Sur les terres d'un seigneur [PV Kirito Akihiko]

Dans ce désert qui m'était maintenant aussi familier qu'une amie d'enfance, j'avançais. Aussi loin que je le pouvais. On m'avait conseillé de faire profil bas, à moi ! Ils me prenaient pour un enfant. Tsss... Toutes ces années d'errance, ces siècles, arpentant le sable et la poussière, au dessus des lois qui régissaient le monde creux. Un vent de nostalgie effleura mes pensées. J'étais, l'un des maître absolu dans la nuit éternelle. J'étais, le seigneur du vide, le bras armé de ma justice. J'étais, un prêtre de la mort implorant la guerre. Tout ça n'appartenait plus qu'au passé. Aujourd'hui je reprenais la traque. Celle qui me permettrait de renouer avec la bête que je refoulais. Quelle ironie. Les âmes qui résidaient au sein de mon épée devaient trouver la situation cocasse.

Dans les rocailles découpant le Hueco Mundo d'une cicatrice millénaire, si ce n'était plus, je dressais là les frontières de mon nouveau territoire. D'une parcelle somme toute assez réduite, j'avais étendus ma sphère d'influence à la force de mes poings et de mes cero. La moindre créature qui avait la malchance de croiser ma route devenait mon ambroisie. J'avais comme retrouvé un sens à mon existence, ce goût de changement qui aiguisait de nouveau mon appétit cérébral. Dans un état d'esprit pareil, la rencontre que j'allais faire au sommet de ce canyon avait de grandes chance d'être instructive. Mon pesquisa les détecta peu avant que mes yeux ne les aperçoivent. Je dis eux car l'hybride à l'aura à dominante shinigami était accompagné de l'un de ces arrachés. Quel étrange duo.

Sans dissimuler ma présence, j'apparus devant les deux compères, laissant le vent et la poussière donner dans le théâtral à mon entrée en scène. Mes pupilles reptiliennes incrustés dans mon armure jonglaient lentement entre les deux personnages. En silence, je croisa les bras, l'air visiblement détendu, avant d'élever la voix.

« Et bien... Voilà que même les shinigami tentent une percée sur mon territoire. Intéressant... » - Mon ton devint bien moins « avenant » lorsque je m'adressa cette fois-ci à l'arraché. - « Toi... Un mot de travers, un seul mouvement brusque et je te renvoie dans ta forteresse en petits morceaux. »

Inutile de préciser que toute mon attention se tournait vers l'étranger à ce monde.

Il courait. Le paysage autour de lui défilait à grande vitesse. Ce désert s'étendait à l'infini et l'on pourrait croire qu'il cherchait à fuir, à se cacher. Mais il n'en avait pas la possibilité. Yûki le talonnait en bon gardien qu'elle était et parfois il voyait des ombres bouger non loin de lui. L'Exequias faisait son boulot à merveille et il constata que Borick n'avait pas menti : impossible de se soustraire à leur vigilance. Mais en cet instant il ne cherchait pas à semer ses gardes du corps, il souhaitait juste s'éloigner le plus possible de Las Noches. En d'autres circonstances il aurait adoré observer et découvrir le Yermo mais dans l'instant présent il ne songeait qu'à une chose : courir.

Alors qu'il passait une colline sableuse son corps s'arrêta brutalement a tel point que la décélération lui fit perdre l'équilibre et il tomba à la renverse dans le sable, roulant sur quelques mètres. Il termina sa course sur le dos et murmura avec résignation.

T'as gagné...

Yûki s'arrêta à quelques mètres se tenant sur ses gardes. Il avait beau l'avoir prévenu de ce qu'il risquait de se passer, elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Après un profond soupir il ferma les yeux. Un sourire apparut alors brusquement sur son visage, il se redressa avec brutalité levant les mains vers le ciel et dévoilant un regard bleu azur étincelant.

Enfin, enfin...

Un rire de soulagement s'échappa de la gorge du capitaine scientifique.

ENFIN LIBRE !!

Akihiko se redressa et fit quelques mouvements comme pour vérifier que sa personnalité calme lui avait bel et bien cédé la place. Cela faisait quelques semaines qu'ils étaient arrivés au Hueco Mundo et l'autre imbécile l'avait tenu en respect l'enfermant dans une prison mentale. Mais aujourd'hui il venait de se libérer de son emprise. Les yeux de Kirito bougeaient avec rapidité, il analysait tout ce qui se trouvait autour de lui avec délice et curiosité, s'attardant d'ailleurs plus que de nécessaire sur les courbes généreuses de sa gardienne.

