacule se ruant à la rencontre de sa cible. Il ne fut pas difficile de s'esquiver à cette attaque, le Vif-Argent n'ayant qu'à user d'un shunpo pour laisser la tentacule heurter la surface du lac, sa trajectoire le menant ainsi à frôler le projectile de front, pour ainsi aller au contact de son adversaire. Mais celui-ci avait tout bonnement disparu, laissant derrière lui une multitude de clones. Il ne pouvait pas dire qu'il était pris au dépourvu. C'était ce qu'il fallait attendre d'un assassin furtif. Cela n'empêchait pas le fait que le Capitaine de la Seconde, pris maintenant dans l'excitation du combat, rageait de ne pouvoir mettre la main sur le serpent. Cette colère trop longtemps contenue éclata, le reiatsu du Vizard se propageant de son être tel une onde sismique, balayant les alentours avec la fureur d'un tsunami.

- Viens donc m'embrocher, que je te brise les poignets! Et si tu décides de rester terré dans ton coin, alors je détruirais chaque parcelle du coin, jusqu'à ce que je finisse par t'avoir!

Le niveau de sensibilité au reiatsu entre les deux hommes était un gouffre, il fallait l'avouer. C'était bien pour ça que le Kyuusei travaillait à affiner ses perceptions. Cependant, sur le potentiel destructeur, il n'avait pas à rougir. Et tel le napalm dans les rizières, il allait débusquer le petit homme.

Elle avait suivi le groupe en silence, pareille à un fantôme, hors de portée, simplement là, à peine visible, spectatrice éthérée à l’esprit fuyant dont l’attention ne se figeait sur rien d’autre que sa propre absence. Asuna n’avait dit mot ni témoigné la moindre once d’intérêt pour le capitaine ou son subordonné, muette qu’elle avait été tout du long du trajet, tant en paroles qu’en regards.
Lorsqu’ils s’immobilisèrent, la jeune femme cligna des yeux plusieurs fois, s’éveillant d’une rêverie lointaine où elle avait été seule avec elle-même, sans compagnie que la sienne propre, et celle de ses souvenirs emplis d’une confusion étrange, autant de réminiscences floues d’un passé également vaporeux.
Enveloppée de silence, elle s’éloigna sans bruit.

Asuna trouva refuge dans la fraicheur d’un bosquet, non loin de là où s’annonçait l’affrontement. Immobile sous l’ombre d’un arbre, elle se tint mollement droite, sans grande conviction, mais ses yeux de nouveau vivaces se braquèrent vers les deux adversaires pour ne plus les lâcher. Elle saisit les atouts évidents de chacun d’entre eux : Kyuusei avait un corps sculpté pour la force brute, quoique ses muscles noueux et effilés menaient à penser qu’il était aussi prompt à la destruction qu’à la vitesse, quant à Serpiente, ses allures débraillées le rendaient bien moins impressionnant que son supérieur, sans pour autant atténuer son aura de dangerosité secrète.
Le borgne nomma soudainement son arme, ce qui eut pour effet d’inonder la zone d’un brouillard épais, coulant dans l’air à la façon d’un fluide paresseux mais non moins dépourvu d’une viscosité inquiétante. La jeune femme avisa le lac, non loin de la bataille, d’où naissait précisément l’humidité nécessaire à ces manifestations brumeuses. Tout en étant effroyablement buté, l’infirme prouvait une certaine aptitude à la réflexion, chose qu’il n’avait jamais manifesté jusque là. De son sabre jaillit un tentacule immatériel qui se précipita vers le Capitaine qui n’eut pas grande difficulté à l’esquiver d’un simple déplacement. L’instant d’après, Serpiente s’éclipsait purement et simplement après avoir laissé derrière lui une multitude de sosies, tant sa vitesse avait été élevée lors de cette fuite précipitée. Asuna s’interrogea sur la nécessité d’une telle débauche d’énergie alors que Kyuusei n’était pas même passé à l’offensif. Ce dernier semblait toutefois bien en peine d’agir puisqu’il se contenta de brailler quelques menaces, avant de libérer sa colossale énergie spirituelle en preuve de sa complète impuissance. La pression spirituelle s’abattit sur les épaules de la jeune femme en une chape grondante ; si elle courba l’échine, elle ne laissa rien transparaître de son malaise. Ses prunelles, lentement, glissèrent vers la position du borgne, qu’elle décelait vaguement, sans parvenir à le situer précisément. Un semi-échec curieux, intriguant, et laissait supposer que le serpent avait des ressources bien plus considérables qu’il souhaitait l’admettre.
La Shinigami pressentit que cette partie de cache-cache allait épuiser très rapidement la patience de son confrère, si bien que par mesure de précaution, elle dressa deux barrières autour d’elle afin de se prémunir de toute destruction massive.

« Capitaine Kyuusei ?, lança-t-elle d’une voix claire. Ne perdons pas de temps. Par là. »

De l’index, elle désigna une direction de laquelle s’épanouissait spasmodiquement, derrière les fumerolles embrumées, la présence effrayée d’une minuscule vipère.

