Shunsui lui avait passé un sacré savon mais comme il l'avait deviné, il lui avait rendu son grade. Que faire d'autre alors que le colosse était depuis toujours considéré comme un élément incontrôlable. Le meilleur moyen qu'avait trouvé le Sotaishô était donc de lui redonner sa division. Ne serait-ce que pour garder un œil sur lui. La Onzième était sa famille et la discipline qu'il y avait instaurée ne s'était évidemment pas volatilisée en son absence. Ses gars avaient été heureux de revoir le Kenpachi. Et Krow avait assuré l’intérim avec brio. Dans son propre intérêt, évidemment, mais c'était toujours ça de gagner. Savoir que l'on pouvait compter sur son bras droit était une chose importante.

Mais pour l'heure, ce n'était pas la Onzième qui faisait l'objet de sa visite. Mais belle et bien les autres unités. La raison ? Mettre au clair une rumeur qui ne lui plaisait pas. Tenzen avait disparu. Retraite ? Désertion ? La raison était obscure et si quelqu'un savait la vérité, personne ne le disait. Mais le colosse ne l’acceptait pas. Il ne pouvait y croire. Ce vieux con ne pouvait pas avoir disparu. Alors plutôt que d'aller voir le Commandant, le brillant Shinjirô opta pour une autre méthode : fouiller toutes les divisions à commencer par la Treizième. On ne pouvait pas nier une certaine logique dans son idée. Encore que...

Se rendre aux abords de la Treizième n'était pas le plus difficile. Mais poser les questions aux Shinigamis qu'il croisait ne lui paraissait pas être la meilleure chose à faire. Beugler le nom de Tenzen à droite et à gauche n'était pas mieux, il fallait bien le dire. Mais il n'avait rien trouvé de mieux.

- TENNNNNNNNZEEEEEENNNNN !!! T'ES LAAAAAAAAAAAAAAAA ?

Mais pas de nouvelles. Où est-ce qu'il se planquait ! Il le trouverait. Il ne pouvait pas en douter. Mais visiblement pas ici. La mémoire n'étant pas nécessairement son point fort, le colosse eut alors la seconde "bonne" idée de sa journée : tracer une marque sur les murs de la Treizième qui lui rappellerait qu'il avait déjà été ici. Mais sans crayon, il ne lui restait qu'un seul choix : utiliser Kaimetsu. Faisant basculer son immense arme devant lui, il entreprit de tracer ce fameux X sur le premier mur qu'il croisait. Ne retenant pas sa force - était-ce une surprise ? - le résultat fut pitoyable... Le mur se fissura et sombra au sol dans un nuage de poussières. Alors que les derniers morceaux de roches roulaient à ses pieds, il aperçut l'attroupement juste derrière le mur. Le trou béant laissait seulement entrevoir la silhouette massive du colosse. Se grattant la tête, un peu gêné, il haussa finalement les épaules comme pour dire qu'il se moquait des dégâts. Après tout, il avait autre chose en tête. Et peut-être qu'ils pourraient l'aider ?

- Euh ! Désolé pour ça. Dites les mecs, z'avez pas vu ce gros con de Tenzen par hasard ?

Hum... Peut-être pas finalement.

A peine finit le petit speech, censé être d'encouragement, quelqu'un se met à hurler. Aussitôt, je porte la main sur mon zanpakuto, prêt à dégainer au cas où il le faudrait. Mais on se rend bien vite compte que ce n'est pas un cri d'attaque. Un nom résonne dans l'air. Il est hurlé aussi fort que possible. J'essaie de l'ignorer en me détendant. Et ça fonctionne presque. Jusqu'à ce qu'on entende un mur s'écrouler du moins ... Je lâche un juron. Il n'aura suffit que de quelques minutes après ma nomination au poste de vice capitaine pour que les ennuis arrivent. Je crois que j'ai battu mon record ... Youpi. Je suis comme aspiré dans un tourbillon de déprime d'un seul coup. Je me demande pourquoi ce genre de chose n'arrive qu'à moi ... Puis je me ressaisis. Je ne peux pas être aussi défaitiste. C'est finit le temps de l'oisiveté mon pt'i. Faut se sortir les doigts, et agir.Je demande aux gars de rester ici, je vais voir ce qui se passe. En utilisant le shunpo, j'arrive rapidement. Je me pose sur le mur à côté. Là, je vois un type, au milieu des décombres, avec un zanpakuto énorme. Hey ! T'es pas ...