Enchanté ma jolie.

Akihiko fit une révérence à l'Arrancar qui semblait ne plus trop savoir quoi faire et gardait une distance de sécurité. Elle inclina légèrement la tête pour répondre à son salut mais ce fut tout.

Allons bon, je vais pas te bouffer, je suis pas un monstre non plus. Tu pourrais au moins me faire un sourire.

Le capitaine scientifique éclata de rire une nouvelle fois. Il se sentait tellement bien ! Il regarda dans la direction de Las Noches puis parti dans la direction opposé. L'autre abruti avait cru nécessaire de l'éloigner de cette cité, par conséquent il n'y retournerait pas. Pour le moment. Il marcha tranquillement et découvrit un paysage qui lui était totalement inconnu tout en ignorant la présence de l'Exequias. Cependant, alors qu'il avançait depuis un peu plus d'un quart d'heure il eût la surprise d'entendre pour l'une des premières fois la voix de Yûki. Elle était douce mais empreinte de sévérité malgré tout.

Nous ne sommes pas seuls, quelqu'un approche. On ferait mieux de partir.

C'est gentil de t'inquiéter pour moi, mais je suis un grand garçon. Par contre si t'as peur tu peux te blottir contre moi, ça me dérange pas.

L'Arrancar afficha une mine à mi-chemin entre l'incrédulité et la colère. Depuis qu'elle surveillait le capitaine elle pensait le connaître mais manifestement elle ne savait rien... Akihiko pendant ce temps s'arrêta et laissa l'inconnu s'approcher. Il le découvrit alors dans toute sa splendeur. La taille et l'aspect de cet être était impressionnant, surtout au vu de celle de notre jeune héros, et le regard qui le transperçait était troublant. Mais Kirito afficha un sourire amusé devant cette apparition pour le moins surprenante. Lorsque l'inconnu parla le Vizard eût alors la surprise de comprendre qu'il semblait plus hostile à Yûki qu'à lui-même. Le capitaine scientifique avait beau être devenu insolent et peu coopératif il n'avait pour autant aucune envie de voir sa gardienne - et ses belles formes - se faire réduire en bouillie par le nouveau venu. Aussi il leva un bras devant la jeune femme lui indiquant de ne rien dire, ni faire. D'une voix claire et étrangement sincère il déclara.

J'suis désolé, j'savais pas que j'étais sur un terrain conquis, je connais pas trop ce désert et ces règles encore. Quant à la mignonne c'est moi qui l'ai forcé à venir ici. J'm'en porte garant et par conséquent je préférerais que tu la touches pas. Ce serait dommage d’abîmer un si joli morceau, nan ?

Yûki se pinça les lèvres mais Akihiko ignora royalement cette réaction. Le reste de l'Exequias était non loin et pouvait tomber sur la trogne de l'inconnu en un temps record mais pour le moment rien ne le justifiait. L'Exequias ne devait intervenir qu'en dernier recourt. Sur ces entre-faits quelques peu détonants le capitaine scientifique regarda son hôte et sourit de plus belle.

J'suis Kirito Akihiko, capitaine de la douzième division du Gotei 13 et plus ou moins émissaire au Hueco Mundo. Enchanté ! Et toi l'armure, qui es-tu donc ?

Et bien ma foi, arrêtons-nous un instant et buvons un thé ! J'apporterais les biscuits... Sans rire. Quel spectacle attendrissant. Je ne pouvais croire qu'un shinigami, si loin de chez lui puisse être aussi naïf où alors me soufflait-il son arrogance au visage. Et comment pouvait-il se balader de la sorte en compagnie d'une arrachée et de sa suite se tenant bien à distance ? Je ressentais leur aura au loin, une demi-douzaine d'individus. Si la curiosité ne m'aveuglait pas, j'aurais sans doute pris cette venue comme une agression. Je gardais tout de même mon sonar en alerte au cas où ces hybrides se décidaient à converger vers nous. La situation étant ce qu'elle était, je me contentais d'écouter les dires de l’inopportun, tout en tentant de l'analyser plus avant. Quelque chose clochait vraiment avec lui. J'entrevoyais la noirceur des hollows, quoique latente, dans son aura. Comment ce mélange pouvait être possible ?

