La réunion avait été forte enrichissante et Kirito se sentait bien. Il se rendit rapidement à sa division et se plongea dans la paperasse qui l'attendait sans demander son reste. L'expédition organisée par Serpiente aurait lieu dans les prochains temps, nul doute là dessus, mais notre jeune héros laissait le Capitaine de la septième division prendre les devants pour parler des modalités car c'était l'homme à la cicatrice le patron sur cette mission. Cependant, Akihiko devait déjà plus parler de cette incursion en territoire ennemi avec sa vice-capitaine. Ainsi il envoya l'un de ses hommes avec un papillon des enfers convoquer Arisu.
Le Capitaine se replongea ensuite dans ces papiers. Alors qu'il rédigeait un document des coups secs résonnèrent à la porte de son bureau. Le Kirito s'apprêta à parler mais il eût à peine le temps de lever la tête et de fixer de ses yeux gris la porte que celle-ci s'ouvrit rapidement laissant apparaître sa subalterne. Elle effectua un mouvement étrange, Kirito sentit aussitôt une libération d'énergie dans la pièce sans pour autant parvenir à déterminer ce qu'elle venait de faire, puis la seconde qui suivit elle s'avança alors vers lui. Elle s'assit sur une chaise face au bureau et posa sur ce dernier le papillon des enfers qu'il venait de lui envoyer désignant un mot : « gamine ». Le Vizard haussa légèrement un sourcil. Il n'avait pas le souvenir d'avoir écrit ce mot... Nul doute que son autre lui, lui avait encore joué un tour. Un tour qui avait, semble-t-il, fait sortir de ses gonds Arisu car le Capitaine constata qu'elle semblait fulminer. C'était la première fois qu'il la voyait dans un tel état et cela le surpris légèrement. Akihiko sans dire un mot lâcha sa plume et se redressa dans son fauteuil prêt à entendre ce que la jeune femme avait à dire.
Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle avait sacrément de choses à dire. Le Kirito l'écouta sans broncher tout le long, son visage était calme et serein d'un bout à l'autre du discours mais il n'affichait pas son sourire habituel, cela aurait sans doute encore plus énervé Arisu. Il avait également fixé la jeune femme de ses yeux gris étincelants durant toute sa tirade. Lorsqu'elle eût fini le Vizard ne répondit pas immédiatement. Il se leva et sortit deux tasses d'une armoire qu'il posa sur le bureau puis il récupéra sur une table basse une théière encore chaude et y versa le breuvage. Il avança une tasse vers Arisu, l'invitant à boire si elle le souhaitait, puis il se rassit et porta sa propre tasse à ses lèvres et souffla légèrement dessus. C'était trop chaud pour être bu pour le moment. Les yeux impénétrables de l'ex-scientifique fixèrent alors avec intensité sa vice-capitaine.
Très bien. Je m'excuse de mon comportement, j'en prends bonne note et je ferais des efforts, vous avez ma parole. Souhaitez-vous ajouter autre chose ?
Akihiko était d'un calme olympien. Il avait dirigé une division de scientifiques, des gens tous plus fous les uns que les autres avaient été sous ses ordres et il avait dû faire face à des situations Ô combien plus problématiques. Quand un type faisait sauter la moitié d'un bâtiment puis affirmait que c'était pour le bien de tous et qu'il menaçait de mort le Kirito si ce dernier l'empêchait ensuite de recommencer on apprenait à relativiser. Certes, il était surpris par la colère aussi violente que froide de sa subalterne, mais il la comprenait. Sa maladie mentale lui avait déjà joué ce genre de tour par le passé et nul doute que cela recommencerait. Par ailleurs, le Kirito avait compris depuis longtemps qu'il ne pouvait pas plaire à tout le monde du premier coup. Un dirigeant ne pouvait pas, et ne devait pas, faire l’unanimité. Si on ne le remettait pas, lui, en question cela ressemblait plus à une dictature qu'autre chose. Arisu avait explosé devant lui ainsi cela lui donnait des pistes pour s'améliorer ensuite. C'était une bonne chose. L'esprit scientifique qui était le sien progressait ainsi par essais successifs.
Je ne prétends pas être le meilleur Capitaine qui soit, mais je n'ai en tête que le bien être de cette division, soyez en assurée Shihôin-Fukutaïshô.
A aucun moment le Kirito ne reviendrait sur l'attitude agressive d'Arisu, son Reiatsu virulent, ni sur les mots injurieux qu'elle avait tenu sur lui. Ce n'était là que de la forme et seul le fond intéressait véritablement le Capitaine de la Justice. Et le fond, ici, disait : il y a un problème ! C'était donc sa responsabilité de le résoudre, pour son propre bien, pour le bien d'Arisu et pour le bien de la neuvième division.