La fumée se dégage rapidement et un détail m'interpelle et me fait me stopper dans mon élan verbal. Ce type porte une veste blanche. Il est un capitaine de division ... Et merde. Son gabarit est impressionnant, de même que son arme. Se prendre un coup doit tuer sur le champ je pense ... Bref. Je le regarde un peu, puis descend à sa hauteur. Enfin, sur le sol quoi, puisqu'il me dépasse amplement avec sa taille. Je m'avance vers le manteau blanc. Capitaine Kenpachi. Ravi de vous rencontrer. Je m'appelle Clotho, vice capitaine de la treizième division, je viens tout juste d'être nommé. Je m'occupe de la division en attendant qu'un capitaine soit nommé. Aussi je vous serais gré de bien vouloir éviter de détruire l'enceinte des bâtiments. Sauf si vous voulez aider à reconstruire ... Je le regarde avec un grand sourire, mais un air sérieux. Capitaine ou pas, ça ne change rien. Il démolit, il reconstruit. Je ne sais pas pourquoi, mais avec lui, même s'il me fait peur à cause de sa force de combat, je me sens bien. Il me rassure, et me donne l'impression que rien ne peut arriver tant qu'il est là. Ouaip, le charisme on appelle ça ... Je rêve de lui ressembler. peut-être dans quelques siècles j'y parviendrai, peut-être ... Si vous parlez du capitaine Tenzen, de la neuvième division, il n'est pas ici. Vous êtes le premier gradé que je vois de la journée. Mais Nous lui passerons le mot si on le croise. On lui dira de vous retrouver dans vos quartiers.

Je le scrute un peu mieux, maintenant que je suis près de lui. Il est vraiment ... impressionnant. Je pourrais le regarder pendant des heures sans m'ennuyer. Il a vraiment l'air d'être puissant. Je rêverai de l'affronter, mais je sais que je perdrai en moins de cinq secondes, même s'il ne se battrai pas sérieusement. Je ne suis qu'une goutte d'eau comparé à l'océan de puissance qu'il est ... Je vais devenir plus fort. Je vais m'entraîner chaque jour plus que le précédant. Je parviendrais à créer mon bankai, à l'utiliser, le maîtriser, et je deviendrai capitaine. Je serais fort afin de protéger le plus de personnes possibles. Capitaine ... Je ... heu ... Je deviens rapidement rouge et commence à transpirer un peu. Je suis gêné de poser la question, mais je n'ai pas le choix. Si je veux devenir plus fort, je dois savoir. Comment êtes-vous devenu aussi puissant ? Je veux l'être au moins autant afin de pouvoir remplir mon rôle et de protéger tous ceux qui peuvent l'être. Mais je suis trop faible actuellement. Si les Maho Tsukaï reviennent, je ne pourrais même pas les retenir ... Alors comment faire ? Comment ne pas être un poids ? Comment devenir un monstre ? Je le regarde dans les yeux, et il est facile de voir que je suis sérieux. Je n'existe que dans un seul but : protéger. Peu importe où, quand, comment, ou même qui. Il peut me rire au nez, ça ne changera pas qui je suis. Je sais qu'il n'existe pas de solution miracle, et je travaillerai aussi dur qu'il le faudra. Mais s'il existe un entraînement particulier, alors peut-être ... peut-être pourrais-je atteindre mon objectif plus rapidement ...

Le nom du type lui échappa. Sans doute parce qu'il avait encore de la poussière dans les oreilles. Qu'importe, le mec avait visiblement trouvé utile de l'approcher pour tailler une bavette. Un simple "non" à sa question lui aurait suffi mais voilà qu'il allait se retrouver bloqué. Par contre, ce qu'il perçut avec une grande clarté, c'était la petite mise en garde du Lieutenant quant à la destruction de ses biens. Le colosse haussa un simple sourcil, détaillant d'un oeil nouveau ce petit gars. Bien sûr, le Fukutaishô n'était pas un poids plume mais en comparaison du colosse, il n'était pas grand-chose. Aider à reconstruire... Quelle idée à la con. Clotho ne semblait pas encore savoir à qui il avait à faire mais il l'apprendrait bien assez tôt. On parlait tout de même de l'homme qui avait saccagé la Dixième division, au point de faire démissionner l'autre gosse glacé. Ainsi, qu'était-ce que ce petit mur de la Treizième face à ce précédent exploit ?