Décroisant un bras, j'en appuyais le coude sur son confrère tout en me soutenant doucement l’ersatz ovale me servant de menton. J'avais beau me tourner les méninges dans tous les sens, je ne comprenais pas. Déjà que les arrachés de mon mondes ; mes iris rouges se tournèrent d'ailleurs vers sa compagne ; restaient pour moi une énigme, j'avais véritablement peine à comprendre. A sa présentation, j'en resta pantois. On aurait dit un enfant dans un bac à sable. Réalisait-il la situation dans laquelle il se trouvait ? Visiblement non et je m'en allait lui remettre les idées en place. Ainsi, lui coupant presque la parole, ma voix grave vint lui effleurer les tympans.

« Ne me prend pas pour plus idiot que je ne le suis shinigami. De ton titre, je n'en ai cure. Je ne connais pas ton monde et grand bien m'en fasse, celui-ci n'a aucun intérêt pour moi. »

J'entamais alors une marche lente sur le côté en commençant à décrire un large cercle autour des deux êtres. Par les gestes, je ponctuais mes propos que je mesurais toutefois afin de ne pas déclencher l'ire de la femelle.

« Tu ne connais pas les lois de ce monde ? Alors Laisse-moi t'expliquer de façon simple. Les gens de la forteresse n'ont aucune emprise ici, les plus puissants dominent, les faibles tombent. Venir ici, même par mégarde, avec une telle escorte, est une agression. »

Arrivé dans leur dos, je m'arrêta un instant. J'avais conscience du fait que mes paroles n'auraient sans doute pas l'effet escompté. Je devais me calmer, arrondir les angles pour retomber dans les formalités d'usage. Mon ton changea donc vers un registre plus avenant pendant que mes pas me ramenaient en face d'eux.

« Tu n'es pas aussi crédule que tu le prétends, capitaine Kirito Akihiko, et à vrai dire, si tu n'avais pas été là, je n'aurais sans doute pas été aussi clément à l'égard de ces bêtes qui te surveillent. Mais tu es venu, sur mon territoire, avide de comprendre, comme je l'ai été autrefois à la découverte de la citadelle. Rien que pour cela, je n'attenterais pas à la vie misérable de ta gardienne. »

De nouveau en face d'eux, je marqua un temps avant de reprendre ma position d'origine, les bras croisés. Durant ce petit manège, j'avais évalué dans mon fort intérieur la tournure que pourrait prendre cette conversation et l'intérêt qu'elle susciterait. J'en conclus qu'il serait sans doute préférable de faire profil bas et de saisir la chance qui m'était offerte de pouvoir converser avec un étranger tel que lui. Ainsi, me courbant légèrement en avant, je daignais enfin saluer mon vis-à-vis avant de me redresser. Mes bras s'étendirent en une large croix, comme pour montrer l'étendue rocailleuses que nous surplombions.

« Alecto est mon nom et sache que ceci, est mon territoire. »

Une nouvelle pause laissa un instant le vent s'exprimer. Après la rafale de silence, je repris le fil de la conversation sur un ton des plus léger contraire à mes habitudes.

« Comme tu peux le constater, je suis un être pure, ce qui n'est pas le cas des membres composant l'armée du Roi... Ta comparse est évidemment comprise dans le lot... Quant à toi, je dois t'avouer que je reste perplexe. Tu es un hybride, n'est-ce pas ? Je n'avais jamais rien perçu de tel avant toi. »

Il avait désormais, toute mon attention.

Akihiko regarda l'étrange être attendant une réponse à sa question. Habituellement le capitaine scientifique était capable d'analyser avec précision les expressions du visage de son interlocuteur mais là il avait face à lui une armure ambulante par conséquent c'était râpé pour décrypter son visage... Qu'à cela ne tienne il se baserait sur d'autres indices tels que le ton.

Alors que l'être commença à décrire un cercle autour d'eux, Akihiko s'avança de quelques pas et s'assit sur un rocher qui dépassait du sol – était-ce d'ailleurs véritablement un rocher ? -. Manifestement l'armure semblait aussi curieuse que lui l'était, elle semblait songeuse et elle l'observait c'était certain. Alors qu'elle continuait à décrire un cercle autour d’eux elle parla mais la majorité des paroles laissa Kirito de marbre. Il n'y voyait que peut d’intérêt, tout ce qu'il voulait savoir à la base était le nom de cette personne et voilà que l'autre montait sur ses grands chevaux avec son histoire de territoire et tout et tout...

