>> J'étais au courant de votre manque d'intelligence, mais de là à s'attaquer à un Vasto Lorde...

Ce qui devait n’être au début qu’un simple rencard festif, ne tarda pas à prendre une toute autre allure dès l’instant où la Principessa posa le pied sur Terre. En premier lieu ce fut la lumière ardente, la chaleur étouffante du soleil qui vrilla ses sens les plus fragiles. Preuve non seulement que son séjour dans le monde creux l’avait considérablement affaiblie, mais aussi que malgré de multiples tentatives il apparaissait clairement que son corps ne saurait jamais s’adapter à la lumière du jour. Qu’importe tant qu’il subsisterait un moyen pour elle de se cacher sous une surface quelconque et y sinuer sans craindre la morsure du feu. Mais ce qui la frappa davantage et pour une raison des plus logiques, c’est que d’innombrables marques spirituelles primitives et plus évoluées gambadaient joyeusement dans un périmètre non négligeable autour du Garganta. Partout humains et Gillians saturaient le paysage grotesque de ce monticule d’infrastructures inutiles. Le premier réflexe de l’hybride fut d’instaurer quelques règles compte tenu de l’ambiance et du nombre de proies à portée. A l’attention principalement de ses filles désireuses d’en découdre au plus vite et qui, telles des gamines jetées dans un parc d’attractions se devaient d’entendre les réprimandes de leur mère adorée au préalable. Si toutes étaient bel et bien en présence d’un buffet gratuit et à volonté, il n’en faudrait pas moins respecter quelques principes fondamentaux comme par exemple éviter de s’en prendre au mobilier ou manger dans le même cadavre spirituelle que sa sœur voisine.

Ceci fait, elle leur administra à chacune une petite tape sur la tête en guise de signal puis, une fois la dernière partie chasser le requin prit un instant pour contempler la scène. Leur dernière venue sur Terre ne s’était pas déroulée selon son bon vouloir, son pronostic vital étant alors entre deux eaux. Peut-être était-ce la raison pour laquelle son ancien disciple avait présentement organisé l’escapade en famille. Toujours est-il que l’attention lui arracha un franc sourire, jusqu’à ce que son instinct ne l’interpelle alors même qu’elle s’apprêtait à récompenser l’organisateur de l’évènement. Outre des odeurs familières bien qu’indésirables pour la plupart, ce qui trahissait donc la présence de soldats de Las Noches en ces lieux, une trace hautement plus redoutable s’imposa par-dessus. En réponse à quoi le sonar lui transmit une image approximative de la source, gigantesque, indescriptible. Flip passant en raz motte, hurlant quelque chose comme « Its over 9000 » ce qui, selon son habitude serait une manière d’interpréter à juste titre l’expression faciale de sa mère au moment du résultat d’analyse. Pas craintive pour un sou, voire amusée, elle se retourna finalement vers Aleksi l’air pleinement satisfaite.

- Si je m’attendais à ça… Soit tu possèdes de formidables talents pour invoquer des créatures improbables, soit il s’agit d’une mission quelconque et dans ce cas ton initiative de m’y inviter est très appréciable.

Une partie de son masque se désagrégea mesure qu’elle se rapprochait de lui. Arrivée au contact elle lui administra un baiser fougueux et bestial à la hauteur de leur personnalité commune. Une façon de lui rappeler ce qu’il représente à ses yeux, mais pas seulement. Dès leur première rencontre forcée Daestra s’était mise en tête de manipuler ses accès lubriques. Le fameux mécanisme d’effort/récompense, retravaillé ici selon son propre barème puisque si le bougre souhaitait effectivement lui dérouiller les reins à terme et non pas se contenter uniquement de leur échange de salive il lui faudrait donc répondre aux exigences de sa belle. Et le mériter. Elle se dégagea donc aussitôt de son étreinte déjà insistante et se propulsa dans les airs, fauchant un premier lot d’humains transformés dès lors en misérables poupées volantes.

- Essayons de voir qui de nous deux saura en moissonner le plus grand nombre. Avec un bonus spécial pour le gros moche, si cela te tente. Si tu gagnes, pas la peine de te faire un dessin…

Sur ces mots la prédatrice fusa, ne prenant guère la peine de remarquer la présence d’une autre des esclaves de son fidèle Dark et à qui elle avait lors de leur dernière rencontre, généreusement offert un Cero en plein visage histoire de s’en débarrasser. En espérant qu’elle retienne la leçon pour cette fois. Restait maintenant à jouer le jeu du nabot, analyser davantage l’étrange créature et surtout : identifier cette présence familière dans les parages.

Une sieste comme une autre me plongeait dans un monde où je ne contrôlais rien, sauf que d'habitude j'dors quelque part dans le désert et que là comme un con j'avais décidé de rentrer au palais. Pourquoi? Va savoir... Surtout que j'avais jamais réussi à faire une seule sieste complète dans cette putain de forteresse, fallait toujours qu'un suicidaire vienne me réveiller. Et cette fois encore ça n'avait pas manqué. Un messager mi-loup mi-porte manteau était devant moi avec sa tronche d'abruti. Si d'ordinaire je ne leur laisse pas le temps de parler avant d'leur fourrer mon poing dans la gueule, cette fois une bonne intuition me poussa à le laisser délivrer son message.


- Jack-sama, un message pour vous de toute urgence de la part de dame Naezka.


- Accouche si c'est urgent abruti !


- Vous devez vous rendre à Karakura aussi vite que possible, c'est un ordre qui vient du Roi lui-même.




Spoiler:

Je découvrais sans surprise que la Sexta était déjà là avant moi, une autre tête m'était également familière et je me serais bien passé de la revoir celle-là, l'ex-Tercera, Daestra Chibiko était là aussi. Qu'est-ce qu'elle foutait là elle d'abord? Mais pire que tout... il faisait jour ! Un super soleil en plus je déteste ça ! J'suis une créature des ténèbres et je déteste toute cette lumière. A moitié ébloui, je ressentis toutefois une autre présence, j'le connaissais pas celui-là et c'était un Arrancar aussi, une véritable réunion dis-donc. Tous ne semblaient même pas m'avoir calculé, occupés qu'ils étaient à chasser les Gillians qui pullulaient de partout autour du gros machin informe. Le Fûrâ me fixa un instant et se détourna. Ca ressemblait plus à un scanner qu'à un regard à vrai dire, son regard disait "cible ou pas cible?" et semblait s'être mis d'accord sur le fait que je n'en étais pas une. Plutôt curieux.