Les paroles de son capitaine tonnèrent sur le champs de bataille comme des éclairs, et ne firent que renforcer l'impression qu'il avait fait le bon choix. Se jeter corps et âme dans un combat d'avance ce n'était très clairement pas son style. Il devait être plus posé, plus réfléchi, essayant d'anticiper les possibles choix de son adversaire. Ce qui était, évidemment, presque impossible, étant donné qu'il n'avait pas la moindre idée de ses réelles capacités.

Alors qu'il observait, toujours caché grâce à sa technique de dissimulation, les faits et gestes du Vif Argent, il fut frappé par son reiatsu, de plein fouet. Il fut à deux doigts d'être renversé par ce dernier, tant il ne s'était pas attendu à cette contre-mesure. Le borgne se passa la main sur le visage, pour en chasser un peu de sueur, qui se transforma en brouillard immédiatement après. L’immense pression spirituelle de son capitaine avait un effet proche d'un bouclier à ses yeux. Ralentissant les plus faibles, gênant les plus forts, il lui permettait d'avoir un coup d'avance, ou presque, en chaque circonstances. L'américain nota dans un coin de son esprit qu'il devrait trouver une solution à ce genre de problématique, dans le futur.

C'est à ce moment là que l'autre capitaine entra dans la danse. Serpiente fut presque abasourdi de la voir pointer du doigt une zone dans laquelle il se trouvait encore quelques secondes auparavant. Le reiatsu du Kyuusei ne lui permettant pas de se mouvoir à sa vitesse normale, l'ancien tueur à gages estima qu'il devait s'éloigner de cette zone au plus vite, laissant de côté toute possibilité d'attaque pour l'instant. S'il se lançait dans une offensive, non seulement il verrait son camouflage disparaître, mais il n'aurait peut-être pas le temps de se cacher de nouveau derrière.

"Merci pour l'effet de surprise, connasse..." maugréa-t-il, en se déplaçant le plus vite possible vers sa droite grace à un shumpo, ce qui avait au moins le mérite de le laisser invisible à l'oeil de son réel adversaire. S'il s'en sortait, il espérait ne plus jamais croiser la route de cette idiote. Et maintenant il devait trouver un autre angle d'attaques... et il n'en avait pas des masses en stock !

Le défi avait été lancé, et pourtant l'autre ne répondait pas, laissant son Capitaine dans l'attente. Le Vif Argent commençait à sentir la moutarde lui monter au nez alors qu'il réalisait que ce combat prenait rapidement l'allure d'une blague. Cette situation n'était pas du tout faite pour apporter du crédit au Serpiente, puisqu'en refusant tout bonnement de se manifester il encourait la colère de deux Capitaines lui ayant expressément demandé de suivre les ordres. Jusqu'à présent agacé par le laxisme de son subordonné, l'ancien Lieutenant de la Onzième commençait purement et simplement à penser à des solutions radicales à l'encontre de celui qui défiait constamment l'ordre quand sa consœur de la Quatrième vint définitivement éteindre toute chance d'apprécier le combat en indiquant la position relative de sa cible, d'un geste vague de la main.

- Si le but était de le battre comme plâtre sans qu'il ne puisse se défendre, il fallait le dire tout de suite! Il a beau agir comme un pleutre, à faire durer, il n'en reste pas moins que sa stratégie peut être viable, si jamais il refait surface. Et j'aimerais vous rappeler qu'il est mon adversaire, non le votre, donc vous pouvez vous mettre vos indications là où je pense!

On allait pas dire que le Capitaine de la Seconde se faisait manger le travail, ça non. C'était une question d'honneur guerrier, son honneur à lui, qui était remis en doute par ces indications. Comment pouvait-il gagner le respect de ses hommes s'il se faisait prendre la main comme un enfant? Il n'en fallait pas plus pour le rendre définitivement furax.

Allez...laisse moi sortir, grand fou!

D'abord insistant, le hollow intérieur se fit aussi tranquille qu'un ongle grattant un tableau de classe. Force fut de le laisser s'exprimer, la rage habitant le Vizard rendant toute tentative de le contenir aussi facile que d'avaler l'eau d'un lac avec une paille. C'est donc d'un geste coulant que l'homme fit apparaitre son masque, décidant d'appliquer la tactique de la terre brulée. Même si l'autre se trouvait dans le coin indiqué par la Capitaine, il avait sûrement eu tôt fait de se carapater à l'annoncer aussi évidente de sa position. Il fallait donc voir grand, très grand, couvrir une zone qui permettrait d'atteindre statistiquement sa cible. Il allait user des deux facettes de son pouvoirs, dans un parfait équilibre.

- Quant à toi, sors de ta cachette et vient te battre comme prévu! Assassin n'a jamais rimé avec lâche, et ce n'est pas en te terrant quelque part en attendant que ça se passe que tu te fais honneur! Tu ferais mieux de suivre les ordres si tu veux toujours tenir un Zanpakutô d'ici demain, parce que si tu continues à me pisser sur les chausses, je te jures que je vais m'arranger pour qu'on te retire tes pouvoirs et qu'on te renvoie dans le trou à rat d'où tu viens!