Au bout d'un long moment l'être parvint à boucler son tour d'inspection. Durant tout ce temps Yûki ne l'avait d'ailleurs pas lâché des yeux un instant tandis que Kirito pour sa part était resté sans bouger attendant qu'il finisse. Malgré les dires de son hôte surprenant il ne se sentait pas vraiment menacé pour le moment. Au final il retint les informations qu'il souhaitait : cette armure sur pattes s'appelait Alecto, elle ne comptait pas tuer sa garde et Kirito se trouvait sur son territoire. D'après sa propre analyse Kirito avait finit par conclure que l'armure n'allait pas non plus le tuer et, bien qu'hostile, elle était surtout curieuse.

T'as peut être pas tort, j'suis pas aussi con que j'en ai l'air mais par contre j'ignorais vraiment que j'étais sur ton territoire et j'voulais pas t'offenser. Pour ce qui est de la mignonne merci de pas l'éparpiller, ça m'arrange.

Le capitaine scientifique observa l'armure tandis que celle-ci reprit soudain la parole. Le capitaine scientifique ne put alors refréner un sourire amusé. Cet être semblait prôner la pureté de la race, si à ces yeux Yûki était impure alors lui-même devait être une monstruosité. Il comprenait alors ce qui semblait intriguer Alecto depuis le début de leur rencontre. Ce dernier avait manifestement réussi à sentir la présence au fond de lui d'Heathcliff, son Hollow intérieur. Akihiko pouvait comprendre l'étonnement de son hôte. Après tout il ne devait pas avoir croisé beaucoup de Shinigami dans sa vie mais en plus si l'un d'eux présentait une énergie semblable aux Hollows il y avait bien de quoi dérouter.

J'vais te montrer. Disons que c'est pour m'excuser de m'être incrusté sur ton territoire.

Comme un acte est plus parlant qu'un long discours le capitaine scientifique posa soudain un main sur son visage. Une fine pellicule blanche sortie de nulle part s'accumula alors sur son visage et lorsque notre jeune héros laissa retomber son bras il révéla un faciès bien différent. Le masque de Hollow était rouge à droite et blanc à gauche dans la partie inférieure du visage qui s’arrêtait au niveau de la mâchoire. Au dessus de ce point le masque devenait blanc et était parcouru de petites zébrures rouges sang. Les deux yeux du Vizard, quant à eux, arboraient une teinte noire mis à part les iris qui brillaient d'un éclat doré et qui reflétaient une intelligence malveillante. Une fine couche d'énergie spirituelle de couleur rouge commença à s'échapper en continu de son corps. Alors que ce changement s'était opéré Kirito avait senti les membres de l'Exequias s'agiter. C'était la première fois que le capitaine scientifique portait son masque au Hueco Mundo et manifestement cela perturbait les sens de ces gardiens. Yûki, quant à elle, était encore plus sur ses gardes qu'auparavant, elle ne savait décidément plus comment agir. Lorsque le capitaine scientifique repris la parole sa voix était devenue plus grave.

Chui ce qu'on appelle plus communément un Vizard. Un hybride à mi-chemin entre le Shinigami et le Hollow. Autant dire que niveau pureté je suis pas au top...

Le visage de Kirito n'était plus directement observable mais ses yeux trahissaient un amusement bien visible.

Des excuses. Hm... Il avait l'air sincère. De là à lui faire confiance... Passe l'abomination à son côté, mais son escorte lointaine commençait à me taper sur les nerfs. Le seul fait de pouvoir ressentir leur présence, certains empiétant même largement sur mon territoire, ne me plaisait guère. Je me sentais pris au piège, assiégé sur mes terres par l'engeance prête à me tomber dessus. Mes prunelles s'orientant tous azimuts trahissaient la tension que j'éprouvais. La seule chose qui me rassurait un temps soit peu se trouvait devant moi. A en juger le contrôle qu'il exerçait sur la traînée l'accompagnant ainsi que la troupe d'hybrides se tenant à distance, ce shinigami devait sans doute être quelqu'un d'assez important dans son monde. A moins qu'il ne trouve simplement un certain charme à l'encontre de sa gardienne. Charme incompréhensible, loufoque même selon moi. En revanche, outre le fait qu'il soit un shinigami, je ne parvenais pas vraiment à cerner la raison qui poussait ces arrachés à l'accompagner de la sorte. En temps normal, Akihiko se serait déjà fait dévorer depuis longtemps à son entrée dans le monde creux. Mais là, le voilà qui parcourait librement, ou presque, le désert...