En tout cas, les Gillians non plus ne semblaient pas m'attaquer, ni moi ni la Sexta, ils étaient tous agglutinés autour des deux autres. Ce qui m'arrangeait à vrai dire, j'étais pas spécialement d'humeur à me battre mais j'craignais quand même de devoir m'y mettre avec l'autre gros tas de guimauve. Debout sur le rebord de mon immeuble, cachant le soleil comme je pouvais de ma main, je fis quelques pas en direction de la Sexta tout en restant à distance raisonnable. Notre dernière rencontre n'avait pas été des plus chaleureuses. Elle tentait de communiquer avec le gros... je doutais fort que cela aboutisse à quelque chose mais fallait bien que l'un de nous tente cette manoeuvre ridicule après tout, qui sait? Autant il réagirait. En attendant, j'me sortais une clope et m'en grillait une, m'apprêtant à combattre à tout moment.


- Hey, tu peux m'expliquer qu'est-ce qu'on fout là au juste? Le messager m'a juste dit d'me pointer ici et j'imagine que ça a un rapport avec ce gros tas là-bas?

Spoiler:

Maesosie Soemeis. Plusieurs semaines à s’entraîner dur, sous un soleil de plomb ; à suer, à pleurer, à renforcer ses compétences… Le genre de machin qu’est pire qu’un régime. Le matin, l’après-midi. Peu de pauses. Le même programme tous les jours. Moins de temps accordé à la flânerie… Mais le pire ! Diète de bonbons ! Faut une alimentation plus adaptée aux efforts prolongés. Genre des légumes, des sucres lents, ces trucs bien fades qu’émoustillent guère son palet difficile. Torture… Encore en vie ? Pourquoi ? Pour rester en vie disait son surmoi. Vil rabat-joie qui ne manque pas de le refroidir quand la tentation du vice l’emporte. Un exemple, juste à l’instant. Ce beignet qu’apparait en vitrine de la boulangerie… Un filet de bave coule le long de son menton, goutte sur le dos de sa main, pas loin en dessous, et le fait tressaillir de manière théâtrale. Une goutte de soleil vient de tomber sur lui ? Enfer et damnation ! Mourir… Pas maintenant… Presser son front tout chaud, fermer ses paupières pour atténuer ses vertiges. Titubant comme un malotru saoul, le malheureux glisse sur des déjections canine pour faire un tour sur lui-même et virevolter tête la première dans une benne à ordures. Peau de banane verte en couvre-chef. Monde de prout.

Rebelote, il tressaute, par la faute de son peskis cette fois. Quoi que c’est maintenant ? En l’air ? Nooooon… C’est quoi ce binz ? Gros tas tout fripé et vraisemblablement flatulent avec toutes ces poches qui semblent contenir plein de gaz malodorant dans ses joues. D’ailleurs, n’a-t-il que des joues ? Une grosse boule avec deux bras qu’a sans doute demandé bien peu d’inspiration à son concepteur. Oh… Pas possible… Ce bidule noirâtre que bave cette chose… Non… Il se trompe… Pourtant, ces petites particules blanches qu’il voit de loin, ces nombreux reiatsu naissants, ces bandes noires qui se détachent de la mélasse peu ragoutante pour se relever et descendre en ville… Des gillians. Caca doigt… Cadogagit comme dirait Genkaku. Où l’est passé celui-là d’ailleurs ? Que lui dirait-il de faire en pareille circonstance ? Retourner chez lui et aller pinailler un peu de guimauves avant de se livrer à Morphée. Ouais, bon plan. À peine Fuan fait-il deux pas qu’un objet non identifié s’écrase sur le dos de son crâne, le faisant tomber nez sur le bitume. Raide mort deux minutes. Petite flaque sanguinolente. Sa tête tremblotante de douleur se tourne vers l’agresseur. Nez caché par sa main, moitié de figure ruisselante d’hémoglobine, immondice de larmes qui se jettent du haut de ses globes oculaires. Une voix sanglotante.

-Genkakuuuu… Pourquoi ?
-SOMBRE IMBECILE ! Alors là, NAN ! NAN nan nan nananananananannanannanananana NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN ! T’vas pas te défiler ! Bougre de sot ! Sot de bougre ! Bouge toi l’sot !

Chimère volante hyperactive qui gigote dans tous les sens. Regard fuyant de l’arrancar froussard.

-Maiiis… J’veux pas… Sont trop plein… J’suis tout seul. Z’ont qu’à se débrouiller les shinigamins… C’est leur boulot !
-Tu crois que sauront gérer cette débandade denbadadé seuls ? Là m’vieux, c’est TON boulot ! Alors qu’tu m’bouges tout de suite c’te petit séant et botter le derrière d’ces tiges bêta !
-J’suis trop faiiiiible… Ils vont me manger...
-Mais… CADOCAGIT ! Du nerfs bon sang d’bonsoir ! ça fait combien d’TEMPS que tu remues ton POPOTIN à te renforcer juste pour c’te crotte de moment ?
-Plein…
-T’sais quoi ? Je l’sais car t’es moi ! T’es prêt bambin bimbonpinponpiiiiiiiiiiin !
-Tu penses ?

Faible étincelle qui s’allume dans ses prunelles d’opale.

-J’suis sûr ! Tu vas leur ramatofiler la figure ! Foi de morue ! Morue sans foie !
-Oui…
-J’t’ai pas entendu ! Qui c’est l’gardien de ce beau patelin patelipatouille ?
-C’est moi !
-QUIIIIIIIII ?
-MOI ! C’est MOI l’gardien patouillepateli !
-Pas touche l'patelin !
-Ouais !

Regain miraculeux d’assurance. L’arrancar froussard serre le poing, le regard lointain, vers ces gugusses du désert qui s’approchent par dizaines de sa position. Trottine, court et fonce vers le groupe de menos grande. Fruit de son terrible entrainement, un sonido potable qui le fait se déporter devant l’un de ces géants, profitant de son élan pour asséner un de ses balas dans son orbite. Nouveau Sonido une vingtaine de mètres au-dessus de la tête d’un autre, son bras gauche qui se dissipe en particules de sable pour libérer un gros fendoir pourfendeur du crâne de la bête, avant de redevenir bras après qu’il soit retourné chercher son zanpakutoh. Long combat à finalité triomphale. Larmes de bonheur. Lui, réussir pareil exploit. Genkaku qui reste en spectateur, n’ayant pas de réelle utilité face à d’adversaires si gros.