D'abord, laisser son corps exploser d'une lumière si vive qu'elle cramerait les rétines de tout le monde dans l'assemblée. Ensuite, rendre dans la foulée les ombres aussi meubles que des marais, empêchant la progression et donc l'esquive. Et finalement, laisser ces ombres se rétracter et se hérisser en un essaim de pointes, afin de clouer le fuyard sur place. Si cela ne suffisait pas, il passerait au cran supérieur.

La jeune femme n’avait pas totalement compris jusqu’à quel point un passage à la Onzième division pouvait transformer un homme. Asuna n’était pas sans savoir que Kyuusei avait été lieutenant en son sein, pour autant, elle avait sous estimé les stigmates qu’il en avait gardé. Jusqu’ici, il avait fait montre d’un aspect assez bourru, mais n’avait été que peu grossier, et encore moins envers elle. L’agressivité qu’il déploya à son encontre n’écorcha pas la fierté d’Asuna, et fut même généreuse en informations. Asuna était d’accord avec l’idée qu’un combat pouvait en révéler long sur quelqu’un : l’attachement du Capitaine pour l’équité faisait de lui une figure d’honneur, concept qu’Asuna jugeait de la dernière imbécillité, et l’énervement qu’il témoignait, probablement lié à sa frustration, mettait en relief son caractère impatient envers sa propre faiblesse. La personnalité commune du gorille de champ de bataille.
Asuna en fut un peu déçue.

« Comme vous voulez, se contenta-t-elle de répondre en haussant les épaules.

Soudainement, elle pressentit plus qu’elle ne vit le changement de nature dans l’énergie spirituelle du Capitaine. Ce dernier avait dressé entre son visage et le reste un masque d’os au profil menaçant et sinistre, au moins autant que l’était la fureur perceptible dans ses propos. Instinctivement, la jeune femme se détourna au moment où une lumière éblouissante jaillit du corps du Vizard qui devint, l’espace d’un court instant, aussi insoutenable à regarder que le soleil. La vue piquée de taches noires, Asuna cligna des yeux pour tenter de chasser la cécité temporaire. Tout aussi brusquement, elle perçut autour d’elle les ombres se liquéfier en une matière obscure d’où jaillirent de féroces épieux qui vinrent s’écraser contre ses protections. La première barrière se brisa au second assaut, quant à la deuxième, elle résista tout en s’ébréchant dangereusement. Asuna soupira, désabusée d’être prise pour cible par l’impuissance de l’autre gradé à repérer son véritable adversaire. Comme elle ne voulait pas s’exposer davantage, elle quitta sa protection ainsi que le bosquet pour se projeter d’un Shunpô dans les airs, à une distance suffisante pour échapper à la plupart des attaques. De là haut, elle put embrasser du regard la scène de destruction qui se jouait sous elle. Son regard très vite parvint à relocaliser vaguement le serpent, et tout en gardant l’information pour elle, cette fois-ci, elle suivit avec la plus vive attention la probable riposte de ce dernier.

Des menaces.

Son capitaine avait répondu à son immobilité par des menaces, ce qui pouvait vouloir signifier plusieurs choses. Pour Serpiente ceci trahissait une certaine envie d'en découdre, évidemment, mais aussi une certaine impuissance. Il ne pouvait pas le localiser, et c'était là sa plus grande force, il ne comptait pas la gâcher, toute menace que le Kyuusei puisse formuler.

Evidemment, ce dernier n'en était pas resté là. Toute grande gueule qu'il était, il fallait avouer que la puissance suivait. S'imprimant un masque sur le visage, le capitaine avait laissé place à une fureur insoupçonnée. Après avoir envoyé paître la capitaine de la quatrième division, il s'adonna à un carnage, mi ombre, mi lumière, du plus bel effet. S'il avait été simple spectateur, peut-être que l'américaine aurait apprécié le spectacle, mais au beau milieu des missiles, il n'avait aucun temps pour cela. La première attaque était un flash lumineux, qui brula les rétines de l'ancien tueur à gages, pendant quelques secondes. S'en suivit une techniques de plus inhabituelles.

Les ombres qui se trouvaient autour de lui s'animèrent, comme mues par une énergie malfaisante, et s'attaquèrent à tout ce qui se trouvait dans les alentours. Cela avait beau être une attaque à l'aveugle, l'énergie dégagée était telle que le new yorkais se retrouva quasiment pris au piège. Pour éviter de se faire lacérer par ces tentacules sombres, il fut obligé de déployer son propre reiatsu. Créant un bouclier de brume, il évita de se faire éviscerer par plusieurs ombres. Ceci, cependant, ne lui évita pas de se faire blesser, au bras gauche.