Le Roi et son armée manigançaient quelque chose pour laisser un dieu de la mort de son acabit vagabonder tranquillement entre les dunes. Le destin avait un sens de l'humour bien particulier pour envoyer cet étranger droit sur moi. Je me rendais compte du fait que quelque soit le chemin que j'empruntais, tout me ramenait aux affaires royales. Un jour, la curiosité me tuera. Pour l'heure, je me contentais d'observer, de sonder mon invité forcé qui me fournit alors une explication bien claire vis-à-vis de la présence que je décelais en lui. Ce mouvement, porté au visage, Tibors Tiesce me l'avait déjà montré par le passé, mais là, c'était différent. Certains hybrides arrachaient leur masques, d'autres, comme le capitaine, le faisaient apparaître. Je décroisais les bras, surpris et fasciné à la fois face à ce spectacle macabre. L'énergie que dégageait cet être au masque coloré était semblable aux habitants de ce monde. Ceux-ci d'ailleurs qui semblaient avoir réagit à l'impulsion du capitaine...

Ma main droite vint agripper prestement le manche de mon sabre dans mon dos. Comme une mise en garde ? Non. Un sourire narquois se tendais sur mon visage, derrière le masque. Ma tête pivota lentement d'un côté puis de l'autre, maintenant l'illusion d'une vue normale. Un ricanement malsain s’étouffa dans mon heaume pendant que mes nombreuses pupilles de rubis restaient braqués sur le vizard et sa compagne. Les larves au loin, je les sentais remuer de panique et d'incompréhension. Allez-y approchez encore un peu, que l'invasion tourne au massacre. L'aura de l'hybride avait un effet étrange sur ma personne, elle me poussait au meurtre, éveillant mes instincts les plus primaires, mais ce n'était pas tout. Mon épée... J'en ressentais les millions d'âmes emprisonnées, vibrer d'une seule et même voix, animées d'un appétit vorace encore inégalé. Dès l'instant où je sortis la lame de son fourreau, sans hâte, et que je la plaça devant mes yeux, une aura noire suinta de l'acier spirituelle. On pouvait les entendre, comme lointains, ces râles, ces pleurs, ces rires, ces cris étouffés. Toutes mes prisonnières répondaient au reiatsu primale du capitaine. Mes yeux de rubis en parcouraient les effluves, cherchant à comprendre, intrigués par cette réaction des plus inhabituelle.

L'énergie noire nimbant mon No-Dachi était attirée, avide de savourer le masque de mon vis-à-vis. Tel un feu vacillant, cette énergie se mouvait comme pour essayer de grandir et d'attraper le shinigami aux yeux dorés. Sans mon contrôle, je n'aurais su prévoir ce qui aurait pu se passer. Je me redressais, imposant, implacable, montrant à Akihiko la lame vivante, sans animosité aucune. Je la tenais à l’horizontale, les bras tendus à chacune de ses extrémités. Une voix rauque, faisant presque écho à celle du vizard, naquit, intriguée, depuis mon heaume.

« Intéressant... Très intéressant... Elles n'avaient jamais réagis de la sorte. Je suis intrigué, capitaine Kirito Akihiko... » - L'ensemble de mes iris s’étrécirent en se posant sur lui. - « ...Même si j'abhorre le lien qui t'unis à cette chose. En revanche, je souhaiterais soulever une question simple. Comment ? Comment en es-tu arrivé à pactiser avec un hollow ? Par quel obscur procédé as-tu ressenti le besoin de te fondre avec l'âme d'un être que tout shinigami se doit d'éliminer ?

Je m'étais laissé emporter par la curiosité, mais après-tout, si cet étranger y était réceptif, autant en profiter. J'avais déjà du mal à comprendre les hybrides de mon monde. Alors peut-être que si je parvenais à en apprendre plus sur son union, cela me permettrait d'obtenir de plus amples informations sur ce qui serait sans doute mon futur ennemi, arrachés et vizard confondus. Ce métissage paradoxale devait trouver une forme claire dans mon esprit. Désormais, il fallait que je sache vers quoi je m'engagerai à l'avenir.