Danse de la victoire brève. Son peskis lui indique l’arrivée de cinq autres groupes l’encerclant. Regard beaucoup moins sûr de lui. Rayon qui se vautre en sa direction. Bond désespéré pour se faire légèrement propulser par la petite onde de choc à l’impact du cero. Une pluie d’autres cero. Danse de la victoire mutant en danse d’esquives grossières. Aucune chance… Ils sont trop nombreux… Il en arrive par tous les côtés. Impossible de s’en sortir… à moins de… Fixer du coin de l’œil l’autre gros tas de tout-à l’heure. Oui… Une seule possibilité de victoire, celle de couper le robinet. Slalomer entre les gillians, sonidoter en direction du monstre difforme, se rendre compte à destination du pullulement d’autres entités spirituelles. Toutes, des arrancars. S’arrêter non loin d’eux, une main gauche fermement agrippée à son bassin, l’autre, l’index relevée et supportée par un bras raide qui fait un rayon horizontal vers la droite. Une position ferme, celle d’un gardien. Un visage encore baignant de sang, sans plaie apparente, avec ce couvre-chef vert toujours fidèle au poste. La voix puissante, de sorte à bien être entendu de tous.

-Vous ! Il est interdit de stationner votre gros engin ici ! V’serez gentils de l’garer ailleurs ! Na mais faut tout dire aux touristes d’nos jours !

Petit blanc, sourcils froncés. Tout un tas d’arrancars qu’ont pas l’air commodes… Et lui… Petit gringalet qui vient de les sermonner. Bouche crispée et paupières maintenues closes avec force. Une bêtise qu’il venait de faire ? Irréversible ? Index droit jadis si fort qui gratte désormais tout gêné sa petite joue en voie de pâlir. Petite boule jaune toute silencieuse qui vole autour de lui et le laisse s’embourber dans sa mouise. Voix beaucoup plus faiblarde.

-Hum, fais beau aujourd’hui, v’trouvez pas ?
-IL VA TOUS VOUS POUTRER LA TRONCHE LES ZIGOTOS ! Gotozis tozigos !

Oh… Dieu… Pourquoi ?

>> Et bien petit serpent, aurais-tu oublié tout le respect que tu dois au seigneur des reptiles ?

>> Tu m'excuseras, mais tu ne dois pas ignorer que je n'ai que faire des serviteurs. Je dois donc prendre congé et saluer quelqu'un d'un peu plus important.

>> Si je pensais te revoir en telle compagnie... Tu l'as piquée au gamin ou bien on te l'a imposé ?

>> Mais ce n'est qu'un détail au final. J'aimerai te poser quelques questions, mais je pense que ça peut attendre qu'on s'occupe de cette chose au préalable.

Sinuant dans les airs tel un bombardier en attente de sa cible Daestra tentait à l’aide de ses sens valides de se représenter la triste scène se jouant sous son regard mort, un sourire en coin. Le monde des humains se transformaient progressivement en un formidable champ de bataille aux allures dantesques, où des démons de toutes natures ravageaient la moindre parcelle. Du moins au premier abord, et après analyse superficielle. Ce ne fut qu’après avoir senti l’immonde pièce d’artillerie lourde décharger sa cartouche constituée d’un flot considérables de Gillians que la prédatrice commença à grincer des dents. Car la présence de ces hordes n’avait finalement pas pour objectif de s’en prendre, logiquement, aux mortels habitant ce plan de l’existence. Pour une raison tout à fait inconnue, les soldats de l’enfer dirigèrent leur colère uniquement sur leurs officiers naturels, à savoir une poignée d’Arrancars triés sur le volet et qui pour la plupart avaient leur place dans les petits papiers du requin. Sans même prendre la peine de confirmer certaines présences, elle put sans mal identifier l’une des régulières de Dark, l’esclave de Tibors, son esclave personnel, ainsi qu’une paire d’autres. L’un de ceux-ci attira plus particulièrement son attention, de par son odeur familière. Mais lointaine, dans son esprit.

Et avant qu’il lui ait été possible d’entamer des recherches plus approfondies sur le sujet, celui-ci s’imposa à l’instant précis où une petite escouade de primitifs se ruait en sa direction. Non content d’occire l’éclaireur, celui dont elle n’espérait jamais revoir le visage engagea aussitôt la conversation. Comme si le chaos ambiant n’était au final qu’une futilité, au grand dam de Daestra qui pila net de stupeur. Fou-lu, l’une de ses plus vieilles connaissances d’avant son entrée dans l’Espada. Supposé mort ou disparu pour une raison qui ne lui avait jusqu’à ce jour pas titillé l’esprit.

- Shen-Di, si je m’attendais à cela… Sale temps pour des retrouvailles n’est-ce pas ? Je serais toi je m’écarterais un peu d’ailleurs, il va y avoir une averse et je n’aimerais pas t’imposer quelque dommages collatéraux.

Elle lui adressa ce que l’on pourrait apparenter à un clin d’œil, exception faite qu’elle n’en possédait pas à proprement parler ici. Toujours est-il qu’il précéda l’éclipse fulgurante, la course morbide et la catastrophe en devenir. Flanquée de ses filles revenues automatiquement afin de couvrir ses arrières et éviter de se mettre toutes en péril dans leur coin, la Mère s’approcha suffisamment près de la horde avant de siffler bruyamment. L’escadrille d’acier se fraya un chemin dans la mêlée générale et se positionna de façon à ce que chaque membre de la meute puisse s’assurer de son soutien en cas de débordement. Suite à quoi Daestra mit son plan à exécution. Manœuvrant d’abord autour du groupe d’hostiles elle resserra brusquement sa trajectoire et en percuta un de plein fouet, avant de l’entraîner dans une sorte de valse mortelle. L’un après l’autre, les Gillians se firent inviter de force à suivre la cadence. Une fois les filles en compagnie de leur cavalier respectif, l’escadrille entama sa danse circulaire. La force générée par l’ensemble, avec bien évidemment l’aide de la matriarche et de sa puissance sans commune mesure au cœur du bal, forma en une demi-douzaine de secondes le squelette menaçant d’une gigantesque tornade spirituelle.