Reptilian Cloud

En utilisant cette défense, il savait que son adversaire, s'il ne l'avait pas repéré à coup sur, se douterait de la zone dans laquelle il se trouvait. Du coup, il n'avait plus besoin de rester caché ... pour l'instant. Faisant vibrer les particules d'eau autour de la lame de son sabre, il les chargea de reiatsu et envoya une série d'ondes de choc vers son capitaine, frappant l'air en direction de celui-ci. Si Noboru se jettait sur lui, il serait invariablement frappé par ces dernières...

Cobra Hit x 2

Sans attendre son reste, cependant, le simple shinigami de la deuxième division retourna à l'ombre qui l'avait accueilli, quelques minutes auparavant. Sauf que maintenant du sang coulait le long de son bras, et son capitaine était bien plus vindicatif.

Shades of Mist

Le déploiement de force avait servi au moins à dévoiler momentanément la position du fourbe shinigami, qui dû se protéger de la forêt de pointe en faisant usage d'un bouclier qui ne fut pas suffisant face à l'ire de son supérieur. Volant en éclat, la construction spirituelle laissa passer la seconde vague de bouillonnement sombre, qui épingla le Serpiente aussi proprement qu'avec la plus barbelée des pointes. Du moins, c'est ce que put imaginer le Kyuusei, ne visualisant au milieu du maelstrom qu'une gerbe de sang conséquence de sa frappe. Une série d'ondes de choc se déploya devant lui, surgissant sans crier gare, et c'est grâce à une contraction réflexe que l'homme encaissa la première, pour reculer sous l'effet de la seconde. Il avait reçu une claque, le choc résonnant dans son corps, faisant protester tendons et muscles, os et organes. Un partout.

Bon, au moins, cette constatation changeait la donne dans le combat, du moins aux yeux du Capitaine: d'insaisissable, son subordonné devenait accessible. Et cela signifiait aussi une chose, aux conséquences plus terribles encore pour le pauvre serpent. Il allait y avoir du grabuge. La vitesse supérieure était d'ores et déjà enclenchée. Le masque était déjà tombé en poussière que Noboru appelait à lui sa puissance, le déploiement floutant sa silhouette, comme sou l'effet d'une importante vague de chaleur.

- Et ben soit. J'ai peut être pas la possibilité de te voir précisément, mais je sais maintenant que t'es blessé, et que t'auras plus de mal à cacher le sang que tu vas répandre un peu partout. D'autre part, je t'avais promis l’Armageddon, on va donc brûler la botte de foin pour trouver l'aiguille.

Pris dans la transe que lui conférait l'utilisation de la Natarâdja, le Vif Argent leva la paume devant lui, dans la direction qu'avait pris sa cible, juste avant de disparaitre à nouveau. Il ne se contentait plus de chercher l'homme qui l'affrontait maintenant, le pressant systématiquement afin de ne pas lui laisser le temps de partir dans le maquis. C'est donc d'emblée qu'il abaissa la main d'un arc souple et rapide, afin de réduire la marge d'esquive, claquant l'air à la manière d'un blast, qui détruisit le paysage sur son passage. Mais l'homme n'en resta pas là.

BAN-KAI

Un pilier de lumière surgissant de sa position, le Capitaine mua pour revêtir son apparence finale, celle du dieu aux bras multiple qu'il représentait. Il ne trouvait pas la mouche qui bourdonnait à ses oreilles, donc il ferait sauter la pièce pour s'en débarrasser. Certains pourraient arguer qu'il n'avait qu'à s'entrainer à la poursuivre avec une tapette appropriée, mais c'eut été péter plus haut que son cul. Du moins, c'était son opinion. Il visait l'efficacité, quoi. Toujours sous l'effet de sa danse cosmique, il opéra un arc de cercle avec sa tête, laissant dans son sillage une multitude de cheveux spirituels fouetter ensemble de la zone devant lui, tandis que d'une main il invoquait les ombres, qui prenait forme sous l'aspect d'une flopée de billes de tailles égales, qui foncèrent sur la zone pour la terraformer. Sa puissance invoquée lui permettait de supporter un poids supplémentaire lors de l'activation de cette arcane, ce qui rendait la finalité de l'opération encore plus destructrice. L'autre n'avait pas le choix, il devrait faire fort pour se dépatouiller de tout ça.

Les choses semblaient fortement se corser pour le shinigami borgne. Il avait beau posséder un semblant de plan auquel se tenir, les probabilités que ce dernier le mène à bon port semblaient fondre comme neige au soleil. Voire comme neige au Sahara. L'ancien tueur a gagés n'avait pas le temps d'analyser la situation, mais il était clair qu'il était mal parti dans cette confrontation depuis le début. Oh, il n'avait pas fait l'idiotie de sous estimer la puissance de son supérieur, cependant il n'avait pas prévu qu'il s'adonne à un tel carnage, du moins aussi vite. Peut-être que la présence du masque était un facteur qu'il n'avait pas assez soupesé ?