Kirito regarda avec plaisir la réaction d'Alecto. Certes il ne pouvait pas voir le visage de son interlocuteur mais il devinait dans ses mouvements la surprise. Manifestement c'était la première fois que son hôte se trouvait en présence d'un Vizard et il avait désormais toute son attention c'était certain. Akihiko, qui ignora royalement l'agitation de ses gardes au loin, tout comme le fait que Yûki était plus que jamais sur sa défensive, gardait son regard doré braqué sur l'armure. Cette dernière semblait frémir et un rire parvint jusqu'aux oreilles du capitaine de la douzième division. Il le vit alors ensuite sortir son arme avant de commencer à l'observer. Akihiko sentait la puissance émerger de cette lame mais il ignorait si ce geste était dû à l'apparition de son masque ou alors à l'agitation de ses gardes. Après tout Alecto ne semblait pas aimer les Arrancars et actuellement une bonne dizaine était en train de fouler ses terres...

Le capitaine scientifique afficha un sourire amusé, qui fut perceptible malgré le masque, puis il observa longuement l'arme de son hôte. La lame luisait d'un éclat sombre comme la nuit et semblait en proie a une sorte de lutte. Kirito aurait parié que cette énergie malsaine voulait le dévorer. Apparemment d'ailleurs ce phénomène intriguait aussi l'armure car elle continuait à observer avec attention sa propre lame. Il eût sa réponse lorsqu'il entendit les paroles d'Alecto.

Comme ça l'arme de cet Hollow réagissait à son pouvoir, c'était intéressant... Était-ce l'afflux d'énergie qui en était la cause ? Ou bien sa nature étrangère ? L'esprit scientifique du Vizard prit un instant le dessus, se posant bien des questions sur cet étrange personnage qui se tenait quelques mètres plus loin. Il lui rappelait étrangement l'un des hommes de sa division qui se trouvait aussi dans une armure... Mais c'était sans doute une coïncidence car au delà de cet aspect rien ne rapprochait les deux êtres.

Malgré le fait que son vis à vis avait dégainé le capitaine scientifique arborait toujours une posture décontractée. Cependant, il n'était pas inconscient et il marmonna pour lui-même les mots libérateurs de son pouvoir. In'ki Kyuusei qui se trouvait dans le dos de notre jeune héros se mit soudain à vibrer légèrement. La taille de l'arme augmenta brutalement tandis qu'un petit souffle émergea de Kirito et que des grains de sables se mirent à onduler sous l'effet du magnétisme déployé par le Bankaï. Le Zanpakuto bougea alors tout seul et s'extirpa de quelques centimètres à peine du fourreau laissant apparaître une lame double luisant d'un éclat rouge sang d'un côté et doré de l'autre. Pendant tout ce temps Akihiko n'avait pas du tout bougé, comme s'il n'était pas responsable de cette soudaine libération. Son calme était total tandis que Yûki, désormais plus étonnée que craintive, observait avec curiosité ce déploiement de puissance. La voix du capitaine scientifique était posée lorsqu'elle s'adressa à Alecto.

Comment, hein ? C'est une excellente question et je me la pose régulièrement à vrai dire.

Akihiko émit un rire qui, bien que chaleureux à l'origine, était transformé par le masque ce qui lui donnait un air glacial et démoniaque.

Je n'ai pas provoqué ce phénomène, c'est même plutôt l'inverse. J'ai subit cette transformation.

Le capitaine scientifique regarda quelques instants l'armure se demandant jusqu'où il pouvait parler puis il reprit la parole.

A l'intérieur de moi, et peut être de tout shinigami, se terrait une entité similaire à un Hollow. Suite à un événement ébranlant pour moi cette entité s'est réveillée soudainement et à essayer de me tuer, purement et simplement, pour prendre le contrôle de mon corps. Ce fut une expérience plutôt désagréable mais je ne l'ai pas laissé faire et j'ai réussi à lui infliger le châtiment qu'elle me réservait. Après cet affrontement spirituel j'ai obtenu ce masque et les pouvoirs associés, comme le Cero par exemple. Malgré tout le Hollow vit toujours en moi et peut prendre le contrôle si je le laisse faire. Ça pourrait être mon esclave, et bien des Vizards traitent leur démon intérieur ainsi, mais personnellement je le considère plus comme mon alter-ego. Allez Heathcliff soit pas timide, dit bonjour.