Laquelle gagna progressivement en force destructrice et en taille, jusqu’à ce que le quartier se retrouve à la merci de sa fougue. Les Hollows invités dans le cercle eux, se réduisirent sous l’effet combiné du phénomène et des spectres l’habitant à un amas de chair inerte. L’escadron de la mort, principalement responsable du carnage continua à sillonner au hasard des vents pour en nourrir le cœur. Le nuage de débris l’accompagnant ne fit que renforcer le potentiel déjà titanesque du cataclysme. Fauchant, déchirant tout sur son passage, la tornade vivante se débarrassa ainsi d’une bonne dizaine de ces monstres écervelés avant de perdre petit à petit de sa superbe. Le point de rupture atteint, la Principessa jaillit du tube en mouvement et se dirigea de nouveau vers son ancien ami, non sans garder ses sens affutés dans l’attente de revoir paraître le reste de la meute à son train. Arrivée à la hauteur de l’exilé, elle lui adressa un second clin d’œil complice avec cette fois l’habituel sourire bestial et malsain pour rehausser le tout. Derrière eux raisonnait la symphonie barbare de combats se déroulant un peu partout, avec un peu n’importe qui ou n’importe quoi. Ce qui, l’espace d’une seconde lui rappela qu’un défi s’était engagé entre elle et son disciple. Sauf que d’Aleksi, il n’y en avait plus trace visuellement. Ni de Jack, spirituellement d’ailleurs. Bah, la guerre et son lot de pertes, sans doutes.

- J’engagerais volontiers un petit entretien à huis clos une fois qu’on se sera débarrassés de toute cette merde ambulante. Je ne sais foutrement pas ce qu’il se passe, et m’est avis que les pions de la Citadelle Blanche non plus. On risque de bien se fendre la gueule, comme au bon vieux temps hein ?

L’univers dans lequel elle n’avait pas remis les pieds depuis des lustres s’ouvrait enfin à elle, dévoilant un endroit drastiquement différent de celui qu’elle avait quitté auparavant pour rejoindre les Lames. En dépit de la perte totale de points de repère, il allait sans dire qu’elle ressentait un zeste de nostalgie à fouler l’air après tant de temps. C’est ici qu’elle avait réussi à atteindre le niveau nécessaire pour être remarquée par Grimmjow, et juste l’idée de revenir plus forte encore que lors de son départ avait de quoi ajouter à son excitation. Elle allait pouvoir claironner d’avoir acquis en puissance en si peu de temps, tout en faisant montre de ses nouvelles aptitudes à ce monde qui ne lui arrivait dorénavant plus qu’à la cheville. Pour Lili, aucune force n’équivalait la sienne en cette dimension.

Aucune… si ce n’est ces Arrancars qu’elle pouvait rapidement percevoir au loin, aidée notamment par la masse noire aisément assimilable aux fameux Menos Grande qui allaient forcément être présents en légion. Par chance que sa vue ne lui faisait pas défaut, car sans elle, retrouver le faible escadron envoyé par Grimmjow lui aurait coûté pas mal de temps, faute d’une capacité de détection nullement développée. Curieusement, c’est un pas à la fois qu’elle avançait vers la scène se déroulant pourtant à une distance notable. Malgré son impatience à participer aux hostilités, il lui fallait un peu de temps pour se préparer mentalement aux retrouvailles qui risquaient d’être fort intéressantes. Néanmoins, chose qu’elle ne savait pas encore, c’était qu’il était question de beaucoup plus que Jack et Naezka…

Et elle n’en fit la découverte qu’une poignée de minutes plus tard, alors que la distance dorénavant franchie lui permettait d’identifier une technique qu’elle avait déjà observée il n’y avait pas si longtemps, confirmant ainsi la crainte qui avait grandi lors de son avancée : Daestra était présente, fait qui n’était pas si étonnant, mais qui réussit néanmoins à méduser la Cinquième. L’ayant quittée ne serait-ce que quelques semaines auparavant dans l’espoir qu’elle disparaisse à jamais, la voilà qui se baladait librement et de surcroît participant en première ligne dans cette mêlée qui incluait aussi d’autres personnages désagréables. L’albinos, entre autres, dont sa présence était inexpliquée puisqu’elle n’avait pas ouï qu’il faisait partie de l’équipe. D’une part il était énervant de recroiser cet olibrius, mais d’une autre, en de pareilles circonstances, un accident pouvait si vite arriver…

— Noooooooooooooon. Je dois rêver. C’est pas possible.

Sa voix avait été assez forte pour que les combattants à proximité puissent capter ses paroles – en plus de notifier sa présence, dont justement le principal intéressé. Ses yeux d’azur étaient rivés sur un Arrancar qu’elle n’avait pas vu depuis des siècles, mais qui d’autant plus avait été déclaré mort approximativement au même moment où elle était arrivée au sein de l’Espada. Si la surprise de recroiser ce dernier était grande, il s’agissait surtout de le savoir encore en vie alors que la Primera l’avait chassé. Pour Lili, consciente des vérités cachées derrière la survie de Daestra, il était clair que Dark semblait avoir bien du mal à exécuter les ordres à la lettre. Le visage figé dans une expression de surprise et d’amusement, c’est un rire modéré, mais néanmoins caustique, qui se répercuta sur le champ de bataille.

— Et bah. On pourra pas dire que je suis pas gâtée. J’ai ici un amalgame de guignols, de fugitif et de revenant. Son regard parcourait chaque personnage, à la recherche de Jack, qu’elle devait commander suivant les ordres du Roi. Il n’était nulle part, et son absence confirmait sans mal l'hypothèse de Lili : cet incompétent ne faisait pas le poids contre une bête de cette envergure. S’adressant enfin au seul acteur qu’elle ne connaissait pas et dont elle venait tout juste de remarquer la présence : T’es qui toi..?

Et si l’idée de prendre le thé avec tout ce lot de camarades lui avait paru plaisante, ce n’était visiblement ni le moment ni l’endroit pour bavarder. Un menos capta son attention par sa dangereuse proximité, et Lili ne put attendre la réponse de celui qu’elle avait apostrophé. Extirpant son épée au même instant que le masque géant de cette créature s’ouvrait dans l’intention de se refermer sur elle, c’est sa lame qui vint trancher ce dernier en deux grâce à un mouvement rapide qui combinait puissance et déplacement. Sa roulade terminée, et profitant du champ libre, elle imposa ses règles à ceux qui devaient être sous ses ordres, en l'occurence Naezka et Aleksi — à défaut d’avoir perdu Jack.