Quoi qu'il en soit, Noboru ne semblait pas s'être posé tant de questions et s'était cantonné à agir, suivant un raisonnement simple mais non dépourvu de bon sens. "Si je ne peux savoir où il est, détruisons tout endroit où il peut être". Les tentacules d'ombre et les sphères de lumière formaient une dualité qui aurait pu être analysée de moult manières, mais dans le cas présent elle semblait trahir une envie de destruction, et ce quelque soit le moyen. Et évidemment le fait d'avoir activé son Bankai était loin d'être un désavantage...

Le serpent était pris au piège, et le reiatsu agressif de son adversaire ne l'aidait pas le moins du monde. Oh, il avait beau être caché, cela ne suffisait plus face à la farandole d'effets pyrotechniques du Kyuusei. Sous sa nouvelle forme il semblait si puissant qu'il en devenait presque effrayant. Presque, car tout compte fait, son adversaire n'avait absolument pas le temps de s'adonner à de telles fantaisies. Non, il tentait tout simplement de sauver sa vie.

" Putain de merde..." Se permit le simple shinigami alors qu'il activait sa brume pour tenter d'éviter de se faire réduire en charpie. Comme auparavant, le brouillard s'adapta aux projectiles pour tenter de les ralentir dans leur destructives trajectoires. Blessé comme il l'était c'était tout juste s'il ne s'agissait pas d'une peine perdue.

Le premier impact manqua de le faire voler a travers le décor comme un fétu de paille, et ce malgré sa défense spirituelle. Pour la deuxième, il opta pour un déplacement rapide sur le côté, tout en sachant que le reiatsu agressif de son capitaine le ralentirait. Qu'importe, il n'avait pas le choix, de toutes manières. S'il devait prendre quelques dégats, ces derniers pourraient être réduits en esquivant au mieux. Le troisième fut lui encaissé presque de plein fouet encore une fois ridiculisant presque les efforts fournis pour l'éviter. Serpiente savait que quitte a sacrifier une partie de son être il devait s'agir du bras gauche. Il y était déjà blessé et, droitier comme il se savait, c'était la plus acceptable des pertes. Il encaissa donc l'attaque de son adversaire avec son épaule, reculant de presque dix mètres a cause de l'impact.

" Vous frappez ... Comme une gonzesse..." grommela l'américain avant de cracher une gerbe de sang. Son bras, lacéré, ne lui serait plus de la moindre utilité pour le reste du combat. Heureusement (enfin, ceci dépend surtout du côté duquel on regarde), ce dernier ne semblait plus être parti pour durer à moins que...

" Bankai"

Mu d'un instinct de survie qu'il ne se connaissait pas, il avait cédé à la facilité, et ces paroles avaient traversé ses lèvres sèches sans même qu'il ne s'en rende compte. Son teint, déjà pâle, prit une couleur grisâtre des moins ragoûtantes, mais surtout, la lame de son sabre se volatilisa. Le champs de bataille, lui se couvrir immédiatement par un brouillard qui reléguait le précédent au rang de voile diaphane.

Fog Invasion

" Quitte a montrer son jeu, autant faire tapis. " murmura-t-il plus pour lui que pour un quelconque public. La brume, dense autour de son adversaire devenait l'espace d'un instant un piège mortel. Autour de son capitaine venaient de se matérialiser grand nombre de lames identiques a celle de sa Kasumi. Une fraction de seconde plus tard, la vierge de fer s'était refermée sur le Vizard. Serpiente espérait que son capitaine se soit relâché, ne s'attendant pas à une contre attaque aussi rapide. L'assassin, d'ailleurs n'en resta pas là. Même s'il savait que ses réserves de reiatsu n'étaient pas infinies il injecta tout de même une partie de ces dernières dans la brume proche de Noboru. Les molécules d'eau, vibrant de plus vite, éclatèrent dans une explosion bleutée que l'artificier capitaine n'aurait sûrement pas renié. Il s'agissait peut-être d'une ultime attaque, ne prenant même plus le temps de retourner à ses ombres, mais elle n'était pas dénuée de sens. Pour peu qu'une l'âme se soit plantée dans son supérieur, il était possible que son explosion laisse quelque séquelles.

Cobra Burst
Iron Maiden

Et puis, de toutes façons, ce n'était pas comme s'il avait d'autres cartes dans sa manche, n'est-ce pas ?

Ses attaques partaient, boostées par la puissance déployée, et déjà le nuage de poussière soulevé par ses assauts que le Kyuusei voyait son subordonné revenir d'entre les ombres, un côté de son corps proprement lacéré. Il avait subi le courroux des perles de l'ombre, mais n'entendait pas s'arrêter là. Car ce fut le mot à la fois si étonnant mais tant attendu qui franchit la barrière des lèvres du serpent, qui déploya sa forme ultime à la face du monde.

Bankai, hein? Petit enfoiré.

Il prouvait donc que le Vif Argent avait raison depuis le début. Cette feignasse avait le potentiel d'être parmi les leaders de la Soul Society, mais gâchait son talent à vouloir se cantonner à des rôles de porte flingue. Un beau gâchis! Quand on savait ce qui se profilait aux portes du Seireitei et à celles des autres mondes, laisser le type dans l'ombre était aussi idiot que de se battre une main dans le dos. Ce type n'avait vraiment pas le choix, il devait prendre ses responsabilités, et faire profiter les autres de son savoir et de son expérience. Il n'avait rien d'un chef? Il n'avait pas envie d'envoyer les autres au casse pipe? Et bien à lui de les former au mieux, afin que chacun revienne entier.