Mais alors qu'il allait lui répondre - à sa manière, il s'entend - Shinjirô s'arrêta net. Noboru l'avait toujours dit : on répare ses bêtises pour éviter que le Commandant leur tombe dessus. Un large sourire apparut alors sur son visage. Il se pencha et attrapa sans effort un énorme bloc du mur. Le soulevant, il s'approcha du trou et lâcha la roche à l'endroit où elle aurait dû se trouver. Constatant que ça ne rentrait plus, il se mit à mettre deux ou trois bons coups sur le dessus du morceau afin de le faire entrer à sa place d'origine, comme un puzzle. Malheureusement, ce ne fut pas suffisant. Le fait de forcer ainsi créait alors plusieurs autres fissures le long du mur. Était-ce utile de poursuivre ? Il épousseta ses mains en les tapant l'une à l'autre avant d'adresser un p'tit clin d’œil au Lieutenant.

- Voilà, c'est réparé. T'es content, Clodo ?

Ah voilà ! Le nom du mec lui était revenu. Clodo. Ou était-ce autre chose ? Qu'importe, ce serait Clodo, quoi qu'il arrive. En tout cas, il venait d'avoir une confirmation quant à l'absence de Tenzen à cet endroit. Ce gars était vraiment nouveau pour ne pas connaître l'animosité qui existait entre les deux plus puissants Capitaines du Seireitei. Comme si Tenzen pouvait se rendre à la Onzième pour une simple visite de courtoisie. Cela amusa Shinjirô. Qui n'en montra rien car le regard de l'homme changea. La question qu'il posa n'était pas absurde. Et de circonstance. La peur de ne pas faire le poids était courant ces derniers temps. Et même les grandes puissances du Gotei se questionnaient à ce sujet de temps à autre. Cela avait été le cas de Shu. Le colosse avait encore en tête leur discussion à ce sujet.

D'ordinaire, il aurait grogné avant de tourner le dos et de partir. Mais jusqu’ici, il n'avait fait que péter son mur, que de tenter de l'asticoter en le remettant partiellement en place. Il trouvait donc plus juste de répondre le plus franchement possible. On avait beau décrier le manque de courtoisie du Kenpachi, il n'en restait pas moins profondément attaché à certaines valeurs. Protéger les autres était la raison pour laquelle il avait intégré cette unité. Enfin... Une des raisons.

- Devenir plus fort, hein ? M'ouais, c'pas si compliqué que ça. Faut juste savoir si t'as les épaules pour ça. Entre dire et faire, y'a une putain de différence.

Shinjirô avait toujours été un monstre. A proprement parlé. C'est ce qui avait motivé le Seireitei, à l'époque, à l'emprisonner pour l'empêcher de faire n'importe quoi. Mais devenir meilleur était à la portée de tous. Même des pires élèves du monde.

- Le meilleur moyen, c'est de savoir dans quel domaine t'es actuellement le meilleur. Et ensuite, tu travailles comme un dingue ce point fort. Chaque instant. Sans relâche. Combattre, c'est un art. Si tu maîtrises parfaitement ce dernier, alors tu trouveras toujours une solution face à un mec plus puissant que toi. Faut pas avoir peur de prendre des coups. Savoir faire des sacrifices, c'est la clé, Clodo. Mais déjà, tu dois savoir que tu ne pourras pas tous les protéger. Si t'intègres ça, t'auras déjà fait un bon pas en avant. T'es un meneur d'hommes. Tu dois donc d'abord apprendre à les voir mourir pour toi. Si t'es faible, ta division le sera aussi. Ils doivent se reposer sur toi.

En sommes, il ne pourrait pas toujours protéger ses gars. Et si Shinjirô se montrait inflexible avec les gars de la Onzième, c'était seulement pour qu'ils puissent se démerder sans lui sur le champ de bataille. Voir sa "famille" tomber ne lui plaisait pas. Mais si c'était nécessaire à la survie du plus grand nombre, alors il fallait faire ce sacrifice. Le message que passait Shinjirô était simple : devenir plus fort, ce n'était pas seulement entraîner son corps. C'était aussi savoir gérer ses émotions et ses hommes au mieux. La Onzième était en première ligne. Et s'ils étaient ces combattants craints et respectés aujourd'hui, c'était aussi parce que le colosse avait instillé dans leur coeur cette volonté inébranlable qui se synthétisait par cette phrase unique. Cette phrase qui était l'un des crédos de leur division :

- Vaincre ou mourir !