— Le Roi m’a envoyé en renfort, et déclare que je suis dorénavant le Boss. Alors vous suivez mes ordres, ou je reporte à Grimmjow que vous ne faites que de piètres microbes et il vous exterminera pour m’avoir été inutile. Si vous avez un problème avec ça, c’est au patron qu’il faudra aller se plaindre. Pour les autres, hors de notre chemin, le Fûrâ est à moi.

Chose sûre; elle avait été claire. Maintenant, il ne tenait qu’à eux d'éviter de la gêner de quelque façon qui soit. Elle n’hésiterait pas à les tasser s’ils venaient l’incommoder de leur présence. Certes, chaque personnage était détenteur d’une puissance qu’elle ne devait pas mésestimer, mais déterminée à vouloir se montrer à la hauteur du rôle important dont elle fut gratifiée, ce n’était pas une pareille occasion qu’elle allait manquer pour les beaux yeux de quelques vagues connaissances. Inutile de parler davantage, il semblait que quelques gillians avaient pris comme cible Lili, qui devait d’ores et déjà se défendre. D’un Sonido exécuté à la va-vite, elle évita le coup de tête d'un Menos Grande. Maintenant que les règles étaient claires pour tous, elle pouvait enfin se concentrer sur le monstre au loin, réfléchissant à un stratagème qui saurait être effectif.

-Minçouille Fuan ! Ya plus toqué que toi katetitatu !
-J’te zuuuut, tu m’as posé assez d’problèmes comme ça…

Petite allusion à un drôle de bonhomme qui vole dans les airs, tout baveux, à exprimer son infinie extase par une mélodieuse utilisation de ces cordes vocales. Drôle d’oiseau qui a l’air bien sympathique, plus que ce gros tas flasque qui régurgite un nouveau filet de bave noir. Recrudescence des naissances de ces poteaux géants hostiles. Plein de nourriture par terre, mais non, rien à faire, ces bestioles terrifiantes se plaisent à sauter sur le petit buffet réuni au-dessus de la petite ville. Ça en faisait des ennemis… Combien qu’ils sont ? Wow, plus nombreux que ses doigts…

Heureusement, ce qui aurait pu être des ennemis de plus pour sa pomme se révèlent des alliés précieux. En effet, non loin, Fuan remarque un semblable familier, Fou-Lu. À peine lève-t-il sa main pour lui faire signe que ce dernier lui tourne le dos, éliminant un premier Menos avec une facilité déconcertante. Un allié fiable, au moins un. Toutes ces bestioles qui se concentrent spécialement sur eux, ce sont des dommages collatéraux en moins parmi les mortels sous sa responsabilité. Devant l’assurance de ne pas se faire gronder par son boss, il ne reste maintenant plus qu’à se concentrer sur sa propre survie.

En effet, une de ces bêtes dantesques qui s’approche de lui… Ce ne devrait pas être un trop gros problème d’en éliminer un. Reste qu’il ne ferait pas long feu à multiplier les grosses attaques pour un résultat si négligeable. Oh et puis zut ! De toute, ses compagnons de circonstance sont tous des pointures, non ? Pourquoi se fatiguer ? La logique veut qu’ils ratissent la zone sans que lui n’ait le temps de bouger le petit doigt. Autant flâner un peu le temps que le travail soit fait. Orbe rougeâtre qui se matérialise devant la bouche du géant. Cible qui disparait avant de se faire happer par le rayon écarlate pour réapparaître, par le biais d’un sonido, sur le crâne de ce gros truc. L’a pas de mains de toute façon. Rien à craindre. En sécurité. Enfin, en théorie. Oui, mais voilà que la pratique lui tombe sur le nez comme un nouveau cero fracasse le crâne d’un gillian. Son gillian, sa chaise. Heureusement que sa vivacité l’a fait quitter son siège à temps, se laissant tomber dans le vide alors que mourait l’un de ces bidules glauque.

Jusque-là désinvolte, une fluctuation dans son peskis instaure un frisson glacial dans sa chaire. Un reiatsu vient de disparaître… L’un de ses semblables, élite de l’Hueco Mundo. Ses iris d’opale qui scrutent vers l’origine de ce trépas soudain. Un attroupement de bouches fumantes. Désintégré à coup de cero ? Et lui qui fait le pitre devant ces tirs meurtriers ? Banc spirituel ralentissant sa chute pour supporter son poids dans le vide. Mains qui compressent sa boîte crânienne meurtrie par la peur. Rouler sur le vide tandis qu’une ombre se profile sur lui. L’œil interloqué se relève, un pied géant.

-Hiiiiii !

Petit cri strident pendant qu’il bondit, juste à temps pour ne pas de faire écrabouiller. En parallèle, deux nouveaux reiatsu considérablement affaiblis, dont Fou… C’est impossible. Il ne peut pas. Impossible… Courir… Fuir… Petite boule qui s’interpose devant lui.

-Genkaku… Laisse-moi passer !
-Nan ! Faut qu’tu tiennes l’coup ! Quoi crois-tu qu’va s’passer dans le patelipatouille si tu décampes maintenant ?
-Aeuuuh… Mais j’vais mourir si je reste là ! Ils sont trop forts !
-Et quoi crois-tu d’la galèrarouilli d’où tu t’fourreras si t’es tout seul à ce moment-là !
-Mais…
-Les autres seront tous mourus t’sais kouaksais !
-Maiiiis…
-Faut profiter qu’tu puisses compter sur leur soutien nanouille !
-Oui…

Personnalité d’homard. Convaincu par sa chimère. Image un tantinet pathétique. Reste à définir le moyen de se rendre utile. Grosse bourrasque naissante. Tornade chaotique détruisant sans discrimination ce qui se trouve sur son passage. Menos, hollows, humains. Sa main impuissante dirigée vers ce triste spectacle, main qui se referme. Détourner le regard. Pas le temps de faire le deuil de ces âmes innocentes qu’une nouvelle entité surgit de nulle part. Un arrancar. Arrancar qui prend le temps de considérer la situation, de lorgner surprise certaines présences avant de le fixer, l’interrogeant sur son identité.

-Aeuh j’suis…

Pas le temps de terminer sa phrase, le menos de tout-à l’heure revient à la charge. Collant ce truc. À peine inspire-t-il un bon coup pour gonfler sa détermination que la menace se fait déjà pourfendre pour la dernière arrivante. Oh, lueur d’espoir dans ses prunelles d’opale. La situation est moins désespérée qu’il ne l’aurait cru. Alors que la générale improvisée instruit son semblant de régiment sur la tactique à mettre en œuvre, l’arrancar froussard se regonfle à bloc. L’en reste encore une petite quinzaine de ces bestioles mine de rien. Au moins, en plus d’être un peu bigleux, sont pas très intelligents … Bigleux… Mais oui ! Une idée lumineuse !