Les yeux de Kirito brillèrent soudainement d'un éclat encore plus malsain et sa voix se fit carrément rauque.

Enchanté bonhomme.

Un rire à faire froid dans le dos s'échappa ensuite de la gorge du Vizard avant que les pupilles reprennent un aspect plus calme indiquant que Kirito avait repris le contrôle. Il attendit alors de voir la réaction de son hôte. Rencontrer un Vizard avait toujours quelque chose de perturbant. C'était l'alliance entre deux formes de vies qui pourtant étaient naturellement vouées à se haïr et s'entretuer.

Absorbé par le duel opposant à distance nos deux énergies, je laissais peu à peu, inconsciemment, le champs libre aux âmes prisonnières de mon épée. Les volutes noirâtres se mouvant en vagues irrégulières hors de leur réceptacle, tel un feu spirituel, semblaient hésiter. On aurait presque pu comparer ces deux auras à deux animaux d'une même race se confrontant pour la première fois. L'un empiétait sur le territoire de l'autre, mais la nature primale des deux « bêtes » leur intimait la défiance. Ils se jaugeaient, se rapprochant petit à petit, se touchant presque. Personne n'aurait pu prédire l'instant où l'un d'eux bondirait sur l'autre. J'étais fasciné. Tel le dompteur, j'empoignais délicatement le manche du No-Dachi en prise inversée, tout en le maintenant toujours à l'horizontal. Ma main gauche faisant office de socle passa alors au dessus de la lame en se fondant dans le reiatsu d'onyx. Celle-ci parcourut lentement le plat de la lame de droite à gauche, mouvement suivit par les pupilles de rubis à mes épaules. Ce contact familier sembla refréner les ardeurs de ces âmes prisonnières qui se stabilisèrent à moins d'un mètre du reiatsu du vizard.

Ces millions d'âmes absorbées, j'en étais leur geôlier, pour l'éternité. La façon dont elles réagirent lorsque l'hybride métamorphosa son zanpakutô me surpris. Je ne pus le dissimuler. Mes pupilles s'étrécirent de plus belle. Jusque dans mes tripes, j'en ressentis les vibrations. Visiblement, je n'étais pas le seul être étreint par l'inattendu. Le déchet à côté de lui n'avait pas du tout l'air rassuré. J'en éprouvais une joie certaine même si la démonstration de mon vis-à-vis ne me décrochait pas le moindre sourire. Prises d'un accès de peur, les effluves noires de mon arme reculèrent d'un seul coup pour retourner se lover à la surface de l'acier spirituel composant mon arme. Ma main remonta la lame dans l'autre sens, comme une caresse. Par leurs complaintes, c'était comme si les captives de mon pouvoir requéraient ma protection. J'en eu le souffle coupé. Jamais, même au cœur de mes plus âpres combats, jamais elles ne m'avaient considéré de la sorte. Voilà là un syndrome bien étrange. Avaient-elles plus peur de l'étranger que de moi ?

Sans quitter ma lame du regard, je la rabaissa à mon flanc, toujours en prise inversée. Le bout de l'épée, dénuée de pointe, effleurait le sable. Elle restait animée de cette brume noire, ondulant paisiblement sur tout son long. Observant de nouveau le shinigami masqué, je tentais de détailler la nouvelle forme adoptée par son arme devenu sang et or. Encore une inconnue. Encore une curiosité propre à ces trancheurs d'âmes et leurs détenteurs. La puissance qu'elle dégageait était indéniable, mais là où je paraissais étonné, ce pouvoir ne m'impressionnait pas. Simplement, la combinaison du masque et de l'arme semblaient ne rien à voir avec les hybrides composant le monde creux.

J'écoutais plus avant mon hôte de sa voix à consonance hollow. Ses révélations m'intriguèrent car quasiment semblable à ce qui pouvait se produire chez les habitants du désert. Cette transformation n'avait donc rien de volontaire. Mes yeux se plissèrent, dubitatifs. Cette donnée ne coïncidait pourtant pas avec les mœurs du monde creux. Les bêtes que j'ai mise à terre ce dernier millénaire étaient clairement mû d'une volonté d'évolution. Il en a toujours été ainsi. En revanche, je comprenais parfaitement ce qu'avait pu endurer le capitaine Akihiko. Là où son combat s'était déroulé en son fort intérieur. Ici, au Hueco Mundo, ce genre d'affrontement se perpétuait depuis des temps immémoriaux. Il était l'essence même de notre race. Je ne pu m'empêcher de concéder à ce shinigami la capacité d'adaptation dont il avait su faire preuve.