Qu'importe les promesses, seuls les actes comptaient. Ainsi, s'il prenait note, cela ne le marquerait que le jour où ce môme aurait tenu sa parole. Lorsque l'on était un dirigeant, un meneur d'hommes, on se devait d'être plus fort. Meilleur. Et c'était donc dans son intérêt à lui et à ses gars qu'il devienne effectivement plus puissant, sans quoi il conduirait son équipe à la mort. Mais sa détermination restait plaisante à observer et quelque chose lui disait qu'il tiendrait parole. Tant mieux : le Seireitei avait besoin de soldats, pas de pleurnicheuses.

Par contre, il ne put réprimer un sourire alors qu'il entendait le mot "cool". Sa réputation le précédait, il le savait et s'en amusait. Mais il était toujours amusant de voir les avis changer à son contact. Tant qu'on ne l'emmerdait pas, il n'avait aucune raison de se mettre en rogne. Il ne demandait pas que l'on se soumette, que l'on pose le genou au sol ou autres conneries de ce style. Il demandait seulement à ce que l'on respecte sa division et les sacrifices que ses gars faisaient pour les autres. Si on chie sur sa famille, alors il cogne. Mais sinon, il restait un homme parfaitement capable de se contrôler.

Il comprenait également l'allusion au pouvoir de son zanpakutô. Clotho semblait être de ceux à posséder un pouvoir de type Kido. Par le passé, ces Shinigamis n'avaient jamais eu leur place au sein de la division du combat. Shinjirô s'en moquait un peu. Le pouvoir du sabre ne lui importait que peu. La seule chose qu'il exécrait par-dessus tout, c'était la nécromancie. Ceux qu'il appelait vulgairement "sorcier", trop enclin à user des arcanes magiques plutôt que leurs poings ou leur sabre. Le courage ne se mesurait pas nécessairement au pouvoir. Mais aujourd'hui encore cette ancienne réputation effrayait.

- Voilà l'état d'esprit que je veux voir. Garde ça en tête et alors tu seras un meneur. Pour le pouvoir de ton sabre, sache que ce n'est plus vraiment un souci pour moi. Tant que t'as les couilles d'aller au-devant du combat pour protéger les autres, j'en ai rien à foutre. J'ai juste un problème avec le Kido. J'déteste ça.

D'autant plus qu'il n'en comprenait pas l'art. Lui-même possédait quelques capacités mais elles étaient si faibles qu'il se ridiculisait à chaque fois.

- J'ai pas mal de gars qui pourraient t'aider, ouais. Mais quitte à te fournir les bases, autant que ce soit avec le meilleur. T'es Lieutenant, Clodo. De fait, j'veux bien te filer quelques tuyaux si ça te tente. J'le propose pas à tous. Mais toi, t'as quelque chose. J'le sens. Et j'suis peut-être pas un génie mais j'sais reconnaître quand un mec a vraiment envie d'apprendre.

Shinjirô était professeur à ses heures perdues. Ses hommes étaient généralement les premiers à bénéficier de ses cours si particuliers. C'était d'ailleurs dans l'intérêt de tous de suivre ses conseils : cet homme était né pour se battre. Un véritable Dieu de la guerre.

- C'est quoi ta spécialité ?

Si on m'avait dit ça quelques minutes plus tôt, j'aurais éclaté de rire. Il en a rien à foutre ? Il en a rien à foutre. Il en a rien à foutre !!!! Bordel de merde ... Là, je dois dire que ma bouche s'ouvre un peu pour parler, mais aucun son ne sort. En fait, je pourrais aller dans la 11ème division ... Pas avec le rang de vice capitaine, je m'en doute. Mais ce n'est pas grave, ce n'est qu'un titre, ça se conquiert. Il avoue ne pas aimer le kido. Qui aime ça en même temps ... ? Je connais quelques sorts, mais c'est clair que c'est pas mon point fort. Je préfère me concentrer sur mon zanpakuto pour l'instant, et mon shunpo. Je dois les améliorer tous les deux afin de gagner en efficacité.

Mais ce n'est pas le must de la journée. Il parle, il parle, il parle ... lorsqu'il termine, je suis pâle, je manque de m'évanouir. Dans la Soul Society, il y a des types qui seraient prêt à tuer pour avoir ne serait-ce qu'un conseil du capitaine de la onzième. Et là, tranquillement, dans une conversation anodine, il me dit qu'il peut me filer des tuyaux. Je rêve. Je suis mort et je suis au paradis, c'est ça ? Non, parce que c'est juste la seule explication possible quoi ... J'ai 300ans, j'suis un bleu en commandement et en combat. Lui, c'est un dieu vivant. Je ne sais pas ce que j'ai fais dans une vie antérieure, mais j'ai du sauver le monde, parce que là, c'est un putain d'honneur qu'il me fait, et j'en ai bien conscience. Mes yeux pétillent de joie et d'émotion. Mais non, je me retiens, bien sûr. Je dois contrôler tout ça pour devenir un bon chef et éviter de faire des erreurs. Garder la tête froide en toute circonstance permet de mieux analyser la situation qu'en y mettant des sentiments et émotions.