-Cebo !

Trois appâts spirituels qui apparaissent devant le nez de petits groupes isolés. Deux avec un cas isolé, le dernier attirant l’attention deux autres gillians. En plus de ceux-ci, les trois menos quittant la dépouille du malheureux de tout-à l’heure pour le prendre en chasse. Quatre groupes distincts, quatre groupes qui se croisent en un point précis après avoir mitraillé en vain les appâts. Quatre groupes qui se rentrent dedans, se bloquent entre eux, s’amassent. Fuan profite de ce moment fatidique pour user d’un sonido, se retrouver une dizaine de mètres devant les masses blanche, une puissante concentration d’énergie spirituelle devant sa paume. Gouttes de sueur sur son front. Le tir, un large rayon violacé sur l’amassement de têtes. Ses bras qui se s’écroulent de fatigue et se laissent supporter inertes par ses épaules. Tout haletant. L’un de ces monstres en est ressortir tout fumant, vacillant, mais prêt à en découdre.

Une grimace sur sa bouille, nouveau sonido alors que s’ouvre l’immense mâchoire du gillian, se déportant juste en face avant que ce bidule ne commence à matérialiser une nouvelle orbe destructrice. Dans son élan, le Candide tire un bala dans sa gorge et profite de la brèche ouverte dans la nuque pour le traverser. Ses mains tremblotantes pendant que s’écroule son dernier adversaire, il lui faudrait une bonne poignée de minutes pour récupérer un semblant d’énergie.

-Fuan ! Attention !

Frisson qui parcourt le long de son échine. Voilà qu’un autre apparaît de nulle part, prêt à le désintégrer. Trouverait-il la force de se dépêtrer de cette galère ?

>> Cela risque de s'avérer nécessaire, en effet. Mais tu as raison. Pour le moment contentons nous de profiter. Comme au bon vieux temps...

>> Blondie, tu as toujours des services à me rendre. Ma consigne sera simple. Ignore l'ordre de la panthère et aide moi à détruire cette chose ! Et si possible tenir les autres chiens de Las Noches en laisse.

Lorsque son ancien complice eut terminé sa tirade, Daestra prit la peine de lui adresser un franc sourire, et une expression de joie aussi rare que malsaine avant de ressombrer dans l’impassible froideur du marbre à mesure que son corps, doucement, s’éloignait de son interlocuteur afin de regagner le sol. Là, elle prit un instant pour ressentir son environnement dans un très large périmètre et, à l’aide de ses sens surdéveloppés prendre la température ambiante. Alors le rictus exposé tantôt à l’encontre du Shen-Di prit ici une toute autre teinte : celle du plaisir bestial, de la noirceur élitiste s’abreuvant du chaos. Car partout la violence la plus pure corrompait ce plan de l’existence. Partout les corps indemnes, torturés ou inertes rencontraient à la fois les infrastructures parfois soumises aux affres de la guerre, à la fois ce vain espoir naissant au cœur des batailles. Qui l’emporterait ? D’un côté le monstre, gigantesque, abominable, véritable buffet gratuit pour la chasseresse insatiable. D’un autre les gardiens d’une certaine forme de justice, ici essentiellement pour s’en emparer à des fins stratégiques. Pure supposition de sa part, mais après tout si on pouvait bien reconnaître une chose au Roi Guignol, c’est qu’il ne sacrifiait ni ne plaçait ses pions sans raison valable. A défaut d’être fin stratège, il savait gérer plus ou moins ses troupes.

Pour preuve, flagrante, cette arrivée en retard de « l’officier » en charge de l’opération. Ainsi cette misérable humaine refoulée n’était pas morte suite à leur rencontre. Un plus dans son estime, car la Principessa savait par-dessus tout honorer ses proies les plus robustes. En témoigneraient notamment Dark et Aleksi, si ces derniers n’étaient pas maintenant occupés chacun à poursuivre leur but respectif. Le dernier d’ailleurs, attira un instant son regard muet de par ses hurlements et gesticulations à proximité du monstre gargantuesque. Lequel esquissa un mouvement au premier abord anodin et vite effacé par la belle qui, l’instant suivant s’apprêtait déjà à armer un Cero en guise de salutations à l’encontre de la blondinette. Question de protocole. Ce n’est qu’à cette pensée précise, cette fraction de seconde que les premières caresses d’un ouragan vinrent chatouiller ses sens et la mettre en alerte. Si elle n’était effectivement plus en mesure de voir quoi que ce soit sous sa forme libérée, le requin sut au fil des siècles aiguiser ses autres moyens de perception jusqu’à en faire de véritables armes. Ou boucliers, dans le cas présent.

Une vibration non négligeable lui parcourut d’abord l’échine, suite à une communication directe avec la plante de ses pieds foulant le sol instable de l’arène. Première vague, qui engendra quelques micro fissures çà et là avant de disparaître. Sentant le plus gros du cataclysme fondre sur elle en l’espace d’un souffle, Daestra prit immédiatement le sien et, modelant la structure même de sa carapace poussa un formidable hurlement. La Banshee des océans fut en définitive engloutie, submergée par les ondes hostiles se mêlant aux sienne qui venaient ici d’agir comme une sorte de bouclier ou de réflecteur. La force de l’impact fut telle que son armure naturelle se brisa par endroits et ce malgré les modifications apportées. De par sa nature, cela lui vrilla également les tympans au point que son système de géolocalisation fut sinon lourdement endommagé, au moins perturbé pour une bonne poignée de minutes. C’est pourquoi la première bourrasque l’envoya directement au tapis. Mais la riposte vint instinctivement. Une bête saura toujours s’adapter.

- Pouah ! Hammer ! Stup ! Flip! Betty !?

Betty oui, lui communiquer la marche à suivre immédiatement et reprendre l’avantage par la même occasion. Avoir un lien télépathique avec elle, lui aura vraiment été utile pour cette fois.