- Alors on se la joue modeste, hein? T'es vraiment qu'un truand, le nanban! Envoies moi tout ce que t'as, j'attends!

Criait il à son vis à vis, les bras ouvert pour accueillir la réponse qui ne tarderait pas. Et elle survint, sous la forme d'un nuage de brume revanchard, qui fondit sur le Vizard pour l'envelopper de son étreinte froide et humide. Sentant le vent tourner sous l'aspect d'un dernier baroud d'honneur, l'autre ne semblant plus si frais malgré le passage au stade supérieur, le Capitaine appela à lui l'une de ses arcanes sombres, laissant Kali l'entourer de sa gangue protectrice. Action avisée, puisque dans la seconde une explosion sourde vint se heurter à sa barrière, qui tint bon malgré tout, ne se fracturant qu'après avoir effectué son office. Malgré le barouf, la brume était bizarrement toujours massée autour de lui, ce qui ne présageait rien de bon. Il ne devait pas rester statique, cristallisant ainsi une cible parfaite. C'est d'un Shunpo éclair qu'il quitta sa position, provoquant la petite détonation argentée dont découlait son surnom. Il surplombait, le temps d'un instant, le terrain, qui avait pris une belle claque, suite aux échanges de coups. Il était dans cette position aussi visible que le nez au milieu de la figure.

- Assez!

Dans une dernière explosion de lumière, son apparence en Bankai disparu, laissant place aux habituels vêtements standards du shinigami. Il s'en sortait avec des contusions au niveau des flancs et des bras, peut être quelques dégâts internes, et une énergie en baisse. L'autre paraissait plus amoché mais toujours prêt à continuer le débat. Cela ne servait à rien de poursuivre l'échange, puisque tout avait été prouvé. Touchant terre, le responsable de la Deuxième s'adressa d'une voix forte à son homologue des soins.

- Je crois qu'il nous a prouvé à tous les deux qu'il se débrouille parfaitement sans un oeil supplémentaire. Et même mieux que ça en fait!

Passant la main dans son dos, il retira de l'une de ses poches un tampon de bois, qu'il lança jusqu'aux pieds du Serpent, du moins là où l'autre devait se trouver.

- Tiens, c'est la récompense de ta prestation. De toute manière je comptais t'en parler. Tu voulais rester simple troufion, et j'ai justement besoin d'une garde rapprochée pour m'accompagner partout où ça coince. Bien sûr, comme je ne peux pas faire ce que je veux au sein de l'armée, je dois rendre ça officiel, pour l'administration. Félicitation! Tu es mon nouveau Vice Capitaine!

Cela tombait à point nommé, tandis qu'il avait assignée la précédente tenante du titre à des missions sous couverture. Il devait combler le poste, quand bien même le type qui reprenait le flambeau donnait l'aspect d'un gros bras cassé.

- Je sais déjà ce que tu vas dire, que c'est du foutage de gueule, sachant le passif qu'on a déjà tous les deux. Mais penses y, maintenant, avec ce que tu viens de nous démontrer. J'ai besoin de quelqu'un pour assurer mes arrières et celles des autres. Mieux que ça: pendant que je prends tout de front, j'ai besoin d'un type qui ira couper les jarrets des enfoirés qui viendront frapper à nos portes. C'est le moment d'assumer. Tu sais qu'il n'y a pas de retour en arrière. Et tu sais que t'es le mieux placé pour gérer le truc, vu que t'es celui qui en veut le moins. Questionne toi, tu sais au fond de toi même que j'ai raison, malgré ton orgueil qui te dit le contraire.

C'était une main tendue, un moment charnière. De ce genre de moment qui décidait du destin d'un homme. De la route qu'il allait prendre. Soldat, ou paria? Le choix était sien.

Tout individu ignorant l’identité des deux combattants aurait pu croire à l’affrontement entre deux colosses, tant les changements opérés sur les environs étaient radicaux, et la débauche de destruction conséquente. Or, même pour Asuna qui pourtant possédait les clefs de compréhension sur la nature du combat, admettait en son for intérieur qu’il se révélait bien plus inattendu que prévu. Kyuusei, en tant que Capitaine, ne faisait pas honte à son rang, puisque la plupart des dégâts causés à la zone était de son fait. Son pouvoir, curieux mélange entre ombre et lumière, possédait un lot de techniques dévastatrices conséquent qui avait dû enthousiasmer nombre de ses compères à la Onzième Division. Lorsqu’il avait prononcé le nom de l’ultime libération de son trancheur d’âme, la jeune femme n’avait fait qu’entrapercevoir sa forme, et le peu qu’elle en vit suffit à l’impressionner. Elle était désormais certaine de ne pas vouloir cet homme comme ennemi.
Toutefois, son subordonné, contre lequel elle n’aurait pas misé grand-chose, s’était révélé lui aussi digne d’un certain mérite, suffisamment pour qu’elle le reconsidère d’une nouvelle attention. Autrefois obscur siège, désormais en pleine déchéance, cantonné aux tâches ingrates, et pourtant détenteur du Bankaï, ainsi que d’un haut niveau de compétences martiales, Asuna découvrait avec surprise en Serpiente un pendant masculin de ce qu’elle-même avait été pendant très longtemps. Une information notable dont elle ne manquerait pas de se souvenir.