Pas de soucis, je déteste le kido aussi. J'ai les bases, au cas où, mais j'aime pas l'utiliser. En infiltration, ok, sinon c'est lâche en combat. Les hommes autour de nous s'agitent un peu et observent ce qui se passe. Ils doivent se demander pourquoi le capitaine est encore là, et pourquoi je me suis incliné deux fois. Certains ont des yeux énormes car le simple fait de le côtoyer les inspire. Ma spécialité c'est la contre attaque et la polyvalence de mon zanpakuto. J'peux toucher de près comme de loin, attaquer ou protéger, paralyser ou trancher avec Furīdamu. Il me permet de m'adapter selon la situation. Comme je combats en rapproché, ma vitesse et l'amplitude de mes techniques font que je n'ai généralement besoin que d'un coup. J'aime quand c'est vite-fait bien-fait. Sauf quand on peut s'amuser ... Là ...

J'ai conscience de l'honneur qu'il me fait. Et je ne compte pas le gâcher. Ô grand moi, non ! Il me dit que j'ai "quelque chose". Sortant de sa bouche, avec ce ton, c'est positif. Chouette. Parce qu'on m'a toujours dit que j'avais un quelque chose, mais dans le mauvais sens. A ma naissance quand j'aurais du mourir par exemple, puis quand je suis venu à la société des âmes, quand j'ai combattu les hollows. Mais je me suis battu depuis le début. Et je n'arrêterai pas avant qu'on reconnaisse ma puissance parce que j'aurais protégé plus de monde qui quiconque. Je suis responsable de la section de renseignements et de la protection de Karakura. Ce qui signifie que j'ai des humains sans défense face aux hollows à protéger. Mais ça va aller. Quel que soit la menace qui arrive, je serais prêt le temps venu. Je vais y arriver. Pas question d'échouer. Je ne peux pas, non. J'y arriverai ! Pourquoi ? Parce que je n'ai pas le droit à l'erreur, parce que je n'échoue pas, parce que je le ferais coûte que coûte !!! Pour l'instant, je reste avec le capitaine. Après, j'irai à Karakura, voir comment s'organisent les choses, prendre contact avec les habitants et les spéciaux. On mettra des plans en place s'il n'y en a pas, ou plus. Je ferais mon rôle, je tiendrai mes promesses. Je libèrerai le capitaine Kireru Reisen. Tous ensemble, on peut le faire.

On ne pouvait pas être d'accord sur tout, c'était une évidence. Son approche du combat avait le mérite de ressembler à ce qui se faisait à la Onzième. Toutefois il se méprenait quant aux raisons qui poussaient le colosse à haïr ainsi le Kidô. Ce n'était en rien un rapport à la lâcheté ou autre sentiment de cette nature. En combat, la victoire seule comptait. Qu'importe les moyens déployés pour y parvenir. Et si Shinjirô avait un profond sens de l'honneur, il était capable de tout si cela pouvait lui assurer la victoire à lui ou à sa faction. Les Shinigamis devaient vaincre et si cela consistait à noyer l'ennemi sous le nombre, alors ils le feraient. En combat, il n'y avait pas place à l'honneur comme les guerriers d’antan l'entendaient.

- C'pas une question de lâcheté. Seulement j'aime tout simplement pas la magie. Par contre, tu dois comprendre un truc : quelle que soit la décision que tu dois prendre, tu ne dois penser qu'à la victoire. Et si pour cela, tu dois te battre à trois contre un, alors tu ne dois pas hésiter. On s'en fout que ton adversaire te considère comme une lavette. Tant qu'il crève ! Vu ?

Bien sûr, Kiryû comprenait l'autre point de vue. Il était un monstre et en cela, il avait plutôt tendance à se réserver les plus gros morceaux. Mais la guerre ne permettait pas toujours les combats épiques en un contre un. De fait, il fallait prendre la meilleure décision pour aller de l'avant. Un point c'est tout. Les morts ne regrettent rien. Les survivants édictent leur loi. Il ne pouvait en être autrement. Shunsui en était l'exemple parfait d'ailleurs. La victoire plus que tout. Un exemple à suivre.