*L’orage. Formation souterraine, il va pleuvoir.*

Lors de la seconde bourrasque précédant la tempête la prédatrice se laissa porter par les vibrations crescendo et profita de l’élan donné pour plonger littéralement dans le sol. Faisant fi de sa migraine qui empirait de seconde en seconde elle laissa jaillir son reiatsu tout en tournoyant à l’abri des regards, bientôt rejointe par ses filles. La meute, progressivement, imprégna le manteau solide jusqu’à ce qu’il devienne plus malléable. Et que leur piste de danse se transforme en un gigantesque bac à sable en mouvement. De l’extérieur, entre deux immeubles s’écroulant sous le joug du Fura un siphon vint se creuser. Créatures, débris furent progressivement aspirés par la force d’attraction. La majeure partie du mécanisme était maintenu en vie par les disciples de l’ancienne Tercera, tandis que sa silhouette déambulait au gré des courant. Après une demi-douzaine de Gillians déchiquetés par ses soins l’aileron regagna le centre de la figure et le sol mouvant, après avoir pris une teinte rougeâtre et ondulé à de multiples reprise se changea brutalement en gigantesque geyser de sable duquel jaillit une sorte de squale écarlate tout aussi imposant.

Daestra, en costume de fête, se rua ainsi au contact de la bestiole sans même prendre la peine d’en informer ses congénères. Ses orbites creuses habitaient maintenant deux phares sanguinolents, son sourire paisible et malsain s’étoffa de crocs innombrables. Ses poings, crispés, s’armèrent en prévision de l’impact.

Dérangez le requin pendant qu’il festoie, et vous en ferez sans doute les frais.

Nombreux étaient les menos qui affluaient dorénavant à l’endroit où Lili se trouvait, la submergeant presque sous leur robe noire qu’elle n’avait de cesse de trancher à défaut de pouvoir convenablement viser leur masque au moyen du sabre. Si cela ne les tuait pas, au moins pouvait-elle les faire reculer légèrement et gagner un peu de temps afin de réfléchir, tâche qui était pratiquement impossible au milieu de ce chaos. Lorsqu’il ne s’agissait pas d’un menos, il était question d’une technique quelconque de la part de ses congénères qui avait le don d’annihiler le peu de concentration qu’elle pouvait obtenir. Au final, elle dû se résoudre que la cohésion à laquelle elle avait aspiré était impraticable en ces lieux, et qu’il valait mieux agir en cavalier seul plutôt que d’ébaucher une stratégie impossible à appliquer dans de telles conditions.

Si prendre la tangente autant que faire se peut était pour l’instant l’attitude qu’elle adoptait, elle était consciente qu’elle ne pourrait jouer à ce petit jeu bien longtemps. Il suffisait en fait que les menos à proximité cessent de gigoter dans tous les sens et aient recours à leur redoutable Cero pour qu’elle aille à offrir un peu plus de sa contribution. Aussi la situation était déclarée alarmante lorsque son attention fut attirée sur les nombreux immeubles environnants qui tombèrent à l’état de débris sous la force d’un souffle puissant dont la source ne faisait pas un pli, et qui eut raison aussi de l’équilibre de Lili, projetée au loin. Si elle crut un instant chuter à la verticale comme les bâtiments qui n’étaient plus que néant, ce ne fut pas du tout le cas; repoussée par la force de cette étrange technique, ce ne fut pas le bitume qui l’accueillit, mais un majestueux Cero qu’avait pris soin de lancer un menos derrière elle pour la réceptionner. Transformée en balle de ping-pong au milieu du vide, puis tombant telle une enclume au cœur de l’océan, c’est dans un nuage de poussière qu’elle s’immobilisa au sol, étourdie et en souffrance.

Encore heureuse que le Cero ne l’ait pas touché en plein cœur du dos, car elle ne se serait pas relevée de sitôt. Son flanc légèrement carbonisé par la technique d’un menos grande quelconque, il s’agissait surtout de retrouver les esprits clairs après ce souffle majestueux heureusement adressé à d’autres acteurs — dans le cas contraire, elle aurait eu raison de se plaindre de son malheur. Les jambes un peu flageolantes, elle n’avait aucunement de temps à perdre au sol, mais profita néanmoins de sa position hors de la vue de cette nouvelle nuée d’ombres masquées pour répondre à Fou-Lu d’une voix néanmoins si basse qu’il était impossible de capter ses paroles.

— Là mon Fou, tu peux rêver…

Il fallait réellement être le Dieu des cons pour oser espérer qu’elle se plie à sa volonté sans sourciller. Si certes elle admettait ne pas avoir repayé en entier sa dette, il demeurait que la demoiselle n’allait pas lui offrir en contrepartie du service naguère offert par l’ancienne Primera son obéissance. D’autant plus qu’il s’agissait de sa première mission à la tête d’un peloton, elle était donc en devoir de faire preuve de bonne conduite et de se montrer à la hauteur pour satisfaire le Roi qu’elle chérissait plus que tout. C’est donc sans plus attendre qu’elle se propulsa d’un Sonido sans prétention vers le ciel, se retrouvant derechef en plein cœur de l’action, cette fois-ci si près du Fûrâ qu’elle pouvait ressentir toute sa puissance, et celle de ses alliés de fortune qui déferlait la leur à l’unisson sur ce monstre.

À plus grande distance du Fûrâ que Daestra et Fou-Lu, elle avait présentement les trois cibles en vue, y compris quelques menos grande sur le chemin, et ne prit pas même le soin de les avertir de son attaque qui ne manquerait pas de les écorcher sérieusement au passage. Sciant l’air de son arme, la distance ne semblait dorénavant plus un obstacle pour la lame, qui frappait dans le vide et réussirait sans nul doute à faire mouche, si tant est que ses cibles ne puissent s’en prémunir. Pour confirmer bel et bien l’existence de sa technique, les derniers immeubles ayant survécu tant bien que mal à l’assaut du Fûrâ, et qui se trouvaient devant Lili, s’écroulèrent, littéralement sciés par cette force invisible, mais bien pesante, en plus de deux menos qui furent découpés en morceau au passage.