Finalement, après maintes autres explosions et dévastations en tout genre, le combat cessa sous l’injonction de Kyuusei. Il balaya une attaque de son opposant, esquiva la suivante, avant de relâcher toute la pression exercée, et retrouver une apparence plus humaine. La jeune femme apparut à ses cotés, inspecta rapidement les blessures du colosse avant de se tourner vers le serpent. Elle dévisagea ce dernier de haut en bas, moins par contrariété que curiosité réelle.

« Moins désastreux que prévu, oui. Je continue de penser qu’une greffe demeure profitable, cependant. Nous possédons des thérapies pour ce genre d’opération. Et il ne s’agit pas d’un bras ou d’une jambe, mais d’un œil. Il pourra continuer de porter son bandeau en situation réelle, et s’accoutumer à son nouvel organe durant les entraînements. Dans un an, il s’y sera totalement accoutumé, comme s’il ne l’avait jamais perdu. »

L’émouvante ainsi que brutale promotion qui suivit laissa totalement froide Asuna. Libre au Vif-Argent de mettre sur un piédestal qui il souhaitait, la Shinigami n’en avait que faire. Et aussi borné fut-il, Serpiente semblait posséder quelques capacités pour ne pas faire honte au grade. Il demeurait toutefois la question de la bonne volonté, et au regard de tout ce qu’elle avait pu en déduire, ce point-ci risquait de s’avérer plus épineux.
Laissant là cette question, Asuna se rendit auprès du borgne pour le soumettre au même examen que son supérieur quelques minutes plus tôt.

« Vous lui donnerez l’accolade d’ici peu, Capitaine, il a besoin de soins immédiats. »

Sur ces mots, Asuna se saisit doucement du bras de l’intéressé, et laissa ses doigts filer tout du long sans s’offusquer du sang spongieux dans lesquels ils nagèrent rapidement. Lentement, la jeune femme injecta dans la chair meurtrie sa glaciale mais revitalisante énergie.

« Ne bougez pas. Vous avez eu de la chance de ne pas finir manchot. »

En quelques instants, le membre retrouva sa vigueur ; toutefois, Asuna ne laissa pas inachevée son affaire, ses mains palpant cette-fois ci le flanc et le torse de l’homme à la recherche d’os brisés, de muscles froissés et d’organes traumatisés.

« Vous devriez la prendre, murmura-t-elle à Serpiente, croyez-moi, on se lasse vite de laver les sols. Vous risquez de l’énerver avec un nouveau refus. »

Lorsqu’elle eût fini sa besogne réparatrice, Asuna s’écarta pour laisser son patient profiter de son rétablissement. Ses yeux se posèrent sur l’insigne au sol. L’homme était comme la jeune femme, toutefois, elle avait fait bien plus de chemin que lui.

Le calme après la tempête. Serpiente planta son sabre dans le sol, qui prit aussitôt sa forme initiale, en dissipant son Bankai. L’ancien tueur à gages profita du cessez le feu pour prendre appui sur un arbre de son bras encore valide. Il serrait les dents, peu heureux du résultat. Oh, il avait surement impressionné le Vif Argent, mais dans son for intérieur, il s’était déçu. Céder à la panique, non, à la facilité, ce n’était pas son genre. Révéler son Bankai avait été surement une erreur évitable, mais son instinct de survie ne lui avait pas laissé le choix. Le mot s’était échappé d’entre ses lèvres comme une volute de fumée, volatile et impossible à attraper.

L’américain écouta le monologue de son capitaine d’une oreille distraite, alors que la Kuragari se chargeait de le remettre sur pied. Il avait jeté un coup d’œil à l’état de son bras et, autant il n’avait aucune confiance en cette femme, autant il n’avait pas le choix. Quand bien même il eut les connaissances pour se guérir, ses réserves d’énergie étaient si amoindries que ce rétablissement devenait problématique, voir dangereuse pour le shinigami.

« Je suis las de ce conflit incessant. » souffla-t-il en direction de celle qui avait été dans sa position. « Et prenez note que je refuse votre proposition, capitaine Kuragari.» ajouta-t-il « Pour l’instant. »

Il se tourna alors vers son capitaine et soupesa les paroles qu’il allait prononcer… à sa façon.
« J’ai bien envie de vous dire de vous le carrer dans le fondement, ce bout de bois, capitaine. Mais je préfère vous faire une proposition, d’autant plus que je n’ai pas spécialement envie que vous foutiez en rogne et vous me bottiez le cul jusqu’à la Lune. »

Il venait d’avoir une idée, et il ne la trouvait pas si mauvaise. Autant lui proposer, de toutes façons, il n’allait pas accepter tout bonnement son poste sans une certaine contrepartie.