Ainsi détendu, je n'offris à cette voix glaciale, ce rire capable d'ébranler mon pouvoir, qu'un rire sardonique tout aussi sombre.

« Un tel hôte doit sans doute te donner du fil à retordre n'est-ce pas ? »

L'aisance avec laquelle ce shinigami m'avait parlé de son « locataire involontaire » me laissait penser qu'il n'avait pas vraiment de difficulté à le contrôler. La preuve étant l'acquisition de ce masque ainsi que la facilité avec laquelle Akihiko pouvait faire appel à lui. Son combat intérieur me replongeait des siècles en arrière. Plantant fermement mon épée dans le sol devant moi, l'une de main se posa sur le dessus du pommeau en l'agrippant doucement, l'autre paume vint se poser sur elle. Sur le dessus de mes deux mains, un peu en dessous des poignets, deux paires d'yeux rouges fixait encore et toujours le vizard. Derrière le heaume d'os, ma voix se fit plus légère, presque nostalgique, sans pour autant délaisser la résonance grave caractéristique.

« Ce que tu viens de me décrire là capitaine Kirito Akihiko n'est autre que l'origine de notre création au sein du Monde Creux. Certains gardent ce souvenir en mémoire, d'autres le perde, ainsi que leur âme... La masse grossière que je représentais il y a de cela des millénaires est née de ces joutes internes. La différence étant que cette lutte est totalement assumée. Les fort dominent, les faibles disparaissent... »

J'appuyais mes dernière paroles en fusillant du regard la gardienne du jeune homme, tête légèrement tournée vers elle pour maintenir l'illusion. Savait-il au moins ce que représentait l'arrachée à ses côtés ? Là, l'une de mes dextre quitta sa position de repos pour la désigner, mains tendu. Ma voix se fit plus incisif en désignant l'hybride du Hueco Mundo.

« Notre stade final s'avère, semble-t-il, sensiblement différent du tiens. Là où tu mets ton masque, eux l'arrachent en en conservant une partie. Sans oublier le fait qu'ils s'arrogent vos zanpakutô à leur ceinture. Pourquoi ? Ça, je ne le sais pas... »

Mon ton se fit alors plus avenant alors que je retrouvais ma position d'origine, sourire carnassier derrière le masque.

« D'un certain point de vu, nous nous ressemblons, capitaine Kirito Akihiko... Le masque, nous le portons. Les esclaves de notre « démon » intérieur, nous ne le sommes pas. Mais le plus important... Ce pouvoir que nous possédons, nous ne l'avons pas souhaité avec ardeur... »

Mon torse se souleva sous l'ample respiration que je venais d'effectuer. Irrité, je tentais de me contrôler tant bien que mal en pensant à ce Roi panthère et ses sbires qui tournaient autour de moi présentement. Alors, comme un grondement, mes premiers mots ronflèrent aux oreilles de la gardienne.

« Quant à eux... à leur Roi... Ils ne demandent qu'à assouvir leur soif de pouvoir. Si tu as déjà rencontré des membres de l'armée des arrachées, méfies-toi car certains portent un masque invisible à l’œil nu... »

Je parlais en connaissance de cause, généralisant ainsi largement mon ressentit vis-à-vis de tout ces hybrides. Pour parvenir à leur éradication, j'avais dû briser un serment. Ce même serment qui avait volé en éclat à la seconde où j'avais posé un premier pas dans la citadelle. Je devais renouer avec la bestialité de jadis et m'approprier personnellement les âmes que j'exécutais. Je devais attendre le bon moment, l'ultime instant avant d'arracher ce heaume... Alors, je deviendrais le fléau qui s'abattra sur eux. Ah, douce pensées... mais pour l'heure, je me dois d'écouter mon hôte qui, par les paroles qu'il avait prononcé, pouvait presque se targuer d'avoir mon respect.

Sujet: Re: Sur les terres d'un seigneur [PV Kirito Akihiko]

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Sur les terres d'un seigneur [PV Kirito Akihiko]

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