Trois coups, elle ne pouvait s’en permettre davantage, notamment à cause de la dépense monstrueuse de Reiatsu, mais aussi parce qu’elle devait se défendre des gillians qui convergeaient lentement mais sûrement en sa direction. Avant qu’ils ne soient trop à proximité, elle libéra sans aucune cérémonie son pouvoir, et avec lui toute la puissance qu’elle contenait jusqu’alors. La situation ne pouvait être mieux propice à une telle décision, maintenant qu’elle avait perdu le moindre soutien des membres de Las Noches, morts pour ce qu’elle en savait. Lorsque l’explosion rose qui marquait dès lors l’accès à un stade supérieur se résorba, la silhouette que l’on pouvait percevoir s’était drapée de noir, et son corps, d’apparence juvénile et inoffensive, gagnait des propriétés tant dangereuses qu’effrayantes. Elle libéra un cri guttural en direction des Gillians comme pour les inciter à faire demi-tour, et sans attendre une quelconque réaction de leur part, sauta dans la masse avenante, ses tentacules prêts à les cueillir… La destruction causée par l’une de ses techniques ultimes visait, en plus des deux gillians à proximité, Fou-Lu et Daestra, dans le but inavoué de les mettre au sol au même moment.

Petites particules de poussières qu’auraient dû s’éparpiller sur l’asphalte pour nourrir quelques mauvaises herbes. À la place, figure divine qui vient lui filer un coup de pouce, projetant le gros Menos en voie de l’annihiler. Cette force, cette allure, ce charisme… Oui, que ça de possible. En face de sa paire d’yeux, un super héros comme on n’en trouve que dans les bandes dessinées. Ses petites mirettes qui s’illuminent tout feu tout plein à la vue de son sauveur qui le regarde avec une fascination comparable. Son souffle revenant peu à peu, son cerveau semble néanmoins se débrancher dès lors que ce bonhomme se sert de ses cordes vocales. Spock ? Klingon ? Parle la même langue que lui ? Vache charolaise ? Sa tête qui s’incline sur le côté, signe d’incompréhension, l’expression bêta. Genkaku lui-même demeure bouche bée, bon moyen de mesurer le caractère déjanté que prend la tournure des événements.

Un index sur son nez, comme un gamin qui fait aller le klaxon de son camion pompier. Sa joue qu’il attrape, sensation familière. Quoique la dernière fois, dans la Soul Society, ça aurait très bien pu très mal tourner. Bien terrifiant celui-là… Enfin, là, pas très comparable. Ce drôle d’oiseau le prend plutôt comme une sorte d’animal domestique qu'autre chose. Non pas que ça le dérange, le Candide jauge juste la dangerosité potentielle de la situation. Pauvre petite cervelle submergée par un trop grand nombre d’informations qui s’entremêlent chaotiquement.

Petit frisson qui se réveille à l’approche d’un nouveau gillian. Frisson qui mute en tressaillement quand son interlocuteur le pulvérise avec une quantité d’énergie spirituelle délirante. Le plus terrifiant n’est pas tant la puissance du Cero, à peu près équivalent aux siens, mais que ce type apparaisse toujours pétant d’énergie après cette action. Le garder ? De quoi qu’il parle ? Il ne braillerait pas un peu dans le vent ?

-Hiuuum… à qui qu’vous parlez superman ?

Deuxième personnage qui bénéficie de ce surnom. Faut dire qu’il le mérite largement avec son super rayon laser, sa force démentielle appuyée par son invincibilité apparente. Nouveau sursaut qui le fait tomber à la renverse. Cette fois, à cause de la grosse limace qu’hurle à faire péter les bâtiments. Se tortiller dans tous les sens en se bouchant les tympans. L’a au moins dix milliards de trompettes dans sa gorge pour avoir une voix pareille… Migraine désagréable qui fourmille dans sa tête. Masser ses tempes pour dissiper la peur et la douleur. La peur surtout. Car de voir une nouvelle flopée de ces géants… Avec tout le mal qu’ils avaient eu pour réduire considérablement le nombre d’individus dans le dernier groupe… Et cette grosse immondice toute flasque qui met hors d’état de nuire un autre arrancar… Si ce dernier n’est plus en état de combattre, une faible étincelle d’énergie spirituelle demeure toujours. Inconscient dans l’œil du cyclone… Si personne ne fait rien, va pas durer longtemps celui-là. Et ce ne sont pas ses alliés de circonstances qui rassureront l’arrancar froussard, tous à rester figer sur leur morceau de pain.

Ses petits poings chétifs qui se serrent, les paupières closes, toutes tremblotantes. Faut faire quelque chose. Pire ! C’est lui qui doit faire ce quelque chose… Profonde inspiration. Superman lui a donné le temps de récupérer. C’est le moment. Un sonido pour le déporter juste devant le dépouille du malheureux. Non, de la malheureuse en fait. Un gros morceau dis-donc… L’arriverait pas à la virer de là à coup de sonido, ça, c’est clair. À l’ancienne donc ? Oui, pas trop le choix. Le voilà donc à porter sur le dos l’arrancar inconsciente, la figure rougit par l’effort tandis qu’ils s’éloignaient lentement de la zone.

-Lourd… Si louuuuuuurd… Argh… J’vais mouriiiiiir…
-Courage Fuan ! Il faut sauver Willy !

Sol instable, il trébuche. Front qui claque par terre. L’a l’habitude d’être en sang celui-là. Se relève péniblement. Ses jambes toutes tremblantes avec l’autre poids sur lui. Il commence à se sortir de la zone éminemment dangereuse. Heureusement qu’il n’a pas un reiatsu tape à l’œil comme d’autres, de vrais appâts à Menos. Enfin, l’arrancar froussard parvient à trouver un petit coin à l’abri pour poser l’inconsciente d’une manière… certes… un peu sec. Enfin, l’intention qui compte, non ?

Délesté de sa charge, le bleu peut retourner, pieds traînants, à ses responsabilités. Dans son champ de vision, un spectacle d’une absurdité affolante. Mais quoi qu’ils font au juste ces trois-là ? S’entretuer comme ça… Face au boss des limaces devant glousser au regard d’un tel spectacle. L’a déjà eu bien du mal à mettre en sécurité la première blessée grave... Va pas prendre le risque de s’exposer plus en transportant cette fois trois carcasses sur le dos… Trottiner vers eux pour arriver à portée de leurs oreilles. Pas sûr qu’ils l’entendent pour autant.

-Mais bon dieu didjus ! Quoi qu’vous faites ! On va tous s’faire parapatrer la figure si on se met à s’taper dessus ! Il y a plus urgent j’crois !

Pas vraiment réactifs ces salopiauds. Rentrer au cœur de la mêlée.

-MAIS ARRÊTEZ BON SANG !

Trouverait-il écho au milieu de ce patatras ? À moins qu’une balle perdue ne l’atteigne dans cet élan d’imprudence. Bien probable oui.