L'arme que semblait employer cet homme lui permettait d'être polyvalent. C'était une chose de le dire, c'en était une autre de le pratiquer en combat. La polyvalence était une force lorsqu'elle était utilisée avec intelligence. Mais entre de mauvaises mains, ça devenait une faiblesse. Shinjirô était tout entier tourné vers l'offensive. Son arme lui permettait bien d'autres choses bien sûr mais il n'était bien que lorsqu'il se focalisait sur la destruction pure. Sa force était sans égale dans le Seireitei. Mais en contrepartie, il était moins rapide et moins ingénieux que beaucoup. Chacun sa force. Tant que l'on compense ses principales faiblesses, il n'y avait pas de raison de s'inquiéter.

- Pas trop mal. En finir en un coup, c'est plutôt une bonne idée. Moins le combat traîne, mieux c'est. J'suis de l'ancienne école, pour ma part. Je ne veux pas les briser que physiquement. Rêve, espoir, il ne doit plus rien exister une fois qu'ils sont passés entre mes mains. S'ils survivent, je veux qu'ils soient les exemples vivants que l'on ne s'attaque pas au Colosse Argenté sans en payer le prix. Que la peur traverse leur esprit à eux et à leurs alliés. Ne jamais sous-estimer l'aspect psychologique là-dessus.

Kaimetsu était là pour l'y aider. Elle ne laissait aucune chance à ses adversaires à partir du moment où Shinjirô déployait sa véritable force. Sa légende était en grande partie propagée par ceux qu'il avait laissés en vie. Noboru était de la même école que lui. Faut dire qu'il l'avait pris sous son aile et que les deux compères avaient avancés ensemble durant de nombreux siècles. Ce n'était pas pour rien si les deux hommes étaient si proches aujourd'hui. Tout comme ce n'était pas sans raison s'ils étaient Capitaine de deux divisions si charismatiques.

Il était certainement là, le principal problème du Gotei. Une majorité des gradés nommés ne possédaient pas ou peu d'expérience en termes de combats et ceux auxquels ils avaient participé n'étaient pas considérés comme dantesques. Bien sûr, ils n'y pouvaient pas grand-chose mais cela restait tout de même pénalisant. Car leurs ennemis de toujours, les Hollows, étaient taillés pour la mise à mort. Quant aux Arrancars, leur existence était toute entière tournée vers le combat et l'absolue nécessité d'être le plus fort. L'avantage était clairement dans leur camp à ce niveau. Se mettre en avant était contraire à la politique de divisions du Gotei et malheureusement, c'était sur ce point qu'ils devaient évoluer.

Vint alors la question sur un sujet qu'il maîtrisait parfaitement : son Zanpakutô. Et même lui peinait à expliquer la raison de cette forme permanente. Une forme que Kaimetsu avait prise depuis le départ, alors même qu'il n'était pas encore devenu Shinigami. La première qui avait tenté de lui expliquer qui il était et ce qu'il pouvait représenter, c'était évidemment Fumiko. Elle avait décelé la puissance du colosse avant les autres. Elle l'avait pansé alors qu'il était aux portes de la mort. Et avait de suite perçue la terrible aura qui émanait de l'âme de Kaimetsu.

Afin de ne pas partir dans tous les sens - et surtout parce qu'il était sûr de ne pas trouver les mots justes pour expliquer le phénomène - Shinjirô prit quelques instants avant de répondre. S'il était doué dans l'art d'employer les mots pour tourner en ridicule ses adversaires ou pour motiver ses troupes, il en était tout autre lorsqu'il fallait entrer dans les détails sur ce genre de choses. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'était pas vraiment littéraire. Clotho comprendrait-il ? Rien n'était moins sûr. Mais qu'importe, la question méritait une réponse, même s'il ne faisait qu'effleurer la vérité.

- J'avoue que là, tu m'poses une colle. J'l'ai toujours connu ainsi. Alors même que je vagabondais dans le Rukongai. C'pas de tout repos hein ! Elle pompe mon énergie en permanence pour garder sa forme. Au départ, ça me flanquait de sacrée migraine. Mais avec le temps, on s'y fait. Y'a bien deux ou trois gars qui ont essayés de m'expliquer la raison de ce phénomène mais j'ai pas tout capté. Trop de mots compliqués. J'suis sûr qu'ils comprenaient pas non plus pourquoi. C'est comme ça, elle reste sous cette forme. Une histoire de lien, comme quoi la force du porteur serait trop sauvage pour être scellée. Enfin, un tissu de connerie quoi.