« J’veux bien faire le guignol de service, mais seulement en intérimaire, le temps que vous en trouviez un autre. Et comme je vous vois venir, j’aurais le droit de vous proposer tous les candidats que je trouverai au niveau. » Lança-t-il avec un sourire entendu. Il savait que Noboru connaissait son avis sur les pignoufs de la deuxième, une bande de manche à couilles, tout juste bons à servir de chair à canon. Bon, il risquait de faire un effort et de lui proposer le moindre gonze ayant un tant soit peu de niveau, ne serait-ce que pour lui faire perdre son temps. Après tout, il n’y avait pas raison de se priver d’un petit plaisir de temps en temps.

Serpiente libéra son sabre de l’étreinte du sol et à l’aide de son arme, ramène le ridicule bout de bois vers lui. Il ne pouvait pas trop bouger, déjà parce que Asuna continuait son entreprise de reconstruction, mais aussi parce qu’il fallait admettre que son capitaine ne l’avait pas raté, et qu’il avait donc mal de partout. Une fois en main, il regarda le badge, puis son capitaine.

« Bon capitaine, on va pas y passer des plombes. Vous en dites quoi ? »

La Kuragari partait aux premiers soins, mettant son savoir faire au service du bras écharpé du Serpent. Pour le coup, le type portait bien son nom, étant à un doigt - non, plutôt à un bras - de se retrouver façon homme tronc au sang froid. Mais la Capitaine méritait ses galons, et déjà la chair reprenait forme, les meurtrissures appartenant peu à peu au passé. Le Kyuusei était toujours émerveillé de voir la puissance réparatrice de ce qu'il considérait comme de la véritable magie. Oh ça, certains considéraient la destruction comme un art à porter aux nues, mais ramener l'ordre au sein d'un environnement chaotique, ça c'était fort. Et tandis que l'affaire s'achevait, le colosse repensa à la proposition de la jeune femme. Comme il l'avait dit, la décision était tout entière du côté de son subordonné.

- Si cela ne lui apporte pas d'avantage décisif, je comprends qu'il n'y mette pas du sien. Vendez moi du rêve, Capitaine! Vu l'égo de Pépère, 'lui faudrait au moins un truc bionique qui crache des lasers et qui lui permette de voir un morpion se gratter les burnes au milieu d'un concert de hard rock. Enfin, ce genre de choses, je crois. Pour le reste...

Il avait haussé les épaules, donnant ainsi son avis définitif. "C'est plus mon problème", voilà ce que cela signifiait. Et c'était un poids de moins sur sa conscience déjà mise à mal par pas mal de problèmes du quotidien. Et puis, maintenant qu'il était suspendu à la réponse de son futur Vice Capitaine - car l'esprit un rien étroit du Vif Argent excluait toute autre probabilité - rien d'autre n'existait. Le début lui fit bien redescendre son arcade sourcilière, façon bouledogue en rogne, mais la suite le radoucit un peu. Le type en face avait juste sa manière de dire les choses, un peu comme lui. Ça pouvait froisser, mais au moins c'était de la franchise véritable. Aussi quand l'autre fit une contre-proposition - c'était un joueur lui, un vrai ! - Noboru resta un moment coi, à le regarder d'un œil aussi vide que celui d'un bovin suivant le tour de France de son champ d'herbe. Nul ne pouvait, à ce moment précis, savoir ce qui se tramait dans sa tête. D'ailleurs, c'était à se demander si pensée il y avait. On atteignait dans ce regard des trésors de néant, des sommets de vide, si c'était possible. Et puis, le zombie se mit en marche, rapprochant son faciès de celui, amoché, de son interlocuteur. Jusqu'à presque le toucher. Jusqu'à presque lui donner le baiser de la mort. Situation de tension!

- Ok.

Et l'autre de tourner les talons, sur cette sortie monumentale. Il avait du charisme à revendre, l'animal! Un champion des hommes, le plébéien ultime! Noboru Parole d'Or, dans les sagas épiques qui raconteraient ses aventures.

De toute façon il va continuer à me faire la diva, alors une couille de plus ou de moins dans le potage, ça fait toujours de la viande que je veux pas avaler...

Il n'en avait sûrement pas fini avec ses tourments, ça non. Mais sa victoire d'aujourd'hui lui assurait encore une fois d'avoir un soutien. Bancal, peut être, mais pas si sûr. Toujours de dos, il lança une dernière tirade, avant de se faire avaler par les ombres grandissantes de cette fin de journée.

- Oublies pas de te présenter au plus tôt à mon bureau, garde du corps! Des fois qu'un Mahomachin décide de me faire la peau avant le petit dèj...

Sujet: Re: Mise à l'épreuve. (PV Asuna - Noboru)

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Mise à l'épreuve. (PV Asuna - Noboru)

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