Il l'avait quasiment toujours eu ainsi. Et sa mémoire peinait à se rappeler les circonstances exactes de cette métamorphose. Il s'en moquait un peu, faut dire. L'âme de Kaimetsu était aussi indomptable que celle de Shinjirô. Et la représentation terrestre de cette dernière en était la preuve absolue : un géant qui siégeait sur un territoire désolé, laissant apparaître les vestiges d'une énorme bataille passée.

L'allusion à son ami, Capitaine de la Treizième, lui fit un pincement au coeur. Le passé qui existait entre les deux hommes était réel et sa disparition ravivait quelques souvenirs. Son ami l'avait toujours considéré comme un rival et ils s'étaient foutu sur la tronche un bon nombre de fois. Mais ils s'étaient toujours respectés. Une rivalité saine qui avait permis à Reisen de progresser au contact de son ami et mentor. La place de Capitaine de la Treizième avait d'ailleurs à l'époque été appuyé par le colosse. Et confirmé par les autres. Et ce, malgré une mission qui avait créé polémique.

- C'est un gars courageux. J'le connais bien et j'sais qu'il préférerait mourir plutôt que de représenter un danger pour nous. S'il est en vie, on le récupérera. Mais quoi qu'il arrive, j'ferais payer le prix fort à ces petites merdes qui ont osés faire ça.

Les Mahô Tsukai étaient forts, bien plus que lui. Et il l'admettait. Par deux fois, il avait affrontés Mayuri. Par deux fois, il lui avait occasionné de terribles blessures, mettant le scientifique dans une situation très inconfortable. Mais à chaque fois ce lâche s'en était tiré. Et à chaque fois il s'était soigné. Shinjirô s'était juré de lui arracher la tête la prochaine fois qu'il croiserait sa route. Et dire qu'ils étaient passés si proche de l'exploit avec Noboru. Si proche...

- Mais méfie-toi. Même si nous le récupérons, rien ne dit qu'il sera l'homme qu'on a toujours connu. Notre ennemi possède des pouvoirs plutôt chiant et on ne sait pas encore tout ce dont il est capable.

L'analyse, il ne l'avait jamais poussée jusque-là. Qu'il puisse récupérer l'énergie plus rapidement qu'il ne la perdait, il s'en moquait. Très sincèrement, la seule chose qui comptait pour lui, c''était de pouvoir combattre sans perdre de temps. Et avoir son arme en libération Shikai en permanence faisait évidemment gagner un temps précieux. Pas de phrase de libération à rallonge, pas de démonstration de magie. Seulement la terrible alliance d'un porteur et de son arme. Et des dégâts, ils en faisaient. Mais Clotho prouvait toutefois qu'il possédait un esprit plutôt rapide et c'était sans le moindre doute une excellente nouvelle pour le Gotei. Les brutes sans cervelles, ça allait un temps. Mais on avait aussi besoin de jugeotes parfois.

Par contre, aussi dur que cela puisse l'être pour lui, il était prêt à mettre à mort son Capitaine si ce dernier s'avérait être un danger. En soi, c'était un acte d'un courage extrême. Admettre ce fait prouvait son attachement au Seireitei. Bien entendu, il y avait un monde entre les mots et les actions et Shinjirô savait que beaucoup se dégonflaient le moment venu. Mais on ne pouvait pas anticiper sur ça. Alors à quoi bon s'imaginer le pire ?

Quant à une possible solution pour ceux qui étaient embrigadés de force, le Kenpachi l'avait déjà. Et la consigne avait été donnée à ses gars : ils devaient abattre ceux qui se dressaient entre eux et leurs ennemis. Même si ces derniers étaient des Shinigamis. Shinjirô avait exécuté de ses mains certains renégats qui avaient tournés leur veste. Que ce soit de leur propre volonté ou à cause d'une obscure magie, il s'en moquait. Tuer ou être tué. Il n'y avait finalement que ces deux choix possibles lors d'un combat. Et le colosse avait une rage de vaincre bien supérieure à la normale.

- Franchement, j'en ai aucune idée. La seule chose que je sais, c'est que mes gars et moi sommes en première ligne. Et que si ces tarlouzes de mages nous envoient d'anciens potes à nous sur la tronche, alors je n'hésiterais pas. Car c'est ce qu'ils cherchent. Et pour gagner la guerre, faut savoir prendre les bonnes décisions. Mais on n’en est pas là. Alors pas besoin de s'prendre la tête.

Alors qu'ils discutaient, le colosse n'avait pas perçu l'approche de plusieurs Shinigamis de la Treizième. Certains visages lui étaient familiers, ce qui n'avait rien d'étonnant. Mais tous semblaient surpris de voir les deux gradés tailler une bavette sans se soucier de ce qu'il y avait autour. Certains regards se portaient sur le mur fissuré, passant du trou à moitié rebouché à la silhouette de Shinjiurô. Pas difficile de savoir qui en était l'origine, bien sûr.

- Juste par curiosité. T'es leur Lieutenant depuis longtemps ? J'me suis un peu absenté mais quand j'suis parti, j'peux garantir que t'étais pas encore à c'poste. Ils te mènent pas trop la vie dure ? J'sais qu'en général, ils aiment tester ceux qui sont là pour les diriger. Les miens ont essayés aussi, à l'époque. Mais ça n’a pas duré trop longtemps si tu vois c'que j'veux dire. Mouhahahahaha !

En même temps, on devinait aisément qu'il valait mieux éviter de l'emmerder.

L'histoire du Gotei et sa propension à résister aux attaques les plus terribles, Shinjirô s'en moquait. Cela n'avait pas d'importance car le passé était révolu et on ne pouvait décemment pas vivre en restant focalisé là-dessus. Il s'agissait là de sa règle personnelle et attendait à ce que les hommes de son groupe face de même. C'est comme quand on le comparait à Zaraki. Ils avaient des ressemblances, c'était évident, mais le colosse le considérait comme très inférieur à lui. Prétentieux ? Peut-être mais dans les faits, Zaraki était tombé face à l'ennemi alors que lui, le Colosse Argenté, était encore et toujours là. Mieux, il était même parvenu à blesser à plusieurs reprises ce foutu scientifique. Si ce n’était pas une preuve, ça restait suffisant à ses yeux pour se justifier.

Alors qu'il apprenait que le Shinigami n'était Lieutenant que depuis une poignée d'heures, il poussa un léger grognement. Il ne jugeait pas. Seulement il était encore trop tôt pour savoir si ses gars lui en feraient baver ou non. Au moins était-il informé des risques désormais. Mais Lieutenant, Shinjirô ne dévaluait pas le grade. S'il était évidemment moins important que celui d'un Taishô, il n'en restait pas moins le relais idéal entre les hauts responsables et leurs unités. Krow avait assuré l'intérim pendant son absence avec brio. Mais les autres Lieutenants étaient-ils prêt à faire de même ? Clotho n'avait pas le choix, lui. Il n'avait pas de capitaine et allait devoir apprendre à tenir ses gars en laisse.

- L'autorité, c'pas le grade qui la donne. Mais toi et toi seul. Mener des hommes, c'pas donné à tout le monde. T'es Lieutenant, mon gars. Alors tu peux pas chialer sur ton sort. Tu dois avancer. T'es pas Capitaine ? Et alors, ça t'empêche pas de t'imposer. On s'en tamponne de savoir que la vie n'est pas facile. T'es un soldat. Point barre !

Les travers de Shinjirô. Il encourageait Clotho à s'imposer mais à ne surtout pas maudire son sort. Ce n'était pas le cas ici mais mieux valait prévenir que guérir. Et si ses méthodes étaient un peu brusques, elles avaient des résultats. L'autre avait saisi le principe de se relever quoi qu'il advienne et c'était là l'essentiel.

-Par contre, j'veux pas t'alarmer Clodo, mais j'suis pas persuadé que Shunsui te laisse partir comme ça sur terre. On est en guerre et nos ennemis ont attaqués souvent par ici. L'alliance temporaire avec ces putains d'Arrancars garantie une certaine stabilité sur terre pour le moment. Ca va pas durer, bien sûr. Mais avant de penser aux hommes, penses au Seireitei. Surtout qu'il parait que les mecs là-bas sont capables de se défendre. Et tu m’as pas l’air d’être super balèze, sans te vexer. M'enfin, tu fais c'que tu veux après hein. C'est juste mon point de vue.

Il ne cherchait pas à rabaisser le gars, bien au contraire. Seulement il exposait son point de vue sans prendre de gants. Cela ne plaisait pas toujours mais il fallait si habituer. Un lieutenant tout neuf ne pouvait se permettre de prendre le risque de bouger si rapidement après sa nomination. Kiryû en était sûr : jamais le Sotaishô laisserait faire si facilement. Encore que ça puisse se discuter.

- J’vais pas t’emmerder plus longtemps. Sauf si t’as encore un truc à m’dire, j’vais me casser.

Et de nouveau, il se grattait la tête. Tenzen n’était pas à la Treizième. La Douzième serait donc son prochain voyage.